Quelle règle de vie pour le chrétien, Christ ou la loi ?

Baines T.B. (ajouts Bibliquest entre crochets)

ME 2023-6 p. 20


1 - [Enseignement ordinaire : justification par la foi, marche du croyant gouvernée par la loi morale]

2 - La loi a-t-elle autorité sur le croyant ? [Le croyant mort avec Christ]

3 - Loi cérémonielle ou loi morale ?

3.1 - [Selon Rom. 7 du fruit nous peut être produit que si on est « mort à la loi »]

3.2 - [Étant « mort à la loi », le croyant peut se livrer à Dieu pour servir et porter du fruit, le péché ne dominant plus sur lui]

4 - Quelle est notre ressource pour ne pas pécher ?

4.1 - [Le fondement de la marche chrétienne n’est pas la loi en partie ravivée, mais la nouvelle position du croyant comme mort et ressuscité avec Christ]

4.2 - [L’introduction de la loi après avoir cru, est un retour à la chair et à la malédiction]

5 - Qu’est-ce qui fait alors obstacle à l’anarchie ?

5.1 - [La grâce ne laisse pas libre cours à l’anarchie]

5.2 - [Anarchie empêchée si l’on vit pratiquement comme « morts avec Christ » et « appartenant à un Autre »]

6 - Comment répondre aux justes exigences de la loi ? [Marche par l’Esprit, puissance de la vie nouvelle]

7 - Christ et la loi [C’est à Christ ressuscité que nous sommes unis]

8 - Paul et la loi

8.1 - [Un usage « légitime de la loi » 1 Tim. 1:8]

8.2 - [En général Paul insiste sur d’autres motivations que la loi]

9 - Conclusion [La règle de vie dépend de notre position : ayant reçu l’Esprit d’adoption, notre règle de vie est Christ]


1 - [Enseignement ordinaire : justification par la foi, marche du croyant gouvernée par la loi morale]

On enseigne communément parmi les chrétiens que la marche du croyant est réglée par la loi morale ou les dix commandements. Bien sûr, tous admettent que le croyant n’est pas justifié par des œuvres de loi. Et que si la loi était utilisée de cette façon, cela ne ferait qu’alourdir la condamnation de l’homme. On accepte donc que sa justification est par la grâce et sur le principe de la foi ; mais une fois justifié, quel est la norme qui doit gouverner sa vie ? Selon l’opinion générale, il s’agit de la loi morale, sans aucun doute la règle donnée à Israël, et qui dans sa finalité propre est donc aussi parfaite que toutes les autres œuvres des mains de Dieu. Il est correct de dire que les croyants sont sous la grâce et non sous la loi ; mais on soutient que ceci s’applique à la justification et non à la marche. On leur enjoint aussi de ne pas revenir à la loi, mais on explique qu’il s’agit de la loi cérémonielle et non de la loi morale. Ces distinctions sont compréhensibles, mais sont-elles scripturaires ? Où trouve-t-on mentionné que si la loi cérémonielle est abrogée, la loi morale est toujours en vigueur comme règle pour la marche chrétienne ? Il existe sans aucun doute une distinction entre la loi morale et la loi cérémonielle, ainsi qu’entre la loi en tant que fondement de la justification et la loi en tant que règle de vie. Mais quand on fait usage de cette distinction pour concilier l’Écriture avec la théologie, c’est notre responsabilité de nous enquérir si cette interprétation de l’Écriture est fidèle.


2 - La loi a-t-elle autorité sur le croyant ? [Le croyant mort avec Christ]

Il est dit que « la loi a autorité sur l’homme aussi longtemps qu’il vit », mais il est ajouté que le croyant ne vit plus, ayant « été mis à mort à la loi par le corps du Christ, pour être à un autre, à celui qui est ressuscité d’entre les morts, afin que nous portions du fruit pour Dieu » (Rom. 7:1, 4). Ensuite, on lit que « maintenant nous avons été déliés de la loi, étant morts dans ce en quoi nous étions tenus, en sorte que nous servions en nouveauté d’esprit, et non pas en vieillesse de lettre » (Rom. 7:6). Comme ailleurs dans cette épître, l’homme est ici considéré comme étant au départ vivant dans la chair. Telle est sa position initiale devant Dieu, et dans cette position la loi « a autorité » sur lui. Mais les croyants sont « morts avec Christ » (Rom. 6:8), et ont « été mis à mort à la loi », « déliés de la loi, étant morts dans ce en quoi nous étions tenus ». Cela ne peut pas être dit plus clairement : le croyant, du fait qu’il est mort avec Christ, est libre de la loi.


3 - Loi cérémonielle ou loi morale ?

3.1 - [Selon Rom. 7 du fruit nous peut être produit que si on est « mort à la loi »]

S’agit-il de la loi cérémonielle ? Évidemment non, car le passage continue ainsi : « Je n’aurais pas eu conscience de la convoitise, si la loi n’avait dit : Tu ne convoiteras point » (Rom. 7). Ainsi, c’est précisément des dix commandements (le décalogue) que le Saint Esprit parle ici, et c’est à ce même décalogue que le croyant est déclaré mort. Y est-il mort donc seulement en ce qui concerne la justification, mais toujours vivant quant à la règle de conduite ? Dans le passage ci-dessus, il n’est même pas fait allusion à la question de la justification ; la raison pour laquelle nous sommes déclarés « mis à mort à la loi » pour appartenir « à un autre, à celui qui est ressuscité d’entre les morts », c’est « afin que nous portions du fruit pour Dieu ». Alors que « quand nous étions dans la chair, les passions des péchés, lesquelles sont par la loi, agissaient dans nos membres pour porter du fruit pour la mort » (Rom. 7:5). Le contraste n’est donc pas entre la justification et la condamnation, mais entre les fruits produits sous la loi et ceux produits du fait que nous sommes « à un autre ». Si nous sommes à Christ, nous sommes morts à la loi et le résultat est du « fruit pour Dieu ». Le croyant est par conséquent mort à la loi, non seulement en ce qui concerne le fondement de sa justification, mais aussi pour sa règle de conduite.


3.2 - [Étant « mort à la loi », le croyant peut se livrer à Dieu pour servir et porter du fruit, le péché ne dominant plus sur lui]

La loi ne peut pas plus produire de fruit pour Dieu après sa conversion, qu’elle n’aurait pu le sauver de ses péchés avant sa conversion. C’est ainsi qu’on trouve dans le chapitre précédent : « Ne livrez pas vos membres au péché comme instruments d’iniquité, mais livrez-vous vous-mêmes à Dieu, comme d’entre les morts étant faits vivants, – et vos membres à Dieu, comme instruments de justice. Car le péché ne dominera pas sur vous, parce que vous n’êtes pas sous la loi, mais sous la grâce » (Rom. 6:13-14). De nouveau, le sujet n’est pas ici la justification mais la marche. Notre justification est implicite et la question est la suivante : une fois justifié servirons-nous le péché ou Dieu ? Qu’est-ce qui nous délivre du pouvoir du péché ? « Dans la chair, les passions des péchés, lesquelles sont par la loi, agissaient dans nos membres pour porter du fruit pour la mort » (Rom. 7:5). Mais maintenant nous ne sommes pas « dans la chair », mais « morts avec Christ » ; sommes-nous à nouveau assujettis à la loi pour être gardés du péché et pour porter du fruit pour Dieu ? Bien au contraire, « le péché ne dominera pas sur vous, parce que vous n’êtes pas sous la loi, mais sous la grâce ». En un mot, la puissance pour la marche ne découle pas d’un assujettissement à la loi, mais du fait que nous sommes morts à la loi.


4 - Quelle est notre ressource pour ne pas pécher ?

4.1 - [Le fondement de la marche chrétienne n’est pas la loi en partie ravivée, mais la nouvelle position du croyant comme mort et ressuscité avec Christ]

L’apôtre demande ensuite : « Pécherions-nous, parce que nous ne sommes pas sous la loi, mais sous la grâce ? – Qu’ainsi n’advienne ! » (Rom. 6:15). Alors quel est le fondement de cette affirmation négative ? Dit-il : « Vous ne devez pas pécher parce que, bien que vous ne soyez pas sous la loi pour la justification, vous y êtes pour la marche » ? Si cela avait été vrai, cela aurait été la réponse évidente, de sorte que le fait que l’apôtre ne réponde pas de cette manière prouve que cette doctrine n’est pas vraie. Au lieu de procéder à cette distinction que font les théologiens, il montre que le nouveau fondement de la marche chrétienne n’est pas la loi en partie ravivée comme règle de conduite, mais la nouvelle position dans laquelle le croyant est amené comme mort et ressuscité avec Christ.


4.2 - [L’introduction de la loi après avoir cru, est un retour à la chair et à la malédiction]

La loi, loin d’être la règle de vie d’un croyant, n’induit rien d’autre que la misère quand le croyant en fait usage ; car il est même dit d’une âme vivifiée que « le péché, ayant trouvé une occasion par le commandement, a produit en moi toutes les convoitises » (Rom. 7:8), tandis qu’il est dit ailleurs que « la puissance du péché, c’est la loi » (1 Cor. 15:56). C’est ainsi que l’apôtre fait aux Galates le reproche d’introduire la loi après avoir fait l’expérience de la grâce. « Avez-vous reçu l’Esprit sur le principe des œuvres de loi, ou de l’ouïe de la foi ? Êtes-vous si insensés ? Ayant commencé par l’Esprit, achèveriez-vous maintenant par la chair ? » (Gal. 3:2-3). C’est un fait très frappant que le Saint Esprit identifie l’introduction de la loi, après avoir cru, comme un retour à la chair. Il montre ensuite que la loi est fatale, de quelque manière qu’elle soit introduite ; « car tous ceux qui sont sur le principe des œuvres de loi sont sous malédiction ; car il est écrit : Maudit est quiconque ne persévère pas dans toutes les choses qui sont écrites dans le livre de la loi pour les faire » (v. 10). On pourrait dire que ceci se réfère à la justification et non pas à la conduite. Pourtant il s’adresse à des personnes déjà justifiées. De plus, c’est un principe général qui s’applique à quelque usage de la loi que ce soit et qui montre qu’il n’est pas possible d’être à demi mort à la loi et à demi vivant à elle ; mais si nous sommes sous la loi, nous sommes sous la malédiction. C’est ainsi qu’on trouve ailleurs cet enseignement : « Je proteste de nouveau à tout homme circoncis, qu’il est tenu d’accomplir toute la loi » (Gal. 5:3). Comment l’Écriture et la théologie pourraient se contredire d’une façon plus flagrante ? La théologie dit que nous sommes d’une certaine manière sous la loi et d’une autre manière libre de celle-ci. L’Écriture dit que nous devons soit être entièrement sous la loi, soit en être complètement libéré.


5 - Qu’est-ce qui fait alors obstacle à l’anarchie ?

5.1 - [La grâce ne laisse pas libre cours à l’anarchie]

Donc, si on suit l’Écriture, on découvre que le croyant est mort à la loi, non seulement pour la justification, mais aussi en tant que règle de vie. Introduire quelque chose de la loi, sous une forme ou une autre, est une déviation du principe de la grâce. Mais ceci laisse-t-il libre cours à l’anarchie ? C’est dans l’épître aux Romains que l’apôtre traite de cette question. Si la loi avait été maintenue comme règle de vie, cette question ne se serait jamais posée, et le fait que cette question surgit démontre ainsi que la loi n’a pas été observée.


5.2 - [Anarchie empêchée si l’on vit pratiquement comme « morts avec Christ » et « appartenant à un Autre »]

Mais alors qu’est-ce qui fait obstacle à l’anarchie ? Un double obstacle : premièrement, en étant « morts au péché », nous ne pouvons plus vivre « encore dans le péché » (Rom. 6:2) ; deuxièmement « étant à un autre », nous pouvons « porter du fruit pour Dieu ». Étant morts avec Christ, nous sommes morts au péché, et l’enseignement pratique fondé sur cette vérité est : « Que le péché donc ne règne point dans votre corps mortel pour que vous obéissiez aux convoitises de celui-ci » (Rom. 6:12). En ayant notre vie en Christ, nous vivons « à Dieu » (Rom. 6:10) et il devrait en découler ce résultat pratique : « afin que comme Christ a été ressuscité d’entre les morts par la gloire du Père, ainsi nous aussi nous marchions en nouveauté de vie » (Rom. 6:4).


6 - Comment répondre aux justes exigences de la loi ? [Marche par l’Esprit, puissance de la vie nouvelle]

La loi était évidemment parfaite quant à son propre but, mais, en opérant par la chair, elle n’avait pas seulement aucun pouvoir contre la convoitise, mais au contraire, elle en engendrait. « En ce qu’elle était faible par la chair », elle ne pouvait pas « condamner le péché dans la chair » (Rom. 8:3). Mais maintenant, nous qui sommes « à un autre, à celui qui est ressuscité d’entre les morts », nous sommes capables de ne pas marcher « selon la chair, mais selon l’Esprit », et ainsi « la juste exigence de la loi » est « accomplie en nous » (Rom. 8:4). Tant que nous sommes sous la loi, nous sommes incapables d’accomplir ses justes exigences par la chair. Mais ses justes exigences sont accomplies en nous, qui sommes libérés de la loi et qui marchons comme ceux qui sont morts et ressuscités avec Christ. Ainsi, la tentative de placer le croyant sous la loi comme règle de vie n’atteint jamais ce but. Ce n’est que quand nous en sommes complètement émancipés que ses justes exigences peuvent être accomplies dans nos vies. Car la loi, bien qu’elle donne des directives, ne communique aucune puissance. La puissance vient de la nouvelle vie dans laquelle nous sommes vivifiés ensemble avec Christ. Avec la vie de Christ ressuscité, nous sommes capables de manifester cette vie dans notre marche et dans nos paroles.


7 - Christ et la loi [C’est à Christ ressuscité que nous sommes unis]

On pourrait aussi poser la question : Christ n’a-t-il pas accompli la loi ? N’est-il pas « né sous la loi ? » (Gal. 4 : 4) et, si nous devons proclamer sa vie dans la nôtre, ne devons-nous pas également être sous la loi ? Sans aucun doute, Christ est « né sous la loi » comme homme né dans ce monde. Mais nous ne sommes pas à Christ, dans sa condition d’homme né dans ce monde, mais « à un autre », dans celle d’homme qui « a été ressuscité d’entre les morts ». C’est unis avec un Christ ressuscité que nous sommes rendus capables de marcher « en nouveauté de vie ». Comme homme, Christ a satisfait chaque exigence de la loi, jusqu’à la mort qu’Il a endurée à notre place. Christ est-Il ressuscité et glorifié sous la loi ? S’il n’en est pas ainsi pour Lui, alors pour nous non plus ; car nous sommes morts avec Lui et ainsi délivrés de tout ce qu’Il a connu, mais étant vivifiés avec Lui, notre vie est la même que la Sienne.


8 - Paul et la loi

8.1 - [Un usage « légitime de la loi » 1 Tim. 1:8]

Mais Paul n’invoque-t-il pas lui-même la loi ? Ne dit-il pas que « toute la loi est accomplie dans une seule parole, dans celle-ci : Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Gal. 5:14). Ne cite-t-il pas le cinquième commandement en s’adressant aux enfants : « Honore ton père et ta mère, (c’est le premier commandement avec promesse,) afin que tu prospères et que tu vives longtemps sur la terre » (Éph. 6:2-3) ? Des passages comme celui-ci démontrent-ils que le croyant est encore sous la loi ? Il n’y a pas de doute que de tels passages démontrent que « la loi est… sainte, et le commandement est saint, et juste, et bon » (Rom. 7:12). Cette référence à la loi était des plus pertinentes pour les Galates, car ils désiraient se mettre sous la loi, donc pouvait-il y avoir quelque chose de plus éloquent que de leur montrer que la loi elle-même les condamnait ?


8.2 - [En général Paul insiste sur d’autres motivations que la loi]

Nous pouvons aussi certainement citer la loi sans nous placer sous elle, pour indiquer la pensée de Dieu. Certains de nos juges citent la loi romaine en rendant leurs jugements, mais personne n’imagine pour autant que ces juges considèrent que la loi romaine est contraignante dans nos pays. Quand Dieu pose des principes dans la loi, ils ne peuvent être que parfaits, et c’est dans cette optique-là que Paul les cite. Mais ceci ne démontre pas que nous sommes sous la loi des dix commandements. Par ailleurs, si les croyants sont sous la loi comme règle de vie, pourquoi cette règle est-elle si rarement mentionnée ? Pourquoi l’apôtre insiste-t-il constamment sur d’autres motivations et fait-il à peine allusion à ce code qui, selon certains, serait le vrai guide du chrétien ? Cela suffit à démontrer combien le dogme théologique que le croyant est toujours sous la loi comme règle de vie est éloigné du véritable enseignement de la parole de Dieu.


9 - Conclusion [La règle de vie dépend de notre position : ayant reçu l’Esprit d’adoption, notre règle de vie est Christ]

Donc, la règle de conduite du croyant est Christ et non la loi. Il peut suivre la loi aussi diligemment que possible, le résultat sera que « le commandement qui était pour la vie » sera « trouvé lui-même… pour la mort » (Rom. 7:10). Ce n’est que dans la mesure où sa conduite répond à la vérité qu’il est « à un autre, à celui qui est ressuscité d’entre les morts », qu’il « portera du fruit pour Dieu ». Dans tous les cas, notre règle de vie dépend de la position que nous occupons. Un enfant et un serviteur doivent tous deux obéissance au chef de la maison, mais l’obéissance de l’enfant découle de sa relation avec son père, tandis que celle du serviteur découle de sa position vis-à-vis de son maître. La relation d’un Israélite avec l’Éternel était déterminée par l’alliance conclue en Sinaï et, par conséquent, sa règle de vie était la loi. Notre relation avec Dieu est déterminée par le fait que nous avons reçu l’Esprit d’adoption et notre règle de vie est donc Christ, « premier-né entre plusieurs frères » (Rom. 8:29), le Fils à qui nous appartenons. « Dieu a envoyé l’Esprit de son Fils dans nos cœurs, criant : Abba, Père » (Gal. 4 : 6). Morts avec Christ, nous sommes morts à la loi ; vivifiés avec Christ, nous pouvons marcher en nouveauté de vie. En contemplant la gloire de Christ, « nous sommes transformés en la même image, de gloire en gloire, comme par le Seigneur en Esprit » (2 Cor. 3:18).