J. G. Bellett
Bible Treasury vol 17, p. 120 etc.
Note Bibliquest : dans ce texte, le sens du mot « confession » est très proche du mot « profession » : confession ou profession de la foi ou de la vérité.
1 - [1 Tim. 6:12 — Quelques caractères du bon combat de la foi]
2 - [1 Tim. 6:12-13 — Saisir la vie éternelle suivant la belle confession du Seigneur Jésus]
3 - [1 Tim. 6:12-13 — La foi doit être accompagnée d’une confession]
4 - [Confession dans une vie de souffrances à cause de la haine du monde]
5 - [Témoignage rendu par le sang de Jésus le Confesseur]
6 - [Une confession qui défend la vérité]
7 - [La belle et dernière confession en face des autorités et de la croix]
8 - [Beauté spéciale du Seigneur Jésus]
9 - [Les sentiments qui remuaient Pilate]
10 - [Poids de l’amitié du monde dans les décisions]
11 - [Jean 18:33-34 — La question clé : Jésus est-Il le roi des Juifs]
12 - [Jean 18:35 — Pilate apporte la preuve de la culpabilité d’Israël]
14 - [Jean 18:37a — La belle confession : Jésus ne rétracte pas sa confession de sa royauté]
15 - [Jean 18:37b — L’arrêt mis à la possession du royaume fait témoigner du ministère présent]
16 - [Le Seigneur Jésus a toujours été le témoin de la vérité]
17 - [Jean 18:37b — Pleine révélation du ministère présent du Seigneur]
18 - [Jean 18:37c — Rassemblement de ceux qui écoutent le Seigneur]
19 - [Sens et portée de l’absence du Seigneur pour l’Église et pour Israël]
20 - [Absence du Seigneur : analogie avec la parabole des mines — Luc 19]
20.1 - [La parabole : distinction entre les serviteurs et les concitoyens]
20.2 - [Distinction entre sujets du Roi et cohéritiers du Roi]
20.3 - [Les récompenses au retour du Roi]
20.5 - [Exhortations au service]
La vie de justice sur terre, la vie qui est agréable à Dieu, doit nécessairement être une vie de foi, parce que la grande transgression a rendu Dieu étranger vis-à-vis du monde qu’Il avait fait (Jean 1:10), et a tellement pollué celui-ci qu’il ne peut être ni le repos ni la part des justes. C’est pourquoi il est écrit : « Il faut que celui qui s’approche de Dieu croie que Dieu est, et qu’Il est le rémunérateur de ceux qui le recherchent » (Héb. 11:6).
La foi est donc le principe de toute justice, pratique aussi bien que personnelle : la justice personnelle, ou la justification, sont par la foi, afin qu’elles soient par la grâce (Rom. 4:16) ; et la justice pratique ou la piété doivent donc être également par la foi. La foi était donc la puissance secrète qui agissait toujours dans tous ceux qui ont reçu témoignage de la part de Dieu (Héb. 11:2). On dit d’eux des choses excellentes, mais elles ont toutes été accomplies par la foi, qui est l’œuvre de Dieu. La foi chez Noé fit flotter l’arche, alors que, pendant 120 ans, rien d’autre que la terre sèche n’apparaissait. La foi chez Abraham a hérité de la cité meilleure et permanente, alors qu’elle n’existait encore qu’en vision et en promesse. La foi chez Moïse a vu Celui qui était invisible ; et chez des multitudes (sur lesquelles le temps manquerait pour en parler) la foi n’avait rien d’autre qu’une « meilleure résurrection ». Chez tous ceux-là, il ne se trouvait que le simple et vigoureux exercice de l’âme, croyant la parole et la promesse de Dieu. Aucune religion qui leur soit propre n’a fait cela, aucun effort pour susciter des affections envers Dieu et envers les choses invisibles, mais la puissance bénie (qui est la foi) de prendre la parole de Dieu venant de Sa propre bouche comme vraie, de considérer comme fidèle Celui qui avait promis. De même, en Jésus, le premier et le plus éminent de la noble armée des martyrs – « l’auteur et le consommateur de la foi » – la foi s’est réjouie de « ce qui était devant Lui » (Héb.12:2) et l’a poursuivi, bien qu’elle se trouvât de l’autre côté des terreurs et de la honte de la croix, des terreurs au-delà de tout ce que l’homme pouvait concevoir (Son visage « était défait plus que celui d’aucun homme », Toi l’Agneau de Dieu meurtri).
Paul exhorte son enfant Timothée « à combattre le bon combat de la foi et à saisir la vie éternelle », se souvenant de cette foi qui était dans le précieux Sauveur Lui-même. « Combats le bon combat de la foi, saisis la vie éternelle pour laquelle tu as été appelé et tu as fait la belle confession devant beaucoup de témoins. Je t’ordonne devant Dieu qui appelle toutes choses à l’existence, et devant le Christ Jésus qui a fait la belle confession devant Ponce Pilate, que tu gardes ce commandement, sans tache, irrépréhensible, jusqu’à l’apparition de notre Seigneur Jésus-Christ » (1 Tim. 6:12-14). Timothée devait saisir la vie éternelle, et rien ne devait pouvoir, pour ainsi dire, lui arracher sa proie. De même que l’éclat de « la joie qui était devant Lui » n’a jamais faibli dans la foi parfaite de Jésus, bien que la croix l’ait éprouvé jusqu’à l’extrême ; de même Timothée devait garder avec poigne la vie éternelle, même s’il renonçait à toute autre chose. C’est ce que Dieu lui avait promis, et c’est ce qu’Il manifesterait dans toute la bénédiction et la gloire promises à l’apparition de Jésus ; et Timothée devait s’y accrocher en dépit de tout le monde. Le monde qui l’entourait se contentait de sa part dans la vie présente, et beaucoup, par amour de cette vie, s’étaient égarés de la foi (1 Tim. 6:10) ; mais Timothée devait fuir cela dans sa poursuite de la vie éternelle. La foi connaissait son objet par la parole de la promesse, et Timothée devait l’embrasser à tout prix.
Mais il faut toujours qu’il y ait une confession aussi bien que la foi. « Car du cœur on croit à justice, et de la bouche on fait confession à salut » (Rom. 10:10). Car Dieu doit être confessé dans un monde qui L’a renié, et il faut qu’Il soit cru dans un cœur qui s’en est éloigné. C’est là Sa gloire présente dans Ses saints, et c’est là le service qu’ils Lui rendent — service qui, il est vrai, peut les mettre à l’épreuve ici-bas. Leur foi, comme l’or, peut être jetée dans la fournaise maintenant, mais elle en sortira plus tard estampillée à l’image du Roi, car elle sera « trouvée tourner à louange, à gloire et à honneur dans la révélation de Jésus Christ » (1 Pierre 1:7).
Lorsque Jésus était enfant, soumis à ses parents à Nazareth, Il grandissait en faveur des hommes et de Dieu, car Il servait alors comme sous la loi, infiniment attirant par tout ce qui était irréprochable et bon. « Jésus avançait en sagesse, en taille et en faveur auprès de Dieu et des hommes » (Luc 2:52). Mais lorsqu’il fut appelé à sortir de cet soumission pour rendre témoignage à Dieu dans un monde qui Le renie, le monde se mit à le haïr, comme Il le dit à ses frères : « Le monde ne peut pas vous haïr ; mais moi, il me hait, parce que je rends témoignage de lui que ses œuvres sont mauvaises » (Jean 7:7). C’est alors que Ses souffrances de la part du monde (à cause de Son témoignage) commencèrent et prirent leur cours ; tous les hommes étaient contre Lui, tandis que Lui se tenait seul. Toute sa vie devint alors une confession, et d’innombrables maux l’enveloppèrent d’un coup continuellement. Ses appuis étaient les appuis de la foi, la lumière de la face de Dieu, et l’espérance de « la joie qui était devant Lui ». C’est ainsi qu’Il a été tout au long de Son ministère, mais c’est dans un sens éminent qu’il a été le Confesseur ou Consommateur de la foi, lorsqu’il est entré pleinement dans le caractère de « l’Agneau de Dieu ». Auparavant, Il avait été soit en controverse avec l’incrédulité des Juifs, soit en train de manifester le nom du Père à ceux qui Lui avaient été donnés du monde ; mais Son caractère d’« Agneau de Dieu » fut formellement pris au souper, lorsque, comme adorateur sous la loi, Il se présenta comme victime ou sacrifice, en disant : « Ceci est mon corps » ; et c’est dans ce caractère qu’Il se tint et souffrit, depuis Son entrée dans le jardin jusqu’à ce qu’Il rendit l’esprit sur le bois maudit.
Au cours de Son voyage profond et mystérieux, après être entré dans ce caractère, Il a été appelé successivement devant les autorités juives puis romaines ; et devant les deux, Il s’est tenu comme le Confesseur, prêt (par la suite Il l’a fait effectivement) à sceller Son témoignage par son sang.
Je voudrais m’arrêter un instant pour examiner ce sang, le sang précieux de Agneau choisi par Dieu, car il y a certainement beaucoup de choses en lui dont nous ne rendons pas correctement compte. Ce sang a été versé pour la rémission des péchés et il purifie la conscience de celui qui croit. Mais qu’y a-t-il dans ce sang pour qu’il ait une telle saveur de repos (Gen. 8:21) et de rafraîchissement auprès de Dieu, et une telle vertu auprès de Lui pour les pécheurs souillés qui l’invoquent ? C’était, il est vrai, le sang du propre Fils de Dieu Lui-même, comme le dit Paul aux anciens d’Éphèse (Actes 20:28) : « Prenez donc garde à vous-mêmes et à tout le troupeau sur lequel le Saint-Esprit vous a établis surveillants, pour paître l’Assemblée de Dieu, qu’Il s’est acquise par le sang de son propre fils ». C’était le sang de celui qui était le compagnon de l’Éternel, sans quoi il n’aurait été rien d’autre que le sang d’un simple homme. Mais ce n’était pas tout ; c’était aussi le sang du seul Juste — de Celui qui avait rendu la loi grande et honorable, se présentant à Dieu sans tache — de Celui qui l’avait volontairement versé plutôt que de manquer à un seul de Ses devoirs de service et d’obéissance à Dieu. C’était le sang de celui qui avait achevé l’œuvre qui lui avait été donnée à faire, qui s’était tenu pour Dieu contre le monde entier, quitte à tout perdre, qui s’était déjà dépouillé de Sa gloire pour que Dieu soit glorifié dans le Fils de l’homme, alors qu’Il avait été déshonoré dans l’homme, et qui, après s’être ainsi dépouillé, s’était encore abaissé jusqu’à la mort de la croix. Il y avait tout cela dans le sang ; il fut versé avec toute cette portée en lui, et sa saveur était rafraîchissante pour Dieu, « un sacrifice et une offrande à Dieu d’odeur agréable ». La joie qui s’en dégageait était si profonde que « Dieu dit en son cœur : Je ne maudirai plus le sol à cause de l’homme » (Gen. 8:21). C’était le sang du Serviteur juste et obéissant, c’était le sang de Jésus le Confesseur.
La confession est celle qui défend la vérité de Dieu contre le mensonge de l’homme, et qui la défend au péril de toute chose ; et cette confession a reçu le témoignage de notre Seigneur Jésus. Tout au long de Sa vie et de Son ministère, il est vrai, le Fils de Dieu a eu pour habitude de se cacher : car après s’être dépouillé de sa gloire en prenant sur Lui le ministère de notre paix, Il a refusé de se faire connaître autrement qu’en tant que Serviteur de Dieu. Car Il était venu au nom de son Père, et non au Sien propre, pour chercher non Sa propre gloire, mais la gloire de Celui qui L’avait envoyé. Mais le temps devait venir où Il devait être ouvertement confessé. C’est pourquoi, lorsque le souverain sacrificateur L’adjura de répondre s’Il était le Christ, le Fils du Béni, Il se tint droit pour confesser la vérité et Sa gloire en disant : « Tu l’as dit » (Matt. 26:64). Mais c’était au prix de tout, car ils se mirent aussitôt à cracher contre lui, à le maltraiter, à couvrir Son visage d’une effronterie éhontée, et à l’éliminer comme leur proie, en disant : « Qu’avons-nous besoin d’un autre témoignage ? car nous l’avons nous-mêmes entendu de sa propre bouche » (Luc 22:71, Matt. 26:65).
Et il devait faire une confession encore plus publique que celle-ci — davantage en présence des puissances et des inimitiés du monde réunies, — et plus directement aussi en face même de la croix et de sa honte. C’est pourquoi ce dernier témoignage du grand Confesseur est si spécialement marqué par l’Esprit de Dieu comme Sa « belle confession » (1 Tim. 6:13). Mais je désire ici être un peu plus précis et écouter très attentivement le caractère et la portée de cette belle confession, telle qu’elle est rapportée dans Jean 18:33-37.
La belle confession de Jean 18
« Pilate entra de nouveau dans le prétoire ou salle du jugement, appela Jésus et lui dit : Es-tu le roi des Juifs ? »
Tout au long de cette scène solennelle, Pilate était manifestement désireux de calmer le peuple et de délivrer Jésus de la malveillance des Juifs. Dès le début, il apparait qu’il ait perçu quelque chose de spécial chez leur prisonnier. Son silence avait un tel caractère que, comme nous le lisons, « le gouverneur en fut très étonné » (Matt. 27:14). Quels attraits divins (remarquons-le ici) devaient avoir tous les petits détails de Sa vie, tous les chemins qu’Il a suivis parmi les hommes ? quel doit être l’état de l’œil, de l’oreille et du cœur de l’homme, pour qu’ils n’aient pas discerné et admis tout cela ? Mais c’est nous-mêmes, chers frères, qui avons regardé le visage du Fils de Dieu, et n’y avons vu aucune beauté !
L’impression du gouverneur fut renforcée par tout ce qui arriva au cours de la scène : le rêve de sa femme et le message qu’elle lui adressa, la malveillance évidente des Juifs et, par-dessus tout, le Prisonnier juste et innocent (bien que dans la honte et la souffrance) persistant à affirmer qu’il était le Fils de Dieu, tout cela assaillit sa conscience. Mais le monde dans le cœur de Pilate était trop fort pour ces convictions. Elles firent du bruit dans son cœur, il est vrai ; mais la voix du monde prévalut, et il suivit la voie du monde, bien que cela le condamnât. Cependant, s’il avait pu préserver le monde pour lui-même, il aurait volontiers préservé Jésus. Il fit bien comprendre aux Juifs qu’il ne craignait pas ce Prétendant, ce qu’il était selon son estimation, et que Jésus n’était pas de nature à lui inspirer la moindre inquiétude quant aux intérêts de son maître l’empereur. Mais ils persistaient à dire que Jésus s’était fait roi et que, s’il laissait aller cet homme, il ne pouvait pas être l’ami de César.
C’est ici que nous voyons qu’il n’y a pas de sécurité pour l’âme en dehors de la possession de la foi qui est victorieuse du monde. Pilate ne désirait pas le sang de Jésus, comme les Juifs ; mais l’amitié de César ne pouvait pas subir de risque. Les chefs d’Israël avaient craint que, s’ils laissaient tranquille cet homme, les Romains viendraient leur enlever leur place et leur nation (Jean 11:48) ; et Pilate craint maintenant de perdre l’amitié de ce même monde avec l’empereur romain. C’est ainsi que le monde les joignit, lui et les Juifs, dans l’acte de crucifier le Seigneur de gloire, comme il est écrit : « Car en effet Hérode et Ponce Pilate, avec les nations et le peuple d’Israël, se sont assemblés contre ton saint serviteur Jésus, que tu as oint, pour faire toutes les choses que ta main et ton conseil avaient déterminé à l’avance » (Actes 4:27-28).
Mais, comme nous l’avons vu, Pilate aurait sauvé Jésus s’il avait pu en même temps sauver sa propre réputation d’ami de César ; c’est pourquoi il entra dans la salle du jugement et demanda à Jésus : « Es-tu le roi des Juifs ? » En effet, comme les Juifs lui avaient livré le Seigneur en L’accusant de s’être fait roi (Luc 23:2), s’il avait pu amener le Seigneur à rétracter Ses prétentions royales, il aurait pu alors à la fois Le sauver et se maintenir indemne. C’est dans ce but qu’il semble être entré dans la salle du jugement. Mais le monde, dans le cœur de Pilate, ne connaissait pas Jésus ; comme il est écrit, « le monde ne L’a pas connu » (Jean 1:10 ; 1 Jean 3:1). Pilate devait maintenant constater que le dieu de ce monde n’avait rien en Jésus. Jésus répondit : « Dis-tu cela de toi-même, ou d’autres te l’ont-ils dit de moi ? » Notre Seigneur voulait ainsi apprendre de Pilate lui-même quelle était la source de l’accusation portée contre Lui : Sa prétention à être le roi des Juifs était-elle ainsi contestée par Pilate en tant que protecteur des droits de l’empereur en Judée, ou était-elle simplement basée sur une accusation portée par les Juifs.
Je dirais que tout est lié à cette question dans la situation d’alors, et que la sagesse et le dessein du Seigneur en donnant cette direction à l’enquête sont tout à fait manifestes. Si Pilate disait qu’il craignait maintenant les intérêts romains, le Seigneur aurait pu immédiatement le renvoyer à tout le déroulement de Sa vie et de Son ministère, pour prouver qu’en ce qui concerne le roi, l’innocence avait été trouvée en Lui. Il s’était retiré seul sur une montagne, lorsqu’Il s’était aperçu que la foule était venue Le prendre de force pour Le faire roi. Il n’était pas en conflit avec Rome. Lorsqu’Il vint, Il trouva César en Judée, et Il ne remit jamais en question son droit d’y être ; au contraire, Il accepta son autorité à tout moment et prit la place de la nation qui, à cause de sa désobéissance, avait l’image et l’inscription de César gravées, pour ainsi dire, sur leur terre même. Il est vrai que c’était en dépit de la majesté de l’Éternel que les nations avaient pu entrer à Jérusalem ; mais Jérusalem était pour l’instant la place des nations, et le Fils de David n’avait donc rien à redire à ce sujet. Rien d’autre que la foi et l’allégeance restaurées de la nation à Dieu ne pouvait légitimement annuler ce titre des nations. La controverse du Seigneur n’était donc pas avec Rome, mais avec la rébellion et l’incrédulité d’Israël, avec la « nation pécheresse ». Pilate aurait donc eu une réponse conforme à tout cela, si l’accusation avait émané de lui-même en tant que représentant du pouvoir romain. Mais il n’en était pas ainsi.
Pilate répondit : « Suis-je Juif ? C’est ta nation et les principaux sacrificateurs qui t’ont livré à moi ; qu’as-tu fait ? »
Cette réponse de Pilate apportait la preuve complète de la culpabilité d’Israël. Dans la bouche de celui qui représentait la puissance du monde à l’époque, il était établi qu’Israël avait renié son Roi et s’était vendu entre les mains d’un étranger. Pour l’instant, c’est tout ce qui comptait pour Jésus. Cela l’a immédiatement amené au-delà de la terre et hors du monde. Car Israël L’avait rejeté, et Son royaume n’était donc pas maintenant de là. Il ne pouvait d’ailleurs pas l’être, car il est écrit : « Dieu est connu en Juda, son nom est grand en Israël ; son tabernacle est en Salem, et son domicile à Sion. Là il a brisé les éclairs de l’arc, le bouclier et l’épée et la bataille » (Ps. 76:1-3). Sion est le lieu désigné pour le siège et le gouvernement de toute la terre ; et l’incrédulité de la fille de Sion doit éloigner le Roi loin de la terre.
Le Seigneur, en tant que roi rejeté, écoutant ce témoignage des lèvres du Romain, ne pouvait que reconnaître qu’Il avait maintenant perdu Son trône. « Jésus répondit : Mon royaume n’est pas de ce monde ; si mon royaume était de ce monde, mes serviteurs auraient combattu pour que je ne sois pas livré aux Juifs ; mais maintenant mon royaume n’est pas d’ici ». Il n’avait pas d’armes de guerre si Israël Le rejetait. Il n’y avait pas de battage pour Son aire maintenant, car Israël était Son instrument pour battre les montagnes (Ésaïe 41:15 ; Michée 4:13 ; Jérémie 51:20), et Israël Le refusait maintenant. C’est de Juda que doit sortir la pierre d’angle, le clou, l’arc de la bataille, et ce n'est que de la maison de Juda que le Messie fera son cheval de gloire dans la bataille (Zach. 10:4). C’est pourquoi, dans l’incrédulité de Juda, il n’avait rien qui lui permît d’anéantir les cœurs vaillants et d’être terrible pour les rois de la terre, rien qui lui permît de briser les flèches de l’arc, du bouclier, de l’épée et de la bataille (Ps. 76). Son royaume ne pouvait donc pas être de ce monde, Il ne pouvait pas être d’ici ; Il n’avait pas de serviteurs qui pussent lutter pour qu’Il ne fût pas livré à ses ennemis.
Mais cette perte d’un royaume, qui est « de ce monde », n’est que pour un temps. Car Israël qui a dit une fois : « Crucifie, crucifie-le », sera amené à dire : « Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ». Alors le cheval de gloire sera préparé pour la bataille, Juda s’inclinera pour le Messie, l’arc sera rempli d’Ephraïm, et la fille de Sion se lèvera et battra Son aire.
La réponse du Seigneur à Pilate indiquait ce rétablissement final de Son Royaume. En effet, si Jésus percevait et admettait la perte actuelle de Son royaume en raison de l’incrédulité démontrée de Sa nation, Il l’a fait en des termes qui exprimaient pleinement Son droit à la royauté, ce qui a conduit Pilate à dire : « Es-tu donc roi ? » Et c’est de cela que témoigne Sa « belle confession ». En effet, Pilate n’aurait eu aucune raison de redouter ou le mécontentement de son maître, ou le tumulte du peuple ; il aurait pu sans crainte suivre sa volonté et délivrer son prisonnier, si le Confesseur béni avait maintenant modifié la parole sortie de Ses lèvres, et retiré Sa prétention à être roi. Mais Jésus répondit : « Tu le dis que je suis roi ». Il ne pouvait pas se rétracter de cette affirmation. C’était là sa « belle confession devant Ponce Pilate ». Bien que les Siens ne l’aient pas reçu, Il était à eux ; bien que le monde ne Le connût pas, c’est par Lui qu’il avait été créé. Bien que les cultivateurs fussent en train de Le chasser, Il était l’Héritier de la vigne. Il était oint pour le trône de Sion même si Ses concitoyens disaient qu’ils ne voulaient pas qu’il règne sur eux ; et Il devait, par Sa « belle confession », justifier pleinement Ses prétentions à ce trône, et s’y tenir devant Ponce Pilate et, en lui, devant toute la puissance du monde. Toute cette puissance pouvait s’armer contre Lui, mais il fallait que ce soit fait. Hérode et tout Jérusalem avaient déjà été émus en apprenant la naissance de Celui qui était le Roi des Juifs, et ils avaient cherché à tuer l’enfant ; mais si le monde entier était maintenant ému et armait sa puissance contre Lui, Il devait déclarer le décret de Dieu : « J’ai établi mon roi sur ma sainte montagne de Sion ». Son droit doit être attesté, même en présence de l’usurpateur et à l’heure même de la puissance de ce dernier.
Mais nous sommes maintenant conduits à d’autres révélations.
Cette « belle confession » ayant été ainsi attestée, le Seigneur était prêt à dévoiler d’autres parties des conseils divins. Lorsqu’Il eut clairement assumé Son titre en présence même de César, c’est-à-dire en présence du monde qui remplissait encore le vide, la voie Lui était ouverte pour témoigner de Son caractère présent et de Son service. « C’est pour cela que je suis né, dit le Seigneur, et c’est pour cela que je suis venu dans le monde, afin de rendre témoignage à la vérité ; quiconque est de la vérité écoute ma voix ». Sa possession du royaume était entravée pendant un certain temps par l’incrédulité de Sa nation ; mais Il montre ici qu’il n’y a pas eu de manquement au dessein de Dieu à cet égard. Car, entre-temps, Il était venu dans le monde pour une autre œuvre que celle de s’asseoir sur Son trône en Sion. Il était venu pour rendre « témoignage à la vérité ».
Par cette « belle confession », le Seigneur était « témoin de la vérité », car Son témoignage était évidemment vrai. Mais ce caractère s’étend bien au-delà de cette « belle confession », et l’évangile de Jean est utilisé par le Saint Esprit comme l’instrument spécial pour le révéler. En effet, dans Jean, nous voyons que le Seigneur a exercé Son ministère en tant que « témoin de la vérité » dès le début, comme il est dit en Jean 1, « le Fils unique qui est dans le sein du Père, Lui l’a fait connaître ». Il avait manifesté le nom du Père à ceux qui Lui avaient été donnés du monde (Jean 17:6), ce qui revient à rendre témoignage à la vérité (voir Jean 8:26-27). Il était venu pour donner à ses élus une intelligence afin qu’ils puissent connaître celui qui est le Véritable (1 Jean 5:20). Tous ceux qui étaient « de la vérité », comme Il dit ici à Pilate, L’avaient entendu. Ses brebis avaient écouté et connu Sa voix, tandis que d’autres ne croyaient pas, parce qu’ils n’étaient pas Ses brebis (Jean 10:3-4, 26). Celui qui était de Dieu avait entendu la parole de Dieu de sa bouche, tandis que d’autres n’avaient pas entendu Ses paroles parce qu’ils n’étaient pas de Dieu (Jean 8:47). C’est ainsi que s’est manifesté l’Esprit de vérité et l’esprit d’erreur (1 Jean 4:6). Il était venu dans le monde afin de pouvoir dire : « Je suis le chemin, la vérité et la vie ; nul ne vient au Père que par moi » (Jean 14:6). Il était le Bon Berger venu pour chercher et faire sortir Son troupeau — pour rassembler à Lui et au Père tous ceux qui étaient à Lui — pour amener à l’unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu tous les enfants choisis, et remplir ainsi la pleine mesure qui leur était préparée ; pour faire naître des fils à Dieu par la parole de vérité, pour les sceller de l’Esprit d’adoption, et pour leur préparer des demeures dans la maison du Père. Les cieux devaient maintenant être ouverts, et la plénitude de Celui qui remplit tout en tous, par la vérité et par l’Esprit, devait être préparée et introduite dans les cieux.
Tel était le ministère présent du Seigneur, car c’est ainsi qu’Il était né, qu’Il était venu dans le monde, et qu’Il avait ouvert tout du long à ses disciples. Il dit : « J’ai manifesté ton nom aux hommes que tu m’as donnés du monde » (Jean 17:6). Bien que Roi, et Roi des Juifs, et devant encore prendre le royaume du monde, Il ne devait pas maintenant exercer ce pouvoir, car son titre avait été renié par sa propre nation. Le rejet par Israël de son Roi avait été scellé par le témoignage de Pilate : « Ta nation t’a livré à moi ». L’épreuve avait donc pleinement prouvé qu’ils étaient « de l’argent réprouvé ». Le séjour du Seigneur au milieu d’eux, au cas où ils se seraient repentis, allait donc prendre fin. Il ne pouvait plus parcourir leurs villes et leurs villages en guérissant et en prêchant le royaume, mais Il devait prendre sur lui un autre ministère ; et ce ministère, Il le révèle maintenant pleinement et formellement en disant : « C’est dans ce but que je suis né et que je suis venu dans le monde, afin de rendre témoignage à la vérité ; quiconque est de la vérité écoute ma voix ».
Mais par-là, nous discernons tout de suite les différents buts de Dieu dans Ses dispensations par rapport à Israël et par rapport à l’Église ; pour le développement ultérieur de ces buts, j’ai jugé que ce passage de l’Écriture mérite une attention plus grande que celle qui lui est généralement accordée. Le Seigneur accomplit maintenant La volonté de Dieu non pas en tant que Roi gouvernant Ses citoyens, mais en tant que manifestant le Père, faisant de nous des fils, comme nous l’avons vu. Par la parole et par l’Esprit, Il rassemble tous ceux qui sont « de la vérité » (comme Il dit à Pilate), remplissant la mesure de Son corps, l’Église, qui est Sa plénitude.
Ce passage de l’Écriture nous donne une preuve supplémentaire du but spécial de Dieu dans sa dispensation vis-à-vis d’Israël et l’Église, sujet que nous avons souvent abordé. Mais tandis que nous retraçons ces choses, puissions-nous en connaître toujours plus la puissance dans nos propres âmes ! La connaissance sans la communion avec Dieu ne fait qu’exposer nos âmes à Satan ; que le Seigneur nous préserve en un jour aussi tentant que le nôtre !
Tout cela nous apprend que l’absence actuelle du Seigneur doit être interprétée différemment selon qu’il s’agit d’Israël ou de l’Église. En ce qui concerne l’Église, c’est une absence en grâce, parce qu’il était opportun pour elle qu’Il s’en aille, puisqu’elle a reçu le Saint-Esprit pour être en elle et lui enseigner, en tant qu’Esprit de vérité, le témoignage de Jésus, qui était le Témoin de la vérité, le révélateur du Père. Mais en ce qui concerne Israël, cette absence est un jugement, et à juste titre, car c’est l’incrédulité et le péché d’Israël qui en sont la cause. C’est par la méchanceté des cultivateurs que l’Héritier de la vigne a été chassé. En conséquence, lorsque le Seigneur quitta Israël, Il tourna le dos à leur ville, la laissant dans la désolation et disant : « Voici, votre maison vous est laissée déserte » (Matt. 23:38). Il leur a caché sa face. Mais lorsqu’Il a quitté Son église, Il les a laissés en train de lever les mains et de les bénir (Luc 24:51). Son visage était tourné vers eux. L’une de ces actions était judiciaire, l’autre en grâce. Lorsqu’Il a quitté les Juifs, Il a dit : « Je suis encore avec vous pour un peu de temps, puis je m’en vais vers celui qui m’a envoyé. Vous me chercherez, et vous ne me trouverez pas ; et là où je suis, vous ne pouvez venir ». Mais lorsqu’Il a quitté Ses disciples, Il a dit : « Encore un peu de temps, et vous ne me verrez pas ; et encore un peu de temps, et vous me verrez, parce que je vais au Père ». Lorsqu’autrefois la gloire s’est retirée d’Israël, chaque rayon en a, pour ainsi dire, été recueilli et il n’en est resté aucune trace, aucune miséricorde n’est restée (Ezéch. 11:23). Mais quand Jésus est monté d’au milieu de Ses saints, ce n’était que pour leur faire des dons (Éph. 4:12-13) ; et comme Il l’a dit, « je ne vous laisserai pas sans consolation (orphelins), je viens à vous » (Jean 14:18). En ce qui concerne Israël, le Seigneur est maintenant endormi (Ps. 44:23) ; mais en ce qui concerne l’Église, il est toujours éveillé et actif, Avocat et Sacrificateur en haut (Héb. 9:24, 1 Jean 2:1).
Tout cela montre les buts différents que le Seigneur poursuit à l’égard de l’Église et d’Israël. Pendant Son absence, l’Église se prépare par le Saint-Esprit à se tenir dans la gloire du Fils ; mais c’est le temps du jugement d’Israël.
Il faut remarquer ici le même enseignement franc et net à ce sujet, que nous recevons dans la parabole des mines (Luc 19).
Le Seigneur nous y est présenté comme un noble qui partit pour un pays lointain, afin de se procurer un royaume, et qui revint ; avant son départ, il confia ses biens à ses serviteurs pour qu’ils s’en occupent pendant son absence ; puis, à son retour, il tient des comptes séparément avec chacun, mais il exerce un juste jugement sur ses concitoyens, qui lui avaient dit clairement, avant son départ, qu’ils ne voulaient pas qu’il régnât sur eux.
Dans cet exposé des voies de Dieu, nous voyons très clairement que le but (entre autres) de la présente dispensation est de fournir des compagnons au Roi dans Sa gloire, de Lui donner ceux qui partageront le trône du royaume avec Lui. Dans cette parabole, les serviteurs sont distincts des citoyens. Les serviteurs ont leur occupation pendant l’absence de l’homme noble, mais pendant ce temps, les citoyens ne sont pas du tout en vue. Il en va de même pour l’Église et Israël. Pendant cette dispensation, qui est le temps de l’absence du Seigneur, l’Église occupe la scène, et Israël en tant que nation est oubliée : il n’y a ni Juif ni Grec ; tandis qu’après le retour, la distinction entre les serviteurs et les citoyens est toujours aussi claire. Les serviteurs (trouvés fidèles) sont appelés à la communion du royaume, et les citoyens sont punis pour leur rébellion. Il en va de même pour l’Église et pour Israël. Les saints du Très-Haut doivent prendre le royaume avec le Fils de l’homme. Ceux qui ont poursuivi avec Jésus dans Ses tentations se verront attribuer un royaume par Lui, comme Lui reçoit un royaume de la part du Père. Les vainqueurs s’assiéront avec Lui sur Son trône. Les saints doivent juger le monde.
Les serviteurs de cette parabole ne sont pas les sujets, mais les cohéritiers de l’homme noble qui revient ; et tels sont les saints, « héritiers de Dieu et cohéritiers de Christ » ; ils partagent la domination avec lui. Ce n’est pas après le retour de l’homme noble qu’ils doivent produire leurs fruits, mais c’est plutôt à ce moment-là qu’ils récolteront la gloire de la domination avec Lui, comme récompense d’avoir produit leurs fruits pour Lui maintenant, dans ce temps de son absence. « Parce que tu as été fidèle en peu de chose », dira l’homme noble de retour aux serviteurs, « tu as autorité sur dix villes ». Mais Israël, au jour du retour de leur Roi, autrefois rejeté mais ensuite glorifié, doit faire face à la vengeance. Israël sont les citoyens, car Sion est la ville du Grand Roi, et Jésus est le Roi des Juifs. C’est en tant que Roi avec Ses sujets ou citoyens que le Seigneur doit être associé au peuple d’Israël, et non en tant qu’Héritier avec Ses cohéritiers. Et leur cri, leur cri de rébellion « Nous n’avons pas d’autre roi que César » au jour du retour de l’homme noble, au jour de la révélation du Messie Roi, doit recevoir la réponse suivante : « Mes ennemis, qui n’ont pas voulu que je règne sur eux, amenez-les ici et tuez-les devant moi » (Luc 19:27). L’absence actuelle du Seigneur n’opère pas leur repentance ; c’est plutôt le vieil esprit de rébellion qui agit judiciairement en eux jusqu’à ce que Son retour les trouve mûrs pour le jugement (*). C’est ainsi que ce retour amènera le « jour de la vengeance » (Esaïe 61:1-2 ; Luc 4:18-21), « le temps de la détresse de Jacob » (Jérémie 30:7) ; une détresse telle qu’il n’y en a jamais eu depuis qu’il y a eu une nation (Dan. 12:1). En ce jour-là, on sonnera l’alarme, car ce sera « un jour de nuées et d’épaisses ténèbres » (Joël 2:2). « Dans tout le pays, deux parties seront retranchées et mourront » (Zach. 13:8). Ce sera un jour qui « brûlera comme un four » et, comme le dit le prophète, qui pourra le supporter ? (Mal. 3:2 ; 4:1 **).
(*) Le prophète Daniel fournit ce qui manque pour compléter cette parabole : il nous emmène dans le « pays lointain » et nous montre l’acte même de l’homme noble qui reçoit le royaume (Dan. 7:13)… Combien les Écritures sont ainsi en harmonie les unes avec les autres. Chaque note est certainement touchée par la même main divine, et quelle musique forme l’ensemble pour ceux qui ont des oreilles pour entendre !
(**) Il est également vrai que Son retour se fera avec le salut ; le jour sera celui de la miséricorde aussi bien que celui du jugement : de la miséricorde pour le résidu qui L’attend dans un esprit de repentance ; du jugement pour la nation. C’est ainsi que dans plusieurs passages mentionnés ci-dessus — dans Ésaïe, ceux qui mènent deuil dans Sion seront consolés et la pleine bénédiction viendra sur eux (Ésaïe 61:2-11), — dans Jérémie, Jacob sera sauvé de ce jour-là (Jér. 30:7), — dans Joël, il y aura délivrance pour les réchappés que l’Éternel appellera (Joël 2:32), — dans Zacharie, un tiers est laissé dans le pays et devient le peuple de l’Éternel (Zach. 13:8-9), — et dans Malachie, le jour fera le tri entre les justes et les méchants, et ceux qui craignent l’Éternel seront comme son trésor particulier, et le Soleil de ce jour-là se lèvera sur eux, avec la guérison dans ses ailes (Mal. 3:4).
Mais n’oublions pas que l’homme noble revient « après avoir reçu le royaume », et que les serviteurs fidèles ont reçu la promesse de leurs dix villes et de leurs cinq villes. C’est pourquoi, même si les rebelles sont ainsi jugés, la scène de la domination ne disparaît pas par du jugement. Les villes ont été promises comme récompense pour le service, le royaume a été reçu par l’homme noble, et cette terre, sur laquelle le noble revient (car le lieu de Son retour est le lieu de Son royaume), doit rester pour la manifestation de ce royaume et pour être la scène de ces récompenses. C’est pourquoi nous lisons dans d’autres passages des Ecritures que ce sont « tous les peuples, nations et langues » de cette terre qui seront donnés au Roi et à Ses serviteurs. « Le Fils de l’homme recevra la domination, l’honneur et la royauté, afin que tous les peuples, peuplades et langues le servent ». Le jugement sera ensuite donné aux saints des lieux très-hauts. Les saints jugeront le monde et posséderont le royaume (voir Dan. 7:13-14, 22 ; 1 Cor. 6:2).
De tout cela, nous concluons que la présente dispensation donne une famille d’enfants au Père céleste — et des compagnons dans la gloire de son trône au précieux Fils de l’homme. Tels sont ses objectifs. Par le ministère du « témoin à la vérité » qui est le Fils, et de « l’Esprit » qui est le Saint Esprit, les saints deviennent des fils et des filles, pour lesquels sont préparées les demeures dans la maison du Père. Ils sont tous un par l’adoption de leur Père céleste, Lui appartenant également et sûrement, « tous bien ajustés ensemble » (Eph. 2:21) ; mais dans l’héritage des gloires du royaume à venir (pour lequel ils se préparent maintenant), ils ne sont pas un, comme il leur est dit : « Aie autorité sur dix villes » et « Aie autorité sur cinq villes ».
C’est en cela que réside la perfection des voies de notre Dieu, car c’est en cela que se trouve tout ce qui apaise l’âme tout en la réveillant, et tout ce qui nous pousse au service, sans jamais nous éloigner de notre douce retraite, de la pleine assurance de l’égal amour de notre Père. Oh, que l’amour de Christ nous pousse de plus en plus à être des serviteurs de bon gré les uns des autres ! C’est là la seule vraie dignité, la seule vraie louange. « Je suis au milieu de vous comme celui qui sert » a dit le Seigneur et Maître de nous tous. Quel que soit l’aspect extérieur et la portée de notre vie, l’esprit de service doit en être le mobile caché. « Si nous sommes hors de nous-mêmes », que devons-nous ajouter ? c’est pour Dieu — « Si nous sommes de sens rassis », que devons-nous ajouter ? « C’est pour vous ». « Nul ne vit ayant égard à lui-même, et nul ne meurt ayant égard à lui-même » (Rom. 14:7). C’est là la seule vraie règle de l’action chrétienne, c’est là le ressort caché et seul efficace pour guider correctement tous nos mouvements, comme sous Dieu et comme Jésus.