Rejet de Samuel [Israël demande un roi] 1 Samuel 8

[Un conducteur face à un tournant dans la vie du peuple de Dieu : quand celui-ci abandonne la conduite par Dieu au profit de celle par un roi. Leçons à apprendre — Deux articles : Ici 1 Sam.8 quand le peuple veut abandonner la conduite par Dieu… — ailleurs 1 - Sam. 12 Quand le peuple a abandonné la conduite par Dieu…]


Christopher Knapp [ajouts bibliquest entre crochets]

Truth & Testimony 2020-3 p. 116


Table des matières :

1 - [La prospérité qui mène à la rébellion]

2 - [Samuel n’a jamais agi par ambition personnelle]

3 - [La défaillance de Samuel au sujet de ses fils était un faux prétexte]

4 - [Samuel réagit par la prière]

5 - [L’Éternel tranquillise Samuel]

6 - [Samuel, à la différence d’Élie, n’exprime pas de plaintes contre le peuple]

7 - [L’Éternel dit à Samuel d’écouter la voix du peuple]

8 - [Description du régime monarchique]

9 - [Conduite des guerres]

10 - [Samuel déverse devant l’Éternel toutes les paroles du peuple obstiné]


1 - [La prospérité qui mène à la rébellion]

Nous avons à considérer maintenant l’histoire profondément triste du rejet de Samuel par le peuple qui lui était si grandement redevable, — après Dieu, bien sûr. C’est à lui que le peuple, à l’époque, devait son indépendance politique, et la délivrance du joug des incirconcis ; on peut presque dire qu’ils lui devaient la pérennité même de leur existence comme nation. Samuel a été appelé le « second fondateur de la nation », et il était en effet un véritable père pour son pays. Il les avait servis pendant de nombreuses années, et bien servis ; et sous son administration sage et paternelle, Israël était arrivé à être, sinon un peuple puissant, du moins un peuple rangé et pacifique. Ils étaient bien gouvernés et sans doute prospères. Or c’est « quand Jeshurun s’est engraissé qu’il a regimbé, et quand il est devenu gras qu’il s’est rebellé » contre l’Éternel (Deut. 32:15).


2 - [Samuel n’a jamais agi par ambition personnelle]

Samuel n’était pas arrivé subitement au pouvoir par quelque hasard inattendu ; il n’était pas la créature favorisée de quelque révolution. Il avait été avec eux dès l’enfance, et « tout Israël depuis Dan jusqu’à Beër Shéba savait que Samuel était établi prophète de l’Éternel » pour les conduire et pour leur bénédiction (1 Sam. 3:20). Il avait grandi devant eux et son intégrité et sa valeur étaient connues de tous. À la mort d’Éli et de ses fils, on ne voit pas que Samuel se soit hâté de se mettre en selle comme s’il était pressé d’endosser l’autorité ; non, il vint au pouvoir lentement, sans effort de sa part, mais selon les exigences du moment. Pendant 20 ans après la chute de la maison d’Éli, il se contenta de rester dans une relative obscurité, à l’âge où les hommes sont naturellement pleins d’ambition. Leur rejet était donc celui d’un des meilleurs des hommes et celui de l’administrateur le plus juste : ce rejet était d’autant plus inexcusable. Mais tel était Israël, et l’homme en général partout, car la nation n’est qu’un exemple en miniature de la race humaine depuis Adam jusqu’au dernier grand jour de Gog et Magog (Apoc. 20). La morale de l’affaire du rejet est profondément instructive et humiliante, et en la passant en revue, nous sommes amenés à nous exclamer avec le Psalmiste : « Éternel qu’est-ce que l’homme ! »


3 - [La défaillance de Samuel au sujet de ses fils était un faux prétexte]

« Et il arriva que, lorsque Samuel fut vieux, il établit ses fils juges sur Israël. Et le nom de son fils premier-né était Joël, et le nom de son second fils, Abija ; ils jugeaient à Beër-Shéba. Et ses fils ne marchaient pas dans ses voies ; mais ils se détournaient après le gain déshonnête, et prenaient des présents, et faisaient fléchir le jugement. Et tous les anciens d’Israël s’assemblèrent et vinrent vers Samuel, à Rama ; et ils lui dirent : Voici, tu es vieux, et tes fils ne marchent pas dans tes voies ; maintenant, établis sur nous un roi pour nous juger, comme toutes les nations » (1 Sam. 8:1-5).

Samuel était âgé disent-ils ; ils ne pouvaient pas dire qu’il était trop âgé pour continuer à les servir, ni trop âgé pour corriger les abus dont ils se plaignaient. Quand on compte, il n’avait probablement pas plus de 60 ans, c’est-à-dire un âge mûr pour la position qu’il occupait, avec toute l’expérience riche et variée que ses 60 ans lui avaient apportée. Il manifesta une capacité à servir et à agir avec vigueur encore des années — comme en témoigne sa réprimande sans crainte de la folie de Saül, et son action pour mettre en pièces Agag. Il ne manifestait aucun signe de sénilité ou d’affaiblissement même à la fin de sa vie si remplie.

Non, ce n’était qu’une excuse pauvre et misérable ; et au contraire du dicton selon lequel « une mauvaise excuse vaut mieux qu’aucune excuse », nous estimons qu’« une mauvaise excuse est pire que l’absence d’excuse » — spécialement quand il s’agit d’excuse du genre de celle invoquée par ces anciens d’Israël en face de leur honorable juge suprême. Il aurait été mieux de confesser que ce n’était pas de la manière d’administrer qu’ils étaient mécontents, mais de la forme d’administration. Il aurait été mieux de confesser qu’ils préféraient être sous une monarchie comme les nations autour d’eux, plutôt que d’avoir leurs affaires nationales réglées par Dieu par l’intermédiaire de Son prophète. S’ils l’avaient dit honnêtement d’entrée, ils n’auraient pas eu besoin d’ajouter l’insulte aux paroles blessantes contre Samuel. Ils auraient épargné à leur bienfaiteur âgé l’humiliation d’être forcé de se justifier devant eux, comme il le fut plus tard (1 Sam. 12:3). Ils mirent ses fils en avant, comme la cause prétendue de leur mécontentement, alors qu’ils auraient dû savoir qu’une forme de gouvernement royal ne permet pas d’échapper à ce genre de problèmes. Cependant nous lisons que « tous les anciens d’Israël s’assemblèrent » (notez bien qu’il est dit les « anciens », les pères de la nation), et ils s’assemblèrent pour présenter à leur juge suprême les griefs supposés de la nation. Cela en dit beaucoup quant au mécontentement et à la rébellion contre le gouvernement de Dieu ! En vérité la parole suivante est juste : « Ce ne sont pas les grands qui sont sages, ni les anciens qui discernent ce qui est juste » (Job 32:9). « Tout homme qui se tient debout n’est que vanité » (Ps. 39:5).


4 - [Samuel réagit par la prière]

« Et la chose fut mauvaise aux yeux de Samuel, qu’ils eussent dit : Donne-nous un roi pour nous juger. Et Samuel pria l’Éternel » (1 Sam. 8:6). Cela lui déplut non pas tant parce qu’il avait été insulté personnellement (car un homme de son esprit et de sa piété peut bien supporter cela), mais parce qu’il voyait en cela une rébellion contre Dieu, et il savait les conséquences inéluctables qui s’ensuivraient. Cependant il avait une ressource sûre, un refuge qui lui était familier depuis longtemps et qui ne lui avait jamais fait défaut : c’est la prière. C’était son réconfort et sa consolation. Sa prière ne nous est pas donnée, mais nous avons la réponse que Dieu lui fit :


5 - [L’Éternel tranquillise Samuel]

« Et l’Éternel dit à Samuel : Écoute la voix du peuple en tout ce qu’ils te disent ; car ce n’est pas toi qu’ils ont rejeté, mais c’est moi qu’ils ont rejeté, afin que je ne règne pas sur eux. Selon toutes les actions qu’ils ont commises depuis le jour où je les ai fait monter d’Égypte, jusqu’à ce jour, en ce qu’ils m’ont abandonné et ont servi d’autres dieux : ainsi ils font aussi à ton égard » (1 Sam. 8:7-8).

L’Éternel commence par tranquilliser l’esprit de Samuel en l’assurant que ce n’était pas du tout quelque négligence de sa part qui amenait le peuple à réclamer le changement à grands cris, mais c’était l’Éternel Lui-même dont ils étaient mécontents. Le Dieu de Samuel a des sentiments de grâce à l’égard de l’âme sensible et juste de Son serviteur. Les plus justes des hommes s’incriminent souvent eux-mêmes ; les plus droits de cœur sont les plus prompts à se remettre en question quant à leur conduite et leurs motifs. Et voilà Samuel rassuré par cette parole de la part de Dieu, indiquant que ce n’était pas une mauvaise conduite de sa part qui déterminait le peuple à rejeter son administration. Sans doute, ils trouvaient ennuyeuses les contraintes de la sainte loi de Dieu. Aussi comme ils étaient allé précédemment après les dieux des nations à cause de la licence permise dans leur culte, de même maintenant ils désiraient un roi « comme toutes les nations » afin d’avoir plus de liberté, selon ce qu’ils pensaient ; ce n’était pas afin de pratiquer la sainteté, mais pour satisfaire leur vanité nationale et leur gloire politique.

Dieu rappelle devant Samuel leur conduite depuis leur départ d’Égypte. La rébellion n’était pas une nouveauté chez eux, et ce n’était pas la première fois qu’ils étaient effrontés devant leur(s) conducteur(s), comme en témoigne leur comportement vis-à-vis de Moïse et Aaron à plusieurs reprises.


6 - [Samuel, à la différence d’Élie, n’exprime pas de plaintes contre le peuple]

Il fait vraiment plaisir de noter que Samuel ne se plaint pas du peuple, ni devant eux, ni devant Dieu. En ceci, il manifeste une plus grande élévation d’âme que son successeur lointain Élie « qui fit requête à Dieu contre Israël » disant « Seigneur ils ont tué tes prophètes ; ils ont renversé tes autels ; et moi, je suis demeuré seul, et ils cherchent ma vie » (Rom. 11:2-3). La conduite de Samuel en ceci est très belle et mérite bien d’être imitée. La comparaison ne nous fait pas déconsidérer Élie (Dieu nous en préserve !), mais elle nous fait estimer davantage Samuel. Ce n’était pas l’esprit de Samuel de porter plainte, ou de proférer des accusations contre le peuple qu’il aimait tant et dont il avait si ardemment désiré le bien-être, et pour lequel il avait travaillé avec tant de patience. Non, c’est Dieu qui met à nu les voies mauvaises d’Israël, c’est Lui « le juge de toute la terre » (Gen. 18:25) qui fait l’acte d’accusation ; et c’est Lui qui dit à Samuel : « Maintenant, écoute leur voix ; seulement tu leur rendras clairement témoignage, et tu leur annonceras le régime du roi qui régnera sur eux » (1 Sam. 8:9).


7 - [L’Éternel dit à Samuel d’écouter la voix du peuple]

Cette Parole de Dieu a sûrement été un soulagement pour Son serviteur en détresse, car il était ainsi déchargé de la responsabilité de répondre à la demande pressante des anciens. Sa position était éprouvante, car s’il refusait tout court d’accéder à leur demande d’un roi, il pouvait leur apparaitre comme refusant de démissionner de son autorité et comme souhaitant que ses fils lui succèdent dans la fonction ; et s’il accédait à leur demande, il pouvait devenir complice de leur péché comme cela arriva à Aaron avec ce peuple au cou roide quand le peuple dit « lève-toi, fais nous un dieu qui aille devant nous » et cela amena la colère sur lui et sur eux pour avoir cédé à leur désir pécheur (Exode 32). « La voix du peuple » est l’expression utilisée par Dieu ; elle résonne de façon familière à nos oreilles dans nos jours de démocratie comme étant la voix qu’on doit écouter, et dont on doit tenir compte, y compris dans l’église. Mais où peut-on écouter la voix de Dieu au milieu de toutes les clameurs et de toute la confusion babylonienne causée par la voix du peuple ?

Or l’Éternel dit quand même à Samuel d’écouter leur voix. Ils étaient complètement déterminés à avoir un roi en dépit de tout ce que Dieu pourrait leur dire sur ce sujet, de sorte qu’Il les laisse aller leur chemin. C’est comme avec les cailles dans le désert : « Et Il leur donna ce qu’ils avaient demandé, mais Il envoya la consomption dans leurs âmes » (Ps. 106:15 et 78:29). Quelquefois Dieu s’oppose à nous en amour, et d’autres fois Il nous satisfait dans Sa colère.


8 - [Description du régime monarchique]

« Et Samuel dit toutes les paroles de l’Éternel au peuple qui lui demandait un roi. Et il dit : Ce sera ici le régime du roi qui régnera sur vous… » (1 Sam. 8:10-18).

Samuel leur donne en détail une description du roi qui régnerait sur eux. Ce n’est pas l’idéal de ce qu’un roi devrait être selon Dieu ; mais c’est le régime du roi de leur choix qui leur serait donnée à titre de punition de leur rejet volontaire de Son gouvernement par le moyen de Samuel. Ce serait un despote brutal, cruel ; il les chargerait d’impôts, il ferait peser des fardeaux lourds et douloureux sur le dos du peuple opprimé. N’agissant pas par la foi, il serait un militariste déclaré, prenant les meilleurs de leurs jeunes gens pour remplir les rangs de son armée permanente et exigeant la dîme de tout ce qu’ils produiraient pour supporter tout son faste et son apparat futile ; car au lieu de se servir de ses armées pour vaincre et chasser du pays les Philistins envahisseurs, il allait les occuper davantage à chasser David, l’homme choisi par Dieu (1 Sam. 26:20). « Il prendra », Samuel le répète six fois en sept versets, et que leur donnerait-il en retour ? « Il leur donnera » dit Samuel, mais non pas à eux : c’est à ses eunuques (officiers) et à ses serviteurs qu’il donnerait (1 Sam. 8:11-17).

Oui, le peuple mal conseillé et rempli de propre volonté trouverait le joug du roi exaspérant et pénible à l’extrême. « Et » conclut-il « en ce jour-là vous crierez à cause de votre roi que vous vous serez choisi ; mais l’Éternel ne vous exaucera pas, en ce jour-là » (1 Sam. 8:18). Tout ceci n’eut cependant aucun effet sur le peuple infatué. L’avertissement fut perdu pour eux, et ils restèrent inflexibles jusqu’au bout (1 Sam. 8:19-20). Ils commencèrent par une requête : « établis sur nous un roi », et ils finirent par l’expression de leur détermination : « Non, mais il y aura un roi sur nous ! »


9 - [Conduite des guerres]

« Il conduira nos guerres » (1 Sam. 8:20), — comme si un roi avec sa couronne pouvait leur garantir la victoire ! Avaient-ils oublié leur grand triomphe sur l’armée des Philistins, quand « l’Éternel fit tonner ce jour-là un grand tonnerre sur les Philistins et les mit en déroute, et ils furent battus devant Israël » (1 Sam. 7:10) ? L’Éternel des armées n’était-Il plus suffisant pour eux ? Ah ! ils ne pouvaient Le voir, Lui, mais un roi couvert de pourpre et de galons d’or, circulant sur un char, quel grand spectacle ce serait pour eux !

Dans le chapitre précédent il nous est dit que « la main de l’Éternel fut sur les Philistins pendant tous les jours de Samuel » (1 Sam. 7:13). Pensaient-ils qu’un roi ferait mieux pour eux ? On a remarqué qu’aucun des juges d’Israël n’a jamais été tué dans une bataille ; mais le premier roi, le roi de leur choix, est mort dans une défaite honteuse aux mains des Philistins, ceux-là même qui, aux jours de l’administration de Samuel, n’osaient pas envahir le pays. Malheur pour Israël de choisir un homme plutôt que Dieu ; et malheur pour le monde qui préfère le diable comme prince et comme dieu, plutôt que Celui qui est à la fois Fils de Dieu et Roi des nations.


10 - [Samuel déverse devant l’Éternel toutes les paroles du peuple obstiné]

« Et Samuel écouta toutes les paroles du peuple, et les rapporta aux oreilles de l’Éternel. Et l’Éternel dit à Samuel : Écoute leur voix, et établis sur eux un roi » (1 Sam. 8:21-22). Il écoute leurs paroles et leur défi, et alors, en homme de prières qu’il était, il redit tout aux oreilles de Dieu. Comme le bon roi Ézéchias qui, après avoir reçu les paroles écrites de l’Assyrien par un messager, alla à la maison de Dieu, et déploya la lettre devant Lui, ainsi Samuel ici déverse devant l’Éternel toutes les paroles du peuple obstiné. Il ne fait pas comme Moïse qui les qualifia de « rebelles » (Nombres 20:10), mais il resta paisible et humble. Et quand l’Éternel lui dit pour la troisième fois (8:7, 9, 22) d’écouter leur voix, il disperse l’assemblée tranquillement sans un mot de reproches. Désormais les jours de paix et de tranquillité d’Israël sont finis, et font place à un très long temps de douleur.