CŒURS BRISÉS, VASES BRISÉS

G. Combe-G.

ME 1968 p.43-47


« Les sacrifices de Dieu sont un esprit brisé. Ô Dieu ! tu ne mépriseras pas un cœur brisé et humilié » (Psaume 51:17).


Table des matières :

1 - Voir sa misère

2 - Le succès qui fait oublier sa misère

3 - Comment est reçue la répréhension

4 - Dieu qui brise le cœur

5 - Le Seigneur qui brise le vase

6 - Conclusion


1 - Voir sa misère

Le bien le meilleur qui puisse être accordé à un pécheur, quel qu’il soit, est celui d’avoir les yeux ouverts sur sa misère, de réaliser son état de perdition en s’écriant : « Ô Dieu, sois apaisé envers moi, pécheur ! » (Luc 18:13). Une telle détresse, c’est la porte ouverte à la grâce toute-puissante et salutaire, qui répond exactement aux besoins. C’est l’action bénie de la Parole qui, semée dans la bonne terre, peut germer et porter du fruit.

S’il était besoin d’illustrer par des exemples concluants cette vérité fondamentale, nous en trouverions un grand nombre dans la Parole même, parmi lesquels nous ne citerons que le récit de l’enfant prodigue et celui du geôlier de Philippes.

Ce qui est vrai d’un pécheur l’est aussi d’un croyant surpris par l’Adversaire. Il est vrai que le croyant a une responsabilité particulière, et qu’il peut se trouver sous le gouvernement de Dieu. Toutefois, lorsqu’il s’écarte du chemin approuvé de Dieu, son cœur devra être brisé ; c’est le commencement du chemin de la restauration, but de la discipline. Nombreux sont les faits qui viennent corroborer cette affirmation, aussi bien sur le plan individuel que collectif.


2 - Le succès qui fait oublier sa misère

Il n’est pas rare, hélas, de voir des saints de Dieu, même parmi les plus fidèles, tomber dans un dangereux état d’âme, résultant fréquemment de la satisfaction coupable que donne le succès. Témoin, le roi Ézéchias, montrant aux messagers du roi de Babylone toute la maison où étaient renfermés ses objets précieux, l’argent et l’or, et les aromates, et l’huile fine, et tout son arsenal, et tout ce qui se trouvait dans ses trésors ; il n’y eut rien qu’Ézéchias ne leur montrât (2 Rois 20). Ceci illustre bien cette humiliante tendance du cœur naturel, qui se trouve en chacun de nous. Lorsque les avertissements de la Parole ne sont plus écoutés, et que les désirs personnels interviennent — ceux de la vieille nature — la chute devient inévitable, et, avec elle, le tourment, les larmes !

David fut magnifique devant le géant Goliath ! Mais, en présence de Bath-Shéba, quelle misérable faiblesse il montra ! La vue du redoutable Philistin, insultant les troupes rangées du Dieu d’Israël, l’enflamma de cette sainte jalousie pour Dieu, qui fit de ce jeune homme, sans aucune habitude de la guerre, le glorieux vainqueur de l’ennemi séculaire, et le libérateur du peuple élu. Mais plus tard, la vue de Bath-Shéba alluma soudain dans le cœur du roi d’Israël la terrible convoitise qui l’abaissa au rang des adultères et des meurtriers ! « Mais la chose que David avait faite fut mauvaise aux yeux de l’Éternel » (2 Samuel 11:27).


3 - Comment est reçue la répréhension

La voix de l’Eternel, par Nathan le prophète, est venue retentir aux oreilles de David, pour briser son cœur.

Tomber dans le péché est une chose très grave, car le péché est toujours contre Dieu ; mais, ce qui est particulièrement solennel aussi, c’est la façon de recevoir la répréhension. La droiture de David, sans détourner le gouvernement de Dieu quant aux conséquences de sa faute, permettra une réelle restauration. Quand son cœur fut brisé, par l’opération de la parole de Dieu, le miracle se produisit : la confession immédiate et complète de son péché : « Voici, j’ai été enfanté dans l’iniquité, et dans le péché ma mère m’a conçu… Purifie-moi du péché avec de l’hysope, et je serai pur ; lave-moi et je serai plus blanc que la neige… Rends-moi la joie de ton salut, et qu’un esprit de franche volonté me soutienne » (Psaume 51).

Et Pierre, dont le beau témoignage rendu au Seigneur : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant… » était selon une révélation du Père, Pierre l’apôtre, quand il entendit Jésus lui dire : « Et moi aussi, je te dis que tu es Pierre, et sur ce roc, je bâtirai mon assemblée, et les portes du hadès ne prévaudront pas contre elle » (Matt. 16), à ce moment-là, aurait-il été capable de prononcer ces paroles si touchantes d’humilité et si douces pour le cœur de Jésus : « Seigneur, tu connais toutes choses, tu sais que je t’aime… » (Jean 21:17) ? Ah ! c’est que si dans sa folle confiance en lui-même, le serviteur était tombé lourdement, ensuite, sous l’effet d’un seul regard du Maître, Pierre se souvint, et, précipitamment, « étant sorti dehors, il pleura amèrement » (Luc 22:62). Son cœur maintenant brisé est ouvert à l’action divine et bénie du Seigneur, et cette action est poursuivie jusqu’à ce que Pierre, sondé à fond, puisse être l’instrument docile du Seigneur, et que Celui-ci puisse lui dire : « Pais mes agneaux… Sois berger de mes brebis… Pais mes brebis… » (Jean 21).


4 - Dieu qui brise le cœur

Parmi tous les miracles mentionnés dans la Parole, un des plus grands est certainement cette victoire de l’œuvre de Dieu en nous : briser notre cœur ! Souvent, cette victoire est un « tournant », voire même le point de départ d’une vraie consécration, chez un croyant. Ce « miracle » est, presque toujours, le résultat d’un long et patient travail divin opéré dans le cœur par l’action de la Parole. Ce que dit Jérémie (chap. 17:9), concernant l’état de notre cœur, peut produire ce « miracle » sans qu’il y ait une chute particulière dans notre vie. En tous cas, de toutes manières, il faut en arriver là ; c’est là que le Seigneur nous attend !


5 - Le Seigneur qui brise le vase

Mais, à cette merveilleuse grâce d’un cœur brisé, transformé, étreint par son amour, le Seigneur peut encore ajouter pour son fidèle témoin celle, plus extraordinaire encore s’il est possible, d’un vase brisé. Méditons à ce propos, l’expérience si parlante du grand apôtre des Gentils. Pour accomplir la tâche qui lui était confiée, une bonne santé, un corps plein de vigueur, ne semblaient-ils pas nécessaires ? Le Seigneur, dans sa sagesse, et pour une raison bien déterminée, a jugé opportun de lui infliger une écharde dans la chair, chose incompréhensible à l’homme naturel. Que faire alors ? Ah ! crier, supplier, faire usage de la ressource de la prière persévérante… Comment ne pas comprendre ce désir d’être délivré d’un obstacle qui entrave constamment celui qui est appelé à exercer un si précieux ministère ? Paul, dans son zèle, n’a pas manqué d’agir ainsi ; mais, fait angoissant, le ciel resta fermé une fois… deux fois… trois fois.. ! Hélas, l’écharde n’est pas enlevée ! Pourtant, ô consolation divine, c’est alors que se fait entendre la douce voix du Berger, parlant au cœur de sa chère brebis : « Ma grâce te suffit, car ma puissance s’accomplit dans l’infirmité ». Les yeux s’ouvrent, tout devient lumineux : ma grâce… ton infirmité… l’apôtre a compris ; vraiment l’une a besoin de l’autre, car la première sans la seconde demeurerait ignorée du serviteur, ignorée aussi de ceux auxquels il est envoyé, et la gloire du Maître en serait ternie ! Puissance divine, faiblesse humaine se rencontrent, se fondent, s’harmonisent ; par ces deux extrêmes, le Seigneur manifeste sa force mystérieuse et transcendante, en cet amour qui rayonne de la croix rédemptrice et du trône de la grâce.


6 - Conclusion

Cœurs brisés, vases brisés. Travail de Dieu, travail divin, silencieux, mais combien profond et grand dans ses conséquences ! Puissions-nous, par la grâce de Dieu, faire cette expérience bénie !

« … Nous avons ce trésor dans des vases de terre, afin que l’excellence de la puissance soit de Dieu et non pas de nous… portant toujours partout dans le corps la mort de Jésus, afin que la vie aussi de Jésus soit manifestée dans notre corps » (2 Cor. 4:7,10).

Vases de terre, vases brisés, comme ces cruches des trois cents hommes de Gédéon, qui à cette condition-là seulement permirent aux torches qu’elles contenaient, de répandre au loin leur clarté (Juges 7:16-19).