Réflexions sur le déroulement des réunions

Ernst-August Bremicker

Im Glauben leben, 2021-9, p.13


Table des matières :

1 - Les réunions de l’assemblée locale

2 - Pas de prescriptions détaillées

3 - Bienséance et ordre

4 - Une règle claire

5 - Éléments constitutifs d’une réunion

6 - Pas de liturgie

7 - Autres conseils pratiques

7.1 - Un parler intelligible

7.2 - Longueur des contributions

7.3 - Fréquence des contributions

7.4 - S’attendre l’un l’autre

8 - Agir avec intelligence

9 - Préparation et suivi

10 - Conclusion


Lectures biblique : 1 Corinthiens 14 ; Matthieu 18:19, 20 ; Actes 4:23-31 ; 20:7 ; etc.


L’Assemblée de Dieu sur terre n’est pas une « construction théorique » qui n’existerait que dans les pensées de Dieu. Il s’agit plutôt d’un organisme vivant, et Dieu veut que Ses pensées sur l’Assemblée soient visibles lorsque l’assemblée locale se réunit. Le Nouveau Testament parle donc explicitement en plusieurs passages du rassemblement des croyants en un même lieu.


1 - Les réunions de l’assemblée locale

Au total, nous trouvons dans la Bible au moins trois rassemblements différents, réguliers, de l’assemblée locale :


Ces réunions sont des rassemblements au nom du Seigneur (Matt. 18:20), quand Lui est le centre, et que tout est orienté vers Lui et que les croyants rassemblés laissent libre cours à la direction du Saint-Esprit. Il va sans dire que cela n’est possible que si nous suivons les instructions de la Bible.


2 - Pas de prescriptions détaillées

Dans l’Ancien Testament, Dieu avait réglementé de nombreux détails du culte israélite (par exemple, les règles relatives aux sacrifices). En revanche, dans le Nouveau Testament, Dieu ne donne pas d’instructions détaillées sur le déroulement extérieur des réunions. Il nous donne donc une certaine liberté, mais celle-ci ne doit jamais être l’occasion d’un comportement charnel.

Même sans ces instructions, nous reconnaissons que les réunions ont certains caractères bien définis :


Une autre différence avec l’Ancien Testament est que le déroulement des réunions est « simple et modeste » et que les bâtiments où elles ont lieu n’ont pas d’importance en eux-mêmes. Les premiers chrétiens n’avaient même pas leurs propres locaux construits à cet effet (sans parler d’églises pompeuses), mais se réunissaient dans leurs maisons. C’est là qu’ils se rencontraient en tant que croyants (en tant que membres du corps du Christ). Il n’y avait — et il n’y a pas — de clergé (prêtres, clercs, laïcs, etc.). Les différences sociales entre croyants dans la vie quotidienne ne jouent aucun rôle dans les réunions.


3 - Bienséance et ordre

Avant tout, que tout se fasse « avec bienséance et avec ordre » (1 Cor. 14:40). Bien que cela soit dit directement en rapport avec la réunion pour l’édification (prédication de la Parole de Dieu), cela s’applique de manière fondamentale. Nous ne devons jamais oublier que notre Seigneur est personnellement présent (bien qu’invisible). Si nous y réfléchissions davantage, beaucoup de choses se régleraient d’elles-mêmes et beaucoup de questions ne seraient même pas posées et discutées.

Un certain ordre extérieur fait également partie de l’ordre. Par exemple, les horaires sont généralement fixes (début et fin), il y a souvent un certain ordre de placement, les personnes présentes utilisent un même recueil de chants, etc. Cependant, il ne faut pas surestimer ces « ordres » extérieurs et certainement pas les prescrire de manière contraignante. En règle générale, il s’agit de traditions (qui ne sont pas forcément mauvaises en soi). Elles ont leur valeur, mais nous ne devons pas en faire une règle immuable (et certainement pas une « loi »). Ce qui a lieu dans un endroit (une région ou un pays) ne doit pas nécessairement se produire ailleurs. Il se peut aussi que des circonstances extérieures poussent à changer temporairement. Ce qui est important, c’est qu’il y ait paix et consensus entre les frères et les sœurs sur ces questions.


4 - Une règle claire

Il existe également des règles claires. L’une d’elles est la suivante : « Que les femmes se taisent dans les assemblées, car il ne leur est pas permis de parler » (1 Cor. 14:34). L’instruction est sans ambiguïté, et pourtant elle est souvent ignorée. Le silence des femmes a pour contrepartie que les hommes doivent parler. Les frères silencieux par principe dans les réunions devraient se demander pourquoi il en est ainsi. En tout cas, cela ne correspond pas à l’intention de Dieu.

Le silence des femmes ne signifie pourtant pas qu’elles ne participent pas aux réunions. Tout d’abord, il va de soi que « parler » ne signifie pas « chanter ». Le chant des sœurs enrichit une réunion. Les sœurs disent « Amen », bien entendu. On ne compte pas non plus comme « parler » un simple propos individuel. En outre, elles accompagnent les réunions par leur prière silencieuse et contribuent par-là à ce que les frères disent ce que l’Esprit Saint veut qu’il soit dit. L’exemple de Marie (Jean 12:3) montre combien une « adoration silencieuse » du cœur est précieuse. Certaines épouses sont également une grande aide à leur mari en lui donnant à la maison tel ou tel feedback (appréciation ou avis ou commentaire) sur son comportement dans les réunions, l’encourageant ou aussi, occasionnellement, le « freinant ».


5 - Éléments constitutifs d’une réunion

Le texte de 1 Corinthiens 14 nous aide à mieux comprendre les éléments centraux d’une réunion. Je ne parle pas du fait que le Seigneur est le centre et que tous les présents doivent être conduits par l’Esprit Saint (ce chapitre n’en parle pas non plus). Il s’agit plutôt de savoir ce qui se passe dans les réunions et comment cela se passe. 1 Corinthiens 14 indique clairement qu’il y a trois éléments centraux :


Nous connaissons toujours ces trois éléments aujourd’hui. S’il y avait moins, ce serait au détriment. S’il y avait davantage, ce serait facilement nuisible et détournerait de l’essentiel. C’est la raison pour laquelle nous n’avons pas besoin de mises en scène, d’attractions musicales et autres choses de ce genre dans les rassemblements de croyants.


6 - Pas de liturgie

Il n’est dit nulle part qu’une réunion doit nécessairement commencer par un chant et qu’une prière doit suivre. L’ordre peut être différent. Une réunion peut tout aussi bien commencer par une parole de la Bible ou par une prière. Il se peut qu’un cantique au début soit une bonne introduction, mais il n’y a pas de règle absolue. Si le Saint-Esprit dirige, il ne peut y avoir de liturgie, pas même une liturgie non écrite. Les bonnes habitudes ne sont pas mauvaises. Pourtant, elles peuvent facilement devenir une sorte de liturgie non écrite. Nous devons y prendre garde.


7 - Autres conseils pratiques

D’autres indications utiles pour la pratique du rassemblement peuvent être tirées indirectement de 1 Corinthiens 14. Je voudrais citer quelques points en particulier :


7.1 - Un parler intelligible

Il devrait aller de soi que les frères qui parlent s’expriment de manière à ce que toutes les personnes présentes comprennent ce qui est dit. Cela vaut aussi bien pour le contenu que pour l’acoustique. Comment l’auditeur dira-t-il « Amen » s’il n’a pas compris la moitié d’une prière ? Comment sera-t-il édifié si l’exposé de la Parole est si difficile que presque personne ne peut suivre ? Quand des enfants et des jeunes sont présents, il faut également en tenir compte. Les prières doivent être prononcées en « langage normal » et ne doivent pas avoir l’air « tarabiscoté ». Un exposé de la Parole peut être fondé et instructif tout en étant formulé de manière à ce que tout le monde comprenne bien. Ce qui parait « hautement spirituel » ne doit pas rester longuement dans le mode « hautement spirituel ». La véritable érudition (sagesse) se manifeste plutôt par le fait que l’on s’exprime de manière simple et compréhensible.


7.2 - Longueur des contributions

Les frères qui prennent la parole doivent être aussi brefs que possible, car dans la plupart des cas, ils ne sont pas les seuls que le Seigneur veut utiliser. Surtout lorsqu’il y a plusieurs (ou même beaucoup) de frères présents, il faut le prendre en compte. Ceci est particulièrement valable pour la longueur des prières. Comment les frères et sœurs peuvent-ils dire honnêtement « Amen » si, à la fin de la prière, ils ne savent plus ce que le frère a dit au début ?


7.3 - Fréquence des contributions

En fonction du nombre de frères présents, chacun doit se demander combien de fois il a à se mettre à parler. Paul partait du principe que « chacun » à Corinthe avait quelque chose (à dire) (1 Cor. 14:26). Cela s’applique également pour les frères plus jeunes. Il est bon que les frères plus âgés et plus expérimentés se retiennent davantage pour donner également aux plus jeunes la possibilité de s’impliquer.


7.4 - S’attendre l’un l’autre

Les longues pauses peuvent être une attente honorable de la direction de l’Esprit Saint. Mais elles peuvent également être pénibles pour le déroulement d’une réunion, si elles sont le signe d’une paresse spirituelle. Après tout, nous ne nous réunissons pas pour être silencieux. Inversement des pauses trop courtes (ou même fébriles) peuvent être tout aussi pénibles. Nous risquons d’entraver le Saint-Esprit. Là-dessus, il faut trouver la bonne voie. En tout cas, la précipitation n’est pas bonne conseillère dans la plupart des cas (cf. És. 28:16). En outre, les jeunes frères peuvent avoir besoin d’un peu plus de temps pour s’impliquer activement. Les plus âgés doivent leur accorder volontiers ce temps en se permettant d’attendre (ceci s’applique encore plus à la réunion pour la prédication de la Parole).


8 - Agir avec intelligence

Paul exhorte plusieurs fois les Corinthiens à agir avec intelligence. En 1 Cor. 14:32, il dit : « Les esprits des prophètes sont soumis aux prophètes ». Ceci s’applique à tout frère qui s’implique dans une réunion. La direction par l’Esprit Saint et notre raison ne s’excluent pas mutuellement — au contraire, elles se complètent. On ne fait certainement pas preuve d’une « spiritualité » particulière en laissant sa raison derrière soi comme un manteau au vestiaire et en se comportant comme des enfants lors de la réunion.


9 - Préparation et suivi

La Bible ne dit rien à ce sujet. Néanmoins, il devrait être « normal » de ne pas aller à une réunion « sans préparation ». Cela ne signifie pas qu’un frère « prépare » un sermon, mais que toutes les personnes présentes prient à la maison pour que la réunion soit une bénédiction et soit profitable. Il en va de même pour le suivi. Il est bon de repenser chez soi à ce qui a été le sujet de la réunion. Cela laissera une impression et une bénédiction durables.


10 - Conclusion

La Bible ne donne pas d’instructions détaillées pour le déroulement des réunions en tant qu’assemblée. Ce qu’il faut, c’est un discernement spirituel pour se conformer à ce que Dieu peut attendre de ceux qui se laissent conduire par le Saint-Esprit. Ce doit être avec bienséance et avec ordre, afin que Dieu soit honoré et que les frères et sœurs en retirent un profit spirituel.