Rédemption, Rachat

Briem Christian


Traduit de l’allemand, Réponses à des questions sur des sujets bibliques, Ed. CSV, 2005


1 - Rédemption, Rachat

1.1 - Question :

D’où vient la notion de Rédemption et quelle en est la signification dans l’Ancien et le Nouveau Testament ? La Pâque d’Exode 12 en est-elle une figure ?


1.2 - Réponse :

À la première question, on peut appliquer la règle bien connue selon laquelle, pour comprendre la signification d’une notion, d’un concept, le mieux est de chercher au premier endroit où on le trouve dans l’Écriture sainte. Le mot « rédemption » ou « rachat » n’apparaît que tardivement dans la Bible, au Psaume 49 v.9 : « Précieux est le rachat de leur âme ». Par contre le verbe correspondant se rencontre déjà dans l’histoire du patriarche Jacob : « … l’Ange qui m’a racheté [JND : délivré ; sens littéral : ‘racheté’] de tout mal, bénisse ces jeunes hommes » (Gen. 48:16). Cette phrase exprime exactement ce que Dieu entend au sens général par la « rédemption » : la libération de tout mal, de tout ce qui nous est contraire.

Cette pensée est fondamentalement la même dans l’Ancien et dans le Nouveau Testament, même si les mots grec (NT) et hébreu (AT) dérivent de racines différentes. L’hébreu « gaal » était à l’origine un concept juridique du domaine de la famille avec la signification de « récupérer une personne ou une chose, la détacher, la relâcher ». On parlait de racheter ou récupérer une maison (Lév. 25:33), des objets qui avaient été voués à l’Éternel (Lév. 27:13, 15, 19), — de libérer quelqu'un tombé en esclavage (Lév. 25:48), — du rachat d’une veuve de son absence d’enfants par le plus proche parent du mari défunt (Ruth 4:4,6 ; Lév. 25:25 et suiv. ; 1 Rois 16:11). Boaz était un tel proche parent ou ‘celui qui a le droit de rachat’ ou ‘celui qui résout’ (Ruth 2:20 ; 3:9, 12, etc. ; Nomb. 5:8). Au rachat se liait une « revendication-pour-soi » comme le montrent Exode 6:6 et suiv. ; 15:13 ; És. 43:1, et bien d’autres passages.

Dans le Nouveau Testament, plusieurs passages montrent que la rédemption inclut davantage que la délivrance du jugement de Dieu, et qu’elle englobe bien plutôt la délivrance de toute puissance opposée. Les vrais croyants, par l’effet de l’œuvre de Christ, sont non seulement « délivrés de la colère qui vient » (1 Thes. 1:10), mais ils sont justifiés, réconciliés avec Dieu, ils ont la paix avec Dieu, ils ont accès à Dieu, ils s’adressent à Lui comme leur Père en Christ. Ils sont Ses enfants parce qu’ils sont nés de nouveau, nés de Dieu. Ils ne sont plus sous la puissance de Satan, de la mort et du péché. Ils possèdent le Saint Esprit, ils sont des pierres vivantes, des membres du corps de Christ. Comme héritiers de Dieu, cohéritiers de Christ, ils possèdent un héritage éternel dans les cieux. Ils se glorifient dans l’espérance de la gloire de Dieu. Même leur corps aura part à la rédemption (Rom. 8:23 ; 1 Cor. 1:30 : Éph. 1:14 ; 4:30). Le Seigneur transformera leur corps en la conformité du corps de Sa gloire (Phil. 3:21).

Quand nous avons devant les yeux quelles immenses bénédictions se rattachent à « la rédemption qui est dans le Christ Jésus » (Rom. 3:24), nous comprenons vite et nettement que la Pâque ne peut pas être vue comme la figure proprement dite de la rédemption. Certes le sang de l’agneau pascal protégeait du jugement de Dieu les Israélites coupables, mais cela ne les sauvait nullement de tous leurs ennemis. Ce n’est qu’une fois passés de l’autre côté de la mer Rouge et le Pharaon et ses armées engloutis dans les flots, qu’ils ont pu entonner le cantique de la rédemption : « Jah est ma force et mon cantique, et Il a été mon salut… Tu as conduit par ta bonté ce peuple que Tu as racheté… » (Ex. 2:2,13). Ce n’est qu’alors que nous entendons parler de salut et de rédemption.

La Pâque en Égypte correspond pour nous au fait d’être sauvés de la colère de Dieu. C’est loin d’être rien, mais c’est loin d’être toute notre bénédiction. Bien entendu il est indiscutable que le sang du vrai Agneau pascal (1 Cor. 5:7) est le fondement de toute bénédiction.

Mais il fallait montrer que la Pâque comme telle ne dépasse pas le côté de sauver de la colère de Dieu. Ce n’est que dans la traversée de la mer Rouge par les fils d’Israël que nous trouvons la figure proprement dite de la rédemption. Les Psaumes et les prophètes reviennent plus tard constamment sur cet événement comme étant le point où ils sont devenus un peuple racheté.