JÉSUS ET LE BRIGAND CONVERTI — Luc 23:38-46

Auteur inconnu


Résumé d’une méditation. ME 1877 p. 135


Le brigand converti partageait, dans ce monde, le sort de son compagnon ; dans le ciel, il partage celui de Jésus. La différence entre les deux brigands vient de Dieu, non des circonstances. Dieu peut se servir des circonstances, mais elles ont souvent un effet tout à fait opposé, comme ici dans les deux brigands. En principe, toute âme sauvée se trouve dans la même situation que le brigand : personne n’a jamais été sauvé autrement que lui. Il a une foi vivante, plus vivante que celle de beaucoup de chrétiens qui sont tranquilles dans le monde.

Il y a une œuvre faite pour le brigand, et une œuvre faite en lui. Si l’œuvre est faite en nous, nous jouirons de tous les effets de l’œuvre accomplie pour nous.

La parole de Dieu prend des cas extraordinaires pour nous enseigner de grands principes. Le péché d’Adam n’est pas différent des péchés que nous commettons, mais nous en voyons bien mieux les effets, quoique les effets de nos péchés soient les mêmes. Le salut du brigand est exactement pareil à notre salut.

Le brigand avait une grande foi. Jésus était condamné par la puissance civile, abandonné des siens, rejeté du monde, traité comme malfaiteur. Rien en lui ne pouvait faire reconnaître le Fils de Dieu ; extérieurement rien ne devait faire croire en lui. Il était même plus bas que le malfaiteur qui osait l’outrager, parce qu’il s’était dit le Christ et le Fils de Dieu. Toute l’inimitié, toute la haine du cœur charnel de l’homme était déchaînée contre lui. Cependant c’est alors que le brigand l’appelle son Seigneur, et voit en lui le Christ, le Fils de Dieu. Les incrédules peuvent admettre toutes les idoles, toutes les religions fausses ; ils prétendent honorer une procession dans les rues ; — tout peut être admis dans le monde, excepté de prêcher publiquement Christ. Toutes les fois que Satan voit les droits de Christ proclamés dans ce monde, il s’en irrite. L’un des brigands même outrage Jésus ; Jésus le supporte sans ouvrir la bouche ; il se met au-dessous d’un brigand.

L’autre brigand dit : « Tu ne crains pas Dieu ? » (v. 40). Sa conscience se place dans la présence de Dieu ; c’est là le commencement de la religion ; c’est la foi qui reconnaît Dieu dans ses droits. La philosophie, l’intelligence, jugent Dieu selon leurs pensées ; mais du moment où la conscience agit, l’homme se met à sa place devant Dieu, et se soumet. « La crainte de Dieu est le commencement de la sagesse ». Toutes les plus belles idées sur Dieu, comme idées, ne changent point nos relations avec lui : la conscience n’en est pas atteinte. Ce n’est qu’en se présentant à Dieu comme un pécheur que l’homme se soumet à Dieu. Lorsque nous voyons les effets du péché dans les souffrances, dans la mort, nous sentons que nous avons été chassés du paradis par le péché. — On n’a pas de sentiment profond sans en parler ; la religion qu’on garde pour soi est bien faible. Le commencement de la conversion du brigand est de craindre Dieu. Il censura fortement l’autre brigand. La présence de Dieu avait changé l’état et la dureté de son cœur. Elle devient la circonstance dominante. Le péché n’est plus ce qui nuit à notre réputation, mais ce qui offense Dieu justement. Le brigand ne tient plus au jugement de l’homme ; il songe à celui de Dieu. Quand la conscience est éveillée, la pensée dominante est la crainte de Dieu ; on est tout préoccupé de Dieu et de soi-même. L’homme est introduit par là dans la présence de Dieu, et se juge comme Dieu le juge. L’homme cherche à éviter de penser à Dieu ; il essaye de s’étourdir pour se persuader que Dieu ne pense pas à lui, et rien ne prouve mieux que nous sommes mal à l’aise avec Dieu ; — mais Dieu ne nous oublie pas. La conviction de la justice de notre condamnation suit ce réveil de la conscience. C’est là la franchise chrétienne. Le jugement de Dieu s’étant introduit dans le cœur, celui-ci se juge justement. Le brigand dit : « Nous sommes condamnés justement » (v. 41). Il ne cache pas son péché et ne perd pas son âme pour garder sa réputation, comme bien des gens le font. Il connaît Dieu et se connaît lui-même, ce que les hommes les plus savants ne peuvent, à moins qu’ils ne soient, comme lui, réveillés par la présence de Dieu.

Jésus était là, crucifié parce qu’il était juste, parce qu’il « n’avait rien fait qui ne se dût faire ». Les Juifs n’avaient pas su le discerner, et les disciples ne l’avaient pas compris ; le brigand le reconnaît. Il a la lumière du Saint-Esprit, il a l’intelligence éclairée ; il connaît le Seigneur Jésus comme homme ; il le voit outragé, humilié, ne se vengeant d’aucune insulte : son cœur est touché. Il prend le parti de Jésus, il se montre en sa faveur, il l’aime. C’est là ce qui pousse les chrétiens à prendre aussi le parti de Jésus contre ceux qui l’outragent. Le brigand voit la gloire et la perfection de Jésus.

Le brigand dit aussi : « Seigneur, souviens-toi de moi, etc » (v. 42). Quand l’appelle-t-il Seigneur ? Ce n’est pas au milieu d’un monde tranquille, au milieu d’enfants de Dieu où si souvent même on a honte de nommer le Seigneur Jésus. Non ; Jésus, ici, condamné par les puissances ecclésiastiques et civiles, est proclamé Seigneur par un pauvre malfaiteur, avec une simplicité de foi et une confiance parfaites. Le brigand attend Jésus dans son règne, quoiqu’il ne le voie que sur la croix. Il a compris la gloire à venir de Jésus. Son cœur et ses affections sont à Jésus. Il oublie ses souffrances, il ne songe qu’au Seigneur ; il le confesse ; il a la force qui reprend l’autre brigand, qui oublie ses souffrances corporelles. Crainte de Dieu, connaissance de soi-même, connaissance de Jésus, foi en lui et en son règne, oubli de soi-même et désir de la jouissance avec Jésus, — cette foi nous fait honte ! Pas un de nous n’a une foi si vive et si efficace. Tels sont les grands traits de la conversion.

La réponse de Jésus vient au-devant de la confiance et des espérances du brigand. Comment celui-ci, qui se disait justement condamné par les hommes, en arrive-t-il à se recommander au souvenir de Jésus ? C’est qu’il y a en lui quelque chose qui touche le cœur. Jésus s’est placé sous notre condamnation. La certitude de l’amour de Dieu et la vue de Jésus sous notre condamnation mettent le cœur au large. C’est ce qui produit la confiance et nous fait dire : « Seigneur, souviens-toi de moi ». Si tous mes péchés n’étaient pas déjà devant Dieu, ils seraient reproduits au jour du jugement. — La confiance du brigand était fondée. Un moment a effacé tous ses péchés. « Aujourd’hui, tu seras avec moi dans le paradis » (v. 43). Le brigand a pu passer de la croix en paradis, être le seul compagnon de Jésus pour passer de cette terre dans le paradis. Il a été placé à côté de Jésus dans la condamnation ; il a été placé avec lui dans sa gloire. Son péché a été entièrement effacé. Il a été rendu pur aux yeux de Dieu par la pureté et la justice de Christ fait péché pour lui. Il faut cela pour avoir une vraie paix. C’est parce que notre péché est entièrement devant Dieu, parce que Jésus a été fait péché pour nous, a confessé et porté nos péchés en son corps sur le bois, que nous sommes dans la lumière, dans la paix, et dans la confiance devant Dieu.

Le brigand était digne d’être « aujourd’hui » dans le paradis. C’est pour nous un exemple, car, si nous croyons, la même grâce nous est faite. Nous pourrons être aujourd’hui pleinement en paix, si nous prenons Dieu sur parole quand il nous dit que le sang de Christ nous purifie de tout péché.

Jésus dit au brigand : « Aujourd’hui, tu seras avec moi ». C’est la seule consolation apparente que Jésus ait eue dans ce moment-là : alors qu’il était sur la croix, il a vu dans le brigand l’effet de la croix.