Ernst-August Bremicker
Im Glauben leben, 2025-2, p. 17
1 - [Description à l’avance par les prophètes]
« Il est méprisé et délaissé des hommes, homme de douleurs, et familier de la souffrance, et comme quelqu’un devant qui on se cache le visage ; il est méprisé, et nous l’avons estimé pour rien » (Ésaïe 53:3).
Le ch. 53 du prophète Ésaïe nous dépeint notre Seigneur, en une image impressionnante, en tant que serviteur souffrant, méprisé et délaissé par les hommes, homme de douleurs et familier de la souffrance. Pierre nous rappelle que les prophètes n’ont pas seulement parlé des gloires du Messie dans son royaume, mais aussi des souffrances qu’Il a endurées auparavant (1 Pierre 1:11). Son chemin était un chemin « par les souffrances vers la gloire » — comme la vie de Joseph le préfigure.
Nous sentons que nous sommes sur un « terre sainte » dans ce chapitre unique. Nous ne pouvons nous approcher qu’avec prudence et respect des déclarations inspirées par le Saint-Esprit concernant notre Seigneur. C’est dans cet esprit que les réflexions suivantes sur certains détails de l’homme de douleur doivent être comprises et méditées.
1) Il a été méprisé
: Celui qui est méprisé est peu
estimé. Il n’est pas honoré. C’est exactement ce que les gens — dans ce v. 3,
il s’agit surtout des haut-placés du peuple d’Israël — ont fait à Christ. Tout
honneur Lui appartenait. Il était venu comme le Roi de Son peuple. Pourtant, on
L’a méconnu. Les chefs du peuple n’ont pas voulu de Lui. Non seulement ils L’ont
ignoré, mais ils L’ont méprisé, comme jamais aucun homme n’avait été méprisé
auparavant. Ils n’ont pas hésité à Le traiter de « mangeur et buveur ».
Plus encore, ils L’ont déclaré comme convaincu de péché, Lui qui n’avait jamais
commis un seul péché (Jean 9:24), et ils L’ont accusé d’être né de la
fornication (Jean 8:41).
2) Il a été délaissé
: Jamais un homme n’a été aussi
isolé et incompris que notre Seigneur. Bien que les foules L’entouraient chaque
jour et que ses disciples aient tout partagé avec Lui pendant plus de trois
ans, Il était pourtant un étranger céleste. Les gens ne Le comprenaient pas et Ses
disciples n’entraient pas dans Ses pensées. Quand Il parlait d’être crucifié à
Jérusalem, ils ne saisissaient pas. C’était encore plus le cas pour les conducteurs
spirituels du peuple. Ils auraient dû savoir, par l’Ancien Testament, qui Il
était. Mais ils n’ont pas voulu Le reconnaître. Ils n’ont pas voulu L’accepter.
Le psalmiste utilise trois images tirées du monde animal pour nous faire un peu
mieux saisir Sa solitude : « Je suis comme le pélican du désert,
comme le hibou des lieux désolés. Je veille et je suis comme un passereau
solitaire sur un toit » (Ps. 102:7,8).
3) Il a été un homme de douleurs
: les douleurs que
notre Seigneur a endurées de la part des hommes étaient dans Son âme et dans
Son corps. Tout Son chemin a été empreint de telles douleurs que les hommes Lui
infligeaient, en grande partie consciemment. Le triste sommet en a été ce qui s’est
passé autour de la croix, lorsque les hommes n’ont manqué aucune occasion de Le
tourmenter. Cela venait de Son propre peuple comme des soldats romains. Juifs
et gens des nations déversaient toute leur méchanceté sur Lui. Ils L’ont frappé,
fouetté, cloué sur la croix. Ils L’ont couvert d’opprobre et de railleries.
Notre Sauveur a enduré tout cela sans se défendre. Au contraire, lorsqu’Il
était sur la croix, Il a prié encore pour Ses ennemis (Luc 23:34).
4) Il était familier de la souffrance
: la douleur
fait mal. La souffrance déprime. Être familier avec la souffrance signifie qu’elle
était un élément central de Sa vie. Il n’a pas seulement souffert de temps en
temps, mais toute sa vie a été une vie de souffrance. Nous faisons bien sûr la
distinction entre les souffrances expiatoires du Sauveur à cause du péché (1
Pierre 3:18) et celles infligées par les hommes. Les souffrances expiatoires
sont limitées aux trois heures de ténèbres. C’est seulement là qu’Il a souffert
« pour les péchés ». Mais quant aux souffrances infligées par les
hommes, toute sa vie en a été imprégnée. Il était prêt à endurer ces
souffrances pour nous en laisser l’exemple (1 Pierre 2:21).
5) Il était comme quelqu’un devant qui on se cache le visage
:
Celui qui se détourne de quelqu’un en lui cachant son visage, signale qu’il ne
veut rien avoir à faire avec cette personne, et qu’il lui refuse toute aide.
Lorsque notre Seigneur était dans le besoin, personne ne voulait avoir affaire
à Lui. Les personnes auxquelles il n’avait fait que du bien, se sont détournées
de Lui. Ils ont même réclamé Sa mort à grands cris. Pour Son amour, Il a
récolté la haine, l’hostilité et le rejet. Jamais un homme n’a autant fait pour
les autres que Lui, et n’a autant personnifié la « bonté et l’amour de
notre Dieu Sauveur envers les hommes » (Tite 3:4). Et c’est précisément
Lui qui a dû finalement voir les hommes se cacher le visage de devant Lui.
6) Il était méprisé
: Il est répété une deuxième fois
qu’Il était méprisé. Mais maintenant, il ne s’agit plus seulement des hauts
placés du peuple (les conducteurs spirituels), mais c’est dit de manière
générale. Presque tous ceux qui ont eu à faire avec Lui pendant la crucifixion
L’ont traité avec mépris. Au lieu de L’honorer, de Le couronner et de s’incliner
devant Lui, ils n’ont eu que des moqueries à son égard. Ils L’ont couronné d’une
couronne d’épines et L’ont cloué sur une croix.
7) Nous L’avons estimé pour rien
: Estimer quelqu’un
pour rien, c’est l’éviter complètement, c’est faire comme s’il n’existait pas.
C’est extrêmement douloureux de vivre cela. Pour notre Seigneur, c’était une
réalité amère. Alors qu’Il était le Créateur, Ses créatures l’ignoraient et L’ont
traité comme du vent. Ce qu’on Lui a laissé, c’est une croix. Ensuite, on a
voulu Le mettre en terre « en Lui donnant sa tombe avec les méchants ».
Mais Dieu a fait en sorte qu’Il soit « avec le riche dans Sa mort » (Ésaïe
53:9).
Il est frappant de constater que c’est la première fois que le mot « nous » est utilisé dans ce verset (« nous L’avons estimé pour rien »). C’est ce que le Résidu juif des jours à venir confessera lorsqu’il se rendra compte que c’était le Messie qu’ils avaient pareillement ignoré à l’époque.
Nous sommes reconnaissants que les souffrances de notre Seigneur appartiennent au passé. Il a été un Homme de douleurs, familier de la souffrance. Maintenant, Il est entouré de gloire : « Sa gloire est grande dans ta délivrance ; tu L’as revêtu de majesté et de magnificence. Car tu l’as mis pour bénédictions à toujours, tu L’as rempli de joie par ta face » (Ps. 21:5,6). Ainsi, nous Le voyons maintenant avec les yeux de la foi, et nous nous réjouissons de ce que Dieu L’a élevé et exalté — Lui, le serviteur autrefois souffrant. Il est maintenant élevé très haut (Ésaïe 52:13). En même temps, nous attendons de Le voir bientôt « face à face ». Il recevra alors tout l’honneur qu’on Lui a refusé ici-bas sur la terre.
« Voici, mon serviteur agira sagement ; il sera élevé et exalté, et placé très haut » (Ésaïe 52:13).