Spiritualité en crise

par Bernard Prunneaux, Bonne Nouvelle éditée à Mulhouse 1/2009 p.25-26 (Un complément de Bibliquest a été rajouté ici à la fin)


Table des matières :

1 - Le livre « spiritualité en crise » et son contenu

1.1 - Au sujet de la vérité :

1.2 - Au sujet du mysticisme :

1.3 - Au sujet du discernement :

1.4 - Au sujet du compromis :

2 - Le principe de l’antithèse dans la Bible :

3 - Exhortation à rechercher le discernement :


1 - Le livre « spiritualité en crise » et son contenu

« Spiritualité en crise » est un livre de John McArthur publié aux éditions de la Maison de la Bible en 1996. Peu après sa parution, Jean Hoffmann [ancien responsable de l’édition de la Bonne Nouvelle éditée à Mulhouse] l’avait présenté et chaudement recommandé aux lecteurs de « La Bonne Nouvelle » : « Voici un livre qui mérite une très large diffusion, tellement son message met en lumière les dangers que représentent les nouvelles tendances et mouvances qui affectent déjà bien des milieux évangéliques. C’est un plaidoyer en faveur du discernement spirituel qui constitue l’unique antidote à tous les courants » (BN n°6, 1997 p.285)

Les courants dévastateurs que dénonçait à l’époque McArthur ont, depuis lors, pénétré en force dans nos églises notamment : accommodation aux idées du monde, dérives charismatiques et compromis œcuméniques (*).


(*) Le chapitre 6 traite de « la bénédiction de Toronto » et le chapitre 5 du document « Évangéliques et catholiques ensemble : la mission chrétienne au troisième millénaire ». (ce fascicule, de 28 pages, 0,60 €, est disponible au CRIE, BP 82121, 68060 MULHOUSE CEDEX 2)


Face à cette situation de « spiritualité en crise », l’analyse de McArthur, ainsi que ses exhortations à rechercher le discernement, restent plus que jamais d’actualité pour nous. En voici quelques extraits :


1.1 - Au sujet de la vérité :

McA. constate : « L’Église visible contemporaine est devenue d’une tolérance surprenante… La vérité est considérée comme une notion variable, toujours relative et jamais absolue… Dans certains milieux, l’Écriture elle-même a été écartée et n’est plus un critère fiable pour tester la vérité. Après tout, il y a tant de manières différentes d’interpréter la Bible ! Qui peut dire quelle interprétation est la bonne ? Et nombreux sont ceux qui croient qu’il existe une vérité au-delà de la Bible » (p.18)


1.2 - Au sujet du mysticisme :

McA. donne cette définition : « Le mysticisme est l’idée selon laquelle la réalité spirituelle se trouve en regardant à l’intérieur… Le mystique dédaigne l’entendement rationnel et cherche la vérité par un autre moyen : à travers les sentiments, l’imagination, des visions personnelles, des voix intérieures, l’illumination individuelle ou d’autres moyens purement subjectifs. La vérité objective devient pratiquement superflue » (pp.28-29)

McA. conclut : « Le mysticisme est donc diamétralement opposé au discernement. C’est une forme extrême de foi hasardeuse… Le mysticisme invalide en outre l’Écriture en éloignant les hommes de la Parole certaine de Dieu en tant qu’unique objet de foi réellement fiable » (pp.30-31)


1.3 - Au sujet du discernement :

McA. met en garde : « Le discernement dépend de la connaissance de l’Écriture. Ceux qui se contentent d’écouter avec crédulité telle ou telle voix de l’autorité humaine, au lieu de prêter l’oreille à la Parole de Dieu et de la laisser parler par elle-même, ne peuvent être doués de discernement. Leur foi est irrationnelle et hasardeuse » (p.35)


1.4 - Au sujet du compromis :

« Lorsqu’il s’agit de questions bibliques, de principes moraux, de la vérité théologique, de la révélation divine et d’autres absolus spirituels, le compromis n’a jamais sa place. Prisonnière de l’existentialisme de notre époque, l’Eglise est en train de perdre de vue cette réalité. Ces dernières années, les évangéliques ont embrassé le compromis en le considérant comme un instrument permettant la croissance de l’Eglise, comme une base pour parvenir à l’unité et même comme un critère de spiritualité. Adoptez une position intransigeante sur quasiment n’importe quelle question ayant trait à la doctrine ou à la Bible, et un concert de voix s’élèvera pour vous reprocher d’être obstiné, insensible, querelleur, ou de manquer de gentillesse ou d’amour, et ce, peu importe avec quel irénisme (*) vous formulez votre argumentation » (p.58).


(*) Irénisme : douceur, modération, l’état d’esprit de quelqu’un qui recherche la paix. (ndlr)


McA. déplore : « Le compromis est devenu une vertu tandis que l’attachement à la vérité est devenu choquant » (p.60)


2 - Le principe de l’antithèse dans la Bible :

McA. observe que, de plus en plus, « la ligne qui sépare la vérité de l’erreur, la sagesse de la folie, et l’Église du monde, est progressivement effacée » (p.62). Pour lui, ce n’est pas là l’esprit de la Bible qui, dans beaucoup de ses enseignements, procède par antithèses. Pour illustrer son propos, il cite cet extrait d’un ouvrage de Jay Adams (*) : « Du jardin d’Eden avec ses deux arbres (l’un permis, l’autre défendu) à la destinée éternelle de l’être humain au ciel ou en enfer, la Bible présente deux voies et pas plus : d’un côté la voie de Dieu et, de l’autre, toutes les autres. En conséquence, les hommes sont déclarés sauvés ou perdus. Ils appartiennent au peuple de Dieu ou au monde. Il y avait Garizim, le mont de la bénédiction, et Ebal, le mont de la malédiction. Il y a le chemin étroit et le chemin spacieux, qui mènent soit à la vie éternelle soit à la destruction. Il y a ceux qui sont contre nous et ceux qui sont pour nous, ceux du dedans et ceux du dehors. Il y a la vie et la mort, la vérité et le mensonge, le bon et le mauvais, la lumière et les ténèbres, le royaume de Dieu et le royaume de Satan, l’amour et la haine, la sagesse spirituelle et la sagesse du monde. Il est dit que Christ est le chemin, la vérité et la vie, et que nul ne peut venir au Père autrement que par lui. Il est le seul nom sous le ciel par lequel l’homme puisse être sauvé » (p.63).


(*) Jay E. Adams, « A Call to Discernment » (« Un appel au discernement », Eugene, Ore., Harvest House, 1987) p.31.


McA. donne ce prolongement personnel aux observations d’Adams : « Je suis tout à fait de cet avis. Toute vérité se situe en opposition à l’erreur. Quand l’Écriture parle, elle le fait avec autorité. Elle parle d’un ton catégorique. Elle parle de manière décisive. Elle demande une conviction absolue. Elle exige que nous nous soumettions à Dieu et que nous résistions au diable (cf. Jacq. 4:7). Elle nous exhorte à distinguer entre l’esprit de la vérité et l’esprit de l’erreur (cf. 1 Jean 4:6). Elle nous commande de nous éloigner du mal et de faire le bien (cf. 1 Pierre 3:11). Elle nous appelle à rejeter le chemin spacieux qui paraît droit à l’esprit de l’homme (cf. Proverbes 14:12 ; 16:25) et à suivre le chemin étroit prescrit par Dieu (cf. Matt. 7:13-14). Elle nous dit que nos voies ne sont pas celles de Dieu et que nos pensées ne sont pas non plus ses pensées (cf. Ésaïe 55.8). Elle nous donne l’ordre de préserver la vérité et de rejeter les mensonges (cf. Rom. 1.25). Elle déclare qu’aucun mensonge ne vient de la vérité (cf. 1Jn 2.21). Elle assure que les justes seront bénis et que les méchants périront (cf. Psaume 1:1,6). Et elle nous rappelle que « l’amour du monde est inimitié contre Dieu » (Jacq. 4.4) ».


3 - Exhortation à rechercher le discernement :

McA. passe en revue différentes causes expliquant le déclin du discernement dans les églises évangéliques. Il signale en particulier : le manque de rigueur dans l’interprétation de l’Écriture, la carence de l’Eglise en matière de discipline et le manque de maturité spirituelle. Il pose alors la question : « L’Eglise peut-elle recouvrer sa faculté de discernement ? Oui, mais uniquement par la croissance spirituelle. Cela signifie s’attaquer à l’esprit de notre époque relativiste et s’appliquer avec soin à la Parole infaillible de Dieu. Nous ne pouvons parvenir au discernement du jour au lendemain, ni au travers d’une expérience mystique. La solution au problème ne réside pas dans sa seule compréhension. Nous n’aurons du discernement qu’en exerçant notre intelligence à comprendre la vérité de la Parole de Dieu et en apprenant à exceller dans l’application de cette vérité à notre vie » (pp.86-87).

« Si quelqu’un d’entre vous manque de sagesse, qu’il la demande à Dieu, qui donne à tous simplement et sans reproche, et elle lui sera donnée » (Jacq. 1:5)


« Il existe bien des soi-disant christianismes desquels Christ est plutôt absent » (Martyn Lloyd Jones).


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Note Bibliquest : nous précisons quelques points déjà abordés dans cet article :