L’HOMME DE FOI PAR EXCELLENCE

Psaume 16

André Gibert

ME 1987 p. 197

Table des matières :

0 - Généralités

1 - 16:1

2 - 16:2

3 - 16:3

4 - 16:4

5 - 16:5-6

6 - 16:7

7 - 16:8

8 - 16:9-10

9 - 16:11

10 - Conclusion


0 - Généralités

Nous avons dans ce psaume tout le côté intérieur, caché mais s’exprimant dans la perfection de la marche extérieure de quelqu’un qui s’est toujours proposé l’Éternel devant lui (v. 8). L’homme parfait, le Serviteur parfait, Celui à qui l’esprit prophétique, le Saint Esprit, peut rendre un témoignage particulier aux versets 2 et 3. Car là, c’est l’Esprit de Christ qui parle, s’adressant à lui-même, exprimant ce qui est dans son propre coeur, ce qui le remplit, ses motifs, tout ce qu’il trouve aussi dans ce chemin d’obéissance qui est le sien. Christ est spécialement en vue dans ce psaume comme dans les Psaumes 2, 8, 22, 62, 69 et 110. Nous avons ici les expériences qui ont été la part des fidèles dans tous les temps. Mais Jésus est plus particulièrement devant nous, lui le vrai Serviteur, l’homme obéissant, l’homme confiant, celui qui — je le répète — déclare : « Je me suis toujours proposé l’Éternel devant moi ». Il est unique dans ce caractère, comme en beaucoup d’autres. Notre coeur naturel, la nature de tous les enfants d’Adam, se trouve toujours opposé à un tel propos. Depuis la chute, la tendance de tous les hommes est de s’éloigner de Dieu. Adam s’est caché. Depuis lors, les hommes n’ont cherché qu’à s’établir dans le monde, se proposant leurs propres pensées, s’occupant d’eux-mêmes. Nous sommes ainsi ; notre objet c’est nous-mêmes. Voici quelqu’un qui ne s’occupait pas de lui-même, qui se confiait en l’Éternel (v. 1).

Tout est affirmation et constatation bienheureuse de sa part dans ce Psaume, mais tout tourne autour de cette déclaration : « Je me suis toujours proposé l’Éternel devant moi ».


1 - 16:1

L’homme parfait est là devant nous, et tout d’abord sa confiance, caractère éminent de quelqu’un dont les relations avec Dieu ne sont jamais interrompues. La confiance et la crainte sont les deux éléments de la piété. Et aussitôt l’Esprit rend témoignage : Tu as dit ceci (v. 2), tu as parlé, toi, un homme… Il était le Fils de Dieu mais il a pris, non seulement la forme, mais la nature de l’homme (le péché mis à part). Et cet homme a parlé comme aucun homme ici-bas ne l’a jamais fait (Jean 7, 46). Il a porté la condition humaine. Alors que l’image de Dieu a été tellement dégradée par l’homme, voici ici un homme qui n’attache de prix qu’à la pensée de Dieu, qu’à la bonté de l’Éternel. Je suis un homme, dit-il, et il y a quelqu’un qui domine : C’est toi l’Éternel, le Seigneur. Celui qui parlait ainsi était bien le Fils de Dieu, mais il parle ici dans la position qu’il avait prise, s’anéantissant lui-même. Il parle comme un homme doit parler à Dieu : « Ma bonté ne s’élève pas jusqu’à Toi ». Et pourtant qui peut dire ce que fut la bonté de Jésus ici-bas ? Quelqu’un s’approche de lui et lui dit : « Bon maître… » Jésus lui répond : « Nul n’est bon, sinon un seul, Dieu » (Marc 10, 17, 18). L’homme aurait dû en tirer comme conclusion que Celui qui était là était Dieu lui-même…


2 - 16:2

Mais ici nous lisons : « Tu as dit à l’Éternel : Tu es le Seigneur ». C’est l’Esprit qui a inspiré de telles paroles, et Dieu est dans le ciel, le Fils sur la terre, nous avons ici la Trinité. Jésus prend une place d’humilité parfaite, confessant ce qu’il est, comme tout homme aurait dû le faire. Dans ce monde il y a des puissants, des riches, des personnes qui sont honorées soit pour leur position sociale, soit pour leur conduite. Avec lesquels Jésus va-t-il s’associer ?


3 - 16:3

Il y a des saints, les excellents, ceux qui, au milieu de ce monde de péché, se trouvent mis à part. Saint signifie toujours séparé. Y a-t-il des excellents sur cette terre ? Oui, tous ceux qui, à la différence des hommes de ce monde, se reconnaissent comme des pécheurs devant Dieu. Ceux que l’on pouvait voir au baptême de Jean venaient confesser leurs péchés et Jésus se trouve avec eux. Jean lui dit alors : « Moi, j’ai besoin d’être baptisé par toi, et toi, tu viens à moi ! » Et Jésus répondit : « Laisse faire maintenant, car ainsi il nous est convenable d’accomplir toute justice » (Matt. 3, 14 et 15). Il associe Jean : « Il nous est convenable… » et il s’associe aussi à ceux que Jean baptisait sous l’eau du Jourdain, comme s’ils méritaient de mourir, mais qui en sortaient par grâce. En ceux qui ne trouvent pas que le monde, dans l’état où l’a mis le péché, soit un lieu où l’on se plaît et où l’on désire demeurer, en ceux-là il déclare qu’il trouve tous ses délices. Voilà quelle sera ma compagnie sur la terre déclare le Seigneur. Oui, voilà vers qui il est descendu. Tout l’éclat de ce monde, toutes ses aspirations, tout cela n’est rien pour lui. Dans le coeur de Jésus il n’y avait rien d’autre, en regardant en haut, que le Seigneur ; et puis en bas sur cette terre, ceux qui se reconnaissaient pécheurs et qui par voie de conséquence, avaient besoin d’être sauvés.

Pourtant quand nous lisons les Évangiles nous voyons comment il a été reçu, ou plutôt rejeté, rencontrant l’incompréhension, l’indifférence, la haine de ceux qui auraient dû être les premiers à le recevoir, mais qui l’ont rejeté et ont amené son peuple et l’humanité tout entière à le rejeter. Chemin de souffrances renouvelées, de soif, de fatigue, lui qui avait créé toutes choses dépendait d’une femme pour avoir de l’eau. Puis il a été pris par des hommes, livré à des iniques et cloué sur une croix.

Mais en lisant ce psaume, quel chemin ! C’est le chemin de la joie débordante et c’est le chemin où il engage les siens, ceux qui trouvent leurs délices en Lui.


4 - 16:4

« Les misères de ceux qui courent après un autre seront multipliées : je ne répandrai pas leurs libations de sang et je ne prendrai pas leurs noms sur mes lèvres ». Il y a pour entraîner les hommes des personnes qui en réalité sont des agents de l’Ennemi. Les hommes courent après d’autres que le Seigneur, écoutent d’autres paroles que les siennes. Je sais quelle sera leur fin, mais en tous cas, je suis entièrement à part de tout cela. Même s’il s’agit d’un culte extérieur rendu à Dieu — et c’était le cas des Pharisiens — leurs libations, leurs sacrifices, ce n’est pas mon affaire. Je ne prendrai pas leurs noms sur mes lèvres, je n’ai aucune communion avec eux.


5 - 16:5-6

Alors il peut dire : « L’Éternel est la portion de mon héritage et de ma coupe ; tu maintiens mon lot. Les cordeaux sont tombés pour moi en des lieux agréables ; oui, un bel héritage m’est échu ». Tout est bénédiction et grâce pour lui : Je suis, semble-t-il dire, le « vrai Israélite » qui a reçu une portion, tombée effectivement dans des lieux agréables. Pour moi, puisque c’est l’héritage que Dieu m’a donné, il est merveilleux. C’est de l’avoir Lui-même qui remplit mon coeur et ce lot me sera maintenu.

Que dire de l’héritage que Dieu nous a donné en vertu de l’oeuvre de Christ ? Le modèle est là devant nous. Apprécions l’héritage, les arrhes que nous avons reçues. Nous sommes déjà « bénis de toute bénédiction spirituelle dans lieux célestes en Christ » (Éph. 1, 3).


6 - 16:7

« Je bénirai l’Éternel qui me donne conseil… » Ceci correspond à ce que Christ, comme homme dépendant ici-bas, peut dire au chapitre 50 d’Ésaïe : « Il me réveille chaque matin, il réveille mon oreille pour que j’écoute comme ceux qu’on enseigne ». Il était enseigné jour après jour. Lorsqu’il apprend que Lazare est mort, il attend encore deux jours. Il attend le conseil de Dieu et rend grâce quand il l’a reçu. Quel contraste avec l’homme naturel qui trouve que les conseils de Dieu ne sont pas les siens, ne correspondent pas à ses propres pensées et pense que Dieu s’oppose à ses propres desseins et les contrecarre. Mais ici Jésus n’a pas d’autre conseil que celui de Dieu. « Durant les nuits même mes reins m’enseignent ». C’est ainsi que par la recherche de Dieu il a acquis la « langue des savants » (És. 50, 4).


7 - 16:8

« Je me suis toujours proposé l’Éternel devant moi ». Alors s’il en est ainsi, si je n’ai pas d’autre volonté, je puis aller en pleine assurance : « Parce qu’il est à ma droite je ne serai pas ébranlé ». Il y avait tout à l’heure le conseil que Dieu donne. Ici, c’est la sécurité totale. Mais où allait-il ? Il rencontrait sans cesse la contradiction des pécheurs contre lui-même. « J’ai dressé ma face comme un caillou… » (És. 50, 7) … parce qu’il est à ma droite ! « J’ai dit de l’Éternel : il est ma confiance et mon lieu fort » (Ps. 91, 2). Un moment est venu où il a été saisi d’effroi (Marc 14, 33), et pourtant il a tenu ferme. Il a dit : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font » (Luc 23, 34). Et enfin : « Mon Dieu ! mon Dieu ! pourquoi m’as-tu abandonné… ? je crie de jour, mais tu ne réponds point ; et de nuit, et il n’y a point de repos pour moi ». Mais il restait ferme dans sa confiance, c’est pourquoi il lui a été répondu « d’entre les cornes des buffles ». Dès lors il nous entraîne après lui, à travers la mort même.


8 - 16:9-10

« Mon coeur se réjouit, et mon âme s’égaie ; même ma chair reposera en assurance » (v. 9). Il est bien vrai que dans les jours de sa chair il a offert « avec de grands cris et avec larmes, des prières et des supplications à Celui qui pouvait le sauver de la mort » (Héb. 5, 7) mais quant aux promesses qui lui étaient faites, tout était joie, assurance en présence de la mort. Oui, même ma chair reposera en assurance, peut-il affirmer, car si je dois aller jusqu’à la mort, l’âme séparée du corps sera en paradis. « Tu ne permettras pas que ton saint voie la corruption ». Dans ces paroles, il y a la certitude de la victoire remportée par l’obéissance. Il ne parle pas ici de sa propre puissance ou de sa divinité, mais comme l’homme qui s’en remet entièrement à Dieu : tu feras tout.


9 - 16:11

« Tu me feras connaître le chemin de la vie (il y a un chemin à travers la mort) ; ta face est un rassasiement de joie, il y a des plaisirs à ta droite pour toujours ». Il y a là de la joie et une joie surabondante. Il est assis maintenant à la droite de Dieu, « chef et consommateur de la foi ». Dans ce psaume, il est plutôt le consommateur. Il jouit maintenant comme homme glorifié de ce repos et de cette joie qui sont la récompense de cette foi.

Or, remarquez-le, nous avons dans ce psaume des expressions d’assurance, de joie, de bénédiction. Nous avons un homme comblé, il possède toutes ces choses, il n’y a pas une ombre de doute à ce sujet. Il en jouit, pour les unes par avance, pour les autres présentement. Il peut dire comme ailleurs : « Ma coupe est comble » (Ps. 23). Il n’a rien à désirer, il a tout reçu. Il n’a rien à demander, il est là dans la reconnaissance, dans la joie, il n’y a dans son coeur que des actions de grâce. « Je bénirai l’Éternel » (v. 7). Il semble qu’il ne présente pas de prière pour lui-même et pourtant il y en a une dans ce psaume et elle enveloppe tout le reste. C’est « garde-moi, ô Dieu ! » C’est l’expression de la dépendance ; tout est lié à cela. Nous avons ensuite la confiance (fin v. 1), celui qui se tient à part avec les saints et les excellents quant à la foi (v. 3) et tout cela est parfaitement réalisé, mais tout est lié à la dépendance totale. Dieu ne peut manquer de répondre à une telle prière. Oh, quel modèle pour nos coeurs indépendants ; et pour nous qui connaissons le Seigneur, qui par grâce avons été amenés à Lui, et attendons le salut complet. Tout ceci n’est pas réalisé comme il devrait l’être parce que nous nous croyons souvent capables de faire quelque chose par nous-mêmes au lieu de nous tenir pour morts (Rom. 6, 11). « En moi, c’est-à-dire en ma chair, il n’habite point de bien ».

C’est la perfection de la position prise par le Seigneur que de dire : « Je ne puis rien sans toi ». Voilà quelle doit être la dépendance de la créature vis-à-vis de son Créateur. Garde-moi… Un homme juste n’a pas besoin d’être gardé, dira-t-on… Au contraire, il en a besoin et c’est la vie nouvelle qui dit : « Garde-moi… »


10 - Conclusion

Qu’il nous soit donné d’imiter le modèle inimitable. Pour cela fixons les yeux sur Jésus, le chef et le consommateur de la foi. Regardons-le allant et venant, marchant dans ce monde et exprimant toujours dans ses paroles mais surtout dans ses voies le fait capital qu’il dépendait en tout de Dieu. Puissions-nous dire comme lui : « Garde-moi, car je me confie en toi ». Cela suppose que nous ayons perdu toute confiance en nous-mêmes, pas seulement une fois, un moment, mais tout au long de notre vie. Dire à Dieu : « Je ne puis pas me garder, alors garde-moi ». Tout le reste en découlera dans une marche à sa suite, reflétant quelques traits de sa sainte humanité.