Les Écoles de prophètes :

Dons de l’Esprit ou accréditations humaines


Sommaire Dons de l'Esprit ou accréditations humaines : Plusieurs prophètes paraissent avoir enseigné des jeunes gens dans des écoles de prophètes. Il peut en être sorti du bien, mais c’est de là qu’est sortie une classe du peuple qui a dégénéré dans les nombreux faux prophètes. Aujourd’hui, donner du poids à l’accréditation de ceux issus de telles écoles, et méconnaître l’Esprit, Son action et Sa puissance, cela conduit à l’apostasie.



J.L. Harris

Bible Treasury, vol. 16 p.19 et 38. Février-mars 1886
Les sous-titres ont été ajoutés par Bibliquest

Table des matières :

1 - De la sacrificature à l’établissement d’un prophète

2 - Origine des écoles de prophètes

3 - Pérennisation des écoles de prophètes

4 - Dérives des écoles de prophètes

5 - Les faux prophètes

5.1 - Leur état

5.2 - Aggravation de leur état

5.3 - Leur influence

5.4 - Les faux prophètes selon Jérémie

5.5 - Les faux prophètes selon Ézéchiel

6 - Nouveau Testament : les faux docteurs

6.1 - Constat de leur existence

6.2 - Comment ils se sont introduits

6.3 - Comment leur échapper

7 - Trois ressources : l’Esprit, la Parole, le ministère comme don de grâce de Christ

8 - D’où proviennent les ministères ?

9 - Les ministères : donnés de Dieu ou remplacés par une accréditation humaine ?

10 - Comment recevoir la qualification adéquate pour un ministère

11 - Conséquences fâcheuses du rejet de la seigneurie de Christ et de la souveraineté du Saint Esprit

12 - La puissance dans la dispensation actuelle. L’apostasie renie la puissance de la piété en en gardant la forme

13 - Reconnaître les accréditations humaines conduit à l’apostasie

14 - Que l’Esprit soit manifesté dans l’assemblée dans tous Ses dons variés


1 - De la sacrificature à l’établissement d’un prophète

Ce fut lors de la faillite de la loi (Ex.32), que la valeur de la sacrificature comme ordonnée de Dieu devint connue en Israël ; mais aux jours d’Éli, la sacrificature elle-même devint corrompue, — les fils du sacrificateur, eux-mêmes sacrificateurs, étaient les premiers dans les pratiques les plus scélérates. Ils opprimaient le peuple par leurs exactions, et les hommes « méprisaient l’offrande l’Éternel, c’est pourquoi le péché de ces jeunes hommes fut très grand devant l’Éternel » (1 Sam. 2:17). Les faibles remontrances d’Éli n’étaient pas la réprimande tranchante que les circonstances exigeaient. Et avertissement solennel : il est donné à Éli en personne, celui qui était par-dessus tout responsable de maintenir l’honneur de Dieu dans la sacrificature, d’apprendre le fardeau pénible qui allait atteindre toute sa famille ; en même temps, il lui est fait savoir ceci : bien que l’homme ait profané les ordonnances de Dieu dans la sacrificature, et qu’à cause de cela, Dieu allait mettre de côté l’ordre qu’Il avait Lui-même établi, pourtant Il dit : « Et je me susciterai un sacrificateur fidèle : il fera selon ce qui est dans mon cœur et dans mon âme, et je lui bâtirai une maison stable, et il marchera toujours devant mon oint » (1 Sam. 2:35). Qu’il est rafraîchissant pour l’âme lassée de voir ainsi constamment la miséricorde se glorifier vis-à-vis du jugement (Jacq. 2:13), et la certitude que tout ce qui avait failli dans la responsabilité de l’homme serait établi dans les mains de Celui qui seul est « le témoin fidèle et véritable ». Alors Dieu suscita en Samuel un témoin très net de la faillite de la sacrificature, et c’est alors qu’on a pu dire que le ministère des prophètes commença (Actes 3:24). Depuis ce moment-là le cœur de la foi se tourna du sacrificateur vers le prophète, et celui-ci fut soutenu non pas par ce qui existait, mais par la perspective qui était devant. La chose annoncée par Samuel fut l’exécution d’une vengeance sommaire sur la maison d’Éli, « parce que ses fils se sont avilis et qu’il ne les a pas retenus » (1 Sam. 3:13). Désormais Israël était soutenu par une énergie extraordinaire de la part de Dieu dans la personne de Son prophète. Il offrit des sacrifices et il jugea, prenant pour ainsi dire la place à la fois de Moïse et d’Aaron. « Et tout Israël, depuis Dan jusqu’à Beër-Shéba, sut que Samuel était établi prophète de l’Éternel » (1 Sam. 3:20).


2 - Origine des écoles de prophètes

Dans tout ceci, nous trouvons Dieu en train d’enseigner à Israël que la seule puissance pour rester debout se trouvait dans cette énergie qui provenait immédiatement de Lui. Samuel dressa la pierre d’Ében-Ézer ; mais ils ne comprirent pas sa signification, et pensèrent vainement qu’ils pourraient subsister par leur propre force avec d’autres dispositions, et ils demandèrent un roi. Le prophète de Dieu était ainsi mis de côté, tandis que la sacrificature avait été corrompue, et le résultat final était le même, à savoir de montrer qu’il n’y avait qu’un seul prophète parfait (Deut. 18), qu’un seul sacrificateur fidèle, et qu’un seul roi juste. Or nous ne trouvons pas seulement l’obstination du peuple à rejeter Dieu en rejetant Son prophète (1 Sam. 8:7), mais leur consentement à avoir le ministère des prophètes en même temps qu’un roi. C’était une bénédiction trop précieuse pour s’en passer ; et par suite, tout au long de l’histoire des rois de Juda et d’Israël, nous trouvons cette classe d’hommes connus sous le nom de « fils des prophètes » ou de « prophètes », distincts de ceux suscités par Dieu Lui-même. Parmi eux il y en eut beaucoup que Dieu reconnut et utilisa, mais sur le tard ils devinrent les grands instruments pour fomenter la rébellion contre Dieu et provoquer le rejet de Sa parole. Nous ne sommes pas en mesure de déterminer selon l’Écriture l’origine de cette classe si visible dans les derniers temps. Mais sans doute elle commença au départ sur une base de piété et de crainte de Dieu. Aux jours de Samuel, ceux qui craignaient Dieu regardaient davantage à Samuel qu’à Saül ; et nous trouvons un groupe rassemblé autour du voyant âgé, soit qu’ils fussent placés là par leurs parents pour être instruits, soit qu’ils fussent conduits eux-mêmes par la crainte de Dieu, et ce groupe est positivement qualifié de prophètes : « Et Saül envoya des messagers pour prendre David ; et ils virent une assemblée de prophètes qui prophétisaient, et Samuel se tenait là, les présidant. Et l’Esprit de Dieu vint sur les messagers de Saül, et eux aussi ils prophétisèrent » (1 Sam. 19:20). C’est à partir de là que le terme « école de prophètes » semble s’être généralisé. Il semble clair qu’il y eut des institutions ayant ce caractère, mais la question est de savoir si elles avaient une origine divine ou humaine ? Nous n’avons pas d’autorité scripturaire pour croire qu’elles étaient de Dieu, mais il est tout à fait probable que ces hommes de Dieu, Samuel, Élie et Élisée, aient été heureux de s’adonner à l’instruction des jeunes qui leur étaient confiés, leur enseignant les choses que Dieu leur avait révélées, et les amenant à révérer Dieu dans tout ce qu’Il avait institué. Dieu était maintenant avec le prophète, et non plus avec le sacrificateur, et c’est pourquoi la vraie piété ne pouvait être assurée que par le moyen du prophète. Il apparaît aussi que ces jeunes gens étaient utilisés par les prophètes qui furent suscités par l’énergie spéciale de l’Esprit de Dieu ; ils étaient utilisés pour toute sorte de services ou de missions pour lesquels il plaisait aux prophètes de les envoyer. Nous lisons ainsi : « Élisée, le prophète, appela un des fils des prophètes, et lui dit : Ceins tes reins, et prends cette fiole d’huile en ta main, et va-t’en à Ramoth de Galaad. Et entre là, et vois-y Jéhu, fils de Josaphat, fils de Nimshi ; et tu entreras, et tu le feras lever du milieu de ses frères, et tu le mèneras dans une chambre intérieure. Et tu prendras la fiole d’huile, et tu la verseras sur sa tête, et tu diras : Ainsi dit l’Éternel : Je t’oins roi sur Israël. Et tu ouvriras la porte, et tu t’enfuiras, et tu n’attendras pas. Et le jeune homme, le jeune prophète, s’en alla à Ramoth de Galaad » (2 Rois 9:1-4).


3 - Pérennisation des écoles de prophètes

Il n’est guère douteux que des jeunes gens ainsi éduqués acquéraient progressivement un caractère spécial, non pas selon l’énergie effective de l’Esprit de Dieu en eux, mais selon l’éducation reçue. Et bien que Dieu ait pu susciter d’entre eux des instruments propres à être employés à Son service, ce n’est pas pour autant qu’on pouvait voir là pour eux une formation officielle. L’influence qu’ils ont eue sur le peuple n’a pas été celle qui découlait directement de Dieu, mais celle découlant de ce que les hommes avaient institué pour perpétuer parmi eux une classe qui leur soit utile comme étant ceux qui exposaient la pensée de Dieu. Cela a été une manifestation de l’obstination de l’homme cherchant à pérenniser les bénédictions de Dieu par sa propre sagesse et sa propre prudence. Si Dieu donnait un prophète, l’homme désirait avoir cette bénédiction à sa manière, et en conséquence, il élaborait une institution pour fournir des prophètes. Dieu peut bénir une telle institution, et sans doute Il l’a fait sous les instructions de Samuel, d’Élie et d’Élisée, qui semblent avoir été considérés, chacun à leur époque, comme les chefs de ces institutions. C’est ainsi qu’Élie était considéré : « Et les fils des prophètes qui étaient à Béthel sortirent vers Élisée, et lui dirent : Sais-tu qu’aujourd’hui l’Éternel va enlever ton maître d’au-dessus de ta tête ? Et il dit : Je le sais, moi aussi ; taisez-vous. Et les fils des prophètes qui étaient à Jéricho s’approchèrent d’Élisée, et lui dirent : Sais-tu qu’aujourd’hui l’Éternel va enlever ton maître d’au-dessus de ta tête ? Et il dit : Je le sais, moi aussi ; taisez-vous. Et cinquante hommes d’entre les fils des prophètes allèrent et se tinrent vis-à-vis, à distance ; et eux deux se tinrent auprès du Jourdain. Et les fils des prophètes qui étaient à Jéricho, vis-à-vis, le virent, et ils dirent : L’esprit d’Élie repose sur Élisée » (2 Rois 2:3, 5, 7, 15).


4 - Dérives des écoles de prophètes

Nous avons donc vu Samuel considéré de cette manière, et plus tard Élisée (2 Rois 9). Mais Dieu est un « Dieu jaloux » ; et dans cette affaire, Il est spécialement jaloux en ce qu’Il ne permet pas qu’aucune institution humaine prenne la place de Sa propre prérogative de grâce. Et il n’appartenait à aucun de ces hommes de Dieu illustres de conférer à autrui l’énergie de l’Esprit, dans lequel seul ils pouvaient agir efficacement. Sans doute, ces écoles des prophètes étaient un moyen de répandre la crainte de Dieu et la connaissance de Dieu. Les lèvres du sacrificateur qui aurait dû garder la connaissance (Mal. 2:7) étaient devenues corrompues, et un témoignage étaient rendu contre eux par les prophètes. Mais quand l’esprit-maître de ces hommes de Dieu s’en fut allé avec eux [à leur mort], les institutions qu’ils avaient supervisées leur survécurent ; mais au lieu de prendre l’orientation pour laquelle la piété les avait mises en place, elles devinrent les plus grands moyens de produire la corruption et de favoriser l’apostasie. Ces institutions avaient le même pouvoir moral après la mort d’Élie et d’Élisée que lorsqu’elles étaient présidées par eux. Et ceux qui en étaient issus allèrent vers le peuple en revendiquant une autorité que l’usage avait rendue vénérable. Et ainsi, les moyens mêmes destinés à perpétuer les prophètes corrompirent cette ordonnance de Dieu [les prophètes], non pas qu’Il l’ait abandonnée, mais Il ne suscita plus Ses prophètes dans ces écoles, mais Il les suscita dans l’énergie de Son propre Esprit, et ces prophètes ainsi suscités eurent à prophétiser, non seulement contre les sacrificateurs, mais même contre « les prophètes d’Israël ». Et le vrai discernement consista alors à distinguer entre les prophètes de l’Éternel et ceux du peuple. Il ne semble pas qu’aucun des prophètes authentiques de l’Éternel ait été suscité du milieu de ces écoles (*). Mais à partir de là, il arriva que, au cours du temps, il y eut une classe reconnue de personnes, qu’on consultait dans des occasions spéciales et qui exerçait une influence morale immense, dont la valeur a dû dépendre de leur piété individuelle et de leur simple soumission à ce que Dieu avait révélé.


(*) Élisée peut sembler être une exception, mais il se tenait comme serviteur d’Élie, comme Guéhazi plus tard envers lui, pour verser de l’eau sur ses mains.


5 - Les faux prophètes

5.1 - Leur état

Or le poids de cette influence se tourna rapidement contre Dieu. Il était plus populaire de prophétiser des choses douces et des tromperies (És. 30:10), et rien n’est si cher au cœur humain que d’avoir l’approbation de Dieu sur ses propres convoitises (Jér. 23:17). D’où la popularité des prophètes qui disaient : « Ainsi dit l’Éternel » quand l’Éternel n’avait pas parlé. Il ne faut pas supposer que ces prophètes inventaient toujours des mensonges, mais ils corrompaient la parole de Dieu et la rendaient agréable au goût de l’homme (2 Cor. 2:17). Ils devaient imiter les vrais prophètes dans beaucoup de leurs expressions, et ne produire qu’après, leurs vaines spéculations.

« J’ai entendu ce que les prophètes disent, prophétisant le mensonge en mon nom, disant : J’ai eu un songe, j’ai eu un songe ! Jusques à quand [cela] sera-t-il dans le cœur des prophètes qui prophétisent le mensonge et qui sont des prophètes de la tromperie de leur cœur, qui pensent faire oublier mon nom à mon peuple par leurs songes que chacun raconte à son compagnon, comme leurs pères ont oublié mon nom pour Baal ? Que le prophète qui a un songe récite le songe, et que celui qui a ma parole énonce ma parole en vérité. Qu’est-ce que la paille à côté du froment ? dit l’Éternel. Ma parole n’est-elle pas comme un feu, dit l’Éternel, et comme un marteau qui brise le roc ? C’est pourquoi, voici, dit l’Éternel, j’en veux aux prophètes qui volent mes paroles chacun à son prochain. Voici, dit l’Éternel, j’en veux aux prophètes qui usent de leur langue, et disent : Il dit. Voici, dit l’Éternel, j’en veux à ceux qui prophétisent des songes faux, et qui les récitent, et font errer mon peuple par leurs mensonges et par leurs vanteries ; et moi je ne les ai pas envoyés, et je ne leur ai pas donné de commandement ; et ils ne profiteront de rien à ce peuple, dit l’Éternel. Et si ce peuple, ou un prophète, ou un sacrificateur, t’interroge, disant : Quel est l’oracle de l’Éternel ? tu leur diras : Quel oracle ? Je vous abandonnerai, dit l’Éternel. Et quant au prophète, et au sacrificateur, et au peuple qui dit : Oracle de l’Éternel, — je punirai cet homme-là et sa maison » (Jér. 23:25-34). La misère et le malheur du peuple étaient qu’ils n’avaient pas la capacité de discerner entre les vrais prophètes de Dieu et les prophètes éduqués par l’homme.


5.2 - Aggravation de leur état

L’homme avait pris à son propre compte l’ordonnance de Dieu : il avait une institution de son cru pour fournir ce que Dieu pouvait seul fournir efficacement. En conséquence, nous trouvons autant de témoignages contre les prophètes par les témoins spéciaux de Dieu au milieu de l’apostasie, que contre les sacrificateurs. Ils sont tous deux rangés dans la même classe. Mais les prophètes semblent avoir été plus actifs à promouvoir l’apostasie, et donc c’est le plus souvent à eux que s’adressaient les vrais prophètes de l’Éternel. Ce témoignage de l’Éternel contre les prophètes augmenta comme l’apostasie s’installait. Plus la ruine approchait (telle est la voie de Sa grâce), plus Il suscitait de témoignages à son sujet. Mais à mesure que Dieu multipliait Ses témoins, nous trouvons que les prophètes du peuple se multipliaient d’autant plus.


5.3 - Leur influence

En 1 Rois 22, il est relaté un exemple précoce remarquable de l’influence que ces prophètes exerçaient. Nous trouvons Josaphat allié à Achab qui le persuade de monter contre Ramoth de Galaad. Et Josaphat dit au roi d’Israël : « Enquiers-toi aujourd’hui, je te prie, de la parole de l’Éternel. Et le roi d’Israël rassembla les prophètes, environ quatre cents hommes, et leur dit : Irai-je à la guerre contre Ramoth de Galaad, ou m’en abstiendrai-je ? Et ils dirent : Monte ; et le Seigneur la livrera en la main du roi. Et Josaphat dit : N’y a-t-il pas ici encore un prophète de l’Éternel, pour que nous nous enquérions auprès de lui ? Et le roi d’Israël dit à Josaphat : Il y a encore un homme, pour consulter l’Éternel par lui ; mais je le hais, car il ne prophétise pas du bien à mon égard, mais du mal ; c’est Michée, fils de Jimla ». Aussi Michée « vint vers le roi. Et le roi lui dit : Michée, irons-nous à la guerre à Ramoth de Galaad, ou nous en abstiendrons-nous ? » — Telle était la situation d’Israël selon le prophète : « un peuple rebelle, des fils menteurs, des fils qui ne veulent pas entendre la loi de l’Éternel ; qui disent aux voyants : Ne voyez pas, et à ceux qui ont des visions : N’ayez pas pour nous des visions de droiture ; dites-nous des choses douces, voyez des tromperies » (Ésaïe 30:9-10).

Mais c’est plus spécialement chez les prophètes contemporains de l’apostasie, que l’on trouve l’influence puissante exercée par ces prophètes : Jérémie à Jérusalem, et Ézéchiel au Kebar, l’un et l’autre trouvèrent en eux le plus grand obstacle à la réception effective de la parole de l’Éternel.


5.4 - Les faux prophètes selon Jérémie

Dans Jérémie, nous avons trois traits distincts :

(1) premièrement, le témoignage de Dieu contre les prophètes : « Et les sacrificateurs seront étonnés, et les prophètes stupéfaits » (Jér. 4:9). « Une chose étonnante et horrible est arrivée dans le pays : les prophètes prophétisent avec mensonge, et les sacrificateurs dominent par leur moyen ; et mon peuple l’aime ainsi » (Jér. 5:30-31). « Depuis le prophète jusqu’au sacrificateur, tous usent de fausseté » (Jér. 6:13). « Et je dis : Ah, Seigneur Éternel ! voici, les prophètes leur disent : Vous ne verrez pas l’épée, et la famine ne viendra pas sur vous ; car je vous donnerai une vraie paix en ce lieu-ci. Et l’Éternel me dit : Les prophètes prophétisent le mensonge en mon nom ; je ne les ai pas envoyés, et je ne leur ai pas commandé, et je ne leur ai pas parlé ; ils vous prophétisent une vision de mensonge, et la divination, et la vanité, et la tromperie de leur cœur. C’est pourquoi, ainsi dit l’Éternel au sujet des prophètes qui prophétisent en mon nom, et que je n’ai point envoyés, et qui disent : L’épée et la famine ne seront pas dans ce pays : Ces prophètes-là seront consumés par l’épée et par la famine » (Jér. 14:13-15). « Dans les prophètes de Jérusalem j’ai vu des choses horribles…car c’est des prophètes de Jérusalem que l’impiété s’est répandue par tout le pays » (Jér. 23:14-15).

(2) Un second trait était l’influence que ces prophètes exerçaient parmi le peuple. « Les sacrificateurs dominent par leur moyen ». « Et ils ont dit : Venez, et faisons des complots contre Jérémie, car la loi ne périra pas de chez le sacrificateur, ni le conseil de chez le sage, ni la parole de chez le prophète. Venez, et frappons-le de la langue, et ne soyons attentifs à aucune de ses paroles » (Jér. 5:31 ; 18:18). « Hanania, fils d’Azzur, le prophète, qui était de Gabaon, me parla dans la maison de l’Éternel, aux yeux des sacrificateurs et de tout le peuple, disant : « Ainsi a parlé l’Éternel des armées, le Dieu d’Israël, disant : J’ai brisé le joug du roi de Babylone. Encore deux années, et je ferai revenir en ce lieu tous les ustensiles de la maison de l’Éternel que Nebucadnetsar, roi de Babylone, a pris de ce lieu et a transportés à Babylone ; et Jéconias, fils de Jehoïakim, roi de Juda, et tous les transportés de Juda qui sont allés à Babylone, je les ramènerai dans ce lieu, dit l’Éternel ; car je briserai le joug du roi de Babylone. Et Jérémie le prophète parla à Hanania, le prophète, aux yeux des sacrificateurs et aux yeux de tout le peuple, qui se tenaient dans la maison de l’Éternel. Et Jérémie le prophète dit : Amen ! Qu’ainsi fasse l’Éternel ! Que l’Éternel confirme tes paroles, que tu as prophétisées, pour faire revenir de Babylone en ce lieu les ustensiles de la maison de l’Éternel et tous les captifs ! Toutefois, écoute, je te prie, cette parole que je prononce à tes oreilles et aux oreilles de tout le peuple : les prophètes qui ont été avant moi et avant toi, d’ancienneté, ont aussi prophétisé, touchant plusieurs pays et touchant de grands royaumes, la guerre, et le malheur, et la peste ; le prophète qui prophétise la paix, quand la parole de ce prophète arrivera, on saura que c’est un prophète que l’Éternel a véritablement envoyé » (Jér. 28:1-9). Ces prophètes prophétisaient de paix et d’affermissement présent, selon la parole de Michée 2:11 : « S’il y a un homme qui marche selon le vent et le mensonge, qui mente, [disant] : Je te prophétiserai au sujet du vin et de la boisson forte ! il sera le prophète de ce peuple ». Ce fut ainsi l’institution même de l’homme qui devint un piège pour lui, car Dieu prend les sages dans leur ruse (1 Cor. 3:19). Les moyens même qu’ils avaient pris pour perpétuer une bénédiction parmi eux devinrent, par leur propre obstination, le moyen de les aveugler ; comme dans une période ultérieure, les grands moyens d’empêcher le peuple de confesser Jésus comme le Christ furent les scribes et les pharisiens et les docteurs de la loi, qui, selon l’estimation de l’homme, étaient autant de supports de la religion.

(3) Comme troisième trait dans Jérémie, nous notons l’opposition virulente des prophètes aux prophètes de Dieu. « Et les sacrificateurs et les prophètes parlèrent aux princes et à tout le peuple, disant : Cet homme mérite la mort ; car il a prophétisé contre cette ville, comme vous avez entendu de vos oreilles » (Jér. 26:11; comparez Actes 6). « Pourquoi n’as-tu pas repris Jérémie, l’Anathothite, qui vous prophétise ? » (Jér. 29:27).


5.5 - Les faux prophètes selon Ézéchiel

Tout Ézéchiel 13 traite du point en question, mais il est trop long à citer. Il est pénible, mais profitable, de retracer la progression de la corruption religieuse ; elle ne provient pas du dehors, mais du dedans. Aucun moyen de tentation extérieure n’aurait pu, apparemment, amener le peuple de Juda à se rebeller avec un front aussi audacieux, et avec eux les prophètes corrompus et une sacrificature corrompue. C’était la puissance aveuglante de tenir à certaines ordonnances de Dieu, non pas dans la puissance de Dieu, mais sous la forme que la sagesse humaine leur avait substituée, et qui fit répondre par le peuple : « Tous les hommes qui savaient que leurs femmes brûlaient de l’encens à d’autres dieux, et toutes les femmes qui se tenaient là, un grand rassemblement, et tout le peuple qui demeurait dans le pays d’Égypte, à Pathros, répondirent à Jérémie, disant : Quant à la parole que tu nous as dite au nom de l’Éternel, nous ne t’écouterons pas ; mais nous ferons certainement toute parole qui est sortie de notre bouche, en brûlant de l’encens à la reine des cieux, et en lui faisant des libations, comme nous avons fait, nous et nos pères, nos rois et nos princes, dans les villes de Juda, et dans les rues de Jérusalem ; et nous étions rassasiés de pain, et nous étions à notre aise, et nous ne voyions pas de malheur » (Jér. 44:15-17).

Or, ces choses sont écrites pour nous avertir, et nous avons l’autorité la plus forte pour affirmer que le déclin et l’apostasie de l’église allaient provenir de ceux qui sont accrédités comme docteurs-enseignants au sein de l’église.


6 - Nouveau Testament : les faux docteurs

6.1 - Constat de leur existence

« Or il y a eu aussi de faux prophètes parmi le peuple, comme aussi il y aura parmi vous de faux docteurs qui introduiront furtivement des sectes de perdition, reniant aussi le maître qui les a achetés, faisant venir sur eux-mêmes une prompte destruction » (2 Pierre 2:1). Ils se sont manifestés précocement, comme dans l’assemblée à Corinthe : « Car de tels hommes sont de faux apôtres, des ouvriers trompeurs, se transformant en apôtres de Christ » (2 Cor. 11:13). Et en Galatie : « Je voudrais que ceux qui vous bouleversent se retranchassent même » (Gal. 5:12). Jean fait allusion à eux : « Ils sont sortis du milieu de nous, mais ils n’étaient pas des nôtres » (1 Jean 2:19). « Car plusieurs séducteurs sont sortis dans le monde, ceux qui ne confessent pas Jésus Christ venant en chair : celui-là est le séducteur et l’antichrist » (2 Jean 7).


6.2 - Comment ils se sont introduits

C’est contre cette tentative précoce de Satan de miner l’assemblée de l’intérieur, que les apôtres mettaient constamment en garde, et cela formait une partie considérable des souffrances de l’évangile. Cela a dû être en effet éprouvant pour l’âme de l’apôtre de trouver que tous en Asie s’étaient détournés de lui (2 Tim. 1:15) pour écouter peut-être ceux qui leur présenteraient des doctrines mieux à leur goût. Il en était ainsi à Corinthe où, bien qu’ils aient dix mille docteurs, ils avaient peu de pères (1 Cor. 4:15). Voilà le germe du mal : pourquoi n’y aurait-il pas une classe d’hommes, ou une profession d’hommes, qui seraient accrédités comme instructeurs ou docteurs, l’équivalent de ce qui prévalaient dans les écoles de philosophie ? Dans la pensée de l’homme, c’était le moyen le plus rapide de pourvoir à l’instruction de l’église, le moyen de se conserver des docteurs ; et c’est donc ainsi dans le début de l’église, que nous voyons déjà pourvoir à sa ruine, et que nous voyons l’aube de cette saison, pas encore pleinement mûre à l’époque, où ils ne supporteraient plus le sain enseignement (2 Tim. 4:3).


6.3 - Comment leur échapper

Le secret, c’est que nous ne pouvons jamais être enseignés, sinon dans l’obéissance. « Que celui qui a des oreilles, écoute » (Apoc. 2 et 3). Or une classe de docteurs reconnue comme tels donne l’impression de soulager de la responsabilité qui nous incombe par le Seigneur. Mais il est dit : « Prenez garde comment vous entendez » (Luc 8:18). Les hommes entendent ce qu’ils ont envie d’entendre, c’est-à-dire ce qui est selon leurs propres convoitises (2 Tim. 4:3), au lieu d’éprouver ce qu’ils entendent, et de retenir ce qui est bon (1 Thes. 5:21). L’instruction à l’assemblée n’assume jamais le terrain de l’ignorance, mais celui de l’intelligence compétente. « Je ne vous ai pas écrit parce que vous ne connaissez pas la vérité, mais parce que vous la connaissez… Vous avez l’onction de la part du Saint et vous connaissez toutes choses » (1 Jean 2:21, 20). Et les deuxième et troisième épîtres de Jean rejettent la responsabilité sur les chrétiens, non pas de recevoir des docteurs en tant que docteurs, — quel que soit le titre utilisé — mais d’éprouver leur doctrine. Dans le discours de Paul aux anciens d’Éphèse (Actes 20), l’Esprit le conduit à souligner la corruption de l’assemblée comme venant de l’intérieur : « Moi je sais qu’après mon départ il entrera parmi vous des loups redoutables qui n’épargneront pas le troupeau ; et il se lèvera d’entre vous-mêmes des hommes qui annonceront des [doctrines] perverses pour attirer les disciples après eux » (Actes 20:29-30). Et la charge solennelle confiée par l’apôtre à Timothée souligne le résultat de ce qu’il avait annoncé aux anciens d’Éphèse : « Je t’en adjure devant Dieu et le christ Jésus, qui va juger vivants et morts, et par son apparition et par son règne : prêche la parole, insiste en temps et hors de temps, convaincs, reprends, exhorte, avec toute longanimité et doctrine ; car il y aura un temps où ils ne supporteront pas le sain enseignement ; mais, ayant des oreilles qui leur démangent, ils s’amasseront des docteurs selon leurs propres convoitises, et ils détourneront leurs oreilles de la vérité et se tourneront vers les fables. Mais toi, sois sobre en toutes choses, endure les souffrances, fais l’œuvre d’un évangéliste, accomplis pleinement ton service » (2 Tim. 4:1-5).


7 - Trois ressources : l’Esprit, la Parole, le ministère comme don de grâce de Christ

Or, dans tous ces cas, le moyen de se garder de ces faux docteurs n’était jamais d’avoir recours à une classe spéciale autorisée et accréditée ; les docteurs marqués comme caractérisant l’apostasie allaient être autorisés et accrédités aux yeux des hommes ; mais la seule façon de faire face à la difficulté et d’échapper au piège, c’est la fidélité individuelle. Celui seul en Israël qui suivait l’Éternel pleinement, avait la capacité morale de discerner entre le blé et la paille (Jér. 23:28), entre le prophète de l’Éternel et le prophète de son propre cœur (Jér. 23:26). Pareillement dans le temps présent, un œil simple pour Jésus, la soumission à la parole de Sa grâce, et le respect pour l’onction (ce qui est la possession commune de l’assemblée), rendront capable de discerner entre le docteur (le don de Jésus monté au ciel), et le docteur de l’institution de l’homme. La ressource donnée par le Seigneur à l’assemblée, ce sont la présence permanente du Consolateur (1 Jean 2), et la parole de Sa grâce (Actes 20), et le ministère (Éph 4). Il se présente à l’assemblée, non seulement comme ayant les sept esprits de Dieu, la plénitude de toute la vie spirituelle, mais comme tenant dans Sa main les sept étoiles, la perfection de tout le ministère (Apoc. 1:4,20). Or l’erreur de l’église a été analogue au péché d’Israël. Elle n’a pas nié au Seigneur la possession de toute puissance spirituelle ; mais c’est très tôt qu’a été mis de côté le ministère comme découlant spécifiquement de Lui (Éph. 4) et donc exercé en étant seulement responsable envers Lui comme le Seigneur (« et il y a diversité de services, et le même Seigneur » 1 Cor. 12) — cela a été mis de côté par les institutions de l’homme, bien que celles-ci provinssent sans doute d’une piété réelle, et du désir à l’origine de perpétuer les docteurs dans l’église.


8 - D’où proviennent les ministères ?

Comme dans le cas des prophètes, où l’Éternel avait Ses serviteurs parmi ceux qui étaient élevés dans les écoles des prophètes, ainsi sûrement le Saint Esprit comme souverain dispensateur des dons du ministère en a suscité plusieurs dans les universités et académies pour rendre témoignage à Jésus ; mais c’était toujours avec la grande caractéristique de Son enseignement, savoir la mise de côté et en retrait de tous les avantages dérivés de telles sources, à cause de l’excellence de la connaissance du Christ Jésus que Lui, le Saint Esprit, enseigne. On peut sourire des disputes et des subtilités de la scolastique d’autrefois, mais le principe est le même. Il n’est pas question de savoir si un meilleur enseignement est fourni dans les écoles d’aujourd’hui, mais plutôt si les écoles elles-mêmes ne sont pas les institutions de l’homme, pour la fourniture de ce que le Seigneur Jésus garde très jalousement dans Sa propre main. Il ne s’agit pas d’affirmer ou de nier que nombre de serviteurs très fidèles proviennent de ces écoles ; mais le Saint Esprit ne veut pas permettre aux arrangements humains d’interférer avec Sa propre souveraineté. Si ces écoles fournissent un contingent d’hommes accrédités comme ministres, ils exercent forcément une puissante influence humaine, bien plus peut-être que ce que nous sommes disposés à reconnaître. Nous avons vu le Seigneur susciter des prophètes, et les hommes ayant des prophètes de leur cru ; et le prophète du Seigneur entrant immédiatement en collision avec les prophètes du peuple. Jésus, comme monté au ciel, donne des docteurs [enseignants] à l’assemblée (Éph.4), et les hommes ont procuré des docteurs [enseignants] à l’église. Ne pouvons-nous pas alors très raisonnablement nous attendre à ce que les docteurs que le Seigneur a donnés trouveront le plus grand obstacle de la part de ceux que l’homme a fourni pour lui-même ?


9 - Les ministères : donnés de Dieu ou remplacés par une accréditation humaine ?

Le prophète ne faisait pas partie intégrante de la précédente dispensation, mais il n’intervint qu’à cause de la faillite de la sacrificature ; or le ministère est la puissance même de la présente dispensation (Éph. 4) ; « des pasteurs, des docteurs, pour l’œuvre du service [= ministère], pour l’édification du corps de Christ ». Or, si Dieu a donné cela dans un sens, même par le don spécifique de l’Esprit, et que l’homme a substitué une autre voie, nous voyons qu’il ne peut qu’en résulter la forme la plus redoutable de l’apostasie. « La bête et le faux prophète » vont de pair, le premier ne pouvant prévaloir sans l’aide du second. Les chrétiens professants ne pouvaient pas facilement être persuadés de dire des mensonges à moins d’avoir été au contact de ceux qui voulaient les enseigner selon la tradition humaine, au lieu de la simple parole de Dieu. Rien de plus efficace ne pouvait être conçu pour étouffer ceux qui voulaient s’enquérir, et pour endormir la conscience, qu’un ministère accrédité de manière humaine, enseignant seulement ce que les auditeurs s’attendent à entendre. Quand c’est le cas, les responsabilités solennelles de parler et d’écouter sont pareillement oubliées. Et les moyens mêmes fournis pour la bénédiction sont transformés en obstacle par la ruse de Satan.


10 - Comment recevoir la qualification adéquate pour un ministère

Nous entendons régulièrement parler de jeunes gens ayant l’intention d’aller dans le ministère. On reconnaît pleinement l’honnêteté de l’intention, mais l’expression même dévoile le sentiment populaire en la matière : Qu’un tel jeune homme bien intentionné soit envoyé dans une université, ou une académie ou un institut, après quelques années il en sortira en tant que ministre accrédité. Or tout cela ne consiste-t-il pas à prendre directement le ministère pour le faire sortir des mains du Seigneur Jésus et le mettre dans nos propres mains ? Nous devrions voir la folie d’un pieux Israélite envoyant son fils pour être instruit pour devenir prophète, comme si Dieu avait besoin d’une préparation humaine pour l’instrument qu’Il voulait utiliser. Or il est sûr qu’éduquer pour le ministère est encore plus déraisonnable dans une dispensation dans laquelle le Saint Esprit est spécialement manifesté, notamment comme distributeur souverain de Ses propres dons.

Nous lisons que Samuel fut « établi prophète de l’Éternel », mais toute son éducation sous Éli âgé et faible n’aurait jamais pu lui fournir ce qu’il avait mission de révéler. Nous trouvons Paul remerciant le Seigneur pour l’avoir « établi dans le service » (1 Tim. 1:12), et pour cela son éducation sous Gamaliel ne lui avait pas profité. Il ne s’agit pas de savoir si celui que le Seigneur a établi dans le service peut utiliser les aides à sa portée pour lui permettre de travailler plus efficacement, car nous trouvons Paul non seulement exhortant Timothée à ranimer le don qu’il avait reçu, mais aussi lui disant : « Jusqu’à ce que je vienne, attache-toi à la lecture, à l’exhortation, à l’enseignement » (1 Tim. 4:13) ; mais il s’agit de savoir si la formation la plus vigilante et la plus sage peut faire un serviteur de Christ. Si on admet que les divers services [ou : ministères] dans l’assemblée [ou : église] sont des dons spécifiques, alors la reconnaissance du don doit précéder l’éducation, si tant est qu’elle soit nécessaire. Alors on ne dira plus : « Je pense entrer dans le ministère », mais : « malheur à moi si je n’évangélise pas ! » Le pire mal des institutions humaines qui fournissent des ministres [ou : pasteurs], c’est l’effet qu’elles ont d’affaiblir le sens de la responsabilité vis-à-vis du Seigneur dans l’exercice du ministère. Si le ministère n’est pas exercé de manière responsable vis-à-vis de Lui, il n’est pas non plus reçu de manière responsable vis-à-vis de Lui. « Prenez garde comment vous entendez » (Luc 8:18).


11 - Conséquences fâcheuses du rejet de la seigneurie de Christ et de la souveraineté du Saint Esprit

Le résultat est, qu’au lieu que le ministère soit considéré comme ayant pour but le bien de l’église, les ministres sont considérés pour eux-mêmes. Aussi trivial que cela puisse paraître, la différence pratique sur la manière de considérer les ministres ou le ministère est très grande. Nous avons vu dans deux exemples précédents, les organes accrédités de l’instruction religieuse — les prophètes avant la captivité, et les scribes et les docteurs de la loi à l’époque du ministère de notre Seigneur, — tous ligués contre la vérité. C’est un avertissement solennel quant à ce qui doit se manifester à la fin de notre dispensation. Et il n’est sûrement pas exagéré de dire, que le rejet pratique de la seigneurie de Jésus et de la souveraineté de l’Esprit dans le don du ministère, a préparé la voie à un état d’esprit très malsain chez la grande majorité des chrétiens, qui sont prêts à ne plus rien recevoir de la vérité que ce que les institutions humaines ont cru bon de fournir. Et on peut affirmer de manière tout à fait certaine que l’ignorance de l’Écriture prévaut très généralement, autant que l’insoumission d’esprit à la parole de Dieu, au point qu’on n’hésite pas à mettre de côté une déclaration claire de l’Écriture simplement parce qu’on la suppose contraire à quelque dogme reçu.


12 - La puissance dans la dispensation actuelle. L’apostasie renie la puissance de la piété en en gardant la forme

La sacrificature d’Israël a commencé par agir en ordre, mais déjà en Nadab et Abihu nous trouvons un éloignement précoce de l’ordre établi, pour finir par la plénitude de sa corruption dans les fils d’Éli. La prophétie quant à elle s’est dressée en puissance — de saints hommes de Dieu ont parlé, étant poussés par le Saint Esprit (2 Pierre 1:21), et cela a été sa corruption que de tenter d’en faire une institution établie de manière formelle. Or tout le caractère de notre dispensation, c’est la puissance ; nous avons un sacrificateur établi selon la puissance d’une vie impérissable (Héb. 7:16), la parole de Dieu est puissante (Héb. 4:12), nous n’avons pas reçu un esprit de crainte, mais de puissance, et d’amour, et de sobre bon sens (2 Tim. 1:7). Et la prédication de l’apôtre n’était pas en paroles persuasives de sagesse humaine, mais en démonstration de l’Esprit et de puissance (1 Cor. 2:4). L’apostasie est alors caractérisée comme ayant la forme, mais reniant la puissance de la piété (2 Tim. 3:5). C’est pourquoi le ministère formel, ou les ministres humainement accrédités, sont forcément le plus grand obstacle à la vérité. D’autre part les esprits des chrétiens professants ne sont pas préparés en un instant à croire au mensonge, et il faut nécessairement subir une certaine formation préalable où sont enseignées ces choses qui ne devraient pas l’être, et cette formation doit forcément aboutir à ce résultat si terriblement marqué dans les écritures : « en toute séduction d’injustice pour ceux qui périssent, parce qu’ils n’ont pas reçu l’amour de la vérité pour être sauvés. Et à cause de cela, Dieu leur envoie une énergie d’erreur pour qu’ils croient au mensonge, afin que tous ceux-là soient jugés qui n’ont pas cru la vérité, mais qui ont pris plaisir à l’injustice » (2 Thes. 2:10-12).


13 - Reconnaître les accréditations humaines conduit à l’apostasie

L’apostasie de la religion naturelle était de raisonner sur Dieu, et Il « les a [donc] livrés à des passions infâmes » (Rom. 1:19-26). Mais maintenant c’est l’éloignement de la vérité au moyen de l’enseignement humain. La vraie question est souvent effectivement obscurcie dans des disputes sur le service et l’ordre ; or elle est la suivante : Où est la puissance des uns des et des autres ? L’institution de l’homme peut-elle fournir ce qui est nécessaire à la présence du Saint Esprit ? Demeure-t-Il encore dans l’église selon la promesse du Seigneur ? Admettons que cet arrangement humain ait assuré l’ordre apostolique exact, et que tout service dans l’assemblée soit organisé d’après le modèle apostolique — et alors ? Il pourrait encore y avoir la forme sans la puissance. Or la sagesse spirituelle a toujours été exercée dans le discernement de là où Dieu est présent au milieu des corruptions de l’homme. Il y a eu de saints sacrificateurs après Éli, il y a eu de vrais prophètes parmi les prophètes d’Israël. Il y a beaucoup de ministres très estimables parmi ceux qui sont accrédités par les institutions humaines, mais la vraie sagesse sera de reconnaître ce qui est de Dieu, et de discerner ce qui est de l’homme. Beaucoup ne se contentent pas d’être reconnus comme ministres de Christ — ils s’appuient sur quelque chose d’autre que la grâce qui « a été donnée selon la mesure du don de Christ » (Éph. 4:7), et demandent à être reçus sur la base d’accréditations simplement humaines. Or, reconnaître cela serait la même chose que reconnaître les prophètes d’Israël ; et cela nous amènerait à ce qui est en fait l’apostasie de la dispensation actuelle : reconnaître les accréditations de l’homme là où il n’y a pas l’Esprit de Dieu. C’est beaucoup plus facile et rapide d’être authentifié par l’homme que d’accomplir pleinement son service (2 Tim. 4:5). Et rien n’est plus malsain pour un croyant que de chercher l’authentification de son ministère, et de demander à être reçu en tant que ministre [ou : serviteur] parce qu’il a été éduqué pour le ministère. Recevoir quelqu’un se fait sur une base infiniment plus élevée que tout don pour le ministère : c’est comme « frères saints, participant à l’appel céleste » (Héb. 3:1), ou comme « héritiers de Dieu et cohéritiers de Christ » (Rom. 8:17). Nos privilèges les plus élevés sont nos privilèges communs, et aucun ministère, pas même celui d’apôtre, ne pourrait jamais mettre quelqu’un aussi haut que là où il a été déjà mis par le fait d’être un enfant de Dieu. C’est en effet une chose très bénie d’exercer un service [ou : ministère] pour le corps de Christ, mais c’est encore plus béni de faire partie du corps. Et chaque fois que nous voyons la tendance à exalter les serviteurs [ou : ministres] dans une classe ou un ordre privilégié de proximité plus étroite de Dieu que les autres, au lieu de les reconnaître comme ayant un don spécifique de l’Esprit, nous sommes en danger d’avoir des ministres de nom, et non pas dans la capacité venant de Dieu dans l’assemblée (2 Cor. 3:5).


14 - Que l’Esprit soit manifesté dans l’assemblée dans tous Ses dons variés

Soyons attentifs au solennel avertissement fourni par le cas des prophètes d’Israël, et tandis que nous cherchons à honorer le Saint Esprit en reconnaissant avec actions de grâces tous Ses dons quels qu’ils soient, puissions-nous être gardés du péché de reconnaître n’importe quel service [ou : office] dans l’église là où Il n’est pas. « Ayant des dons de grâce différents, selon la grâce qui nous a été donnée, soit la prophétie, [prophétisons] selon la proportion de la foi ; soit le service [ou : ministère], [soyons occupés] du service ; soit celui qui enseigne, [qu’il s’applique] à l’enseignement ; soit celui qui exhorte, à l’exhortation ; — celui qui distribue, [qu’il le fasse] en simplicité ; celui qui est à la tête, [qu’il conduise] soigneusement ; celui qui exerce la miséricorde, [qu’il le fasse] joyeusement » (Rom. 12:6-8). Que l’Esprit soit manifesté dans l’assemblée dans tous Ses dons variés pour les besoins présents de celle-ci, et dans toute Sa grâce aux multiples facettes, afin que le nom du Seigneur soit magnifié ! Amen.