André Gibert
Les sous-titres ont été ajoutés par Bibliquest
Table des matières :
1 - Trinité, unité du Père et du Fils
2 - Unité du Père et du Fils pour les enfants de Dieu (famille de Dieu)
3 - Unité du Père et du Fils pour les brebis (le seul troupeau)
4 - Unité du Père et du Fils demeurant dans le fidèle
5 - Unité des croyants à l’image divine, suprafamiliale
5.1 - Unité d’œuvre, des apôtres
5.2 - Unité des croyant après les apôtres
ME 1982 p. 63-68
Le Père, le Fils, le Saint Esprit. Ce mystère des mystères, connu de la Déité seule, le mystère des trois Personnes divines distinctes dans une unité impliquant entre elles des relations dont notre esprit est incapable de pénétrer le secret, ce mystère subsiste à toujours. Là est cependant la base majeure du christianisme, aussi loin du monothéisme juif que du panthéisme ou du polythéisme païens. Dieu le Père s’est révélé dans le Fils ; image du Dieu invisible, et le Saint Esprit témoigne de cette révélation. Le Fils devenu homme — l’homme Christ Jésus — sans cesser d’être Dieu, pouvait dire : « Celui qui m’a vu a vu le Père ». Nul ne vient au Père que par Lui, mais ceux qui croient en Lui connaissent le Père, seul vrai Dieu (Jean 17:3).
À sa conversion un pécheur
convaincu de son état de perdition commence par trouver en Jésus le Sauveur
dont il a besoin et qui est venu le chercher et le sauver. Ensuite, à mesure
qu’il saisit la valeur de ce « don de Dieu », et celle de son sacrifice, il dit,
par le Saint Esprit : « Abba, Père ». Tous les « petits enfants » de 1 Jean 2
connaissent ainsi le Père, en Jésus Christ « venu en chair ». Et le cours normal
de la carrière chrétienne est désormais caractérisé par le fait d’apprendre de
Christ (Matt. 11:29), et de « L
’apprendre »
Lui-même (Éph. 4:20) toujours mieux ; c’est des « pères » que l’apôtre dit qu’ils
connaissent Celui qui est dès le commencement. Mais cette connaissance,
apportée par le Saint Esprit (Jean 16:13-15) ne se sépare pas de celle du Père.
« Moi et le Père, nous sommes un ».
Personne ne pourrait sans irrévérence ou erreur inadmissibles employer, s’adressant aux Personnes divines, un « vous » qui laisserait supposer des dieux différents. Si même une grande partie de la chrétienté dit « vous » à Dieu, entendons bien qu’il s’agit simplement là de l’emploi courant, dans notre langue, du « vous » dit de civilité, de déférence, ou de majesté.
Il est d’autant plus touchant
de lire dans quelques passages de l’Écriture que Jésus a dit « nous » en parlant
du Père et de Lui-même, associant pour notre esprit le Père et le Fils. Il est
bien vrai que l’Ancien Testament fait allusion à la pluralité divine, soit avec
le nom d’Élohim (un pluriel, mais avec le verbe au singulier), soit avec les
expressions de Genèse 1:26 et 3:22), ou par des figures typiques comme Abraham
et son fils Isaac allant « les deux ensemble ». Mais il appartient à Jésus, Dieu
manifesté en chair, de dire un « nous » englobant expressément le Père et le
Fils, qui sont un
. Et il le fait à propos des « siens » (Jean 10) — puis
en parlant aux siens (ibid. 14) — et enfin en parlant d’eux à son Père (ibid.
17). Il s’agit de ceux que leur foi en Lui détache de ce monde pour les
associer à Lui. Ils ont reçu en partage la vie éternelle et le droit d’être
enfants de Dieu.
En Jean 10 ce sont ses brebis.
Celles qu’il fait sortir de la bergerie juive mais auxquelles d’autres
viendront se joindre, amenées d’ailleurs, pour être un seul troupeau, sous un
seul Berger. Elles sont vues sur la terre, mais il leur donne, entre autres
choses et au-dessus de toutes, la vie éternelle, et « elles ne périront jamais,
et personne ne les ravira de ma main », ni « de la main de mon Père ». Elles sont
au Père, mais il les donne au Fils, il les lui confie en tant que berger ; elles
seront parfaitement nourries et protégées par ce berger qui les aime lui-même
jusqu’à donner sa vie pour elles et qui, ressuscité, les vivifie pour
l’éternité. Il est le Berger, mais c’est le troupeau du Père. « Il y a un grand
secret entre lui et le Père » (J.N.D.). Elles ont tout en Christ, mais « le Père
qui me les a données est plus grand que tous ». Qui les ravira d’une telle main ?
Si elles sont dans la main de Celui qui s’est fait homme pour sauver le
troupeau et donner aux brebis la vie éternelle, cette main du Berger est
elle-même recouverte par celle du Père. Dans l’éternité comme dans
l’incarnation nous trouvons le Fils dans la même position vis-à-vis du Père.
Position de dépendance : le troupeau appartient au Père ; mais dépendance dans
l’unité, car en même temps il dit : « Moi et le Père nous sommes un ». Un même
amour, une même sollicitude, une même sécurité divine. Quelles que soient les
vicissitudes du troupeau ici-bas à cause des infirmités des brebis, et leurs
défaillances, et leurs égarements, leur titre inchangeable est d’être le
troupeau de Dieu confié à Christ. On ne peut arracher à la divinité ce qu’elle
tient, dans des mains telles que celles du Père et du Fils, qui sont un — nous
.
En Jean 14 c’est le Maître et
Seigneur qui va quitter la terre, laissant les siens dans ce monde, mais « aimés
jusqu’à la fin ». Seuls en apparence, privés de leur Consolateur (leur Paraclet)
mais non pas orphelins. Un autre Consolateur leur sera envoyé, le Saint Esprit,
pour être avec eux éternellement, et en eux. Mais plus encore. Il sera
avantageux pour eux que le Seigneur s’en aille : le Père et le Fils sont prêts à
venir faire leur demeure chez le fidèle, ici-bas, tandis qu’une place est
préparée pour lui dans les demeures
de
la maison du Père (v. 2, monai ; v.
23,
monè
). « Nous viendrons, et nous ferons notre demeure chez lui »,
ensemble, dans l’unité. Les croyants sont vus moins comme des brebis nourries
et protégées que comme des familiers, chacun d’eux invité à être la « demeure »
de ces hôtes divins — la Déité elle-même ! Au chapitre 15 ils seront des amis,
non plus des esclaves, au chapitre 16 des témoins dans un monde ennemi vaincu.
Mais au chapitre 14 le Fils est dans le Père, et eux sont dans le Fils et Lui
en eux (v. 20). « Nous ferons notre demeure », non une apparition, une halte
brève, mais notre demeure. Une telle communion est quelque chose
d’inexprimable. Seul peut la goûter celui qui, pénétré de l’amour dont il est
l’objet, y répond en gardant les paroles de Jésus. Toutefois elle est proposée
à tous. Ne disons pas que ces choses sont trop élevées pour nous. L’âme humble
s’en laisse imprégner sans effort, et elle jouit dans sa réalité d’une relation
que rien ne peut détruire, mais dont nous perdons vite conscience par notre
faute. Mon enfant ne cesse pas d’être mon enfant, à lui de ne pas être
indifférent à l’amour de son père. Que nos coeurs répondent à l’amour dont nous
sommes les objets, de telle sorte que la promesse commune au Père et au Fils ne
reste pas en nous à l’état de conception vague et lointaine.
Au chapitre 17 le Fils parle à son Père, et nous sommes admis à entendre sa prière. Il lui parle des siens, comme de ceux que ce Père lui a donnés, tels que les brebis au Berger : « ces hommes que tu m’as donnés du monde », dit-il ; « ils étaient à toi, et tu me les a donnés, et ils ont gardé ta parole » ; ils « ont cru ». Il les remet à son tour à Celui qui est puissant pour les garder du monde, en ce nom du Père en lequel lui-même les avait gardés. Il se les associe comme Lui, en tant qu’homme, a été associé au Père. Ce n’est plus seulement le troupeau du Père sous le Fils comme berger ; ni la famille laissée en apparence orpheline mais qui est dotée du privilège de loger non seulement l’Esprit saint, mais le Fils et le Père ensemble. Voici bien plus : l’unité à l’image de l’unité divine, suprafamiliale. « Comme nous », « comme toi et moi », « un en nous, comme nous, nous sommes un, moi en toi et toi en moi ». Non point une unification avec la divinité : l’homme ne peut être Dieu, l’unité divine dans la pluralité divine demeure le mystère insondable entre tous. Il n’en est pas moins vrai que les croyants, enfants de Dieu, sont faits « participants de la nature divine » (2 Pierre 1:4) ; tirés du monde, haïs par ce monde, ils y sont placés en témoins, dans une unité reflétant celle du Père et du Fils venu ici-bas pour révéler le Père.
Unité d’oeuvre, d’abord : ce
fut celle des apôtres inspirés prêchant le « grand salut » annoncé déjà par le
Seigneur, confirmé par eux une fois l’expiation faite et Christ glorifié (Héb.
2:3). Par eux était donné à connaître Celui qui est venu révéler le Père afin
de donner la vie éternelle à quiconque croit. Unis dans leur prédication comme
Jésus l’était avec son Père, leur
doctrine est une, intangible comme l’unité même du Père et du Fils. C’est ce
qui est dès le commencement.
Ensuite, unité de ceux qui
ont cru cette parole des apôtres, la même aujourd’hui qu’alors, et qui sont
amenés à jouir entre eux, ensemble, par le même Esprit, dans la « joie
accomplie », de la communion de ces apôtres « avec le Père et son Fils Jésus
Christ ». Ils sont appelés à en témoigner dans ce monde, plaçant celui-ci sous
la responsabilité de croire. « Que tous soient un, comme toi, Père, tu es en
moi, et moi en toi ; afin qu’eux aussi soient un en
nous. »
Et cela en attendant que
l’ensemble soit « consommé » dans la perfection glorieuse, revêtus « de la gloire
que tu m’as donnée » et que « je leur ai donnée », gloire manifestée à ce monde
qui connaîtra alors ce qu’il n’aura pas voulu croire. Il devra reconnaître en
ceux qui seront ainsi « consommés en un » que le Père l’a envoyé. Il verra la
gloire de ceux qui auront cru ; ils seront vus « un, comme nous
», dit
Jésus, « nous sommes
un ; moi en eux, et toi en moi »… Et le monde
connaîtra ce qu’eux auront cru, savoir « que tu m’as envoyé, et que tu les as
aimés comme tu m’as aimé ».
Que pouvons-nous dire, que
pouvons-nous faire, sinon nous confondre en adoration, en entendant un tel
langage aux résonances infinies ? Celui qui le parle le fait étant encore sur la
terre, mais il est sur le point d’entrer dans le ciel, la rédemption obtenue,
il va y être salué par Dieu souverain sacrificateur selon l’ordre de
Melchisédec, pour l’éternité ; et il entrera là comme notre précurseur. Qu’en
l’entendant nous prenions à coeur l’unité pour laquelle il priait le Père, et
que cet amour auquel le monde devrait reconnaître les disciples de Christ,
l’amour dont Lui-même a été aimé, son amour
, soit en nous, et Lui en
nous.