Jérémie 35 — Les Récabites

[Plusieurs auteurs (Albert Rossier – Jean-Pierre Fuzier – PhC). Ajouts de Bibliquest entre crochets]


Table des matières :

1 - L’EXEMPLE DES RÉCABITES

1.1 - [Situation à l’époque. Similitude avec le temps du début de la seconde guerre mondiale]

1.2 - [Intervention de Jérémie et réponse des Récabites. Importance d’écouter la Parole de Dieu]

1.3 - [Les commandements de Jonadab et leur application au témoignage chrétien]

2 - TIENS FERME CE QUE TU AS

2.1 - Qui étaient les Récabites ?

2.2 - L’état d’Israël au temps de Jonadab

2.3 - Le commandement de Jonadab

2.4 - Les Récabites à Jérusalem

2.5 - L’épreuve et le témoignage des Récabites

2.6 - La réponse des Récabites

2.7 - [Application au temps d’aujourd’hui]

2.8 - Je veille sur ma parole pour l’exécuter (Jér. 1:12)

3 - UNE FAMILLE FIDÈLE

3.1 - [L’état de choses]

3.2 - [Un exemple de fidélité et d’obéissance]

3.3 - [Application aujourd’hui à ce que les parents transmettent aux enfants]

3.4 - [Donner l’exemple]

3.5 - [Sens de ce que les Récabites représentent spirituellement]

3.6 - [Récompense de la fidélité, spécialement dans l’éducation des enfants]


1 - L’EXEMPLE DES RÉCABITES

Albert Rossier

ME 1939 p.321-324

1.1 - [Situation à l’époque. Similitude avec le temps du début de la seconde guerre mondiale]

L’époque où se place le récit de Jérémie était particulièrement troublée, Le roi Jéhoïakim venait de succéder à son frère Joakhaz, qui n’avait régné que deux mois, et que le Pharaon Neco avait déposé. Au cours des luttes qui opposaient l’Assyrie et l’Égypte, Jérusalem avait été prise et reprise, assujettie à de lourds impôts de guerre, le pays dévasté par le passage des armées. Jéhoïakim, d’abord vassal de Nébucadretsar, s’était ensuite révolté contre lui, attirant sur son peuple et son pays une terrible répression ; son impiété avait été jusqu’à lacérer la Parole de Dieu avec le canif du scribe, puis à la jeter au feu dès qu’il en eut entendu lire trois ou quatre pages. Mais tous les jugements qui se multipliaient contre Juda l’infidèle, n’amenaient pas le peuple à se juger, à se repentir et à revenir à son Dieu. La grâce de Dieu n’était pourtant pas encore épuisée ; elle parlait par son prophète : « Peut-être la maison de Juda écoutera-t-elle… peut-être… ils reviendront ». Mais hélas ! « Dieu parle une fois, et deux fois, et l’on n’y prend pas garde », et c’est là une parole solennellement actuelle.

Aujourd’hui le monde entier est profondément troublé ; la mer des peuples est agitée par une violente tempête ; les puissances sataniques sont déchaînées contre tout ce qui se réclame encore du nom de Dieu, contre Dieu lui-même. L’athéisme des masses vient de faire un immense pas en avant et submerge comme un raz-de-marée la moitié d’un vaste pays christianisé. La guerre dresse des millions d’hommes les uns contre les autres, et amène avec elle toutes les misères, toutes les souffrances, toutes les horreurs que beaucoup d’entre nous ont déjà connues il y a une vingtaine d’années.

Ces événements actuels, qui font comme un pendant à ceux du temps de Jérémie, doivent amener les enfants de Dieu à faire un retour sur eux-mêmes, à scruter leurs voies et à s’humilier profondément devant le trône de la grâce pour tous leurs manquements, pour la contribution qu’ils ont apportée à la ruine de l’Église par leur indifférence, leur mondanité, leur oubli de la Parole. Le chap. 35 de Jérémie nous apporte à ce sujet une précieuse leçon à méditer et à mettre en pratique.

Il semble que dans ce temps-là le témoignage ait été réduit à quelques individus seulement, un Jérémie, un Baruc, un Ebed-Mélec (dont il est dit qu’il avait eu confiance en l’Éternel) et quelques autres peut-être, puis les Récabites ; témoignage très particulier en ce qui concerne ces derniers, car on ne les voit ni se réclamer de l’Éternel, ni même mentionner son nom, mais simplement obéir strictement et sans compromission à des commandements de leur père qui correspondent exactement à ce que Dieu attend des siens dans un temps de ruine. Si Baruc et Ebed-Mélec reçoivent leur « vie pour butin », la récompense des Récabites est de ne jamais manquer d’un homme qui se tienne devant Dieu. Précieuse promesse pour des gens qui avaient eu la foi de venir habiter dans Jérusalem, là où la présence de Dieu était encore dans le temple.


1.2 - [Intervention de Jérémie et réponse des Récabites. Importance d’écouter la Parole de Dieu]

Les Récabites, auxquels Jérémie veut faire boire du vin, s’y refusent et lui répondent : « Nous avons écouté la voix de Jonadab, fils de Récab, notre père » (v. 8) ; « nous avons écouté » (v. 10) ; et Dieu leur en rend témoignage : « ils ont écouté » (v. 14), « parce que vous avez écouté » (v. 18), tandis qu’à quatre reprises différentes Il reproche au peuple : « Vous ne m’avez pas écouté » (v. 14, 15, 16, 17). Or, ce reproche est extrêmement solennel dans la bouche de Dieu, et doit nous toucher au plus profond de nos consciences. Est-ce que nous avons écouté ? La comparaison faite par Jérémie entre les Récabites et le peuple aurait dû réveiller la conscience de ce dernier. Ces Récabites étaient strictement fidèles au commandement d’un homme, leur père, dont le nom revient maintes fois dans ce chapitre. Quelle importance infiniment plus grande que le commandement d’un homme doit avoir la Parole de Dieu ! Mais cette Parole elle-même nous montre que le mal est incurable par la quantité de passages où se répète en un lugubre écho ce : « Vous ne m’avez pas écouté » (voir Dan. 9, etc.).


1.3 - [Les commandements de Jonadab et leur application au témoignage chrétien]

Or les commandements de Jonadab à ses fils sont précisément ce que nous devons mettre en pratique, si nous prêtons l’oreille à la Parole de Dieu. Le témoignage qui a été confié à l’Assemblée dans le temps de la fin ne serait pas dans un état de ruine aussi complète que celui où nous le voyons aujourd’hui, si nous avions marché dans la puissance de l’Esprit, en nous abstenant de boire le vin des convoitises enivrantes du monde, en ne nous y établissant pas de façon permanente. ou comme on l’a exprimé : en ne nous installant pas dans le monde (« vous ne bâtirez pas de maison ») ; en n’attendant rien du monde, pas même une récolte (« vous ne sèmerez pas de semence ») en ne cultivant pas ce qui tôt ou tard amènera la ruine de notre séparation (« vous ne planterez pas de vignes, et vous n’en aurez point »), et enfin en réalisant que nous ne sommes que pèlerins el voyageurs, forains et étrangers (« vous habiterez dans des tentes tous vos jours ») (v. 6-10).

Que dirons-nous à ces choses ? Nous nous humilierons sous la puissante main de Dieu, nous Le rechercherons par la prière et la supplication dans le jeûne, nous répéterons avec Daniel : « Ce n’est pas à cause de nos justices que nous présentons devant toi nos supplications, mais à cause de tes grandes compassions. Seigneur, écoute ; Seigneur, pardonne ; Seigneur, sois attentif et agis ; ne tarde pas, à cause de toi-même, mon Dieu ».

Et puis, écoutons. Dans Sa merveilleuse patience, dans Sa miséricorde infinie, le Seigneur dit à Philadelphie : « Tu as gardé ma Parole ». Combien nous devrions avoir honte en entendant une telle affirmation ! Est-ce qu’elle ne nous redonnera pas le désir ardent de ne pas la démentir, et est-ce que nous ne dirons pas du fond du cœur : « Parle, Seigneur, ton serviteur écoute », pour pouvoir dire ensuite, comme les Récabites : « Nous avons écouté et nous avons fait selon tout ce que nous a commandé Jonadab, notre père » (v. 10).


2 - TIENS FERME CE QUE TU AS

Jean Pierre Fuzier

ME 1994, p.353-360

On peut penser que l’arrivée des Récabites à Jérusalem n’était pas passée inaperçue, même dans une ville préoccupée par l’approche de Nebucadnetsar. La conduite de ces hommes, leur témoignage, ne pouvait laisser indifférents les hommes de Juda et les habitants de Jérusalem, même s’ils ne les comprenaient pas, ou s’ils se moquaient d’eux ou encore s’ils estimaient qu’ils agissaient d’une façon surannée.

Cependant, la seule question était celle-ci : que pense l’Éternel à leur sujet ? C’est aussi la question que soulève le témoignage en tout temps.


2.1 - Qui étaient les Récabites ?

Rappelons brièvement que nous trouvons en 1 Chroniques 2:55, avec la tribu de Juda, « les Kéniens, qui sont sortis de Hammath, père de la maison de Récab ». Les fils du Kénien étaient montés de la ville des palmiers, Jéricho, avec les fils de Juda (Jug. 1:16 ; Deut. 34:3) ; on peut enfin ajouter qu’ils étaient doublement associés à Israël : comme descendants d’Abraham par Ketura, mère de Madian (Gen- 25:2), et alliés à Moïse par Séphora, fille de Rehuel, sacrificateur de Madian (Ex. 2:15-21).


2.2 - L’état d’Israël au temps de Jonadab

À l’exception de quelques fidèles que l’Éternel s’était réservé (1 Rois 19:18), le royaume d’Israël s’était détourné vers les idoles à la suite de ses rois. Le moment était venu où l’Éternel allait frapper la maison d’Achab et exterminer Baal du milieu d’Israël par le moyen de Jéhu (2 Rois 9:6-10 ; 10:28, 29).

En chemin pour détruire la maison d’Achab, Jéhu rencontra Jonadab, fils de Récab, et l’invita à l’accompagner afin de voir son zèle pour l’Éternel (2 Rois 10:16). Jonadab fut ainsi le témoin des actes du roi d’Israël et des moyens par lesquels il exécuta ce qui est droit aux yeux de l’Éternel ; mais il vit aussi ce dont Jéhu ne se détourna pas (2 Rois 10:28-31). La ruse de Jéhu, sa négligence quant aux veaux d’or à Béthel et à Dan — péchés de Jéroboam fils de Nebath et racine du péché d’Israël — n’échappèrent pas au fidèle Jonadab.

Dans le service de Dieu, il est bon d’avoir du zèle (Tite 2:14 ; 2 Cor. 8:16, 17, 22,…) à condition qu’il soit « selon la connaissance » (Rom. 10:1, 2). Le zèle de la chair religieuse ne peut jamais accomplir pleinement la pensée de Dieu, mais se contente de résultats partiels.

Saül estimait avoir détruit Amalek ; il avait cependant gardé le butin et laissé vivre Agag (1 Sam. 15). Les chefs d’Israël avaient laissé en vie toutes les femmes de Madian (Nom. 31:13-20), montrant que, de cœur, ils n’étaient pas prêts à se purifier de l’iniquité de Péor (cf. Jos. 22:16, 17). De la même manière. Jéhu extermina Baal du milieu d’Israël, mais laissa subsister la racine du mal, si bien que nous pouvons penser que c’est alors, et pour cette raison, que Jonadab donna à ses fils le commandement qu’ils gardèrent fidèlement.


2.3 - Le commandement de Jonadab

Lorsque, dans son ensemble, ce qui constitue nominalement le peuple de Dieu sur la terre — Israël ou Juda, ou la chrétienté — supporte sans le juger le mal qui est au milieu de lui, le Seigneur ne peut plus y demeurer. Nous avons une illustration de ce fait dans l’histoire du veau d’or (Ex. 32), et nous voyons alors comment Moïse, après avoir confessé et jugé ce péché, dressa hors du camp, loin du camp, une tente où l’Éternel pouvait le rencontrer et lui parler.

Tel était, dans son principe, le commandement de Jonadab.

Sous une forme ou sous une autre, qu’il s’agisse du camp d’Israël dans le désert, du peuple en Canaan ou en captivité à Babylone (Dan. 1:6-8), du peuple qui venait de crucifier son Messie (Héb. 13:12), ou enfin du christianisme professant, nous n’avons là que divers aspects d’un même système, qui est « le camp », c’est-à-dire un lieu d’où le Seigneur est exclu, bien qu’on s’y réclame plus ou moins de lui. Les divers réveils que le Seigneur a suscités dans la chrétienté, au cours de son histoire, sont tous caractérisés par l’obéissance à la Parole de Dieu, réalisée par quelques fidèles qui sont sortis vers Christ, hors du camp, portant son opprobre (Héb. 13:13).

Dans son sens spirituel, le commandement de Jonadab présente deux caractères remarquables en rapport avec ce que nous venons de rappeler. D’abord, les Récabites n’étaient pas appelés à sortir effectivement du pays d’Israël (Jér. 35:7), mais à se séparer de tout ce qui y attachait le reste du peuple. Ils renonçaient à y avoir une maison, « une cité permanente » (Héb. 13:14), à posséder des champs et des vignes, c’est-à-dire à trouver leurs satisfactions dans ce qui réjouit le cœur des hommes. Cela correspond à « sortir du camp ».

Le second caractère est celui du nazaréat — bien qu’il ne soit fait mention ni de la libre croissance de la chevelure, ni de la souillure au contact d’un mort. Souvenons-nous toutefois que les Récabites n’étaient pas, à proprement parler, des Israélites. Remarquons enfin que ces deux caractères — séparation et nazaréat — sont apparentés l’un à l’autre.


2.4 - Les Récabites à Jérusalem

Chassés par l’invasion babylonienne, les Récabites se réfugièrent à Jérusalem. Ils furent alors contraints d’avoir une « maison » et d’y habiter (Jér. 35:2, 11). Daniel et ses compagnons, un peu plus tard, subirent les contraintes découlant de la captivité de Juda à Babylone. Ces deux exemples nous montrent d’ailleurs que ces « témoignages » sont le fait d’un petit nombre. Les Récabites n’avaient, semble-t-il, qu’une seule maison ; Daniel n’avait que trois compagnons. Ce sont des types du « petit troupeau » qui a la faveur et les promesses du Père (Luc 12:32).

Au cours de l’histoire de l’Église sur la terre, les fidèles ont toujours été soumis aux pressions et à la contradiction d’un monde qui « gît dans le méchant » (1 Jean 5:19), et nous l’éprouvons plus vivement que jamais aujourd’hui. Cependant, l’épreuve des Récabites nous enseigne que ceux qui gardent la parole du Seigneur sauront toujours trouver le chemin de l’obéissance, dans lequel ils seront les témoins de Christ.


2.5 - L’épreuve et le témoignage des Récabites

L’obéissance des Récabites fut particulièrement mise à l’épreuve lorsque le prophète de l’Éternel les conduisit dans la maison de l’Éternel, leur versa du vin et leur dit : « Buvez du vin ».

Ils avaient déjà été contraints, nous l’avons vu, d’habiter dans une maison, à cause du roi de Babylone, ennemi de l’Éternel et de son peuple. Cet abandon de l’un des commandements de Jonadab leur avait été imposé par des circonstances permises par Dieu lui-même. Mais ici, c’est le serviteur fidèle de l’Éternel qui les invite à désobéir à une autre parole de Jonadab. Jérémie fut sans doute perplexe, en recevant une telle mission ; s’il ne l’avait considérée qu’avec la sagesse de l’homme naturel, il aurait pu s’attendre à ce que les Récabites cèdent à une telle sollicitation. Cependant, Jérémie avait appris à aller là où l’Éternel l’envoyait et à dire ce qu’il lui commandait. Il obéissait et laissait à l’Éternel le soin de veiller sur sa parole pour l’exécuter (Jér. 1:1, 8, 12). Nous pouvons donc penser qu’il était certain de l’heureuse issue de cette épreuve et que c’est une des raisons, au moins, pour lesquelles il prit avec lui plusieurs témoins.

Pour les Récabites, la tentation était grande de dire : après tout, puisque le royaume de Juda est en plein déclin, que Jérusalem va être prise et détruite et que nous sommes nous-mêmes des fugitifs, à quoi bon tenir ferme un commandement vieux de plus de deux siècles et demi ! L’époque de Jéhoïakim est bien différente de celle de Jonadab ; n’est-ce pas le moment de vivre avec son temps ?

Un tel langage ne nous est-il pas tristement familier ? L’ennemi, aujourd’hui, ne nous dit-il pas, et de bien des manières : « ce que vos conducteurs vous ont annoncé est maintenant dépassé, inadapté aux conditions de la vie moderne. Évoluez, avancez, vous ne pouvez d’ailleurs faire autrement ! »

Ces paroles modernes ne sont, en réalité, que la répétition de propos bien anciens. Paul, déjà, avertissait les Galates au sujet d’un « évangile différent, qui n’en est pas un autre » ; mais, ajoutait-il, « quand nous-mêmes, ou quand un ange venu du ciel vous évangéliserait outre ce que nous vous avons évangélisé, qu’il soit anathème ! » (Gal. 1:6-9).


2.6 - La réponse des Récabites

À l’invitation qui leur est faite, sans s’arrêter à la précarité de leur situation, et sans se laisser guider par l’apparence de ce qui les entoure, les Récabites répondent simplement : « nous ne boirons point de vin ». Et ils donnent, en quelque sorte, raison de l’espérance qui est en eux (1 Pierre 3:15). « Car Jonadab, fils de Récab, notre père, nous a commandé, disant… Et nous avons écouté la voix de Jonadab, fils de Récab, notre père » (Jér. 35:6-10).

Les Récabites étaient donc demeurés dans les choses qu’ils avaient apprises et les avaient gardées pendant plusieurs générations ; ils n’avaient pas oublié, non plus, « de qui ils les avaient apprises » (cf. 2 Tim. 3:14-17).

La parole de l’Éternel s’adresse alors aux hommes de Juda et aux habitants de Jérusalem, les invitant à recevoir instruction pour écouter ses paroles. En lisant ce récit, nous avons remarqué la répétition du verbe « écouter ». Il caractérise à quatre reprises les Récabites, tandis qu’à quatre reprises, l’Éternel reproche à Juda de ne pas l’avoir écouté. Les conséquences en sont le jugement sur Juda et sur Jérusalem, et la bénédiction sur la maison de Jonadab.

Cette scène remarquable met en contraste l’obéissance des Récabites au commandement d’un homme, Jonadab, et la désobéissance des fils de Juda et des habitants de Jérusalem aux paroles pressantes de l’Éternel lui-même. En effet, pendant de longues années, ils n’avaient même pas voulu l’écouter et n’avaient pas répondu à son appel !

Peut-être dira-t-on que les commandements de Jonadab n’étaient pas littéralement fondés sur la parole de Dieu ; c’est vrai, mais ce que Dieu approuve ici et donne en exemple à son peuple, c’est la fidélité des Récabites à garder la parole de leur père. « Ces Récabites étaient strictement fidèles au commandement d’un homme, leur père… Quelle importance infiniment plus grande que le commandement d’un homme doit avoir la Parole de Dieu ! »


2.7 - [Application au temps d’aujourd’hui]

En ce qui nous concerne, nous sommes invités à nous souvenir « de nos conducteurs qui nous ont annoncé la parole de Dieu », mais aussi à « considérer l’issue de leur conduite et à imiter leur foi » (Héb. 13:7).

« Mais, a-t-on écrit, ce n’est pas parce que des frères respectés et hautement respectables nous ont transmis un enseignement, que nous avons à le considérer comme étant celui qu’il faut maintenir aujourd’hui, tenant ferme ce qu’eux ont eu à conquérir, car ce serait là, proprement, recueillir et observer une tradition ; c’est parce que ces conducteurs se sont attachés à la seule vérité scripturaire. Leur autorité découle du fait que le Saint Esprit leur a donné de transmettre avec fidélité « ce qui est dès le commencement », non pas leur commencement, mais celui du christianisme. Ils ont été en vérité « des hommes fidèles, capables d’instruire aussi les autres » (2 Tim. 2:2). C’est pour cela que nous sommes responsables de les écouter et de les suivre : en le faisant, nous écoutons l’enseignement de l’Écriture et nous suivons le Seigneur ».

La vivante et permanente parole de Dieu, la parole du Seigneur, qui demeure éternellement, a été annoncée aux croyants ; elle demeure le seul fondement de la foi. L’Esprit de vérité venu pour les conduire dans toute la vérité (Jean 16:13) forme en eux une « intelligence spirituelle » pour connaître la volonté de Dieu dans les circonstances où ils se trouvent, « pour marcher d’une manière digne du Seigneur pour lui plaire à tous égards » (Col. 1:9, 10).


2.8 - Je veille sur ma parole pour l’exécuter (Jér. 1:12)

Alors qu’allait s’accomplir le mal prononcé sur Jérusalem (35:17 et chap. 19), l’Éternel promettait que Jonadab ne manquerait jamais d’un homme qui se tienne devant lui. Cette promesse pour la terre, n’est-elle pas une « ombre » de la promesse faite au vainqueur de Philadelphie (Apoc. 3:12) ? Le royaume de Juda, sous Jéhoïakim, présente en figure l’état d’une chrétienté qui a lacéré la parole de Dieu et tente de la détruire (Jér. 36:21-26). Il préfigure aussi l’état de ruine du témoignage confié à la responsabilité de l’Église. Combien sont rares, dans le livre de Jérémie, les noms des fidèles ! Certes, le Seigneur connaît ceux qui sont siens ; mais, à ceux qui par grâce se sont retirés de l’iniquité, l’histoire des Récabites rappelle combien il est indispensable de garder la parole du Seigneur. Pour notre encouragement, notre Seigneur Jésus Christ nous dit : « Je viens bientôt », puissions-nous aussi l’écouter, tandis qu’il ajoute : « Tiens ferme ce que tu as, afin que personne ne prenne ta couronne » (Apoc. 3:12).


3 - UNE FAMILLE FIDÈLE

Ph. C.

ME 1981, p. 74-80

3.1 - [L’état de choses]

Les jours sont très sombres pour le peuple. Jéhoïakim, fils de Josias, règne sur Juda, mais il fait « ce qui est mauvais aux yeux de l’Éternel, selon tout ce que ses pères avaient fait » (2 Rois 23:37). Il en recevra des jugements de la part de Dieu : « en ses jours, Nebucadnetsar, roi de Babylone, monta, et Jéhoïakim fut son serviteur pendant trois ans ; et il se retourna et se révolta contre lui » (2 Rois 24:1). Puis l’Éternel envoya contre lui les Chaldéens, les Syriens, Moab et les fils d’Ammon. Il les envoya contre Juda « pour le détruire » (v. 2), « pour l’ôter de devant sa face » (v. 3). L’Éternel excédé par les péchés de Manassé « ne voulut pas lui pardonner » (v. 4). Pourtant on trouve encore dans ce même temps l’immense grâce de Dieu et ses ressources : « Revenez donc chacun de sa mauvaise voie et de l’iniquité de vos actions, et vous habiterez sur la terre que l’Éternel vous a donnée, à vous et à vos pères, de siècle en siècle, et n’allez point après d’autres dieux pour les servir, et pour vous prosterner devant eux, et ne me provoquez pas par l’œuvre de vos mains ; et je ne vous ferai pas de mal » (Jér. 25:5, 6).


3.2 - [Un exemple de fidélité et d’obéissance]

Au chapitre 35 de Jérémie, sous le règne de ce Jéhoïakim, l’Éternel place devant les hommes de Juda et les habitants de Jérusalem, un exemple de fidélité et d’obéissance qui contraste avec leur péché. « Ne recevrez-vous point instruction pour écouter mes paroles ? » leur dit l’Éternel (v. 13).

Nous qui sommes arrivés à la fin du temps de la grâce, où le monde et la chrétienté professante sont mûrs pour le jugement, nous aurons profit à considérer l’exemple de la famille de Jonadab, fils de Récab, dont l’Éternel déclare qu’elle « ne manquera jamais d’un homme » qui se tienne devant lui.

Jonadab, chef de la famille, a été caractérisé par un engagement total pour Dieu ; il se trouvait associé à Jéhu en 2 Rois 10:15-21 lorsque celui-ci, exécutant la parole de l’Éternel, met à mort ceux qui restaient de la maison d’Achab et les serviteurs de Baal. Il est fidèle, revendiquant publiquement la sainteté qui revient à l’Éternel. Dans le chapitre 35 de Jérémie nous nous trouvons environ 280 années plus tard. Plusieurs générations ont passé, et pourtant la même énergie se retrouve chez ces hommes malgré les circonstances qui semblent s’opposer à une vie de consécration pour Dieu.

Jonadab avait commandé à ses fils disant : « Vous ne boirez point de vin, ni vous, ni vos fils, à toujours, et vous ne bâtirez pas de maison, et vous ne sèmerez pas de semence, et vous ne planterez pas de vigne et vous n’en aurez point ; mais vous habiterez dans des tentes tous vos jours sur la face de la terre où vous séjournerez » (v. 7). C’était une vie de nazaréen, une vie consacrée, séparée afin d’être entièrement à l’Éternel qu’il commandait à ses fils, selon ce que nous lisons en Nombres 6. Comme le Seigneur le ferait plus tard dans son cheminement sur la terre, ils devaient s’abstenir de ce que suggère le vin, c’est-à-dire, des joies du monde ; et c’est précisément sur ce point que l’Éternel demande à Jérémie de les mettre à l’épreuve : « Va à la maison de Récabites et parle-leur, et amène-les dans la maison de l’Éternel, dans une des chambres, et verse-leur du vin ». Lorsqu’ils se trouvent devant les gobelets pleins de vin, à l’invitation : « Buvez du vin » ils expriment ce qui était arrêté dans leur cœur : « Nous ne boirons pas ce vin » (v. 6). Pourtant des pensées auraient pu venir à leur esprit, les incitant à enfreindre exceptionnellement le commandement de leur père. La proposition ne venait-elle pas du prophète de l’Éternel ? L’ordre de notre ancêtre, qui est si ancien, n’aurait-il pas besoin d’être reconsidéré, les circonstances de notre temps n’ayant rien à voir avec celles de son époque ? Pour nous la parole de Dieu qui est la vérité doit demeurer immuable. Lorsque nous sommes invités, même par un frère ou une sœur, à nous engager dans un chemin, examinons avec soin la Parole pour rechercher si rien ne s’y oppose. Le Seigneur ne pourrait approuver notre démarche, aurions-nous même le dessein de le servir, si la parole de Dieu était délaissée. Elle ne peut sous aucun prétexte être mise de côté, ne serait-ce que pour un court instant.

C’est en effet l’obéissance des Récabites qui va être mise en évidence par l’épreuve, épreuve qui sera « trouvée tourner à louange, et à gloire et à honneur dans la révélation de Jésus-Christ » (1 Pierre 1:7). Jonadab avait pris fermentent position pour l’Éternel, mais l’engagement réel des fils restait à prouver, car la fidélité des parents n’est pas une sauvegarde pour les enfants qui doivent avoir personnellement affaire avec le Seigneur. Nous découvrons qu’ils n’avaient pas seulement suivi une tradition, mais que leur cœur aussi était engagé : « Nous ne boirons pas ». Lorsque Daniel et ses trois compagnons de captivité se trouvent devant le roi de Babylone, au chapitre 1 de son livre nous lisons : « Daniel arrêta dans son cœur qu’il ne se souillerait point par les mets délicats du roi et par le vin qu’il buvait » (v. 8). Il est mis à l’épreuve avec Shadrac, Meshac et Abed-Nego et tous ensemble ils glorifient Dieu par leur fermeté. Toutefois on aurait pu penser que les trois amis suivaient Daniel comme un chef de file sans exercice personnel. Au chapitre 3, ils manifestent leur attachement à leur Dieu, en ne se prosternant pas devant la statue de Nébucadnetsar, et seuls, sans Daniel, affrontent la fournaise sept fois plus chauffée qu’à l’accoutumée, manifestant ainsi ce qui était dans leur cœur.


3.3 - [Application aujourd’hui à ce que les parents transmettent aux enfants]

Les Récabites dirent : « Nous ne boirons point de vin ; car Jonadab, fils de Récab, notre père, nous a commandé… » (v. 6). Dans cette famille de père en fils, un enseignement précis avait été transmis. Cela ne nous parle-t-il pas de ce que les parents doivent communiquer à leurs enfants ? Il ne s’agit pas, sans doute, de s’acquitter d’un devoir religieux comme la lecture hâtive d’un feuillet du calendrier, mais : « Vous pères… élevez vos enfants dans la discipline et sous les avertissements du Seigneur » (Éph. 6:4). Une bénédiction est liée à cela. Abraham a pu en faire l’expérience lorsque l’Éternel lui dit : « Cacherai-je à Abraham ce que je vais faire, puisque Abraham doit certainement devenir une nation grande et forte et qu’en lui seront bénies toutes les nations de la terre ? Car je le connais et je sais qu’il commandera à ses fils et à sa maison après lui de garder la voie de l’Éternel, pour pratiquer ce qui est juste et droit » (Gen. 18:17-19). Les Israélites devaient inculquer plusieurs fois par jour à leurs fils les commandements de l’Éternel (Deut. 6:7 ;11:19).

Les enfants trouveront dans cet enseignement des instructions pour leur marche ; mais il y a un autre caractère bien important à considérer. Gédéon, qui vécut également dans une période très troublée, où Israël était en butte à l’oppression de la part de Madian, un ennemi implacable, semble découragé, pensant que l’Éternel a oublié son peuple : « Où sont toutes les merveilles que nos pères nous ont racontées… ? » (Juges 6:13). Ses pères, suivant l’exhortation d’Exode 13:8 avaient raconté comment l’Éternel les avait délivrés avec puissance de l’esclavage de l’Égypte.

Il y a donc des merveilles dont les parents doivent entretenir leurs enfants. La personne de Christ ne doit-elle pas être au centre de nos récits ? « Mon bien-aimé est blanc et vermeil, un porte-bannière entre dix mille… toute sa personne est désirable » (Cant. 5:10-16). « Tu es plus beau que les fils des hommes ; la grâce est répandue sur tes lèvres… » (Ps. 45:2). Connaissons-nous le Seigneur d’une manière suffisamment intime pour que la description que nous en faisons donne envie de le connaître et de l’aimer ? Qu’est-il pour chacun de nous ? Ne nous a-t-il pas aimés, jusqu’à se livrer « lui-même pour nous, comme offrande et sacrifice à Dieu, en parfum de bonne odeur » (Éph. 5:2) ?


3.4 - [Donner l’exemple]

Si les parents ont à commander, à raconter, ils ont également à montrer. Le verset 6 du chapitre 3 de 1 Rois est le touchant témoignage d’un fils qui a regardé son père marcher. Salomon dit à l’Éternel : « Tu as usé d’une grande bonté envers ton serviteur David mon père, selon qu’il a marché devant toi en vérité et en justice et en droiture de cœur avec toi ». David avait été vu par Salomon comme un serviteur dépendant et soumis. Quelles sont les préoccupations de nos cœurs, montrons-nous à nos enfants l’image de gens absorbés, accaparés par les affaires de la vie, ou bien que nous sommes des serviteurs de Jésus Christ, vivant « dans le présent siècle sobrement, et justement, et pieusement, attendant la bienheureuse espérance et l’apparition de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur Jésus Christ » (Tite 2:12, 13) ? Si nos paroles ont de l’influence sur nos enfants, notre comportement en a une plus forte encore. Quelle était la prière de David pour Salomon : « Donne à mon fils un cœur parfait, pour garder tes commandements, tes témoignages et tes statuts, et pour tout faire, et pour bâtir le palais que j’ai préparé » (1 Chron. 29:19) ? Cela, n’en doutons pas, fut la prière de Jonadab. Que ce soit notre fervente supplication quotidienne. Demandons au Seigneur que nos enfants soient fidèles dans leur marche et qu’ils soient d’utiles serviteurs dans l’assemblée. « Que nos fils soient comme des plantes croissant dans leur jeunesse, et nos filles comme des pierres d’angle, ornementées selon le style des palais » (Ps. 144:12).


3.5 - [Sens de ce que les Récabites représentent spirituellement]

Les Récabites ont écouté le commandement de leur père, commandement que nous devons mettre en pratique (v. 6 et 7). Imitons-les pour nous abstenir de ce dont nous parle le vin : les joies que le monde offre à notre vieille nature ; et pour « habiter dans des tentes », c’est-à-dire réaliser que nous ne faisons que passer sur la terre. Nous y sommes étrangers et forains, mais déjà capables de goûter les douceurs de notre patrie céleste, étant « scellés du Saint Esprit de la promesse, qui est les arrhes de notre héritage, pour la rédemption de la possession acquise, à la louange de sa gloire » (Éph. 1:13). Spirituellement parlant nous n’avons pas à semer de semence ni à planter de vigne. Abraham dont la foi désirait les biens célestes et permanents n’avait rien, absolument rien, voulu recevoir de la main du roi de Sodome, figure du chef de ce monde (Gen. 14:22 à 24). Il appartenait à Dieu, et non au roi de Sodome, d’enrichir un Abraham. Si l’on sème, c’est pour faire une récolte, si l’on plante une vigne c’est pour ensuite vendanger. Comme l’exprime ce verset 7, nous n’avons rien à rechercher dans le monde, rien à recevoir qui nous rende dépendants des hommes du monde. Ne serions-nous pas liés à eux en leur étant redevables ? Nous perdrions notre caractère de séparation, gage de notre appartenance au Seigneur, et la jouissance des vrais biens, les biens célestes.


3.6 - [Récompense de la fidélité, spécialement dans l’éducation des enfants]

En tout cela les fils de Récab ont obéi. Le témoignage de l’Éternel est remarquable (v. 14) : « ils ont écouté » (v. 16) : « oui… ils ont observé ». Peut-être sommes-nous facilement enclins à dire : ce frère, ou cette sœur, est fidèle — mais n’est-ce pas l’approbation du Seigneur qui compte en définitive ? « Bien, bon et fidèle esclave, tu as été fidèle en peu de chose, je t’établirai sur beaucoup ; entre dans la joie de ton maître » (Matt. 25:21). Alors la bénédiction s’attache à cette maison : « Parce que vous avez écouté… observé… fait ; à cause de cela, ainsi dit l’Éternel des armées, le Dieu d’Israël : Jonadab, fils de Récab, ne manquera jamais d’un homme qui se tienne devant moi » (v. 18, 19). Quel encouragement et quelles certitudes pour des parents pieux ! quelle faveur pour des enfants d’avoir été élevés dans la discipline et sous les avertissements du Seigneur et d’avoir pu discerner chez leurs parents des serviteurs de l’Éternel ! Comment répondons-nous les uns et les autres aux responsabilités qui nous sont confiées dans nos maisons ? Car « si quelqu’un ne sait pas conduire sa propre maison, comment prendra-t-il soin de l’assemblée de Dieu » ? (1 Tim. 2:5).