« NOUS »…

Jean 10:30 ;14:23 ; 17:11, 21, 22

André Gibert


Les sous-titres ont été ajoutés par Bibliquest

Table des matières :


1 - Trinité, unité du Père et du Fils

2 - Unité du Père et du Fils pour les enfants de Dieu (famille de Dieu)

3 - Unité du Père et du Fils pour les brebis (le seul troupeau)

4 - Unité du Père et du Fils demeurant dans le fidèle

5 - Unité des croyants à l’image divine, suprafamiliale

5.1 - Unité d’œuvre, des apôtres

5.2 - Unité des croyant après les apôtres

5.3 - Unité en gloire

6 - Prendre à cœur l’unité


ME 1982 p. 63-68

1 - Trinité, unité du Père et du Fils

Le Père, le Fils, le Saint Esprit. Ce mystère des mystères, connu de la Déité seule, le mystère des trois Personnes divines distinctes dans une unité impliquant entre elles des relations dont notre esprit est incapable de pénétrer le secret, ce mystère subsiste à toujours. Là est cependant la base majeure du christianisme, aussi loin du monothéisme juif que du panthéisme ou du polythéisme païens. Dieu le Père s’est révélé dans le Fils ; image du Dieu invisible, et le Saint Esprit témoigne de cette révélation. Le Fils devenu homme — l’homme Christ Jésus — sans cesser d’être Dieu, pouvait dire : « Celui qui m’a vu a vu le Père ». Nul ne vient au Père que par Lui, mais ceux qui croient en Lui connaissent le Père, seul vrai Dieu (Jean 17:3).


2 - Unité du Père et du Fils pour les enfants de Dieu (famille de Dieu)

À sa conversion un pécheur convaincu de son état de perdition commence par trouver en Jésus le Sauveur dont il a besoin et qui est venu le chercher et le sauver. Ensuite, à mesure qu’il saisit la valeur de ce « don de Dieu », et celle de son sacrifice, il dit, par le Saint Esprit : « Abba, Père ». Tous les « petits enfants » de 1 Jean 2 connaissent ainsi le Père, en Jésus Christ « venu en chair ». Et le cours normal de la carrière chrétienne est désormais caractérisé par le fait d’apprendre de Christ (Matt. 11:29), et de « L’apprendre » Lui-même (Éph. 4:20) toujours mieux ; c’est des « pères » que l’apôtre dit qu’ils connaissent Celui qui est dès le commencement. Mais cette connaissance, apportée par le Saint Esprit (Jean 16:13-15) ne se sépare pas de celle du Père. « Moi et le Père, nous sommes un ».

Personne ne pourrait sans irrévérence ou erreur inadmissibles employer, s’adressant aux Personnes divines, un « vous » qui laisserait supposer des dieux différents. Si même une grande partie de la chrétienté dit « vous » à Dieu, entendons bien qu’il s’agit simplement là de l’emploi courant, dans notre langue, du « vous » dit de civilité, de déférence, ou de majesté.

Il est d’autant plus touchant de lire dans quelques passages de l’Écriture que Jésus a dit « nous » en parlant du Père et de Lui-même, associant pour notre esprit le Père et le Fils. Il est bien vrai que l’Ancien Testament fait allusion à la pluralité divine, soit avec le nom d’Élohim (un pluriel, mais avec le verbe au singulier), soit avec les expressions de Genèse 1:26 et 3:22), ou par des figures typiques comme Abraham et son fils Isaac allant « les deux ensemble ». Mais il appartient à Jésus, Dieu manifesté en chair, de dire un « nous » englobant expressément le Père et le Fils, qui sont un. Et il le fait à propos des « siens » (Jean 10) — puis en parlant aux siens (ibid. 14) — et enfin en parlant d’eux à son Père (ibid. 17). Il s’agit de ceux que leur foi en Lui détache de ce monde pour les associer à Lui. Ils ont reçu en partage la vie éternelle et le droit d’être enfants de Dieu.


3 - Unité du Père et du Fils pour les brebis (le seul troupeau)

En Jean 10 ce sont ses brebis. Celles qu’il fait sortir de la bergerie juive mais auxquelles d’autres viendront se joindre, amenées d’ailleurs, pour être un seul troupeau, sous un seul Berger. Elles sont vues sur la terre, mais il leur donne, entre autres choses et au-dessus de toutes, la vie éternelle, et « elles ne périront jamais, et personne ne les ravira de ma main », ni « de la main de mon Père ». Elles sont au Père, mais il les donne au Fils, il les lui confie en tant que berger ; elles seront parfaitement nourries et protégées par ce berger qui les aime lui-même jusqu’à donner sa vie pour elles et qui, ressuscité, les vivifie pour l’éternité. Il est le Berger, mais c’est le troupeau du Père. « Il y a un grand secret entre lui et le Père » (J.N.D.). Elles ont tout en Christ, mais « le Père qui me les a données est plus grand que tous ». Qui les ravira d’une telle main ? Si elles sont dans la main de Celui qui s’est fait homme pour sauver le troupeau et donner aux brebis la vie éternelle, cette main du Berger est elle-même recouverte par celle du Père. Dans l’éternité comme dans l’incarnation nous trouvons le Fils dans la même position vis-à-vis du Père. Position de dépendance : le troupeau appartient au Père ; mais dépendance dans l’unité, car en même temps il dit : « Moi et le Père nous sommes un ». Un même amour, une même sollicitude, une même sécurité divine. Quelles que soient les vicissitudes du troupeau ici-bas à cause des infirmités des brebis, et leurs défaillances, et leurs égarements, leur titre inchangeable est d’être le troupeau de Dieu confié à Christ. On ne peut arracher à la divinité ce qu’elle tient, dans des mains telles que celles du Père et du Fils, qui sont un — nous.


4 - Unité du Père et du Fils demeurant dans le fidèle

En Jean 14 c’est le Maître et Seigneur qui va quitter la terre, laissant les siens dans ce monde, mais « aimés jusqu’à la fin ». Seuls en apparence, privés de leur Consolateur (leur Paraclet) mais non pas orphelins. Un autre Consolateur leur sera envoyé, le Saint Esprit, pour être avec eux éternellement, et en eux. Mais plus encore. Il sera avantageux pour eux que le Seigneur s’en aille : le Père et le Fils sont prêts à venir faire leur demeure chez le fidèle, ici-bas, tandis qu’une place est préparée pour lui dans les demeures de la maison du Père (v. 2, monai ; v. 23, monè). « Nous viendrons, et nous ferons notre demeure chez lui », ensemble, dans l’unité. Les croyants sont vus moins comme des brebis nourries et protégées que comme des familiers, chacun d’eux invité à être la « demeure » de ces hôtes divins — la Déité elle-même ! Au chapitre 15 ils seront des amis, non plus des esclaves, au chapitre 16 des témoins dans un monde ennemi vaincu. Mais au chapitre 14 le Fils est dans le Père, et eux sont dans le Fils et Lui en eux (v. 20). « Nous ferons notre demeure », non une apparition, une halte brève, mais notre demeure. Une telle communion est quelque chose d’inexprimable. Seul peut la goûter celui qui, pénétré de l’amour dont il est l’objet, y répond en gardant les paroles de Jésus. Toutefois elle est proposée à tous. Ne disons pas que ces choses sont trop élevées pour nous. L’âme humble s’en laisse imprégner sans effort, et elle jouit dans sa réalité d’une relation que rien ne peut détruire, mais dont nous perdons vite conscience par notre faute. Mon enfant ne cesse pas d’être mon enfant, à lui de ne pas être indifférent à l’amour de son père. Que nos coeurs répondent à l’amour dont nous sommes les objets, de telle sorte que la promesse commune au Père et au Fils ne reste pas en nous à l’état de conception vague et lointaine.


5 - Unité des croyants à l’image divine, suprafamiliale

Au chapitre 17 le Fils parle à son Père, et nous sommes admis à entendre sa prière. Il lui parle des siens, comme de ceux que ce Père lui a donnés, tels que les brebis au Berger : « ces hommes que tu m’as donnés du monde », dit-il ; « ils étaient à toi, et tu me les a donnés, et ils ont gardé ta parole » ; ils « ont cru ». Il les remet à son tour à Celui qui est puissant pour les garder du monde, en ce nom du Père en lequel lui-même les avait gardés. Il se les associe comme Lui, en tant qu’homme, a été associé au Père. Ce n’est plus seulement le troupeau du Père sous le Fils comme berger ; ni la famille laissée en apparence orpheline mais qui est dotée du privilège de loger non seulement l’Esprit saint, mais le Fils et le Père ensemble. Voici bien plus : l’unité à l’image de l’unité divine, suprafamiliale. « Comme nous », « comme toi et moi », « un en nous, comme nous, nous sommes un, moi en toi et toi en moi ». Non point une unification avec la divinité : l’homme ne peut être Dieu, l’unité divine dans la pluralité divine demeure le mystère insondable entre tous. Il n’en est pas moins vrai que les croyants, enfants de Dieu, sont faits « participants de la nature divine » (2 Pierre 1:4) ; tirés du monde, haïs par ce monde, ils y sont placés en témoins, dans une unité reflétant celle du Père et du Fils venu ici-bas pour révéler le Père.


5.1 - Unité d’œuvre, des apôtres

Unité d’oeuvre, d’abord : ce fut celle des apôtres inspirés prêchant le « grand salut » annoncé déjà par le Seigneur, confirmé par eux une fois l’expiation faite et Christ glorifié (Héb. 2:3). Par eux était donné à connaître Celui qui est venu révéler le Père afin de donner la vie éternelle à quiconque croit. Unis dans leur prédication comme Jésus l’était avec son Père, leur doctrine est une, intangible comme l’unité même du Père et du Fils. C’est ce qui est dès le commencement.


5.2 - Unité des croyant après les apôtres

Ensuite, unité de ceux qui ont cru cette parole des apôtres, la même aujourd’hui qu’alors, et qui sont amenés à jouir entre eux, ensemble, par le même Esprit, dans la « joie accomplie », de la communion de ces apôtres « avec le Père et son Fils Jésus Christ ». Ils sont appelés à en témoigner dans ce monde, plaçant celui-ci sous la responsabilité de croire. « Que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi ; afin qu’eux aussi soient un en nous. »


5.3 - Unité en gloire

Et cela en attendant que l’ensemble soit « consommé » dans la perfection glorieuse, revêtus « de la gloire que tu m’as donnée » et que « je leur ai donnée », gloire manifestée à ce monde qui connaîtra alors ce qu’il n’aura pas voulu croire. Il devra reconnaître en ceux qui seront ainsi « consommés en un » que le Père l’a envoyé. Il verra la gloire de ceux qui auront cru ; ils seront vus « un, comme nous », dit Jésus, « nous sommes un ; moi en eux, et toi en moi »… Et le monde connaîtra ce qu’eux auront cru, savoir « que tu m’as envoyé, et que tu les as aimés comme tu m’as aimé ».


6 - Prendre à cœur l’unité

Que pouvons-nous dire, que pouvons-nous faire, sinon nous confondre en adoration, en entendant un tel langage aux résonances infinies ? Celui qui le parle le fait étant encore sur la terre, mais il est sur le point d’entrer dans le ciel, la rédemption obtenue, il va y être salué par Dieu souverain sacrificateur selon l’ordre de Melchisédec, pour l’éternité ; et il entrera là comme notre précurseur. Qu’en l’entendant nous prenions à coeur l’unité pour laquelle il priait le Père, et que cet amour auquel le monde devrait reconnaître les disciples de Christ, l’amour dont Lui-même a été aimé, son amour, soit en nous, et Lui en nous.