Andrew Miller ; texte condensé
Table des matières :
En tête de cette nouvelle édition du Cantique des Cantiques, il nous semble à propos de citer ces lignes :
« Ce livre considère les Juifs, ou du moins le résidu, sous un tout autre
aspect que ne le font les prophètes. Il décrit les affections que le Roi (titre
que prend le Seigneur dans ses relations avec Israël) peut créer dans leurs
coeurs et par lesquelles il les attire à lui. Quelle qu’en soit la force, ces
affections ne sont pas comparables aux affections chrétiennes. Elles n’ont ni
le calme profond, ni la douceur qui découlent d’une relation déjà formée,
connue et pleinement appréciée ; d’une affection dont le lien est
reconnu ; chacun en jouit, comme d’une chose certaine dans le coeur de
l’autre…
Il ne s’agit pas, dans ce livre, de la purification de la conscience,
(c’est une question laissée de côté), mais des affections du coeur qui ne
sauraient être trop ardentes lorsque le Seigneur en est l’objet,…
Dans son interprétation, ce livre ne s’applique pas à l’Église. Cependant
j’ai parlé de
« nous
» et de
« nos coeurs
», et avec raison. Car, si Israël est l’objet
de ce livre, il s’agit du coeur et de ses sentiments, de sorte que, moralement,
il a une application pour nous… Du reste, on ne peut pas exagérer l’importance
qu’il y a à cultiver les saintes affections qui nous attachent à Christ, nous
font connaître son amour et nous le font connaître lui-même. S’il s’agit de
Dieu et de ses voies à notre égard, celui qui n’aime pas ne connaît pas
»
(Études J. N. Darby).
Que notre Dieu et Père veuille accompagner cette édition et qu’elle laisse partout une riche bénédiction à la gloire du beau nom de Jésus, notre Sauveur et Seigneur.
La plupart des hommes de ce monde redoutent la solitude et la réflexion. Ils aiment mieux être surchargés d’invitations et d’affaires que d’avoir du temps pour réfléchir. Leur conscience mal à l’aise voudrait alors faire entendre sa voix ; mais ses avertissements sont souvent étouffés par ce mot commode : devoir ; et bientôt oubliés volontairement. Si l’on a sur la conscience des péchés non jugés, la pensée de Dieu comme juge est redoutable pour une âme irrégénérée. Elle ne peut pas supporter la lumière, c’est pourquoi elle préfère les ténèbres. Toute occasion est bonne pour échapper à une calme et sérieuse réflexion. Les plaisirs du monde servent aussi à atteindre le même but.
On n’accorde ni pensée ni
temps aux réalités de l’âme ; on ne prend aucun soin de ses profonds et
pressants besoins. Mais « que profitera-t-il à un homme s’il gagne le monde entier, et qu’il
fasse la perte de son âme ; ou que donnera un homme en échange de son
âme ?
» (Marc 8:36-37). Hélas ! tel est l’homme sans la
connaissance de Dieu, de sa condition comme pécheur et dans l’ignorance de
Jésus comme le Sauveur.
Entretenons avec soin un
esprit de méditation. Plus la séparation d’avec le monde sera réelle, plus la
communion avec Jésus sera profonde et plus la bénédiction qui en résultera sera
grande. Il ne doit pas y avoir de sympathie dans l’esprit et le coeur pour le
monde ; et, quoique dans le monde, tenons-nous loin de son agitation et de
son impiété. Un abîme sépare les croyants du présent siècle mauvais : « Ils
ne
sont pas du monde
», a dit Jésus, « comme moi je ne suis pas du monde
». La position de Christ en résurrection
détermine la nôtre, car nous sommes ressuscités avec lui. Le calme, le repos de
l’âme en communion avec le Seigneur glorifié, sont les moments les plus
précieux sur la terre. On peut les connaître dans une chambre de maladie, au
milieu de son travail ou dans l’accomplissement des devoirs de la famille. Tout
dépend de l’état du coeur. Être seul, et pourtant ne plus l’être, car Christ
est là, quelle part bénie !
Pourquoi
ce précieux petit livre a-t-il été appelé « Le cantique des cantiques » ?
Précisément parce qu’il est de Salomon, un type de Christ qui, au temps
convenable, sera roi à Jérusalem, dans la gloire du vrai Salomon. C’est d’après
le même principe que le Seigneur est appelé « Roi
des
rois et Seigneur des seigneurs
». La prééminence en toutes choses lui appartient.
Il y a plusieurs cantiques
dans l’Écriture : Moïse, Marie sa soeur et ses compagnes, Débora et David
ont tous chanté la bonté du Seigneur. Il est écrit de Salomon « qu’il fit mille
et cinq cantiques » (1 Rois 4:32) ; mais celui-ci est appelé « Le cantique
des cantiques ». Il surpasse tous les autres. C’est la mélodie de coeurs remplis
de l’amour divin. « Nous, nous
l’aimons
parce que lui nous a aimés le premier
» (1 Jean 4:19). Si seulement nous étions toujours capables de
chanter nos cantiques avec le coeur et l’intelligence !
Quelle affection ardente et pure exprime cette requête. Quand l’âme est remplie de son objet, tout le reste disparaît ; elle est transportée par l’heureuse assurance de la place qu’elle occupe dans le coeur de Jésus. Il n’y a plus de doutes ni de craintes pour celui qui parle ainsi à l’époux divin. Plusieurs traitent de présomption cette confiance en Son amour parfait, un amour qui exclut toute crainte. S’ils osent se confier en Christ, ce n’est pas sans doutes et sans inquiétude ; et cependant, c’est Lui qui les a aimés et s’est donné lui-même pour eux, des impies.
La hardiesse de la bien-aimée dans cette scène signifie-t-elle qu’elle a oublié d’où elle a été tirée ? Non, elle ne l’a point oublié, mais sa conscience ayant été purifiée de tout péché par le sacrifice de Jésus sur la croix, elle est maintenant libre et heureuse dans la présence d’un Christ ressuscité et glorifié. Le sang de Christ pour la conscience et sa personne pour le coeur, c’est tout ce qui est nécessaire pour qu’un pécheur se sente chez lui et heureux dans la chambre du roi ! Ces deux choses sont à la base de toute bénédiction, et le chrétien les possède l’une et l’autre. Si nous sommes instruits à cet égard, nous nous sentirons libres, heureux et chez nous dans la présence du Seigneur.
Ici,
la bien-aimée soupire après une
preuve directe de l’amour du bien-aimé. C’est Christ lui-même qui l’occupe, non
pas une de ses vertus, ou quelque grâce particulière reçue de lui. Elle ne
songe pas à expliquer de qui elle parle de cette manière. Ainsi Marie de
Magdala, dépouillée de l’Objet exclusif de son coeur, demande : « Seigneur, si toi tu l’as emporté, dis-moi où
tu l’as mis
». Jésus seul occupait ses pensées, elle ne s’occupait d’aucun
autre. Rien ne pouvait la satisfaire sinon la personne de son Seigneur mort ou
vivant. Merveilleuse affection ! Si seulement Jésus avait en nous une
telle place ! Encore un peu de temps et il possédera les siens pour
toujours.
Dans l’Écriture, le baiser est souvent le signe de la réconciliation, le gage de la paix, l’expression de l’affection. David et Jonathan se baisèrent l’un l’autre, et pleurèrent l’un avec l’autre, jusqu’à ce que les pleurs de David devinrent excessifs (1 Samuel 20:41). C’est une belle image du vrai David dont l’amour dépasse de beaucoup notre amour. Joseph aussi baisa tous ses frères et pleura sur eux ; et après cela, ses frères parlèrent avec lui (Genèse 45:15). De même, le père de l’enfant prodigue l’embrassa alors qu’il portait encore ses haillons. Puis, quand il fut purifié de toutes ses souillures et revêtu de la plus belle robe, était-ce trop de sa part de demander de pareilles démonstrations d’amour ou de s’y attendre ? Non, assurément ! Est-ce trop pour l’épouse dans le Cantique des Cantiques — ou pour le croyant — de désirer une telle expression de l’amour du Seigneur ? L’amour seul peut satisfaire l’amour.
Maintenant l’amour du Bien-aimé est préféré au vin, symbole
des joies et des plaisirs de la terre. Ces choses n’ont plus d’attrait pour
celui qui fait ses délices de cet amour. Elles ont perdu leurs charmes et ne
sont plus désormais qu’un pesant fardeau pour le croyant. Jésus lui-même fait
ses délices. Pierre dira : « lequel,
quoique vous ne l’ayez pas vu, vous aimez ; et croyant en lui, quoique
maintenant vous ne le voyiez pas, vous vous réjouissez d’une joie ineffable et
glorieuse
» (1 Pierre 1:8)
La vigne a ses racines dans
la terre. Le nazaréen, tant que durait son voeu, ne devait rien goûter du fruit
de la vigne, depuis les pépins jusqu’à la peau du raisin (Voyez Nombres 6). Il
devait, pour Dieu, être entièrement séparé des plaisirs du monde. Tout croyant
doit être un nazaréen, comme le Seigneur. « Je vous dis que désormais je ne boirai plus de ce fruit de la
vigne, jusqu’à ce jour où je le boirai de nouveau avec vous dans le royaume de
mon Père
»
(Matthieu 26:29). Associés à lui comme nous le sommes, nous
nous trouvons sous l’effet de son voeu, et devons être de vrais nazaréens pour
Dieu. Ce n’est possible que si nous trouvons notre joie, nos délices, dans
l’amour de Jésus. Maintenant, il attend avec patience le matin sans nuages (2
Samuel 23:4), où il sortira à nouveau dans son caractère de véritable
Melchisédec, pour rafraîchir et bénir son peuple avec le pain et le vin du
royaume (Genèse 14). Nous devons l’attendre patiemment jusqu’au jour où,
enlevés d’abord à sa rencontre sur la nue, nous paraîtrons ensuite avec lui
dans la gloire. Alors le voeu sera pleinement accompli. Le roi sera à nouveau
uni dans Jérusalem à son peuple terrestre, et toutes les nations de la terre se
réjouiront. La fille de Sion connaîtra alors le sens profond de ces paroles
prononcées longtemps auparavant aux noces de Cana de Galilée : « Toi,
tu
as gardé le bon vin jusqu’à maintenant
» (Jean 2:10)
Elle nous
donne maintenant quelque idée du nom de celui qu’elle aime, « ton nom est un parfum répandu
».
Il a pour
elle une odeur des plus exquises. Tous les noms de Christ, ses titres, ses
attributs sont un parfum répandu. Son nom, c’est lui-même ; il est
l’expression de sa nature, de sa prééminence en toutes choses, et de toutes ses
grâces. Les expressions manquent à la bien-aimée pour dire les richesses de la
bonté de l’époux ; c’est pourquoi elle dit que son nom est un parfum
répandu. L’épouse n’est pas seule à jouir du parfum qui émane de Christ ;
les jeunes filles, ses compagnes, sont attirées et rafraîchies par l’excellence
de son nom. Ce n’est point un parfum contenu dans un vase mais un parfum
« répandu ». Quelle communion il y a dans l’amour de Jésus ! En lui habite
toute la plénitude de la déité corporellement. Quel centre, quelle source est
ce nom : l’Assemblée de Dieu est maintenant réunie autour de lui, son
unique centre, appuyée sur cette parole : « Là où
deux
ou trois sont assemblés en mon nom, je suis là au milieu
d’eux
». Mais, encore un peu de temps et
les cieux et la terre de maintenant seront unis sous le sceptre de son règne
glorieux. D’une part, la Jérusalem terrestre, avec toutes les nations
d’alentour, et d’autre part, la Jérusalem céleste. Les myriades d’anges,
l’assemblée universelle, et l’assemblée des premiers-nés écrits dans les cieux,
seront en relations étroites, unies par ce doux et précieux nom, le « seul » nom
auquel il appartienne d’unir. Le Père a préparé dans ses conseils cette gloire
pour son Fils ; et pour l’administration de la plénitude des temps (le
millénium) il réunira en un, (c’est à dire en Lui) toutes choses dans le
Christ, les choses qui sont dans les cieux et les choses qui sont sur la terre
(Éphésiens 1:10). Le parfum du nom de Jésus sera répandu en tout lieu et toutes
les familles et toutes les langues s’uniront dans ce chant de louange : « Éternel, notre Seigneur, que ton nom est magnifique par toute la
terre
! » (Psaume 8:9)
Lorsque le temps de la bénédiction et de la gloire milléniales sera accompli, que les cieux et la terre de maintenant se seront enfuis, et que le jugement final aura eu lieu, ce nom n’aura rien perdu de son parfum, de sa puissance et de sa gloire. Il unira alors dans les liens de l’amour et de la sainteté les saints des nouveaux cieux et de la nouvelle terre. Christ sera la source et l’objet de la joie de tous les coeurs, la mélodie de toutes les bouches ! la montagne de la myrrhe et la colline de l’encens répandront tout le parfum de son nom. Déjà ses vêtements sont myrrhe, aloès et casse, quand il sort des palais d’ivoire. Mais dans l’éternité, les grâces si riches et si variées de son amour rempliront l’univers du parfum éternel de son nom !
Plus
nous connaîtrons Christ, et plus nous
désirerons être tout près de lui. Comme Paul l’exprime : « pour le
connaître, lui », et nul sur la terre ne le connaissait mieux, et, « afin que je
gagne Christ », et il n’y eut jamais un saint plus assuré de ce prix que Paul.
Quoique prisonnier à Rome dans le dénuement, il pouvait dire avec
sincérité : « Pour
moi
, vivre
c’est Christ ; et mourir, un gain
». Quelle assurance, quelle joie
brillent dans sa lettre aux Philippiens !
Il y a tant de bénédictions en Christ que l’apôtre les nomme « les richesses insondables de Christ ». Plus nous goûtons la plénitude de son amour, et plus nous comprenons qu’il surpasse toute connaissance.
Le désir de l’épouse d’être
près de son Seigneur est si grand, qu’elle ne supporte pas une distance
quelconque, entre elle et lui. D’où ses soupirs . « Tire-moi ». Il y a
comparativement au verset 2, un progrès dans son appréciation de la personne de
Christ : elle désire une communion plus étroite. Nous trouvons de tels sentiments
dans plusieurs Psaumes : « Ô Dieu
!
tu es mon Dieu ; je te cherche au point du jour, mon âme a soif de toi, ma
chair languit après toi dans une terre aride et altérée, sans eau… Mon âme
s’attache à toi pour te suivre, ta droite me soutient
» (Psaume 63:1-8) La communion la
plus étroite avec le Seigneur s’accorde parfaitement avec le désir d’être
encore plus près de lui. Est-ce là notre expérience ?
Le Seigneur tire, et nous
courons ; mais remarquez bien ces derniers mots : « après toi ». Ils
sont de la plus haute importance. Ce n’est pas après nos propres idées, ni
après l’homme le meilleur qui pourrait exister sur la terre. Comme il est écrit
dans le Psaume 16 : « Je me suis toujours proposé l’Éternel devant
moi
», non pas de temps à
autre seulement, mais « toujours ». Combien notre marche serait autre si tel
était notre cas ! Elle serait séparée de tout ce qui n’est pas de Christ.
Certainement, si nous disons au Seigneur : « tire-moi », nous devrions,
comme l’épouse et ses compagnes, ajouter en toute sincérité : « nous
courrons après toi ».
Celui qui tire, marche
devant. C’est ainsi que le Seigneur précède son peuple dans le désert, voit le
danger et y pourvoit avant même qu’il s’y trouve exposé. Nombreux sont les
périls dont Il nous délivre sans que nous le sachions. « Et quand il a mis dehors
toutes ses propres brebis, il va devant elles ; et les brebis le suivent
» (Jean 10:4). L’Ennemi nous a
peut-être tendu un piège dans le chemin que nous étions disposés à suivre, mais
notre divin Conducteur, voyant le traquenard, prend une autre direction, et
nous échappons ainsi à un grave danger (voir Exode 13:17). Mais nous pouvons
cependant nous montrer désappointés et mécontents de ce qu’il nous a empêchés
de suivre le chemin que nous nous étions proposé !
Maintenant
nous avons le fruit béni de l’attrait qu’exerce le Seigneur. La prière est,
chez ceux qui s’adressent à Dieu, l’expression d’une faiblesse ressentie et
d’un état de dépendance joint à un esprit de sainte diligence. C’est la grâce qui tire, c’est elle qui fait
courir et qui couronne ; tout découle de l’amour du Seigneur. « Nous nous
souviendrons de tes amours plus que du vin
». La bien-aimée se sert maintenant de
l’expression : se souvenir ; elle connaissait l’amour de Christ
auparavant, mais elle en jouit maintenant davantage encore. Cet amour
l’environne, elle se sent enveloppée par cet amour : Le Roi m’a amenée
dans ses chambres.
Mais pour quelle raison
est-il parlé ici du roi ? Il s’agit de la relation de Christ avec Israël
quand ce peuple aura été restauré. Pour ce qui est de son droit, de son titre à
la royauté, Christ est bien roi et digne de tout hommage ; l’Écriture
déclare qu’il est le chef du corps, de l’assemblée et aussi le roi des Juifs.
Comme tel, il vint d’abord dans l’humilité et dans la grâce se présenter à la
fille de Sion ; hélas ! elle refusa de le recevoir. Il fut méprisé,
rejeté, crucifié et mis à mort ; mais Dieu le ressuscita et lui donna la
gloire. La résurrection d’entre les morts a établi ses droits comme roi des
Juifs, mais aussi comme chef de son corps qui est l’assemblée, et comme centre
de toute gloire à venir (Lire Zacharie 9, Jean 12:13, Actes 2, Éphésiens 1,
Philippiens 2) Les Juifs avaient bien crié « Hosanna ! béni soit celui qui vient au
nom du Seigneur, le roi d’Israël
! » Mais
ils s’écrièrent aussi : « Ôte,
ôte, crucifie-le
! » (Jean 12:13 ; 19:15). Ils
comblèrent ainsi la mesure de leurs péchés. Le Messie a été retranché, le
témoignage du Saint Esprit méprisé et les relations avec Dieu rompues. Le temps
où le royaume sera rétabli pour Israël n’est pas venu.
Mais la Parole du Seigneur
demeure ferme à toujours ! L’incrédulité de l’homme ne saurait annuler la
fidélité de Dieu (Romains 3:3) Dans la rédemption accomplie par Christ, le
fondement a été posé pour la restauration future d’Israël, en grâce, selon le
dessein immuable de Dieu. Les enfants recevront toutes les bénédictions
promises aux pères. « Car je dis
que Jésus Christ a été serviteur de la circoncision, pour la vérité de Dieu,
pour la confirmation des promesses faites aux pères
» (Romains 15:8) Rien de plus clair que
les prophéties de la Parole de Dieu quant au règne futur du Seigneur Jésus, en
relation avec le trône de David et de toute la maison d’Israël. Mais son règne
et sa gloire ne seront pas limités aux tribus restaurées et au pays
d’Israël : Jérusalem et les villes de Juda seront le centre terrestre de
son royaume millénaire, absolument comme la Jérusalem céleste, la cité du Dieu
vivant, sera le centre de sa gloire céleste dans tout l’univers (Hébreux
12:22-24)
Mais puisque c’est le roi qui
fait l’objet de notre méditation, arrêtons-nous un peu aux prophéties qui nous
révèlent Christ sous ce caractère. « Car un enfant nous est né, un fils nous a
été donné, et le gouvernement sera sur son épaule ; et on appellera son
nom : Merveilleux, Conseiller, Dieu fort, Père du siècle, Prince de paix.
À l’accroissement de son empire, et à la paix, il n’y aura point de fin, sur le
trône de David et dans son royaume, pour l’établir et le soutenir en jugement
et en justice, dès
maintenant et
à
toujours. La jalousie de l’Éternel des armées fera cela
» (Ésaïe 9:6-7). Cette prophétie déjà
ancienne fut en substance confirmée à Marie par l’ange : « Tu enfanteras
un fils, et tu appelleras son nom
JÉSUS. Il sera grand et sera appelé le Fils du Très-haut ; et le Seigneur
Dieu lui donnera le trône de David son père ; et il règnera sur la maison
de Jacob à toujours, et il n’y aura pas de fin à son royaume
» (Luc 1:31-33)
Déjà, depuis le temps où Israël fut délivré d’Égypte jusqu’aux jours de Samuel, l’Éternel était son roi. Mais ils voulurent avoir un roi comme les autres nations, et le rejetèrent ; une chute complète s’ensuivit. D’ailleurs, des rivages de la mer Rouge au Calvaire et à la lapidation d’Étienne, il en a toujours été ainsi, quelle que soit la manière dont le peuple a été mis à l’épreuve, que nous considérions Israël sous la loi, ou comme une vigne transportée hors d’Égypte et plantée dans le pays promis, ou présenté comme cette femme que l’Éternel avait épousée, ou encore comme le témoin de Dieu sur la terre, toujours nous constatons que son égarement a été continuel (Jérémie 8:5). Aussi, les justes jugements de Dieu tombèrent enfin sur lui : Jérusalem fut environnée d’armées. Le temple et la cité furent entièrement rasés, et ceux qui échappèrent au tranchant de l’épée furent dispersés aux quatre vents des cieux.
Depuis,
Israël a été appelé « la délaissée » et sa terre, « la désolée » (Ésaïe
62:4) ; mais elle ne le sera pas toujours. Il est bon de remarquer la
différence qu’il y a entre les voies de Dieu en gouvernement à l’égard de son
peuple et ses voies en grâce. Selon le juste gouvernement de Dieu, les Juifs
sont encore, à cause de leurs péchés et de leur endurcissement, sous le
châtiment. Mais la grâce et l’amour de Dieu demeurent invariablement les mêmes.
Remarquez les paroles du prophète Akhija à Jéroboam : « j’humilierai
la semence de David, à cause de cela, seulement pas à toujours
» (1 Rois 11:39) C’est un principe
important non pas seulement pour Israël et pour l’Église, mais pour tout
chrétien pris individuellement. L’apôtre y fait allusion quand il traite du
rejet et du rétablissement d’Israël : « Elles
ont été arrachées pour cause d’incrédulité… mais en ce qui concerne
l’élection, ils sont bien-aimés à cause des pères. Car les dons de grâce et
l’appel de Dieu sont sans repentir
»
(Romains 11:20, 28-29)
Le
prophète Osée (3:4) décrit d’une manière touchante l’état actuel et la future
restauration des Juifs. « Car les fils
d’Israël resteront beaucoup de jours sans roi, et sans prince, et sans
sacrifice, et sans statue, et sans éphod ni théraphim. Ensuite, les fils
d’Israël retourneront et rechercheront l’Éternel, leur Dieu, et David, leur
roi, et se tourneront avec crainte vers l’Éternel et vers sa bonté, à la fin
des jours
» (Osée 3:4-5)
Précieuse pensée ! Ils rechercheront encore l’Éternel, leur Dieu, et David,
leur roi. Et à qui s’adresse le livre du Cantique des Cantiques ? N’est-il
pas pour le Résidu l’assurance et la confirmation de l’affection immuable du
roi ? Les Israélites, les fidèles des derniers jours, pourront lire ici
l’amour infatigable et patient, l’amour qui ne fait pas de reproches, de
l’Éternel, leur Dieu, et de David, leur roi. Dans le passé, ils ont entièrement
failli sous la loi ; ils se tenaient devant Dieu sur le fondement d’une
alliance conditionnelle, sur le pied de l’obéissance. Dans l’avenir, ils seront
sur le fondement de l’alliance inconditionnelle de Dieu. Leur bénédiction aura
pour mesure la valeur du sacrifice de Christ, jadis rejeté, et la plénitude de
l’amour de Dieu. Mais qui peut mesurer ce qui est incommensurable ? Tel
sera l’amour du Roi pour son épouse juive.
Le livre
de Ruth illustre de manière touchante le passé, le présent et l’avenir
d’Israël. Il ne resta pas de fruit de la vie d’épouse de Naomi. « Ne
m’appelez pas Naomi
, dit-elle,
(nom qui signifie : mes délices), « appelez-moi Mara, amère ; car le
Tout-Puissant m’a remplie d’amertume
»
(1:20) Son mari, Élimélec (nom qui signifie : Mon Dieu est roi), et
ses deux fils étaient morts au pays de Moab. Naomi était maintenant veuve,
abandonnée, sans enfants, et sans ressources naturelles. « Appelez-moi
Mara… Je m’en allai comblée, et l’Éternel me ramène à vide
». Image frappante de la nation juive
qui, ayant perdu Dieu comme son roi et son mari, est maintenant comme veuve et
abandonnée. Mais un faible résidu, en la personne de l’humble et patiente Ruth,
s’attache à Naomi, et s’abrite sous les ailes du Dieu d’Israël. Bienheureux les débonnaires,
car c’est eux qui hériteront de la terre. Les champs dans lesquels elle entra
d’abord comme une glaneuse, devinrent sa propriété.
Mais d’abord le plus proche parent, qui a droit de rachat, refuse de racheter l’héritage car il faut qu’en même temps il prenne Ruth pour femme ; dix témoins attestent ce refus. Ces dix hommes de la ville peuvent représenter les dix commandements qui furent donnés avant la venue du Christ ; il n’y eut pas de fruit pour Dieu sous la loi (Voyez Romains 7:14)
Puis Boaz (ce nom signifie : en lui est la force) épouse la cause du faible résidu de la maison d’Élimélec. C’est un type de Christ ressuscité, qui a été déterminé Fils de Dieu, en puissance, selon l’Esprit de sainteté, par la résurrection des morts (Romains 1:4) Une circonstance donne à ce tableau une réelle beauté ; Ruth n’avait aucun droit direct sur Boaz. Il n’était pas le plus proche parent ; c’est absolument par grâce qu’il intervient. Désormais, tant Israël que les Gentils parviennent à l’héritage sur le fondement de la miséricorde. Ruth enfanta un fils… Alors Naomi prit l’enfant, et le mit dans son sein, et elle lui tenait lieu de nourrice. Les voisins dirent : Un fils est né à Naomi. Scène touchante ! La veuve est en mesure de chanter comme aux jours de sa jeunesse. La délaissée est devenue mère de fils ; le sein qui avait perdu tous ses enfants possède à nouveau un héritier ; tout est joie et allégresse ! Quelle délicieuse image nous avons ainsi du retour complet d’Israël à l’honneur, à la gloire et à sa haute position dans le pays ! Avant longtemps, le Véritable Boaz prendra en main la cause du résidu fidèle, et rétablira Israël dans sa terre sur un pied complètement nouveau. Tel est le précieux sujet de nombreux passages de l’Écriture.
En voici
un exemple : « Et les nations verront ta justice, et tous
les rois, ta gloire ; et on t’appellera d’un nom nouveau, que la bouche de
l’Éternel désignera. Et tu seras une couronne de beauté dans la main de
l’Éternel, et une tiare royale dans la main de ton Dieu. On ne te dira plus la
délaissée, et on n’appellera plus ta terre la désolée. Car on
t’appellera : mon plaisir en elle, et ta terre : la mariée ; car
le plaisir de l’Éternel est en toi, et ton pays sera marié
» (Ésaïe 62:2-4). Et encore : « C’est pourquoi, voici, moi, je l’attirerai,
et je la mènerai au désert, et je lui parlerai au coeur, et de là je lui
donnerai ses vignes, et la vallée d’Acor pour une porte d’espérance ; et
là elle chantera comme dans les jours de sa jeunesse et comme au jour où elle
monta du pays d’Égypte… Et je te fiancerai à moi pour toujours ; et je
te fiancerai à moi en justice, et en jugement, et en bonté, et en miséricorde ;
et je te fiancerai à moi en vérité ; et tu connaîtras l’Éternel
» (Osée 2:14,15, 19-20).
Merveilleuse, incomparable grâce ! L’amour en est la source : « il
était
perdu, et il est retrouvé
» (Luc 15:24). Son amour est toujours
le même. Le Seigneur aime Israël — Il aime l’assemblée — Il aime d’un amour
parfait toute âme qui est attirée vers Lui. « Le roi m’a amenée dans
ses chambres
! »
L’épouse a parlé de l’amour du Roi, de son nom et de ses chambres. Maintenant, elle confesse sans réserves son état. Mais en même temps, elle affirme avec bonheur ce qu’elle est aux yeux de son bien-aimé ! Vérité qu’il faut toujours garder pour conserver un bon équilibre dans notre esprit. Plus nous connaîtrons l’indignité, le caractère incurable de la chair, plus nous apprécierons l’excellence de Christ, et plus nous comprendrons l’oeuvre du Saint-Esprit. Tant que nous ne serons pas convaincus de la dépravation totale de la nature humaine, il y aura confusion dans notre expérience entre les vaines prétentions de la chair et les opérations de l’Esprit.
Il n’y a
absolument rien de bon dans l’homme naturel. Paul qui avait pourtant beaucoup
avancé dans la vie chrétienne, pouvait bien dire : « En moi, c’est-à-dire
en ma chair, il n’habite point de bien
» (Romains 7:18) Mais ne pourrait-on pas l’améliorer par des
soins constants, par la prière et la vigilance ? Non, jamais, elle est
incurable ! (Lisez Genèse 6:5). « Et
l’Éternel vit que la méchanceté de l’homme était grande sur la terre, et que
toute l’imagination des pensées de son coeur n’était que méchanceté en tout
temps
»… Il est vrai que chez
quelques-uns, la chair peut se montrer polie, cultivée ; tandis que chez
d’autres, elle est rude et grossière ; mais chez les uns comme chez les
autres, c’est la chair de laquelle il est écrit « qu’elle ne se soumet pas
à la loi de Dieu, car aussi elle ne le peut pas
» (Romains 8:7) Si nous ne sommes pas capables de plier une
barre de fer, nous la chauffons de telle sorte qu’elle devienne tout à fait
flexible, mais c’est encore le même fer. Son apparence a changé, mais sa nature
est la même. Accepter ces déclarations de l’Écriture sur notre triste état
moral nous aidera à distinguer entre la chair et l’Esprit, et savoir d’où peut
venir telle pensée, ou tel penchant. Il est de toute importance de voir que la
chair et l’Esprit sont tous deux en nous. La pensée de la chair est la
mort ; mais la pensée de l’Esprit, vie et paix (Romains 8:6) Une grande
confusion et même parfois de l’angoisse résultent de l’ignorance où l’on est au
sujet des deux natures. Rien de bon ne saurait venir de notre vieille nature.
Supposez
que je rencontre une personne inquiète à l’égard de son âme, et désireuse de
connaître Christ et le salut. Je comprends que le Saint Esprit est à l’oeuvre
en elle. De tels désirs ne peuvent jamais venir d’une nature qui hait Dieu et
Christ. Il est possible qu’elle soit remplie de crainte quant à l’issue de ses
débats intérieurs. Il se peut même qu’elle refuse d’être consolée ; mais
elle se réjouira lorsqu’elle aura trouvé la paix avec Dieu. La bonne oeuvre
était commencée dans le pays éloigné chez le fils prodigue, quand, étant revenu
à lui-même, il dit : « Je me lèverai et je m’en irai vers mon père
». Dieu répondra pleinement à tout désir qu’il a lui-même
éveillé. Christ est la parfaite réponse à tous les besoins du coeur renouvelé.
L’Esprit nous enseigne trois points d’une importance pratique journalière : savoir que la chair est opposée à l’Esprit, Satan à Christ, et le monde au Père (Galates 5 ; Genèse 3:1 ; 1 Jean 2) Ce sont là nos trois ennemis, et il importe beaucoup de discerner ce qu’ils voudraient produire. Ainsi, par exemple, au lieu de nous demander avec inquiétude en quoi consiste la mondanité, demandons-nous simplement : ceci est-il du Père ? Et si nous voyons que la chose ne l’est pas, c’est qu’elle est du monde.
Il n’y a pas dans l’Écriture de neutralité. Tout ce qui n’est pas de l’Esprit est de la chair, et ce qui n’est pas de Christ est de Satan.
Nous sommes entrés dans ces détails pratiques en méditant les paroles de l’épouse, mais nous ne savons pas si de semblables pensées occupaient son esprit.
« Je suis
noire
».
Ses paroles sont relatives à son aspect extérieur, à
son teint ; elle est brûlée par le soleil. Et elle ressent vivement le
regard plein de curiosité des filles
de Jérusalem. « Ne me
regardez pas, parce que je suis noire, parce que le soleil m’a regardée
». Il fut un temps où la fille de Sion
était belle et glorieuse, un sujet de louange sur la terre. « Ta renommée,
dit le prophète, se répandit parmi les nations à cause de ta beauté ; car
elle était parfaite par ma magnificence que j’avais mise sur toi, dit le
Seigneur, l’Éternel
» (Ézéchiel 16:14). Mais, à cause de son
ingratitude et de son infidélité, elle fut réduite à la triste condition d’une
pauvre esclave brûlée par le soleil. Le prophète Jérémie, dans ses Lamentations
sur la ruine de Jérusalem, décrit aussi de manière touchante ce qu’elle était
jadis, et ce qu’elle est devenue à la suite de l’affliction et de la
souffrance : « Ses
Nazaréens étaient plus purs que la neige, plus blancs que le lait ; leur
corps était plus vermeil que des rubis, leur taille un saphir. Leur figure est
plus sombre que le noir, on ne les connaît pas dans les rues ; leur peau
s’attache à leurs os, elle est sèche comme du bois
» (Lamentations 4:7-8) Certes, il peut
s’écrier dans l’amertume de son âme : « Comment l’or est-il devenu obscur, et l’or
fin a-t-il été changé
! » (Lamentations
4:1) Si les fruits du péché sont aujourd’hui redoutables, tristes et amers, que
seront-ils dans l’éternité où il n’y aura plus d’espérance, et où le désespoir
s’emparera de l’âme coupable ?
Portons nos regards sur la croix, pour y voir nos péchés, tous nos péchés, jugés, expiés, lavés dans le sang de Christ. Dieu et la foi connaissent seuls la puissance du sang de Jésus versé sur la croix, et se glorifient dans son éternelle efficace. Jugeons donc pleinement, aujourd’hui, le mal qui se trouve dans notre coeur ainsi que nos voies, et rappelons-nous que Christ en a porté tout le poids à la croix. Ce qui lui a été imputé ne nous sera jamais imputé. Bienheureux l’homme à qui l’Éternel ne compte pas l’iniquité, et dans l’esprit duquel il n’y a point de fraude ! (Psaume 32:2).
Lorsque nous avons saisi que Christ par son sacrifice a porté et ôté pour toujours tel péché sur lequel nous menons deuil, toute fraude s’en va ; nous n’avons plus aucun désir de cacher, d’atténuer, ou d’excuser notre péché. Il fut ôté à la croix, et maintenant, sur ce fondement, il est pardonné. En présence d’un tel amour, la crainte est bannie ; nous avons une entière liberté et le coeur au large devant Dieu. Nous ne pouvons que célébrer le Seigneur pour la grâce infinie dont il a usé envers nous.
Cet adjectif « noir » sert
généralement dans l’Écriture à caractériser un état de souffrance. Ma peau,
disait Job, « devient noire et se détache de dessus moi, et mes os sont brûlés par la
sécheresse
» (Job 30:30) Il en est de même d’Israël rebelle. Mais
dans notre passage, la confession de l’épouse est comparable à ce que tous les
croyants peuvent exprimer avec foi : « je suis noire, mais je suis agréable
».
Mes péchés sont comme le
cramoisi ; en Christ, ils sont plus blancs que la neige. Ce sera le
langage du résidu craignant Dieu, qui sera passé par la détresse de Jacob. Il
aura été douloureusement noirci par l’ardeur de la grande tribulation. Ces
Juifs pieux seront persécutés sous l’Antichrist, le grand oppresseur, et même
leurs frères selon la chair se tourneront contre eux : « Écoutez la parole
de l’Éternel, vous qui tremblez à sa parole : Vos frères qui vous
haïssaient, qui vous rejetaient à cause de mon nom, disaient : Que
l’Éternel soit glorifié, et que nous voyions votre joie ! Mais eux, ils
seront confus
» (Ésaïe 66:5).
Comme Ruth, les vignes auxquelles elle a été forcée de travailler sont devenues les siennes. Heureuse désormais, dans l’amour de son grand libérateur, elle peut parler de ce qu’elle est à ses propres yeux : noire comme les tentes de Kédar — agréable comme les tentures de Salomon.
Les fils d’Israël se servaient des peaux velues de leurs boucs noirs pour couvrir extérieurement leurs tentes. Elles avaient ainsi dans le désert un aspect extrêmement noir sous les rayons du soleil. Certainement, placé sous les rayons du soleil de justice, l’homme serait plus noir que la tente de ces nomades. Mais si le sentiment de notre laideur est susceptible de nous troubler encore, il ne trouble plus le Seigneur : il l’a éloignée pour toujours. Le jugement de Dieu et celui de la foi sont les mêmes : « tes péchés qui étaient en grand nombre sont pardonnés » : « Le sang de Jésus-Christ, le Fils de Dieu, nous purifie de tout péché ».
L’expression
« tentures de Salomon » fait penser au magnifique voile du temple de Salomon,
type de la sainte humanité de Jésus. Tous les croyants seront rendus semblables
à l’Homme parfait, maintenant dans le ciel, le chef de la nouvelle création.
Comme nous avons porté l’image de celui qui est poussière, nous porterons aussi
l’image du céleste (1 Corinthiens 15:49) Les filles de Jérusalem introduites
ici, sont bien sûr distinctes de l’épouse, quoique étroitement unies avec elle,
comme le montre leur place dans cette magnifique scène. Si l’épouse représente
la cité bien-aimée, Jérusalem, la capitale terrestre du grand roi, les filles
de Jérusalem peuvent représenter les villes de Juda, ce qui explique leur
présence et en maintes occasions. Mais elles n’atteignent jamais dans la faveur
du roi la position de l’épouse. Selon la parole du Seigneur, Jérusalem doit
toujours avoir la prééminence : « Car maintenant
j’ai choisi et sanctifié cette maison, afin que mon nom y soit à jamais ;
et mes yeux et mon coeur seront toujours là
» (2 Chroniques 7:16).
Un changement se produit dans les pensées de l’épouse. L’époux remplit son coeur et ses regards. Le moi tend à disparaître ! Quelle grâce, car c’est toujours fâcheux de s’occuper du moi. Si nous sommes occupés de nous-mêmes au lieu de Christ, il en résulte toutes sortes d’angoisses et de douleurs.
Ce verset renferme trois choses qui méritent d’être méditées :
1. Son affection
ardente : Elle ne dit point, ô toi que mon âme doit aimer, ou même désire
aimer, mais ô toi qu’aime mon âme. Il y a en elle un amour fervent pour son
Sauveur et Seigneur. Heureuse condition, elle le connaît intimement. Quelle est
« notre appréciation » du Seigneur ? A-t-il la première place dans mes
affections ? Le jour approche où « mes yeux verront le roi dans sa beauté
»
(Ésaïe 33:17) Alors ce coeur si froid, si lent à croire, sera ravi de sa
beauté et rempli d’un amour parfait pour lui seul.
2. C’est directement de
lui-même qu’elle désire recevoir sa nourriture. « Dis-moi… où tu pais ton
troupeau. Elle ne va point vers les bergers d’Israël qui se souciaient plus de
la toison que du troupeau (Ézéchiel 34:3) mais au Souverain Pasteur lui-même.
Elle l’avait connu auparavant dans son caractère de roi, maintenant elle fait
appel à lui comme berger. Comme David jadis, il est le roi berger ; et
avec quelle tendresse, ne rassemble-t-il pas encore les brebis d’Israël
maintenant dispersées ! « Car, ainsi dit le Seigneur, l’Éternel :
Me voici, moi, et je
rechercherai
mes brebis, et j’en prendrai soin. Comme un berger prend soin de son troupeau,
au jour où il est au milieu de ses brebis dispersées, ainsi je prendrai soin de
mes brebis, et je les sauverai de tous les lieux où elles ont été dispersées…
Je !es amènerai dans leur terre… Elles seront là, couchées dans un bon
parc, et paîtront dans de gras pâturages, sur les montagnes d’Israël. Moi-même
je paîtrai mes brebis, et moi je les ferai reposer, dit le Seigneur, l’Éternel
» (Ézéchiel
34:11-15).
3. Son
coeur soupire après le repos que le troupeau goûte à midi : « Dis-
moi…
où tu fais reposer ton troupeau à
midi
». Communion personnelle, nourriture et repos, telles sont les riches
bénédictions après lesquelles maintenant son âme soupire avec ardeur. Fatiguée
d’avoir vainement cherché la nourriture et le repos loin de Dieu, elle soupire
après les verts pâturages et les eaux paisibles de sa grâce. Ceux qui ont erré sur
les montagnes connaissent leur stérilité. Mais lorsque le rétablissement est
complet, ces ressources sont plus précieuses encore. L’Église ayant goûté le
bonheur qui se trouve dans la communion avec le Seigneur a maintenant pour seul
désir qu’elle augmente et qu’elle ne soit plus interrompue.
Quels sont ces compagnons ? c’est difficile à dire, à moins qu’il ne s’agisse de bergers placés sous les ordres du Berger royal. Ils pouvaient montrer moins de compréhension et de sympathie à son égard, mais elle pouvait se confier en Lui. Le terme « voilée » suggère l’idée d’une personne qui cherche à se cacher ou qui montre une modestie de bon aloi (Genèse 24:65). C’est une plus grande proximité avec Lui qu’elle recherche. Il y a une énergie de l’amour qui ne saurait s’accommoder avec le formalisme. Elle sera souvent mal comprise. Il en était ainsi d’Anne, la mère de Samuel. Elle priait avec une réelle énergie spirituelle intérieure, mais Élie, le sacrificateur de Dieu, ne la comprit point (1 Samuel 1:14-15) Le Seigneur seul connaît les motifs du coeur et la source de l’énergie de la foi.
Au moment où la bien-aimée souffrait peut-être des soupçons des autres, le bien-aimé apparaît pour la rassurer. C’est la première fois que nous entendons la voix de l’époux. Mais quelles paroles de grâce sur ses lèvres ! Sa première expression : « ô la plus belle parmi les femmes ! » suffit certainement pour adoucir la plus grande amertume.
L’épouse pouvait être troublée par sa propre apparence, par les mauvaises pensées des autres ; mais une telle affirmation de l’amour et de l’estime du Seigneur est bien propre à éloigner tout chagrin, et à la remplir de joie. Au lieu de la voir noire comme les tentes de Kédar — comme une esclave brûlée par le soleil — le bien-aimé déclare qu’elle est à ses yeux la plus belle parmi les femmes.
Rien ne saurait jamais altérer son affection pour son épouse, même s’il y a, dans ce qu’elle dit et ce qu’elle fait, des choses qu’il ne saurait approuver. Le croyant est parfait en Christ. Il est justifié de toutes choses, même s’il y a des manquements dans sa marche.
Ce petit mot « si »
n’implique-t-il pas que le Bien-aimé s’attendait à ce qu’elle connaisse le
sentier du troupeau ? De la même manière, le Seigneur dit à
Philippe : « Je suis depuis si
longtemps avec vous, et tu ne m’as pas connu, Philippe ?
» (Jean 14:9).
Certains chrétiens, en général, se préoccupent peu de la communion telle qu’elle est enseignée dans la Parole de Dieu. La plupart d’entre eux suivent le chemin qui leur convient le mieux ou leur est le plus agréable. Ils ne cherchent pas à s’assurer s’ils marchent vraiment sur les traces du troupeau. Ils n’ont jamais examiné la Parole de Dieu avec prière, pour connaître sa pensée. Si l’Église avait toujours marché dans ce qui est bon et droit aux yeux du Seigneur, pour lui plaire à tous égards (Colossiens 1:9-10 ; comparer Deutéronome 12:8 et 5:28-29), un tel exercice de conscience n’aurait pas de raison d’être. Mais l’Église professante est aujourd’hui dans le désordre, il est donc convenable que tout enfant de Dieu sonde les Écritures afin de connaître la volonté de Dieu, en revenant à ce qui est dès le commencement.
Il est douloureux de voir tant de chers rachetés du Seigneur considérer ce sujet comme n’étant pas essentiel ou même comme sans importance. Une telle pensée est déshonorante pour Dieu et très préjudiciable pour l’âme. Les épreuves à travers lesquelles nous voyons passer l’épouse, dans ce livre, paraissent dues à sa négligence des instructions que son bien-aimé lui donne ici. Si le chrétien ne cherche pas le terrain scripturaire sur lequel une vraie communion selon Dieu peut se réaliser, il se laissera diriger par sa propre volonté. La Parole de Dieu est mise de côté, l’Esprit est attristé et le premier amour décline.
Rien de
plus clair quant au terrain scripturaire que Matthieu 18:20 : « Là où
deux
ou trois sont assemblés en mon nom, je suis là au
milieu d’eux
». Ces paroles posent nettement la base de toute
vraie communion chrétienne — Christ pour centre, et les croyants rassemblés
autour de lui par le Saint Esprit. Le Seigneur ne dit pas : où deux ou
trois se « rencontrent », ni où deux ou trois « s’assemblent », mais, où deux ou
trois « sont » assemblés : faisant allusion à la volonté du Seigneur qui
rassemble, ce n’est pas laissé au choix ou à l’exercice de la volonté humaine.
Le Saint Esprit est celui qui rassemble autour de Christ ; la puissance
qui agit sur la foi, c’est le nom de Jésus (Jean 14:15)
Tous les croyants sont rassemblés au nom de Christ, comme leur centre unique, constitués en un seul corps, et maintenus dans une unité vivante par la présence du Saint Esprit. Remarquons qu’il demeure avec nous éternellement — dans l’Assemblée — et qu’il est en nous, dans chaque croyant personnellement. Nous trouvons au chapitre 20 de l’évangile de Jean un tableau remarquable de l’Assemblée de Dieu. Christ ressuscité au milieu, comme centre, et les disciples réunis autour de lui. La paix, le service, le culte les caractérisent.
Une
assemblée réunie sur cette base divine reconnaîtra la présence de Christ au
milieu d’elle, et le Saint Esprit comme source d’édification et de consolation.
On s’attendra au Seigneur, pour être guidé par son Esprit, à la gloire de Dieu
(1 Corinthiens 12:14). Ce que nous avons à demander au Seigneur, c’est qu’il
nous garde de suivre notre propre volonté et daigne nous conduire par son Saint
Esprit dans la voie de la vérité. Il s’est engagé à être là où ses disciples
sont rassemblés en son nom. Sa présence suffit pour remplir l’âme. ‘Ta face
est un rassasiement de joie
». Le plus précieux ministère, les plus chères
associations sont peu de chose à côté de Christ ; ce dont nous avons
besoin, c’est de nous trouver là où la foi peut dire avec certitude :
Christ lui-même y est.
Quand c’est ton coeur, Jésus, qui nous rassemble
Autour de toi, dans ton fidèle amour ;
Oh ! quel bonheur d’adorer tous ensemble,
Et d’annoncer ta mort et ton retour !
Quelle douceur dans ce culte de frères,
Où l’Esprit Saint est notre directeur !
Dans ce concert de chants et de prières,
Par tous offert d’un accord et d’un coeur !
Oui, là, Seigneur, ta présence se trouve,
Mettant le coeur en joie, en liberté,
Et dans la paix, tout fidèle en éprouve
Et le pouvoir et la réalité.
Pais tes
chevreaux près des habitations des bergers. Ayant appris de la Parole de Dieu
le vrai fondement et le vrai caractère de la communion chrétienne, nous avons
la responsabilité de guider dans ces sentiers, sur les traces du troupeau de
Dieu, les jeunes qui sont parmis nous. Là se trouve la nourriture convenable
pour chacun. L’agneau apprend vite à suivre les traces de sa mère, et à se
nourrir de la même pâture. Le Berger d’Israël prend soin des agneaux : « Comme un berger il paîtra son troupeau : par son bras, il
rassemblera les agneaux et les portera dans son sein ; il conduira doucement
celles qui allaitent
» (Ésaïe 40:11). Les plus faibles du troupeau étaient l’objet de ses tendres
soins, quand il conduisit son peuple hors d’Égypte et à travers la mer. Le
matin, il y avait autour de leurs tentes de la nourriture pour chacun, tout le
temps qu’ils voyagèrent à travers le désert grand et terrible (Deutéronome 8:3,
14).
Le Seigneur veut qu’il en soit ainsi maintenant, dans les assemblées des saints. Là où le Saint Esprit est libre d’agir sans entraves, il fournira sûrement du lait aux petits enfants, et de la viande solide aux hommes faits. L’Assemblée est mentionnée comme l’habitation ou le tabernacle de Dieu (Éphésiens 2:22). Avec quelle ardeur et quelle affection ne devrions-nous pas prier pour que tous les agneaux s’y rassemblent, puisque Dieu lui-même daigne y habiter !
Que serait sur terre la plus belle assemblée et le ciel même sans la présence du Seigneur ? De lui seul découle la bénédiction. Dieu veuille rassembler tous les agneaux autour du Berger et du surveillant de nos âmes !
Maintenant il s’adresse à elle. Il exprime ouvertement son admiration et son amour ! Mon amie, je te compare… tes joues sont agréables… ton cou, avec des colliers.
Le Seigneur aussi nous orne
de sa propre beauté, de ses propres attraits et il l’admire. Il n’y a plus rien
qui puisse blesser ses regards et attrister son coeur. « Tu es toute belle mon amie, il n’y
a point de défaut en toi
». Elle possède la même vie et la même
position que son Seigneur ressuscité et vivant. Quelle gloire et quelle
bénédiction !
Dans son grand amour, Jésus Christ
s’est donné lui-même pour nous ; et maintenant,
les siens sont identifiés avec lui, non seulement dans sa mort, mais dans sa
résurrection, rendus agréables dans le bien-aimé : « La gloire que tu m’as donnée, moi, je la leur ai donnée
» (Jean
17:22) Il admire son épouse, encore dans le désert, revêtue de sa propre
perfection. Rebecca fut enrichie et parée des joyaux d’Isaac, longtemps avant
de l’avoir rencontré.
C’est ainsi que jadis à Charan les parents de Rebecca contemplèrent, étonnés, les joyaux dont elle venait d’être revêtue. Pouvait-elle douter, quelqu’un pouvait-il douter, en la voyant ainsi parée de tous ces présents, de l’amour et de la libéralité d’Isaac ? (Genèse 24).
D’Israël,
il est écrit : « Je te parai
d’ornements, et je mis des bracelets à tes mains et un collier à ton cou ;
et je mis un anneau à ton nez et des pendants à tes oreilles, et une couronne
de beauté sur ta tête… Et ta renommée se répandit parmi les nations à cause
de ta beauté, car elle était parfaite par ma magnificence que j’avais mise sur
toi, dit le Seigneur, l’Éternel
» (Ézéchiel 16:11, 12,14)
Un
collier d’or est le signe, comme dans le cas de Joseph et de Daniel, d’une
dignité élevée. Mais que signifient ces paroles du roi ? Il a admiré son
épouse, ses joyaux, ses colliers, et maintenant il veut faire davantage pour
elle : « Nous te
ferons des
chaînes d’or avec des paillettes d’argent
».
La manière dont le Seigneur exprime son amour est précieuse. Il lui fait part de ses pensées. Le premier désir de l’amour c’est la communion. Il sait comment remplir à jamais le coeur de joie.
Israël a été racheté à bras étendu de l’Égypte et du Pharaon, de la fournaise de fer. L’amour qui nous a délivrés du monde et qui nous amène vers Christ dans la gloire, déploie ses gratuités tout le long du chemin.
Le cheval d’attelage, avec son magnifique harnais, peut être considéré comme le symbole de la force et de la promptitude dans le service. En outre, il obéit à la moindre impulsion donnée aux rênes. Servons-nous de cette manière ? Examinons nos voies sous le regard du Maître.
Dans les sacrifices offerts par feu, il était défendu d’offrir du miel, symbole de la douceur des affections naturelles. Un peu de miel au bout d’un bâton pouvait, au jour de la bataille, éclaircir les yeux et rafraîchir le coeur de Jonathan ; il ne saurait convenir pour Dieu. Ces affections ont leur place dans la famille, le cercle de nos amis ; mais elles ne sauraient convenir à l’autel de Dieu ou à la table du roi.
Pour
faire quelque chose qui plaise à Dieu ou lui offrir un sacrifice agréable, il
faut être né de nouveau. Le nard est, pour lui, un parfum de bonne odeur. Le
vase d’albâtre de nard pur qui a jadis rempli de son parfum la maison de
Béthanie, était précieux pour le Seigneur. « Ce
qui était en son pouvoir, elle l’a fait
», (Marc 14:8) telle fut
l’approbation immédiate de son amour, accompagnée de ces paroles : « En quelque lieu que cet évangile soit prêché
dans le monde entier, on parlera aussi de ce que cette femme a fait, en mémoire
d’elle
» (Matthieu 26:13).
C’est une
erreur de supposer que nous n’avons rien à offrir au roi pendant qu’il est à
table. Il est vrai que nous lui apportons de ce qui est à Lui. L’Israélite
devait apporter une corbeille pleine des prémices de tous les fruits de la
terre, « que tu
tireras
de ton pays, que l’Éternel, ton Dieu, te donne
» ;
et
la lui présenter (Deutéronome 26). Le véritable culte est le fruit de la
communion. Si l’époux a des parfums d’agréable odeur, l’épouse, par grâce, a
son nard. La table est sienne, et le nard l’est aussi : « Tu dresses
devant moi une table, en la présence de mes
ennemis ; tu as oint ma tête d’huile, ma coupe est comble
» (Psaume
23:5).
Le véritable culte, précieux et béni, vient d’un coeur qui déborde. Quand le Saint Esprit nous présente la plénitude qui est en Christ, notre âme déborde ! De là vient la différence entre une réunion de prières et une réunion de culte. Nous nous rendons à la première avec des besoins pour crier au Seigneur et dans les dispositions convenables pour être exaucés. C’est avant tout l’accord, selon Matthieu 18:19, puis la foi, la confiance (Matthieu 21:22 et aussi Jacques 1:6), en troisième lieu la précision dans la prière, Luc 11:6, et enfin la persévérance jusqu’à l’importunité, selon Luc 18:1-8. Mais quant au culte, nous devons y venir le moi complètement jugé, remplis du Seigneur, des fruits de la victoire et des richesses insondables de la grâce manifestés dans le Père et dans le Fils. Avant de nous asseoir à table, n’avons-nous rien à demander ? Rien, sinon une capacité plus grande. Nous trouvant dans le lieu saint de la présence du Seigneur, nourris des immenses richesses de la grâce du Christ, nous serons rendus capables de célébrer, de bénir et d’adorer notre Dieu et Père et notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ.
L’épouse atteint maintenant le degré le plus élevé de la bénédiction. Elle jouit paisiblement de la présence du roi pendant qu’il est à table. L’activité du service fait place au repos du culte.
La persécution, la pauvreté, la souffrance, tout est oublié en présence de Jésus. Le vase est rompu ; le nard coule, le parfum remplit la maison, sa tête et ses pieds sont oints, et son coeur est ravi par l’épouse.
Si le cheval d’attelage suggère la bonne volonté dans le service, et si le nard est le symbole du culte, le bouquet de myrrhe n’est-il pas l’emblème d’un témoignage de chaque instant pour Christ, conséquence d’une profonde communion avec lui ? Notre service sera sans puissance, si nous négligeons la communion personnelle. Comment David fut-il capable de déployer un tel courage dans la vallée d’Ela ? Etait-ce la témérité de sa jeunesse inexpérimentée ? Non ! Mais sa foi s’était développée à l’école de Dieu lorsqu’il tua le lion puis l’ours, de sorte qu’il connaissait ses pensées à l’égard de son peuple : Béni soit l’Éternel, mon rocher ! qui enseigne mes mains pour le combat, mes doigts pour la bataille (Psaume 144:1).
La même vérité nous est
enseignée par le Seigneur : « Jésus se
tint là et cria, disant : Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à
moi, et qu’il boive ; des fleuves d’eau vive couleront de son ventre
»
(Jean 7:37-38). Pour être une
source de bénédiction pour d’autres, il nous faut boire d’abord nous-mêmes en
abondance à la source de toute grâce en Jésus. Chaque nouveau témoignage pour
Christ devrait être le fruit d’une communion plus profonde avec lui. Comme
Moïse au pays de Madian, asseyons-nous près du puits, des eaux vives (Exode 2:15-17). Ainsi, il fut à même de
secourir les filles du sacrificateur de Madian.
Comme la femme près du puits
de Sichar, le coeur de l’épouse déborde. « Mon
bien-aimé est pour moi un bouquet de myrrhe
». Heureux fruit d’un état
d’intimité avec lui, de leur communion !
Heureuse épouse, elle peut dire en vérité : « Mon bien-aimé
». Elle est résolue
à placer tout près de son coeur cette myrrhe au parfum suave. Désormais, où
qu’elle aille, cette odeur se dégage. Répandons-nous au travail, dans la
famille, partout, cette odeur de la connaissance de Christ… sa bonne odeur
pour Dieu ? Et même après que nous nous sommes retirés, le parfum
demeure-t-il en témoignage du prix que Christ a pour nous ? Il nous a
demandé d’être occupés de lui durant son absence, de lui donner toute la place
dans nos coeurs. En instituant le mémorial de son amour et de sa mort, il a
dit : « Faites ceci en mémoire
de moi
». L’avons-nous fait ? La fiancée
de l’Agneau a-t-elle placé ainsi le bouquet de myrrhe sur son coeur, le
porte-t-elle durant la longue nuit de son absence ? Hélas ! les
requêtes de l’amour de l’époux ont été oubliées. Des rivaux admis et entretenus
ont pris sa place, et c’est une chose triste de le voir, lui, dehors dans son
infatigable amour, frapper à la porte. « La nuit est avancée, et le jour s’est approché
» (Romains 13:12). Oui, il approche, le jour heureux
où les affections de son peuple céleste et de son peuple terrestre répondront
parfaitement aux siennes.
Le sachet
de myrrhe est caché dans le sein loin du regard, mais la grappe de henné est
visible, elle se porte ouvertement à la main. La myrrhe est la sève qui découle
de l’arbre à travers les saignées pratiquées dans l’écorce. Les fleurs de henné
sont des grappes épaisses aussi belles que parfumées. « De sorte que le Christ habite, par la foi dans vos coeurs
», (Éphésiens 3:17) est la prière
de l’apôtre. Et nous devons porter toujours partout dans le corps la mort de
Jésus, « afin que la vie aussi de Jésus soit
manifestée dans notre corps
» (2 Corinthiens 4:10).
Notre Seigneur ressuscité,
exalté et glorifié est un objet de contemplation pour le regard et un délicieux
parfum pour le coeur. Sa personne, son ministère, son oeuvre sont d’un prix
infini. « Mon
bien-aimé est blanc et vermeil, un porte-bannière entre dix mille… Toute sa
personne est désirable
» (5:10, 16).
« En lui habite toute la plénitude de la déité
corporellement
» (Colossiens 2:9).
Les vignes d’En-Guédi étaient célèbres pour leurs fruits excellents et leurs précieux aromates. Et ces lieux ont aussi servi de retraite à David et à ses gens quand Saül les persécutait (1 Samuel 24:1-4). Les fertiles vallées en bas, et dans les montagnes environnantes les forteresses, fournissaient à la fois refuge, nourriture et lieu de repos à l’oint du Seigneur et à ceux qui avaient uni leur sort au sien.
Mais toutes les bonnes choses
de la terre ne représentent que très faiblement les richesses insondables de
Christ ! Ce que nous connaissons maintenant de sa plénitude est comme une
goutte d’eau à côté de l’océan. « Tout ce qui nous est donné de bon, et tout
don parfait descendent d’en-haut, du Père des lumières en qui il n’y a pas de
variation, ou d’ombre de changement
». Pensons à lui, le bien-aimé
absent. La myrrhe découlant, et le henné fleuri sont bien propres à nous
rappeler la croix et la gloire et à attirer nos pensées sur Celui qui a été
livré pour nos fautes et ressuscité pour notre justification (Romains 4:25).
Comment quelqu’un de souillé par le péché peut-il être ainsi beau aux yeux du Seigneur ? L’Évangile de la grâce de Dieu fournit la réponse. Dès qu’une âme est attirée à Jésus, elle est reçue et placée dans la lumière de la présence de Dieu, dans la pleine valeur de son oeuvre accomplie, pour être revêtue de l’incomparable beauté de sa personne adorable.
Tous ceux qui croient sont rendus « agréables dans le bien-aimé » par l’oeuvre accomplie sur la croix (Éphésiens 1:6). Son sang précieux purifie de tout péché (1 Jean 1:7).
Joshua est vêtu de vêtements sales, et Satan est là pour s’opposer à lui (Zacharie 3). Mais le Seigneur tance l’adversaire et le réduit au silence : il parle et agit en faveur de Joshua. Les vêtements sales sont ôtés. Il est revêtu d’habits de fête et une tiare pure est placée sur sa tête. La beauté de l’Éternel est maintenant sur lui !
Si les
vêtements de l’épouse sont parfumés de myrrhe, il est dit de l’époux : « Tous tes vêtements sont myrrhe, aloès et
casse
» (Ps. 45:8) L’épouse
est unie à Christ mort, ressuscité et glorifié ! Elle reflète Sa beauté.
Ce qui
est dit ici d’une manière prophétique, d’Israël ou du résidu : « Voici
tu
es belle, mon amie
», est vrai
dans un sens plus profond de l’épouse, la femme de l’Agneau. L’amour du
Seigneur est parfait. Il a aimé l’Assemblée ; il aime Israël, et au temps
convenable, il créera dans le coeur de ceux qui font partie de l’Israël de Dieu
comme il l’a fait en ceux qui forment l’Église, des affections qui répondront
parfaitement aux siennes. Il faut toutefois se souvenir de la différence entre
la position d’Israël au dernier jour, et celle de l’Église aujourd’hui. Quoique
ce ne soit pas encore le temps des noces de l’Agneau, la relation entre Christ
et l’Église est déjà formée. L’apôtre déclare : « Je vous ai fiancés à un seul mari, pour vous présenter au Christ comme
une vierge chaste
» (2 Corinthiens 11:2).
Vérité bénie ! Mais jouissons-nous de cette tendre et étroite
relation ? Au lieu de l’incertitude pénible qui agite souvent l’esprit de
ceux qui croient que cette relation ne se réalisera que dans l’avenir,
possédons-nous cette joie paisible qui découle tout naturellement d’une telle
union ? Alors notre coeur soupirera ardemment après la venue du Seigneur.
L’amour est le vrai fondement de ce cri : « Viens, Seigneur Jésus
! »
L’époux
ajoute encore « Tes yeux sont des colombes
».
La colombe occupe dans la Parole une place intéressante. La première mention
est en rapport avec l’arche de Dieu et l’olivier ; précieux types du salut
et de la paix avec Dieu. La colombe arracha et retint fermement une feuille
d’olivier. Les eaux du jugement de Dieu couvraient encore la terre. Et tant
qu’elles n’eurent pas baissé, la colombe ne trouva pas où se poser, et revint
vers Noé dans l’arche : le monde sous le jugement de Dieu n’était pas un
lieu pour elle. Ensuite nous trouvons que de tous les oiseaux, seule la colombe
était offerte en sacrifice sous la loi, comme un type du Seigneur lui-même.
Dans une merveilleuse unité, le même type sert pour l’Époux et son épouse.
La
colombe typifie aussi le Saint Esprit. Et Jean rendit témoignage, disant :
« J’ai vu l’Esprit descendant du ciel
comme une colombe, et il demeura sur lui
» (Jean 1:32). Il paraît que lorsque la colombe est éloignée de sa
compagne, elle reste solitaire et gémit : « Je gémissais comme la colombe
», et « nous ne cessons de
gémir comme les colombes
» (Ésaïe 38:14 ; 59:11). Il semble que la
colombe représente la simplicité, la pureté, la fidélité, et surtout
l’attachement à son colombier. Quand l’oeil du chrétien est simple, fixé
constamment sur Christ, on peut dire de lui : « Tes yeux sont des colombes
».
L’épouse
entend Christ exprimer son amour et son admiration, mais elle ne dit pas un mot
d’elle-même ; pas même qu’elle est indigne d’un tel amour. Aussi profonde
que soit son émotion, le « moi » est laissé de côté. C’est le signe d’une
véritable humilité. Nous pouvons parler de la méchanceté et de l’indignité du
moi, et être rempli d’orgueil. La vraie humilité ne dit rien de soi, en bien ou
en mal ; mais c’est une leçon difficile à apprendre. Christ est notre
unique et parfait modèle. Le premier Adam s’éleva, et il fut abaissé ; le
dernier Adam s’est abaissé lui-même et Dieu l’a haut élevé. « Quiconque s’élève, sera abaissé, et celui
qui s’abaisse sera élevé
» (Luc 18:14). C’est un principe d’une grande
importance pratique. La chair est toujours prête à écouter le mensonge du
tentateur : « Vous serez
comme
Dieu
» ;
tandis que l’homme
spirituel est content de la place où Dieu l’a mis, jusqu’à ce qu’on lui
dise : « Monte plus haut
».
Quelle est donc pour le
chrétien la place du vieil homme ? Les Écritures disent clairement qu’il a
pris fin à la croix : « Sachant ceci, que notre vieil homme a été
crucifié avec Christ
» (Romains 6:6). D’où la conséquence pratique : « Ceux
qui sont du Christ ont crucifié la chair avec les passions et les convoitises
»
(Galates 5:24) et encore : « Je suis crucifié avec Christ, et je ne vis
plus, moi, mais Christ vit en moi, — et ce que je vis maintenant dans la chair,
je le vis dans la foi, la foi au Fils de Dieu, qui m’a aimé et qui s’est livré
lui-même pour moi
» (Galates 2:20). Celui qui marche dans la lumière et
réalise l’efficace de cette vérité fondamentale, sera humble de coeur ; la
chair en lui, dans sa vanité et son orgueilleuse prétention, sera tenue à sa
place, dans la mort. Il manifestera l’esprit doux et humble de Christ qui est
d’un grand prix devant Dieu. Marie a choisi la bonne part, lorsqu’elle s’est
assise aux pieds de Jésus. L’humble Lydie aussi est devenue un temple pour le
Seigneur.
Si Christ est l’unique objet
que nous contemplons, le coeur est satisfait ; Il est beau et agréable
tout à la fois. « Voici tu es beau, mon bien-aimé, oui, tu es agréable
! »
Quelle perfection, quelle harmonie on trouve en Lui ! En Jésus seul, nous
trouvons un repos parfait. C’est pourquoi l’épouse ajoute : « Oui, notre
lit est verdoyant ». Les verts pâturages et les eaux paisibles sont les symboles
du repos et du rafraîchissement dont jouissent les brebis, objets des tendres
soins du Berger. Mais il ne dresse jamais sa tente à l’intérieur des murailles
de la ville, car il n’y a rien là pour faire paître son troupeau. Dans ce
livre, la ville est un type du monde. L’épouse n’y trouve que honte et
souffrance. Jamais l’époux ne s’y trouve ; ses retraites favorites sont
les vignes, les jardins, les montagnes de la myrrhe, les coteaux des drogues
aromatiques et les vallées où fleurissent les lis.
Il y a dans les dernières paroles de l’épouse deux mots qui montrent une heureuse communion avec le bien-aimé. Ce sont les petits mots : « notre », « nos ». Tout comme les « nous », et les « avec » de l’épître aux Éphésiens. Ils sont l’expression d’une heureuse et éternelle unité avec Christ. Être un avec lui dans la vie, le repos, et la gloire céleste !
Sans la présence de notre
bien-aimé Seigneur, la maison du Père serait vide. Notre foi repose sur la
promesse : « Et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur
». Et
encore : « Afin que là où moi je suis, ils y soient aussi avec moi
».
Le voir dans sa gloire sera notre félicité.
Quelle merveilleuse chose que la grâce de Dieu envers les pécheurs !
Quels changements
extraordinaires elle opère dans les pensées, les désirs, les affections !
Elle nous communique l’intelligence de ce que nous sommes aux yeux du Seigneur.
Peu de temps avant, l’épouse reconnaissait qu’elle était noire,… noire comme
les tentes de Kédar, et maintenant, elle peut dire sans hésitation : « Je suis le narcisse de Saron, le lis des vallées
», la couronne et l’ornement du
Saron, la beauté et le charme des vallées. Elle ne tire pas vanité de ce
qu’elle est ; mais elle s’adresse directement à lui, assurée de la place
qu’elle occupe dans ses affections. La communion est complète, car il ajoute
aussitôt : « Comme le lis entre les épines, telle est mon
amie entre les filles
», et plus tard : « Ma
colombe
, ma parfaite, est
unique ; elle est l’unique de sa mère, la choisie de celle qui l’a enfantée
» (6:9). Tel est le caractère
distinctif de l’amour et la place spéciale de l’épouse aux yeux de l’époux. Il
va toujours plus loin qu’elle dans l’expression de sa tendresse, ce qui est
très doux pour elle. Quelle différence entre le lis si beau, si parfumé, et
l’épine qui déchire !
Bien des personnes, devant une pareille vérité, s’écrient : « je ne suis pas digne d’une telle place ». C’est vrai, si vous parlez de votre propre mérite. Est-ce de l’humilité ? Non, c’est de l’orgueil. Nous ne méritons rien en sa présence. Aussi, s’il nous est assigné une place si près de lui, c’est un effet de sa grâce souveraine.
Le fils prodigue pensait,
sans doute, témoigner beaucoup d’humilité en disant à son père : « Traite-moi
comme l’un de tes mercenaires
». De telles pensées viennent de notre
tendance à nous placer sous la loi, à méconnaître la grâce de Dieu. Sur le
fondement de la « justice », le fils prodigue n’avait pas plus de titres pour
être reçu comme serviteur que comme fils. Tout ce qu’il pouvait invoquer,
c’était son besoin pressant de nourriture. Seule la grâce pouvait le recevoir,
la justice l’aurait condamné à jamais. Mais la grâce règne. La question du
péché a été réglée entre Dieu et Christ sur la croix. Son père court à sa
rencontre, se jette à son cou, et le couvre de baisers.
Mais il y a plus encore ; le même pécheur sauvé par grâce devient le vase dans lequel la grâce se manifeste ; il brillera dans la gloire, durant toute l’éternité (Éphésiens 2:7).
C’est l’épouse qui parle. Dans le bonheur qui découle de sa communion avec lui, elle déclare ce qu’il a fait d’elle dans sa grâce. Elle lui doit tout, et sa beauté et l’affection dont elle se sent animée à son égard.
Remarquons qu’elle dit :
« Je suis
le lis des vallées
». C’est dans la vallée paisible qu’elle fleurit
pour charmer les regards de son bien-aimé, et qu’elle répand son parfum pour
lui plaire. Il paît son troupeau parmi les lis.
Nul ne lui est semblable. Il est le premier entre dix mille.
L’épouse
est dans la pure lumière de la faveur de l’époux. Elle jouit d’un parfait repos
dans cet amour immuable : « J’ai pris
plaisir à son ombre, et je m’y suis assise ; et son fruit est doux à mon
palais. Je t’ai réveillée sous le pommier
» (8:5). Le pommier est pour nous une figure de Christ.
Israël
sera bientôt réveillé de la mort dans laquelle il est plongé actuellement comme
nation, pour jouir des bénédictions de la nouvelle alliance avec Christ. C’est
Christ seul qui pourra le réveiller et le bénir. Israël sera de nouveau
rassemblé. Alors il s’assiéra sous l’ombre du pommier et trouvera son fruit
doux à son palais, le fruit glorieux de l’amour que Christ a manifesté en
mourant pour la nation rebelle. Ainsi tout Israël sera sauvé, selon qu’il est
écrit : « Le libérateur viendra de
Sion ; il détournera de Jacob l’impiété
» (Romains 11:26).
« En
ce jourlà, dit l’Éternel des armées, vous convierez chacun son prochain sous la
vigne et sous le figuier
» (Zacharie 3:10).
Séjour béni de gloire et de bonheur
Où pour jamais règnera le Sauveur,
Où, loin des maux dont la terre est la proie,
Nous goûterons une ineffable joie ;
Oh ! quand pourrai-je à ce monde arraché,
Dans tes splendeurs, à l’abri du péché,
Près de Jésus oublier mes alarmes,
Et par sa main voir essuyer mes larmes !
En
méditant les scènes de délices où le roi introduit l’heureuse épouse, pensons
aussi aux privilèges du chrétien. Dieu lui-même est la source de toutes ses
bénédictions. Il a la précieuse assurance que Dieu n’attendait rien de l’homme
pour tourner Son coeur vers lui. Son amour est comme l’anneau passé au doigt du
fils prodigue : il n’a ni commencement ni fin. « Dieu est amour », il ne
change pas. Ce qu’il est en lui-même, non pas ce que nous sommes, nous assure à
jamais des riches bénédictions de son amour. « En ceci est l’amour, non en ce que nous, nous ayons aimé Dieu, mais en
ce que lui nous aima et qu’il envoya son Fils pour être la propitiation pour
nos péchés
» (1 Jean 4:10).
La foi trouve en Dieu son parfait repos, source de tout vrai bonheur. Comment
douter d’un amour qui a donné le Fils unique ? (Romains 5:8).
L’oeuvre de Christ était nécessaire pour tourner le pécheur vers Dieu. Déjà dans le jardin d’Eden, après la chute, Adam et Ève cherchent à se cacher, loin de Dieu, derrière les arbres du jardin : mais la voix de l’Éternel Dieu se fait entendre : « Adam, où es-tu ? » L’homme est maintenant un pécheur perdu, et Dieu le cherche. La révélation de l’amour de Dieu, sa promesse que la semence de la femme écraserait la tête du serpent, annonce l’oeuvre de la rédemption. Dès lors, quand le pécheur, par grâce, croit au parfait amour de Dieu dans le don et l’oeuvre de son Fils, il est amené à Dieu par la foi en l’efficace de la mort, de la résurrection et de la gloire de Jésus, il est pardonné, accepté dans le Bien-aimé, et répond ainsi pleinement aux désirs du coeur de Dieu.
Nous possédons désormais l’amour et la justice en Christ. Il est aussi notre vie et nous pouvons jouir de la présence de Dieu.
Le roi a d’abord amené
l’épouse dans ses chambres. Puis elle est vue dans les champs avec son
bien-aimé, là où il fait paître et reposer son troupeau à midi. Plus tard, elle
s’écrie : « Notre lit
est
verdoyant. Les solives de nos maisons sont des cèdres ; nos lambris des
cyprès
». Image pleine de
fraîcheur. À la fin du jour, son bien-aimé la conduit au festin, sous la
bannière de l’amour, secret de sa joie, source de toutes ses délices.
Pendant longtemps, cet étendard n’a plus été déployé pour Israël. La foi sait que dans les pensées de Dieu, un jour viendra où il le sera à nouveau.
Si Israël a été longtemps
laissé de côté et châtié à cause de ses péchés, l’apôtre nous assure qu’il
n’est pas rejeté pour toujours car « les dons de grâce et l’appel de Dieu sont
sans repentir
» (Romains 11:29).
Le temps où Dieu aura
compassion de Sion, le temps assigné, viendra. On annoncera le nom de l’Éternel
dans Sion et sa louange dans Jérusalem (Psaume 102) ; « car voici,
les jours viennent, dit l’Éternel, où je rétablirai les captifs de mon peuple
Israël et Juda, dit l’Éternel, et je les ferai retourner au pays que j’ai donné
à leurs pères, et ils le posséderont
» (Jérémie 30:3). Et
encore : « Je me réjouirai en eux pour leur faire du bien, et je les planterai
dans ce pays, en vérité, de tout mon coeur et de toute mon âme
» (Jérémie
32:41). Alors la bannière de l’amour immuable de Dieu flottera au-dessus de
leurs têtes. Toutes les familles de la terre verront l’amour fidèle du
Seigneur, le Très-Haut, quand elles monteront à Jérusalem, pour se prosterner
devant le roi, l’éternel des armées, et pour célébrer la fête des tabernacles
(Zacharie 14). Alors s’accomplira cette précieuse parole : « Il m’a fait
entrer dans la maison du vin ;
et sa bannière sur moi, c’est l’amour. Soutenez-moi avec des gâteaux de
raisins, ranimez-moi avec des pommes ; car je suis malade d’amour
».
Le racheté aussi réalise la communion avec Christ dans la séparation d’avec le monde. Il jouit ainsi des choses célestes, assuré qu’il est de l’amour du Seigneur. Mais nous ne pouvons pas passer sans transition des choses de la terre à la jouissance des choses du ciel. Notre communion avec le Seigneur est plus ou moins intime. La nécessité de s’occuper des choses temporelles émousse notre sensibilité spirituelle. La prière, la méditation de la Parole, le jugement de soi-même doivent être habituels chez le croyant, s’il désire vivre dans la proximité du Seigneur.
L’âme qui se nourrit de
Christ aspire à l’être davantage. Lui seul est capable de satisfaire ses
désirs. Il attire sa bien-aimée encore plus près de lui. « Sa main
gauche est sous ma tête, et sa droite m’embrasse
». Où trouver une
communion plus intime, plus réelle, plus bénie ? L’épouse penche sa tête
sur le sein de son Bien-aimé, lieu du parfait et de l’éternel repos.
À la fin de cette journée heureuse, l’épouse du roi est dans le repos que seul son amour immuable peut lui procurer. À l’ombre de la bannière de son amour, elle trouve son plaisir en lui. Aussi parle-t-elle de son ombre, de son fruit, de son festin, de sa bannière, de sa main gauche, de sa droite. Il est tout pour elle. Si l’âme est occupée de lui, il veille à ce qu’elle ne soit point troublée. Les biches et les chevreuils sont les bêtes des champs les plus timides ; le sens de l’ouïe chez elles est tellement développé, que la perception du danger qui les menace, même de fort loin, les épouvante. Ainsi devrions-nous être sur nos gardes et percevoir à distance l’approche de ce qui peut interrompre notre communion avec le Seigneur.
Veillons, prions, évitons avec crainte tout ce qui peut troubler notre communion avec Dieu, les pensées de nature à distraire, l’activité de l’imagination, et le doute qui pousse à la défiance ; que rien ne vienne éteindre en nous la flamme de l’amour et voiler l’éblouissante clarté de la gloire de Dieu dans la face de Christ.
Quand l’âme est demeurée
longtemps en communion avec le Seigneur, elle s’attache à lui et désire plus
ardemment son retour. Avons-nous le même empressement que la Sulamithe quand
elle déclare : « La voix de mon bien-aimé ! le voici qui vient !
» Une
autre voix a-t-elle pour nous le charme de la sienne ou soupirons-nous
journellement après lui ?
Il y a une grande différence entre une personne qui croit à la seconde venue de Jésus Christ, et une âme qui jouit de la communion du Seigneur et vit dans l’attente constante de sa venue.
Nous distinguons sans peine
une voix aimée. En entendant son propre nom prononcé par le Seigneur, Marie a
tressailli. La voix de mon bien-aimé ! s’écrie la Sulamithe, le voici qui
vient ! Tout son être est dans l’attente. Le Seigneur est proche. Il
vient ! « sautant sur les montagnes, bondissant sur les collines. Mon bien-aimé
est semblable à la gazelle, ou au faon des biches. Ses pieds sont aussi légers
que ceux du cerf
».
La communion de l’Esprit
accroît le désir de goûter la présence du Seigneur. On ne peut pas réellement
soupirer après sa venue quand on n’est pas tout près de lui. Nous sommes
toujours en sûreté « en » lui, mais hélas ! nous ne nous sentons pas
toujours à l’aise « avec » lui. Si nous avons fait un pas de trop dans le monde,
ou si nous avons négligé de nous juger nous-mêmes, nous ne sommes pas prêts à
le recevoir. Pierre lui dit : Tu ne me laveras jamais les pieds. Jésus lui
répondit : Si je ne te lave, tu n’as point de part « avec » moi (Jean 13:8).
Il ne dit pas : Tu n’as point de part « en » moi ; jamais il n’eût pu
le dire ; mais il enseigne à Pierre, il nous enseigne aussi, que, si nous
oublions de nous juger nous-mêmes, si nos souillures de tous les jours ne sont
pas nettoyées par le lavage d’eau, par la Parole, notre communion avec lui est
interrompue. Il n’y a pas d’intimité possible avec lui si des péchés ne sont
pas jugés et confessés. « Tu n’as
point de
part avec moi
», est une parole solennelle. Il n’y a
plus de force pour la marche, pour le culte et pour le service. La honte peut
bien couvrir notre visage, la tristesse remplir notre coeur, quand nous mettons
nos pieds souillés entre ses mains saintes, car sûrement il sait où nous sommes
allés ; mais ils ne peuvent être lavés si lui-même ne le fait : Si je
ne te lave, tu n’as point de part avec moi. Si nous voulons marcher avec Jésus,
si nous voulons être heureux avec lui, nous devons marcher réellement séparés
de tout mal, de tout ce qui est contraire à sa sainteté et incompatible avec sa nature.
Mon
maître tarde à venir, est le langage d’une personne qui cherche sa satisfaction
dans ce monde, « Viens, Seigneur Jésus,
viens
», c’est l’appel d’un
coeur pénétré de l’amour de Jésus et qui désire avec ardeur être
personnellement près de lui. Plus nous jouissons de Christ par l’Esprit, plus
il nous tarde de le voir face à face. C’est un moyen d’éprouver l’état de
l’âme : quand la maison est en désordre, la femme ne désire pas le retour
de son mari. Elle commence par mettre tout en ordre, et quand tout est à sa
place et selon son goût à lui, elle pense au moment où il reviendra ; il
lui tarde d’entendre sa voix, de voir son visage.
Ne me suffit-il pas, dira quelque chrétien, de savoir que je lui appartiens ? Pourquoi attendrais-je chaque jour sa venue des cieux ? Je sais que mes péchés sont pardonnés et que je suis sauvé ; je puis me confier en lui et l’aimer sans le voir. Ce n’est pas le langage de l’amour, mais plutôt de quelqu’un qui reste froid et indifférent quant à la personne du Seigneur. Pouvez-vous songer à son amour et à sa grâce, à ses souffrances et à sa mort pour vous, et ne pas ardemment souhaiter de le voir lui-même ? Nous, nous l’aimons, parce qu’Il nous a aimés le premier. Notre amour est le reflet de celui de Christ. Hélas ! souvent nous sentons peu le vide que Christ seul peut remplir !
C’est le
Seigneur lui-même, comme le Messie, le roi, que l’épouse juive attend ici-bas
avec impatience. Il se révèle afin qu’elle entre dans l’amour et la joie de
l’époux. Elle connaît enfin et apprécie la valeur de son amour, et il lui tarde
de le posséder. Heureux changement ! Il a été méprisé et rejeté par la
fille de Sion, et sur elle il a versé des larmes. Il va bientôt exercer son
affection d’époux, sa gloire milléniale va briller de tout son éclat. Aux
derniers jours, le désir du résidu craignant Dieu en ce qui concerne
l’apparition du Messie comme roi et libérateur, est exprimé dans les psaumes et
les prophètes : « Oh ! si tu
fendais les cieux ! Si tu voulais descendre, et que devant toi les
montagnes se fondent, comme le feu brûle les broussailles, comme le feu fait
bouillonner l’eau, pour faire connaître ton nom à tes ennemis, en sorte que les
nations tremblent devant toi !
» (Ésaïe 64:1-2).
Dans le
Cantique des Cantiques, nous voyons, sous la figure d’une épouse, se manifester
le même désir profond, quoique sous un caractère différent. Il s’agit moins de
la délivrance du résidu, du renversement de ses ennemis, et même du royaume et
de la gloire de Christ, que des soupirs du coeur après la personne du Messie
qui vient. C’est mon bien-aimé… il vient ! il vient rapidement,
semblable à la gazelle ou au faon des biches ! il est déjà (c’est une
réalité) derrière notre muraille ; Il regarde par les fenêtres ; Il
se fait voir par les treillis. Les fidèles qui se trouvent à Jérusalem, ont ici
des indices de l’approche du roi, de leur propre délivrance et de la gloire
milléniale. Il remplit leurs coeurs de joie en se révélant plus clairement
encore, en leur donnant une nouvelle assurance de son amour. Combien sont
touchantes les paroles du Seigneur dans les versets suivants. Sa bien-aimée se
plaît à répéter ce qu’il lui a dit : « Lève-toi,
mon amie, ma belle, et viens ! Car voici, l’hiver est passé, la pluie a
cessé, elle s’en est allée ; les fleurs paraissent sur la terre, la saison
des chants est arrivée, et la voix de la tourterelle s’entend dans notre
pays ; le figuier embaume ses figues d’hiver, et les vignes en fleur
exhalent leur parfum. Lève-toi, mon amie, ma belle, et viens !
»
(Verset 10-13). Quelques instants auparavant, elle pouvait seulement distinguer
le son de sa voix, et saisir à travers les treillis un de ses regards.
Maintenant, il est
assez près pour qu’il lui soit permis d’entendre ses paroles. Pour la foi, il
est toujours présent. « Sa main gauche est
sous ma tête, sa droite m’embrasse
». Elle peut s’appuyer sur son Bien-aimé,
et sortir avec lui le matin aux vignes en fleurs, exhalant leur parfum.
Bientôt, Israël, longtemps opprimé, connaîtra la gloire du royaume. Le printemps commence à poindre, faisant suite au long et lugubre hiver de l’absence du Seigneur. Le royaume des cieux est proche. Le matin sans nuages va briller. Depuis le péché et la chute de l’homme, ce monde n’a pas été témoin d’une scène aussi splendide. Les versets d’Ésaïe 27:6 décrivent aussi la gloire et les bénédictions futures d’Israël et de toute la terre.
« Dorénavant Jacob prendra racine, Israël
fleurira et poussera, et remplira de fruits la face du monde
». Les rayons
bienfaisants du Soleil de justice feront oublier la tristesse et la stérilité
de ce long et douloureux hiver. Les fleurs qui renaissent, les figues qui
paraissent, les vignes qui bourgeonnent, le chant des oiseaux, la voix de la
tourterelle, sont de sûrs indices de l’arrivée du printemps. Et quoique rien
dans la vigne de l’épouse n’ait encore atteint sa pleine maturité, il y a dans
les fleurs qui embaument l’air, le gage assuré d’une riche bénédiction.
Il est nécessaire de distinguer la vocation terrestre d’Israël de la vocation céleste de l’Église. Le Seigneur épousera au dernier jour la cause de son peuple terrestre, et Jérusalem dans son caractère d’épouse du roi, deviendra le centre de la gloire et de la bénédiction terrestres. L’Église, elle, est l’épouse de l’Agneau, jadis victime expiatoire, maintenant Christ glorifié. L’épouse est le symbole de l’affection et de l’unité de la vie et de la position. L’épouse céleste partagera la même gloire que l’Agneau. L’ayant confessé et s’étant confiée en lui au temps de son humiliation et de son rejet, elle sera plus près de lui dans son exaltation et dans sa gloire, que l’épouse juive, Israël, qui règnera sur la terre.
La gloire du royaume à venir
sera donc céleste et terrestre à la fois… « nous ayant fait connaître le mystère de sa volonté selon son bon
plaisir, qu’il s’est proposé en lui-même pour l’administration de la plénitude
des temps, savoir de réunir en un toutes choses dans le Christ, les choses qui
sont dans les cieux et les choses qui sont sur la terre en lui
» (Éphésiens
1:9-11).
Remarquons la différence qui
existe entre la position et la bénédiction d’Israël, en rapport avec le royaume
à venir, et celles de l’Église. Le Seigneur descend au lieu où se trouve
Israël, et le bénit là. « Le rédempteur
viendra à Sion
» (Ésaïe 59:20). L’Église, elle, est enlevée dans les nues, à
la rencontre du Seigneur, en l’air (1 Thessaloniciens 4:17). Les Juifs
recevront toutes leurs bénédictions temporelles dans un pays agréable (Amos
9:11-15). Nos bénédictions seront toutes spirituelles et dans les lieux
célestes (Éphésiens 1:3). La Jérusalem terrestre sera le centre de la gloire et
de la bénédiction terrestres, la ville royale, la capitale du monde entier, et,
par elle, toutes les nations de la terre seront bénies, car la loi sortira de
Sion, et la parole de l’Éternel de Jérusalem (Ésaïe 2:2-4). La Jérusalem d’en
haut sera le centre de la gloire céleste. La gloire de Dieu l’a illuminée et
l’Agneau est sa lampe (Apocalypse 21:23). Les saints célestes seront dans leurs
corps glorieux, rendus conformes à l’image de Christ (Philippiens 3:21). Toute
la maison d’Israël aura en partage la bénédiction dès longtemps promise, d’un nouveau coeur, d’un esprit nouveau (Ézéchiel
36:2430). Et ils ne s’égareront plus jamais.
Il est
parlé d’Israël comme ayant l’Éternel pour mari. « Car celui qui
t’a faite est ton mari ; son nom est l’Éternel des armées
» (Ésaïe 54:5). Mais à cause de
son infidélité, et surtout parce qu’il a rejeté Christ, il a été mis de côté
pour un temps. Dans la période actuelle, la prédication de l’Évangile s’adresse
aux Juifs premièrement, puis aux Gentils, comme à des pécheurs perdus. Tous
ceux d’entre eux, que la grâce de Dieu rassemble, forment un seul corps et les
uns et les autres jouissent des mêmes privilèges en Christ, selon qu’il est
écrit ; « Mais maintenant, dans le Christ Jésus, vous
qui étiez autrefois loin, vous avez été approchés par le sang du Christ. Car
c’est lui qui est notre paix, qui des deux
(du Juif et du Gentil) en a fait un et
a détruit le mur mitoyen de clôture, ayant aboli dans sa chair l’inimitié, la
loi des commandements qui consiste en ordonnances, afin qu’il créât les deux en
lui-même pour être un seul homme nouveau, en faisant la paix ; et qu’il
les réconciliât tous les deux en un seul corps à Dieu par la croix, ayant tué
par elle l’inimitié
» (Éphésiens
2:13-16).
La
véritable espérance de l’Église est la venue du Seigneur Jésus Christ des
cieux, pour la prendre auprès de lui : « Car je vais
vous préparer une place,
»…
« je reviendrai, et je vous prendrai auprès de
moi ; afin que là où moi je suis, vous, vous soyez aussi
» (Jean 14:2-4). Quand cette
promesse aura reçu son accomplissement, Israël paraîtra à nouveau sur la scène.
L’Esprit de Dieu commencera son oeuvre au milieu du résidu de Juda. Après que
l’Église aura été retirée, et pendant les trois ans et demi du règne de
l’Antichrist, avant l’apparition du Seigneur en gloire, dans l’espace de temps
qui sépare l’enlèvement des saints de cette apparition, ce résidu traversera la
grande tribulation de laquelle parle le prophète (Jérémie 30:4-11), et Jésus
lui-même (Matthieu 24:15-22). Durant cette tribulation sans égale, le Seigneur
veillera sur ses élus avec une grande sollicitude (Osée 2:14 ; « voici,
moi
, je l’attirerai, et je la mènerai au désert, et je lui parlerai au coeur,
et de là je lui donnerai ses vignes, et la vallée d’Acor comme une porte
d’espérance ; et là elle chantera comme dans les jours de sa jeunesse et
comme au jour où elle monta du pays d’Égypte. Et il arrivera, en ce jour-là,
dit l’Éternel, que tu m’appelleras : Mon mari, et que tu ne m’appelleras
plus : mon maître… Et je te fiancerai à moi pour toujours
» (Osée 2:14-16, 19). L’union
sera désormais éternelle, et le Seigneur prendra plaisir en son épouse fidèle,
qui lui rendra louange et gloire à toujours.
Du verset
10 à la fin du 15, les paroles du Bien-aimé expriment l’amour le plus tendre,
les encouragements les plus doux. Il est évident que la splendeur de la gloire
milléniale ne brillera pas tout à coup sur le pays d’Israël et sur les nations,
mais progressivement, semblable en cela au passage de l’hiver au printemps et
de ce dernier à l’été. C’est là ce qui exerce la foi de l’épouse. Mais il la
fortifie en l’assurant que le jour de la délivrance est proche. Il la suit
toujours de son oeil, et l’encourage à prendre patience. D’un autre côté,
divers passages de l’Écriture nous apprennent qu’elle connaîtra
particulièrement, pendant ce temps, la méchanceté de l’Antichrist. Il essaiera
de détruire le résidu fidèle (Apocalypse 12:6-17). Mais guidée par l’Esprit de
Dieu, l’épouse trouve un refuge au désert. « Alors que ceux
qui sont en Judée s’enfuient dans les montagnes
» (Matthieu 24:16). Le bien-aimé
connaît son refuge. À ses yeux et pour son coeur, elle est semblable à la
colombe dans les fentes du rocher, dans les cachettes des lieux escarpés.
Sa voix émeut son bien-aimé ;
il l’entend, elle ressemble au roucoulement plaintif de la colombe solitaire,
en l’absence de son compagnon (Ésaïe 59:11). Elle est belle, quoique son visage
soit abattu par la persécution, les souffrances et l’épreuve. Il cherche à la
voir, à l’entendre ! Quelle sollicitude, quel immense amour ! « Montre-moi
ton visage, fais-moi entendre ta voix ; car ta voix est douce, et ton
visage est agréable
». Ne nous lassons pas de méditer l’amour de
Christ pour son épouse.
À l’abri dans les fentes du
rocher, la timide et tremblante colombe, cachée dans ce coeur qui est tout
amour, repose en parfaite sécurité. Nul oiseau de proie ne viendra l’y
attaquer. Personne d’étranger ne peut pénétrer dans la fente du rocher qui lui
sert d’asile. Sa sécurité ne dépend pas de la manière dont elle réalise sa
position. Mais, c’est de lui que tout dépend. C’est le rocher qui l’abrite.
Parlant de ses brebis, il dit : « Je leur donne la vie éternelle, et elles ne
périront jamais ; et personne ne les ravira de ma main. Mon Père, qui me
les a données, est plus grand que tous, et personne ne peut les ravir de la
main de mon Père. Moi et le Père, nous sommes un
» (Jean 10:28-30).
Citons aussi les paroles du prophète : « il y aura un homme qui sera comme une
protection contre le vent et un abri contre l’orage, comme des ruisseaux d’eau
dans un lieu sec, comme l’ombre d’un grand rocher dans un pays aride
» (Ésaïe
32:1-2).
Le bien-aimé s’associe dans sa grâce à son épouse, dans les soins à donner à la vigne. Prenez-nous les renards… car nos vignes sont en fleurs. Elles sont encore vertes et délicates. Il faut y veiller attentivement. Les petits renards ont des dents pointues ; quoique jeunes, ils sont rusés et font beaucoup de dégâts. Pendant l’hiver, il n’y a rien à craindre d’eux ; les sarments dépouillés de leurs feuilles ne les attirent pas. Mais quand le printemps renaît, ils se dissimulent sous le feuillage et trouvent bien des occasions pour exercer impunément leurs ravages. Veillons sur l’état de notre coeur ! Soyons en garde contre les soucis journaliers de la vie et contre tout ce qui tend à porter atteinte à la fertilité. Demeurons attachés au véritable cep et nourrissons-nous de sa sève. Alors nous porterons beaucoup de fruits à la gloire du Père.
Si la présence du Seigneur apporte du rafraîchissement, il est nécessaire de redoubler de soins, de vigilance, car s’il travaille, Satan est aussi à l’oeuvre mais pour détruire. L’oeil suit avec bonheur le développement des sarments fleuris qui embaument l’air ; mais le gardien de la vigne doit prendre garde à ce que le renard ne vienne avec ruse se tapir sous les pampres luxuriants pour les ravager. Réfléchissons, nous verrons que trop souvent une grande partie de notre vigne a été endommagée par la malice de l’Ennemi qui se tient aux aguets pour commettre ses rapines ! De tels ravages brisent le coeur !
Redoublons de prudence ! Méfions-nous du prédateur ! Fermons les trous par lesquels il peut s’introduire en silence pour saccager les vignes ! Soyons constamment sur nos gardes ; car notre ennemi est fort ; son activité malfaisante est incessante. Il use de toutes sortes d’artifices, assuré qu’il est d’avoir peu de temps. Vous savez que si vous êtes en Christ, vous pouvez confondre l’adversaire et le mettre en déroute. Le plus faible est rendu fort dans la bataille s’il se tient près du Seigneur !
L’heureuse
épouse affirme maintenant que son bien-aimé lui appartient. Elle le sait, elle
en jouit : « Mon bien-aimé est à moi
».
Elle ne dit pas : J’espère qu’il est, mais il est à moi. Il n’y a plus
l’ombre d’un doute.
Bientôt Christ sera ainsi tout pour le résidu, et le résidu sera tout pour Christ.
Nous sommes lents de coeur à
croire. À diverses reprises, l’époux réitère à sa bien-aimée l’assurance de son
amour profond et du plaisir qu’il trouve en elle ; l’expression de sa
tendresse est admirable ; même quand elle dit qu’elle est noire, il lui
répond aussitôt : Ô la plus belle parmi les femmes. Comment pouvait-elle
douter un seul instant de son affection ? Aussi quand elle en est
convaincue, elle s’écrie dans les transports de sa foi : Il est à
moi ! Heureuse assurance. Il ne s’agit plus seulement des fruits de son
amour ou de ses qualités, mais de lui-même ; « toute sa personne est désirable
».
Pouvons-nous parler avec une telle assurance de la possession de quelque objet terrestre ? On peut, dans une certaine mesure, prétendre : Ces biens sont à moi, ces honneurs sont à moi, combien tout cela est passager ! Mais si nous sommes liés à Christ, il devient le centre de nos affections, on peut vraiment s’écrier : Mon bien-aimé est à moi ! Que de fois un objet auquel notre coeur prenait plaisir ne nous a-t-il pas échappé alors que nous pensions le tenir fermement, ne s’est-il pas flétri dans nos mains comme une fleur détachée de sa tige ?
Tout ce que le monde
considère comme précieux, les richesses, l’influence, le pouvoir, la science,
la réputation, est sans valeur en présence de la mort et du jugement éternel. « Car que profitera-t-il à un homme s’il gagne
le monde entier et qu’il fasse la perte de son âme ; que donnera un homme
en échange de son âme ?
» (Matthieu 16:26).
Quelle différence si Christ est l’objet de nos désirs et de nos affections ! La foi peut s’écrier sans réserve : Je suis à mon bien-aimé et mon bien-aimé est à moi. Sur la croix, il a été fait péché pour nous, afin que nous devenions justice de Dieu en lui ; il a voulu habiter dans notre coeur par son Esprit ; même au sein des flots et de la tempête ; il sera à nous aussi dans la gloire du ciel ! Là nous pourrons le contempler et l’adorer.
On rencontre parfois des âmes
qui aiment réellement le Seigneur et se confient en lui, mais qui n’osent pas
dire : « Mon bien-aimé est à moi
».
Elles pensent qu’un tel langage serait de la présomption. Elles oublient
sûrement que c’est lui qui tient le premier ce langage. Et sa parole est
certaine. Il y a toujours plus d’humilité à se laisser guider par sa parole que
par nos propres pensées. Nous l’aimons, c’est vrai, mais parce que lui nous a
aimés le premier. Nous ne devançons jamais Christ. Il crée en nous le désir
qu’il veut prévenir, l’amour qu’il veut satisfaire, la foi à laquelle il veut
répondre. Tout ce qui nous est donné de bon et tout don parfait vient d’en
haut ; et c’est le Saint Esprit qui l’implante dans notre âme, par la
Parole.
Soyons donc assurés que Christ est à nous par le don gratuit de Dieu, à nous par le don qu’il a fait de lui-même, de sorte que c’est en toute humilité que nous pouvons dire : « Christ est à moi, mon bien-aimé est à moi ! »
« Et je suis à lui
». L’épouse sait très bien qu’elle appartient à son
bien-aimé. Il l’a souvent assurée de cette précieuse vérité. Il s’adresse
directement à elle : « Mon amie, ma
colombe, ma parfaite
». Le
chrétien ne dépend que de Christ, et c’est à lui
seul qu’il est assujetti. « Que personne
donc ne se glorifie dans les hommes,
dit l’apôtre, car toutes choses sont à vous, soit Paul, soit Apollos, soit Céphas,
soit monde, soit vie, soit mort, soit choses présentes, soit choses à
venir : toutes choses sont à vous, et vous à Christ, et Christ à Dieu
»
(1 Corinthiens 3:21-22).
Toutes ces choses ne nous dominent plus. La mort elle-même a perdu son pouvoir. Elle ne peut plus nous considérer comme sa proie, le monde ne peut plus se vanter de ce que nous lui appartenions, l’Ennemi dire que nous sommes à lui. Cette précieuse parole : vous êtes à Christ, met tout en ordre.
Il paît son troupeau parmi les lis. C’est là qu’on le trouve, c’est là au milieu des siens qu’il trouve son plaisir, sa satisfaction, ses délices.
La parfaite assurance de l’amour du bien-aimé, et la jouissance de sa présence par la foi, accroît le désir de voir luire le jour de sa gloire. Il sera la réalisation de tous les types et de toutes les ombres ; son apparition les fera disparaître. Car nous le verrons tel qu’il est. Pour Israël, les premiers rayons du soleil de justice chasseront à jamais les ténèbres de la nuit, l’hiver est passé, les fleurs paraissent, on commence à entendre le chant des oiseaux.
L’exercice de la foi et de
l’espérance dans ces deux versets est admirable et instructif. En réponse à la
description que l’époux a faite du glorieux jour millénial et de la place que
sa bien-aimée occupe dans son coeur, (versets 10-15), elle exprime ainsi sa
foi : « Mon bien-aimé est à moi, et
je suis à lui
», et son espérance : « Jusqu’à ce que l’aube se lève et que les ombres fuient
». Le jour de
la gloire est proche, elle sait que l’éclat du matin dissipera toute ombre. « Il
est
comme la lumière du matin, quand
le soleil se lève, un matin sans nuages : par sa clarté, l’herbe tendre
germe de la terre après la pluie
» (2 Samuel 23:4). En attendant l’aurore de
ce jour béni, elle prie son bien-aimé de demeurer avec elle. Elle désire
ardemment jouir de sa présence, des consolations et du soutien que lui procure
son amour, jusqu’à ce qu’il apparaisse lui-même en gloire. Elle s’attache à la
personne de son bien-aimé. Heureux fruit d’une foi ferme qui s’attache à sa
Parole et d’une espérance vivante qui épie la première lueur du matin.
Elle est
encore dans le désert, en butte aux épreuves ; son sentier est difficile,
dans un pays où les montagnes et les vallées alternent. Il lui tarde que son
bien-aimé vienne, avec la promptitude de la gazelle ou du faon des biches sur
les montagnes. Un rayon de sa gloire frappera de terreur les ennemis de son
peuple. Ses rachetés « retourneront et
viendront à Sion avec des chants de triomphe ; et une joie éternelle sera
sur leur tête ; ils obtiendront l’allégresse et la joie, et le chagrin et
le gémissement s’enfuiront
» (Ésaïe 35:10). « La gloire de l’Éternel sera révélée, et toute chair ensemble la
verra ; car la bouche de l’Éternel a parlé
» (Ésaïe 40:5).
Soupirons-nous après sa venue, demandant d’être constamment maintenus dans sa présence, jusqu’à ce qu’il vienne ?
L’heure qui précède l’aurore
est la plus froide et la plus sombre de la nuit. Le résidu devra traverser
cette heure. « C’est le temps de la
détresse pour Jacob, mais il en sera sauvé
» (Jérémie 30:7). La première
lueur du matin sera, pour le résidu qui attend et qui prie, le signal de la
délivrance, de la destruction de ses orgueilleux
oppresseurs.
Sache
également ceci, dit l’apôtre, écrivant pour l’Église : « que dans les derniers jours, il surviendra
des temps fâcheux
» (2 Timothée
3:1). Heureux ceux qui tiennent ferme sa Parole, suivent le Seigneur et
attendent sa venue ! Supportons la veille, prions ; le matin va se
lever ; la sentinelle vigilante demeure sur la tour. Bienheureux ceux qui
verront apparaître l’aurore
« Mais vous, bien-aimés, vous édifiant
vous-mêmes sur votre très sainte foi, priant par le Saint Esprit,
conservez-vous dans l’amour de Dieu, attendant la miséricorde de notre Seigneur
Jésus Christ, pour la vie éternelle
» (Jude
20-21).
L’épouse
pense a celui qui amène avec lui la lumière du jour. Mais elle a perdu la
jouissance de sa communion. Sa conscience n’est pas endormie, son affection est
réelle : « J’ai cherché celui
qu’aime mon âme
». Et pourtant elle est
malheureuse, affligée. D’où lui vient cette tristesse ? Comment concilier
ces sentiments contraires ? Tout vient de ce que les pensées de l’épouse
n’ont pas eu pour seul objet le bien-aimé. On peut trouver d’autres motifs
apparents, mais en réalité le regard de l’épouse s’est porté sur d’autres objets,
et maintenant, elle est malheureuse.
L’ennemi veut toujours accomplir ses desseins et peu lui importe le côté vers lequel nos regards se dirigent, pourvu seulement qu’ils se détournent de Christ. Nous pouvons même être occupés de bonnes choses : de l’oeuvre du Seigneur, de la communion des saints, de l’évangélisation. Mais ces choses peuvent usurper la place qui appartient à Christ et devenir l’objet dominant du coeur. On peut aussi s’occuper de soi-même ou s’attacher au monde. Il en résultera une grande faiblesse.
Quelques-uns se contentent d’un tel état en disant que c’est le Seigneur qui leur cache sa face, qu’il veut ainsi nous éprouver et ranimer notre amour pour lui. Mais rien ne prouve que le bien-aimé ait recours à de tels moyens. Ici, la bien-aimée peut changer. Lui demeure le même.
Si notre communion avec Christ s’affaiblit, les motifs en sont uniquement de notre côté. Soyons persuadés que le Seigneur nous donnera tous les témoignages possibles de son amour, et, aussi longtemps qu’il sera le centre de notre vie, la lumière, l’amour, la paix et la joie rempliront notre âme.
Retenons des expériences de
l’épouse que seule la personne du Seigneur peut satisfaire les aspirations du
nouvel homme. « Avez-vous vu celui qu’aime mon âme », c’est le cri de celui qui
appartient à Christ. Un oeil simple ne se porte pas sur deux objets à la fois.
Durant la nuit, l’épouse s’est occupée d’autre chose que de son bien-aimé.
Peut-être songeait-elle à la solitude, aux fatigues de la route ;
peut-être entrevoyait-elle par anticipation les splendeurs de l’aurore prête à
paraître ; mais ce n’était pas Christ lui-même qui remplissait ses pensées
comme au temps où elle s’écriait : « Mon
bien-aimé est pour moi un bouquet de myrrhe ; il passera la nuit entre mes
seins
». Alors la paix inondait son âme, elle répandait autour d’elle le
doux parfum de Son nom. Maintenant elle est manifestement agitée et troublée.
L’épouse se lève de ce lit où elle n’a pas trouvé le repos. Elle secoue sa nonchalance ; son langage est celui de l’amour. Mais ce n’est pas dans les rues et les places de la ville, où les gardes sont chargés de maintenir l’ordre, que peut se trouver son bien-aimé. Il paît son troupeau parmi les lis. Elle aurait dû s’en souvenir et nous devrions toujours aussi en être convaincus : les traces du troupeau, les habitations des bergers, la montagne de la myrrhe, la colline de l’encens, le jardin, les aromates, les champs, sont les lieux de prédilection de l’époux, et c’est là qu’il se tient. C’est pourquoi, si l’inaction de l’épouse est coupable, l’activité qu’elle déploie ensuite est dans une mauvaise direction. Admirons cependant la ferveur de son amour, sa sincérité. Dans ces versets, elle parle à quatre reprises de celui qu’aime son âme.
La tendresse de l’épouse pour son bien-aimé est telle que rien d’autre ne peut satisfaire ses besoins. Elle le cherche, lui, son Seigneur et rien d’autre au monde ne peut le remplacer. Seul l’amour du Rédempteur peut satisfaire l’amour de l’épouse. Le Seigneur est l’objet et le centre de tous les rachetés, comme il l’est des pensées de Dieu.
C’est une réelle bénédiction lorsque Christ est le seul objet de notre esprit et de notre coeur.
D’où vient que parfois nous n’ayons pas de paix et de joie ? Tout simplement parce que Christ n’a plus la place qui lui appartient. Si quelque chose s’interpose, le Saint Esprit est attristé. C’est sur le sein du bien-aimé que l’épouse trouve son bonheur.
Grande est la joie de la Sulamithe, lorsqu’elle trouve son bien-aimé, elle, la pauvre et faible créature errante. Je l’ai trouvé, dit-elle, Celui qui est la source de toute joie, de toute bénédiction. Elle est récompensée de son ardente recherche. Il en est toujours ainsi. Si nous sommes réellement tournés vers le Seigneur, nous le trouverons bientôt. Il prendra plaisir à se révéler à ceux qui aiment, comme il le fit pour Marie. Elle le voit, elle le saisit, elle ne le lâchera point qu’elle ne l’ait amené dans la maison de sa mère.
Mais si grande que soit sa joie, c’est peu de chose par comparaison avec celle du Bien-aimé. Si nous avons perdu celui que nous aimons, notre douleur et notre joie de le retrouver, sont proportionnées à notre amour pour lui. Vérité précieuse quand on l’applique à Christ ! Il nous a aimés jusqu’à la mort et la mort de la croix. Voilà qui montre l’étendue de ses affections.
Quelle différence entre la joie du père et celle du fils prodigue, quand ils se rencontrèrent ! Et il en est toujours ainsi, entre le Seigneur et les siens : « Ô Sauveur tout-puissant, que ton amour est grand ! » Combien nous devrions être vigilants de crainte d’errer et de l’attrister !
Que faut-il entendre par la
maison de la mère ? Les prophéties d’Osée nous fournissent une
réponse : « Dites à vos frères : Ammi et à vos soeurs : Rukhama. Plaidez
contre votre mère…
» (Osée
2:1-2). Israël, en tant que nation, est la mère. Et quand les relations
longtemps interrompues de l’Éternel avec son peuple seront rétablies, il
sera dans la maison de la mère.
L’épouse, ou le résidu fidèle de la nation, connaissant l’amour de son époux, se tournera pleinement vers lui. Il ne pouvait y avoir pour la Sulamithe de lieu de repos jusqu’à ce qu’elle eût trouvé son Bien-aimé. Et maintenant, elle trouve un parfait repos dans son amour immuable.
Nous avons déjà considéré cette adjuration en
méditant le chapitre 2 verset 7. Elle se retrouve encore chapitre 8:4, et chaque fois
qu’elle intervient, la venue du Seigneur suit immédiatement. Au chapitre 2:7,
c’est la révélation de sa personne : « La
voix de mon bien-aimé ! le voici qui vient
». C’est de lui qu’il est
ici question. Au chapitre 3:11, c’est du Messie qu’il est question. Il vient en
cortège royal, comme le vrai Salomon, couronné roi d’Israël par la nation. « Sortez, filles de Sion, et voyez le roi
Salomon, avec la couronne dont sa mère l’a couronné au jour de ses fiançailles,
et au jour de la joie de son coeur
». Le chapitre 8:5 montre l’épouse
quittant le désert unie à l’époux. Le progrès est manifeste. « Qui est
celle-ci qui monte au désert, s’appuyant
sur son bien-aimé ?
»
C’est là tout ce que le coeur désire : Être avec Christ — un avec lui — et semblable à lui, c’est la parfaite et éternelle bénédiction des siens.
La fin du chapitre, à partir de ce verset, nous présente le tableau prophétique de la venue de l’époux montant du désert avec son épouse.
Les Juifs ne seront pas
enlevés comme l’Église, à la rencontre du Seigneur, en l’air. Le Seigneur
viendra où ils se trouveront. L’Esprit de prophétie nous apprend qu’ils seront
d’abord ensemble dans le désert. C’est là qu’il se révèle dans son amour
immuable, comme le vrai Messie : « Voici, je
l’attirerai, je la mènerai au désert, et je lui parlerai au coeur
»
(Osée 2:14). « Et les deux ailes du grand
aigle furent données à la femme (au résidu juif), afin qu’elle s’envolât dans
le désert, en son lieu, où elle est nourrie un temps, et des temps, et la
moitié d’un temps, loin de la face du serpent
» (Apocalypse 12:14).
Mais, à l’heure où s’accomplira la prophétie que nous méditons, ces temps se seront écoulés. Dans ces années si remplies, des événements solennels se seront rapidement succédés. Le serpent ancien aura été jeté dans l’abîme, la bête et le faux prophète l’auront été dans l’étang de feu, et les nations rebelles auront été jugées. Le balai de la destruction (Ésaïe 14:23) aura emporté l’empire de la Bête. Ce dont l’homme est capable a été pleinement démontré. Christ vient prendre pour Dieu sur la terre, la place du Témoin fidèle et véritable. La scène est purifiée, le trône du fils de David, du prince de paix est établi ; et l’épouse du roi, avec les honneurs royaux, est amenée du lieu où elle était cachée au désert. Glorieux spectacle ! Le jour paraît. Le soleil levant inonde le pays de ses rayons. Jérusalem est remplie de joie. Et d’un commun accord tous s’écrient désormais, sans que le cri expire aussitôt comme jadis sur leurs lèvres : Hosanna ! Béni soit Celui qui vient au nom du Seigneur !
Le cortège royal s’avance. Le désert est pour toujours laissé derrière. Nous pouvons voir au verset 6 la description des grâces qui ornent l’épouse, la fumée d’encens et les drogues aromatiques, symboles de la louange, de l’action de grâce et des autres fruits de l’Esprit.
Ces versets
mettent plus particulièrement en évidence les dignités et les gloires du roi.
Le palanquin est l’ouvrage du roi lui-même. « Le roi Salomon s’est fait un
palanquin de bois du Liban
». Christ
pourvoit à tout et prépare tout pour les siens Nous n’avons rien à faire, qu’à
jouir de ce qu’il a fait. Le bois de cèdre est le symbole de ce qui est
incorruptible et de bonne odeur ; les colonnes, de la force ;
l’argent, de la rédemption ; l’or, de la justice divine ; la pourpre,
de la royauté. L’amour est la source de tout ; Dieu est amour. Les filles
de Jérusalem et les filles de Sion font allusion aux villes et aux tribus
d’Israël. L’amour divin a frayé la voie à la gloire du millénium.
Dès que
la femme eut touché le bord du vêtement de Jésus, la puissance qui est en lui
déploya son efficace en elle (Marc 5). La foi ne toucha pas seulement le bord
du vêtement du Seigneur, elle fit appel aussi à ses compassions que la foi
seule pouvait atteindre ; et tous les trésors divins lui furent ouverts.
L’effet est parfait et immédiat. « Aussitôt son flux de sang tarit ; et
elle connut en son corps qu’elle était guérie du fléau
» (Verset 29). Elle
tomba aux pieds de Jésus effrayée et toute tremblante.
Dans son besoin elle éprouve la puissance de Christ. Mais elle ignore l’étendue de son amour. Il ne refuse rien à la foi. Le repos de l’âme se trouve dans la connaissance de celui qui a tout donné pour nous acquérir. Alors nous goûtons un plein repos dans son amour.
« Et il regardait tout à
l’entour pour voir celle qui avait fait cela
» Quel amour ! Son coeur
tressaille de joie ! Les oeuvres de Satan sont détruites, Dieu est
glorifié ; la grâce brille et la foi triomphe. Il se révèle et remplit le
coeur de cette femme de la paix et de la joie de la délivrance. « Ma fille
»
— expression de la relation la plus intime — « ta foi t’a guérie ; va en
paix, et sois guérie de ton fléau
» (Marc 5:3-11).
Ici, dans le Cantique des
Cantiques, le bien-aimé révèle à celle qu’il aime, ses pensées à son sujet, la
beauté sans égale qu’elle a à ses yeux. Retenons les paroles que l’époux a
choisies pour exprimer l’admiration que lui inspire son épouse ! Il
s’assied, pour ainsi dire, et contemple avec ravissement chacun de ses traits.
« Tu m’as ravi le coeur, ma soeur, ma fiancée
». Ces paroles inondent
l’âme d’une joie paisible. Elles sont le fondement béni de la communion la plus
intime.
L’époux énumère ensuite sept
traits particuliers de sa beauté : Tu es toute belle, mon amie, et en toi
il n’y a point de défaut. Ce nombre sept suggère l’idée de quelque chose
d’accompli, de parfait. Le croyant aussi est parfait en Christ. Nous avons
dépouillé le vieil homme, et revêtu « le nouvel homme, créé selon Dieu, en
justice et sainteté de la vérité
» (Éphésiens 4:22-24).
Considérons rapidement chacun
de ces sept traits. « Tes yeux sont des colombes derrière ton voile
».
Selon la loi, la colombe était un oiseau pur ; un des seuls à être offerts
en sacrifice sur l’autel de Dieu ; elle est l’emblème de l’humilité, de
l’innocence. Elle montre un attachement extraordinaire à son colombier. « Tes
yeux sont des colombes
». L’oeil est souvent employé dans l’Écriture en
relation avec la lumière et l’intelligence spirituelles. « Si donc ton oeil
est simple, ton corps tout entier sera plein de lumière
» (Matthieu 6:22).
Emportée loin de sa demeure, la colombe s’élève très haut, prend rapidement son
vol pour retourner à son colombier. Oh ! que n’avons-nous une telle vision
pour oublier les choses qui sont derrière et tendre avec effort vers celles qui
sont devant, après avoir contemplé, par la foi, Christ ressuscité et exalté
dans la gloire ! « Fixant les yeux sur Jésus, le chef et le consommateur
de la foi
» (Hébreux 12:2). Le bien-aimé est ravi en voyant les yeux de
l’épouse, tels des colombes, derrière son voile.
Il y a une pensée de profusion et d’unité dans cette image. Une longue chevelure, nous dit aussi l’Apôtre, est un voile, et une gloire pour la femme (1 Corinthiens 11:15).
Peut-être pouvons-nous voir dans cette comparaison une allusion aux longs cheveux du nazaréen, type de la puissance dans l’Esprit. Tout croyant doit être un nazaréen pour Dieu. La force du croyant se trouve dans une sainte séparation du monde. Soyons vigilants pour marcher avec prière dans la communion avec Christ et la puissance du Saint Esprit.
Les brebis tondues peuvent nous faire penser à un coeur délivré des entraves naturelles, tandis que ce trait : « qui montent du lavoir », nous présenterait la pureté. La brebis a été lavée à la source qui ôte toutes les souillures. L’épouse désormais peut manger le pain de vie et du vieux blé du pays. Il n’y a pas de vieillissement, elle est dans la force de l’âge. Elle se nourrit du Messie ressuscité, exalté et glorifié. Aux yeux du Seigneur, il y a dans celle qu’il aime harmonie, pureté, fécondité, rien ne manque.
Les paroles du croyant devraient être comme le fleuve de la grâce de Dieu qui coule à travers ce monde, et prend sa source dans le sacrifice de Christ à la croix. N’oublions jamais ce qu’il en a coûté à Christ, pour que nous fussions saints et irréprochables devant lui, et que nos paroles empreintes de grâce et de vérité puissent être agréables à notre bien-aimé et utiles pour ceux qui nous entourent (Proverbes 10:21).
La triste condition morale de l’homme dans ses péchés transparaît dans ses paroles, même si elles sont formulées de manière aimable.
Dans une vision, Ésaïe voit
la gloire du Seigneur, et voit son état moral devant Dieu. Il s’écrie
alors :
« Malheur à moi ! car je suis perdu ; car moi, je suis un homme
aux lèvres impures ; car mes yeux ont vu le roi, l’Éternel des armées. Et
l’un des séraphins vola vers moi ; et il avait en sa main un charbon
ardent qu’il avait pris de dessus l’autel avec des pincettes ; et il en
toucha ma bouche et dit : Voici, ceci a touché tes lèvres ; et ton
iniquité est ôtée, et propitiation est faite pour ton péché
» (Ésaïe 6:5-7).
Quel changement si nous
sommes sauvés. Gardons nos lèvres de tout ce qui gâterait leur pureté aux yeux
du Seigneur, et aussi devant les hommes (Colossiens 3:8). « Que votre parole,
dit l’apôtre, soit
toujours dans un esprit de grâce, assaisonnée de sel, afin que vous sachiez
comment vous devez répondre à chacun
» (Colossiens 4:6). Désormais le Saint
Esprit produit le fruit des lèvres qui confessent le nom de Christ (Hébreux
13:15).
Cette comparaison suggère
l’idée de modestie et de pudeur, heureux changement pour la maison d’Israël
dont nous parle l’épouse ! Il fut un temps où le Seigneur devait dire de
son peuple terrestre : « Parce que je
savais que tu es obstiné, et que ton cou est une barre de fer, et ton front,
d’airain
» (Ésaïe 48:4). Mais la grâce
opérera et le Seigneur pourra voir dans celle qu’il aime, la douceur et
l’humilité. Même l’éclat de ses joues sera caché derrière son voile. « Ta joue est comme un quartier de grenade
derrière ton voile
». Faisons en sorte que notre parure soit « l’homme caché du coeur, dans
l’incorruptibilité d’un esprit doux et paisible qui est d’un grand prix devant
Dieu
» (1 Pierre 3:3,4).
L’arsenal
de David était orné des trophées de ses victoires. L’Éternel l’avait délivré de
la main de tous ses ennemis et de la main de Saül. Il avait soumis ses ennemis
de tous côtés, et le chemin était préparé pour un règne de paix du temps de
Salomon son fils. Mais qu’étaient ces victoires comparées à celles de
Christ ? Tout le livre de Dieu peut être considéré comme les annales des
victoires de Christ. Le cou de l’épouse, pareil à une tour, entouré de nombreux
joyaux, symbolise les trophées qu’il a remportés dans le pays de Juda. Il est
parlé d’Israël comme d’un peuple de cou roide marchant avec impudence, avec le
joug de la transgression sur son cou. De telles figures dénotent un triste état
moral. Mais, par la grâce du Seigneur, le changement sera complet, le triomphe
de son amour parfait. L’esclavage de l’iniquité sera brisé de dessus la fille
de Sion. Au lieu d’être obstinée, et semblable à une barre de fer, elle sera
belle, gracieuse et imposante comme la tour de David. « Réveille-toi, réveille-toi, revêts-toi de ta force, Sion !
Revêts-toi de tes vêtements de parure, Jérusalem, ville sainte ! Secoue de
toi la poussière, lève-toi, assieds-toi, Jérusalem ; délivre-toi des
chaînes de ton cou, captive, fille de Sion !
» Le Seigneur prend
plaisir à contempler le cou de son épouse — chargé de colliers glorieux
destinés au cou de ceux qui partagent le butin. La liberté et le parfait
bonheur de son peuple rappelleront à toujours les victoires de son amour (Voir
Ésaïe 52:1-2).
Ce trait gracieux, le septième, symbolise l’unité et ce qui est nécessaire à la croissance. Le contraste entre l’épouse et la petite soeur du chapitre 8:8 est instructif. Nous avons une petite soeur qui n’a pas encore de seins. Quelques-uns ont pensé que le développement parfait de l’épouse et le caractère infantile de la petite soeur, représentent la condition morale respective de Juda et d’Éphraïm, autrement dit des deux tribus et des dix. Cette différence sera manifeste, quand les douze tribus seront réunies. Mais les dix tribus n’en jouiront pas moins des résultats bénis de l’oeuvre accomplie, quoique Éphraïm n’ait pas partagé les profonds exercices par lesquels Juda sera passé en rapport avec le Messie, et le développement moral qui en sera le fruit. C’est durant la captivité des dix tribus que Christ est venu au milieu de son peuple, a été rejeté et crucifié ; et c’est avant qu’elles soient assemblées de tous les pays et ramenées dans leur terre, qu’il se fera connaître à Juda, venant à nouveau en puissance et en gloire. Au retour du Messie, le résidu sera composé essentiellement de la tribu de Juda. Les deux faons jumeaux d’une gazelle représentent l’unité d’esprit et de coeur qui prévaudra désormais parmi tout Israël quant à leur Messie si longtemps attendu. En paissant parmi les lis, ils trouveront maintenant leurs délices là où lui trouvera les siennes. « Il paît parmi les lis ». Ce qui attire le coeur, ce qui forme nos affections, c’est ce que le Saint Esprit nous communique à l’égard de Christ. Puissions-nous désirer avoir une plus juste appréciation de son amour !
Juda deviendra ainsi
l’instrument de la bénédiction, pour toutes les nations de la terre. « Réjouissez-vous
avec Jérusalem, et égayez-vous à cause d’elle, vous tous qui l’aimez ;
tressaillez de joie avec elle, vous tous qui menez deuil sur elle ; parce
que vous tetterez et serez rassasiés du sein de ses consolations, parce que
vous sucerez et que vous vous délecterez de l’abondance de sa gloire. Car ainsi
dit l’Éternel : Voici, j’étends sur elle la paix comme une rivière, et la
gloire des nations comme un torrent qui se déborde ; et vous tetterez,
vous serez portés sur les bras et caressés sur les genoux. Comme quelqu’un que
sa mère console, ainsi moi, je vous consolerai, et vous serez consolés dans
Jérusalem
» (Ésaïe 66:10-13).
En
attendant l’épanouissement complet des beautés de l’épouse, l’époux se retire
selon les conseils de Dieu, sur la montagne de la myrrhe et la colline de
l’encens. Et c’est de là qu’il adresse à l’épouse cette touchante parole :
« Tu
e
s toute belle, mon amie, et en toi il n’y a point de défaut
».
Nous pouvons quelquefois, dans notre égarement, nous trouver plus près que nous ne le pensons de la tanière des lions, et n’avoir pourtant aucune conscience du danger. Nos plus mortels ennemis peuvent être cachés sous tout ce qui, naturellement, attire et charme le coeur. Le Liban, comme type, se lie à l’idée d’une plus grande élévation terrestre. Mais, ce qui exerce sur l’oeil un tel pouvoir de fascination, ce qui enchante les sens, abrite aussi le lion dévorant et le cruel léopard. Ce lieu, du fait même de sa richesse et de sa beauté, peut servir de cachette à l’Ennemi. Charmé par les scènes magnifiques que le Liban et l’Hermon découvrent à ses yeux, le voyageur pourrait être tenté de s’arrêter jusqu’à ce qu’il soit trop tard pour gagner la plaine en toute sécurité.
Il faut nous souvenir que les
plus belles scènes terrestres sont infestées d’ennemis plus subtils et plus
dangereux que les lions et les léopards du Liban. « Pèse le chemin de tes pieds, et
que toutes tes voies soient bien réglées
» (Proverbes 4:26).
Apprenons à connaître notre faiblesse, nos penchants personnels. Certains sont
détournés par la recherche de la conformité au monde ; d’autres, par la lecture
de livres qui fascinent l’esprit, mais dessèchent l’âme ; un grand nombre,
hélas ! sont pris au piège en suivant leur propre volonté et la voie qui
semble droite à leurs yeux, tout cela mène à la tanière des lions, aux
montagnes des léopards, à des expériences ou des occupations d’un danger
certain pour l’âme. Il n’y a qu’un Oeil qui puisse découvrir le piège — une
seule Voix qui puisse nous garder loin de ces endroits périlleux : Du
sommet de l’Amana, du sommet du Senir et de l’Hermon, l’amour divin nous
invite : regardez vers moi.
Rien de plus beau et de plus touchant que la manière dont le Bien-aimé cherche ici à éloigner l’épouse du danger. Viens avec moi, tel est le langage de sa tendresse incomparable. Il ne dit point : Va ! dépêche-toi de fuir, le danger est proche, tu es tout près du repaire des lions. Mais il dit : Viens, viens avec moi du Liban, ma fiancée, viens avec moi du Liban. Quelle grâce est contenue dans ce mot, Viens. Il montre toute sa sollicitude.
Dieu
s’adresse dans les mêmes termes à la maison rebelle d’Israël : « Venez et
plaidons ensemble
» (Ésaïe 1:18). Israël,
ayant obéi à son invitation de venir, il ne leur fait point de reproche, mais
leur dit avec douceur : « Si vos
péchés
sont comme le cramoisi, ils deviendront
blancs comme la neige ; s’ils sont rouges comme l’écarlate, ils seront
comme la laine
» (Ésaïe 1:18). Heureuse
manière de parler à un pécheur coupable ! Le Seigneur seul peut agir
ainsi. Il dit encore : « Venez
à moi, vous tous qui vous fatiguez et qui êtes chargés, et moi, je vous
donnerai du repos
» (Matthieu 11:20). Dès
que la foi saisit cette parole, le repos est assuré. Qui n’a admiré aussi la
beauté de la dernière page de l’Écriture avec ses appels réitérés, « Et l’Esprit et l’épouse disent : Viens.
Et que celui qui entend dise : Viens. Et que celui
qui a soif vienne ; que celui qui veut prenne gratuitement de l’eau de la
vie
» (Apocalypse 22:17).
Mais à
son tendre appel, l’époux ajoute deux mots qui sont pour le racheté la source
d’une joie profonde : Avec moi. Si nous sommes dans sa compagnie, le coeur
est rempli de confiance, quelles que soient les circonstances. Si le lion
rugit, nous pourrions bien être remplis d’effroi, n’ayant aucune force pour lui
résister. Mais ces mots : « Viens avec moi
» répondent à tout ce dont nous avons besoin. Avec lui la bien-aimée est
parfaitement en sécurité, aussi long que soit le chemin à parcourir, quel que
puisse être le danger. Ces mots montrent tout le plaisir qu’il éprouve dans la
compagnie de l’épouse. Il trouve aussi ses délices dans les rachetés.
L’Assemblée est en quelque sorte utile à la pleine manifestation de sa gloire
et la réponse pour l’éternité aux aspirations de son coeur. Il a été donné
comme « chef sur toutes choses à l’assemblée, qui est son corps, la plénitude de
celui qui remplit tout en tous » (Éphésiens 1:22-23).
À la
fille de Sion, une autre parole est adressée : « Écoute,
fille ! et vois, et incline ton oreille : et oublie ton peuple et la
maison de ton père. Et le Roi désirera ta beauté, car il est ton
Seigneur : adore-le
» (Psaume
45:10-11). Ce Psaume s’appliquera avec une puissance divine au résidu, quand le
Seigneur reviendra pour régner, qu’Israël sera béni sur la terre, dans le pays
d’Emmanuel.
L’époux est entièrement occupé de celle qu’il chérit. C’est dans la beauté et l’amour de l’épouse qu’il trouve ses délices. Tout à l’heure, il verra en elle les fruits du travail de son âme, et il en sera satisfait (Ésaïe 53:11).
Il déclare : Tu m’as ravi le coeur. Vérité étonnante ! Christ est ainsi ravi par des pécheurs sauvés par grâce, lavés de leurs péchés dans son sang précieux, et qu’il a lui-même ornés de ses perfections.
Ici, l’époux parle de sa soeur, de sa fiancée. Relation bénie dont il jouit pleinement mais qu’elle réalise peu encore.
Tout naturellement une question se pose : Comment se fait-il que nous trouvions dans le Cantique des Cantiques une expression de l’amour de Christ pour le résidu, qui peut paraître plus complète, plus détaillée que celle que les épîtres nous donnent de son amour pour l’Assemblée, l’épouse céleste de Christ ?
On doit d’abord considérer dans un sens le Cantique des Cantiques comme la révélation de l’amour parfait de Christ envers les saints, qu’ils soient juifs ou chrétiens, que leur appel soit pour la terre ou pour le ciel. C’est sous la figure de l’amour qui unit l’épouse et l’époux, que ses affections sont présentées ici. Le roi Salomon, en son jour, a été comme une faible anticipation de la gloire milléniale et de ces réalités bénies. Mais les paroles de l’Époux dans le Cantique des Cantiques, ont une application morale utile pour le chrétien.
Rappelons les remarques déjà évoquées dans la préface, elles sont utiles pour l’étude de ce livre.
Le Cantique des Cantiques décrit les affections que le Roi peut créer dans le coeur du Résidu et par lesquelles il l’attire à lui. Quelle qu’en soit la force, elles ne sont pas comparables aux affections chrétiennes. Elles n’ont ni le calme, ni la douceur d’une affection découlant d’une relation formée, déjà connue et pleinement appréciée, dont le lien est indissoluble. Ce dernier caractère d’affection est propre à l’Église. Quoique les noces de l’Agneau ne soient pas encore venues, à cause de la révélation qui nous en a été faite, nous pouvons déjà en jouir. Grâces et gloire en soient rendues à Dieu !
Il y a dans le Cantique des
Cantiques une grande différence entre la position du Juif relativement à
Christ, et celle du chrétien dans les épîtres. Il est nécessaire de nous en
souvenir, sinon nous appliquerons à l’Église ce qui se rapporte à Israël, et à
Israël, ce qui appartient à l’Église. Nous connaissons la vérité de notre unité
avec Christ, comme ressuscité et glorifié. Celui qui est uni au Seigneur est un
seul esprit avec lui (1 Corinthiens 6:17). L’unité de vie et de position avec
Christ glorifié va bien au-delà des privilèges qui appartiennent au peuple
juif. Nous savons que nous sommes dès maintenant assis dans les lieux célestes
en Christ et scellés du Saint Esprit de la promesse, qui est les arrhes de
notre héritage pour la rédemption de la possession acquise (Éphésiens 1:13,
14). Mais, ce qui est tout aussi précieux, c’est que nous connaissons la
grandeur de son amour et le sacrifice par lequel il nous a introduits dans
cette position d’association éternelle avec lui. La question du péché a été
complètement réglée, et nous sommes parfaitement justifiés et agréables dans le
Bien-aimé. Notre relation est établie : nous attendons la gloire, les
noces de l’Agneau. Nous comptons sur sa promesse : « Oui, je viens bientôt
». « Car
encore très peu de temps, et celui qui vient viendra, et il ne tardera pas »
(Hébreux 10:37). Mais en attendant sa venue, nous goûtons, par la puissance du
Saint Esprit, les affections de son coeur qui témoignent d’une relation
ineffablement bénie, établie pour l’éternité.
En contraste, la position
d’Israël telle que l’esprit de prophétie la révèle dans le Cantique des
Cantiques, est bien différente, car dans ce livre, il s’agit de former des
affections pour le Bien-aimé. Le Résidu n’est pas encore entré pleinement dans
la connaissance de Christ, dans l’assurance de sa relation avec lui ; or,
c’est précisément ce que l’époux désire voir se réaliser. Il révèle, à celle
qu’il appelle « sa soeur, sa fiancée », ce qui est dans son coeur ; ainsi,
elle pourra connaître ses desseins. Il l’assure, avec insistance, de la beauté,
du prix qu’elle a pour lui ; et même après qu’elle ait failli, il lui
manifeste une affection qui ne saurait se laisser détourner de son objet.
L’épouse est stimulée par cette tendresse, ses affections deviennent plus
profondes : elle peut exalter le Bien-aimé au-dessus de tous les autres ;
elle réalise qu’il est un porte-bannière entre dix mille… « Toute sa
personne est désirable
». À mesure qu’elle saisit ce qui remplit le coeur de
l’Époux, elle s’attache à lui, elle saisit l’étendue de ses compassions. Le
Psaume 45 met de précieux résultats en évidence. Là, ceux qui forment le résidu
juif sont salués comme les compagnons du roi, et Jérusalem comme la reine parée
d’or d’Ophir. Alors, les nations lui apportent des présents et recherchent sa
faveur ; elle est désormais dans une relation des plus intimes avec le
roi, elle est introduite dans les palais d’ivoire.
Il est peut-être difficile de comprendre ce que le
Seigneur entend par ces mots. Il se peut que ce soit une allusion aux délices qu’il trouve
dans chaque croyant ou dans son peuple tout entier. Jamais il n’oublie aucun
racheté. Chacun d’entre eux a été aimé, sauvé et glorifié. Cette vérité est
enseignée en Luc 15, et Jean parle beaucoup aussi de notre bénédiction
individuelle, la famille de Dieu est son thème principal, comme l’Assemblée,
celui de Paul, et le voyage à travers le désert, celui de Pierre ;
pourtant c’est Paul qui peut dire : « le
Fils de Dieu qui m’a aimé et qui s’est livré lui-même pour moi
» (Galates
2:20) Il parle ici comme s’il était le seul que Christ ait aimé et pour lequel
il soit mort. La foi s’approprie ce que la grâce révèle et le racheté en jouit.
Tout ce que la grâce manifeste être en Christ la portion des enfants de Dieu,
la foi, elle, dit avec certitude : c’est à moi.
Dans la maison du Père chaque saint aura sa propre couronne : chacun recevra sa louange de la part de Dieu. Mais nous serons tous parfaits, heureux, dans la joie du Seigneur, et nous porterons tous son image.
Si nous réalisions mieux le prix que le Seigneur attache à notre amour pour lui, nous serions plus exclusivement occupés de lui ; l’amour engendre l’amour. Plus nous nous tiendrons près de lui, plus notre amour pour lui sera vif. Que notre foi se nourrisse de Christ. Notre attachement pour lui grandira et nous lui ressemblerons davantage.
L’amour
de sa fiancée lui est bien plus agréable que le vin, figure des joies
terrestres. Il n’est pas de senteur qu’il apprécie autant que l’odeur de ses
parfums. Ils surpassent pour lui tous les aromates. L’hospitalité de Simon
était peu de chose pour le Seigneur en comparaison de l’amour de celle qui se
tenait derrière et versait sur ses pieds le parfum du vase d’albâtre. Mais un
tel fruit de l’Esprit ne peut se former que dans la lumière de sa présence. Le
fruit et le parfum se trouvent dans les plantes exposées au soleil. Je suis la
lumière du monde, dit le Seigneur. « Celui
qui demeure en moi, et moi en lui, celui-là porte beaucoup de fruit ; car,
séparés de moi, vous ne pouvez rien faire
» (Jean 15:5).
Le miel est recueilli sur les fleurs. Ce devrait être l’habitude du chrétien d’apprendre quelque chose à toute occasion. Mais nous ressemblons trop au papillon, et pas assez à l’abeille. Le premier voltige un instant sur la fleur, et s’enfuit sans en avoir goûté la douceur, tandis que l’abeille butineuse suce le miel de la fleur. Et de cette manière, son rayon peu à peu se remplit. Il faut étudier soigneusement la Parole de Dieu et s’en pénétrer pour avoir aisément sous la langue les expressions appropriées au moment convenable. Le Seigneur est heureux de trouver chez l’épouse ce fruit de l’Esprit. Les gouttes que distille le rayon de miel suggèrent un choix attentif, en contraste avec la multitude de paroles dont parlent les Proverbes (10:19). Le Seigneur parle ici des fruits précieux de l’Esprit qui lui sont si agréables. Sur ses propres lèvres la grâce est répandue. Ses vêtements sont parfumés de myrrhe, d’aloès et de casse, quand il sort des palais d’ivoire ; et il trouve, pour sa joie, dans son épouse bien-aimée, la réponse à ce qu’il est lui-même.
Le Dieu
souverain, en établissant les limites des diverses nations de la terre, a donné
une place particulière à son peuple élu. « Quand
le Très-Haut partageait l’héritage aux nations, quand il séparait les fils
d’Adam, il établit les limites des peuples selon le nombre des fils d’Israël.
Car la portion de l’Éternel, c’est son peuple ; Jacob est le lot de son
héritage
» (Deutéronome 32:89). Ces versets de l’Écriture établissent avec
clarté la place qu’occupe Israël dans les pensées et les desseins de Dieu. La
terre d’Israël a déjà été le théâtre d’événements qui surpassent en importance
tous les autres ; et elle le sera encore.
Ce pays deviendra, au temps convenable, le centre de toutes les nations, de leur gloire et de leur louange ; Jérusalem, la ville bien-aimée, sera la métropole de toute la terre, le lieu de la bénédiction pour tous ceux qui y habiteront. La bannière de l’amour flottera alors sur ses remparts, signe certain que « l’Homme noble » a pris possession de son royaume.
Moïse eut le privilège avant
de mourir de contempler le Pays de beauté depuis le sommet du Pisga ;
l’Éternel lui-même le montra à son serviteur. Quelle grâce ! Quel honneur
accordé à Moïse ! « Je te l’ai fait
voir de tes yeux, mais tu n’y passeras pas
» (Deutéronome 34:4). Il put,
avant de s’endormir, admirer la future demeure du peuple racheté par
l’Éternel ; voir ses vallées fertiles, ses belles montagnes et ses plaines
bien arrosées. Voici dans quels termes, sous la direction du Saint Esprit, il
en fait la description. « Car l’Éternel
ton Dieu te fait entrer dans un bon pays, un pays de ruisseaux d’eau, de
sources, et d’eaux profondes, qui sourdent dans les vallées et dans les
montagnes ; un pays de froment, et d’orge, et de vignes, et de figuiers,
et de grenadiers, un pays d’oliviers à huile, et de miel ; un pays où tu
ne mangeras pas ton pain dans la pauvreté, où tu ne manqueras de rien ; un
pays dont les pierres sont du fer, et des montagnes duquel tu tailleras
l’airain
» (Deutéronome 8:7-9).
Les comparaisons de notre texte (Chapitre 4:12-14) sont empruntées aux productions, riches et variées, de Canaan. L’épouse est comparée ici à un jardin, à une source, à une fontaine ; elle est remplie de tout ce qui lui est agréable, de ce qui porte du fruit pour lui ; ce sont les grâces variées du Saint Esprit en elle : il y a abondance pour le Seigneur, de nard et de safran, de roseau odorant et de cinnamome, avec tous les arbres à encens, de myrrhe et d’aloès, avec tous les principaux aromates. Le jardin est, à juste titre, réputé pour la variété de ses fleurs, pour ses arbustes aromatiques, et ses plantes agréables ; le verger pour ses arbres portant des fruits délicieux, et quant à la fontaine, elle arrose l’ensemble. Tel doit être le peuple de Dieu pour Christ dans ce monde ! Sommes-nous pour le Seigneur comme un jardin agréable au milieu d’un désert stérile et aride ? Trouve-t-il en nous fraîcheur, croissance, fertilité, dans les choses de Dieu ? Le Seigneur peut-il venir dans le jardin de notre coeur et manger ses fruits exquis ?
Mais l’époux
décrit aussi son épouse comme un jardin clos, une source fermée, une fontaine
scellée. Elle est pour lui seul. Ses regards ne s’égarent pas sur un autre.
Elle est pleinement satisfaite de sa part. La joie remplit son âme : « Je suis à mon bien-aimé, et mon bien-aimé
est à moi ; il paît parmi les lis
». La fleur, le parfum, le fruit sont
pour lui seul. Son jardin est clos pour tous les autres ; le sceau royal
est apposé sur la fontaine du Roi ; les eaux vives n’en jaillissent que
pour lui. Aucun étranger ne peut toucher ce qui porte le sceau du roi. Le
solide fondement de Dieu demeure, ayant ce sceau : « Le Seigneur connaît ceux qui sont siens, et : Qu’il se retire de
l’iniquité, quiconque prononce le nom du Seigneur
» (2 Timothée 2:19). Il ne peut accepter un coeur partagé.
Ces expressions : clos, fermée, scellée suggèrent avec force la pensée de la séparation du croyant d’avec le monde, pour son Seigneur. Le chrétien s’y trouve comme serviteur de Christ, mais il n’en fait pas partie (Jean 17:14).
L’apôtre Paul pouvait dire : « Pour moi vivre, c’est Christ ». Christ était le motif de son activité, il était le but de sa course. On peut être ainsi séparé du monde, et pourtant servir le Seigneur dans le monde. Plus nous restons près de la source, plus nous pouvons devenir des canaux de bénédictions pour d’autres.
« Celui qui dit demeurer en lui, doit lui-même
aussi marcher comme lui a marché
» (1
Jean 2:6). Nous sommes responsables de marcher en chrétien. Chacun de
nous rendra compte pour lui-même à Dieu (Romains 14:10-12).
Comme bien des âmes sont en perplexité à l’égard du tribunal de Christ, nous désirons présenter quelques remarques à ce sujet. Aucun croyant ne peut venir en jugement. Il est passé de la mort à la vie (Jean 5:24). Il est associé à un Christ ressuscité ; il a la vie éternelle, et son acceptation est parfaite devant Dieu (Romains 8:1). Quand il comparaîtra devant le tribunal de Christ, il sera dans son corps de gloire ; il sera alors semblable à son bien-aimé Seigneur (Philippiens 3:21). Il est cohéritier de Christ et va partager sa gloire.
Ce sont
ses oeuvres, comme serviteur du Seigneur, qui seront toutes manifestées devant
le tribunal de Christ. D’où l’avertissement de l’apôtre : « Ainsi, mes
frères bien-aimés, soyez fermes, inébranlables, abondant toujours dans l’oeuvre
du Seigneur, sachant que votre travail n’est pas vain dans le Seigneur » (1
Corinthiens 15:58). « L’ouvrage de chacun
sera rendu manifeste, car le jour le fera connaître, parce qu’il est révélé en
feu ; et quel est l’ouvrage de chacun, le feu l’éprouvera
» (1 Corinthiens 3:13). Cette épreuve de
la qualité de nos oeuvres ne doit pas être envisagée comme un sujet d’effroi,
mais plutôt comme un privilège ; car alors nous connaîtrons à fond comme
aussi nous avons été connus, et chacun recevra sa louange de la part de Dieu.
Les voies
miséricordieuses du Seigneur à notre égard, malgré notre faiblesse, nos
nombreux manquements, seront révélées. « Nous serons
tous manifestés devant le tribunal du Christ, afin que chacun reçoive
les choses accomplies dans le corps, selon ce qu’il aura fait, soit bien, soit
mal
» (2 Corinthiens 5:10).
Quand tout le cours de notre vie sera dévoilé dans la parfaite lumière de Dieu
en Christ, notre appréciation sera conforme à la parfaite estimation de Dieu.
Tout ce qui aura été fait pour Christ, le fruit de sa grâce en nous, il l’approuvera et le récompensera. Tout ce qui aura été fait simplement avec notre énergie naturelle, ne saurait être reconnu, et sera une perte. Tout ce qui aura été produit par l’Esprit de Christ en nous, demeurera à toujours, comme de l’or, de l’argent, des pierres précieuses (1 Corinthiens 3:10-13, 4:1-5). Des services accomplis avec un esprit de renoncement, avec des motifs excellents, mais des moyens que l’Écriture ne sanctionne pas, seront alors appréciés avec une exactitude divine. Tout ce qu’il pourra reconnaître comme bon, le Seigneur le reconnaîtra et le récompensera abondamment. Le plus humble service fait pour lui sur la terre, ne sera point passé sous silence en ce jour-là. Chacun recevra la place que le Seigneur lui a préparée. On verra alors, dans la lumière de sa présence, cet amour qui toujours s’éleva au-dessus de notre indignité et manifesta sa grâce patiente, et on verra aussi les occasions dans lesquelles nous avons cherché, avec orgueil, à nous complaire à nous-mêmes, à nous élever, au lieu de servir le Seigneur Jésus, de l’exalter, et de faire de lui notre tout.
Nos âmes alors seront remplies, pendant l’éternité devant l’étendue de sa grâce, de louange et de la plus fervente adoration.
Le mot
vent est quelquefois employé, dans l’Écriture, en relation avec le Saint
Esprit. Ici le Seigneur parle, semble-t-il, des différentes opérations de
l’Esprit dans le coeur de son peuple bien-aimé. « Souffle dans
mon jardin, pour que ses aromates s’exhalent
! » Il y a dans sa vigne des aromates ; mais il faut une
intervention divine pour que leur parfum s’exhale. Le Bien-aimé vient précisément
de se promener dans son jardin, de considérer ses précieuses plantes et de les
nommer une à une.
Il les connaît bien. Il se souvient du moment où il a planté chacune d’entre elles, des soins qu’elle a reçus, et des fruits qu’elle porte (Voir Psaume 80:15 ; Ésaïe 61:3).
Mais parfois il règne sur toute la plantation un silence de mort, dont l’influence pernicieuse se fait sentir tant sur les vieilles plantes que sur les jeunes. Le riche parfum des branches balsamiques n’est point recueilli et emporté par la brise.
« Réveille-toi, nord, et viens, midi
» ; tel est l’ordre que donne alors le patient
Vigneron : « Souffle dans mon jardin
». Le souffle du vent du nord, ou les
brises du midi, peuvent servir à réveiller, à vivifier les saints du Seigneur,
à les faire sortir d’un triste état d’indolence. Le propriétaire du jardin
connaît parfaitement les besoins de toutes les plantes qui s’y trouvent, et il
tient dans sa main le souffle qui rafraîchît et le tourbillon qui balaie. Il
dispense, avec un soin parfait, à toutes ses fragiles et précieuses plantes,
dans la proportion convenable, le vent du nord et le vent du midi.
Encore très peu de temps, et elles seront toutes transplantées dans le paradis de Dieu. Là, le vent du nord, si perçant, de l’affliction et de la discipline, ne sera plus nécessaire. Il n’y aura rien dans ce lieu pour flétrir la feuille, brûler la fleur ou étouffer le fruit. Plantés auprès de Dieu, désaltérés sans cesse à la source de l’éternel amour, nous fleurirons et porterons du fruit, pour la joie du coeur de notre Père, à la gloire de notre Seigneur.
Puissions-nous toujours être
en état de dire : « que mon bien-aimé vienne dans son jardin, et qu’il mange ses fruits
exquis
». Ces mots sont les seuls que prononce l’épouse dans cet
admirable chapitre. Mais ce sont de précieuses paroles. « Mon bien-aimé
». Elle
est heureuse en présence de l’époux. Il est à elle, elle le sait ; elle en jouit. Mais lorsqu’elle parle du jardin, elle
l’appelle Son jardin à lui, et du fruit elle dit : « Ses fruits exquis
». Ailleurs, nous lisons : « Mon bien-aimé avait une vigne sur un coteau
fertile. Et il la fossoya, et en ôta les pierres, et la planta de ceps
exquis ; et il bâtit une tour au milieu d’elle, et y tailla aussi un
pressoir
» (Ésaïe 5:1-2). Il dit encore,
en parlant de ses soins pour cette vigne si stérile pour lui (mais il s’agit
alors d’Israël restauré) : « En
ce jour-là, il y aura une vigne de vin pur ; chantez à son sujet :
Moi, l’Éternel, j’en prends soin ; à tout moment, je l’arroserai ; de
peur qu’on ne la visite, j’en prendrai soin nuit et jour
» (Ésaïe 27:2-3).
Dans le
chapitre 15 de Jean, le Seigneur se compare au vrai cep, les siens aux
sarments, et son Père au cultivateur. Dieu voit son propre Fils bien-aimé
portant du fruit à sa gloire, et c’est vrai aussi des nombreux sarments en
relation vitale avec ce cep exquis ! C’est par leur union avec le Cep
qu’ils portent du fruit. Quelle joie pour le coeur du Père ! Il voit ces
sarments unis à son Fils « remplis du fruit de la justice, qui est par
Jésus Christ à la gloire et à la louange de Dieu
» (Philippiens 1:11). « En ceci
mon Père est glorifié, que vous portiez beaucoup de fruit
» (Jean 15:8).
Outre ces
réflexions pratiques sur les vents du nord et du midi, remarquons aussi la
fréquente allusion que font les écrits prophétiques au roi du nord et au roi du
midi. Ces rois, l’un au nord et l’autre au midi de la Palestine, sont souvent
mêlés à l’histoire d’Israël. Aussi l’Esprit de Dieu nous donne d’intéressants
détails sur leur histoire (voir Daniel 11). Touchant l’avenir, il est écrit (v.
40,41) : « Et, au temps de la fin, le roi du midi heurtera contre lui
(l’Antichrist règne alors dans le pays), et le roi du nord fondra sur lui
(l’Antichrist)
comme une tempête, avec des chars
et des cavaliers, et avec beaucoup de navires, et entrera dans les pays et
inondera, et passera outre : et il viendra dans le pays de beauté, et
plusieurs pays tomberont
». La longue,
ténébreuse nuit de la dispersion d’Israël sera presque finie. Le dernier et
puissant roi du nord viendra à sa fin sur la montagne de sainte beauté, et il
n’y aura personne pour le secourir. L’Antichrist et ses alliés seront
finalement détruits, Israël pleinement restauré. L’Éternel seul sera exalté en
ce jour-là.
Dès que
la bien-aimée Sulamithe a invité son Seigneur à venir dans son jardin et à
manger ses fruits exquis, il répond : « Je suis
venu…
». Il ne dit pas : je viendrai, mais je suis venu. Elle l’invite, il est
déjà présent ! Son coeur est toujours prêt, faisant pour ainsi dire le
guet, afin d’entendre le cri de ses bien-aimés. Heureuse épouse, heureux
peuple ! Le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs est prêt à les
entendre quand ils l’appellent ! Les fruits de l’Esprit lui sont toujours
agréables. Il les trouve riches et variés, et il jouit de ce banquet de
l’amour.
Ces
fruits représentent peut-être le résultat des opérations de l’Esprit. Des
larmes de repentir aussi amères que la myrrhe peuvent couler. La vérité a été
appliquée avec puissance à la conscience, le coeur est brisé. Une confession
sans réserve s’ensuit devant Dieu. Dans la lumière de sa sainte présence, on
perd de vue les causes secondes. « Contre toi, contre
toi seul j’ai péché, et j’ai fait ce qui est mauvais à tes
yeux
» (Ps. 51:4) Quoique le péché
de David eût été contre son prochain, il n’en dit pas moins : J’ai péché
contre toi seul. Tout péché est contre Dieu ; c’est une chose pénible mais
nécessaire d’avoir affaire avec Lui au sujet de notre péché. Alors nous
connaîtrons ses tendres compassions et tout ce que signifie cette parole :
« Là
où
le péché abondait, la grâce a surabondé
» (Romains 5:20). Dieu, dans sa grâce, pardonne au pécheur
sur le fondement du sang précieux de Jésus. Nous pouvons célébrer et adorer
Dieu avec un coeur rempli de joie (Psaume 103:1-3). Les larmes ont pu être
amères comme la myrrhe, les résultats en sont pour Christ plus doux que le
miel, et plus parfumés que les aromates.
Le Seigneur trouve toute sorte de fruits au milieu des siens. Il y a une entière communion avec tout ce qui est de l’Esprit ; il en jouit. « J’ai cueilli… j’ai mangé… j’ai bu ». Il n’en dédaigne aucun. Chez le disciple avancé, il peut trouver ce qui correspond à la force et à la vigueur du vin, tandis que chez le jeune enfant nouvellement converti, il trouve la douceur du lait. Un incrédule, vexé et irrité de la simplicité d’une enfant convertie qui parlait de la joie et du bonheur d’être avec Jésus pour toujours, lui dit : « Mais si Jésus est dans l’enfer ? » Cette enfant répondit : « S’il y était, ce ne serait pas l’enfer » Parole simple, mais irréfutable ! Qu’est-ce que le Seigneur peut trouver dans nos vies ? il est honoré par une humble dépendance. Un désir continuel de le glorifier lui est agréable.
Les amis de l’époux auront
part à ce souper royal, et entreront dans ses joies au jour de sa gloire. Les
coeurs seront émus de cette joyeuse invitation : Mangez, amis ; buvez
abondamment, bien-aimés. Les branches naturelles seront, dit l’apôtre, « greffées
à
nouveau
sur leur propre olivier
» (Romains 11:24). Jacob prendra racine,
Israël fleurira et poussera, et remplira de fruits la face du monde (Ésaie
27:6). Quel banquet sera alors préparé pour toutes les nations par Israël
rétabli ! Et l’Éternel des armées fera en cette montagne, à tous les
peuples un festin de choses grasses, un festin de vins vieux (Ésaïe 25:6) (voir
aussi Osée 2:21-22). Il y aura une chaîne ininterrompue de bénédictions, venues
du trône de Dieu. Les cieux seront occupés par Christ et l’Église dans la
gloire ; la terre le sera par Israël rétabli, encore appelé Jizréel, ou la semence de Dieu. Il y aura une
bénédiction universelle sur la terre. Abondance de froment, et de moût, et
d’huile, l’Éternel ayant fait cesser les guerres et la violence : « La gloire de l’Éternel sera révélée, et
toute chair ensemble la verra
» (Ésaïe
40:5). Toute la terre sera remplie de sa gloire.
Cette triste confession de l’épouse présente une expérience fréquente. Nous sommes plus souvent occupés de nous-mêmes et de nos sentiments que de la Parole de Dieu. C’est une source de troubles et de perplexités sans fin. Il arrive souvent à des chrétiens, quand ils éprouvent que leurs sentiments ont changé, de conclure que Christ n’est plus à leur égard ce qu’il était autrefois.
Il y a à peine quelques
heures, si nous suivons l’ordre de ce Livre, l’épouse se trouvait dans la joie
de la présence de son Seigneur. Elle était alors heureuse et rayonnante, comme
certains chrétiens au cours d’une bonne réunion. Mais le souper fini, elle se
retire pour se reposer. Et bientôt, hélas, un changement survient dans ses
sentiments, qui la trouble fort. « Je dormais, mais mon coeur était réveillé
».
Elle soupire après Christ, mais elle n’est pas disposée à se donner de
la peine pour lui. Quel triste état de choses, si le Bien-aimé doit frapper à
la porte ! Et ce n’est pas rare. Tout en étant sincère, le croyant peut
tomber dans un état d’assoupissement où les activités spirituelles deviennent
un fardeau, et sont entièrement négligées, ou bien accomplies avec nonchalance.
Mais le Seigneur a-t-il
changé parce qu’elle s’est endormie ? L’amour de Christ ne change jamais,
quelles que soient les chutes et l’inconstance de ses bien-aimés. Toute
assoupie qu’elle est, la Sulamithe reconnaît et sa façon de frapper à la porte
et sa voix. « C’est la voix de mon bien-aimé qui heurte », dit-elle : « Ouvre-moi,
ma soeur, mon amie, ma colombe, ma parfaite ! Car ma tête est pleine de
rosée, mes boucles des gouttes de la nuit
».
Une patience touchante inspire les paroles de l’époux à sa faible épouse ! Au lieu de se laisser influencer par son triste état et de l’accuser d’ingratitude et d’indifférence, il s’adresse à elle en termes plus tendres que jamais : « Ouvre-moi, ma soeur, mon amie, ma colombe, ma parfaite ». Jamais jusqu’ici il ne l’avait appelée sa parfaite. Cette expression d’une grâce merveilleuse, était réservée pour le jour de son éloignement. Jamais auparavant il n’avait fait allusion à la rosée dont sa tête était pleine et aux gouttes de la nuit, reçues dans son sentier de dévouement pour elle. Quel appel ! Ses accents manifestent la grandeur d’un amour que rien ne peut détourner de son objet.
Hélas ! l’appel du Seigneur a peu d’effet sur la conscience endormie de l’épouse.
Un seul ne change jamais. Nous devrions apprécier le Seigneur, nous confier en lui — compter uniquement sur lui — et nous tenir toujours près de lui. Son amour parfait est invariable. Mais ici, l’épouse assoupie accueille avec une grande indifférence cette affection patiente, et ne lui répond que par de vaines excuses.
Pauvre fille de Sion !
Son éloignement la rend insensible aux droits de son Messie ! « Connais, et
vois, que c’est une chose mauvaise et amère que tu aies abandonné l’Éternel,
ton Dieu
» (Jérémie 2:19). Si nous nous écartons de la présence du Seigneur, qui saurait dire jusqu’où nous pouvons
nous éloigner de lui ? Celui qui a le souci des âmes et de la gloire du
Seigneur, est attristé par le déclin manifeste du zèle, l’engourdissement d’un
esprit jadis ardent et plein de ferveur. On était de bonne heure à toutes les
réunions — chaque parole touchant Christ avait sur l’âme l’effet d’une huile de
joie ; on jouissait d’une communion intime avec le Seigneur. Mais tout
change si on se laisse prendre à quelque piège subtil de l’Ennemi. On se persuade
que tout le monde a changé. L’assistance aux réunions devient irrégulière. On
se blesse, peut-être, de quelque petite chose, et on se retire. Désormais notre
place est vide. Seul le Seigneur peut suivre celui qui s’égare, sans cesser de
s’occuper de lui. Dans la sagesse de son amour, il peut nous laisser goûter
l’amertume de nos propres voies. Mais il a toujours à sa disposition le moyen
de nous ramener à la repentance, et de nous rétablir pleinement dans sa
communion.
Le
Seigneur soit loué ! un mouvement s’opère dans la bonne direction. Sa
propre main a fait cela. Nous avons maintenant comme une réponse à son amour,
faible, mais réelle. Elle est émue à cause de lui. Elle n’a jamais cessé de
l’appeler « mon bien-aimé ». Quoiqu’elle se soit éloignée, elle a de l’affection
pour le Seigneur. Mais si l’on n’est pas attentif aux appels pleins de douceur
du Seigneur qui frappe à la porte, il a recours à d’autres moyens. Il sait ce
qui sera efficace pour nous faire retourner vers lui. « Dieu ne s’enquerrait-il pas ? car lui connaît les secrets du coeur
»
(Psaume 44:21).
Quelquefois c’est par des moyens inattendus qu’il atteint la conscience. La
lumière nous fait voir où nous sommes et ce que nous sommes. La grâce triomphe.
L’âme recherche maintenant la présence du Seigneur et le bonheur qui ne se
trouve qu’en lui. Il peut s’écouler quelque temps avant qu’elle soit pleinement
restaurée, avant d’atteindre le parfait repos de la présence de Christ. Confus
et agités, nous pouvons courir et chercher le Seigneur là où il n’a jamais dit
qu’on le trouverait. C’est dans le sanctuaire et non dans la ville qu’il se
trouve.
Le mot myrrhe signifie, qui coule, qui pleure. Elle a un goût amer mais une odeur embaumée. Maintenant l’épouse répond vraiment à l’amour persévérant de son Bien-aimé. Elle sort de son état d’indolence spirituelle. Le sentiment du péché qu’elle a commis en n’ouvrant pas la porte quand il frappait, la remplit d’amertume. Mais cette amertume se mêle à une affection profonde pour Celui qu’elle a méprisé. Arrivée à la porte à laquelle il s’est tenu si longtemps, elle découvre que tout est embaumé du parfum de la personne du Seigneur ; elle saisit les poignées du verrou, et la myrrhe dégoutte de ses mains.
Maintenant qu’elle est réveillée, avec le vif sentiment de ce qu’elle a été et de ce qu’elle a fait, une réelle douleur se mêle dans son âme à un amour rempli d’adoration pour son Seigneur.
Comme jadis Joseph chercha à exercer la conscience de ses frères, à cause du crime commis à son égard, ainsi dans les derniers jours, le vrai Joseph fera passer les Juifs par de profonds exercices, à cause de leur état devant Dieu. Mais, pour avoir adopté envers eux une attitude qui les éprouvait et les criblait douloureusement, Joseph n’avait pas moins d’amour pour ses frères. Il était prêt à manifester l’affection la plus profonde, au moment convenable. Quelle joie pour lui lorsque l’affection longtemps contenue put se donner libre cours ! Il en sera ainsi du Seigneur, juste avant qu’il se révèle en puissance et en gloire pour la délivrance d’Israël, et la manifestation de son amour envers lui comme Messie.
Mais l’analogie frappante
entre Joseph et ses frères, d’une part, et Christ et les Juifs d’autre part, ne
saurait s’appliquer à Christ et à l’Église. L’idée que Christ se retire, ou
cache sa face aux chrétiens afin de les éprouver, est sans fondement dans la
Parole. Avec les Juifs, sous la loi, les choses étaient naturellement bien
différentes ; Dieu habitait dans une obscurité profonde. Le chemin des
lieux saints n’était pas encore manifesté, le parfait sacrifice n’avait pas été
offert, la conscience du Juif n’était pas parfaitement purifiée, il ne pouvait
donc pas goûter une pleine paix. Mais pour les chrétiens, la position est toute
différente. « Les ténèbres s’en vont et la
vraie lumière luit déjà
» (1 Jean 2:8). Nous sommes rendus agréables dans le
Bien-aimé. Nos péchés ont pour toujours été ôtés par l’offrande du corps de
Christ, faite une fois pour toutes. Lorsque le jugement de Dieu contre nos
péchés et contre le péché a été exécuté sur Christ à la croix, le voile a été
déchiré, et le chemin des lieux saints ouvert. Nous avons été vivifiés ensemble
avec le Christ, ressuscités ensemble et assis ensemble dans les lieux célestes
avec lui. Le Saint Esprit est descendu en témoignage de notre union actuelle
avec Christ ressuscité et exalté. Nous jouissons par son habitation de notre
position et de notre portion en Christ. L’idée même que Dieu cache sa face à
ceux qui sont dans sa pleine lumière en Christ, est étrangère à toute l’Écriture.
Il est vrai, hélas ! que nous pouvons oublier l’étendue de nos
bénédictions en Christ, oublier que sa vie est notre vie, et que ses délices
devraient aussi être les nôtres. Nous nous éloignons de lui et nous péchons
contre lui.
La Parole admet la
possibilité qu’un chrétien pèche : « si quelqu’un
a péché, nous avons un avocat auprès du
Père, Jésus Christ, le juste ; et lui est la propitiation pour nos péchés,
et non pas seulement pour les nôtres, mais aussi pour le monde entier
» (1
Jean 2:1-2). Dieu a pourvu à tous les besoins de notre marche de pèlerin.
L’intercession de Christ, fondée sur la justice et la propitiation, garantit la
purification de nos souillures et nous maintient sans tache devant la face de
Dieu.
Mais si nous considérons Israël, sa position est en contraste avec toute cette merveilleuse grâce. Même si au temps de la fin, le résidu attend le Messie et soupire après lui avec une affection sincère, il sera encore sous la loi, et Dieu lui en laisse sentir le poids. Comme le meurtrier de jadis, il sera pour ainsi dire dans la ville de refuge jusqu’à ce que survienne un changement dans la sacrificature (Voir Nombres 25). L’apparition de l’Oint du Seigneur, dans l’exercice de la sacrificature selon l’ordre de Melchisédec, sera le grand antitype. Un changement dans la sacrificature, par la mort, procurait la liberté à ceux qui étaient prisonniers dans les villes de refuge. Après la mort du souverain sacrificateur, le meurtrier retournait dans la terre de sa possession. Israël, au dernier jour, avant l’apparition du Seigneur, passera par une terrible tribulation. Le jugement de Dieu contre le crime dont il est coupable, devra être reconnu, quand le Seigneur apparaîtra ; cette oeuvre s’approfondira plus encore, mais cette fois-ci en grâce.
« Je répandrai sur la maison de David et sur
les habitants de Jérusalem un esprit de grâce et de supplications ; et ils
regarderont vers moi, Celui qu’ils ont percé, et ils se lamenteront sur lui,
comme on se lamente sur un fils unique, et il y aura de l’amertume pour lui,
comme on a de l’amertume pour un premier-né
» (Zacharie 12:10).
Nous voyons la réalité et
l’ardeur des affections que le Seigneur crée chez les siens, au milieu de la
souffrance. L’épouse soupire après son bien-aimé ! C’est un des caractères
du Cantique des cantiques ; les Psaumes nous présentent plutôt le travail
de la conscience dans le Résidu. L’amour pour le Bien-aimé se manifeste ici. « Mon âme
s’en était allée pendant qu’il parlait
» (5:6). Il se retire afin de
mettre à l’épreuve ses affections, car son amour est inchangé. Si elle ressent
vivement son départ, lui, bien davantage. Jamais le coeur de Joseph ne brûle
d’une affection aussi ardente pour ses frères que lorsqu’il les afflige. Et il
y a ici plus que Joseph !
Cette
scène est pénible. L’épouse va traverser, dans ses recherches, toutes sortes de
troubles. Elle connaît au dehors les rudes traitements du monde. Son coeur est
fidèle à son Seigneur. « Je vous adjure, filles de Jérusalem,
si vous trouvez mon bien-aimé, que lui direz-vous ? Que je suis malade
d’amour
» (v. 8). Il
est rare que nous
nous exposions à la persécution par l’ardeur de nos affections !
Puissions-nous connaître cette communion qui fait brûler le coeur ! Qu’il
y ait ainsi un témoignage à la gloire de notre Seigneur absent !
Deux questions précieuses pour la fille de Sion.
Elle sera bientôt introduite
dans la pleine bénédiction pendant le règne du Messie. Alors tous la
reconnaîtront comme la plus belle d’entre les femmes. Les filles de Jérusalem
dans cette scène représentent peut-être les villes de Juda. Elles auront une
position subordonnée à celle de Jérusalem au jour de sa gloire, tout en ayant
part à la même sphère de bénédiction. Jérusalem et le peuple juif auront alors
sur la terre la place d’honneur et de gloire, et toutes les nations
rechercheront leur faveur. « Ainsi dit l’Éternel des armées : En ces
jours-là, dix hommes de toutes les langues des nations saisiront, oui,
saisiront le pan de la robe d’un homme juif, disant : Nous irons avec
vous, car nous avons entendu dire que Dieu est avec vous
» (Zacharie
8:23). Évidemment, tout ceci est encore futur. Mais voici encore ce que dit
l’Esprit de prophétie parlant du rétablissement des enfants de Sion : « Et des rois
seront tes nourriciers, et leurs princesses, tes nourrices ; ils se
prosterneront devant toi le visage contre terre, et ils lècheront la poussière
de tes pieds ; et tu sauras que moi
je suis l’Éternel : ceux qui s’attendent à moi ne seront pas
confus
» (Ésaïe 49:23).
Quel heureux changement pour
ce peuple longtemps foulé aux pieds ! Quelle histoire que la sienne !
« Allez, messagers rapides, vers une
nation répandue loin et ravagée, vers un peuple merveilleux dès ce temps et
au-delà, vers une nation qui attend, attend, et qui est foulée aux pieds, de
laquelle les rivières ont ravagé le pays
» (Ésaïe 18:2). L’Écriture parle du
résidu de Juda comme d’une épouse aimée, admirée, dans laquelle le roi trouve
ses délices. « Ô la plus belle d’entre les
femmes
! ». Il en sera
ainsi de la nation entière. Toutes les tribus seront réunies dans leur pays, et
chacune habitera dans son propre lot.
En réponse à la question des
filles de Jérusalem : « Ton bien-aimé qu’est-il de plus qu’un autre
bien-aimé, que tu nous adjures ainsi ?
» La Sulamithe réplique
immédiatement en traçant le portrait fidèle de son bien-aimé. On y trouve toute
cette délicatesse dans les détails que seul peut donner un amour ardent et
partagé. La pensée de l’avoir dédaigné avive encore ses sentiments ; ils
en reçoivent une énergie nouvelle.
Oh, si nous étions toujours prêts, comme la femme du puits de Sichar, à parler du Seigneur (Jean 4:29) ! Son coeur déborde. Parlons de lui, de cet amour qui lui a fait quitter son trône, rempli de divine compassion pour sauver de la mort des pécheurs impies, haïssables, et les rendre propres à partager sa gloire.
De David il est dit : « Or il avait le teint rosé, avec de beaux yeux, et était beau de visage » (1 Samuel 16:12). Mais dans la description donnée ici prophétiquement du vrai David, allusion est faite aux gloires de la personne de Christ, et à l’infinie valeur de son sang. Rien n’est aussi pur, aussi saint, que la personne bénie du Fils de l’Homme. Rien de plus vermeil que son sang qui a coulé sur le Calvaire.
La Sulamithe guidée par l’Esprit de Dieu, fait maintenant de son Bien-aimé une description plus détaillée.
Au chapitre quatrième, l’époux, en décrivant les attraits de son épouse, a énuméré sept traits. Elle, ici, en signale dix en parlant de son Bien-aimé.
Sa tête est un or très fin.
Sa majesté suprême peut être ainsi indiquée par l’or très fin comme en Daniel
2:38 : « Toi, tu
es cette tête
d’or
». L’or est aussi fréquemment employé dans l’Écriture pour représenter
la justice divine en relation avec la personne de Christ, comme en Ésaïe 11:5
et Apocalypse 1:13. La tête suggère les pensées. Jésus nous apporte les pensées
même de Dieu.
Une
abondante chevelure peut indiquer la vigueur et la force de la jeunesse. Il est
dit d’Éphraïm (Osée 7:9) :
« Des
étrangers ont consommé sa force, et il ne le sait pas. Des cheveux gris sont
aussi parsemés sur lui, et il ne le sait pas
». Mais on ne verra jamais de
signe de déclin dans le Seigneur. « Jésus
Christ est le même, hier et aujourd’hui et éternellement
» (Hébreux 13:8).
Dans Apocalypse
5:6, l’apôtre Jean voit l’Agneau au milieu du trône, ayant sept yeux « qui sont les sept Esprits de Dieu envoyés
sur toute la terre
». Le nombre sept indique la plénitude, la perfection en
relation ici avec l’intelligence. « Car
les yeux de l’Éternel parcourent toute la terre, afin qu’il se
montre fort, en faveur de ceux qui sont d’un coeur parfait envers lui
» (2
Chroniques 16:9). Mais le croyant n’a rien à craindre du regard
pénétrant du Seigneur ; il est pour lui plein de douceur, de profonde
affection, comme des yeux de colombes près des ruisseaux d’eau. Quelle
assurance le Seigneur nous donne : « Je
te conseillerai, ayant mon oeil sur toi
» (Psaume 32:8).
Ces comparaisons
parlent des grâces variées manifestées en lui. Grand est le contraste entre le
jour de son humiliation et le jour prochain de sa gloire. La fille de Sion,
dans son aveuglement, l’a méprisé et rejeté à cause de son humilité. Et lui,
dans sa grâce parfaite, n’a pas opposé de résistance à l’homme qui est inimitié
contre Dieu : « J’ai donné mon dos à
ceux qui frappaient, et mes joues à ceux qui arrachaient le poil, je n’ai pas
caché ma face à l’opprobre et aux crachats
» (Ésaïe 50:6). Et encore :
« Ils frappent
le juge d’Israël
avec une verge sur la joue
» (Michée 5:1). Mais la fille de Sion s’affligera
alors pour la haine, la cruauté dont elle s’est rendue coupable envers son
Messie. Le voile sera ôté ; ils regarderont vers celui qu’ils auront
percé. Et alors, au lieu de dire : « il n’y
a point d’apparence en lui pour nous le faire désirer
», ce sera : « Toute sa personne est désirable
». La
joue, autrefois frappée, est pour l’Israël de Dieu comme des parterres
d’aromates, des corbeilles de fleurs parfumées. Quelle oeuvre la grâce a
accomplie ! Quel triomphe a remporté l’amour !
La
comparaison est peut-être faite avec un magnifique lis rouge de l’Orient, mais
le croyant connaît cette parole bénie, « la
grâce est répandue sur tes lèvres
», non pas seulement distillant, mais
répandue avec abondance. Les lèvres de Jésus, les siennes seules, peuvent
parler de paix à une âme troublée. Tout le peuple, dans l’Évangile, se tenait
suspendu à ses lèvres pour l’entendre (Luc 19:48). « Le Seigneur l’Éternel, dit-il par le prophète, m’a donné la langue des
savants, pour que je sache soutenir par une parole celui qui est las
»
(Ésaïe 50:4).
Le service
est lié aux mains. Christ était puissant en parole ; il l’était en oeuvre
d’abord (Luc 24:19). « Les oeuvres de ses
mains sont vérité et jugement ; tous ses préceptes sont sûrs, maintenus à
perpétuité, pour toujours, faits avec vérité et droiture
» (Psaume 111:7-8).
Un jour, ses mains ont été percées par ceux qu’il était venu sauver. Mais la
foi les contemple maintenant ornées de pierres précieuses : Sa main gauche
est sous ma tête et sa droite m’embrasse. Heureux ceux qui sont ainsi entourés
de ses bras éternels !
Allusion sans doute à ses tendres compassions. La couleur bleue du saphir suggère le caractère céleste des sympathies du Seigneur, et l’ivoire, la pureté.
Ce trait représente la marche. « Fais-moi connaître tes voies,
ô Éternel ! enseigne-moi tes sentiers… Tous les sentiers de l’Éternel
sont gratuité et vérité
» (Ps 25:4,
10)
Les
colonnes de marbre peuvent exprimer la force, la fermeté de son règne ; et
les socles d’or fin, la justice divine, comme caractérisant toutes les voies de
son gouvernement. La justice divine, la toute-puissance, les voies de grâce et
de vérité appartiennent au puissant roi de Sion. L’empire repose sur son
épaule. Quant au Fils, il dit : « Ton
trône, ô Dieu, demeure aux siècles des siècles ; c’est un sceptre de
droiture que le sceptre de son règne. Tu as aimé la justice et haï l’iniquité.
C’est pourquoi Dieu, ton Dieu, t’a oint d’une huile de joie au-dessus de tes
compagnons
» (Hébreux 1:8-9).
L’épouse considère maintenant l’ensemble harmonieux de ses traits, sa parfaite stature. Celle-ci est comme le Liban, distinguée comme les cèdres : image qui présente sa majesté, comme Messie. Les cèdres sont, dans l’Écriture, le type de la noblesse et de l’élévation. Ornée de toutes les grâces, embaumée de tous les parfums ; telle est la personne de son bien-aimé.
Ses
lèvres ayant déjà été mentionnées, ce trait-ci doit indiquer quelque chose
d’autre que les paroles. Il paraît se rapporter plus particulièrement à
l’expression de sa bonté, à sa bienveillance. L’Épouse a souvent goûté sa
grâce, même dans ses égarements ; elle peut dire par expérience : « son palais est plein de douceur
». Si
toutefois vous avez goûté, écrit l’apôtre, que le Seigneur est bon.
La Sulamithe ajoute : « Toute
sa personne est désirable. Tel est mon bien-aimé, tel est mon ami, filles de
Jérusalem
». Toute la plénitude de la déité habite en lui corporellement et
toutes les grâces du Fils de l’homme. Et elle est heureuse de pouvoir
ajouter : Celui en qui toutes ces qualités brillent d’un si vif éclat
m’appartient : c’est mon bien-aimé, mon ami.
Si l’on est entièrement occupé de Christ, si le moi est perdu de vue, il en résulte des résultats précieux et variés pour l’âme. Si des chrétiens tombent dans un triste état spirituel, comment peuvent-ils en sortir ? En étant occupés de Christ. L’expérience de l’épouse en est la preuve. Son erreur était de s’occuper d’elle-même : Je me suis dépouillée de ma tunique, comment la revêtirais-je ? J’ai lavé mes pieds, comment les salirais-je ? (Chapitre 5:3). Mais lorsque les filles de Jérusalem l’interrogent au sujet de son bien-aimé, elle ne pense plus qu’à lui, ne parle plus que de lui ; et au fur et à mesure, son âme est pleinement restaurée ; elle s’arrête sur les perfections incomparables de son Seigneur, et celles qui l’écoutent sont attirées par les gloires de sa personne, et désirent le voir, apprendre à le connaître.
Mais ce témoignage de
l’épouse porte un autre fruit. Les filles de Jérusalem concluent que ce doit
être l’époux qui a quitté son épouse. En l’entendant parler de lui en des
termes aussi ardents, elles ne supposent pas un instant qu’elle se soit
éloignée de lui. Comment l’épouse pourrait-elle cesser de contempler une
Personne si aimée — pourrait-elle jamais se lasser de lui ? — Aussi lui
disent-elles : « Où est allé
ton bien-aimé… ?
» De quel côté ton bien-aimé s’est-il tourné ?
et nous le chercherons avec toi. Quel reproche, tout indirect qu’il soit !
Le coeur de l’épouse doit l’avoir vivement ressenti ! En exaltant son
Seigneur, elle se condamnait elle-même. Quand l’âme n’est plus en communion
avec le Seigneur, tout semble condamner ses voies. Mais si elle est restaurée,
tout contribue à l’humilier plus profondément et à élever le niveau de sa
communion avec Lui. Elle se réjouit maintenant en lui. Elle sait à nouveau où
il est et ce qu’il fait, et peut le dire à ses compagnes.
Quelle
délicieuse scène, en comparaison avec celle du chapitre 5:7 : « Les gardes qui font la ronde par la ville me
trouvèrent ; ils me frappèrent, ils m’ont blessée ; les gardes des
murailles m’ont ôté mon voile de dessus moi
». Marcher en communion avec lui
ou errer dans le monde fait toute la différence. Le Seigneur nous est montré
prenant ses délices dans les siens ; il est dans son jardin cueillant des
lis. Comme le lis entre les épines, telle est mon amie entre les filles. Elle
comprend ses pensées et elle s’écrie :
La foi
prend aisément ce ton assuré. « Je suis à
mon bien-aimé
». Ses pensées sont véritablement occupées de Christ, de son
amour, de sa grâce. Elle n’est pas occupée d’elle-même, de ses propres
sentiments, de son service. Au chapitre 2:16, elle dit : « Mon bien-aimé est à moi, et je suis à lui
».
Là, c’est la joie qu’il y a à posséder Christ : Il « est à moi
». Ici, celle d’appartenir à Christ : « Je suis à lui
» : La dernière déclaration montre un progrès divin.
Thirtsa n’existe plus, Jérusalem est foulée aux pieds, et depuis longtemps la bannière de Juda n’a pas été déployée ; mais celui qui pour exprimer ses sentiments recourait à ces emblèmes, demeure le même.
Ces paroles sont les premières qu’il adresse à son épouse après qu’elle se soit éloignée. Mon amie, tu es belle. C’est le Bien-aimé qui parle. Qui peut comprendre son amour ?
Rappelons ce que l’époux lui
avait dit lors de leur dernière rencontre : « Ouvre-moi, ma soeur, mon amie, ma colombe, ma parfaite ! Car ma
tête est pleine de rosée, mes boucles des gouttes de la nuit
». À cet appel touchant, elle n’avait
pas prêté attention et elle s’était égarée. Mais à présent, nous la trouvons
auprès de son Seigneur pleinement restaurée. Elle a confiance dans son amour. « Je suis à mon bien-aimé, et mon bien-aimé
est à moi
». Mais ne lui dira-t-il rien de sa folle conduite ? Ne
va-t-il pas montrer d’abord un peu de froideur dans son attitude, afin qu’elle
soit honteuse devant lui ? Non, puisqu’elle se repent de ce qu’elle a
fait. Si nous sommes repentants, non seulement le Seigneur nous pardonne mais
il oublie toutes nos offenses. Il lui ouvre le trésor de son amour. Voyez aussi
l’exemple de la femme cananéenne (Matthieu 15:22-28). Dès qu’elle prend la
place de quelqu’un qui n’a aucun droit, la bénédiction coule vers elle. Il fait
même l’éloge de sa foi : « Ô
femme, ta foi est grande ; qu’il te soit fait comme tu veux
». Ses
besoins sont entièrement satisfaits. La pauvre pécheresse à ses pieds dans la
maison de Simon, et le fils prodigue dans les bras du Père témoignent de la
même grâce.
La première chose que l’époux
déclare à son épouse, c’est que sa beauté est sans défaut à ses yeux. Pas un
mot de reproche ne sort de ses lèvres. Il lui dit qu’elle est belle comme
Thirtsa, agréable comme Jérusalem. Thirtsa signifie charmes. C’était la
résidence des rois d’Israël avant de bâtir Samarie, comme Jérusalem était celle
des rois de Juda. Jérusalem est célèbre dans l’Écriture par ses splendeurs. Il
est parlé d’elle comme belle dans son élévation, « la joie de toute la terre, est la montagne de Sion, aux côtés du nord,
la ville du grand roi ; Dieu est connu dans ses palais pour une haute
retraite
» (Psaume 48:2-3). Mais au jour prochain de la gloire, les deux
royaumes, Israël et Juda, seront unis sous un seul chef et ne seront plus
jamais séparés. Les prophètes nous enseignent en des termes très clairs ce qui
nous est présenté ici sous forme d’allégorie. « Ainsi dit le Seigneur, l’Éternel : Voici, je prendrai les fils
d’Israël d’entre les nations où ils sont allés, et je les rassemblerai de
toutes parts, et je les ferai entrer dans leur terre ; et je les ferai
être une seule nation dans le pays, sur les montagnes d’Israël : un seul
roi sera leur roi à tous ; et ils ne seront plus deux nations, et ils ne
seront plus divisés en deux royaumes
» (Ézéchiel 37:21-22).
Quand les douze tribus seront
réunies, et que le Messie sera leur roi, la gloire de la nation sera grande.
Elle sera « redoutable comme des troupes
sous leurs bannières
». Image imposante qui donne une idée d’unité dans
l’action. Le roi est confondu par la gloire de son peuple bien-aimé. Détourne
de moi tes yeux, car ils me troublent. Les yeux de l’épouse se fixent enfin sur
celui qui a tout fait pour elle. Et nul n’entre comme lui dans la joie et la
bénédiction des siens. Mais quelle sera sa satisfaction lorsque la maison de
David et les habitants de Jérusalem se tourneront vers lui avec deuil et avec
larmes, lorsque les tribus longtemps perdues apparaîtront sur la scène et le
reconnaîtront comme le véritable Messie. Quand
tous les regards seront fixés sur lui, il pourra y lire leur profonde
affection. La louange débordera de tous les coeurs, et de Jérusalem la
bénédiction coulera vers toutes les nations de la terre !
Alors le
chapitre 53 d’Ésaïe sera l’expression du deuil d’Israël et de sa joie mêlée de
larmes. « Il
a été
blessé pour nos
transgressions, il a été meurtri pour nos iniquités ; le châtiment de
notre paix a été sur lui, et par ses meurtrissures nous sommes guéris. Nous
avons tous été errants comme des brebis, nous nous sommes tournés chacun vers
son propre chemin, et l’Éternel a fait tomber sur lui l’iniquité de nous tous
». Jérusalem redeviendra alors la
ville des conseils de Dieu, elle ne sera plus la cité où l’orgueil et
l’oppression de l’homme se sont donné libre cours. Environnée de montagnes,
entourée de murailles, de remparts et de tours, elle sera la gloire de tous les
pays : Le nom de la ville, dès ce jour : Jéhovah-Shamma. « L’Éternel est là
» (Ézéchiel 48:35, Psaume 48). Alors le Messie disposera de
tout selon sa volonté ; Satan sera jeté dans l’abîme pendant mille ans
(Apocalypse 20:1-3). La terre sera délivrée, la malédiction, la puissance du
mal réprimée, et le vrai Salomon règnera. Impossible de concevoir l’effet en
puissance et en gloire, de la présence de Christ sur la terre en l’absence de
Satan.
Depuis que l’Époux s’est adressé à son épouse dans les termes du chapitre 4, elle s’est égarée, puis elle est revenue à lui. En lui répétant ce qu’il lui avait dit auparavant, il lui donne l’assurance que sa beauté ne s’est point altérée à ses yeux. Quoiqu’il ne dise rien de ses égarements, ses paroles auront désormais pour elle plus de prix qu’auparavant. Le Saint Esprit peut se servir des mêmes paroles, pour la gloire de Christ et la bénédiction de nos âmes. Aucune autre parole n’aurait pu donner de l’assurance au coeur de l’épouse.
Ce verset a trait au Millénium. Les deux royaumes de Juda et d’Israël, divisés depuis si longtemps, sont maintenant unis. Dans cette scène glorieuse au milieu des nations et des villes de Juda, Jérusalem a la première place.
Quelle place elle occupe dans le coeur du Bien-aimé ! Elle est unique à ses yeux ; aucune ne peut lui être comparée. Il parle de ce qu’elle est pour lui. Le résidu fidèle de Juda aura cette valeur à ses yeux au dernier jour. Nous avons maintenant ce prix pour lui. Elle est la choisie de celle qui l’a enfantée. La nation est envisagée ici sous l’aspect d’une mère, et la tribu de Juda sous celui d’une épouse.
Si la fille de Sion, dans l’orgueil et la méchanceté de son coeur, a repoussé son amour, lui ne change pas. Elle est devenue la proie d’ennemis cruels, qui lui ont infligé de grandes souffrances. Cependant, à travers ses égarements, l’époux la suit de ses regards d’amour, et au temps convenable, il la visite en grâce et la trouve dans la condition d’une pauvre esclave, brûlée par le soleil, réduite à garder les vignes d’autrui. Maintenant, dans son amour et sa compassion, il dit qu’elle a reçu de la main de l’Éternel le double pour tous ses péchés (Ésaïe 40:2). Son temps de détresse est accompli, son iniquité est pardonnée ; elle est consolée par son Seigneur, plein de grâce et de pardon. Il ne s’accorde pas de repos avant d’avoir accompli toutes ses pensées d’amour envers elle. Elle est l’objet de l’admiration universelle. Les filles l’ont vue et l’ont dite bienheureuse ; les reines et les concubines l’ont louée. La fille de Tyr (type des Gentils) et les plus riches des peuples rechercheront sa faveur (Psaume 45:12). Elle reflète la gloire et la beauté du roi et toutes les nations l’admirent.
Il semble que ce verset nous fasse entendre les admirateurs de l’épouse. Qui est celle-ci qui apparaît comme l’aurore ? La nuit est passée, elle s’avance maintenant avec la fraîcheur, la beauté d’un matin radieux. Elle apparaîtra bientôt dans la splendeur du jour, revêtue des rayons du Soleil de Justice.
La gloire et la dignité
futures d’Israël sont fréquemment représentées par des corps célestes, le
soleil, la lune et les étoiles. Ainsi dans les songes de Joseph où toute la
nation est représentée dans la famille de Jacob, et préfigurée par le soleil,
la lune et les étoiles (Genèse 37). Au chapitre 12:1 de l’Apocalypse, nous
voyons la tribu de Juda, de laquelle notre Seigneur a surgi, revêtue de la même
gloire. Le symbole employé est celui d’une femme revêtue du soleil, avec la
lune sous ses pieds. La gloire des douze tribus semble se concentrer dans la
tribu royale et l’avoir pour représentante. Ces luminaires célestes donnent
aussi l’idée de la stabilité. « J’ai une
fois juré par ma sainteté, si jamais je mens à David ! Sa semence sera à
toujours, et son trône comme le soleil devant moi. Comme la lune, il sera
affermi pour toujours ; et le témoin dans les nues en est ferme. Sélah
»
(Psaume 89:35-37).
Telle sera la gloire future
d’Israël. Quel changement pour le Juif méprisé ! Les vierges, les reines,
les concubines contemplent avec admiration la tribu royale de Juda, paraissant
comme l’aurore du jour, belle comme la lune, brillante comme le soleil,
redoutable comme des troupes sous leurs bannières. L’épouse sera revêtue de
gloire et de dignité. Hosanna au Fils de David ! la promesse est
accomplie : « Lève-toi, resplendis,
car ta lumière est venue, et la gloire de l’Éternel s’est levée sur toi… Et
les nations marcheront à ta lumière, et les rois, à la splendeur de ton lever
»
(Ésaïe 60:1, 3).
L’on prend en signe de joie
les rameaux, les palmes, les tiges de saule au bord de la rivière, et l’on
célébre la fête ; l’huile et le baume de Galaad ont été versés sur les
blessures de la pauvre affligée et les ont guéries ; la captive a vu ses
larmes sécher, ses maux prendre fin ; réjouissez-vous, entonnez les chants
de louange ; que la harpe et la cymbale redisent : « Que tes tentes sont belles, ô Jacob !
et tes demeures, ô Israël
! » (Nombres 24:5).
Plantée dans le sol fertile
de Canaan, des fleuves nourriront sa racine qui s’étendra au loin, jamais il ne
se trouvera sur elle de feuille jaunie, car la rosée de l’Hermon entretiendra
ses rameaux toujours verts. « Qu’est-ce
que Dieu a fait
? »
(Nombres 23:23) s’écrieront les nations : De grands choses en notre
faveur ! répondra Israël racheté (Psaume 126).
Il est rare que le maître de la vigne puisse exprimer sa surprise de l’abondance et de la qualité des fruits dans sa vigne ! C’est trop fréquemment, hélas ! le contraire. Il en a été constamment ainsi d’Israël, comme vigne du Seigneur. Mais ici, heureusement, tout est changé ! La grâce brille, la foi triomphe, le Seigneur domine, le peuple regarde vers lui, et compte sur lui seul. Tout est mûr en Juda pour la victoire et pour la gloire.
Jour béni ! le Seigneur voit maintenant au milieu de son peuple les fruits mûrs de sa grâce ! Son coeur déborde de joie. Ce ne sont plus les scènes du désert, mais le verger fertile, avec ses grenadiers qui poussent leurs bourgeons, ses vignes en fleur, et les fruits de la vallée. Son amour l’emporte vers son peuple, devenu un peuple de franche volonté, au jour de Sa puissance, en sainte magnificence (Psaume 110:3). Le Seigneur est ému en voyant la promptitude de son peuple à le recevoir !
Dieu agit toujours de cette
manière avec l’âme repentante. Nous trouvons dans le Nouveau Testament des
scènes nombreuses où sont décrits l’amour et la grâce du Seigneur. Par exemple,
quand il regarde à l’alentour pour voir celle qui a touché le bord de son
vêtement. Délivrée, la femme a obtenu ce qu’elle désirait ; mais il faut
pour la satisfaction du Seigneur que cette femme entende ces paroles
bénies : « Ma fille, ta foi t’a
guérie ; va en paix, et sois guérie de ton fléau
» (Marc 5:25-34).
Dès que le pauvre aveugle
mendiant, assis au bord du chemin, implore sa compassion, le Fils de David
s’arrête. « Et Jésus, s’étant arrêté,
ordonna qu’on le lui amenât ; et comme il s’approchait, il l’interrogea,
disant : que veux-tu que je te fasse ?
» Dans son dénuement il
demande ce dont il sent le besoin : « Seigneur,
que je recouvre la vue. Et Jésus lui dit : Recouvre la vue, ta foi t’a
guérit
» (Luc 18:35-43). L’issue de cette scène est glorieuse. Il suit
Jésus, glorifie Dieu, et tout le peuple voyant cela donne aussi louange à Dieu.
Mais la parabole du fils
prodigue ressemble plus encore, croyons-nous, à ce que nous présente ici le
Cantique des cantiques. La repentance et la misère du pauvre fils prodigue
emportent le Père vers lui comme le ferait un chariot rapide. « Et comme il était encore loin, son père le
vit et fut ému de compassion, et, courant à lui, se jeta à son cou et le
couvrit de baisers
» (Luc 15:20).
L’amour du Père, et le désir que le fils éprouve de retourner vers lui,
tout concourt à cette rencontre.
Il en sera ainsi du bien-aimé du Cantique. Les profondes souffrances de son peuple et le désir ardent qu’éprouve le résidu fidèle de voir le Messie, agissent sur ses affections et l’amènent rapidement sur la scène. Prenant en main la cause de son peuple, il le conduit promptement au triomphe et à la gloire.
Ici encore les vierges expriment en choeur leur
admiration. Elles ont le désir de contempler la beauté, la gloire de l’épouse. Celle-ci se
promène avec le roi dans le jardin des noisettes. Précieux privilège !
Elles l’appellent d’un nouveau nom : « Reviens,
reviens, Sulamithe
! » Ce
nom serait la forme féminine de Salomon, et son emploi est significatif.
L’union est désormais accomplie : les relations interrompues rétablies ; la grâce a opéré dans l’épouse une
oeuvre parfaite. Béni soit le nom du Seigneur ! Il peut maintenant se
faire connaître pleinement à elle, elle reflète vraiment les rayons de sa
gloire : Elle est « belle comme la
lune, pure comme le soleil
». Elle est établie dans la faveur du roi, et
jouit de ses affections.
Jouissons-nous ainsi des affections de notre bien-aimé ? Le sang répandu sur la croix est le repos parfait de la conscience ; l’amour qui s’est révélé à la croix est le repos parfait du racheté. Et nous possédons tout cela par la foi.
D’autres vierges maintenant
se joignent au choeur, et demandent : « Que
verriez-vous dans la Sulamithe ?
» La réponse est toute prête : « Comme la danse de deux bandes
». En elle,
on voit réunies la belle Thirtsa et l’agréable Jérusalem. La maison de Jacob si
longtemps divisée est maintenant réunie sous le règne du Prince de Paix. « Et la jalousie d’Éphraïm s’en ira, et les
adversaires de Juda seront retranchés ; Éphraïm ne sera pas rempli d’envie
contre Juda, et Juda ne sera pas l’adversaire d’Éphraïm
» (Ésaïe 11:13). Le
Roi de Salem règne ; les douze tribus sont rétablies, les nations leur
sont soumises : tout est paix maintenant. La trompette des combats ne
retentit plus, les épées sont forgées en socs, les lances en serpes, et les
nations n’apprennent plus la guerre (Ésaïe 2:4).
L’épouse
du roi est à nouveau l’objet d’une description minutieuse. Elle est saluée d’un
nouveau titre : « Fille de prince
». On reconnaît qu’elle est
désormais dans une relation intime avec le roi. Telle sera sa place lorsque le
Messie occupera le trône. « La reine est à ta droite, parée d’or
d’Ophir
» (Psaume
45:9). Dès que Christ paraît et occupe le trône de David, tout est changé pour
Israël. Quel changement pour Jérusalem et le peuple juif ! Jérusalem aura
la première place, et toutes les villes de Juda le reconnaîtront. L’exaltation
d’Israël apportera la bénédiction de la terre. « Au
lieu
de tes pères, tu auras tes fils ; tu les établiras pour princes dans
tout le pays
»
(Psaume 45:16).
Celui qui a aimé la justice
et haï la méchanceté gouverne ; par la justice et le jugement il a donné
le triomphe et la gloire terrestre au peuple juif. Il leur a donné la victoire
sur tous leurs ennemis. Et maintenant, c’est à lui que le peuple regarde. « Nous
sommes la postérité d’Abraham », tel était jadis leur vain sujet d’orgueil
vis-à-vis de l’humble Jésus. Maintenant tout est changé. Du haut du trône, il
s’adresse à son peuple bien-aimé : « Oublie ton peuple et la maison de ton
père ; et le roi désirera ta beauté, car il est ton Seigneur :
adore-le
» (Psaume 45:10-11).
Ce magnifique appel
s’applique à tous les disciples de Christ. Tout ce qui est contraire à sa
volonté, ou nous empêcherait de l’accomplir, doit être abandonné, pour ainsi
dire, oublié. « Mon fils, donne-moi ton coeur, et que tes yeux se plaisent à mes voies
»
(Proverbes 23:26). C’est une juste demande de la part de celui qui s’est
donné lui-même pour nous. La croix est l’expression suprême de son amour.
Toutes les perfections de l’homme Christ Jésus nous sont attribuées. Il ne nous
refuse rien ; son amour est parfait. Sa sagesse, sa justice, sa paix, sa
joie, sa grâce, sa gloire, la perfection de son oeuvre, une vie abondante en
résurrection, la gloire de sa personne : tout cela appartient au croyant.
Puisse notre amour être le reflet du sien !
Il est difficile de décider si, dans les cinq premiers versets de ce chapitre, ce sont les filles de Juda qui s’adressent à l’épouse, ou si c’est le langage de l’époux lui-même. Au verset 6, c’est évidemment lui qui parle. Dans le chapitre 4, en parlant des qualités de l’épouse, c’est par la tête qu’il commence ; au chapitre 5, où l’épouse fait une longue description de son bien-aimé, elle commence aussi par la tête. Mais il semble que dans ce passage, l’épouse est envisagée du point de vue de la terre, comme si les filles de Jérusalem étaient d’abord attirées par sa marche. Ce n’est pas tellement la description de sa beauté personnelle mais plutôt celle de la gloire nationale d’Israël. En tout cas, ne perdons pas de vue que la place de l’épouse représente, pour Israël, la gloire et la bénédiction.
L’expression : « Fille de
prince, que tes pieds sont beaux dans ta chaussure
», présente l’idée
d’une marche majestueuse. Les contours des hanches comparés à des joyaux,
confirme cette manière de considérer le passage. Le port de l’épouse est plein de noblesse et de majesté. Une coupe
arrondie où le vin aromatique ne manque pas,
un tas de froment entouré de lis, indiquent certainement l’abondance de ce qui
réjouit et fortifie ; pourtant, ces choses sont environnées de grâce et
d’humilité. Une clôture de lis n’empêche personne de venir et de prendre part à
la joie du roi. Il y a plutôt une douce invitation dans ces paroles de la
Sagesse : « Venez, mangez de mon
pain, et buvez du vin que j’ai mixtionné
» (Proverbes 9:5). Tel sera le
caractère de la bénédiction millénaire sous le règne du vrai Salomon. Le pays
connaîtra la paix et la sécurité, ses frontières auront pour murs de défense
les lis de la vallée ! Quel ravissant spectacle ce sera pour tous ceux qui
monteront à Jérusalem ! Le roi de Salem y règnera et tout sera selon sa
volonté.
Cette expression peut indiquer l’unité, l’harmonie
du peuple du pays. Faisant allusion à leur bénédiction sous la nouvelle alliance dans les
jours à venir, la Parole déclare : « Et
je répandrai sur vous des eaux pures, et vous serez purs : je vous
purifierai de toutes vos impuretés et de toutes vos idoles. Et je vous donnerai
un coeur nouveau, et je mettrai au dedans de vous un esprit nouveau ; et
j’ôterai de votre chair le coeur de pierre, et je vous donnerai un coeur de
chair ; et je mettrai mon Esprit au dedans de vous, et je ferai que vous
marchiez dans mes statuts, et que vous gardiez mes ordonnances et les
pratiquiez. Et vous habiterez dans le pays que j’ai donné à vos pères, et vous
serez mon peuple, et moi je serai votre Dieu
» (Ézéchiel 36:25-28).
Appliquant ces promesses à Israël, malgré son état actuel de dispersion,
l’apôtre écrit : « C’est ici
l’alliance que j’établirai pour la maison d’Israël après ces jours-là, dit le
Seigneur : En mettant mes lois dans leur entendement, je les écrirai aussi
sur leurs coeurs, et je leur serai pour Dieu, et ils me seront pour peuple, et
ils n’enseigneront point chacun son concitoyen et chacun son frère,
disant : Connais le Seigneur ; car ils me connaîtront tous, depuis le
plus petit jusqu’au plus grand d’entre eux
» (Hébreux 8:10-11). Qui
pourrait, devant de telles déclarations, douter de la pleine restauration
d’Israël ?
La tour d’ivoire parle peut-être de grandes richesses et d’une position exaltée. Elle serait la figure de la gloire, sinon de la pureté nationale — Tandis que les étangs qui sont à Hesbon symboliseraient ce qui est calme et profond.
La tour du Liban, qui regarde vers Damas, suggère l’idée de force, de sécurité, de suprématie. Les Juifs, jadis persécutés et dispersés sur la terre, fréquemment envahis comme nation, spécialement par les Syriens, peuvent désormais regarder sans crainte vers ce pays, et vers les nations environnantes. Toutes les nations sont à leurs pieds. La tour regarde vers Damas — la capitale de leur infatigable ennemi. Une tour au sommet du Liban embrasse un vaste panorama et elle est vue de loin. On saura alors que la puissance de l’Éternel demeure au milieu de son peuple bien-aimé.
Le Carmel
dans l’Écriture est le type de la fertilité. Il était célèbre pour ses vignes,
ses vergers et son riche herbage. Cette expression : Ta tête sur toi,
représentant l’excellence du Carmel, est l’emblème de la fertilité du pays, de
sa richesse. Israël est couronné de faveurs dans le pays d’Emmanuel. Mais, si
glorieux que soit cet état de choses, il est peu de chose auprès des
bénédictions de l’Église. « Béni soit le
Dieu et Père
de notre Seigneur Jésus Christ, qui nous a bénis
de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ
» (Éphésiens
1:3). Cet admirable verset mentionne trois choses :
1) Toute bénédiction. Il n’en manque pas une et elles sont « spirituelles ».
2) Dans les lieux célestes. Nous les possédons dans la sphère la plus élevée, les lieux les plus excellents, part bien au-dessus de celle d’Israël dans le pays de Canaan.
3) En Christ, la plus excellente portion que Dieu pouvait nous donner ; nous ne pouvons que nous prosterner et adorer. Entrons mieux dans ce que l’amour de Dieu nous donne en Christ selon qu’il « nous a élus en lui avant la fondation du monde, pour que nous fussions saints et irréprochables devant lui en amour ».
« Et les cheveux de ta tête comme la pourpre. Un roi est enchaîné par tes
boucles
». La pourpre est l’emblème de la royauté. Où que le regard se
porte, de la forme des pieds à la couronne d’épouse, tout est parfait. L’épouse
du roi est sans tache. Un roi est vaincu par ses attraits. Il est subjugué par
le charme dont il l’a revêtue. « La fille
du roi est tout gloire, dans l’intérieur du palais ; son vêtement est de
broderies d’or. Elle sera amenée au roi en vêtements de brocart
» (Psaume
45:13-14). Il ne quitte pas son épouse royale. Puissions-nous mieux connaître
le coeur du Bien-aimé.
C’est la voix de l’époux que nous entendons ici. D’autres peuvent admirer l’épouse ; mais lui, il prend son plaisir en elle. L’oeuvre de sa grâce patiente a pour résultat béni qu’elle lui ressemble moralement ; cette ressemblance, il y prend plaisir. Plus Christ verra en nous sa propre image, et plus il trouvera en nous ses délices. Pensons à son amour, à sa sainteté, et à la perfection de toutes ses voies.
Le
palmier peut être considéré comme l’emblème de la victoire. Quant à sa forme
naturelle, son tronc est élancé, mais gracieux, droit et élevé. Il serait un
type de la droiture. Certaines espèces s’élèvent à une telle hauteur qu’il
n’est pas facile d’en atteindre le fruit, le tronc étant dépourvu de branches.
C’est à cette particularité que fait peut-être allusion le verset
suivant : « J’ai dit : je monterai sur le palmier, je saisirai ses rameaux
».
Le fruit de l’Esprit est toujours précieux au
Seigneur. Il recueille et apprécie les effets de la grâce dans les siens. Cet
arbre est un des signes de la présence d’eau dans le désert — on trouve
toujours des sources fraîches dans son voisinage — de sorte que rien n’est
aussi agréable que le palmier aux yeux du voyageur dévoré par une soif ardente.
On trouve dans l’Écriture : « Puis ils
vinrent
à Élim, où il y avait douze fontaines d’eau
et soixante-dix palmiers ; et ils campèrent là, auprès des eaux
» (Exode 15:27).
Les palmes étaient associées
à la fête des tabernacles, période de grande réjouissance en Israël (Voir
Lévitique 23:40). Dans sa vision, Jean voit aussi devant le trône et devant
l’Agneau une multitude innombrable « vêtus de longues
robes blanches et ayant des palmes dans leurs mains
» (Apocalypse
7:9).
La grâce a triomphé !
L’épouse est parfaite aux yeux de l’époux, les délices de son coeur. La prière est exaucée, la promesse
accomplie : « Que la gratuité
(ou beauté) du Seigneur,
notre Dieu, soit sur nous
» (Psaume
90:17). « Le juste poussera comme
le palmier
» (Psaume 92:12). La fête des
tabernacles est venue ! Les palmes de la victoire sont agitées, la joie
est à son comble. L’épouse est semblable au palmier avec sa luxuriante
couronne ; humble et dépendante comme le sarment de la vigne, elle
s’attache au vrai Cep et porte beaucoup de fruit à sa gloire. Mais elle est
aussi embaumée comme le pommier, emblème du bien-aimé ; et elle répand de
tous côtés le doux parfum de son nom.
D’après le verset 9, l’époux trouve maintenant son repos dans les beautés de son épouse. Il voit en elle le fruit du travail de son âme, et il en est satisfait : Heureux peuple ! L’Éternel ton Dieu se repose dans son amour (Sophonie 3:14-17). Il est réjoui par le bon vin préparé pour le Bien-aimé.
C’est la note la plus élevée, la plus humble aussi du Cantique des cantiques. L’âme est entièrement occupée de Christ — il trouve en elle ses délices — elle est établie dans la grâce.
Le Seigneur trouve son
plaisir dans les saints. Sous la loi, jamais l’on n’atteint cette position de
confiance, de paix et de joie. La grâce seule peut nous amener dans cet heureux
état. La loi ne le peut jamais. « L’amour
parfait chasse la crainte
» (1 Jean
4:18). Israël a chanté les louanges de Dieu sur les bords de la mer Rouge. Tout
n’était alors que grâce et rédemption. Mais au Sinaï, il n’y avait plus de
chant : tout était crainte et tremblement. Et depuis, Israël a été
constamment sous la loi, et il y restera jusqu’à ce que le Messie revienne.
Présentement ceux qui, abandonnant le terrain juif, se repentent et croient en
Jésus, entrent dans l’Église de Dieu. Ils deviennent membres du corps de
Christ, ont part à tous les privilèges et à toutes les bénédictions qui se
rattachent à l’Assemblée.
La condition actuelle des Juifs, après qu’ils aient mis à mort le Seigneur, nous est présentée d’une manière frappante dans le cas du meurtrier sous la loi. Il était tenu de demeurer dans la ville de refuge jusqu’à ce qu’il y eut un changement dans la sacrificature (Nombres 35). Ce type nous présente la délivrance d’Israël lorsque son Messie viendra dans sa gloire. Il les délivrera alors du joug accablant de la loi et de la main de tous leurs ennemis. Il viendra au-devant d’eux, comme Melchisédec dans Genèse 14, il rafraîchira et réjouira leurs coeurs défaillants avec le pain et le vin du royaume. Leurs yeux longtemps aveuglés seront ouverts pour voir leur Messie et reconnaître tout ce qu’il a fait pour eux : Alors ils partageront la consolation, le repos et la joie.
Au chapitre 2:16, l’épouse
exprime la joie de son coeur de ce qu’elle trouve le Messie, de ce qu’elle le
possède : « Mon bien-aimé est à moi,
et je suis à lui
». Au chapitre 6:3, son expérience est plus élevée. Son
coeur est satisfait de ce qu’elle lui appartient : « Je suis à mon bien-aimé, et mon bien-aimé est à moi
». Mais ici,
elle atteint un point plus élevé encore ; elle trouve son repos dans la
bienheureuse assurance que le coeur de son bien-aimé se réjouit en elle :
« Je suis à mon bien-aimé et son désir se porte vers moi ». Heureux fruit de la
grâce patiente et parfaite du Seigneur. Notre harpe a-t-elle jamais atteint une
note aussi haute ? Nos louanges devraient toujours avoir ce degré élevé.
Dans notre carrière chrétienne, nous devons faire des progrès dans la
connaissance de l’amour de Jésus, de l’efficace de son sacrifice, de la
perfection de la rédemption, de la certitude de la gloire. S’il en est ainsi, comment
la louange pourrait-elle s’affaiblir ? Elle grandira à mesure que nous
approcherons de la maison du Père où le même Seigneur et son amour seront à
jamais le thème de notre cantique.
Maintenant, l’épouse s’adresse à l’époux dans l’heureuse jouissance de sa communion et de son amour. Quel changement dans le ton et le caractère de ses paroles ! Elle ne lui parle que de choses qu’elle sait lui être agréables. Il y a entre elle et lui unité d’esprit et de coeur. Sa foi a saisi les pensées et les affections du Bien-aimé à son égard.
L’amour de Jésus envers nous a été parfaitement manifesté. Son oeuvre est achevée ; en accord avec la promesse de Jean 14, nous avons le Saint Esprit en nous, en tant qu’individus (1 Corinthiens 6:19) et avec nous, en tant qu’Assemblée de Dieu (1 Corinthiens 3:16-17). Il nous révèle l’amour de Jésus et notre union avec lui. Pourquoi ne goûterions-nous pas toute l’intimité qu’il voudrait nous faire partager ? Il se peut que nous contristions le Saint Esprit par notre incrédulité, notre mondanité, et le manque d’amour dans nos voies ; notre communion avec Christ perd ainsi le caractère que l’Esprit non contristé peut seul lui donner. Veillons et prions afin de vivre, de marcher et d’adorer dans la lumière et la puissance de la présence du Saint Esprit.
L’expression « Sortons aux champs, passons la nuit dans les
villages, etc…
» semble indiquer que les bénédictions et les gloires
milléniales s’étendent au-delà des limites d’Israël. Les champs et les villages
sont hors de Jérusalem, le centre terrestre de la gloire du Messie. Les villes
de Juda seront, sans aucun doute, bénies les premières ; mais ensuite, la
gloire de Christ remplira toute la terre. Et ce qu’il y a de particulièrement
précieux dans la vérité qui nous est présentée ici, c’est qu’Israël est associé
au Messie dans le déploiement de la gloire. Tout ceci semble ressortir des
paroles de l’épouse ; « Viens, mon
bien-aimé, sortons — passons la nuit — levons-nous — dès le matin — voyons si
la vigne bourgeonne,…
» .
Ils
visitent et admirent, dans une heureuse communion, les champs qui s’étendent au
loin, transformés par la gloire milléniale. Puis l’épouse s’épanche, attitude
qui est tout-à-fait à sa place en présence de son bien-aimé : « Là je te donnerai mes amours
». Quand
Christ en est l’objet, notre amour ne saurait être trop ardent.
L’Église et tous les saints
ressuscités seront glorifiés avec Christ dans la Jérusalem d’En-Haut, avant que
tout ceci ne s’accomplisse. C’est le dessein de Dieu de réunir ensemble tout ce
qui est dans le ciel et sur la terre, sous l’autorité de Celui qui sera alors
Seigneur. La gloire des saints célestes sera visible pour tous ceux qui seront
sur la terre. « Afin… que le monde
connaisse que toi tu m’as envoyé, et que tu les as aimés comme tu m’as aimé
»
(Jean 17:23). Et à l’égard de la nouvelle Jérusalem il est dit : « Et les nations marcheront par sa lumière
»
(Apocalypse 21:24).
L’heureuse
épouse porte maintenant une abondance de fruits exquis pour le Fils de
David : l’amour, la gratitude, la louange. Toute espèce de fruits
précieux, anciens et nouveaux. Il y a beaucoup de profondeur et de beauté dans
ses paroles : « pour toi, mon
bien-aimé !
» Des
sentiments d’un caractère entièrement nouveau se sont réveillés pour le Seigneur ;
des sentiments tels qu’elle n’en a jamais éprouvés pour lui, et tels qu’elle ne
pourrait jamais en éprouver pour un autre. Elle, si longtemps désolée, stérile,
elle abonde maintenant en fruits. Le Messie a créé des affections nouvelles.
Elles se sont formées durant le temps de ses égarements, et elles ont été
gardées pour le Seigneur seul.
Ces
versets nous ramènent évidemment en arrière, quant à la position et à
l’expérience de l’épouse. Nous nous sommes séparés d’elle à la fin du chapitre
7, au milieu des scènes de la gloire milléniale, dans une heureuse association
avec son bien-aimé. Ils étaient ensemble. La sombre nuit était passée avec ses
douloureuses expériences. Le jour de sa gloire était venu avec toute son
indicible bénédiction. Mais nous sommes ici ramenés au commencement de toutes
les épreuves par lesquelles elle est passée pour arriver à ce point-là :
savoir une communion sans réserve avec le Messie, le Roi. Ici, elle soupire
après la pleine liberté d’une affection de famille. Oh ! que tu fusses
pour moi comme un frère ! Ce qui répond au commencement de ce livre :
« Qu’il me baise des baisers de sa
bouche ! car tes amours sont meilleures que le vin
».
Comme on l’a dit, le chapitre 8 est lui-même quelque chose de complet, et récapitule les principes du livre tout entier. En l’envisageant ainsi, nous ne ferons que signaler ce que nous croyons être la pensée de l’Esprit dans ce dernier chapitre du Cantique des cantiques.
Les
désirs ardents de l’épouse, tels qu’ils sont exprimés ici par l’esprit de
prophétie, sont aussitôt et pleinement satisfaits. Elle désire la pleine
possession de Christ, et l’occasion de lui faire boire du vin aromatisé et du
jus de ses grenades. Elle sait maintenant que jadis il a bu, à cause de ses
péchés, la coupe amère de la colère de Dieu, et elle désire ardemment lui
présenter une coupe de vin exquis, que dans sa gratitude et son dévouement elle
a préparée pour lui seul. Et comme l’enfant prodigue à son retour, elle est
immédiatement embrassée et repose dans les bras de son bien-aimé. Les filles de
Jérusalem sont à nouveau conjurées de ne pas déranger ou réveiller la
bien-aimée pendant qu’elle jouit de l’amour de son époux. « Sa main gauche serait sous ma tête, et sa
droite m’embrasserait ! Je vous adjure, filles de Jérusalem, pourquoi
éveilleriez-vous, et pourquoi réveilleriez-vous mon amour, avant qu’elle le
veuille
! ».
Elle apparaît, poursuivant son voyage, vers les radieuses collines de Canaan, dans la dépendance de son bien-aimé et à l’ombre de ses ailes ; l’Égypte et le désert sont laissés en arrière.
Maintenant, l’époux rappelle
à l’épouse la source de toute sa bénédiction : Je t’ai réveillée sous le
pommier. Le pommier est un symbole de Christ lui-même. « Comme le pommier entre les arbres
de la forêt, tel est mon bien-aimé entre les
fils
». C’est de
Christ qu’elle tire sa vie divine et toutes les bénédictions qui s’y
rattachent. Elle est vivifiée, bénie de toutes les bénédictions terrestres dans
un pays glorieux, par Christ. Le chrétien est uni plus étroitement encore à
lui. Cette importante vérité fait ressortir
la différence qu’il y a entre la bénédiction juive et la bénédiction
chrétienne. Les chrétiens, eux, sont vivifiés ensemble avec le Christ,
ressuscités ensemble, et assis ensemble dans les lieux célestes dans le Christ
(Éphésiens 2:5-6). Israël, comme tel, est lié à la terre ; en tant que
chrétiens nous appartenons aux lieux célestes. C’est là que nos noms sont
écrits, et que nous sommes maintenant assis en Christ.
L’époux
rappelle encore à son épouse sa relation avec la nation d’Israël : « Là
ta
mère t’a enfantée dans les
douleurs, là celle qui t’a enfantée a été en travail
» (verset 5). Le résidu
de la nation devient l’épouse du grand Roi. Elle représente spécialement le
résidu de Juda, qui sera à Jérusalem avant que le résidu d’Éphraïm, ou des dix
tribus, y soit rassemblé ; mais, en principe, elle représente Israël tout
entier. Et comme Christ lui-même naquit de la tribu de Juda, l’Esprit de Dieu
reconnaît l’usage des titres de parenté et les affections qui s’y rapportent.
Nous sommes saisis d’un sentiment de tristesse et de souffrance en pensant que ceux pour la foi et l’encouragement desquels ces relations et ces magnifiques scènes sont décrites, sont encore dans les ténèbres de l’incrédulité. Le voile est encore sur le coeur d’Israël (2 Corinthiens 3:15). Mais l’amour, si magnifiquement décrit ici, deviendra bientôt l’expression de son expérience. En attendant, le chrétien a le bénéfice de cette révélation merveilleuse. Le Cantique des cantiques a pour nous une application morale bénie.
Le Résidu, l’épouse du Messie dans son caractère de roi de justice et de paix, désire maintenant être comme un cachet sur son coeur dans un amour qui surpasse toute connaissance.
Où trouverons-nous un amour comme celui-là ? Uniquement chez le Seigneur. Qui étreint comme la mort et ne rend pas comme le shéol ? qui consume autant qu’une flamme de Jah ? Rien n’est comparable à l’amour : Beaucoup d’eaux ne peuvent l’éteindre. Quand l’amour et la mort se sont rencontrés à la croix dans une lutte terrible, l’amour a triomphé, et la mort à été jamais vaincue.
Le cachet sur le coeur et sur le bras peut faire allusion au pectoral et aux épaulettes de l’éphod que portait le souverain sacrificateur. Les noms des douze tribus d’Israël étaient gravés sur des pierres précieuses en gravure de cachet et portés sur le coeur (symbole des affections) et sur l’épaule (symbole de la force) du souverain sacrificateur, devant l’Éternel. Ainsi, avant longtemps, l’heureuse épouse sera comme un cachet sur le coeur d’amour et le bras tout-puissant de son Seigneur bien-aimé dans son caractère de souverain sacrificateur selon l’ordre de Melchisédec.
La petite soeur est, nous n’en doutons pas, une allusion à Éphraïm, ou aux dix tribus longtemps perdues. Leur captivité avait commencé avant la naissance de Christ ; de sorte qu’elles ne connaissent rien de ces exercices par lesquels Juda est passé en rapport avec la naissance, la mort, la résurrection et le retour du Messie. Néanmoins elles entrent dans la jouissance des résultats bénis de sa première venue en grâce, et de sa seconde venue en gloire. Elles sont instruites, édifiées et établies dans la doctrine de Christ par Juda, leur soeur plus privilégiée.
Elle est forte dans le Seigneur, richement douée, jouissant de la pleine faveur du roi. L’Israël selon la pensée de Dieu est restauré !
Baal-Hamon
signifie : Seigneur d’une multitude, et fait allusion évidemment à la
multitude des nations ; toute la terre, qui forme désormais l’immense
vigne du Seigneur de gloire. « À
l’Éternel
est la terre et tout ce qu’elle contient, le monde et ceux qui l’habitent
»
(Psaume 24:1). Le millénium est arrivé ! La gloire de l’Éternel remplit la
terre ; tous les coeurs se réjouissent ; Jésus règne. Désormais les
gardiens de la vigne lui apportent un revenu convenable. Toutes choses sont
maintenant sous l’oeil de Christ et en accord avec les principes de son gouvernement.
Mais pour ce qui est de sa vigne personnelle, l’épouse veut que tous ses fruits
soient pour le roi Salomon, sauf une portion destinée à ceux qui en gardent le
fruit.
Tous auront part aux riches bénédictions de la fertile, paisible et heureuse terre milléniale, mais Christ est Seigneur de tout.
Et maintenant, il s’adresse pour la dernière fois, dans ces chants d’amour, à sa belle épouse si privilégiée.
Il l’invite à le célébrer. C’est à elle de donner le ton aux compagnons, à toute la terre ! Alors tous les peuples, les tribus et les langues seront remplis de la joie universelle et feront retentir leurs hosannas d’une mer jusqu’à l’autre mer, et depuis le fleuve jusqu’aux bouts de la terre. La création toute entière est pleine de joie et d’allégresse, et ses chants de louanges et d’actions de grâces parviennent aux oreilles de son roi glorieux. Fais que je l’entende !
Ce précieux Cantique s’achève. Quelle richesse et quelle plénitude sont renfermées dans sa dernière note ! L’épouse soupire ardemment après le prompt retour de son Seigneur. Ses profondes affections pour le Bien-aimé révèlent l’ardeur avec laquelle elle désire son apparition glorieuse. Oh, puissent tous nos coeurs se joindre à la profonde et fervente prière de l’épouse terrestre, pour qu’il vienne promptement satisfaire notre désir de le voir, d’être avec lui à jamais, pour qu’il vienne prendre à lui son Église, rassembler ensuite Israël, et bénir toute la terre !
Une prompte et fervente réponse, dictée par amour s’élève de la harpe sacrée de Sion. Hâte-toi, Seigneur ! comme la gazelle qui s’enfuit avec rapidité, comme la biche s’élance en bondissant, que ta gloire apparaisse sur les montagnes des aromates ! AMEN ; VIENS, SEIGNEUR JÉSUS !