Briem Christian
Traduit de l’allemand, Commentaire sur Actes 11 à 13.
Collection « Un peuple pour Son Nom » partie 6
Ed. Christliche Schriftenverbreitung,
CSV, 2011
Table des matières :
1 - L’appel divin au service — Actes 13:1-3
1.2 - Prophètes et docteurs — Actes 13:1
1.3 - Une révélation spéciale — Actes 13:2
1.4 - Pas d’ordination — Actes 13:3
2 - À Paphos : saisi par la doctrine du Seigneur — Actes 13:4-12
2.2 - Aux Juifs premièrement — Actes 13:5
2.4 - Résistance satanique — Actes 13:6, 7
2.4.1 - Un homme intelligent et un homme méchant — Actes 13:8
2.4.2 - La résistance n’est pas un motif pour se décourager
2.4.3 - Le trompeur démasqué — Actes 13:9-10
2.4.4 - Un jugement temporaire : l’aveuglement — Actes 13:11
2.5 - La doctrine, fondement de la foi — Actes 13:12
3 - L’évangile à Antioche de Pisidie — Actes 13:13-52
3.3 - La prédication, une parole d’exhortation — Actes 13:14
3.4 - Une invitation étonnante — Actes 13:15
3.5 - Introduction et plan de l’argumentation — Actes 13:16-41
3.6 - Une rétrospective historique — Actes 13:16-25
3.6.1 - Un auditoire qui cherchait Dieu — Actes 13:16
3.6.2 - Dieu choisit, élève et fait sortir — Actes 13:17
3.6.3 - Dieu prend soin — Actes 13:18
3.6.4 - Dieu détruit, fait hériter, et donne des juges — Actes 13:19-20
3.6.5 - Dieu donne un roi Saül — Actes 13:21
3.6.6 - Dieu suscite David — Actes 13:22
3.6.7 - Dieu a amené un Sauveur, Jésus — Actes 13:23
3.6.8 - Dieu a envoyé un héraut, Jean le baptiseur — Actes 13:24-25
3.7 - La Parole du salut est annoncée — Actes 13:26-39
3.7.2 - Le Seigneur de gloire crucifié — Actes 13:27-29
3.7.3 - Christ ressuscité d’entre les morts — Actes 13:30-31
3.7.4 - Dieu « suscite » Jésus — Actes 13:32-33
3.7.5 - Dieu a « ressuscité » Jésus — Actes 13:34a
3.7.6 - Les « grâces assurées de David » — Actes 13:34b
3.7.7 - Christ n’a pas vu la corruption
— Actes 13:35-37
3.7.8 - Avoir servi au conseil de Dieu [à Sa volonté] — Actes 13:36
3.7.9 - Une proclamation — Actes 13:38-39
3.7.9.1 - Le pardon des péchés
3.7.9.2 - Le pardon des péchés dans l’Ancien Testament
3.7.9.3 - La justification — Actes 13:39
3.8 - Un avertissement — Actes 13:40-41
3.9 - La prédication de Paul en bref
3.10 - Gagnés pour Christ — Actes 13:42
3.12 - Lumière pour les nations
3.13
Indignes de la vie éternelle
3.14
Pas de pensée de Dieu additionnelle
3.15
Destinés à la vie éternelle
3.17 - Réactions à la persécution
Avec le chapitre 13 commence la deuxième partie du livre des
Actes, ou livre de l’histoire des Actes des Apôtres. Dans la première partie, Jérusalem
constituait le point de départ
et le centre de l’activité du Saint Esprit. L’instrument spécial qu’Il utilisait,
était Pierre. Nous avons vu que dorénavant l’apôtre Pierre n’est plus mentionné
dans l’histoire de l’église primitive, hormis la conférence de Jérusalem et le
rôle qu’il y joua (15:7-11). Bien sûr, il a continué à exercer son apostolat
parmi les croyants de la circoncision (Gal. 2:8), et bien sûr il a continué à
servir le Seigneur avec fidélité. Ses deux épîtres en rendent témoignage, mais
dans le récit historique, nous ne le rencontrons plus.
Un autre passe au premier plan : c’est Paul au sujet duquel nous avons déjà appris quelque peu. Dieu voulait l’utiliser pour déployer Ses voies merveilleuses de grâce en rapport avec les nations.
Le point de départ de cette œuvre devait être Antioche
où la première assemblée
« païenne » était née, peu de temps auparavant, par le moyen de
messagers très dévoués. La bonne main de Dieu avait veillé à ce que les
disciples à Antioche vivent dans la tranquillité, et puissent travailler ;
car nous n’entendons parler d’aucune persécution, ni d’aucune entrave à l’œuvre.
La deuxième partie du livre des Actes commence avec le premier voyage missionnaire de Paul, et finit par son emprisonnement à Rome. Du ch. 13 au ch. 21 v.16 on voit les progrès de l’évangile avec Paul en liberté, tandis qu’à partir du ch. 21 v.17 jusqu’à la fin du livre, on voit la continuation de l’œuvre avec Paul en captivité. Trois grands voyages missionnaires remplissent les années de liberté de l’apôtre ; au cours de leur description, nous apprenons à connaître d’autres villes à la suite d’Antioche, où le Seigneur a élevé des témoignages puissants de Sa grâce : Corinthe, Éphèse et autres lieux. Mais après une attaque aussi massive sur le terrain de Satan, nous devons justement aussi nous attendre à la résistance obstinée de Satan contre l’expansion de l’évangile.
« Vous serez mes témoins… jusqu’au bout de la terre », avait dit le Seigneur à Ses disciples, juste avant Son ascension (1:8). Maintenant nous sommes directement devant l’accomplissement de cette parole.
« Or il y avait à Antioche, dans l’assemblée qui était là, des prophètes et des docteurs : et Barnabas, et Siméon, appelé Niger, et Lucius le Cyrénéen, et Manahem, qui avait été nourri avec Hérode le tétrarque et Saul » (13:1).
Remarquons d’abord qu’ici (et ce n’est pas la première fois dans
ce livre) nous avons devant nous l’aspect local de l’assemblée : « …
à Antioche, dans l’assemblée qui était là ». Tous les croyants qui
habitaient Antioche en faisaient partie. C’était manifestement une grande
assemblée et nous pouvons en déduire que, dans cette ville très étendue, les
disciples se rassemblaient en différents endroits. Cependant ils formaient là ensemble
l’assemblée (ou communauté) unique
— l’assemblée
locale de Dieu à Antioche. Pareillement nous trouvons plus tard, par exemple,
« l’assemblée de Dieu qui est à Corinthe » (1 Cor. 1:2). Cette
manière de considérer les choses est très importante. Car l’assemblée (en grec ekklesia
) ne doit
pas être, selon les pensées de Dieu, une assemblée imaginaire ou une
construction n’existant qu’en imagination, mais elle doit trouver une
expression visible et concrète dans différents endroits de ce monde, — en
témoignage vis-à-vis des hommes, et pour la glorification de Dieu.
L’assemblée à Antioche était riche en dons de grâce spirituels. En particulier des prophètes et des docteurs étaient en vue. Luc en mentionne même cinq par leur nom qui avaient, ou bien le don de prophète, ou bien celui de docteur (enseignant). Les deux sont des dons du Seigneur importants pour Son assemblée, et les deux ont une haute valeur.
En rapport avec Agabus et son annonce d’une famine, nous avons déjà parlé en détail du don de prophète et du ministère prophétique (11:27, 28), et je peux renvoyer à la section correspondante qui a comme sous- titre « prophètes ». Nous avons trouvé quatre catégories de prophètes, et nous pouvons admettre que les prophètes d’Antioche étaient ceux des catégories 2 et 3, c’est-à-dire d’un côté d’hommes qui, dans la puissance de l’Esprit Saint, mettaient les hommes dans la lumière de Dieu, et d’un autre côté d’hommes qui reçoivent de temps en temps des révélations divines et sont rendus capables par le Saint Esprit de les retransmettre sans faute.
L’idée courante qu’un prophète est caractérisé par ce qu’il prédit quelque chose d’à venir, ne résiste pas à un examen précis. Nous l’avons déjà vu. Cependant, dans ce contexte, ajoutons que le premier homme qualifié de prophète dans l’Ancien Testament, a été Abraham (Gen. 20:7). Mais il n’est pas rapporté qu’il ait jamais rien prédit quant à l’avenir.
Les docteurs (enseignants) sont différenciés des prophètes à
Antioche. Nous avons déjà rencontré dans une section précédente l’activité d’enseignement,
d’ailleurs justement à Antioche (11:26). Maintenant, pour la première fois, est
mentionné le don de docteur
(ou
enseignant, celui qui communique la doctrine). Le docteur a la mission et la
capacité spirituelle de présenter aux croyants la vérité de Dieu dans ses
différentes parties, de sorte qu’elle leur soit ouverte, et même qu’elle
devienne précieuse à leur cœur. Ainsi, par exemple, un docteur peut parler sur
la vérité de l’assemblée de Dieu, ou sur le retour de Christ sous ses
différents aspects. En soi, cela n’est pas un ministère prophétique, mais un
ministère de docteur. Cependant un docteur au sens de 1 Cor. 14:3 peut aussi
prophétiser, c’est-à-dire parler aux hommes pour l’édification, l’exhortation
et la consolation.
En Éphésiens 4, à la suite des apôtres et prophètes (les dons du Seigneur à son assemblée pour en poser les fondements), il est mentionné les trois dons qui demeurent, à savoir ceux d’évangélistes, de pasteurs et de docteurs (ou : enseignants ; 4:11). En dehors de ce passage, le don de docteur n’est mentionné directement qu’en 1 Cor. 12:28 et 29. Deux fois l’apôtre Paul se nomme « docteur des nations » (1 Tim. 2:7 ; 2 Tim. 1:11), mais à nouveau c’est déjà une pensée quelque peu différente.
En rapport avec les dons, nous avons cité, cela va de soi, des
passages des épîtres de l’apôtre Paul. Mais il me semble qu’il y a quelque
chose de particulièrement remarquable en ce que, dans ce récit de l’histoire de
l’église primitive, on a déjà la mention des différents dons, avant que le
moindre enseignement là-dessus ait été donné dans aucune des épîtres du Nouveau
Testament. Il faudra encore des années avant que les premières épîtres soient
rédigées. Cependant dans ce passage, le Saint Esprit par le moyen de Luc signale
déjà la présence de dons de prophètes
et de docteurs
: « Il y
avait à Antioche, dans l’assemblée qui était là, des prophètes et des
docteurs ». Un seul et même Esprit opérait déjà tout cela, distribuant à
chacun en particulier comme il Lui plaît (1 Cor. 12:11). Voir cela et en faire
l’expérience est réjouissant, et c’est un sujet d’actions de grâces.
Si cinq hommes furent désignés nommément en rapport avec ces
dons, cela n’exclut pas que d’autres personnes de cette même assemblée locale
aient possédé et exercé de tels dons. Mais ces cinq étaient les prophètes et
docteurs les plus éminents à Antioche. — La petite liste commence par Barnabas
et se termine par Saul
. Les deux serviteurs du Seigneur nous
sont déjà bien connus. Le dernier mentionné, qui se qualifie volontiers comme
« le moindre de tous les saints », va cependant bientôt passer au
premier plan, et va prendre la place déterminée par Dieu à la pointe de l’œuvre.
Ainsi se trouve vérifiée aussi dans ce sens, la parole du Seigneur, à savoir
que « les derniers seront les premiers » (Matt. 20:16).
Nous ne savons rien de plus au sujet de Siméon, mais le fait qu’il soit surnommé « Niger » qui signifie Noir, indique peut-être qu’il s’agissait d’un homme de couleur, un Éthiopien.
Nous n’avons pas d’autres informations sur Lucius le Cyrénéen. La supposition qu’il fût un parent de l’apôtre Paul, à savoir le Lucius de Romains 16:21, n’apporte pratiquement rien. La pensée que derrière ce nom se cacherait Luc lui-même, l’écrivain du livre des Actes, fourvoie encore davantage.
Manahem ne figure que dans ce passage dans le Nouveau Testament. La précision qu’il avait été élevé avec Hérode le tétrarque nous fait tendre l’oreille. L’Hérode mentionné ici est Hérode Antipas, tétrarque de Galilée selon Luc 3:1. C’est cet Hérode qui fit décapiter Jean le baptiseur (Matt. 14), et qui se réconcilia avec Pilate après avoir traité le Seigneur Jésus de manière méprisante avec ses soldats, après s’être moqué de Lui, et L’avoir renvoyé à Pilate (Luc 23:11). Voilà le Hérode dont Manahem était « frère de lait » ou compagnon de jeunesse.
Manahem était-il un nouveau Moïse « tiré des eaux » ? Élevé en compagnie d’un prince impie et vivant dans la débauche, il fut un objet de la grâce de Dieu.
Comme autrefois Moïse, il s’était peut-être trouvé en mesure de s’assurer une place près du trône. Mais comme Moïse, il estima ouvertement l’opprobre de Christ comme un plus grand trésor que les richesses de l’Égypte. Nous n’avons pas de récit de sa conversion. Mais quelque en ait été la date et les circonstances, il est certain qu’après être devenu disciple de Christ, il n’avait plus attribué aucune valeur à ses relations avec la maison d’Hérode.
Manahem avait été arraché d’auprès d’un meurtrier et avait été enrôlé sous le Saint Esprit. Et plus que cela, le don de docteur ou de prophète en Christ lui avait été conféré.
Nous pouvons bien admettre qu’aujourd’hui encore, dans les assemblées, il y a ici ou là des Manahem qui, après avoir été arrachés au monde et à toute sa grandeur et à toute sa saleté, sont devenus aujourd’hui des frères haut estimés dans le Seigneur et des témoins particuliers de la grâce de Dieu. C’est certainement un privilège quand des enfants d’un foyer de croyants sont élevés sous la discipline et les avertissements du Seigneur. Une grande bénédiction repose là-dessus. Mais combien cela fortifie la foi et combien cela glorifie le Seigneur quand, dans Sa grâce et Sa puissance, Dieu parvient à arracher à ce monde des Manahem et à les sauver pour en faire des vases spéciaux de la grâce !
Pour terminer la considération des premiers versets de ce chapitre, on peut encore remarquer que la construction de la phrase en grec indique une certaine division des cinq hommes en trois et deux, de sorte qu’en premier sont nommés trois prophètes, tandis que Manahem et Saul font partie des docteurs.
En tout cas, il est incontestable que ces versets condamnent entièrement
le ministère unique, même si ce n’est qu’indirectement ; par ministère
unique, on entend le ministère d’un seul homme, qui est typique et obligatoire dans
les systèmes cléricaux de la chrétienté. Le ministère (ou : service) est l’exercice
d’un don spirituel. Cependant Dieu ne donne pas tous
les dons à une seule
personne. La considération de l’assemblée à Antioche dans son aspect historique
nous en donne la preuve : en dehors de Saul, instrument béni de la grâce
de Dieu, d’autres hommes furent aussi utilisés par le Saint Esprit. C’est cela
qui est normal, non pas que chaque assemblée ou chaque communauté ait
exclusivement un seul ministère compétent. Combien on s’est éloigné loin et
rapidement de l’ordre divin pour l’assemblée de Dieu, et combien il en est
résulté des suites catastrophiques !
« Et comme ils servaient le Seigneur et jeûnaient, l’Esprit Saint dit : Mettez-moi maintenant à part Barnabas et Saul, pour l’œuvre à laquelle je les ai appelés » (13:2).
Ces cinq hommes (et il n’est question que d’eux), ne servaient pas seulement les saints pour leur édification dans la foi, mais ils servaient aussi directement le Seigneur. Le mot grec utilisé ici pour « servir » (leitourgéo) laisse conclure que ce service consistait surtout en prières, en intercessions et en louanges envers Dieu. Manifestement les cinq se trouvaient dans une attitude d’attente semblable à celle des 120 du commencement. Seulement en ce temps-là, ils attendaient la descente du Saint Esprit. Ici les hommes possédaient déjà le Saint Esprit ; et dans la puissance de cet Esprit, ils regardaient en haut au Seigneur, et imploraient pour avoir de la lumière pour leur chemin et leur service ultérieurs. Ils n’ébauchaient pas de plans, ils ne développaient pas de stratégies, ils ne réfléchissaient pas à différentes manières de progresser ou à des possibilités d’évangéliser. Non. Il y en avait Un (seul) qui les avait jusque-là conduits à merveille. Et c’est à Lui qu’ils se fiaient aussi pour la question de savoir comment cela allait continuer pour chacun d’eux individuellement. Le jeûne qui accompagnait leur service montrait le sérieux de cette question et de leurs supplications. Ce faisant, leur corps partageait pour ainsi dire ces exercices avec leur âme.
Combien ce service devait plaire au Seigneur ! Connaissons-nous aussi quelque chose de cette manière de s’attendre au Seigneur, et de se confier en la direction par Son Esprit ? Si nous marchons par l’Esprit, nous serons aussi conduits par l’Esprit. C’est la normale pour les fils de Dieu (Rom. 8:14). Cependant combien souvent nous ne nous attendons pas à Lui, et faisons ce sur quoi nous n’avons pas demandé la volonté du Seigneur !
Pendant que les cinq hommes servaient de la manière indiquée, la
réponse vint « d’en-haut » au cours d’une de ces réunions
privées : « le Saint Esprit dit… ». Notez bien : Il n’a pas
parlé à l’assemblée, mais à ces compagnons de travail dans l’œuvre du Seigneur.
De qui Il s’est servi pratiquement, cela n’a qu’une importance secondaire.
Vraisemblablement, c’est l’un des prophètes présents qui a reçu la révélation
particulière à l’égard du ministère des autres. Dans le cas de Timothée, cela s’était
passé d’une manière semblable (1 Tim. 1:18 ; 4:14). Mais si les prophètes
de l’Ancien Testament introduisaient habituellement les révélations nouvelles
par les mots « ainsi dit l’Éternel », ici c’est la même Personne
divine qui parle, l’Esprit de Dieu Lui-même
,
et Il parle de Lui-même
. C’est ce qui
est spécialement important dans ce passage.
Nous apprenons par-là que le Saint Esprit est une personne, et qu’Il est Dieu. Ce n’est pas la première fois que nous sommes enseignés là-dessus dans ce livre. Nous avons déjà trouvé à plusieurs reprises dans les chapitres précédents la présence et l’activité personnelles du Saint Esprit (5:3, 9, 32 ; 8:29 ; 10:19 ; 11:12).
Alors suit la mission
proprement dite de l’Esprit de Dieu : « Mettez-moi maintenant à part
Barnabas et Saul, pour l’œuvre à laquelle je les ai appelés ». Quelle
souveraineté s’exprime dans ces paroles ! « Mettez-MOI à part »,
« JE les ai appelés ». Le droit de choisir, d’appeler et d’envoyer n’appartient
qu’à LUI seul.
Ce n’était pas laissé à l’appréciation des cinq de faire cela, ni non plus à l’appréciation de l’assemblée. C’est une erreur aussi ancienne qu’indéracinable d’admettre que l’assemblée puisse envoyer des ouvriers dans l’œuvre du Seigneur. D’abord elle n’y est pas autorisée, et secondement, au sens propre, il ne s’agit même pas de ce point. Les deux hommes qui devaient être mis à part d’avec les cinq, Barnabas et Saul, étaient actifs déjà depuis des années dans l’œuvre du Seigneur. Ils n’étaient pas appelés pour la première fois au service du Seigneur. Cela est très souvent méconnu. Maintenant, il s’agissait beaucoup plutôt de déterminer, en vue d’une tâche particulière, deux serviteurs déjà actifs dans l’œuvre du Seigneur. Or c’est cela qu’a fait l’Esprit Saint.
Les frères rassemblés ont été immédiatement obéissants à la voix de l’Esprit et se sont préparés à exécuter la mission divine.
« Alors, ayant jeûné et prié, et leur ayant imposé les mains, ils les laissèrent aller » (13:3).
Ils ne les envoyèrent pas, ni ne les envoyèrent au loin, mais la signification de la tournure de phrase est tout simplement : « ils les laissèrent aller » dans l’œuvre à laquelle ces deux serviteurs de Dieu avaient été appelés. C’était un événement solennel, et ils en éprouvèrent la portée et le besoin correspondant d’être encore une fois devant le Seigneur en jeûne et en prière.
Le fait de se tourner, en commun, dans la prière vers Dieu pour une occasion spéciale, est quelque chose de beau et digne d’être imité. Nous le trouvons déjà au chapitre 12, à Jérusalem, où beaucoup étaient rassemblés pour prier pour Pierre. Plus tard nous rencontrons cela en rapport avec l’apôtre Paul quand il prit congé des croyants à Milet et qu’« il se mit à genoux et pria avec eux tous » (20:36). Une image pareillement saisissante s’offre aussi brièvement à Tyr. Après sept jours, Paul et ses compagnons durent à nouveau quitter les disciples qu’ils « avaient trouvés » là (21:4), et poursuivre leur voyage. Les disciples les conduisirent avec femmes et enfants jusqu’en dehors de la ville. Luc, qui manifestement était présent, dépeint cette situation particulière de cette manière : « nous étant mis à genoux sur le rivage, nous priâmes » (21:5).
Dans le cas des frères à Antioche, le jeûne est mentionné encore une fois, ce qui montre combien c’était une affaire sérieuse pour eux. La liaison entre la prière et le jeûne se retrouve au ch. 14, v.23 : « Et leur ayant choisi des anciens dans chaque assemblée, ils prièrent avec jeûne ».
Et alors ils leur imposèrent les mains. Était-ce une « ordination »
comme on l’a souvent admis ? Pas du tout ! Saul par exemple était
« ordonné » depuis longtemps, mais il ne l’avait pas été par des
hommes, seulement par le Seigneur Lui-même. Il avait reçu son apostolat
« non de la part des hommes, ni par l’homme », « mais par Jésus
Christ, et Dieu le Père » (Gal. 1:1). Quand l’apôtre Paul écrit cela aux
Galates, à quel moment, et à quelle occasion pensait-il ? À l’épisode d’Antioche ?
Non, c’était longtemps auparavant, devant les portes de Damas, qu’il avait été
appelé du ciel au ministère pour le Seigneur par le Seigneur glorifié. L’homme
n’était intervenu en rien. Au reste, s’agissant de possession d’un don,
Barnabas et Saul étaient déjà prophètes
et docteurs
. C’est ce que montre
notre passage. Comment pouvaient-ils dès lors être « ordonnés » pour
quelque chose, puisqu’ils l’étaient déjà depuis des années ? La
signification de l’imposition des mains ne peut donc pas être l’ordination.
Par l’imposition des mains
,
les hommes déclaraient bien plutôt leur communion avec les deux serviteurs du
Seigneur, et avec l’œuvre à laquelle ils étaient appelés. Ils s’unissaient à
eux. Dans l’Ancien comme dans le Nouveau Testament, l’imposition des mains est
le signe extérieur de la communion, de l’identification avec une chose ou une
personne. Nous avons déjà parlé là-dessus en détail en rapport avec le ch. 6 v.6,
et il suffira de donner ici la référence (tome 4 p. 87-88).
Il n’est enseigné nulle part dans le Nouveau Testament que des hommes puissent ordonner ou consacrer d’autres hommes, que ce soit pour prêcher la Parole ou pour aller en mission. Par l’imposition des mains à Antioche, il ne fut conféré aucun don de grâce spirituel aux deux serviteurs, et ils ne furent dotés d’aucune autorité spirituelle par ce moyen. C’est le Seigneur glorifié qui donne des dons à Son assemblée (Éph. 4), et c’est dans la puissance de l’Esprit Saint qu’ils sont exercés (1 Cor. 12). Bien plutôt ceux qui restaient s’unissaient avec Barnabas et Saul et avec leur envoi par le Saint Esprit.
Ceci est confirmé par deux phrases des ch. 13 et 14 des Actes que
je désirerais mettre l’une en face de l’autre. « Eux donc, ayant été envoyés par l’Esprit Saint
… »
(13:4) — « Ils se rendirent par mer à Antioche, d’où ils avaient été recommandés à la grâce de Dieu
pour l’œuvre
qu’ils avaient accomplie » (14:26). L’envoi de Barnabas et de Saul avait
eu lieu par le Saint Esprit, voilà un côté des choses. L’autre côté était que
les frères les recommandaient à la grâce de Dieu pour l’œuvre qui était placée
devant eux, — et ils le faisaient par la prière et le jeûne et l’imposition des
mains. Il n’y avait là aucune jalousie ni rivalité entre les frères, mais il y
avait cette communion merveilleuse dans le service pour leur commun Seigneur.
Cependant retenons encore fermement ceci : l’homme n’a rien à faire avec l’envoi de serviteurs dans l’œuvre du Seigneur. C’est absolument une question d’autorité du Seigneur. Si l’homme estime avoir quand même le droit d’« ordonner » quelqu’un, alors cette injure faite au Seigneur conduit inéluctablement au cléricalisme, et par-là à la destruction de l’ordre voulu de Dieu pour Son assemblée.
Nous arrivons maintenant au récit du premier voyage missionnaire de Paul et Barnabas qui a eu lieu dans les années 46-48 ap. J.C. La porte du royaume des cieux avait été ouverte par Pierre aux nations (ch. 10), de sorte que ces deux serviteurs devaient maintenant leur annoncer toute l’étendue des richesses de la grâce de Dieu. Les nations étaient le domaine spécial de la mission que Dieu avait confiée à Paul, l’apôtre des nations (22:21 ; 26:17, 18). Les autres apôtres qui étaient restés à Jérusalem s’étaient vus contraints de reconnaître la grâce qui avait été donnée à Paul. Ils étaient d’accord que Paul et Barnabas aillent « parmi les nations » tandis qu’eux voyaient leur champ de travail parmi la circoncision (Gal. 2:9).
Luc, l’écrivain-historien inspiré, commence son récit en indiquant que c’était le Saint Esprit qui envoyait ces deux messagers :
« Eux donc, ayant été envoyés par l’Esprit Saint, descendirent à Séleucie ; et de là ils firent voile pour Chypre. Et quand ils furent à Salamine, ils annonçaient la Parole de Dieu dans les synagogues des Juifs ; et ils avaient aussi Jean pour serviteur » (13:4, 5).
Maintenant s’accomplissait la « mise à part » dont parlera plus tard l’apôtre dans son épître aux croyants de Rome. Il n’était pas seulement « un apôtre par appel » (ou « apôtre appelé »), mais il était « mis à part pour l’évangile de Dieu » (Rom. 1:1). Barnabas partageait avec Paul cette « mise à part », sans pour autant partager son apostolat, bien qu’il soit nommé apôtre dans un sens général (14:14).
Cette petite troupe de voyageurs prit le chemin de Séleucie, la ville portuaire correspondant à Antioche. Elle ne comprenait que trois personnes, Barnabas, Saul et Jean-Marc. Nous nous souvenons que les deux apôtres avaient pris ce dernier à Jérusalem lorsqu’ils allaient à Antioche (12:25). Les voyageurs ont eu bien 20 km à faire à pied pour revenir jusqu’à Séleucie.
De là ils firent voile pour Chypre. Cette grande île, lieu de naissance de Barnabas (4:36), était la première île importante en Méditerranée, à l’Ouest de la Palestine. Les deux messagers de Dieu se sentaient conduits par le Saint Esprit à aller à la ville la plus proche sur la côte Est, qui est Salamine. Le voyage jusque-là était d’une distance d’au moins 220 km et nécessita quelque temps.
Il ne nous est rien rapporté sur ce que les serviteurs du Seigneur ont fait à Séleucie, mais pour Salamine, c’est différent. Beaucoup de Juifs vivaient là, et nous ne sommes pas étonnés de ce que Luc parle de plusieurs synagogues des Juifs (13:5). C’est là que Saul et Barnabas annoncèrent la Parole de Dieu.
Au cours du livre des Actes nous nous sommes souvent réjouis de
déclarations de ce genre : « Ils annonçaient la Parole de
Dieu ». L’objet de leur prédication n’était rien d’autre et rien moins que
la Parole de Dieu. C’est ce dont les gens de l’époque, Juifs ou païens, avaient
besoin, et c’est ce dont les gens d’aujourd’hui ont encore besoin. Pourrait-on encore
déclarer au sujet des prédicateurs actuels : « Ils annoncent la Parole de Dieu
» ?
Il peut paraître étrange à l’un ou l’autre des lecteurs que
Barnabas et Saul aillent dans les synagogues pour parler aux Juifs
. N’avons-nous pas vu ci-dessus que
leur champ de travail à eux était les nations
?
Pour résoudre cette difficulté apparente, je voudrais souligner deux points.
Le premier point concerne la façon de penser admirable de Paul. Il aimait ses compatriotes terrestres outre mesure. Il les aimait tellement que, pour eux, il aurait même désiré être séparé du Christ par anathème (Rom. 9:3). Il éprouvait une grande tristesse et une douleur incessantes pour ses frères selon la chair (Rom. 9:2) qui, dans leur aveuglement, avaient mis à mort le Seigneur de gloire (1Cor. 2:8). Sa préoccupation permanente était de les avertir du jugement à venir et de gagner leurs cœurs pour Christ. Voilà la première raison pour laquelle Paul, chaque fois qu’il le pouvait, commençait toujours par se tourner vers ses frères Juifs. C’était bien effectivement un motif noble et touchant !
Une deuxième considération nous montre que la manière d’agir de
l’apôtre correspondait tout à fait aux pensées de Dieu et à Ses voies envers
les hommes. « L’évangile est la puissance de Dieu en salut à quiconque
croit » (Rom. 1:16). C’est
une vérité merveilleuse et universelle. Mais il est ajouté les paroles
suivantes « au Juif premièrement
,
et au Grec » (Rom. 1:16). Cela indique une priorité qui a été valable
pendant un certain temps.
Le peuple des Juifs avait refusé Christ quand Il était parmi eux dans l’abaissement, et ils ont aussi rejeté le Seigneur glorifié dans la lapidation d’Étienne. Les Juifs avaient ainsi perdu tout droit à un traitement particulier. Cependant la grâce de Dieu s’est plu pendant une trentaine d’années à leur offrir le salut en Christ à eux premièrement. Ce traitement préférentiel dans les voies de Dieu a néanmoins pris fin subitement quand « leur ville », Jérusalem, a été détruite par les Romains.
Dans la parabole du « roi qui fit des noces pour son fils », le Seigneur Jésus a mis en avant cet événement solennel avec les paroles suivantes : « Et le roi, l’ayant entendu, en fut irrité ; et ayant envoyé ses troupes, il fit périr ces meurtriers-là et brûla leur ville » (Matt. 22:7). Cela s’est accompli littéralement par la destruction de Jérusalem en l’an 70 ap. J.C. Le jugement de Dieu vint sur eux et sur leur ville, et dure encore sur ce peuple. De cette manière imprévisible, Dieu a ôté publiquement en face du monde entier ses luminaires hors de Jérusalem. Au plus tard depuis ce moment-là, les Juifs ont perdu toute position prioritaire par rapport à d’autres.
Je dis « au plus tard », parce que Dieu avait déjà, quelques années auparavant, invité les hébreux croyants à quitter irrévocablement le « camp » juif : « Ainsi donc, sortons vers lui hors du camp, portant son opprobre » (Héb. 13:13). Dieu avait longtemps supporté la coexistence côte à côte du Judaïsme et du Christianisme comme le montre justement le livre des Actes. Mais alors le temps est venu, où une séparation finale des chrétiens d’avec le système Juif sans vie était devenu inéluctable. Nous pouvons admettre que les croyants du peuple Juif ont suivi cette directive, et ont quitté Jérusalem avant que le jugement tombe sur la ville apostate.
Il nous faut parler maintenant du troisième co-voyageur. Il est dit : « Ils (Barnabas et Saul) avaient aussi Jean pour serviteur » (13:5b). On s’est livré à beaucoup de suppositions sur la nature des tâches dont ce jeune homme était chargé. Rien ne permet d’accepter qu’il baptisait ceux qui venaient à la foi. Selon toute vraisemblance, son service n’était pas d’ordre spirituel. Le mot grec utilisé ici pour serviteur (hyperétes) désignait à l’origine un rameur de second rang ; il est utilisé pour désigner des aides, des esclaves, des manœuvres. L’idée dominante est donc ici celle de subordination.
Déjà la manière de s’exprimer comme quoi les apôtres « avaient
Jean pour
serviteur », réduit
son activité au domaine matériel, comme par exemple la préparation des repas ou
la mise en place d’un lieu approprié pour annoncer l’évangile. D’une manière ou
d’une autre, il était en aide aux deux serviteurs de Dieu, et c’est eux qui lui
donnaient le travail à faire qui, sinon, les aurait distraits de leur propre
ministère. N’y a-t-il pas place dans l’œuvre du Seigneur pour ce genre de
travail modeste ? Le Seigneur va-t-il le priver de la rémunération appropriée ?
Il ne nous est rien dit sur la question de savoir si la prédication de la Parole à Salamine a atteint son but, ni, si oui, quel en a été le résultat. La continuation du voyage est décrite très succinctement.
« Et ayant traversé toute l’île jusqu’à Paphos, ils trouvèrent un certain homme, un magicien, faux prophète juif, nommé Bar-Jésus, qui était avec le proconsul Serge Paul, homme intelligent. Celui-ci, ayant fait appeler Barnabas et Saul, demanda à entendre la Parole de Dieu » (13:6, 7).
Ce n’était pas l’intention de l’Esprit de Dieu de nous donner des détails sur le travail missionnaire durant ce long voyage. Tout compte fait, la distance à vol d’oiseau entre la côte Est et Paphos sur la côte Ouest se monte à environ 150 km. À cause du massif montagneux, ils durent longer la côte sud de l’île, en sorte que la distance réelle à parcourir était plus grande.
Manifestement il fallait attirer l’attention sur les incidents qui survinrent à Paphos, la capitale. On dirait que l’écrivain s’est hâté d’en arriver là.
Dans cette ville résidait un haut responsable romain, le
proconsul (*) Serge Paul. L’Écriture le qualifie
d’« homme intelligent ». Manifestement il avait entendu parler de l’arrivée
et de l’activité des deux prédicateurs de la Bonne Nouvelle. C’est pourquoi il fit
appeler Barnabas et Saul auprès de lui, désirant entendre la Parole de Dieu.
Quel désir rare et louable, d’autant plus dans le cœur d’un romain païen !
Nous avons précédemment demandé, si aujourd’hui on peut attester que les prédicateurs
annoncent
effectivement la Parole de Dieu
, et maintenant
nous demandons s’il y a encore aujourd’hui des gens, qui veulent entendre
la Parole de Dieu
. Dans le cas de Serge
Paul le désir venait d’un cœur sincère, comme le montre la suite des
événements.
(*) Des critiques ont mis en doute l’exactitude des expressions
de Luc quand il parle d’un proconsul
.
Du fait que Chypre était une province de l’empire romain, elle ne devait pas
être administrée par un proconsul, mais par un propréteur. Cependant l’erreur
est du côté des critiques, et non pas de Luc. Sous l’empereur Auguste en l’an
27 av. J.C, l’empire était sous une administration
partagée entre l’empereur et le Sénat romain. Les provinces qui avaient besoin
d’une présence militaire étaient placées sous les ordres d’un propréteur nommé
par l’empereur. Au contraire, les provinces plus paisibles étaient administrées
par des proconsuls établis par le Sénat. Chypre avait été auparavant une
province impériale, mais déjà antérieurement au temps où Luc écrivait, elle
avait été subordonnée au Sénat. Elle était donc effectivement administrée par
un proconsul comme Luc le dit. Plus tard Chypre redevint d’ailleurs une
province impériale. De manière intéressante, on a trouvé sur la côte Nord de
Chypre une gravure parlant d’un proconsul Paul. C’est le Serge Paul du livre
des Actes.
Cependant quand l’Esprit de Dieu agit, la résistance de l’ennemi commence à se dresser. Ici, cette opposition aux serviteurs du Seigneur prit corps dans la personne d’un Juif apostat du nom de Bar-Jésus (fils de Jésus). L’Écriture Sainte qualifie cet homme de « magicien » et de « faux prophète » ; il s’était manifestement implanté dans la maison du proconsul, car il est dit « … qui était avec le proconsul Serge Paul ».
À l’inverse de son « confrère » Simon d’Actes 8, ce charlatan ne se souciait pas des gens ordinaires, mais il cherchait à impressionner de grandes personnalités pour les amener sous son contrôle.
En ce qui concerne le terme de « magicien » ou « mage », il n’est pas appliqué seulement à des hommes méchants. Un exemple dans le bon sens se trouve en Matt. 2:1, 2 (mages). En général il s’agit de « magiciens » en tant qu’instruments de Satan. Les sorciers qui résistèrent à Moïse exerçaient une puissance satanique. À l’origine le terme était utilisé pour désigner les sages de la Perse.
De tels hommes méchants, directement inspirés par Satan, apparaissent à plusieurs reprises dans ce livre, justement chaque fois que l’évangile était apporté dans une nouvelle région. En Samarie ce fut Simon, qui disait de lui-même qu’il était quelque grand personnage (8:9 et suiv.) ; en Macédoine ce fut la servante qui avait un esprit de python (16:16 et suiv.). Ici où, pour la première fois, l’évangile est apporté au monde romain, c’est ce Bar-Jésus, un Juif de naissance, ayant apostasié du judaïsme, et maintenant adonné à l’occultisme oriental et le pratiquant.
« Mais Élymas, le magicien (car c’est ainsi que son nom s’interprète), leur résistait, cherchant à détourner le proconsul de la foi » (13:8).
Cet homme se nommait lui-même « Élymas » c’est-à-dire « le sage ». La racine de ce mot arabe paraît être la même que le mot turc « oulema », qui signifie prêtre. Le terme grec correspondant à Élymas est celui utilisé ici « magos », c’est-à-dire le mage, le sage, le prêtre, le magicien. Il est ajouté pour expliquer : « … le magicien (grec : magos), car c’est ainsi que son nom s’interprète ». Son nom hébreu signifiait, comme déjà remarqué, « Bar-Jésus » c’est-à-dire « fils de Jésus » (ou « fils de Josué »).
Les deux missionnaires voulaient bien sûr volontiers donner suite à la demande du proconsul, et ils furent introduits dans le palais du Romain pour annoncer la Parole de Dieu au maître de la maison.
Mais Élymas leur résistait. Il craignait de perdre son influence auprès du haut fonctionnaire romain, au cas où celui-ci prêterait l’oreille au nouveau message. C’est ainsi qu’il s’efforçait de l’empêcher d’entendre l’évangile et de l’accepter.
N’est-il pas facile de reconnaître l’action de Satan derrière tous ces efforts ? Encore aujourd’hui il cherche par tous les moyens à tenir les gens éloignés de l’écoute de la Parole de Dieu, ou à fouler aux pieds la semence déjà répandue, pour l’arracher des cœurs (Matt. 13:19 ; 2 Cor. 4:4).
À ce stade, nous sommes peut-être enclins à dire : « combien il est triste qu’il soit permis à Élymas de perturber cette bonne œuvre, alors que les missionnaires chrétiens avaient l’occasion d’apporter l’évangile de Christ devant la classe dirigeante de l’époque ! ». Mais le Seigneur ne commet pas d’erreurs. Quand Lazare mourut, le Sauveur dit : « Je me réjouis, à cause de vous, de ce que je n’étais pas là, afin que vous croyiez » (Jean 11:15). Les disciples devaient voir la puissance et la gloire de Dieu.
De manière semblable, au vu de ce qui s’est passé à Paphos, on est enclin à dire : « Il est bon pour Serge Paul qu’Élymas ait été là avec sa magie ». Car le souhait du proconsul d’entendre la Parole de Dieu fut justement attisé par les efforts occultes et idolâtres du magicien. La prise d’influence constante auprès de cet homme intelligent avait besoin d’être définitivement contrecarrée. Pareillement, l’effort pour le détourner de la foi fut, dans la main de Dieu, le moyen pour le rapprocher d’autant plus de l’évangile. On peut vraisemblablement admettre que si Élymas n’avait pas été là avec ses arts occultes, le haut responsable romain ne se serait jamais converti.
Paul fit aussi plus tard l’expérience que la résistance de l’adversaire ne peut pas freiner l’œuvre de Dieu ; voici comment il le décrit ailleurs : « une porte grande et efficace m’est ouverte, et il y a beaucoup d’adversaires » (1 Cor. 16:9).
Voilà les deux éléments essentiels que Paul mentionne : une porte largement ouverte et beaucoup d’adversaires. Quand le Seigneur lui ouvrait une porte, la résistance que beaucoup lui offraient, l’aiguillonnait d’autant plus pour utiliser la porte et avancer dans son ministère. Les vents contraires lui prouvaient que l’œuvre qu’il faisait était de Dieu.
C’était comme un cerf-volant : Quand le vent ne souffle pas à l’encontre, il n’est pas en mesure de s’élever dans les airs. Le serviteur expérimenté de Dieu ne se laisse donc pas induire en erreur par la tempête.
Ainsi la résistance du magicien à Paphos contribua à l’avancement de l’évangile. Il ne pouvait pas en arrêter le cours comme nous le verrons encore.
Deux puissances se trouvaient opposées l’une à l’autre. Laquelle des deux allait remporter la victoire ? La puissance du mal était représentée par le magicien, la puissance du bien par Barnabas et Saul.
« Et Saul qui est aussi [appelé] Paul, étant rempli de l’Esprit Saint, fixant ses yeux sur lui, dit : Ô homme plein de toute fraude et de toute méchanceté, fils du diable, ennemi de toute justice, ne cesseras-tu pas de pervertir les voies droites du Seigneur » (13:9, 10).
Pour la première fois maintenant, le nom païen de Saul est utilisé : Paul. Le Seigneur ne lui avait-Il pas dit : « Va, car je t’enverrai au loin vers les nations » (22:21) ? C’est probablement la raison pour laquelle à partir d’ici, le nom de « Saul » n’est plus jamais utilisé.
Sous son nouveau nom (*), Paul entre maintenant à la pointe du mouvement. Jusqu’ici on disait « Barnabas et Saul » (11:30 ; 12:25 ; 13:2, 7) ; dorénavant Paul est nommé en première position « Paul et Barnabas » (13:43, 46, 50 ; 15:22, 35). Pourtant il y a quand même des exceptions à cette « règle » (14:14 ; 15:12, 25).
(*) Le « nouveau nom » ne veut pas dire qu’il ne lui ait
été donné que maintenant. Il le portait depuis sa jeunesse. Son nom Juif était « Saul ».
Mais il était aussi citoyen romain de la ville de Tarse. Comme tel il fut nommé
« Paul ». Il portait les deux noms depuis l’enfance. Pour son père il
était Saul
; pour ses voisins grecs,
il était Paul
. Le fait que Paul
signifie « petit » ne peut pas être interprété comme un signe d’humilité.
Saul n’est pas devenu Paul par la conversion.
Nulle part il est indiqué qu’il ait reçu
ce nom. C’est ainsi qu’ici il est seulement dit :
« et Saul, qui est aussi appelé
Paul ».
On a tout à fait l’impression que l’autorité apostolique de Paul
a été publiquement confirmée
par l’événement
placé devant nous. C’était le premier miracle opéré par la main de Paul — et de
plus c’était un miracle proclamant une punition, un jugement (temporaire). Il
acquiert une importance toute spéciale dans la mesure où les miracles de ce
genre ont été rares au temps de l’évangile de la grâce de Dieu.
Ce qui dominait Élymas était l’esprit de Satan. À l’inverse Paul se tenait sous la puissance de Dieu. C’est juste au moment où la puissance de Satan se déploie, que le Saint Esprit remplit le messager divin, pour anéantir les intentions mauvaises du faux prophète, et pour prononcer son jugement. Comme dans le cas de Simon le grand, l’Esprit de Dieu met à nu le vrai caractère du trompeur et de son action.
Fixant les yeux sur le magicien, Paul s’oppose à lui sans crainte, et le blâme de manière cuisante. Il ne sort pas de sa place à cause de son indignation, et ce que Paul a à lui dire est marqué en toute solennité de logique et d’équité. Il lui reproche trois choses :
Mais l’Esprit de Dieu avait un moyen de l’arrêter. Paul l’introduit par ce « Et maintenant » :
« Et maintenant voici, la main du Seigneur est sur toi, et tu seras aveugle, sans voir le soleil pour un temps. Et à l’instant une obscurité et des ténèbres tombèrent sur lui ; et se tournant de tous côtés, il cherchait quelqu’un qui le conduisît par la main » (13:11).
Il est maintenant visible chez qui résidait la puissance de Dieu, et qui étaient Ses vrais serviteurs. Le jugement sur le fils du diable a été prononcé et exécuté sur-le-champ en présence de tous ceux qui étaient rassemblés. C’était une preuve évidente de ce que « celui qui est en nous est plus grand que celui qui est dans le monde » (1 Jean 4:4).
Quel événement solennel quand le Seigneur met Sa main en jugement sur quelqu’un ! Dans ce cas, c’était un jugement temporaire consistant à rendre aveugle une personne. Si l’obscurité et les ténèbres sont tombées sur Élymas, de sorte qu’il n’a plus pu voir le soleil pour un temps, cela correspondait tout à fait à la condition intérieure dans laquelle il se trouvait. Ce n’était pourtant pas tout ce qu’il méritait comme punition, car Dieu dans Sa grâce lui laissait encore la voie ouverte à la repentance et à la conversion. Il agit encore ainsi aujourd’hui, tant que dure le temps de la grâce.
Voilà la dernière image de cet homme déplorable dans l’Écriture : « Se tournant de tous côtés, il cherchait quelqu’un qui le conduisît par la main ». Celui qui savait égarer les autres, était maintenant à la merci d’autrui pour être conduit par la main. La victoire était complète.
Ce faux prophète, ce Bar-Jésus, est une image frappante des Juifs d’aujourd’hui. Comme celui-ci, ils se sont détournés de la vérité et ont rejeté l’évangile. Jusqu’à aujourd’hui ils pervertissent les voies droites du Seigneur. Et comme Élymas cherchait à tenir la Bonne Nouvelle éloignée du Romain Serge Paul, ainsi l’effort des Juifs est toujours d’empêcher les messagers de Dieu d’apporter l’évangile aux nations — l’évangile qu’ils ne désirent pas eux-mêmes. L’apôtre Paul dit d’eux : « … qui ne plaisent pas à Dieu, et qui sont opposés à tous les hommes, — nous empêchant de parler aux nations afin qu’elles soient sauvées, pour combler toujours la mesure de leurs péchés ; mais la colère est venue sur eux au dernier terme » (1 Thes. 2:15, 16).
L’aveuglement spirituel comme jugement, est tombé sur ce peuple. Sans vrai conducteur, il tâtonne environné de tous côtés de ténèbres spirituelles. C’est de ce jugement qu’Ésaïe a déjà parlé : « En entendant vous entendrez et vous ne comprendrez pas, et en voyant vous verrez et vous ne connaîtrez pas. Engraisse le cœur de ce peuple, et rends ses oreilles pesantes, et bouche ses yeux, de peur qu’il ne voie des yeux, et n’entende de ses oreilles, et ne comprenne de son cœur, et ne se convertisse, et qu’il ne soit guéri » (Ésaïe 6:9, 10). Il est remarquable que le Seigneur Jésus cite ce passage à la fois dans l’introduction à Ses paraboles en Matt. 13, et comme l’explication de l’incrédulité du peuple (Jean 12:40). Une dernière fois, Paul le citera devant les Juifs, quand il leur exposera la vérité dans sa maison louée à Rome (28:25-29).
Cependant ce peuple ne restera pas pour toujours dans cet état d’aveuglement spirituel. Comme avec Élymas « ce n’est que pour un temps ». C’est très consolant. Il est vrai qu’un « endurcissement partiel » est arrivé à Israël ; mais l’apôtre poursuit et indique la fin de cette période : « … jusqu’à ce que la plénitude des nations soit entrée ; et ainsi tout Israël sera sauvé » (Rom. 11:25, 26). Quand le temps des nations, la période de temps présente, aura trouvé sa fin, Dieu dans Sa grâce renouera avec ce peuple. Il leur « enverra Jésus Christ … préordonné » et par là introduira les temps de rafraîchissement (3:20).
Alors la prophétie sera accomplie qui dit : « Voici, il vient avec les nuées, et tout œil le verra, et ceux qui l’ont percé ; et toutes les tribus de la terre se lamenteront à cause de lui » (Apoc. 1:7 ; comp. Zach. 12:10). Dieu lui-même les consolera comme il est écrit : « Comme quelqu’un que sa mère console, ainsi moi, je vous consolerai ; et vous serez consolés dans Jérusalem » (Ésaïe 66:13). Le voile qui demeure aujourd’hui sur leurs cœurs sera ôté pour toujours (2 Cor. 3:15, 16). Eux qui n’ont pas cru aujourd’hui à notre bénédiction, ils arriveront finalement aussi sous la bénédiction en grâce.
« Ô profondeur des richesses et de la sagesse et de la connaissance de Dieu ! Que ses jugements sont insondables, et ses voies introuvables » (Rom. 11:30-36).
« Alors le proconsul, voyant ce qui était arrivé, crut, étant saisi par la doctrine du Seigneur » (13:12).
Le jugement qui atteignit le magicien, convainquit Serge Paul de ce que Paul et Barnabas étaient des hommes de Dieu et que la Parole qu’ils annonçaient était « la doctrine du Seigneur ». Du fait qu’il était un « homme intelligent », il fit la liaison entre cette doctrine et la puissance manifestée. Il aperçut dans ce miracle la même puissance que dans la Parole de Dieu prêchée. Il la vit confirmée par le miracle. C’est un exemple de ce qui est dit à la fin de l’évangile de Marc : « Et eux, étant partis, prêchèrent partout, le Seigneur coopérant avec eux, et confirmant la parole par les signes qui l’accompagnaient » (Marc 16:20).
En soi, « ce qui était arrivé » ne pouvait pas illuminer le Romain, ni le régénérer. Personne n’est converti par un miracle. Mais cela lui ouvrit le sens pour accepter la Parole de vie. Le Seigneur, dans Sa providence, se sert de bien des événements solennels pour frayer la voie à l’évangile dans le cœur des gens, qui sans cela seraient restés fermés.
Il en est de même ici. Le cœur du proconsul fut largement ouvert
à la Parole du Seigneur, et celle-ci y ayant trouvé son entrée, il en fut saisi
. Simon le magicien était dans l’étonnement
en voyant les miracles
(8:13), Serge Paul fut saisi
par la doctrine
du Seigneur. C’est là la différence.
L’histoire de la croix était quelque chose de nouveau pour le Romain. Qu’étaient, là-contre, les doctrines des philosophes grecs et les prédictions du magicien juif ? Certainement, les missionnaires chrétiens racontèrent au gouverneur que Dieu est amour et qu’Il a tant aimé le monde qu’Il a donné son Fils pour les perdus. Ils lui ont dit que ce Christ a souffert une fois pour les péchés, le Juste pour les injustes, afin de les amener à Dieu (1 Pierre 3:18). Cette parole tomba dans le cœur de cet homme, et « il crut, étant saisi par la doctrine du Seigneur ». Sa foi ne s’est pas reposée sur un quelconque miracle ou signe, mais sur la Parole du Seigneur. Ce n’est que cette Parole qui met l’homme dans la lumière de Dieu, qui touche sa conscience, et seule l’acceptation de cette Parole conduit au salut éternel.
Une foi qui s’appuie sur des preuves extérieures de puissance n’est pas une foi authentique. Nous voyons cela chez Simon. Il est bien dit de lui : « Et Simon crut aussi lui-même » (8:13), mais son comportement ultérieur montre que c’était une foi fausse, creuse et intellectuelle. Là où la conscience n’est pas en activité devant Dieu, le Saint Esprit ne peut pas poursuivre ni donner la vie divine. Cependant, si la foi à la vérité est présente, alors une certaine joie — ou disons sans crainte de nous tromper : un saisissement — se fera sentir à l’égard de ce que l’Esprit de Dieu révèle. C’est ce que nous voyons chez ce proconsul romain.
J’ai souvent pensé ceci : si nous entendions aujourd’hui pour la première fois telle ou telle vérité de la Parole de Dieu, ne resterions-nous pas silencieusement dans l’adoration, étant saisis de cette grandeur ? Malheureusement nous sommes déjà habitués à tant de choses précieuses de ce genre, que nous n’arrivons plus guère à être saisis d’étonnement. Nous devrions prendre exemple sur cet homme, et méditer tout à nouveau sur toute la grandeur de ce qui nous est accordé dans le Christ Jésus.
Le proconsul a-t-il été le seul fruit de l’activité de Paul et Barnabas sur l’île de Chypre ? C’est le seul converti qui soit mentionné. Ce n’était pas la tâche de Luc de communiquer tous les détails de l’œuvre. Il ne nomme que deux villes : Salamine où les missionnaires accostèrent, et Paphos d’où ils repartirent. Nous ne savons pas s’il y a eu d’autres convertis. Ce que l’écrivain du récit fait néanmoins savoir de cet homme, c’est : « il crut ».
« Avait-il une famille ? Celle-ci est-elle venue à la foi ? A-t-il été baptisé du baptême chrétien ? Où a-t-il trouvé ensuite des contacts spirituels ? » Si le récit qui est devant nous se tait sur tout cela, pourquoi s’interroger là-dessus ? Que ce soit ici, ou plus tard dans nos méditations, nous devrions nous concentrer par principe sur ce que l’Esprit de Dieu nous fait communiquer, et non pas rechercher et poser des questions sur ce qu’il a tu.
« Il crut ». Cette déclaration est comme un phare sur
le roc — justement le proconsul de l’île, un Romain, a cru
! Et cette foi l’a conduit à reconnaître combien était
grande et précieuse la doctrine du Seigneur. Il ne pouvait qu’en être
« saisi ».
C’est là la grande leçon de Paphos.
Avant de poursuivre le premier voyage missionnaire de Paul et Barnabas, il est bon d’avoir une certaine vue d’ensemble de leurs étapes particulières.
Le premier but important des envoyés de Dieu était Antioche de Pisidie. C’est là que Paul a tenu sa première prédication importante dans la synagogue locale (13:14-41). Les réactions à cette prédication sont décrites dans le reste du chapitre (13:42-52). Le début du ch. 14 nous conduit à Iconium où, à côté d’une réception pleine de foi de la Parole, il y eut aussi une résistance violente (14:1-7). Le séjour à Lystre en Lycaonie, la troisième étape, se termine par une hostilité acharnée des Juifs. Elle trouva son expression suprême dans la lapidation de l’apôtre Paul (14:8-20a). Derbe fut le point extrême de leur voyage vers l’Est. La moisson à cet endroit fut grande : par l’annonce de l’évangile, il fut fait beaucoup de disciples (14:20b, 21a). À partir de là, les apôtres commencèrent leur voyage de retour vers Antioche de Syrie en passant par les mêmes étapes qu’à l’aller : Lystre, Iconium, Antioche de Pisidie, Perge (14:21b à 25). Arrivés à Antioche de Syrie, le point de départ de leur voyage, les serviteurs du Seigneur « racontèrent toutes les choses que Dieu avait faites avec eux » (14:26-28). Cela nous réjouira et nous remplira de bonheur quand nous aussi nous l’entendrons « raconter » dans la suite.
Tous les lieux cités sur cette route du voyage, à l’exception de Perge, se situent en Galatie, et même dans la partie sud de cette province. Que des assemblées soient nées là, l’épître de l’apôtre Paul aux Galates le confirme plus tard, quand il s’adresse « aux assemblées de la Galatie » (Gal. 1:2). Dans le livre des Actes, il est encore parlé deux fois des messagers qui ont parcouru, seul ou ensemble, le pays de Galatie (16:6 ; 18:23).
Ce territoire doit son nom aux Gaulois. Ces envahisseurs issus de l’Europe du sud étaient d’origine celte. Ils avaient pris possession de cette région au troisième siècle avant J.C. En l’an 189 av. J.C. ces intrus furent assujettis aux Romains, et il naquit la province de Galatie qui englobait aussi d’autres territoires, par exemple la Pisidie. Les ch. 13 et 14 du livre des Actes nous dépeignent maintenant le travail de Paul et Barnabas dans cette province romaine, et nous apprenons de quelle manière bénie les assemblées y ont pris naissance.
Après cet aperçu, nous revenons au récit d’Actes 13, où le petit groupe de voyageurs se trouvaient en dernier lieu à Paphos sur Chypre.
« Et faisant voile de Paphos, Paul et ses compagnons se rendirent à Perge de Pamphylie. Mais Jean, s’étant retiré d’avec eux, s’en retourna à Jérusalem » (13:13).
Si à Paphos il est encore parlé de « Barnabas et Saul »
(13:7), maintenant il est question de « Paul et ses compagnons ». La
traduction littérale « ceux autour de Paul » désigne la personne y compris
ceux qui l’accompagnent, d’où
l’expression « Paul et ses compagnons ». Désormais le Seigneur met la
direction de l’œuvre dans les mains de Paul.
Le petit groupe de voyageurs quitta l’île de Chypre et parcourut au moins 280 km en bateau pour retrouver le continent, à Perge de Pamphylie. Ils ne paraissent pas y avoir séjourné longtemps. Manifestement, ce n’était pas l’intention de Dieu que Sa Parole y soit déjà annoncée. De manière intéressante, cela n’eut lieu qu’au voyage de retour (14:25).
Un événement marqua Perge de son empreinte à ce moment-là : Jean se sépara d’eux et retourna à Jérusalem. Luc ne mentionne ici que son nom juif de Jean, et omet son nom romain de Marc. Nous avons déjà parlé de Jean-Marc et de son parcours spirituel, lorsque nous en étions à Actes 12:12. C’est pourquoi il suffit maintenant de se poser la question de ses motivations pour un pas si grave. L’écrivain s’abstient de tout commentaire. La seule indication directe que nous ayons figure au ch. 15 : « Paul trouvait bon de ne pas prendre avec eux un homme qui les avait abandonnés dès la Pamphylie et qui n’était pas allé à l’œuvre avec eux » (15:38).
L’hypothèse selon laquelle il n’aurait pas surmonté le changement de direction quand celle-ci passa de son oncle Barnabas à Paul est sans fondement. N’était-il pas d’une manière ou d’une autre un « homme de peine » ? Lui imputer un sentiment de jalousie ou un esprit de parti pour son oncle, me paraît pour le moins injuste. L’idée que Jean ait été choqué de l’œuvre de Paul parmi les nations n’est guère convaincante, car Barnabas participait encore à cette œuvre.
La vérité paraît beaucoup plutôt être que Jean n’avait pas la foi et le courage moral pour l’œuvre qui s’ouvrait à eux. Quand Paul en parle plus tard, « qu’il n’était pas allé avec eux à l’œuvre », c’est un blâme sérieux qu’il lui inflige. Des motivations pour faire demi-tour, quelles qu’elles soient, il n’en voyait manifestement aucune de valable.
De notre passage, il ressort que Jean est retourné à Jérusalem. Ce qui l’attirait là en particulier, nous ne le savons pas, vraisemblablement c’était les relations naturelles qui le rattachaient à Jérusalem, trop fortes pour qu’il puisse tenir le coup face aux fatigues et aux dangers du service pour Christ.
Quelqu’un avait dit un jour au Seigneur qu’il voulait bien Le suivre s’Il lui permettait de prendre premièrement congé de ceux de sa maison, et le Seigneur lui répondit : « Nul qui a mis la main à la charrue et qui regarde en arrière, n’est propre pour le royaume de Dieu » (Luc 9:61, 62). Le Seigneur apprécie des cœurs non partagés, Il voudrait régner sans rival sur nos cœurs. Certes il n’est pas dit de Marc qu’il ait cessé d’être chrétien. Mais il paraît avoir manqué d’une vraie consécration de cœur à son Seigneur.
C’est d’autant plus consolant que le Grand Maître ait entièrement
rétabli Son serviteur infidèle, et lui ait finalement confié la grâce d’écrire
le second évangile, justement celui qui montre Christ comme le parfait Serviteur
.
« Et eux, étant partis de Perge, traversèrent [le pays] et arrivèrent à Antioche de Pisidie ; et étant entrés dans la synagogue le jour du sabbat, ils s’assirent » (13:14).
Après que Marc les eut quittés, Paul et Barnabas partirent vers le nord, directement vers Antioche de Pisidie. Ce n’était certainement pas une marche simple, car depuis Perge il y a plus de 150 km jusqu’à Antioche de Pisidie. En outre Antioche est située au sein d’un massif montagneux culminant à environ 1100 m. tandis que Perge est presque au niveau de la mer.
Antioche était une colonie romaine comme Philippes, une ville libre où habitaient beaucoup de Romains, qui, bien sûr, parlaient latin. Les colons grecs gardaient, bien entendu, leur langue, le Grec, comprise par presque tout le monde à l’époque. Quant aux autochtones, ils parlaient naturellement le pisidien entre eux. En plus de tout cela, il y avait dans cette localité des Juifs assez nombreux pour pourvoir à l’entretien d’une synagogue. Ceux-ci étaient des Hellénistes, c’est-à-dire des Juifs parlant grec (comp. 6:1), qui habitaient au sein de la dispersion (diaspora) helléniste.
Tout cela montre toute la multiplicité de populations auxquelles les apôtres avaient à faire. Cela est apparu particulièrement au deuxième sabbat, quand presque toute la ville fut rassemblée dans la synagogue (13:42, 44) — Romains, Grecs, Pisidiens, et les Juifs n’étaient pas les derniers.
Suivant leur habitude, Paul et Barnabas allèrent à la synagogue le jour du sabbat et prirent simplement place parmi les auditeurs.
« Et après la lecture de la loi et des prophètes, les chefs de la synagogue leur envoyèrent dire : Hommes frères, si vous avez quelque parole d’exhortation pour le peuple, parlez » (13:15).
Pour la lecture dans la synagogue, les Juifs Hellénistes se servaient de la traduction grecque de l’Ancien Testament des Septante. Il n’était donc pas nécessaire de traduire puisque tous comprenaient le grec. Cela explique la présence de tant de nationalités dans la synagogue.
Après la lecture habituelle de la loi (la Thora, ou Pentateuque) et des prophètes (désignation qui inclut les livres historiques de Josué à 2 Rois), il y eut encore place pour une prédication au peuple. Ce n’était pas du tout inhabituel.
Cependant, il est étonnant à plusieurs égards que les chefs de la synagogue, aient accordé justement à Paul et Barnabas la liberté de parler à ceux qui étaient rassemblés, car ils leur étaient entièrement étrangers, et personne ne connaissait ni l’un ni l’autre. Leur ont-ils fait confiance parce qu’ils avaient une apparence de Juifs sérieux ? ou bien parce qu’ils suspectaient en eux des docteurs juifs ?
Nous sommes donc impressionnés par les paroles avec lesquelles
les chefs se sont tourné vers ces étrangers : « Frères, si vous avez
quelque parole d’exhortation
(ou :
d’encouragement
) pour le peuple,
parlez ». Les chefs laissèrent ces rabbis inconnus libres quant au sujet
sur lequel ils devaient parler, qu’ils veuillent, ou non, le rattacher à ce qui
avait été lu. Ils s’intéressaient à ce que ceux qui étaient rassemblés
entendent quelque chose de bon, quelque chose d’utile pour leurs âmes. C’est
ainsi qu’ils firent volontiers appel à l’aide à ces étrangers pour ce faire. On
ne leur demandait pas une dissertation scolaire, mais « quelque parole d’exhortation ».
Si ces étrangers étaient disposés, si quelque chose leur paraissait utile pour
le peuple, alors ils pouvaient parler !
Une telle préoccupation du bien spirituel du peuple se rencontre-t-elle aujourd’hui chez les conducteurs spirituels de la chrétienté ?
Et il y a encore un troisième point qui nous étonne : la pleine liberté des Juifs de l’époque à l’égard d’un ministère oral de la sorte par le moyen de « frères » inconnus. Où trouvons-nous cette liberté dans les églises chrétiennes d’aujourd’hui ? Une telle invitation est-elle chez elles simplement imaginable ? Non, bien sûr ! Cela montre clairement à quel point, dans les systèmes de la chrétienté, on s’est écarté de la liberté originelle et de l’ordre selon le Saint Esprit pour le christianisme. En tout cas ces Juifs nous font honte par leur attitude de liberté d’action, quand on la compare aux formes figées de nos jours. Ils nous font d’autant plus la leçon qu’alors ils ne connaissaient pas encore que la grâce de Dieu apportant le salut à tous les hommes était apparue ! (Tite 2:11).
Nous arrivons maintenant à la première prédication importante de l’apôtre Paul qui nous soit consignée dans le livre des Actes. Elle nous donne un bon aperçu de l’art et la manière avec lesquels ce grand prédicateur a annoncé l’évangile quand il avait devant lui un auditoire mélangé de Juifs et de païens.
La question se pose ici, comme dans d’autres allocutions ultérieures, de savoir si la totalité de la prédication a été rapportée, ou bien s’il ne s’agit que d’une sorte de condensé de ce qui a été dit. Sans arriver a quelque chose d’affirmatif pour l’avenir, nous pouvons bien conclure qu’ici la prédication complète nous est rapportée, non abrégée.
Elle se décompose facilement en trois sections principales auxquelles on peut donner les titres suivants :
13:17-25 : une rétrospective historique
13:26-39 : la parole du salut est annoncée
13:40, 41 : un avertissement solennel
Deux points de nature fondamentale sont encore à mentionner avant d’entrer dans les détails de la prédication.
Le message de l’apôtre s’appuie sur des faits
. Ce n’est pas seulement typique de cette prédication, mais
aussi de l’évangile, de la vérité de Dieu en général, tant de l’Ancien que du
Nouveau Testament. Regardons, par exemple, les paroles sublimes du commencement
de la Bible : « Au commencement Dieu créa les cieux et la terre. Et…
Et… ». Ce sont des réalités qui nous sont communiquées ; il ne s’agit
pas de spéculations, ni de pensées belles spirituellement, ni d’allégories ou
de paraboles, mais il s’agit de faits absolus, indéniables et divinement
fondés. Si nous regardons un peu sous ce point de vue la prédication présentée
à notre méditation, nous serons certainement étonnés : il est parlé ici tout
du long de vrais événements qui se sont déroulés exactement de cette manière,
autant pour ce qui est ancien que pour ce qui est récent.
Des faits divinement certifiés sont à la base de l’évangile de Dieu. Ce caractère n’est la part d’aucune des religions des hommes. Celles-ci sont caractérisées par des spéculations, des constructions de l’esprit idéales, des fables, des déductions. Mais qu’est-ce que tout cela en face des faits de la révélation divine ? En vérité, nous ne devons pas à avoir honte du vrai christianisme.
En second lieu, il y a quelque chose que nous ne rencontrons pas seulement dans la prédication qui est devant nous, mais qui est fondamental dans tout le Nouveau Testament : le Nouveau Testament rend témoignage de toutes manières à la vérité absolue de l’Ancien Testament, et il l’accrédite. Qu’il s’agisse de la création, ou d’autres prodiges, ou de récits historiques ou de paroles sentencieuses ou de prophéties divines — dans tous les cas, il ressort toujours que l’Ancien Testament est la vérité.
Malheureusement les Juifs d’aujourd’hui ne le croient pas : ils ne croient pas qu’après toutes les détresses et les tribulations, ils ont devant eux un avenir glorieux, terrestre, dans la présence de Dieu. Les écrits de l’Ancien Testament en parlent, et le Nouveau Testament le confirme, et souvent même c’est celui-ci qui donne aux prophéties leur véritable interprétation, leur vraie portée. Le Nouveau Testament — nous pouvons aussi dire l’évangile, — est le témoin divin de l’espérance d’Israël et de l’amour de Dieu pour ce peuple. Et cependant ceci est justement ce qui, jusqu’à aujourd’hui, est combattu par les Juifs, jusqu’à l’extrême.
« Et Paul, s’étant levé et ayant fait signe de la main, dit : Hommes israélites, et vous qui craignez Dieu, écoutez… » (13:16).
Du fait que la partie officielle du service divin était terminée, beaucoup de gens avaient commencé à discuter entre eux. Maintenant Paul accepte l’invitation des chefs de synagogue. Il se lève, et faisant signe de la main, il exige le silence. Nous retrouvons ce signe de la main dans d’autres circonstances (par exemple 21:40).
Paul distingue deux groupes dans son auditoire. Par l’expression
« hommes israélites » il s’adresse aux Juifs
. À côté d’eux, il y avait les prosélytes
, qu’il désigne par « vous qui craignez Dieu ».
C’était des gens d’entre les nations qui, dégoûtés de l’idolâtrie païenne,
cherchaient la vérité. Ils ne pouvaient la trouver jusqu’alors que dans le
Judaïsme. C’est pourquoi ils se tenaient, le plus souvent en grand nombre, là
où les Juifs avaient leur synagogue dans les plus grandes villes.
Il y a bien de quoi s’émerveiller de la sagesse et de la grâce
de Dieu. En dispersant les Juifs parmi les nations sous l’effet de Son
jugement, Il les utilisait quand même pour ouvrir la voie vers le seul
vrai Dieu à beaucoup de gens des
nations. Ces prosélytes étaient véritablement « des gens qui craignaient
Dieu ». Ils avaient abandonné l’idolâtrie, et étaient toujours ouverts à l’évangile
quand il leur parvenait. Ils se laissaient facilement gagner à l’évangile, et formaient
ainsi la voie par laquelle les Grecs païens en général pouvaient être atteints.
Quand l’orateur étranger invita son auditoire au silence — « écoutez ! » — nous pouvons bien croire qu’une attente impatiente remplissait ceux qui étaient présents. Ce qu’ils entendirent à la suite était complètement différent de ce qui avait jamais été proféré dans l’enceinte de cette synagogue.
« Le Dieu de ce peuple Israël choisit nos pères et éleva haut le peuple pendant son séjour au pays de l’Égypte ; et il les en fit sortir à bras élevé » (13:17).
Étienne, dans sa défense, commença par un retour en arrière sur l’histoire
d’Israël, et et c’est ce que Paul fit aussi ici :
il survole l’histoire primitive du peuple, en commençant par l’élection et en finissant
par David. Mais l’esprit et l’objectif diffèrent dans les deux cas. Étienne avait
en vue Israël désobéissant
qui culminait
par le rejet de Christ, tandis que par un tableau beaucoup plus court de l’histoire
d’Israël, Paul montre la grâce de Dieu
qui voulait bénir cette nation. L’histoire hautement significative des Hébreux
sert au prédicateur chrétien de porte d’entrée au domaine merveilleux des
bénédictions de l’évangile.
Paul parle d’abord (13:17a) du « Dieu de ce peuple Israël
». Il utilise cette formulation parce
qu’il s’adressait à la fois à des gens des nations et à des Juifs. Les nations
païennes avaient été des idolâtres, et n’avaient pas honoré le vrai Dieu.
Ensuite (13:17b), Paul attire l’attention sur la bonté
souveraine de Dieu
tout au début de leur histoire, lorsqu’Il a choisi et
appelé Abraham. Ce n’est pas un quelconque mérite chez le patriarche qui a porté
Dieu à cela, mais uniquement et seulement Sa grâce. Ce n’est pas dans la
Genèse, mais dans le livre de Josué, que nous apprenons que les pères des
patriarches avaient servi d’autres dieux, et avaient par-là été idolâtres
(Josué 24:14). Après le déluge, l’idolâtrie s’était répandue partout, et l’adoration
du vrai Dieu avait été largement abandonnée. Certainement, quelques personnes restaient
individuellement fidèles à Dieu, comme par exemple Melchisédec
et Job. Mais la Parole de Dieu établit clairement qu’Abraham a été appelé du
milieu de l’idolâtrie.
Paul désirait rappeler à ses auditeurs la souveraineté de Dieu, Sa grâce et Sa patience. Pendant toute leur histoire, c’est la fidélité de Dieu qui a porté les fils d’Israël et les a maintenu. Après avoir appelé Abraham à sortir de son environnement idolâtre, Dieu a continué à s’intéresser à sa descendance.
Ils avaient été des esclaves foulés aux pieds en Égypte. Dieu avait-il oublié Sa promesse à Son « ami » Abraham ? Nullement ! Il éleva haut le peuple qui était dans une situation d’étrangers dans le pays d’Égypte, et le conduisit à bras élevé pour l’en faire sortir. C’est ainsi que nous lisons dans les prophètes cette parole saisissante : « Quand Israël était jeune, je l’ai aimé, et j’ai appelé mon fils hors d’Égypte » (Osée 11:1).
« Et il prit soin d’eux dans le désert, [comme une mère,] environ quarante ans ; » (13:18).
Note Bibliquest : [comme une mère] est retenu par JND en français, et n’est pas retenu par la traduction Elberfeld allemande.
Quelle déclaration touchante que celle-ci ! Paul ne dit pas
la raison pour laquelle Dieu les conduisit dans le désert. C’est Étienne qui l’indique
(7:39-43). Ici la grâce de Dieu est mise au premier plan : Dieu a pris soin
d’eux durant toutes ces
années de leur traversée du désert. C’est une allusion à Deut.
1:31 : « Tu as vu que l’Éternel, ton Dieu, t’a porté comme un homme
porte son fils, dans tout le chemin où vous avez marché ».
Il n’est fait ici aucune mention de ce que Dieu les a supportés malgré toutes leurs faiblesses et tous leurs péchés. Le texte hébraïque en Deut. 1 aussi bien que la Septante (Paul connaissait les deux) expriment la pensée que Dieu a soigné et porté comme une nourrice porte un enfant.
Pour le mot « prendre soin », les manuscrits grecs comportent deux leçons différentes en Actes 13:18, et ces leçons ne diffèrent que par une seule lettre.
L’une des variantes donne « Il supporta », en grec (etropophoresen) ; l’autre variante donne : « Il prit soin d’eux », en grec (etopophoresen). Les Réviseurs de la traduction Eberfeld ont (à juste titre me semble-t-il) suivi la deuxième leçon — car le mot rare « prendre soin » est facilement transformé dans le mot « porter » qui est plus courant, et il suffit, comme déjà dit, de changer seulement une seule lettre pour passer de l’un à l’autre.
Dieu a pris soin d’eux dans le désert. Quelle grâce merveilleuse de Dieu vis-à-vis d’Israël ! Pendant ces quarante années Dieu a pris soin tendrement d’eux, comme un père prend soin de son enfant et le porte. Il a nourri son peuple avec la manne, et Il les a conservés de façon à ce qu’il ne leur arrive pas de mal dans le désert. Que leur incrédulité les ait fait errer quarante ans dans le désert, ce n’est pas le sujet ici. Dieu les a gardés malgré leur incrédulité.
« Et ayant détruit sept nations au pays de Canaan, il leur en donna le pays en héritage — environ quatre cent cinquante ans. Et après ces choses, il leur donna des juges, jusqu’à Samuel le prophète » (13:19, 20). [texte un peu différent de la traduction JND en français]
Nous arrivons maintenant au contenu du livre de Josué. C’est Josué qui a partagé le pays de Canaan en héritage au peuple. Pour cela, il fallut qu’au préalable Dieu détruise sept nations pour que les Israélites puissent hériter du pays, — ce qui laisse pensif, de même le fait qu’en pratique, c’est Dieu lui-même qui l’a fait finalement. Le peuple n’aurait pas été en état de le faire. Tout ici parle de la grâce vis-à-vis du peuple.
Oui, et alors une durée de temps est donnée : « …environ quatre cent cinquante ans ». À quelle période cela se rapporte-t-il ?
Certains manuscrits, de peu de poids il est vrai, changent l’ordre des mots pour écrire ceci : « et après ceci, pendant 450 ans, Il leur donna des juges… ». Par cette formulation, la période des Juges est fixée à 450 ans, mais cela est en contradiction avec 1 Rois 6:1 où toute la période de la sortie d’Égypte jusqu’à la quatrième année du roi Salomon est indiquée comme étant de 480 ans seulement.
La leçon des meilleurs textes dit ceci : « après qu’Il eut dépossédé sept nations dans le pays de Canaan, Il les fit hériter de ce pays là — environ 450 ans ». La donnée de temps d’environ 450 ans englobe toute la durée de leur séjour en Égypte jusqu’à la prise de possession du pays de Canaan. Ils ont été en esclavage pendant 400 ans (comp. 7:6 ; Gen. 15:13). À cela s’ajoutent 40 ans d’errance dans le désert et environ 10 ans pour conquérir le pays, ce qui amène à 450 ans.
De nouveau, c’est le Dieu de bonté qui a finalement donné des juges au peuple d’Israël jusqu’à Samuel, le dernier des Juges (1 Sam. 7:15). Mais il était plus qu’un juge et il est appelé ici « Samuel le prophète ». On le considérait, dans le Judaïsme, comme l’un des grands prophètes de l’Ancien Testament.
Du début à la fin du livre des Juges, on voit Israël retombant toujours dans l’idolâtrie, et Dieu obligé de faire venir le jugement sur eux. Quand ils retournaient vers Dieu et se repentaient, Dieu suscitait un Juge qui les délivrait du joug de leurs oppresseurs. C’était un déploiement de la fidélité immuable de Dieu, et Il s’en rappela plus tard, quand Il dit en rapport avec la restauration d’Israël : « et je rétablirai tes juges comme au commencement… » (És. 1:26) ; c’est-à-dire qu’Il leur suscitera des libérateurs comme au commencement, et ceux-ci les sauveront. Ceci est encore futur comme le montre la fin du verset : « Après cela, tu seras appelée ville de justice, cité fidèle ».
« Et puis ils demandèrent un roi, et Dieu leur donna Saül, fils de Kis, homme de la tribu de Benjamin, pendant quarante ans » (13:21).
Finalement ils désirèrent un roi pour eux. Mais dans leur désir d’être comme les nations, ils rejetaient non seulement Samuel, mais aussi Dieu lui-même, qui avait été leur roi jusque-là. Saül était selon le cœur du peuple.
Plus tard, Dieu dut leur demander au vu du jugement qu’Il allait faire tomber sur Éphraïm : « Où est donc ton roi ? pour qu’il te sauve dans toutes tes villes. Où sont tes juges, dont tu as dit : Donne-moi un roi et des princes ? ». Et le prophète poursuit : « Je t’ai donné un roi dans ma colère, et je l’ai ôté dans ma fureur » (Osée 13:10, 11).
Quand Paul dit : « ils demandèrent un roi », il n’oublie pas complètement la faute grave du peuple, mais il ne s’y arrête pas. Il en fait mention seulement parce qu’en réponse à ce désir, Dieu leur donna Saül. C’est Dieu qui fit cela.
L’indication que Saül était issu de la tribu de Benjamin n’a rien à voir avec le fait que Paul descendait également de cette tribu et portait le même nom que ce roi. Non, il n’y a pas la moindre trace d’orgueil accompagnant ces paroles. Non, il y a un motif autre, un motif valable pour lequel la tribu d’origine de Saül est mentionnée : ce n’est pas de la tribu de Benjamin, ce n’est pas de la lignée royale de Saül que viendrait le Sauveur, mais de la lignée de celui qui remplaça Saül, celle de David.
La donnée de temps de 40 ans paraît faire comme pour les 450 ans, c’est-à-dire remonter en arrière et inclure le temps durant lequel Samuel jugea le peuple. En tout cas Saül a régné nettement plus que les « deux ans » de 1 Sam. 13:1. Il y a là manifestement une faute du texte, ce qui est renforcé par le fait que l’âge de Saül manque aussi dans le texte hébreu à cet endroit.
« Et l’ayant ôté, il leur suscita David pour roi, duquel aussi il dit en lui rendant témoignage : J’ai trouvé David, le [fils] de Jessé, un homme selon mon cœur, qui fera toute ma volonté » (13:22).
Tout ce que l’apôtre a à dire au sujet du roi Saül, c’est que Dieu l’a ôté. Il ne pouvait rien dire de bien sur lui, aussi il se tait.
Dans le fait que Saül a été ôté, nous pensons surtout à la mort de Saül. Or ce n’est pas de cela qu’il s’agit (il s’est suicidé), mais de son rejet de la part de Dieu (1 Sam. 15:23, 26). Samuel fut chargé d’oindre roi quelqu’un d’autre à la place de Saül (1 Sam. 16). Même si Saül a continué de régner pendant un temps assez long, il était quand même déjà rejeté de Dieu. Il est une image frappante de la « chair » religieuse.
Il y a un changement intéressant dans la manière de s’exprimer.
À propos de Saül, il est seulement dit que Dieu l’a donné
(13:21). Mais quand il s’agit de David, il est dit que Dieu
leur a suscité
David pour roi
(13:22). Cela va beaucoup plus
loin, et englobe Son décret à l’égard du peuple et de la personne de David
comme roi d’Israël. David est une préfiguration remarquable du Seigneur Jésus,
que Dieu lui-même appelle dans la parole prophétique : « mon serviteur
David » :
« Et mon serviteur
David sera
roi sur eux, … et David mon serviteur sera leur prince à toujours » (Ézéc. 37:24, 25).
En ce qui concerne le terme « suscité » (en Grec, égeiren), il est utilisé de deux manières dans le livre des
Actes. D’un côté quelqu’un est suscité
pour accéder à une certaine position. C’est le cas ici et au v. 33. D’un autre
côté ce mot est utilisé aussi quand quelqu’un est ressuscité
des morts (13:30, 37). C’est le contexte qui décide le
sens à retenir, suivant le cas.
La personnalité de David est d’une importance d’autant plus grande qu’il est ajouté que Dieu « lui a rendu témoignage ». Paul apporte là une citation de l’Écriture Sainte : « J’ai trouvé David, le fils de Jessé, un homme selon mon cœur, qui fera toute ma volonté » (13:22b).
Cette citation est tirée de plusieurs passages de l’Ancien Testament. La première phrase s’appuie sur le Psaume 89 : « J’ai trouvé David, mon serviteur » (Ps. 89:20). La deuxième partie de la phrase dérive de 1 Sam. 13 : « L’Éternel s’est cherché un homme selon son cœur » (1 Sam. 13:14). La dernière partie de phrase trouve sa contrepartie en És. 44 : « Il est mon berger, et il accomplira tout mon bon plaisir [ou : toute ma volonté]… » (És.44:28). Certes il est parlé ici de Cyrus, mais ces paroles s’appliquent aussi bien et encore mieux à David, ce que le Saint Esprit fait aussi ici. L’indication du père de David Isaï / Jessé, met en évidence les conditions modestes d’où David est issu. Cependant combien est surprenante cette circonstance : la grâce trouve dans ce simple fils d’homme, un homme selon Son cœur, un homme comme Il le désirait pour Lui !
Qu’est-ce qui fait de David un homme selon le cœur de Dieu ? N’a-t-il pas commis des fautes très graves ? Absolument. Mais ce qui le caractérisait, c’est qu’il se tournait toujours vers Dieu quand il avait péché. Même dans les moments les plus sombres de sa vie, il a pris refuge auprès de Dieu.
Pensons seulement au Psaume 51 ! Sous la loi, il n’y avait pas de ressource pour un péché tel que celui qu’il avait commis. Cependant, contrit, il se tourne vers Dieu. Si une offrande convenable quelconque avait été prescrite pour son péché, certainement il l’aurait offerte, quel qu’en fût le prix. Mais il prie : « Use de grâce envers moi, ô Dieu ! selon ta bonté ; selon la grandeur de tes compassions, efface mes transgressions » (Ps. 51:1). Cette supplication correspondait à la pensée de Dieu.
À Tsiklag nous trouvons encore un autre exemple. C’était une période sombre de la vie de David, quand il se trouvait dans le pays des Philistins. L’attaque des Amalékites à Tsiklag le mit dans une situation catastrophique. Alors que David et ses gens pleuraient dans une très grande détresse de cœur, au point de ne plus avoir de force pour pleurer, — alors que le peuple parlait de le lapider, que lisons-nous au sujet de David ? « Et David se fortifia en l’Éternel, son Dieu » (1 Sam. 30:4-6).
L’habitude de se tourner de cœur vers Dieu, a fait de David un homme selon le cœur de Dieu. Son exemple peut aussi nous servir d’encouragement, car n’avons-nous pas déjà souvent éprouvé notre grande misère ?
Les trois déclarations de notre verset à l’égard de David trouvent leur plein accomplissement dans le Seigneur Jésus, au sujet duquel l’apôtre va se mettre à parler. Comme Dieu a suscité David, ainsi Il a aussi suscité Jésus (13:33). Et si en David Il a déjà trouvé un homme selon son cœur, combien plus cela est vrai au sujet de Son Fils, auquel Il rend le témoignage : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai trouvé mon plaisir » (Matt. 3:17). Jésus était le seul qui accomplissait réellement « toute » la volonté de Son Dieu.
« De la semence de cet homme, Dieu, selon sa promesse, a amené à Israël un Sauveur, Jésus » (13:23).
Dans la description de l’histoire d’Israël, Paul saute mille ans, et de David il arrive directement au Fils de David, Jésus. N’est-il pas remarquable qu’au moment où nous arrivons au Nouveau Testament, Jésus soit immédiatement nommé Fils de David (Matt. 1:1) ? Dans la suite du Nouveau Testament aussi, il est insisté sur le fait que le Seigneur, comme Homme, est issu de cette lignée. « … touchant son Fils (né de la semence de David, selon la chair…) » (Rom. 1:3). « Il y aura la racine de Jessé… » (Rom. 15:12). « Souviens-toi de Jésus Christ… de la semence de David » (2 Tim. 2:8). Et encore à la dernière page de la Bible, nous trouvons ceci dans la bouche du Seigneur glorifié : « Moi, je suis la racine et la postérité de David » (Apoc. 22:16).
Paul avait parlé de la haute stature morale de David, dans la mesure où le Messie devait être fils de David. En décrivant David de cette manière, il pouvait être certain de la bienveillance de ses auditeurs, spécialement les Juifs, qui savaient tout sur David, et qui étaient complètement convaincus que le Messie serait issu de sa lignée. Quand le Seigneur demanda un jour aux pharisiens : « de qui le Christ est-il fils », ils répondirent immédiatement « de David » (Matt. 22:41, 42).
Mais maintenant l’apôtre fait la relation entre David, le roi, et sa semence, Jésus. Et de nouveau c’est Dieu qui fait tout. De la semence de David, Il a amené à Israël, selon Sa promesse, Jésus comme Sauveur. Avec cela, l’œuvre de Dieu à l’égard d’Israël, atteint son sommet.
Découpons maintenant la déclaration de ce verset important en ses éléments constituants, pour pouvoir mieux en reconnaître la portée :
1° Dieu a amené
2° Il a amené Jésus
3° Il L’a amené comme
Sauveur
4° Il L’a amené à Israël
5° Il L’a amené selon la
promesse
6° Il L’a amené de la
semence de David
.
1. et 6. Commençons par le premier et le dernier point !
Dieu a amené
. C’est le même verbe que
celui utilisé dans la promesse de Zach. 3:8 :
« Car voici, je ferai venir
mon
serviteur, le Germe » (dans les Septante, il est dit j’amène
). Quand Dieu amène quelque chose, quand Il amène Son
serviteur le Germe à l’homme, cela ne doit-il pas être très bon et digne de
Lui ? Qu’Il L’amène de la semence de
David
, cela nous a déjà occupés.
5. Ce que Dieu a fait, s’est accompli selon la promesse
, c’est-à-dire que Son action correspond à Ses
promesses qu’Il a données sous l’ancienne alliance, et elle les a accomplies.
Nous pouvons penser à 2 Sam. 7:12 : « Quand tes jours seront
accomplis », avait-Il dit à David, « et que tu dormiras avec tes
pères, je susciterai après toi ta semence qui sortira de tes entrailles, et j’affermirai
son royaume ». La parole de ce verset s’accorde avec celle du Psaume
132:11 : « L’Éternel a juré à David [en] vérité, il n’en reviendra
pas : Je mettrai du fruit de ton ventre sur ton trône ». Devant ses
frères Juifs, Pierre avait aussi fait référence à ce verset au jour de la
Pentecôte (2:30).
4. Ensuite : Dieu L’a amené Lui, le vrai David, à Israël
. N’est-ce pas saisissant
? C’est justement à ce
peuple désobéissant et contredisant, qu’Il a amené cette bénédiction infinie !
Or les auditeurs de Paul, issus des païens, devaient eux aussi entendre et
savoir que le grand don avait été amené à
Israël
. Mais ce n’est qu’à la fin de la prédication qu’ils apprendront qu’eux
aussi devaient y avoir part (13:39).
2. Finalement — on arrive au sommet : Dieu a amené à Israël
une personne tout à fait précise : c’est Jésus
. Il est remarquable que ce grand nom figure tout à la fin de
la phrase grecque, ce qui correspond à une position prééminente. Le verset
commence par David (« de cet homme ») et finit par Jésus. Cela nous
apprend déjà que tout ce que Dieu a fait avec Israël et avec les hommes aboutit
à Jésus. Il est l’objet central des pensées de Dieu. Tout dans l’Écriture converge
vers Jésus et trouve en Lui son accomplissement.
3. Dieu n’a pas donné Jésus au peuple comme roi (bien qu’Il
portera aussi cette dignité), mais Il L’a donné comme Sauveur
. Or le nom de Jésus signifie déjà « l’Éternel est Salut »
(Matt. 1:21). L’objet des efforts des Juifs depuis toujours a été d’être libérés
de leurs oppresseurs. Mais Dieu fit dire à Joseph par un ange « elle (Marie)
enfantera un fils, et tu appelleras son nom Jésus
,
car c’est lui qui sauvera
son peuple de leurs péchés
» (Matt. 1:21). Voilà
ce dont les gens ont besoin, aussi bien les Juifs de l’époque, que ceux de
maintenant : être sauvé de ses péchés. Quand le Seigneur est né, les
bergers apprirent le grand événement par le moyen d’un ange : « N’ayez
point de peur, car voici, je vous annonce un grand sujet de joie qui sera pour
tout le peuple ; car aujourd’hui dans la cité de David, vous est né un Sauveur
, qui est le Christ, le
Seigneur » (Luc 2:10, 11).
Effectivement le titre de « Sauveur » résume toute l’œuvre
du Seigneur Jésus en un seul mot. Tout ce que Dieu avait projeté depuis le
commencement quand Il choisit les pères, Il l’a exécuté en amenant Jésus au
peuple d’Israël et en Le présentant comme Sauveur
selon la promesse.
Paul n’utilise que des mots brefs. Et pourtant avec quelle affection il rappelle aux Juifs leur passé, et toute la bonne main de Dieu à leur égard ! Avec quelle tendresse, il en vient maintenant à parler à son auditoire de cet objet suprême : Jésus le Sauveur !
Ensuite dans le verset suivant, il est fait référence pour un moment à Jean le baptiseur pour l’« arrivée » du Seigneur Jésus :
« Jean ayant déjà, immédiatement avant son arrivée, prêché le baptême de repentance à tout le peuple d’Israël » (13:24).
L’auditoire de l’apôtre était sans doute familier avec les
Écritures de l’Ancien Testament. Ces Écritures avaient prédit la venue du messager
qui préparerait le chemin du
Seigneur. Peu avant que commencent les 400 ans de silence de Dieu, Il avait
annoncé cette venue par le dernier des prophètes de l’Ancien Testament :
« Voici, j’envoie mon messager, et il préparera le chemin devant
moi » (Mal. 3:1).
Quand Dieu brisa Son silence au bout de 400 ans, il arriva que l’ange annonça à Zacharie la naissance d’un fils avec des paroles prophétiques sur l’avenir : « car il sera grand devant le Seigneur, … Et il fera retourner plusieurs des fils d’Israël au Seigneur leur Dieu. Et il ira devant lui dans l’esprit et la puissance d’Élie, pour faire retourner les cœurs des pères vers les enfants, et les désobéissants à la pensée des justes, pour préparer au Seigneur un peuple bien disposé » (Luc 1:15-17).
Dieu avait envoyé ce messager pour baptiser d’eau (Jean 1:33). C’était,
en effet, un baptême de repentance
que Jean le baptiseur annonçait à tout le peuple d’Israël. Pour que le Messie
puisse régner, il fallait opérer une repentance chez ses sujets, et il fallait produire
un accord moral entre Lui et eux. Le peuple venait à Jean, et ils étaient
baptisés par lui au Jourdain en confessant leurs péchés (Matt. 3:6). De cette
manière un résidu repentant a été préparé pour le Seigneur.
Le baptême de repentance par Jean avait aussi lieu en vue de Son arrivée, c’est-à-dire en vue de l’arrivée du Seigneur Jésus dans Son ministère public. Jean ne Le connaissait pas ; mais Jean était venu baptiser d’eau afin qu’Il soit manifesté à Israël (Jean 1:31).
Il est merveilleux de voir comment Dieu a amené Jésus à Israël sur ce chemin. L’auditoire de Paul connaissait ce qui en était de Jésus et du baptême de Jean. Tout ce que Paul avait à faire était de leur présenter les grands faits historiques et de les appeler à se souvenir de ce qui s’était passé dans la terre sainte.
« Et comme Jean achevait sa course, il dit : Que pensez-vous que je sois ? Je ne le suis pas, moi ; mais voici, il en vient un après moi, des pieds duquel je ne suis pas digne de délier la sandale » (13:25).
Quand Paul cite maintenant les paroles de Jean le baptiseur, il
leur montre toute la grandeur et l’élévation de Jésus le Sauveur
. Faire la comparaison entre Jean et Jésus fait justement
ressortir la différence infinie entre les deux.
La foule du peuple avait tenu Jean pour un prophète (Matt. 14:5 ; 21:26). Beaucoup d’entre eux se demandaient même s’il n’était pas le Christ (Luc 3:15). Le Seigneur lui-même avait témoigné devant lui qu’il était « plus qu’un prophète ». Parmi ceux qui sont nés de femme, il n’en a été suscité aucun de plus grand que Jean le baptiseur (Matt. 11:9-11).
C’était l’attente impatiente du peuple à l’égard de Jean qui lui faisait dire les paroles citées plus haut.
Faisons parler chacun des évangélistes à ce sujet :
1° « Moi
, je vous
baptise d’eau pour la repentance ; mais celui qui vient après moi est plus
puissant que moi, et je ne suis pas digne de porter ses sandales : lui
vous baptisera de l’Esprit Saint et
de feu » (Matt. 3:11).
2° « Il vient après moi, celui qui est plus puissant que moi, duquel je ne suis pas digne de délier, en me baissant, la courroie des sandales » (Marc 1:7).
3° « Moi
, je vous
baptise avec de l’eau ; mais il vient, celui qui est plus puissant que
moi, duquel je ne suis pas digne de délier la courroie des sandales : lui
vous baptisera de l’Esprit Saint et
de feu » (Luc 3:16).
4° « Et c’est ici le témoignage de Jean, lorsque les Juifs
envoyèrent de Jérusalem des sacrificateurs et des lévites, pour lui
demander : Toi, qui es-tu
?
Et il confessa, et ne nia pas, et confessa : Moi
, je ne suis pas le Christ. Et ils lui demandèrent : Quoi
donc ? Es-tu
Élie ? Et il
dit : Je ne le suis pas. Es-tu
le prophète ? Et il répondit : Non. Ils lui dirent donc : Qui
es-tu, afin que nous donnions réponse à ceux qui nous ont envoyés ? Que
dis-tu de toi-même ? Il dit : Moi, je suis la voix de celui qui crie
dans le désert : Faites droit le chemin du Seigneur, comme dit Ésaïe le
prophète. Et ils avaient été envoyés d’entre les pharisiens. Et ils l’interrogèrent
et lui dirent : Pourquoi donc baptises-tu, si tu
n’es ni le Christ, ni Élie, ni le prophète ? Jean leur
répondit, disant : Moi
, je
baptise d’eau ; [mais] au milieu de vous il y en a un que vous
ne connaissez pas, celui qui vient
après moi, duquel moi
je ne suis pas
digne de délier la courroie de la sandale » (Jean 1:19-27).
Jean dit ces paroles alors qu’il « achevait sa course » — ce qui permet de conclure que le Seigneur avait déjà commencé son ministère. Il y eut un certain recouvrement.
Pour le « il dit » de 13:25, c’est en réalité l’imparfait qui est utilisé : « Jean prenait soin de dire ». Il est clair que Jean n’a pas rendu son témoignage en une seule occasion sur Celui qui venait après lui. Ce que Paul cite de Jean est une sorte de résumé de ses paroles.
N’était-ce pas de la folie de penser qu’un simple homme comme
Jean puisse être le Sauveur, le Christ ? En tout cas, celui qu’ils
estimaient si haut rétablissait la distance convenable entre lui et Celui « qui
venait après lui ». Et Jean l’a fait avec les paroles ci-dessus,
confessant qu’il n’était pas digne d’accomplir auprès de Lui le plus bas service
d’un esclave. Et qu’était le plus grand de ceux qui sont nés de femme par
rapport à « Celui qui était avant
lui », Celui qui possédait et possède une existence éternelle (Jean
1:30) ?
Ici se termine la première partie de la prédication de Paul. Son
contenu est fait exclusivement d’événements historiques — une série de faits où
il n’y a pas de si
ni de mais
. Tout ce que Dieu avait fait pour
Israël ! Les cœurs des auditeurs n’allaient-ils pas s’ouvrir davantage
pour la suite du message ?
« Hommes frères, fils de la race d’Abraham, à vous et à ceux qui parmi vous craignent Dieu, la parole de ce salut est envoyée » (13:26).
Dans la deuxième partie de sa prédication, l’apôtre annonce l’évangile
du Seigneur Jésus aux gens réunis dans la synagogue, et il le fait immédiatement.
Les chefs de la synagogue avaient voulu entendre une parole d’exhortation
. Mais ce que lui, et tous les gens présents
ont pu entendre a été la parole de ce
salut
.
Il s’adresse à la partie juive de son auditoire en les appelant « hommes frères, fils de la race d’Abraham ». Cette expression « hommes frères » est une façon de parler d’origine hébraïque qu’on rencontre pour la première fois chez Pierre au jour de la Pentecôte (1:16). L’ajout du mot « hommes » donne à la prédication un certain aspect cérémoniel ou solennel.
En les appelant « fils de la race d’Abraham », il semble émettre le vœu qu’ils soient de vrais descendants de leur ancêtre, l’homme de foi. Appartenir à la race d’Abraham impliquait l’obligation de correspondre au caractère, à la foi, au rang élevé d’Abraham en leur temps, — l’obligation de, pour ainsi dire, maintenir en vie ses caractères moraux.
Comme au commencement de sa prédication, au v. 16, Paul n’oublie pas la foule nombreuse des prosélytes qui avaient renoncé à l’idolâtrie, et qui maintenant, en vivant parmi les Juifs, étaient en vérité de « ceux qui craignent Dieu ». C’est comme tels qu’ils devaient maintenant se montrer.
La « parole de ce salut » avait été envoyée à Israël
, comme Pierre l’avait déjà dit
dans la maison de Corneille : « Vous connaissez la parole qu’il a
envoyée aux fils d’Israël
, annonçant
la bonne nouvelle de la paix par Jésus Christ (lui est Seigneur de tous) »
(10:36, 37). Il est absolument vrai que le salut de Dieu était maintenant
envoyé aux nations
; le ch. 28
v.28 l’établit. Mais ici, il s’agit de la parole du salut adressée à des Juifs
. Dans cette partie de la
prédication, tout tourne autour d’eux et de leur conduite. Ce n’est qu’au
verset 39 que l’horizon s’élargit pour un instant pour englober « quiconque
croit ».
Dieu avait amené un Sauveur à Israël, Jésus. Mais avant que l’apôtre
en vienne à parler de Sa mort, il est conduit à leur adresser un appel
personnel avec les paroles suivantes : « à vous… la parole de ce
salut est envoyée ». Déjà comme petit enfant le Seigneur Jésus était le salut de Dieu
, selon l’exclamation de Siméon
Le tenant dans ses bras : « mes yeux ont vu ton salut
, lequel tu as préparé devant la face de tous les
peuples… » (Luc 2:30 et suiv.). Paul rattache la
parole de ce salut avec le Sauveur Lui-même. Car il montre ce qui fait de Jésus
un Sauveur, et comment l’individu peut faire l’expérience de Lui sous ce
caractère.
« Car ceux qui habitent à Jérusalem et leurs chefs, n’ayant pas reconnu Jésus, ni les voix des prophètes qui se lisent chaque sabbat, ont accompli celles-ci en le jugeant » (13:27).
Maintenant Paul commence à parler du rejet du Sauveur et de Sa mort. Il s’appuie de nouveau sur des faits accessibles à tous les yeux. La Parole suivante s’était vérifiée : « Il était dans le monde, et le monde fut fait par lui ; et le monde ne l’a pas connu. Il vint chez soi ; et les siens ne l’ont pas reçu » (Jean 1:10, 11).
Effectivement ce n’était pas seulement les Juifs, mais aussi les nations, qui étaient dans l’ignorance au sujet de l’Envoyé de Dieu. Aucun des chefs de ce siècle n’a connu la sagesse de Dieu ; « car s’ils l’eussent connue, ils n’eussent pas crucifié le Seigneur de gloire » (1 Cor. 2:8).
Ici il parle des chefs du peuple Juif à Jérusalem. Ni eux, ni les habitants de la ville, n’avaient reconnu le Seigneur de gloire. Leur culpabilité en était d’autant plus accrue qu’ils entendaient chaque sabbat les paroles des grands prophètes. Ceux-ci n’avaient pas seulement prophétisé de la gloire du Messie, mais aussi de Son œuvre, de Ses souffrances et de Sa mort ; et ils avaient prédit que son propre peuple le rejetterait. Eux avaient toujours entendu répéter ces choses dans leurs synagogues ; mais ils ne les comprenaient pas. Ils étaient aveugles et même tellement aveugles qu’ils ont mis en jugement le Christ de Dieu, et ils l’ont condamné. Ce faisant, ils ont inconsciemment accompli la voix des prophètes.
Jetons un bref coup d’œil sur quelques-unes de ces « voix des prophètes ». Ésaïe dit : « Ainsi dit l’Éternel, le rédempteur d’Israël, son Saint, à celui que chacun méprise, à celui que la nation abhorre… » (És. 49:7). Et un peu plus tard : « Il est méprisé et délaissé des hommes, homme de douleurs, et familier avec la souffrance, et comme quelqu’un de qui on cache sa face ; il est méprisé et nous n’avons eu pour lui aucune estime » (És. 53:3). Le prophète Michée a également prophétisé : « Ils frappent le juge d’Israël avec une verge sur la joue » (Michée 5:1). Mais toutes ces voix résonnaient en restant incomprises et on n’y faisait pas attention. Il y avait un « voile » sur le cœur des Juifs. Il demeure jusqu’à aujourd’hui. Un jour, le voile sera ôté de leurs cœurs (2 Cor. 3:15, 16), et alors ils se retourneront, et dans la lumière de Dieu, ils reconnaîtront la vérité sur eux-mêmes et sur Dieu.
« Et quoiqu’ils ne trouvassent [en lui] aucun crime [qui fût digne] de mort, ils prièrent Pilate de le faire mourir » (13:28).
Dans la première partie de la prédication, l’auditoire de la
synagogue d’Antioche avait reçu le témoignage de l’apôtre au sujet de la bonté
de Dieu en ce qu’Il leur avait amené
le Sauveur promis. Mais maintenant ils doivent prendre conscience de l’hostilité
du cœur de l’homme contre Dieu et contre Son don le plus élevé. Ils n’avaient
trouvé aucun crime qui fut digne de mort en Christ, et pourtant ils réclamèrent
Sa mort. Personne des Juifs ne pouvant Le faire mourir, ils prièrent Pilate de s’en
charger.
La mise à mort du Sauveur Jésus fut faite à l’instigation des habitants de Jérusalem et des conducteurs religieux du peuple. Ce sont eux qui poussèrent à le faire. Pierre, également, avait reproché aux hommes d’Israël leur faute : « vous L’avez cloué à une croix et vous L’avez fait périr par la main d’hommes iniques » (2:23). Le fait tout simple est que le grand conseil (sanhédrin) n’aurait jamais pu forcer Pilate à crucifier Jésus s’il n’avait pas été soutenu par la population de Jérusalem. Si le peuple avait montré de la résistance et avait réclamé la libération de Jésus, alors Pilate aurait été fortifié dans son intention de libérer le prisonnier.
« Et après qu’ils eurent accompli toutes les choses qui sont écrites de lui, ils le descendirent du bois et le mirent dans un sépulcre » (13:29).
Notons qu’ils ont accompli tout
ce qui était écrit à l’égard de sa crucifixion. Des quatre évangiles, c’est
surtout dans celui de Jean que la gloire divine du Seigneur est mise au premier
plan. C’est justement dans cet évangile de Jean, qu’on voit le Seigneur, avant
de crier « c’est accompli », avoir conscience que, du côté des Juifs,
il restait une écriture qui n’était pas encore accomplie — alors Il dit afin
que l’Écriture fût accomplie : « J’ai soif » (Jean 19:28), à la
suite de quoi ils lui donnèrent du vinaigre, et accomplirent encore ce qui restait
écrit à Son sujet (Ps. 69:21).
La culpabilité des conducteurs Juifs et des habitants de Jérusalem ne crie-t-elle pas jusqu’au ciel ? Dieu avait fait consigner dans les écrits prophétiques tout ce qui concerne Jésus, Son rejet, Ses souffrances et Sa mort. Chacun pouvait le lire. Et tout cela, eux l’avaient accompli ! L’ignorance de la Parole écrite conduit au rejet de la Parole vivante. Il n’en va pas autrement aujourd’hui dans la chrétienté.
Il est rare que Paul soit aussi bref qu’ici ! La mort de Jésus n’est pas mentionnée expressément. Voulait-il épargner autant que possible ses auditeurs Juifs ? Pourtant il parle du bois et du sépulcre. S’ils L’ont descendu du bois, c’est évidemment parce qu’au préalable ils L’avaient « pendu au bois » (5:30 ; 10:39). Pour les Juifs quelqu’un de pendu au bois était une maudit (Deut. 21:23 ; Gal. 3:13). C’est la place qu’ils donnèrent à Jésus. Qu’Il ait porté nos péchés en son corps sur le bois (1 Pierre 2:24), c’est un autre côté des choses, très réjouissant. Sans la croix de Christ, il n’y a pas de salut. La Parole du salut que Paul prêchait n’avait pas pour contenu la vie du Seigneur Jésus, mais Sa mort à la croix.
Par Luc 23 nous savons que Joseph d’Arimathée a été celui qui a emporté le corps de Jésus, et l’a déposé « dans un sépulcre taillé dans le roc, où personne n’avait jamais été déposé » (Luc 23:50-54). Jean nous fait savoir que Nicodème l’aida (Jean 19:38-42). Si Paul attribue ici aux Juifs (il continue à utiliser le même pronom personnel « ils ») le fait d’avoir emporté le corps de Jésus et de l’avoir enseveli, il est possible que ce soit parce que ces deux hommes appartenaient au conseil supérieur et que leur action a été ainsi imputée à tout le sanhédrin.
Mais peut-être faut-il montrer que les conducteurs religieux étaient responsables pour le tout. Ils avaient, comme Pierre le leur reproche, mis à mort le Seigneur en le pendant au bois (5:30). Ils portaient ainsi la responsabilité de ce que Jésus avait été emporté et enseveli, même si d’autres l’avaient fait pour eux.
Le fait que le Seigneur ait été enseveli
[= mis au tombeau] fait partie des fondements de l’évangile
(1 Cor. 15:3, 4). D’un côté cela souligne le caractère définitif de Sa mort, mais
d’un autre côté cela souligne aussi la réalité de Sa résurrection.
Des contrastes forts s’ouvrent à nous ici. Dans les versets 17 à 25, Dieu est partout Celui qui agit. Tout ce qui est rapporté, c’est Lui qui l’a fait. Mais dans les versets 26 à 29, les acteurs sont les conducteurs et le peuple aveugle. Tout ce qui est dit, c’est eux qui l’ont fait. Maintenant quand Paul poursuit sa prédication, c’est de nouveau Dieu qui est le grand acteur devant nos cœurs. Quel contraste évident entre ce que l’homme fait et ce que Dieu fait — de Jésus !
« Mais Dieu l’a ressuscité d’entre les morts. Et il a été vu pendant plusieurs jours par ceux qui étaient montés avec lui de la Galilée à Jérusalem, qui sont maintenant ses témoins auprès du peuple » (13:30, 31).
L’apôtre Paul, comme Pierre, insiste sur la résurrection du
Seigneur. Il avait parlé de Sa mort et de Son ensevelissement, et maintenant il
montre que Dieu L’a ressuscité d’entre les morts. Nous avons déjà médité sur 1
Cor. 15. Nous avons là les trois mêmes éléments de l’évangile, car :
« je vous ai communiqué avant toutes choses ce que j’ai aussi reçu, que
Christ est mort
pour nos péchés,
selon les écritures, et qu’il a été enseveli
,
et qu’il a été ressuscité
le
troisième jour, selon les écritures » (1 Cor. 15:3, 4). La résurrection du
Rédempteur par Dieu est la vérité qui couronne l’évangile. Car si Christ n’avait
pas été ressuscité, nous serions encore dans nos péchés (1 Cor. 15:17).
Ainsi notre verset (13:30) commence par cette expression bénie de « Mais Dieu » : « Mais Dieu l’a ressuscité d’entre les morts ». L’acte de Dieu est mis en contraste complet avec l’action des habitants de Jérusalem et de leurs conducteurs. Ceux-là avaient fait mourir Jésus comme un maudit. Mais Dieu a justement fait le contraire à son égard. Par le fait qu’Il a ressuscité d’entre les morts Celui qu’ils avaient tué, Il a mis son sceau sur Lui comme Rédempteur accrédité par Lui. Cette courte phrase (13:30) traduit un fait, un acte du Dieu tout-puissant.
L’expression « ressuscité d’entre les morts
» avait déjà été utilisée par Pierre (3:15).
Elle signifie que Lui seul a été ressuscité, tandis que les autres morts sont
resté morts. Nous rencontrons cette tournure de phrase très souvent dans le
Nouveau Testament, quand il est question du caractère de la résurrection du
Seigneur Jésus : c’est une résurrection
hors de
. Or la résurrection des croyants porte aussi ce caractère (Marc
9:9, 10 ; Luc 20:35 ; Phil. 3:11).
Le fait que Dieu ressuscite d’entre
les morts
exprime non seulement Sa puissance, mais encore davantage Son bon plaisir
en ceux à l’égard desquels
Il procède de cette manière sélective. En premier, cela a concerné le Seigneur Lui-même.
Dieu a fait connaître Son bon plaisir en Celui qui est « les prémices de
ceux qui sont endormis » par le fait qu’Il L’a ressuscité d’entre les
morts (1 Cor. 15:20). La même faveur deviendra la part, dans leur résurrection,
de ceux qui sont morts dans la foi — de tous « ceux qui sont du Christ, à
sa venue » (1 Cor. 15:23). Dieu soit béni pour ces choses bienheureuses qu’Il
nous fait connaître !
Paul mentionne encore courtement des preuves précises de la résurrection de Jésus : beaucoup de témoins
L’ayant vu ressuscité et ayant
parlé avec Lui, vivaient encore. Il pensait aux disciples du Seigneur (apôtres)
qui sont ceux qui L’ont connu le plus longtemps et le mieux, qui aussi avaient
fait avec Lui tout le chemin de la Galilée vers Jérusalem. Paul aurait aussi pu
parler de lui comme témoin : N’avait-il pas vu en gloire « Jésus le
Nazaréen » (22:8 ; 1 Cor. 9:1) ? Mais cette vision céleste n’avait
été perçue que de lui, c’est pourquoi les disciples qui ont accompagné le
Seigneur avant Sa crucifixion, étaient des témoins plus qualifiés auprès du
peuple.
Le Ressuscité leur était apparu « pendant plusieurs jours » est-il dit ici. Selon le début des Actes, nous savons que cela a duré 40 jours (1:3). En tout cas, ce temps a été suffisamment long pour exclure toute mystification.
Une circonstance se rajoute encore qui faisait de ces disciples des témoins appropriés de la résurrection : ils n’avaient pas été les plus rapides à reconnaître et à accepter le Seigneur ressuscité. C’est avec hésitations, et même beaucoup d’hésitations qu’ils s’étaient mis à reconnaître que Celui qu’ils croyaient mort, vivait, et qu’Il était justement Celui qui se tenait devant eux. Leur foi a eu besoin de quelques temps pour saisir la vérité de Sa résurrection. Mais justement, ceci qui était en soi humiliant, faisait maintenant d’eux des témoins d’autant plus qualifiés auprès du peuple incrédule.
C’est en premier lieu par les déclarations de l’Écriture Sainte qu’il est rendu témoignage à la réalité de la résurrection du Seigneur. C’est la Parole de Dieu qui a de loin le plus grand poids comme « témoin ». Cependant Dieu, dans Sa grâce, a donné des témoins oculaires, dont un bon nombre ont scellé de leur vie leur témoignage pour le Seigneur.
Pour témoigner de la mort
du Seigneur, il suffisait de trois
jours selon les pensées de Dieu. Mais pour confirmer sa résurrection
, Il a estimé qu’il fallait quarante
jours. Tout cela est merveilleux. Mais celui qui parlait
ici, était en ce temps-là un ennemi acharné du Crucifié.
Jusqu’ici l’apôtre s’est limité à présenter des faits sous une forme objective, et en dernier lieu la résurrection de Jésus et sa confirmation par des témoins oculaires. Maintenant il change de style, et prend une tonalité personnelle en parlant de « nous ». Subitement, il se transforme en évangéliste.
« Et nous, nous vous annonçons la bonne nouvelle quant à la promesse qui a été faite aux pères, que Dieu l’a accomplie envers nous, leurs enfants, ayant suscité Jésus ; comme aussi il est écrit dans le Psaume second : « Tu es mon Fils, moi je t’ai aujourd’hui engendré » (13:32, 33 ; Ps. 2:7).
Ce n’est pas la bonne nouvelle comme telle qui figure ici au
premier plan, mais le fait que Dieu l’a accomplie envers « nous »,
les enfants des pères, (à savoir Paul, Barnabas et les auditeurs juifs). Et par
quel moyen Dieu l’a-t-Il accomplie ? Par le fait qu’Il a « suscité
» Jésus. En rapport avec le
verset 22 nous avons déjà vu que le même terme grec a deux significations selon
le contexte où il se trouve, soit « suscité » soit « ressuscité ».
Ici comme au verset 22, il s’agit d’élever une personne dans une certaine
position ou de l’introduire dans un certain service ou une certaine fonction.
Comme Dieu autrefois a suscité aux pères David comme roi, ainsi maintenant Il a
suscité à Ses enfants Jésus comme Sauveur (comp. 13:23).
Si nous regardons chaque passage des Actes où il est question de
susciter
, nous voyons tout de suite
clairement, que par ce terme, il est fait allusion à davantage que la simple naissance
de la personne en question. Au ch. 3 Pierre cite une déclaration de
Moïse : « Le Seigneur, votre Dieu, vous suscitera
d’entre vos frères un prophète comme moi ; vous l’écouterez
dans tout ce qu’il pourra vous dire » (3:22). Et un peu plus tard :
« À vous premièrement, Dieu ayant suscité
son serviteur, l’a envoyé pour vous bénir » (3:26). Étienne citait également
le passage de Deut. 18:15 : « Dieu vous suscitera
d’entre vos frères un prophète
comme moi » (7:37).
C’est une portée pareillement vaste qui caractérise la citation du Ps.2 par laquelle Paul fonde le fait que Jésus a été suscité du milieu du peuple : « Tu es mon Fils, moi je t’ai aujourd’hui engendré ». Remarquons d’abord que cette citation ne se rapporte pas à la relation éternelle de Fils du Seigneur Jésus, mais à la vérité que c’est également en tant qu’Homme, né dans ce monde, qu’Il est Fils de Dieu. Hormis Lui, personne né de femme n’est un Fils de Dieu. C’est de Lui seul qu’il est dit à Marie : « c’est pourquoi aussi la sainte chose qui naîtra sera appelée Fils de Dieu » (Luc 1:35).
Il vaut la peine de mentionner aussi que le v. 7 du Ps. 2 ne vise pas uniquement l’incarnation de Jésus, mais, comme le contexte d’Actes 13 le montre, il vise aussi l’établissement du Fils dans la dignité (messianique) qui lui revient. En Héb. 1:5, ce verset du Ps. 2 est aussi cité pour montrer que Dieu a élevé le Seigneur Jésus au-dessus des anges, — également parce qu’aussi en tant qu’Homme, il est Fils. Cela fait ressortir toute la profondeur des citations que Paul fait de l’Ancien Testament. Nous allons tout de suite en trouver d’autres exemples.
Nous pouvons être frappés de ce que Paul ne parle que des pères et de leurs enfants (les Juifs) et qu’il laisse de côté les nations (les païens). L’explication en est d’abord dans le fait que l’œuvre de Jésus fut faite presque entièrement parmi les Juifs. Ensuite la promesse (nous pouvons penser, par exemple, à És. 9:6) était adressée aux pères. Comme chaque promesse de Dieu, celle-ci trouve en Jésus Christ son vrai centre et son réalisateur (2 Cor. 1:20).
De toute cette prédication, il ressort clairement combien Paul s’est donné beaucoup de peine pour gagner ses auditeurs Juifs. Il montre toujours à nouveau ce que Dieu a fait pour les pères, et maintenant pour eux aussi, leurs enfants. Son auditoire païen n’était pas son souci, mais ils n’étaient pas oubliés.
Après avoir parlé du Seigneur suscité
comme serviteur en Israël, Paul se met maintenant à parler
de la résurrection
de Jésus ; le
« Or » (ou : « mais ») les avertit du danger de
méconnaître la différence entre suscité et ressuscité.
« Or qu’il l’ait ressuscité d’entre les morts, pour ne plus retourner à la corruption, il l’a dit ainsi : « je vous donnerai les grâces assurées de David » (Actes 13:34).
Il a déjà été présenté au v. 30 que Dieu a ressuscité le Seigneur Jésus d’entre les morts. Il a aussi été question des témoins oculaires de la résurrection (13:31). Pourquoi donc celui qui parle revient-il en arrière encore une fois sur la résurrection de Jésus ? La raison en est double. D’un côté la vérité de la résurrection du Seigneur devait être étendue à un aspect supplémentaire essentiel. D’un autre côté l’auditoire devait apprendre de quelle manière cet événement grandiose avait été annoncé auparavant dans les saintes Écritures de l’Ancien Testament.
En ce qui concerne le premier point : la résurrection
inclut plus que simplement le fait du retour de Jésus à la vie. Cela avait eu
lieu avec Lazare et avec d’autres. Mais ceux-là sont morts une nouvelle fois. Il
n’en a pas été ainsi du Seigneur. Il a été ressuscité afin qu’Il « ne
retourne plus à la corruption ». Ceci n’exprime pas que Jésus a connu la
corruption quand Il est mort. Nous allons voir tout de suite que ce n’est pas
le cas. L’expression « ne
devoir
plus
retourner à la corruption »
a ici la signification que « plus
jamais
il ne
devra retourner à la
corruption ». Je pense que cela veut simplement dire que notre Seigneur
est ressuscité pour ne plus mourir une nouvelle fois. Il se trouve complètement
de l’autre côté de la mort.
Deux citations établissent maintenant que la résurrection du Seigneur Jésus était prédite par les Écritures de l’Ancien Testament. Dans la première, il n’est pas si facile au premier coup d’œil, de reconnaître qu’il s’agit de la résurrection de Christ. Mais Dieu s’est ainsi exprimé — justement de cette manière. Et c’était Dieu Lui-même qui parlait ainsi, quel que soit l’instrument qu’Il ait utilisé pour le faire.
« Je vous donnerai les grâces assurées de David ». C’est
une citation d’Ésaïe 55:3. Juste avant ces quelques mots, le prophète parle de
la promesse du Seigneur de « faire une alliance éternelle » (1) avec
le peuple d’Israël. Pour expliquer cette alliance, le prophète poursuit et il parle
« des grâces assurées (c’est-à-dire immuables) de David » (2). Ces
deux expressions se correspondent l’une à l’autre. Elles parlent de la même
chose, mais avec des mots différents et un renforcement différent. « Les
grâces assurées de David » sont
« l’alliance
éternelle ».
Cependant les Israélites n’avaient-ils pas gâché depuis longtemps les promesses que Dieu avait donné dans Sa grâce à David et à Sa descendance (2 Sam. 7:11-16 ; Ps. 132:11), —au plus tard lors de la crucifixion de leur Messie ? Et par cela le Messie n’avait-Il pas été « retranché » sans qu’Il n’« ait rien » (Dan. 9:26) ? Toute espérance n’était-elle pas morte pour eux ?
Combien il est heureux, que Pierre au temps du Nouveau
Testament, puisse dire au sujet des Juifs croyants que Dieu, selon sa grande
miséricorde, les a « régénérés pour une espérance vivante par la
résurrection de Jésus Christ d’entre les morts » (1 Pierre 1:3) ! Les
grâces de David ne sont assurées
que parce
que Christ est mort et a été ressuscité ; l’alliance ne peut être éternelle
que pour la même raison. Lui
est la vraie postérité de David, le garant de toutes les promesses faites à
David. Toutes les espérances pour Son peuple terrestre, comme aussi céleste, sont
fondées en Lui — en Lui qui ne peut pas être atteint par la corruption et qui mène
tout jusqu’à l’achèvement.
Il est alors extrêmement consolant que les trois premiers
versets d’Ésaïe 55 soient aussi une invitation aux nations :
« Ho ! quiconque
a soif,
venez… venez… venez ». L’alliance conclue avec Israël est aussi pour ceux
qui sont issus d’elles. Eux aussi doivent avoir part aux grâces assurées de
David. Le Seigneur n’avait-Il pas dit en parlant de Sa crucifixion :
« si je suis élevé de la terre, j’attirerai tous
les hommes à moi-même » (Jean 12:32) — les Juifs comme
les païens ? Cela rend la citation d’Ésaïe 55 d’autant plus significative
pour l’auditoire de l’évangéliste d’Antioche, car ils étaient pour la plupart d’origine
païenne.
La crucifixion de Christ jette donc une lumière brillante sur la parole d’Ésaïe 55:3. Ce n’était que sur cette base que les grâces de David promises longtemps à l’avance pouvaient devenir réalité. Quelle « espérance vivante » !
Christ n’a pas vu la corruption— Actes 13:35-37
Or Dieu, par la bouche de David, avait parlé encore dans d’autres passages de la résurrection de son Fils. Nous arrivons par-là à la clé de voûte des déclarations divines, comme un couronnement final. Au Ps. 2:7, David (*) avait devant les yeux le Messie, Jésus dans Sa naissance et tout Son ministère. Quant à És. 55:3, dans ce passage bien remarquable, le prophète avait à l’esprit la résurrection de Christ et le fait qu’il serait au-delà de toute corruption. Cependant, si Dieu parlait de la manière dont Il le fait en Ésaïe 55, c’est parce qu’ailleurs, dans un Psaume (Ps. 16, également de David) il avait encore exprimé quelque chose d’absolument essentiel. Et c’est ainsi que la dernière citation est introduite par un « c’est pourquoi » et elle se rattache à la citation précédente.
(*) Pierre, qui cite également le Ps. 2 en Actes 4:25, 26, l’attribue à David sous l’inspiration du Saint Esprit, bien que, dans le texte hébreu de l’Ancien Testament, l’identité de l’auteur de ce Psaume reste une question en suspens. C’est un détail remarquable.
« C’est pourquoi il dit aussi dans un autre endroit : « Tu ne permettras point que ton saint voie la corruption ». Car David, après avoir, en sa propre génération, servi au conseil de Dieu, s’est endormi, et a été réuni à ses pères, et a vu la corruption ; mais celui que Dieu a ressuscité, n’a pas vu la corruption » (13:35-37).
Il est étonnant de voir à quel point l’apôtre de l’incirconcision se rapproche ici de l’apôtre de la circoncision. Tous les deux citent le Ps. 16. Pierre avait parlé aux Juifs, au jour de la Pentecôte à Jérusalem, sur ce Psaume, et l’avait exposé avec une force irrésistible (2:25-31). Paul est un peu plus bref devant les Juifs et les prosélytes d’Antioche, mais le cœur de sa déclaration, ce autour de quoi tout tourne, est identique : « Tu ne permettras pas que ton saint voie la corruption ». Les deux esclaves du Seigneur montrent clairement que, par ces paroles, Dieu parlait de la résurrection de Christ, et les deux le prouvent de la même manière.
David était prophète, et il est évident qu’au Psaume 16 d’où Paul tire sa citation, le patriarche ne parle pas de lui-même ; car en ce qui le concerne, il est mort (il s’est endormi), il a été enseveli et a vu la corruption. Non, il écrivait au sujet d’un Autre — au sujet de Celui que Dieu a ressuscité d’entre les morts, le Seigneur Jésus Christ. Sinon, qui, serait concerné par ce passage ? Et qui, en dehors du Fils de Dieu, pourrait être nommé « son saint » ? Qui des autres morts n’a pas vu la corruption ? Certes Dieu n’a pas préservé son Christ de la mort, mais Il L’a ressuscité au troisième jour, de sorte qu’Il n’a pas vu la corruption.
Je voudrais m’occuper encore d’un court passage, car il touche
le cœur à tous égards : « David, après
avoir, en sa propre génération, servi à la volonté [JND :
au conseil] de Dieu
, s’est endormi » (13:36). La question de savoir s’il
faut traduire « en son temps » ou « en sa propre génération »
n’est pas essentielle pour le moment. Ce qui est touchant est ceci : Dieu
atteste que Son serviteur David a servi en son temps à Sa volonté [à Son
conseil], la volonté de Dieu. Quand nous passons en revue la vie de David, nous
y voyons bien des hauts et des bas. Cependant il y a comme un fil rouge qui traverse
toute sa vie : le désir intérieur de faire la volonté de Dieu. C’est pour
cela qu’il était un homme selon le cœur de Dieu (voir 13:22). « David… qui
fera toute ma volonté » est-il écrit dans ce v. 22. Si comme jeune homme
il avait gardé le troupeau de menu bétail de son père, si plus tard il s’est assis
sur le trône royal et a gouverné le peuple, dans tous les cas il a servi à la
volonté [au conseil] de Dieu, à Sa volonté. Qu’il frappe l’ours ou le
Philistin, cela ne faisait pas de différence pour lui : c’était la volonté
de Dieu qui le conduisait.
Nous pouvons être sûrs, en nous servant d’une image de l’Ancien Testament, qu’aujourd’hui déjà, tous nos faits et gestes sont communiqués par le Saint Esprit au vrai Boaz : « Tout… m’a été rapporté… » (Ruth 2:11). Mais au jour où notre course terrestre prendra fin, le divin Narrateur écrira-t-Il au sujet de notre vie la même chose qu’au sujet de la vie de David : « il a servi, en sa propre génération, à la volonté [au conseil] de Dieu » ? Que Dieu l’accorde au lecteur de ces lignes comme à celui qui les a écrites.
Le prédicateur de la synagogue d’Antioche de Pisidie atteint le point culminant de sa prédication, par une proclamation solennelle à ses frères Juifs.
« Sachez donc, hommes frères, que par lui vous est annoncée la rémission des péchés, et que de tout ce dont vous n’avez pu être justifiés par la loi de Moïse, quiconque croit est justifié par lui » (13:38, 39).
Avec ce « donc » Paul introduit la conclusion ou le résultat de tout ce qui a été dit précédemment. Il met en avant deux faits : 1° le pardon des péchés est annoncé ; 2° quiconque croit est justifié. Le premier point est une vérité d’ordre général, le second est quelque chose que tout homme doit s’approprier personnellement. Ces deux faits sont en liaison extrêmement étroite avec « Lui » (« par Lui »), ce Jésus que Paul a présenté comme Sauveur (13:23).
Les grâces assurées de David dont il a été parlé, se rapportent
à Israël dans l’avenir. Dieu conclura une nouvelle alliance avec les deux maisons
d’Israël, et une partie de cette alliance sera le pardon des péchés
(Jér. 31:31-34 ; Héb. 8:8-10). Même si c’est une promesse
pour Israël qui ne sera honorée qu’à la fin des jours, il
y a quand même le pardon des péchés déjà aujourd’hui et dans un sens plus étendu.
C’est une bénédiction chrétienne présente
.
Comme résultat de l’œuvre propitiatoire de Jésus Christ, de Sa mort et de Sa
résurrection, le pardon des péchés aujourd’hui n’est pas seulement promis, mais
il est annoncé. C’est aussi ce dont un pécheur a besoin en premier, qu’il soit
issu du peuple Juif ou des nations.
L’apôtre parle avec autorité : « Sachez donc, hommes frères… ». Il ne fait aucune citation de l’Ancien Testament pour ce qu’il dit. Ses paroles sont directement des oracles de Dieu, inspirés ou enseignés par le Saint Esprit (1 Cor. 2:13). Et comme il annonçait en ce temps-là quelque chose de très important à ses auditeurs pour qu’ils le sachent, de même aujourd’hui nous devons savoir en toute certitude « que par lui vous est annoncée la rémission des péchés ».
C’est par le Seigneur Jésus seul, par Celui qui a été crucifié et ressuscité, que le pardon des péchés est venu jusqu’à nous. L’apôtre Pierre avait déjà parlé à ce sujet, au jour de la Pentecôte et plus tard dans la maison de Corneille, (2:38 et 10:43). Seul celui qui croit en Lui reçoit ce pardon, avait-il dit. Le mot grec pour « pardon » (aphesis) signifie proprement « envoyer loin ». Il y a un sens passif dans cette expression. Cela veut dire : C’est Dieu lui-même qui « envoie loin » les péchés, — loin de nous et loin de Sa face.
Ce n’est que « par Lui », par Jésus Christ, que Dieu peut agir de cette manière. Lui est pour ainsi dire — nous le disons avec tout le respect possible — « l’instrument » divin pour cela. La préposition grecque « dia » = « par » est régulièrement utilisée quand il s’agit de décrire l’instrument d’un processus. C’est cette préposition qui figure ici. C’est déjà quelque chose d’élevé que ce pardon soit donné à connaître de manière cérémonielle, solennelle et glorieuse ; car c’est ce que signifie l’expression grecque pour « annoncer ».
Le pardon des péchés est une bénédiction élémentaire qui
appartient au fondement de notre position chrétienne. Ce pardon nous l’avons
en Christ, le Fils de l’amour du
Père (Col. 1:13, 14). S’il est « annoncé » aujourd’hui
, cela montre clairement qu’au temps de l’Ancien
Testament cette bénédiction n’était pas encore révélée. Elle n’était ni la
part, ni la possession des saints de ce temps-là. Car Christ n’était pas encore
venu, et n’avait pas encore accompli l’œuvre de la rédemption, sur la base de
laquelle seule, Dieu peut pardonner les péchés. Du point de vue de l’histoire
du salut, aucun d’entre eux ne possédait la « rédemption par son sang, la
rémission des fautes » comme cela est vrai de nous aujourd’hui (Éph. 1:7). La question des péchés n’était pas encore réglée
selon Dieu. Ce que l’Écriture nomme « la rédemption, la rémission des
péchés » (Col. 1:14) n’existait pas encore. Ce n’est que lorsque Christ
est entré dans le ciel au moyen de Son propre sang, qu’Il nous a acquis une
rédemption éternelle (Héb. 9:12).
C’est ainsi qu’en rapport avec ce temps-là, l’Écriture ne parle que du « support des péchés précédents dans la patience de Dieu » (Rom. 3:25, 26). Il y avait le support, mais pas le pardon. Les victimes offertes sous l’ancienne alliance n’étaient qu’un acte « remémoratif de péchés, car il était impossible que le sang de taureaux et de boucs ôte les péchés » (Héb. 10:3, 4). Le fait que les péchés soient remémorés montre que les péchés étaient encore présents et qu’ils n’étaient pas effacés.
Or il est absolument vrai que les croyants de l’Ancien Testament, comme par exemple Énoch, Abraham, Moïse ou David pour n’en nommer que quelques-uns, avaient largement dépassé, dans la hardiesse de leur foi, ce que Dieu avait révélé en leur temps et pour leur temps. Bien sûr, à l’égard de leur vie et aussi du temps qui suivrait, ils n’étaient pas dans l’inquiétude au sujet de leurs péchés. Ils se confiaient entièrement en Dieu à ce sujet, et ils savaient qu’Il agirait avec justice. Cependant cela ne change pas le fait que la question des péchés en tant que tels, n’était pas fondamentalement clarifiée, et qu’en conséquence Dieu ne pouvait pas encore parler de pardon des péchés — sinon dans un sens prophétique et futur.
En fait, ceci est typique de la Parole de Dieu dans l’Ancien Testament : quand elle parle de pardon des péchés, il s’agit d’une bénédiction pour l’avenir. Prenez par exemple le Psaume 32 bien connu : « Bienheureux celui dont la transgression est pardonnée, et dont le péché est couvert ! » (Ps. 32:1). Ici il est question prophétiquement du résidu Juif croyant des jours futurs, qui traversera un jour la grande tribulation, et qui confessera ses transgressions au Seigneur. Alors ils feront l’expérience heureuse : « et toi, tu as pardonné l’iniquité de mon péché » (Ps. 32:5). Nous nous sommes déjà occupés du fait que le pardon des péchés sera un élément essentiel de la nouvelle alliance (Jér. 31:31 et suiv.).
Il reste encore à remarquer que, dans un sens restreint, les
croyants de l’Ancien Testament ont vécu le pardon de leurs péchés. Mais cela se
rapporte en principe à ce qu’on peut appeler un « pardon temporel »
en contraste avec le pardon éternel de Dieu — un pardon en rapport avec les voies gouvernementales de Dieu
à leur
égard. Le Psaume 32 peut aussi être compris de cette manière. Quand Dieu leur pardonnait
à la suite de leur confession, Il ôtait Sa main en discipline de dessus eux, et
ne laissait pas venir sur eux tel ou tel mal.
Quand nous réfléchissons à tout cela correctement, combien il
est merveilleux de pouvoir vivre dans des jours où le pardon des péchés est
annoncé comme une bénédiction accessible à quiconque ! Il s’agit non
seulement du pardon d’un
péché, mais
de tous
les péchés — et du pardon non
pas en vue du temps, mais pour l’éternité.
Aussi important et fondamental que soit le pardon des péchés,
Paul parla de quelque chose d’encore plus grandiose : la justification
. La justification d’une
personne pécheresse va plus loin que le pardon des péchés. Les péchés sont
pardonnés, mais la justification concerne la personne. Nous allons voir cela
encore plus clairement.
« De tout ce dont vous n’avez pu être justifiés par [littéralement :
dans
] la loi de Moïse, quiconque
croit est justifié par lui [littéralement : en lui] » (13:39).
La loi de Moïse ne pouvait justifier ni personne, ni de rien. La loi est bien sainte, et le commandement saint, et juste, et bon (Rom. 7:12). Elle est capable de montrer le péché, mais n’est pas capable de justifier du péché. La loi doit bien plutôt condamner le mal qu’elle rencontre.
Les deux moitiés du verset 39 sont en contraste direct l’une par rapport à l’autre :
Dans la loi de Moïse, —— justifiés de rien du tout
En Lui (en Jésus) —— quiconque croit est justifié
La pensée n’est pas que quelques péchés peuvent être enlevés par la loi, et que pour d’autres la loi n’est pas en état de les effacer. Non, la loi concerne tous les péchés. Il n’est pas possible à la loi de justifier quelqu’un du moindre péché. Comme il est dit en Rom. 3:20 : « nulle chair ne sera justifiée devant lui par des œuvres de loi ».
En ce qui concerne le mot « justifier » (en grec : dikaioo), il se rencontre ici dans le livre des Actes pour la première fois. Il est utilisé dans le Nouveau Testament exclusivement dans un sens religieux, et il désigne la sentence judiciaire de Dieu. Romains 8 le montre clairement : « C’est Dieu qui justifie ; qui est celui qui condamne ? » (Rom. 8:34). « Justifier » décrit cet acte de la grâce de Dieu par lequel une personne est établie comme juste, elle est déclarée juste ou est avérée juste.
La justification est un acte d’imputation
divine ; elle ne signifie pas que quelqu’un fait
ce qui est juste. Abraham a cru et
cela lui a été compté à justice
(Gen. 15:6 ; Rom. 4:5 ; Gal. 3:6). Si « justifier »
est utilisé en relation avec le péché, comme dans notre passage du livre des
Actes, alors il s’y associe la pensée d’acquittement du péché et de la
culpabilité : « justifié de tout [le mal] » signifie donc que
quelqu’un en est acquitté. On trouve cette signification par exemple en Rom.
6:7 : « Car celui qui est mort est justifié [= acquitté] du
péché ».
Maintenant nous comprenons mieux pourquoi la justification va plus loin que le pardon : la personne est déclarée juste, comme si elle n’avait jamais péché. Sur la base de la loi, cela n’est pas possible. On est acquitté du péché seulement parce qu’un autre a porté le châtiment de notre paix. « Car ce qui était impossible à la loi, en ce qu’elle était faible par la chair, Dieu, ayant envoyé son propre Fils en ressemblance de chair de péché, et pour le péché, a condamné le péché dans la chair » (Rom. 8:3).
Merveilleux amour de Dieu ! Dieu qui savait tout sur nous et sur nos péchés, a envoyé Son Fils unique afin qu’Il mourut pour nous. « Celui même qui n’a pas épargné son propre Fils, mais qui l’a livré pour nous tous… » (Rom. 8:32). « Lui-même a porté nos péchés en son corps sur le bois » (1 Pierre 2:24). Le Seigneur Jésus s’est tenu à notre place sous le jugement et a reçu en son propre corps sur la croix les coups du jugement de Dieu pour ce que nous avions fait, y compris pour ce que nous étions par nature. Que Son Nom en soit éternellement béni !
Le résultat glorieux maintenant est que tous ceux qui viennent à Lui en reconnaissant leur culpabilité, et qui s’appuient avec une foi simple sur l’œuvre substitutive de Christ, sont « justifiés de tout » par Dieu lui-même. Quand Dieu justifie, qui pourrait contredire et condamner ? Il n’y a pas de cour d’appel, pas de cours de degré supérieur. Dieu est le Juge de dernière instance, le Juge de plus haut niveau, le Juge de tout et de tous ; Lui qui sait tout sur nous, Il a exercé Son jugement sur tous nos péchés, toutes nos fautes. « Justifié de tout », quelle assurance cela nous donne ! Non seulement tout le fardeau des péchés est ôté pour toujours de nos consciences, mais le pécheur coupable est justifié de tout par Dieu lui-même, sur la base de l’œuvre propitiatoire parfaite de Christ. La question de la culpabilité n’est plus jamais soulevée pour le croyant.
À ses auditeurs dans la synagogue, Paul signale cette bénédiction infinie avec ces mots brefs : « de tout… quiconque croit est justifié par lui ». S’agissant de celui qui opère, il met l’accent sur « Lui », Celui dont il leur a déjà tant parlé ; et il établit maintenant que quiconque croit, quel qu’il puisse être, est justifié « en lui » (en Jésus).
Dans le Nouveau Testament grec, trois prépositions sont
utilisées en relation avec le verbe « justifier ». En premier lieu il
est dit que nous sommes justifiés « par
la foi » (Rom. 5:1), non pas « par
des œuvres de loi » (Gal. 2:16). La préposition « ek »
= « par » désigne dans une telle connection
le principe
sur lequel quelque chose
se passe ou ne se passe pas. Nous sommes justifiés sur le principe de la foi,
et non pas sur le principe des œuvres. La justification découle de la foi, et
non pas des œuvres de loi.
Nous apprenons alors que l’homme n’est justifié qu’à travers
(ou : par le moyen de
) la foi en Jésus Christ
(Gal. 2:16). Ici figure la préposition « dia » = « à travers,
par le moyen de », qui sert à donner l’instrument
.
La foi en Jésus Christ est, de notre côté, l’instrument qui conduit à ce
résultat précieux. Ainsi il est dit dans notre texte que « quiconque croit »
est justifié.
La troisième préposition est « en » = « dans,
dans la puissance de ». Il y a, en tout, trois passages dans le Nouveau
Testament, où cette préposition est utilisée en relation avec la justification.
Le premier est celui de notre texte, « … justifié en [par] lui », c’est-à-dire :
« dans la puissance de Lui » Jésus, quiconque croit est justifié. En
accord avec cela, il est alors dit en Galates 2 que nous sommes justifiés « en
Christ » (Gal. 2:17). Le troisième passage se trouve en Rom. 5, et il met
l’accent sur la base de notre justification par les mots suivants : « beaucoup
plutôt donc, ayant été maintenant justifiés par
son sang (littéralement : dans
son sang » (Rom. 5:9). Quelle grâce ! nous sommes justifiés dans la
puissance de Christ, dans la puissance de son sang.
Grâce à la puissance du sacrifice parfait de Christ, « quiconque croit » peut aujourd’hui entrer dans cette bénédiction. « Quiconque croit » est comme un chèque en blanc sur lequel tout individu peut s’inscrire au-dessus de la signature du Sauveur Jésus Christ (13:23). Paul parle à des Juifs et des païens, et « quiconque croit » s’adresse à tous. Du fait que la justification est « par la foi », et non pas « par les œuvres », elle est ouverte aussi bien à ceux qui viennent des nations qu’aux Juifs.
Dieu soit béni ! Cela est vrai jusqu’à aujourd’hui.
« Prenez garde qu’il ne vous arrive ce qui est dit dans les prophètes : « Voyez, contempteurs [gens qui méprisent], et étonnez-vous, et soyez anéantis [traduit en allemand par : « disparaissez »] ; car moi, je fais une œuvre en vos jours, une œuvre que vous ne croiriez point, si quelqu’un vous la racontait » (13:40, 41).
Était-il possible qu’on puisse ne pas
accepter un évangile aussi merveilleux que celui que Paul avait
prêché ? Pourtant quiconque connaît le cœur de l’homme sait qu’il est
mauvais. N’en avons-nous pas fait nous-mêmes l’expérience ? Saul de Tarse
n’avait-il pas lui-même résisté à la vérité, jusqu’à ce que le Seigneur lui
barre finalement le chemin par ces paroles : « Saul, Saul, pourquoi
me persécutes-tu ? » ? Si quelqu’un connaissait les sentiments
et les préjugés d’un Juif, c’était bien lui. Et c’est ainsi que l’apôtre termine
sa prédication empreinte de grâce, par un avertissement solennel à la partie
juive de ses auditeurs. Il se tourne vers leurs consciences, et les met en
garde contre le très grand péché d’Israël dans le passé : l’incrédulité.
N’est-ce pas aussi le grand péché dans la chrétienté d’aujourd’hui, l’incrédulité vis-à-vis du Christ de Dieu ? C’est pourquoi l’annonce de l’évangile devrait être accompagnée de l’avertissement quant au jugement éternel.
Paul tire ses paroles d’avertissement du prophète Habakuk (1:5). Il les cite avec les légères modifications de la Septante, la traduction en grec de l’Ancien Testament. Sa citation comprend les deux mots « contempteurs » et « soyez anéantis » qui ne figurent pas dans le texte hébreu.
Les paroles du prophète ne sont pas une prédiction valable directement pour les auditeurs du prédicateur. Elles étaient bien plutôt une annonce du jugement proche aux jours d’Habakuk par le moyen des Chaldéens. Paul ne s’en sert que comme avertissement. Il voit la possibilité d’une analogie ou d’une similitude. L’incrédulité à l’égard du Seigneur Jésus rendrait ses auditeurs semblables à ceux qu’avertissait Habakuk. Par l’incrédulité, ils se mettraient au même niveau que les « contempteurs » d’autrefois, et ils attireraient le même jugement sur eux.
L’« œuvre » que Dieu opérait au temps d’Habakuk (13:41) comprenait aussi le jugement — un jugement
temporaire au moyen de l’invasion des Chaldéens. Ce que l’apôtre a en vue est
ceci : si les Juifs auxquels il prêchait, refusaient l’évangile par
incrédulité, ils rencontreraient un jugement du même ordre : la
destruction de Jérusalem par les Romains. Le Seigneur Jésus avait parlé
prophétiquement de cela dans la parabole du roi qui fit des noces pour son fils
(Matt. 22:7). Nous nous en sommes déjà occupés au début de notre chapitre,
quand nous avons vu comment Barnabas et Saul à Salamine de Chypre
« annonçaient la Parole de Dieu dans
les synagogues des Juifs
» (13:5). La préséance des Juifs (« aux
Juifs premièrement ») trouverait sa fin définitive avec ce jugement.
Le Seigneur n’avait pas parlé seulement en paraboles de cet événement solennel. En chemin vers Jérusalem, comme Il se rapprochait de la ville, le Sauveur vit celle-ci et pleura sur elle, en disant : « Si tu eusses connu… les choses qui appartiennent à ta paix ! … des jours viendront sur toi, où tes ennemis t’entoureront de tranchées, et t’environneront, et te serreront de tous côtés, et te renverseront par terre, toi et tes enfants au dedans de toi ; et ils ne laisseront pas en toi pierre sur pierre, parce que tu n’as point connu le temps de ta visitation » (Luc 19:41-44).
Dans son grand discours prophétique de Luc 21, le Seigneur fait deux fois référence à la destruction de Jérusalem et à la dispersion des Juifs par les Romains en l’an 70 ap. J.C. « Et quand vous verrez Jérusalem environnée d’armées, sachez alors que sa désolation est proche » (Luc 21:20). « Et ils tomberont sous le tranchant de l’épée, et seront menés captifs parmi toutes les nations ; et Jérusalem sera foulée aux pieds par les nations jusqu’à ce que les temps des nations soient accomplis » (Luc 21:24).
Paul devait avoir ces événements présents à l’esprit quand il a fait se ressouvenir des avertissements semblables d’Habakuk. Combien sont solennelles ces trois mises en demeure de Dieu aux hommes : « Voyez » — « étonnez-vous » — « soyez anéantis » ! Pensons bien que c’est Dieu qui utilise de telles paroles, et que finalement il ne s’agit pas seulement d’un jugement temporaire ! Tous ceux qui refusent le salut de Dieu apparu en Christ, auront à subir un jour les conséquences éternelles de leur incrédulité. « Qui croit au Fils a la vie éternelle ; mais qui ne croit pas [ou : désobéit] au Fils ne verra pas la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui » (Jean 3:36).
La grande majorité des hommes d’aujourd’hui ne veut pas « voir » ce que Dieu leur présente. Peut-être « s’étonnent-ils » encore à ce sujet. Ils entendront un jour la parole : « disparaissez » ! (ou : « soyez anéantis » !). « Allez-vous-en loin de moi, maudits, dans le feu éternel » (Matt. 25:41) dira un jour la même voix qui aujourd’hui invite encore en disant : « Venez ! », « Venez à moi, vous tous qui vous fatiguez et qui êtes chargés, et moi, je vous donnerez du repos » (Matt. 11:28). Cette invitation a été continuellement adressée aux hommes tout au long des siècles, et elle a été entendue un nombre incalculable de fois. Mais l’ordre « soyez anéantis », « allez-vous-en loin de moi » ne sera prononcé et entendu qu’une fois.
Dieu révélera du ciel, en temps voulu, sa colère sur toute
impiété et toute iniquité des hommes qui possèdent la vérité tout en vivant
dans l’iniquité » (Rom. 1:18). « Car si la parole prononcée par les
anges a été ferme, et si toute transgression et désobéissance a reçu une juste
rétribution, comment échapperons-nous
,
si nous négligeons un si grand salut » (Héb.
2:2, 3).
La prédication du grand apôtre des nations dans la synagogue d’Antioche de Pisidie arrivait maintenant à sa fin. L’évangile était annoncé, et l’avertissement de ne pas le rejeter avait été prononcé.
Nous avons vu comment
Paul le prêchait. Il présentait des faits, il les rattachait solidement à la
Parole de Dieu. Sa vive préoccupation était de fonder la foi de ses auditeurs
sur la Parole écrite.
Dans la première partie de sa prédication, il avait présenté
Dieu comme le grand Donateur
, puis
comme Celui qui avait suscité
(David,
Jésus) et ressuscité
(Jésus). Mais il
L’avait aussi montré comme Celui qui accomplit
toutes Ses promesses, Celui qui tient ce qu’Il dit.
Quelles paroles de grâce magnifiques avaient été entendues ce jour-là ! Si Dieu a ce caractère, ne peut-on pas s’en remettre entièrement à Sa Parole et y trouver le repos ? On ne s’étonne pas qu’une telle prédication ait rencontré un profond intérêt, et qu’elle ait touché le cœur des auditeurs, aussi bien des Juifs que des Prosélytes, au point qu’ils demandèrent d’entendre encore davantage sur « ces paroles ».
La réaction à l’annonce de l’évangile à Antioche fut dans un premier temps positive. Cependant dans la dernière partie du chapitre, le tableau si plein d’espérance commence à se troubler. L’évangile et ses messagers rencontrent une résistance acharnée. À côté du bien, se montre ce qui est méchant, à côté de la foi se montre l’incrédulité.
« Et comme ils sortaient, ils demandèrent que ces paroles leur fussent annoncées le sabbat suivant » (13:42).
À la fin du service à la synagogue, les gens qui sortaient exprimèrent le souhait que ces paroles leur soient ré-annoncées le sabbat suivant. « Ces paroles » — elles devaient avoir laissé une forte impression sur l’auditoire, si le souhait de les réentendre a jailli des cœurs si spontanément. Luc ne dit pas expressément de qui émana cette demande. On peut penser d’abord aux Juifs et aux prosélytes qui avaient entendu la prédication. Cependant c’était en premier lieu les chefs de synagogue qui avaient fait la demande initiale. Eux seuls possédaient l’autorité d’inviter des hommes Juifs étrangers à continuer leur exposé dans la synagogue (13:15).
« Et la synagogue s’étant dissoute, plusieurs des Juifs et des prosélytes qui servaient Dieu suivirent Paul et Barnabas qui, leur parlant, les exhortaient à persévérer dans la grâce de Dieu » (13:43).
Les jours qui s’écoulèrent jusqu’au prochain sabbat ne furent pas inutiles. Tandis que la foule se dispersait, il y eut un groupe attentif de gens qui cherchaient sérieusement, issus en partie des Juifs et en partie des prosélytes, et qui s’attacha aux missionnaires. Leur « appétit » spirituel avait été éveillé, de sorte qu’ils ne se contentèrent pas de ce qu’ils avaient entendu, mais cherchèrent la communion des apôtres, pour entendre davantage sur la nouvelle doctrine. Pour ces « pécheurs d’hommes », cela a dû être une grande joie de voir chez ces gens un tel désir venant du cœur. Et ainsi « ils leur parlèrent », s’occupant d’eux et de leurs questions, très vraisemblablement en cercles privés.
Luc ne raconte que l’essentiel de ce dont Paul et Barnabas ont parlé à ces gens. Leur exhortation culminante fut de« persévérer dans la grâce de Dieu ». Cela montre clairement que ces personnes se tenaient déjà dans la grâce, et qu’elles avaient déjà accordé foi au message de Paul au sujet du Sauveur Jésus Christ. Seul, celui qui est déjà dans la grâce de Dieu, peut y persévérer.
Le seul besoin était effectivement de rester dans cette grâce. Il apparaît que Paul et Barnabas prévoyaient qu’il s’élèverait de la résistance contre cette grâce. Ces jeunes croyants furent aussitôt que possible mis à l’épreuve. En fait ils ne se faisaient pas d’illusion ! Aussi les « pécheurs d’hommes » firent comme les pécheurs de la parabole : ils mirent les bons poissons dans des récipients et les mirent ainsi à l’abri des attaques de l’ennemi (Matt. 13:48).
Ainsi dans ces jours-là, avant même le sabbat suivant, des âmes immortelles furent sauvées, et la troupe des croyants sur la terre fut à nouveau agrandie.
« Et le sabbat suivant, presque toute la ville fut assemblée pour entendre la parole de Dieu » (13:44).
Nous devenons maintenant témoins de l’élargissement extraordinaire et inattendu du cercle de ceux qui s’intéressaient à la Parole de Dieu. La nouvelle sur Paul et Barnabas et sur la prédication de Paul se répandit rapidement dans toute la ville. Les prosélytes racontèrent à leurs amis Grecs à ce sujet, avec pour résultat d’éveiller un grand intérêt, et finalement presque toute la ville se rassembla pour entendre la Parole de Dieu. Le fait qu’il n’était pas nécessaire de commencer par devenir Juif et par adopter la loi et les coutumes juives pour trouver le salut de Dieu, ce dut être pour les gens des nations un message inouï.
Jusqu’à ce moment-là la prédication n’avait atteint que des
Juifs et des prosélytes. Mais maintenant les messagers de Dieu se voyaient en
face d’un grand rassemblement provenant de toutes les nations — des
autochtones, des habitants de la ville dont la plupart n’avaient jamais mis les
pieds dans une synagogue. Ils étaient venus entendre la Parole de Dieu
. Il ne s’agissait de rien moins que cela. Bien qu’ils
fussent païens, beaucoup d’entre eux avaient soif de la vérité de Dieu, soif de
quelque chose que le judaïsme ne pouvait pas leur donner.
La seule vue de cette grande foule de gens suffit cependant à pousser les Juifs à la jalousie :
« Mais les Juifs, voyant les foules, furent remplis de jalousie et contredirent à ce que Paul disait, contredisant et blasphémant » (13:45).
La motivation pour laquelle les Juifs contredisaient maintenant Paul, était de la jalousie à l’état pur. Elle ne provenait pas de ce que Paul disait, mais de ce que presque toute la ville accourait. Paul et Barnabas pouvaient se réjouir d’un auditoire plus nombreux que ce qu’ils n’avaient jamais eu. Quant au caractère de la foule, c’était avant tout des païens, pour qui les Juifs n’avaient d’ailleurs que du mépris. Aussi la situation se radicalisa.
Comment est l’homme ! Ce qu’on qualifiait de bienvenu le sabbat précédent était maintenant dénoncé comme faux. Ce n’était ni de la raison ni de l’intelligence, mais de la passion aiguë, du fanatisme et de l’orgueil religieux, qui dictaient cette opposition. Quand on laisse de la place à de mauvaises émotions dans le cœur, l’attitude peut en un clin d’œil changer du tout au tout ! Cela doit nous servir d’avertissement à tous !
L’intention des Juifs a toujours été de tenir les gens des
nations éloignés de l’évangile, alors même qu’eux ne le désiraient pas pour
eux-mêmes. À la jeune assemblée de Thessalonique qui fit les mêmes expériences,
l’apôtre écrivait un peu plus tard en rapport avec les Juifs : « …
qui ont mis à mort et le Seigneur Jésus et les prophètes, et qui nous ont
chassés par la persécution, et qui ne plaisent pas à Dieu, et qui sont opposés
à tous les hommes, — nous empêchant de
parler aux nations afin qu’elles soient sauvées
» (1 Thes. 2:15, 16).
Pour les Juifs c’était toujours une pensée insupportable que des païens puissent avoir part aux mêmes privilèges religieux qu’eux.
Il n’est pas dit ici quelles objections furent soulevées, mais seulement qu’elles furent blâmables, et allèrent jusqu’au blasphème. Néanmoins nous pouvons admettre que le blasphème visait Jésus que Paul avait annoncé et dont il avait dit que Dieu L’avait amené à Israël comme Sauveur selon la promesse (13:23).
On peut s’interroger sur le pourquoi d’une résistance violente contre l’évangile, s’il ne s’agissait que de quelque chose sans force. Les Juifs incrédules, par leur hostilité, ne faisaient que prouver qu’ils ne croyaient pas eux-mêmes. Autrement, ils auraient pu traiter l’affaire d’une humeur tranquille.
« Et Paul et Barnabas, s’enhardissant, dirent : c’était à vous premièrement qu’il fallait annoncer la parole de Dieu ; mais puisque vous la rejetez, et que vous vous jugez vous-mêmes indignes de la vie éternelle, voici, nous nous tournons vers les nations » (13:46, 47).
C’est à Antioche de Pisidie qu’arriva pour la première fois la rupture ouverte avec la synagogue juive. Ce sera l’expérience constamment répétée de l’apôtre Paul dans son service ultérieur pour Christ. C’est peut-être la raison pour laquelle Luc décrit avec ampleur comment cela arriva. L’origine de la rupture a été l’annonce de l’universalité de la grâce de Dieu apparue en Jésus, c’est-à-dire la porte grande ouverte aux nations. Pour les Juifs qui pensaient avoir droit, eux seuls, à avoir des relations avec Dieu, c’était insupportable. C’est ce qui provoqua leur hostilité acharnée et leur violence.
Paul et Barnabas ne se laissèrent pas influencer le moins du
monde quant à leur hardiesse. Ils continuèrent à parler ouvertement aux Juifs.
La Parole de Dieu devait absolument être annoncée à eux en premier
, en tout cas pendant un certain temps, comme nous l’avons
déjà vu en rapport avec le verset 5. C’est la raison pour laquelle, au
commencement de leur voyage, les deux missionnaires avaient commencé par
annoncer la Parole de Dieu à Salamine dans les synagogues
des Juifs, en suivant fidèlement la Parole :
« au Juif premièrement, et au Grec » (Rom. 1:16).
3.13 -
Indignes de la vie éternelle
Mais les Juifs d’Antioche repoussèrent la Parole de Dieu. Ils montrèrent par-là qu’ils ne s’estimaient pas dignes, eux-mêmes, de la vie éternelle. C’est une constatation très solennelle. Les Juifs se comportaient pour ainsi dire en juges de leur propre cas. Ils ne désiraient pas la Parole de Dieu. Par cela ils prononçaient le jugement qu’ils n’étaient pas dignes de la vie éternelle que cette Parole renfermait. C’est à cela que les messagers de Dieu réduisent le refus de la Bonne Nouvelle par les Juifs. Dieu, dans Sa grâce, les estimaient dignes de recevoir la vie éternelle par le Sauveur. Mais c’est eux-mêmes qui s’en estimèrent indignes. Ce qui est dit ici des Juifs en particulier, est vrai en principe de tout homme qui entend la Parole de Dieu et qui la repousse.
« Voici, nous nous tournons vers les nations ». Le Seigneur glorifié avait parlé de Saul à Ananias comme d’« un vase d’élection pour porter mon nom devant les nations et les rois, et les fils d’Israël » (9:15, 16). Cela était en train de s’accomplir maintenant. Les Juifs vivant dans la dispersion avaient le privilège d’être toujours les premiers à recevoir l’offre de la grâce de Dieu. Et en tous cas, là où l’évangile était annoncé aux nations, cette offre n’avait lieu qu’après que l’évangile ait été rejeté par les Juifs.
Cette fois, l’évangile de Jésus Christ fut banni de la synagogue. Aujourd’hui, près de 2000 ans après, il en est toujours ainsi. Et cela subsistera jusqu’à la fin. En lieu et place de cela, l’évangile rassemble entre temps des gens d’entre tous les peuples de la terre, et leur donne des bénédictions qui surpassent tout ce qu’Israël a jamais possédé ou possédera.
3.14 -
Pas de pensée de Dieu additionnelle
Que Dieu dans sa grâce se tourne vers les nations quand les Juifs s’estimaient indignes de la vie éternelle, ce n’était pourtant pas une pensée « après coup » dans Son cœur. Il avait déjà parlé autrefois de la miséricorde qu’Il voulait montrer aux nations. Paul et Barnabas le montrent clairement par une citation du prophète Ésaïe.
« Car le Seigneur nous a commandé ainsi : « je t’ai établi pour être la lumière des nations, afin que tu sois en salut jusqu’au bout de la terre » (13:47 ; És. 49:6).
Cela se rapporte directement à la citation d’Ésaïe 49:6 sur Christ, le Messie rejeté par Israël. Si le service du « serviteur de l’Éternel » n’avait pas d’écho en Israël, alors Dieu L’établirait comme lumière des nations, et Il ouvrirait la porte du salut à ceux qui sont loin.
De manière intéressante Paul tourne les paroles du prophète sur
lui et sur Barnabas, et il considère ces paroles comme la mission que le
Seigneur leur a donnée : « car le Seigneur nous a commandé
ainsi » (13:47a). Cela est hardi, mais c’est la
vraie foi chrétienne. Ce qui est dit de Christ est valable aussi, dans un
certain sens, pour les chrétiens. La foi s’en réjouit et saisit l’occasion pour
obéir. Qui aurait jamais tiré des paroles du prophète, un commandement adressé à
des messagers de Dieu de l’ère chrétienne ?
Ainsi il est extraordinairement instructif de voir que, quand Dieu promet la lumière aux nations, les chrétiens comprennent cette promesse comme une mission qui leur est adressée : répandre la lumière dans un monde de ténèbres. Quand Dieu annonce que cette affaire va se réaliser, alors les vrais chrétiens en déduisent qu’il faut exécuter cette mission. Ils tiennent la promesse pour un ordre. L’amour commandait à l’apôtre d’agir alors justement ainsi. Ils n’avaient pas besoin de commandement exprès du Seigneur pour cela.
3.15 -
Destinés à la vie éternelle
« Et lorsque ceux des nations entendirent cela, ils s’en réjouirent, et ils glorifièrent la parole du Seigneur ; et tous ceux qui étaient destinés à la vie éternelle crurent » (13:48).
Ceux des nations se réjouirent d’entendre qu’ils n’étaient pas
exclus des bénédictions de l’évangile, bien qu’ils fussent « étrangers aux
alliances de la promesse, n’ayant pas d’espérance, et étant sans Dieu dans le
monde » (Éph. 2:12). Ce qui suscitait la colère
des Juifs était un sujet de joie
pour ceux des nations :
entendre que l’évangile était aussi pour eux. Et autant ils se réjouissaient
, autant ils glorifiaient
la parole du Seigneur.
Quels contrastes éclatent ici ! Les Juifs repoussaient la parole. Les gens des nations glorifiaient la parole. Les Juifs s’estimaient indignes de la vie éternelle. Tous ceux des nations qui étaient destinés à la vie éternelle, crurent. Ici l’incrédulité, là la foi. Ce sont les caractéristiques décisives qui continuent à distinguer les gens les uns des autres jusqu’à aujourd’hui.
La phrase « Tous ceux qui étaient destinés à la vie éternelle crurent » a besoin cependant d’un peu plus d’explications. Trop de commentateurs ont cherché à expliquer en s’écartant de la constatation simple de ce verset.
D’abord cette remarque : l’expression « vie éternelle » doit être comprise au sens de la vie spirituelle, la nature divine que le croyant se voit conférer à la nouvelle naissance (Jean 3:5, 6, 15, 16 ; 1 Jean 5:13). Bien sûr la vie éternelle désigne aussi un état dans la gloire, de sorte qu’il peut être parlé de « l’espérance de la vie éternelle » (Tite 1:2). Cependant nous ne devons pas restreindre la signification ici de la vie éternelle à cet aspect futur.
Une question s’élève alors : y a-t-il effectivement une prédestination à la vie éternelle ? Oui, notre verset le dit. Nous, chrétiens, devons savoir qu’il n’y aurait jamais eu dans notre cœur le moindre mouvement vers Dieu, sinon par Sa grâce. La foi en Dieu et en son Christ ne vient pas de la nature de l’homme. L’état d’esprit de la chair n’est-il pas d’être inimitié contre Dieu (Rom. 8:7) ? La prétention selon laquelle, si le verset ci-dessus était vrai, il ne serait pas nécessaire d’annoncer l’évangile, est aussi fausse qu’admettre qu’on serait alors pour ainsi dire automatiquement sauvé, sans qu’il y ait la moindre chose à faire.
Nous devons nous laisser enseigner par toute
l’Écriture. C’est ainsi que le Seigneur a dit un jour :
« Celui qui aura cru et qui aura été baptisé sera sauvé ; et celui
qui n’aura pas cru sera condamné » (Marc 16:16). Si l’on ne veut pas être
condamné, on doit croire. Les hommes n’ont pas à considérer s’ils sont destinés
à la vie éternelle.
Quelqu’un qui était manifestement sous l’impression de la prédestination demandait un jour au Seigneur : « Seigneur ceux qui doivent être sauvés sont-ils en petit nombre ? », la réponse qu’il reçut remet les choses à leur vraie place : « luttez pour entrer par la porte étroite ». Pour le Seigneur, il ne s’agit pas de satisfaire la curiosité des gens ; Il cherche beaucoup plutôt à éveiller la conscience. L’affaire était et est grave et en même temps pressante. C’est pourquoi le Seigneur ajoute : « Dès que le maître de la maison se sera levé, et aura fermé la porte… » (Luc 13:23-25). Oui, alors il sera trop tard. Le Maître est aujourd’hui assis dans le ciel à la droite de Dieu, après avoir achevé l’œuvre. Quand Il se lèvera et fermera la porte, le jour de la grâce sera définitivement passé. Alors à ceux qui, étant dehors, voudront entrer, il sera dit : « Je ne vous connais pas, ni ne sais d’où vous êtes ». Ce qui est de loin le plus important pour chacun individuellement est d’enter « dedans » à temps. Mais il s’agit seulement d’entrer « par la porte étroite », la porte de la repentance envers Dieu et de la foi au Seigneur Jésus Christ.
Qu’il y ait une prédestination à la gloire, Romains 8 le montre : « Car ceux qu’il a préconnus, il les a aussi prédestinés à être conformes à l’image de son Fils… Et ceux qu’il a prédestinés…, il les a aussi glorifiés » (Rom. 8:29, 30). La prédestination et l’élection sont des vérités proches l’une de l’autre. Éphésiens 1 parle de l’élection. Dieu le Père, a choisi [élu] les croyants du temps de la grâce en Christ, avant la fondation du monde, « afin que nous fussions saints et irréprochables devant lui en amour » (Éph. 1:4). En outre Il nous a prédestinés par Jésus Christ pour nous adopter [= pour que nous soyons des fils], et cela « pour Lui-même » (Éph. 1:5).
À quel point ces bénédictions sont immenses, nous ne l’avons appris qu’après être venus à Lui dans la repentance et par la foi, et être donc entrés par la porte étroite. C’est comme une porte d’entrée qui ouvre sur une salle de fêtes illuminée. Dehors, on lit : « Venez à moi, vous tous qui vous fatiguez et qui êtes chargés, et moi, je vous donnerai du repos » (Matt. 11:28). Quand on est entré, on voit à l’intérieur l’écriteau : « élus en Christ avant la fondation du monde ».
Nous ne savons pas qui, des hommes, est destiné à la vie éternelle. Nous ne pouvons en acquérir la certitude que quand quelqu’un est venu à la foi. Tous ceux qui ont accepté l’évangile par la foi, sont destinés à la vie éternelle. Paul pouvait écrire aux jeunes croyants de Thessalonique : « sachant, frères aimés de Dieu, votre élection » (1 Thes. 1:4). D’où savait-il leur élection ? Parce qu’ils avaient cru (1 Thes. 1:3, 8 et 3:6).
Ainsi à ce moment-là à Antioche, beaucoup de gens des nations crurent au Seigneur et à Sa Parole, et par cela il fut rendu manifeste qu’ils étaient destinés à la vie éternelle.
Mais l’annonce de l’évangile ne resta pas limitée à Antioche, car le narrateur continue de la manière suivante :
« Et la parole du Seigneur se répandait par tout le pays [en allemand : « la région »] » (13:49).
Il n’est pas dit que c’est par Paul et Barnabas que la Parole fut répandue dans toute la contrée. On peut penser aussi que beaucoup de nouveaux convertis ont raconté aux gens ce qu’ils avaient trouvé, et ce que Dieu avait fait à leur âme. C’est justement ce qui a eu aussi lieu dans le cas des Thessaloniciens (1 Thes. 1:8-10).
Combien de temps le travail dans cette partie de la Galatie put se poursuivre sans empêchement, cela ne nous est pas dit. Nous pouvons cependant admettre une période de quelques mois. Plus leur succès progressait clairement, plus la jalousie et l’hostilité des Juifs incrédules s’excitaient. Il en est toujours ainsi : dès que la porte pour des occasions pour la bonne nouvelle est ouverte, le flot des adversaires s’engouffre. Partout où des proies sont arrachées à Satan, le dieu de ce monde mobilise son armée pour l’empêcher. C’est ce qui se passe encore aujourd’hui.
« Mais les Juifs excitèrent les femmes de qualité qui servaient Dieu et les principaux de la ville ; et ils suscitèrent une persécution contre Paul et Barnabas, et les chassèrent de leur territoire » (13:50).
Manifestement les Juifs d’Antioche n’étaient pas suffisamment puissants et nombreux pour prendre la chose en mains. Aussi ils cherchèrent l’appui des femmes de qualité qui servaient Dieu, et des principaux de la ville. Certaines de ces femmes étaient des prosélytes converties au judaïsme, des femmes influentes qui allaient à la synagogue et y adoraient le Dieu d’Israël. Elles étaient, dans cette mesure, des interlocutrices appropriées pour les Juifs, et d’autant plus faciles à soulever qu’elles étaient zélées pour la loi, et que maintenant elles voyaient celle-ci agressée. En outre, elles étaient en relation étroite avec les principaux de la ville, les unes étant vraisemblablement mariées avec eux, et par-là en mesure de prendre de l’ascendant sur eux.
Par le moyen de ces deux groupes de personnes, les Juifs réussirent à susciter une persécution contre Paul et Barnabas, et à les chasser de leur territoire. Ces deux prédicateurs de l’évangile furent dénigrés par les haut-placés locaux, et bannis de la ville. Nous pouvons comprendre quelle impression cela fit sur les gens. Ce n’était pas des pauvres ou des ignorants qui prirent des mesures contre ces deux étrangers, mais c’était l’élite et les principaux de la ville. Si ce n’avait été que quelques Juifs qui avaient animé un soulèvement, on aurait rangé cela dans la catégorie des disputes religieuses. Mais quand les gens réputés, des gens des deux sexes, et en outre des autochtones, opposèrent une résistance massive à la nouvelle doctrine, il fut estimé qu’il devait bien y avoir quelque chose de faux là-dedans. Le complot avait réussi.
Paul et Barnabas durent quitter Antioche et le territoire qui s’y rattachait, peut-être en s’enfuyant. Du fait que ce jugement n’émanait pas des chefs de province, mais du magistrat de la ville, les deux missionnaires furent bannis seulement de la ville et de son voisinage, mais pas de tout le territoire de la Galatie. Pourtant quelle marée avait balayée la contrée ! Au début ils avaient rassemblé presque toute la ville pour entendre la Parole de Dieu, et maintenant le courant général prenait la direction opposée.
Luc ne parle pas des souffrances que Paul a subies à Antioche. Ce n’est que beaucoup plus tard que l’apôtre lui-même en parle à Timothée : « Mais toi, tu as pleinement compris ma doctrine, ma conduite, mon but constant, ma foi, mon support, mon amour, ma patience, mes persécutions, mes souffrances, telles qu’elles me sont arrivées à Antioche, à Iconium et à Lystre, quelles persécutions j’ai endurées ; — et le Seigneur m’a délivré de toutes » (2 Tim. 3:10, 11).
Les apôtres étaient-ils maintenant découragés et intimidés ? Laissèrent-ils leur assurance s’envoler ? Pas du tout.
« Mais eux, ayant secoué contre eux la poussière de leurs pieds, s’en vinrent à Iconium » (13:51).
Voilà une action puissante et lourde de conséquences ! Le fait de secouer la poussière de leurs pieds n’était pas seulement une ancienne coutume juive. Ils suivaient plutôt par-là les instructions que le Seigneur avait données en relation avec l’envoi des douze et des soixante-dix (Matt. 10:14 ; Marc 6:11 ; Luc 10:11). Que signifie cette action symbolique ?
Écoutons ce que dit le passage de l’évangile de Marc :
« Et tous ceux qui ne vous recevront pas et ne vous écouteront pas, quand
vous partirez de là, secouez la poussière de dessous vos pieds, pour leur
servir de témoignage » (Marc 6:11). Cette action est donc effectuée en témoignage
, « pour leur servir
de témoignage ». Et dans notre passage des Actes, il leur est dit de
secouer la poussière de leurs pieds « contre eux ». Le narrateur avait
indiqué clairement que c’était les Juifs qui actionnaient la persécution
(13:50). Les gens de la magistrature se laissèrent manipuler par eux, mais ils
n’étaient que des instruments extérieurs.
Ainsi les apôtres secouèrent la poussière de leurs pieds contre ces Juifs
— et non pas contre la
ville en tant que telle, ce qui aurait aussi inclu
les chrétiens. Le caractère solennel de cet acte symbolique est souligné par
Matt. 10:15 où le Seigneur ajoute : « En vérité, je vous dis :
le sort du pays de Sodome et de Gomorrhe sera plus supportable au jour du
jugement que celui de cette ville-là ». En quelque sorte, la poussière de
leurs pieds était laissée en témoignage que les messagers de Dieu avaient été
là, et que la bonne nouvelle avait été annoncée. Cette poussière élèvera sa
voix au jour du jugement et accusera les Juifs : c’est votre méchanceté et
votre cou roide qui ont chassé ces messagers bénis.
Qu’en était-il de la foule de ceux qui avaient cru et à qui on ravissait maintenant leurs conducteurs ? Ils pouvaient se trouver comme des brebis au milieu des loups, et vu extérieurement, ils étaient justement dans cette situation. Étaient-ils en danger de se refroidir sous la pression des circonstances, peut-être même de tout laisser de nouveau courir ? Écoutons la réponse de la Parole de Dieu :
« Et les disciples étaient remplis de joie et de l’Esprit Saint » (13:52).
Combien ce que la grâce de Dieu peut opérer est
merveilleux ! Tandis que les Juifs étaient remplis de jalousie
(13:45), les disciples du Seigneur étaient remplis de joie
et de l’Esprit Saint
dans ce temps de détresse. Le livre des Actes nous
montre à maintes reprises que Dieu peut accorder de la joie à Ses enfants dans
les circonstances les plus difficiles (par exemple 16:25).
Même si Paul et Barnabas étaient partis, il restait l’Esprit
Saint. Ils avaient en Lui le meilleur des consolateurs (ou : avocat, agent
d’affaires) qui remplissait leur cœur et leur donnait la joie. Ils apprenaient
la vérité des paroles du Seigneur qu’Il avait dites peu avant Sa mort :
« Et vous donc, vous avez maintenant de la tristesse ; mais je vous
reverrai, et votre cœur se
réjouira ; et personne ne vous ôte votre joie
» (Jean 16:22).
Chassés d’Antioche, les apôtres continuèrent leur travail ailleurs, à Iconium pour commencer. Tout se passait sous le contrôle de Dieu qui tient toujours les rênes dans Sa main. Ce qui paraissait être une défaite de l’évangile, était en vérité un triomphe de la grâce de Dieu. Au milieu du monde païen, une assemblée avait été plantée. Elle tenait ferme dans la tempête.
Combien tout cela est consolant y compris pour nous de nos jours !