« ÉTANT SOUMIS LES UNS AUX AUTRES

DANS LA CRAINTE DE CHRIST » — Éphésiens 5:21

André Gibert

Sous-titres ajoutés par Bibliquest

ME 1961 p. 253

Tables des matières :

1 - 1° article : La soumission mutuelle

1.1 - Importance de l’exhortation à être soumis

1.2 - Diverses sortes de soumission

1.3 - Soumission mutuelle : est-ce possible ?

1.4 - Christ le modèle, Christ le Seigneur

1.5 - Non pas un jeu d’influence

1.6 - Soumission : en restant dans l’obéissance à la volonté de Dieu

1.7 - Soumission dans la crainte de Christ

1.8 - La soumission selon Éph. 5:21 : secret de la patience jointe à la fermeté

2 - 2° article : Cas limites à la soumission mutuelle

2.1 - Soumission selon Éph. 5:21 : ce n’est pas obéir à la chair

2.2 - Soumission selon Éph. 5:21 : dans le respect des autorités établies de Dieu

2.3 - La soumission ne s’exige pas — Assujetissement commun à Christ

2.4 - Soumission mutuelle et servir par amour

2.5 - Humilité

2.6 - Volonté de Dieu ou volonté propre


1 - 1° article : La soumission mutuelle

1.1 - Importance de l’exhortation à être soumis

Quand nous lisons les versets 17 à 20 du chapitre 5 des Éphésiens, nous ne saurions nous étonner de voir l’apôtre exhorter les chrétiens, « bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ », à être, quoique encore sur la terre, « remplis de l’Esprit » de telle manière qu’ils s’élèvent en louanges : « vous entretenant par des psaumes et des hymnes et des cantiques spirituels, chantant et psalmodiant de votre coeur au Seigneur ; rendant toujours grâces pour toutes choses, au nom de notre Seigneur Jésus Christ, à Dieu le Père ». S’ils ont conscience de leur merveilleuse part, comment, au lieu du vin dissolvant des satisfactions terrestres, ne désireraient-ils pas toujours davantage jouir des biens éternels et de cet héritage dont le Saint Esprit est les arrhes ?

Mais tout aussitôt, au verset 21, le même Esprit de la promesse qui les a scellés pour participer sans attendre à de si hauts privilèges, les exhorte à s’abaisser. Il les appelle et les enseigne à « être soumis les uns aux autres, dans la crainte de Christ ».

C’est que, hélas, tant que nous sommes ici-bas, nos coeurs incorrigibles seront portés à rechercher leur propre gloire. Nous avons à être mis en garde contre les convoitises de la chair et des yeux, mais le piège de l’orgueil de la vie est plus constant, plus tenace, plus pernicieux encore. Il joue dans les choses spirituelles elles-mêmes, pour ruiner notre vie chrétienne et celle de l’assemblée : n’est-ce pas souvent d’une manière charnelle que nous nous occupons de ces choses élevées, et la pratique répond-elle à ce que nous savons plus ou moins théoriquement ? C’est l’occupation de nous-mêmes qui, par dessus toute autre cause, nous empêche de « garder l’unité de l’Esprit par le lien de la paix », c’est-à-dire d’agir dans toutes nos relations avec les autres membres du Christ comme appartenant effectivement au même corps.

La pensée de la chair ne se soumet pas à la loi de Dieu (Rom. 8:7). Que dire lorsque la « volonté du Seigneur » (v. 17) est que nous soyons « soumis les uns aux autres » ! Notre vieille nature ne peut faire autre chose que tous ses efforts pour se placer au-dessus des autres, se satisfaire, et être servie. Mon moi orgueilleux heurte alors le moi orgueilleux de mon frère ; et c’est ainsi que se montrent, parmi tous les autres misérables fruits de la chair, les inimitiés, les querelles, les jalousies, les colères, les intrigues, les divisions, les sectes, les envies… (Galates 5:20). Pour que « le fruit de l’Esprit », amour, joie, paix, etc., (v. 22) apparaisse, « soyez remplis de l’Esprit… étant soumis les uns aux autres dans la crainte de Christ ».


1.2 - Diverses sortes de soumission

Il s’agit ici de soumission mutuelle à l’intérieur de la maison de Dieu. Les chrétiens sont ailleurs appelés à être soumis aux autorités de ce monde en rapportant le principe de cette soumission à Dieu par qui toute autorité existe (Romains 13). Mais ici nous sommes dans le domaine de l’assemblée, entre membres du corps de Christ. Les cas particuliers de soumission dans les relations familiales et sociales sont envisagés plus loin, comme application du principe général posé par ce verset 21. Pareillement, en Hébreux 13:17 la soumission est demandée vis-à-vis des conducteurs, et en 1 Pierre 5:5 vis-à-vis des anciens, pasteurs du troupeau. Mais notre passage pose le principe dans toute son étendue : « les uns aux autres », sans distinction.


1.3 - Soumission mutuelle : est-ce possible ?

Cette exhortation de caractère absolu paraît soulever des difficultés insurmontables. Comment vous demander d’être soumis à celui-ci qui a moins de connaissance que vous, à cet autre dont chacun sait qu’il manque de discernement, ou que sa conduite laisse à désirer ? Comment le vieillard se soumettra-t-il à ce jeune homme qui méconnaît son expérience, et, inversement, le jeune homme à ce vieillard qui ne comprend pas la jeunesse ? Comment être soumis à tel frère si apathique, ou à son contraire si dangereusement remuant ?

La chose n’est possible que « dans la crainte de Christ », en nous considérant comme tous nivelés, dans la même relation de bénédiction et de responsabilité, sous l’autorité du même Seigneur, le Christ. Bien plus encore, comme dépendant de la même Tête glorifiée, en tant que nous faisons tous partie du corps de Christ, selon l’enseignement propre à cette épître. Nous devrions être empressés à Lui rendre toujours et partout ce qui Lui est dû, — cette sainte crainte dont la source est dans la connaissance, de ce qu’Il est en sainteté et en grâce, en lumière et en amour. Nous sommes sur cette scène pour que « le Christ luise sur nous », non pour y briller nous-mêmes, — pour l’honorer, Lui, et non point pour nous glorifier en quoi que ce soit.


1.4 - Christ le modèle, Christ le Seigneur

D’autres passages nous Le présentent comme le modèle de l’humilité, et, quand il nous est prescrit que l’un estime l’autre supérieur à lui-même, nous apprenons que cela ne peut être que s’ « il y a en nous cette pensée qui a été dans le Christ Jésus », celle de s’abaisser. Nous sommes exhortés ailleurs chacun « à plaire à son prochain en vue du bien, pour l’édification, car aussi le Christ n’a point cherché à plaire à lui-même » (Rom. 15:2, 3). Mais ici, dans les Éphésiens, la pensée est celle de la place due à Christ et de la crainte qui nous remplit en le considérant. C’est à Lui, assis à la droite de Dieu dans les lieux célestes, au-dessus de tout nom qui se nomme, que nous avons affaire. Seule doit compter pour nous l’appréciation que Lui fait de notre conduite.

Dans une telle présence, comment s’élever ? Et si toute notre vie est tirée de Lui, comment nous en prévaloir vis-à-vis des autres ? La soumission mutuelle qui est requise, ce sera celle de gens qui s’entraident à Le servir, dans le même Esprit, le même amour, le même saint et précieux exercice. Plus je vois ce qu’Il est et ce qui lui est dû, moins je chercherai à imposer ma volonté propre, au détriment de « la volonté du Seigneur ». Dans cette même lumière de sa présence glorieuse je verrai le prix que chacun des siens a pour Lui, de quel amour Il les aime tous, et blesser ou froisser mon frère serait l’atteindre, Lui. Comment ne pas nous supporter et nous pardonner ?


1.5 - Non pas un jeu d’influence

Nous soumettre les uns aux autres est tout l’opposé de nous influencer les uns les autres par les qualités naturelles qui prédominent en nous. Elles ne jouent utilement que dans la mesure où Christ les emploie. Dans un organisme bien monté, un ressort, une came, les dents d’un pignon, ne jouent pas à leur gré, simplement parce qu’ils ont la possibilité de le faire, mais au moment et de la manière que le constructeur l’a prévu et que l’usager en a besoin. Nous ne sommes évidemment pas exhortés à nous soumettre à la volonté charnelle des autres, mais à être ensemble soumis à Christ, ce qui implique que nous le sommes les uns aux autres. Il s’agit de nous plier au véritable intérêt spirituel de nos frères parce qu’il y va du fonctionnement du corps de Christ. Nous avons à rechercher cet intérêt, comme aussi nous bénéficions, avec l’ensemble, de la recherche qu’eux-mêmes poursuivent de notre propre bien. C’est, vu d’une manière différente, le principe même du lavage des pieds, qui n’a de réalité et de valeur que fait par amour, dans l’abaissement aux pieds de nos frères.


1.6 - Soumission : en restant dans l’obéissance à la volonté de Dieu

La soumission dans la crainte de Christ ne consistera jamais à approuver quelqu’un qui est dans un mauvais chemin, à épouser son erreur, à l’appuyer dans ses querelles charnelles. Pas plus que, dans un domaine différent, être soumis aux autorités ne peut entraîner à agir contrairement à la volonté manifeste de Dieu : c’est à la source de l’autorité qu’on se réfère (Actes 4:19). Désobéir à Dieu sous prétexte de soumission à mon frère ne serait pas aimer celui-ci (1 Jean 5:2) ; attrister sous le même prétexte « le Saint Esprit de Dieu par lequel nous avons été scellés pour le jour de la rédemption » (Éph. 4:30) serait tout l’opposé de « garder l’unité de l’Esprit ». La vraie soumission vis-à-vis de l’égaré ou du dévoyé consistera à ne rien épargner pour le gagner, à ne pas ménager mes démarches et mes forces pour le ramener ; s’il persiste dans un mauvais état, je serai soumis à ses vrais intérêts non point en le suivant mais en le laissant aux mains du Seigneur, sans cesser de prier pour lui. Jamais, même si — cas extrême — j’ai à me séparer de lui par fidélité au Seigneur, je ne puis me considérer comme dégagé de tout devoir envers lui, jamais je n’ai à le considérer autrement que comme un membre du corps de Christ, et jamais par conséquent je n’ai à cesser de garder à son endroit l’unité de l’Esprit par le lien de la paix : j’ai à agir envers lui comme Christ me demande de le faire, et cela peut aller jusqu’à ne pouvoir lui donner le nom de frère, mais cette façon d’agir est liée au fait même qu’il y a un seul corps dont nous faisons partie l’un et l’autre, un seul Esprit dont nous avons été scellés l’un et l’autre. S’il s’agissait de quelqu’un qui n’a pas la vie, aurais-je le moins du monde à m’inquiéter de lui dans ce sens là ? Il suffit de lire 1 Cor. 5:9-13 et 2 Cor. 2:6-8.


1.7 - Soumission dans la crainte de Christ

Frères, interrogeons-nous, « dans la crainte de Christ ». Est-ce dans cet esprit — « remplis » de cet Esprit — que se déroulent nos relations mutuelles, toutes nos relations avec tous nos frères ? Le devoir de maintenir la vérité, et de préserver la sainteté de la Table du Seigneur, est absolu, mais il ne nous dégage en aucun cas de celui d’être soumis les uns aux autres dans la crainte de Christ. Pas plus que ce devoir d’être soumis les uns aux autres ne nous autorise à des compromis à propos de la vérité. On a le coeur serré en constatant le ton de mépris que des chrétiens peuvent prendre quelquefois pour parler de leurs frères en chute, ou simplement de ceux avec lesquels ils diffèrent sur quelque point. Il est attristant, pour ne pas dire stupéfiant, que si souvent nous ne fassions pas le moindre effort pour comprendre nos frères, et nous expliquer — ce qui ne veut pas dire excuser — leur état, de façon à nous venir plus efficacement en aide les uns aux autres.


1.8 - La soumission selon Éph. 5:21 : secret de la patience jointe à la fermeté

Le secret de la patience et du support est le même que celui de la vraie fermeté, et il est dans l’exhortation : « Soyez soumis les uns aux autres dans la crainte de Christ ». La soumission d’une infirmière dévouée à ses malades va jusqu’à l’abnégation, et cela ne veut jamais dire qu’elle satisfait toutes leurs volontés, dont la plupart seraient funestes. Il est des luttes qui sont en réalité des soumissions, parce qu’elles sont le moyen d’atteindre des consciences, mais il faut que l’amour en soit le mobile. Ainsi en était-il pour l’apôtre quand il parlait « comme un insensé » aux Corinthiens, ou qu’il apostrophait les Galates. L’Ange luttait pour bénir Jacob, et il n’a pas prévalu sur lui, jusqu’au moment où, le patriarche ayant déployé toute sa force, la grâce l’a brisé.

« Si vous savez ces choses, vous êtes bienheureux si vous les faites ». Elles n’ont jamais été plus de saison.


2 - 2° article : Cas limites à la soumission mutuelle

ME 1961 p. 309

2.1 - Soumission selon Éph. 5:21 : ce n’est pas obéir à la chair

Le sujet de la soumission mutuelle, abordé sous le titre ci-dessus dans le numéro d’octobre, est d’une importance pratique telle qu’il est bon d’y revenir, au risque de quelques redites (mais de celles qui ne pesaient pas à l’apôtre, Phil. 3:1).

Cette soumission mutuelle, impossible et inacceptable à première vue, trouve ses limites « dans la crainte de Christ », et là seulement. L’exhortation d’être « soumis les uns aux autres » ne pourrait avoir pour effet de nous assujettir à une volonté charnelle, quelle qu’elle soit : aurais-je à juger la chair chez moi pour m’y soumettre chez un autre ? On ne saurait donc conclure de cette exhortation que chacun doit obéir à son frère quoi que celui-ci demande, et quel que soit le chemin où il marche. Il faudrait, à ce compte, accepter de mal agir, au mépris du véritable amour (1 Jean 5:2), et de la crainte due à Christ. Comme principe général de conduite, il n’est pas possible que celui qui a de la connaissance et du discernement doive être dirigé par celui qui n’a ni l’un ni l’autre, que celui dont la marche est fidèle soit invité à suivre celui dont la conduite laisse à désirer, et qu’il faille accepter l’erreur d’un frère séduit ou borné, se plier aux impulsions irréfléchies du remuant, à l’inertie coupable de l’apathique, etc. Ce serait de l’aberration.

2.2 - Soumission selon Éph. 5:21 : dans le respect des autorités établies de Dieu

Ce serait une aberration voisine que de penser que les subordinations établies par Dieu ne doivent pas être respectées. L’autorité est à reconnaître où elle est, et la soumission lui est due. Il y a une autorité donnée de Dieu (celle des parents, — celle des anciens, et non des jeunes gens, en 1 Pierre 5:2, — celle d’un gouvernement, etc.), comme il y en a une aussi qui découle de l’expérience chrétienne, d’une marche fidèle, et qui est l’autorité morale. Les rôles ne peuvent être inversés impunément, et celui à qui la soumission est expressément due ne se trouve évidemment pas exhorté à la manifester à celui qui la lui doit, ainsi le vieillard vis-à-vis du jeune homme qui méconnaît son expérience. Ce qui n’empêche nullement que dans certains cas le vieillard peut être amené à se ranger à la pensée d’un jeune homme, ou celui dont la marche est fidèle à reconnaître le bien-fondé d’un avis exprimé en une occasion par quelqu’un dont la conduite laisse à désirer, et de même pour celui qui a de la connaissance et du discernement vis-à-vis de celui qui en est la plupart du temps dépourvu. Ces cas, qui apparaissent comme autant d’exceptions à la règle, sont précisément propres à montrer comment s’applique, avec sagesse et dans l’humilité, le : « Étant soumis les uns aux autres dans la crainte de Christ ». Mais, soulignons-le, l’autorité n’est pas déplacée pour autant ; l’ordre divin, loin d’être détruit, se trouve renforcé par la reconnaissance de l’autorité suprême, celle de Dieu. Tout cela ne doit offrir aucune équivoque.

2.3 - La soumission ne s’exige pas — Assujetissement commun à Christ

Il serait profondément attristant, d’autre part, que quelqu’un pût se prévaloir de cette exhortation d’Éph. 5:21 pour réclamer l’obéissance de ses frères. Il n’est pas dit : « Exigez la soumission l’un de l’autre », mais : « Soyez soumis les uns aux autres », ce qui met l’exercice dans le coeur de celui qui doit se soumettre.

Ce qu’il faut bien voir, c’est que ce verset établit un cadre dans lequel tous les cas particuliers de soumission se trouvent embrassés et haussés au niveau spirituel le plus élevé : toutes les relations sont ramenées à leur source même, et tous les membres du corps de Christ, tous les enfants de la famille de Dieu, sont vus dans cet état où ils ont affaire mutuellement dans un heureux assujettissement commun à Christ. De sorte que chacun agit non pour soi mais pour le profit de l’ensemble, dans l’amour. Mon action, comme ma liberté, ne peut être indépendante d’autrui, sinon elle risque d’être funeste. Être soumis s’oppose à vouloir s’assurer une autorité personnelle, mais non point à en exercer une de la part du Seigneur, dans sa crainte, et dans l’humilité.

Le principe a une portée indéfinie. L’application en est faite, dans les versets qui suivent, à des cas définis. Un certain nombre de relations terrestres sont envisagées, maris et femmes, parents et enfants, maîtres et esclaves : dans la pratique de ces relations, des croyants ont à se soumettre à d’autres revêtus d’une autorité particulière. Autrement dit, la qualité de chrétiens non seulement n’abolit pas le devoir de soumission requis par ces relations naturelles mais lui donne un caractère plus impérieux et plus doux à la fois, car ce devoir est « dans le Seigneur ». Et tout cela aussi est sans équivoque possible.

2.4 - Soumission mutuelle et servir par amour

La soumission mutuelle est en somme une disposition d’esprit à incliner notre volonté propre, au cours de nos relations avec nos frères, dans le sentiment de l’autorité de Christ et dans celui de ce que nous devons à des enfants de Dieu. C’est l’état d’esprit de celui qui sert et non de celui qui commande. Mais il faut pour cela servir par amour. Pouvons-nous nous servir l’un l’autre, selon Galates 5:13, et le plus grand peut-il être le serviteur de tous comme le Seigneur l’enseignait à ses disciples, sans cet esprit de soumission ? C’est un effet de la vie de l’Esprit, qui nous fait nous soumettre par amour au lieu de nous rechercher nous-mêmes, mais qui ne nous fera jamais sacrifier les droits de Christ. Paul avait toute autorité pour commander Philémon, mais, dit-il, « à cause de l’amour, je te prie plutôt… ». Il « supplie Évodie », et il « supplie Syntyche » d’avoir une même pensée dans le Seigneur, et il « prie » son vrai compagnon de travail de les aider. Il voudrait n’avoir pas à venir à Corinthe exercer son autorité d’apôtre avec la verge, mais venir dans un esprit de douceur. Il énonce ses droits en 1 Cor. 9, mais pour dire qu’il s’est asservi à tous. Il ne faisait que refléter le vrai modèle, et quel modèle ! Jésus a été soumis dans toutes les occasions où il avait affaire à une autorité terrestre établie, ses parents, les docteurs, les receveurs des didrachmes, etc., et il l’était selon l’esprit de son constant abaissement. « L’homme m’a acquis comme esclave dès ma jeunesse », a-t-il pu dire, et pourquoi ? parce qu’il avait lui-même « pris la forme d’esclave ». Tous ces passages ne peuvent évidemment pas être assimilés les uns aux autres, mais nous y retrouvons le même principe, celui d’un assujettissement par amour, et pour les droits mêmes de la vérité. « Mon joug », dit Celui qui est le Seigneur de tous !


2.5 - Humilité

Être soumis, d’ailleurs, qu’est-ce, à rigoureusement parler, sinon « être placé au-dessous » ? Nous avons à reconnaître partout ceux que Dieu a placés au-dessus de nous, et le passage de Philippiens 2:3 et 4, est formel, comme que ce soit qu’on l’interprète : « que, dans l’humilité, l’un estime l’autre supérieur à lui-même ». Il faut l’humilité pour cela, mais c’est dans cette estime qu’est la vraie soumission. D’où proviennent tant de maux parmi nous, sinon du fait que chacun veut être dessus et ne consent pas à être dessous ?


2.6 - Volonté de Dieu ou volonté propre

Encore une fois cette soumission ne signifie nullement obéissance dans n’importe quel cas, ni obéissance passive car le chrétien ne peut vivre passivement. Les apôtres restaient bel et bien soumis aux autorités, en ce qu’ils les reconnaissaient comme telles, tout en leur désobéissant lorsqu’ils sont amenés à le faire pour obéir à Dieu et non aux hommes. (Actes 4:19, et 5:39). Les relations bien définies ne se trouvent pas affaiblies mais consolidées lorsqu’on donne à notre passage un sens ouvert et non fermé : il est parfaitement vrai que la soumission se doit à qui a reçu l’autorité, mais il est tout aussi vrai, sans nulle contradiction, qu’on ne peut désobéir à Dieu sous prétexte de soumission aux hommes. Dès que la volonté du Seigneur est clairement placée devant nous, elle règle tout : « Soyez soumis les uns aux autres, dans la crainte de Christ ».

Le sujet que nous avons essayé de présenter se trouve résumé de la façon la plus simple et la plus claire par la phrase suivante, écrite il y a longtemps mais toujours actuelle : « Si vous voulez me faire faire le mal, je ne peux pas le faire, parce que ce n’est pas la volonté de Dieu ; mais dans tout ce en quoi ma volonté est en question, je vous cède » (Substance d’une méditation sur l’épître aux Éphésiens, Mess. Ev., 1876, p. 92)