C. Briem
Table des matières abrégée :
2 - Le témoignage des apôtres à Lystre et à Derbe — Actes 14:7-21a
3 - Le voyage de retour à Antioche de Syrie — Actes 14:21b à 28
4 - Le concile de Jérusalem — Actes 15:1-35
5 - Rupture pour le second voyage missionnaire — Actes 15:36-41
7 - Directives divines — Actes 16:6-10
8 - L’évangile en Europe — Actes 16:11-40
9 - L’évangile à Thessalonique — Actes 17:1-9
10 - L’évangile à Bérée — Actes 17:10-15
11 - Paul à Athènes — Actes 17:16-34
Table des matières détaillée :
1.2 - La parole de Sa grâce — Actes 14:1
1.2.1 - Des Juifs désobéissants — Actes 14:2
1.2.2 - Convaincus par des signes et des miracles — Actes 14:3
1.2.3 - Pour ou contre l’évangile — Actes 14:4
1.2.4 - La fuite — Actes 14:5,6
2 - Le témoignage des apôtres à Lystre et à Derbe — Actes 14:7-21a
2.2 - Un paralytique vient à la foi — 14:8-10
2.3 - Réactions superstitieuses — Actes 14:11-13
2.4 - La harangue — Actes 14:15-18
2.4.2 - Des hommes ayant les mêmes passions — Actes 14:15b
2.4.3 - La conversion, ou : se tourner « vers Dieu » — Actes 14:15c
2.4.4 - Le Dieu créateur — Actes 14:15d
2.4.5 - Dieu — le conservateur de tous les hommes — Actes 14:16, 17
2.4.5.1 - Le caractère de l’enseignement apostolique
2.4.5.2 - Dieu donne de la joie dans les cœurs — Actes 14:17
2.5 - La lapidation de Paul — Actes 14:19
2.5.1 - Rétablissement du lapidé — Actes 14:20
2.6 - L’évangile à Derbe — Actes 14:21a
3 - Le voyage de retour à Antioche de Syrie — Actes 14:21b à 28
3.2 - Affermissement des âmes — Actes 14:22a
3.3 - Persévérer dans la foi — Actes 14:22b
3.4 - À travers beaucoup d’afflictions — Actes 14:22c
3.5 - Le choix d’anciens — Actes 14:23a
3.5.1 - Qui faut-il et que faut-il entendre par le terme « ancien » ?
3.5.2 - En quoi consiste le service d’ancien ou de surveillant ?
3.5.3 - Qui établit les anciens dans leur fonction ?
3.5.4 - Y a-t-il des anciens dans toutes les assemblées ?
3.5.5 - Y a-t-il encore aujourd’hui des anciens ?
3.6 - Le moment du départ — Actes 14:23
3.7 - Retour à Antioche de Syrie — Actes 14:24-26
3.7.1 - Compte-rendu sur l’œuvre du Seigneur — Actes 14:27
4 - Le concile de Jérusalem — Actes 15:1-35
4.1 - De faux frères — Actes 15:1
4.2 - Une sage décision — Actes 15:2
4.3 - La joie de ce que Dieu opère — Actes 15:3
4.4 - La réception à Jérusalem — Actes 15:4-5
4.5 - Une conférence unique en son genre — Actes 15:6
4.5.1 - Une grande discussion — Actes 15:7a
4.5.2 - Le discours et le jugement de Pierre — Actes 15:7, 8
4.5.2.1 - La foi — non pas un rituel
4.5.2.2 - La purification des cœurs — Actes 15:9
4.5.2.3 - Tenter Dieu — Actes 15:10
4.5.2.4 - Sauvés par grâce — Actes 15:11
4.5.3 - Encore une fois des miracles et des prodiges — Actes 15:12
4.5.4 - Un peuple pour son nom — Actes 15:13, 14
4.5.5 - Avis et recommandation de Jacques — Actes 15:19-21
4.5.5.1 - Les quatre points : Actes 15:20
4.5.5.2 - Souillures des idoles
4.5.5.4 - Ce qui est étouffé et le sang
4.5.6 - La décision du concile
4.5.6.1 - Le choix d’une délégation — Actes 15:22
4.5.6.2 - La lettre — Actes 15:23-29
4.6 - Joie, consolation, encouragement — Actes 15:30-35
5 - Rupture pour le second voyage missionnaire — Actes 15:36-41
6.1 - Paul circoncit Timothée — Actes 16:3
6.2 - Prophéties au sujet de Timothée — 1 Tim. 1:18 ; 4:14 ; 2 Tim. 1:6
6.3 - La poursuite du voyage — Actes 16:4, 5
7 - Directives divines — Actes 16:6-10
7.1 - Direction négative faisant obstacle — Actes 16:6, 7
7.2 - Direction positive — Actes 16:8-10
8 - L’évangile en Europe — Actes 16:11-40
8.1 - Un début modeste — Actes 16:13
8.3 - La devineresse — Actes 16:16-18
8.4 - Persécution et cachot — Actes 16:19-24
8.4.1 - Des chants dans la nuit — Actes 16:25
8.5 - Un tremblement de terre riche en conséquences — Actes 16:26-28
8.6 - Le geôlier et sa maison — Actes 16:29-32
8.6.1 - La question du salut éternel — Actes 16:29-30
8.6.2 - La réponse divine — Actes 16:31-32
8.6.3 - Une maison heureuse — Actes 16:33, 34
8.7 - Paul et Silas quittent Philippes — Actes 16:35-40
8.7.1 - Libération inopinée — Actes 16:35-36
8.7.2 - Paul refuse l’expulsion — Actes 16:37-39
8.7.3 - De nouveau en liberté — Actes 16:40
9 - L’évangile à Thessalonique — Actes 17:1-9
9.1 - Des entretiens pendant trois sabbats — Actes 17:1-4
9.2 - Résistance — Actes 17:5-9
10 - L’évangile à Bérée — Actes 17:10-15
10.1 - Direction par la providence divine — Actes 17:10
10.2 - Des Juifs avec un état d’esprit noble — Actes 17:11-12
10.3 - Chassés par la persécution — Actes 17:13-15
11 - Paul à Athènes — Actes 17:16-34
11.1 - Des impressions variées — Actes 17:16-17
11.2 - Ce discoureur (ou : ce bavard) — Actes 17:18-21
11.3 - Le discours de l’apôtre à l’Aréopage — Actes 17:22-31
11.3.1 - Au dieu inconnu — Actes 17:22-23
11.3.2 - Le Dieu créateur — Actes 17:24-25
11.3.3 - L’unité de la race humaine — Actes 17:26-29
11.3.4 - Un appel à la repentance — Actes 17:30-31
11.4 - Des réactions variées — Actes 17:32-34
11.4.1 - Les moqueurs (Actes 17:32a)
11.4.2 - Les hésitants (Actes 17:32b-33)
11.4.3 - Les croyants (Actes 17:34)
Les deux chapitres 13 et 14 des Actes nous dépeignent le premier voyage missionnaire de l’apôtre Paul, qui commença par Chypre, puis se poursuivit en compagnie de Barnabas vers les régions du Sud de la Galatie. Nous avons laissé en dernier lieu les deux envoyés de Dieu à Antioche de Pisidie où ils avaient travaillé avec une grande bénédiction, avant d’être chassés par la jalousie des Juifs. C’est ce qui clôt le ch. 13, ainsi que la partie 6 de l’ouvrage « Un peuple pour Son Nom ».
Le ch. 14 que nous abordons maintenant est relativement court. Pourtant il ne contient pas seulement la suite de l’œuvre, le ministère final de ce voyage missionnaire, mais aussi le retour vers Antioche de Syrie qui était le point de départ de leur voyage. Luc considère manifestement qu’il ne lui appartient pas de nous mettre au courant des multiples détails du voyage, si intéressants fussent-ils à connaître. Ce qui est plutôt placé devant son œil spirituel est ce qui est caractéristique de chacune de leurs villes d’étapes. Ainsi son récit est la plupart du temps bref et son style concis. Cependant il ne manque pas de tableaux détaillés si nous pensons seulement à la guérison du paralytique de Lystre.
Le ch. 14 peut se subdiviser de la manière suivante :
1° L’œuvre à Iconium et la persécution que les apôtres y ont subie (14:1-6).
2° Le témoignage des apôtres à Lystre et à Derbe ; la guérison du paralytique et ses résultats (14:7-18).
3° La lapidation de l’apôtre Paul à Lystre et l’annonce de l’évangile à Derbe (14:19-21a).
4° Le voyage de retour et l’arrivée à Antioche de Syrie (14:21b-28).
L’étape suivante fut donc Iconium. Venant d’Antioche à l’Ouest, Paul et Barnabas voyagèrent vers l’Est jusqu’à cette capitale de la Lycaonie à environ 120 km. Ils prirent la route connue qui, partant d’Antioche vers l’Est passait par Iconium, Lystre et Derbe et allait jusqu’à Tarse, et même ensuite jusqu’à l’Euphrate. Iconium était déjà à l’époque une ville très influente, et son importance s’accrut encore plus tard. Si Antioche de Pisidie, importante à l’époque, a disparu depuis longtemps du paysage, Iconium demeure encore aujourd’hui comme une ville d’une importance considérable, mais son nom a été changé en Konya.
On peut déduire de ce qui est dit que Paul avait l’habitude de chercher à annoncer l’évangile justement dans les grandes villes et les grands centres. De là la bonne nouvelle devait trouver accès dans les régions voisines. C’est ce qui s’était passé à Antioche par la grâce de Dieu (Actes 13:49). En outre, dans les grandes villes, Paul pouvait compter trouver des synagogues juives. Ces villes lui servaient de point de contact pour être fidèle à la Parole : « aux Juifs premièrement … » (Rom. 1:16). À Iconium c’est justement ce qui s’est passé.
« Or il arriva qu’à Iconium ils entrèrent ensemble dans la synagogue des Juifs, et parlèrent de telle sorte qu’une grande multitude de Juifs et de Grecs crurent » (Actes 14:1).
Nous sommes frappés tout d’abord, de ce que les deux hommes de
Dieu allèrent ensemble
à la synagogue
des Juifs et y parlèrent tous les deux
.
Paul n’était pas toujours le seul à parler. Barnabas
avait aussi sa part dans la prédication, laquelle se poursuivait assurément de
sabbat en sabbat.
Il est alors indiqué l’art et la manière dont ils présentaient
la parole : « ils parlèrent de telle
sorte qu
’une grande multitude… crut ». Même si le contenu du discours ne
nous est pas donné, nous pouvons cependant admettre que le message était
fondamentalement le même que celui prononcé précédemment à la synagogue d’Antioche
(Actes 13:17 et suiv.). Luc n’a pas voulu le répéter.
Mais Dieu qui connaît ce qui est caché dans les cœurs, orientait ceux qui
parlaient de façon à correspondre aux besoins des individus. Luc n’a pas pu
vouloir dire que la prédication d’Iconium aurait été
meilleure que celle d’Antioche. Impossible de s’imaginer que le discours d’Antioche
ait pu être amélioré ! Cependant les points sur lesquels il était insisté ont
pu changer.
À cela s’ajoute un aspect supplémentaire. À Antioche Paul et Barnabas s’étaient tournés pour la première fois vers les « nations » comme telles (Actes 13:46). Il ne s’agissait pas de prosélytes, mais de païens. Pareillement quand il est dit qu’à Iconium « une grande multitude crut, aussi bien de Juifs que de Grecs », le terme ‘Grecs’ ne vise pas des prosélytes, mais des Grecs en général, c’est-à-dire des gens des nations. Dieu donna à Ses serviteurs la grâce de parler de manière qu’en plus des Juifs, ces hommes païens soient également atteints et viennent à la foi.
Nous pouvons bien penser que Paul et Barnabas
ont aussi parlé de la même manière en d’autres temps et en d’autres lieux, et ont
obtenu des résultats aussi grandioses. Nous devons rattacher le « de telle
sorte que » à ce qui suit, et ainsi la signification de la phrase est
clairement la suivante : les apôtres ont parlé de telle manière qu
’une grande foule est venue à la foi. Dieu
duquel émane « la Parole de sa grâce » sait s’en servir pour toucher
les cœurs des gens, ceux d’aujourd’hui comme ceux de l’époque.
Comme premier résultat extrêmement positif de la prédication de l’évangile à Iconium, nous apprenons qu’une grande foule est venue à la foi, aussi bien des Juifs que des Grecs. La Parole avait de la puissance, et portait de riches fruits.
Un second résultat, négatif celui-là, nous est présenté dans le verset suivant :
« Mais les Juifs qui ne croyaient pas émurent et irritèrent les esprits de ceux des nations contre les frères » (Actes 14:2).
Ce sont de nouveau les Juifs qui opposèrent une résistance acharnée à la prédication du message du salut. Ils sont qualifiés ici de Juifs « incrédules » [« qui ne croyaient pas »] ou « désobéissants ». Incrédule est la traduction d’une construction grecque (avec un participe) dont la signification est « fixé dans la désobéissance » ou « établi solidement dans la désobéissance ». Le verbe à l’origine de ce mot est « apeitheo » qui s’oppose à « avec foi » ou « dans l’obéissance » ; ce verbe est traduit par ‘être désobéissant’, ‘ne pas obéir’.
Remarquons d’abord la liaison, je dirais la fusion entre foi
et obéissance
d’un côté, et incrédulité
et désobéissance
de l’autre. Bien des
fois dans l’Écriture, selon la perspective, il est parlé d’obéissance à la
place de la foi, et de désobéissance à la place de l’incrédulité. Cette permutation
des mots est plus facile à comprendre quand nous pensons au fait que la Parole
de Dieu requiert la foi
de la part de
celui qui entend. Mais il est alors aussi clair que la contrepartie du mot « incrédulité
», c’est la « désobéissance
» à Dieu. L’inverse
est également vrai.
En second lieu, remarquons la construction si expressive dans le
texte original : « fixé (ou : ‘bien établi’) dans la
désobéissance ». Cela désigne un état où l'on n'est pas persuadé parce qu’on
refuse de croire, et par-là qu'on refuse d’obéir. Ces Juifs avaient entendu l’évangile
de Dieu dans leur propre synagogue, et l’avaient rejeté. Ils s’étaient établis dans la désobéissance
.
Quel état bouleversant ! Nous devons craindre que ce soit la part de beaucoup dans la chrétienté. Il ne s’agit pas de ceux qui n’ont pas entendu la Parole de Dieu, mais de ceux qui l’ont entendu, et qui se sont engagés négativement : ils se sont fixés dans la désobéissance ! La Parole du salut a frappé à leur porte, mais ils ont préféré se tourner vers la perdition.
« Quelle sera la fin de ceux qui n’obéissent pas
(ou : ne
croient pas
) à l’évangile de Dieu ? » (1 Pierre 4:17). « … Exerçant
la vengeance contre ceux qui ne connaissent pas Dieu, et contre ceux qui n’obéissent pas
à l’évangile de notre seigneur
Jésus Christ ; lesquels subiront le châtiment d’une destruction éternelle
de devant la présence du Seigneur » (2 Thes.
1:8, 9).
Les Juifs d’Iconium se lancèrent dans une attaque violente contre les nouveaux convertis. Pour arrêter la poursuite de l’œuvre, ils soulevèrent et excitèrent la population païenne en répandant des calomnies sur les frères. Cela s’est répété si souvent dans l’histoire de l’église jusqu’à nos jours ! C’est toujours la même « arme », la même tactique de l’ennemi : on empoisonne les cœurs de ceux qui ne connaissent pas encore l’évangile en répandant sur les vrais croyants des affirmations fausses, injurieuses, en partie extravagantes, pour jeter le discrédit sur la doctrine chrétienne.
Cette méthode a souvent quelques succès, et nous pouvons penser que les Juifs d’Iconium y réussirent, mais seulement à l’égard « des esprits de ceux des nations », c’est-à-dire les populations indigènes. Il faut remarquer que, dans ce cas, la méchanceté ne fut pas dirigée directement contre les apôtres, mais « contre les frères ». Cette indication a son importance pour la suite de l’œuvre à Iconium.
Ainsi deux groupes se trouvèrent réunis côte à côte dans leur
haine contre l’évangile : d’un côté les Juifs
qui se vantaient d’être le peuple du seul vrai Dieu, mais qui
ne croyaient pas ; et d’un autre côté les nations
qui ne L’avaient jamais connu et qui étaient en grande partie
encore idolâtres. Ensemble ils s’opposaient aux frères. Le rejet du salut en
Christ unit des gens aussi dissemblables. Quel tableau humiliant ! Ce n’est
pas la première fois que Pilate et Hérode devinrent amis par leur mépris de
Jésus.
Paul et Barnabas étaient venus à Iconium parce qu’ils avaient été chassés d’Antioche par la persécution. Du fait qu’il se formait maintenant à Iconium, aussi, une résistance massive, ils auraient pu pareillement quitter le lieu, ce que finalement ils furent obligés de faire. Mais leur œuvre n’y était pas encore achevée, et le Seigneur leur laissa encore le champ libre dans cette ville. Et ainsi ils prirent beaucoup moins soin de leur propre sécurité, que du bien spirituel des nouveaux venus à la foi.
« Ils séjournèrent donc là assez longtemps, parlant hardiment, appuyés sur le Seigneur, qui rendait témoignage à la parole de sa grâce, accordant que des miracles et des prodiges se fissent par leurs mains » (Actes 14:3).
Du fait que les Juifs avaient soulevé et excité les populations
païennes contre les frères
et non pas
directement contre Paul et Barnabas, il fut possible
pour ces serviteurs du Seigneur de séjourner malgré tout dans la ville durant
un temps considérable. Leur souci concernait en tout premier lieu les jeunes
croyants soumis à l’hostilité. Ils avaient besoin d’être fondés et affermis
dans la foi et dans la vérité. Cependant d’autres personnes devaient encore
être gagnées à Christ. Dieu, dans Sa grâce, accorda à Ses serviteurs le temps
et la liberté nécessaires pour cela.
Ils parlèrent « hardiment, appuyés sur le Seigneur ». Il ne s’agit pas d’éloquence ni de sagesse de paroles. Plus tard Paul rappelle aux croyants de Corinthe (1 Cor. 2:1) qu’il ne leur avait pas annoncé le témoignage de Dieu avec excellence de parole ou de sagesse : « ma parole et ma prédication n’ont pas été en paroles persuasives de sagesse, mais en démonstration de l’Esprit et de puissance, afin que votre foi ne repose pas sur la sagesse des hommes, mais sur la puissance de Dieu » (1 Cor. 2:4, 5). Paul et Barnabas usèrent bien de hardiesse (Actes 14:3). Ils ne craignaient pas les opposants. Au contraire ils parlèrent avec la plus grande liberté et la plus grande franchise possibles, sans rien cacher du message. Et si l’évangile faisait scandale, eh bien, qu’il en soit ainsi ! Il fallait s’y attendre. « Aux Juifs, occasion de chute, aux nations, folie » (1 Cor. 1:23), voilà une déclaration qui n’a rien perdu de son actualité jusqu’à aujourd’hui.
Paul parlait toujours avec franchise, courage et hardiesse. Il est remarquable que plus tard, dans l’épître aux Éphésiens, il demande aux croyants de l’endroit de prier pour lui afin qu’il puisse parler justement de cette manière (Éph. 6:19, 20).
Cependant l’expression « hardiment, appuyés sur le Seigneur
» mérite notre attention.
Ils ne puisaient pas cette hardiesse en eux-mêmes ni en une quelconque autre
source humaine. Non, le Seigneur lui-même était la raison de leur courage et de
leur liberté de parole. Ils s’appuyaient sur Lui et sur Sa mission, pleins d’assurance
que Lui allait tout conduire vers le but. Avons-nous aujourd’hui moins de
ressources ?
Et alors il est parlé que « le Seigneur rendait témoignage
à la parole de sa grâce
, accordant
que des miracles et des prodiges se fissent par leurs mains » (14:3bc). Remarquons
d’abord que nous trouvons ici une nouvelle qualification de l’évangile. Dans
son discours à Antioche, Paul le nomme « la parole de ce salut »
(Actes 13:26). Luc parlait simplement de la « parole de Dieu » et un
peu plus tard de la « parole du Seigneur » (Actes 13:44, 49). Et
maintenant il parle de « la parole de Sa grâce ». C’est une pensée
touchante ! La Parole n’est pas seulement le moyen, l’instrument que Sa
grâce utilise, mais elle est aussi le canal divin par lequel la grâce de Dieu
coule vers le pécheur. Par cette parole il apprend à connaître cette grâce, et
il en fait l’expérience, — la grâce d’un amour immérité. Car voilà la grâce
: l’amour divin que nous n’avons
pas mérité.
Or cette parole était nouvelle en ce temps-là. C’est pourquoi le
Seigneur jugea approprié de la confirmer par des signes et des miracles. C’est ce
qui est dit à la fin de l’évangile de Marc : « Et eux, étant partis,
prêchèrent partout, le Seigneur coopérant avec eux, et confirmant la parole par
les signes qui l’accompagnaient » (Marc 16:20). Notons bien l’ordre dans
les deux passages : d’abord la parole est annoncée, et ensuite seulement ont
lieu les signes et les miracles. Le Seigneur ne donne pas toujours des
miracles. À Antioche, il n’en est pas parlé. Mais quand ils sont mentionnés, c’est
habituellement après
la prédication
de la parole.
Dieu utilise Sa parole
pour donner la vie à l’âme : « vous qui êtes régénérés, non par une
semence corruptible, mais par une semence incorruptible, par la vivante et
permanente parole de Dieu
» (1 Pierre
1:23). « De sa propre volonté, il nous a engendrés par la parole de la vérité
» (Jacq.
1:18). Dieu voulait opérer des miracles pour rendre crédibles ceux qui
parlaient et leurs prédications ; et Il peut s’en servir pour éveiller l’attention
des auditeurs. Nous avons vu cela à Paphos dans le cas du proconsul Serge Paul
(Actes 13:12). Cependant la vraie foi ne repose jamais sur des miracles, mais
exclusivement sur la Parole de Dieu.
Quand les hommes prétendent être chrétiens parce qu’ils ont vécu
certains miracles, leur profession est creuse et vaine. Nous sommes mis en
garde contre de telles prétentions ou déclarations. À Jérusalem
« plusieurs crurent en son nom, contemplant les miracles qu’il faisait.
Mais Jésus lui-même ne se fiait pas à eux, parce qu’il connaissait tous les
hommes » (Jean 2:23, 24). Il en était de même avec les Israélites d’autrefois.
Ils avaient bien vu les miracles de Dieu en Égypte, mais ils n’en tinrent pas
compte : « Ils oublièrent vite ses œuvres » (Ps. 106:7, 13). C’est
pourquoi tenons ferme ceci : sans la Parole
et sans la volonté
de Dieu, il n’y a
pas de nouvelle naissance ! Néanmoins il est indiscutable que, du côté du
pécheur, il faut qu’il y ait la foi
.
Quand le Seigneur confirmait Sa Parole par des signes et des prodiges, c’est comme s’Il mettait son nom comme signature au bas du message chrétien encore nouveau à ce moment-là. Les apôtres n’étaient là que des instruments. Jamais un apôtre ou un autre chrétien n’a opéré un miracle de sa propre volonté, même s’il était en général en état de le faire de lui-même. C’était purement et seulement le Seigneur qui a fait faire des signes et des miracles dans la puissance de l’Esprit Saint. Il a utilisé pour cela « leurs mains » où et quand Il l’a voulu.
« Selon Sa volonté » est-il dit en Héb.
2 (v.4) où il est parlé de la même chose : « Dieu rendant témoignage
avec eux par des signes et des prodiges, et par divers miracles et
distributions de l’Esprit Saint, selon sa
propre volonté
». Ici aussi il y a la même succession : d’abord « la
prédication » (Héb. 2:3), ensuite « les
signes et les prodiges » (Héb. 2:4).
Les signes et les prodiges opérés par Dieu ne sont pas en mesure de convaincre les cœurs durs des hommes : c’est ce qui ressort une fois de plus clairement de la suite de ce qui s’est passé à Iconium.
« Mais la multitude de la ville fut partagée, et les uns étaient avec les Juifs, et les autres avec les apôtres » (Actes 14:4).
Quand il est parlé de la « multitude de la ville », cela signifie que Paul et Barnabas avaient atteint pratiquement toute la population de la ville par l’évangile, de sorte que personne ne pouvait rester neutre. Ce n’était pas une œuvre faite en un clin d’œil, et ces messagers n’étaient pas des conspirateurs agissant dans l’ombre, puis disparaissant. L’apôtre Paul écrit plus tard aux Romains : « Mais je dis : N’ont-ils pas entendu ? Oui, certes, ‘leur voix est allée par toute la terre, et leurs paroles jusqu’aux extrémités de la terre habitée’ » (Rom. 10:18). Cela se trouve confirmé à Iconium, y compris la parole de 2 Cor. 2:14 : « Or grâces à Dieu qui nous mène toujours en triomphe dans le Christ et manifeste par nous l’odeur de sa connaissance en tout lieu » (2 Cor. 2:14).
Non, les envoyés de Dieu n’ont pas craint la lumière du travail en public. Bien au contraire ! Ils ont opéré en toute franchise. Et même si les hommes pouvaient dédaigner leurs armes, la Parole de Sa grâce était puissante et opérante, et même si puissante que toute la ville fut divisée en deux camps. Représentons-nous cela : des prédicateurs inconnus arrivent dans la ville et y travaillent jusqu’à ce qu’Iconium soit complètement divisée !
Ainsi il y avait à l’intérieur des murs de cette ville deux
grands groupes opposés. Les uns avaient les Juifs
comme point de ralliement, c’est-à-dire les Juifs incrédules du v. 2, et les
autres se groupaient autour des apôtres. Comme on l’a déjà remarqué, il n’y
avait pas de neutralité. Et plus les Juifs s’opposaient à l’évangile, plus celui-ci
était connu et réclamé. Les gens n’avaient besoin que d’aller et d’écouter ce
que ces hommes enseignaient et faisaient.
Une petite remarque intermédiaire : si Paul aussi bien que Barnabas sont nommés « apôtres », cela montre que ce terme est aussi utilisé dans un sens plus large et général. C’est ainsi, par exemple, que Paul et Jacques, le frère du Seigneur, sont désignés comme « apôtres » en Galates 1:19.
Il y a encore une circonstance qui s’est passée à Iconium et qui mérite d’être regardée : l’évangile suscite toujours une scission. Cela peut ne pas tellement nous plaire, mais c’est inévitable. Les ennemis de la Bonne Nouvelle ne se lassent jamais de faire le reproche que nous apporterions du trouble, de la séparation, de la division parmi les gens. C’est ainsi que les Juifs de Thessalonique accusèrent les apôtres de bouleverser toute la terre habitée (Actes 17:6).
Or le Seigneur Jésus lui-même n’a-t-Il pas indiqué qu’il en serait ainsi ? « Ne pensez pas que je sois venu mettre la paix sur la terre ; je ne suis pas venu mettre la paix, mais l’épée : Car je suis venu jeter la division… » (Matt. 10:34-36). C’est dans la nature des choses que l’homme doit se décider pour ou contre le Fils de Dieu, pour ou contre l’évangile. Quand la lumière brille, toute la puissance des ténèbres arrive pour l’éteindre. À la manifestation de l’amour de Dieu, l’homme répond par la haine (Jean 15:24). Là où la nouvelle vie spirituelle se montre, la puissance de la mort cherche à la dissiper. On ne peut pas rester neutre en face du Sauveur. C’est ce que nous enseigne notre section de la manière la plus claire.
La situation à Iconium s’exacerba au plus haut point :
« Et ceux des nations et les Juifs avec leurs chefs s’étant soulevés pour les outrager et pour les lapider, — eux l’ayant su, s’enfuirent aux villes de Lycaonie, à Lystre et à Derbe et dans les environs ; et ils y évangélisaient » (Actes 14:5, 6).
Une attaque violente fut donc organisée et animée par les deux groupes ennemis du v. 2 ; les chefs des Juifs en étaient les véritables promoteurs. Mais cette fois-ci l’orage ne se dirigea pas contre les frères en général, mais contre les deux prédicateurs de l’évangile en particulier. L’intention était de les maltraiter et de les lapider.
Nous devons bien comprendre toute cette affaire : la vague d’attaque déferlait déjà, mais n’avait pas encore atteint ceux qu’elle visait. Aussi, quand ils remarquèrent l’affaire ou qu’ils en prirent connaissance, ils eurent encore le temps de s’enfuir.
Une persécution effective s’était maintenant mise en route. Ainsi s’accomplissait la parole que le Seigneur avait dite à l’avance au sujet de Paul : « je lui montrerai combien il doit souffrir pour mon nom » (Actes 9:16).
Paul et Barnabas étaient restés aussi longtemps que possible à Iconium pour témoigner de la parole de la grâce, et pour affermir les nouveaux venus à la foi. Mais maintenant ils se voyaient contraints de fuir. Ce n’était pas de la lâcheté, mais de la sagesse. Quand c’était nécessaire, Paul risquait sa vie, autrement il ne le faisait pas. L’œuvre à Iconium était achevée, toute la ville savait ce qui en était de l’évangile. Ils s’enfuirent de cette ville, non pas en vaincus, mais en vainqueurs, pour poursuivre ailleurs leur chemin de victoire dans la puissance du Seigneur. C’est ce que le Seigneur avait dit, et ils agirent fidèlement selon cette parole : « Mais quand on vous persécutera dans cette ville, fuyez dans l’autre » (Matt. 10:23).
Ils vinrent dans les villes des Lycaoniens : Lystre et Derbe. La Lycaonie n’était qu’en partie un territoire romain, et Lystre et Derbe relevaient de cette partie. Les deux messagers restèrent donc sur le territoire romain. Comme déjà remarqué, ces deux villes aussi bien qu’Iconium étaient situées le long de la route impériale allant d’Antioche à Tarse. La distance entre Iconium et Lystre n’est guère plus de 40 km, et entre Lystre et Derbe il y a bien 60 km. Toutes ces villes citées se trouvaient dans la partie haute du pays avec une altitude d’environ 1100 m.
La mention des « environs » de ces villes où ils arrivèrent, est une indication que l’évangile avait pénétré toute la région. Cela avait déjà été le cas à Antioche de Pisidie (Actes 13:49). Les deux villes Lystre et Derbe avaient ceci de commun, qu’elles n’avaient ni l’une ni l’autre de synagogue juive. Paul et Barnabas se mouvaient donc maintenant en plein territoire païen, ce qui était un pas significatif dans le développement de l’œuvre !
Chassés par l’hostilité des Juifs et des païens d’Iconium qui les poursuivaient, Paul et Barnabas vinrent aux villes relativement proches de Lystre et de Derbe en Lycaonie. Il se vérifia de nouveau que la persécution a souvent pour effet de provoquer une propagation d’autant plus rapide de l’œuvre de Dieu. Aussi sévères que soient les attaques de l’ennemi, elles ne servent finalement qu’à la promotion de l’évangile. Et c’est ainsi que l’historien remarque fort brièvement :
« Et ils y évangélisaient » (Actes 14:7).
Littéralement cela veut dire « ils furent évangélisant ».
Cette construction grammaticale indique que tous les deux continuèrent
à annoncer l’évangile. Combien cela est
consolant ! Sans tenir compte de toutes les contrariétés, la prédication
de l’évangile continua plus loin. Personne ne put l’en empêcher.
On peut comprendre ces versets comme un condensé de tout ce qui arriva dans les deux villes de Lycaonie pendant ces jours-là. Les apôtres n’arrivèrent effectivement à Derbe qu’après la lapidation de Paul (14:20). Tout le reste se passa à Lystre.
Cette ville paraît avoir été la ville natale de Timothée. Vraisemblablement il y rencontra l’apôtre Paul pour la première fois à cette occasion, c’est-à-dire lors de sa première visite, laquelle conduisit à sa conversion. En tout cas Paul voulut prendre avec lui ce disciple pour l’œuvre, lors d’une visite ultérieure ; car il avait déjà un bon témoignage des frères à Lystre et à Iconium (Actes 16:1-3). Le fait que Paul ait été l’instrument de sa conversion ressort des désignations pleines d’amour de l’apôtre Paul dans ses épîtres : « Mon enfant bien-aimé et qui est fidèle dans le Seigneur » (1 Cor. 4:17), « mon véritable enfant dans la foi » (1 Tim. 1:2), « mon enfant bien-aimé » (2 Tim. 1:2).
« Et il y avait à Lystre un homme impotent de ses pieds qui se tenait assis ; perclus dès le ventre de sa mère, il n’avait jamais marché. Cet homme entendait parler Paul qui, fixant ses yeux sur lui et voyant qu’il avait la foi pour être guéri, lui dit à haute voix : Lève-toi droit sur tes pieds. Et il sautait et marchait » (Actes 14:8-10).
Le malade inguérissable qui se trouvait à Lystre parmi les auditeurs de l’apôtre Paul était dans une situation douloureuse et sans espoir quant à son état de santé. Il était pour ainsi dire une réplique de l’homme impotent d’Actes 3. La description de l’homme à Lystre est étonnamment précise. En premier, il était « impotent de ses pieds », de sorte qu’il ne pouvait ni marcher, ni se tenir debout : il était « assis ». En second nous apprenons qu’il en avait été ainsi dès l’origine : « perclus dès le ventre de sa mère ». La troisième indication montre l’effet tragique de son état : « il n’avait jamais marché ». En fait c’était un cas pour lequel toute aide humaine était exclue.
Quand nous avons sous les yeux la suite des événements à Lystre, et que nous la comparons avec ce qui s’était passé au
temple à Jérusalem, des parallèles remarquables apparaissent, mais aussi des
contrastes manifestes : il y eut là deux apôtres utilisés par Dieu :
Pierre et Jean. Ici aussi ce sont deux apôtres, Paul et Barnabas.
Dans les deux cas la maladie inguérissable était depuis la naissance
. Les deux guérisons ont eu lieu sans prière
préalable. Les deux guérisons provoquèrent des réactions fort
graves.
Les contrastes ne sont pas moins significatifs : l’un des paralytiques était juif, l’autre païen. L’un n’avait pas la foi et ne crut qu’après la guérison ; l’autre avait cru déjà avant. Quant aux résultats, dans le premier cas, il y eut beaucoup d’étonnement et de surprise parmi les Juifs ; dans le second cas il se déclencha la plus sombre superstition parmi les païens. Et tandis que Pierre avait invoqué le nom de Jésus Christ le Nazaréen en vue de la guérison, nous ne lisons ici rien de semblable.
Paul annonça l’évangile à Lystre, et le paralytique, assis dans l’auditoire, l’entendit parler. Il fut manifestement attiré par ce qu’il entendit, car un tel message n’était encore jamais parvenu à ses oreilles. Nous pouvons nous représenter comment ses yeux étaient captivés par l’orateur. Les regards de l’un et de l’autre se rencontrèrent. Alors Paul le regarda fixement, et perçut dans le visage de cet homme qu’il y avait la foi, une foi pour être guéri (ou : sauvé). La foi vient de ce que l’on entend, c’est une règle divine (Rom. 10:17).
Quand Paul lui commanda à
haute voix
de se lever droit sur ses pieds, ce fut l’expression de l’autorité
et de la puissance divines, par lesquelles il agissait. Comme à Iconium le Seigneur avait l’intention de confirmer l’évangile
dans cette ville par des signes et des miracles.
L’homme « sauta et marchait ». Sauter était un acte instantané, une action qui n’a lieu qu’une fois, ce qui en grec est décrit par un aoriste. Ensuite l’écrivain passe de l’aoriste à l’imparfait, lequel exprime une action continue : « il commença et continua de marcher çà et là ». Tous ceux de la grande foule purent voir comment l’ancien paralytique se tenait maintenant sur ses pieds, et les utilisait d’une manière tout à fait impossible auparavant.
Voilà donc le miracle. Il n’est rien dit de plus, et nous ne savons même pas le nom de celui qui a été guéri ; et il n’est pas non plus dit un seul mot sur lui et sur son devenir. Le Saint Esprit veut manifestement diriger toute l’attention sur la situation extraordinaire qui arriva à Lystre après l’accomplissement du miracle. Elle fut en outre l’occasion d’une courte harangue très remarquable de l’apôtre.
De façon surprenante, les missionnaires n’eurent aucune peine à grouper toute une multitude de la population indigène autour d’eux, et à les intéresser à leur message. Dans ce grand auditoire se trouvait aussi le paralytique. Nous pouvons déduire du récit que c’est à la fin de la prédication qu’eut lieu le miracle à son égard. À vrai dire, et cela est remarquable, le résultat spirituel que tout cela produisit, est immédiatement complètement mis de côté. C’est presque en passant et seulement plus tard que nous l’apprenons sous une forme résumé : il y eut beaucoup de gens dans ces localités qui vinrent à la foi, et des assemblées s’y formèrent (Actes 14:11-13).
Du fait que Paul parlait et agissait en public, la foule put y prendre une part active, ce qu’ils firent à leur manière. Ils étaient Lycaoniens de naissance, et profondément imprégnés de l’ancienne mythologie grecque (histoires de dieux et de héros). Ce qui se passa maintenant, nous le tirons de la description condensée que nous en donne Luc, l’écrivain inspiré :
« Et les foules, ayant vu ce que Paul avait fait, élevèrent leur voix, disant en lycaonien : Les dieux s’étant faits semblables aux hommes, sont descendus vers nous. Et ils appelaient Barnabas Jupiter (Zeus), et Paul Mercure (Hermès), parce que c’était lui qui portait la parole. Et le sacrificateur du Jupiter qui était devant la ville, ayant amené des taureaux et des couronnes jusqu’aux portes, voulait sacrifier avec les foules » (Actes 14:11-13).
L’explication de la foule quant au miracle découle de leur manière de voir païenne habituelle : « Les dieux s’étant faits semblables aux hommes, sont descendus vers nous ». Au vu du miracle, ils voyaient dans les deux hommes Barnabas et Paul des dieux venus vers eux sous une forme humaine. Selon la légende de leur tradition, Zeus et Hermès étaient déjà descendus une fois de l’Olympe (le siège des dieux) sous forme humaine dans la région voisine de la Phrygie. Le poète latin Ovide n’en avait-il pas parlé récemment dans ses « Métamorphoses » ? Aussi étaient-ils convaincus que le processus s’était répété, et que deux dieux étaient devenus semblables aux hommes, et étaient venus vers eux.
Ils nommèrent Barnabas Zeus (la forme grecque du Jupiter latin), mais à Paul ils donnèrent le nom d’Hermès (la forme grecque du Mercure latin). Selon la mythologie grecque Hermès était le messager des dieux, le porte-parole de Zeus, occupé à discourir. Et ainsi nous comprenons la raison donnée par l’Écriture pour appeler Paul Hermès : « parce que c’est lui qui portait la parole ». Pour Barnabas aucune raison n’est donnée quant au nom qui lui fut attribué. Vraisemblablement Barnabas avait une stature imposante, et ainsi ils en firent Zeus ou Jupiter sans se poser plus de questions.
Ayant admis que les deux dieux avaient pris une forme humaine, ils se préparèrent à leur sacrifier. Quand il est dit « le sacrificateur du Jupiter qui était devant la ville », il s’agit du sacrificateur principal qui présidait au temple de Zeus/Jupiter situé à l’extérieur de la ville. Il organisa le sacrifice, et prépara des taureaux ornés de guirlandes de fleurs qui furent conduits au lieu du sacrifice. Là, « aux portes », il voulut sacrifier avec la foule aux divinités nouvellement découvertes. On peut admettre que le terme ‘porte’ se rapporte aux portes de la maison ou de la cour où se tenaient les apôtres.
Les serviteurs du Seigneur précédemment persécutés, étaient devenus maintenant des objets d’adoration. Ils restèrent néanmoins fidèles à leur Maître dans l’une comme dans l’autre de ces situations, et ils refusèrent résolument tout honneur. Quel exemple à imiter pour tous les serviteurs du Seigneur de tous les temps !
« Mais les apôtres, Barnabas et Paul, l’ayant appris, déchirèrent leurs vêtements et s’élancèrent dans la foule, s’écriant et disant : … » (Actes 14:14).
Ici une circonstance prend une importance que nous n’avons encore jamais vue. Les gens de la ville s’étaient écrié dans leur propre langue maternelle, le lycaonien, que « les dieux s’étant faits semblables aux hommes, ils étaient descendus vers eux » (Actes 14:11). Les apôtres n’avaient pas pu comprendre cela, et par conséquent n’étaient pas au courant de ce qui se passait maintenant dans la ville. Ce n’est que quand ils l’apprirent (il n’est pas dit comment) qu’ils intervinrent avec énergie là-contre.
Cependant quelqu’un demandera peut-être : Paul ne possédait-il pas le don de parler en langues ? Ne parlait-il pas en langues plus qu’eux tous (1 Cor. 14:18) ? Pourquoi n’a-t-il pas utilisé ce don à ce moment-là ? Il aurait alors su ce que les lycaoniens se disaient l’un à l’autre.
Si quelqu’un argumente de cette manière, il montre qu’il n’a pas
compris la nature du don de parler en langues. Le parler en langues n’était pas
simplement un don surnaturel pour traduire
d’une langue dans une autre. En outre en Lycaonie, Paul n’était pas dans la nécessité
de parler en langue, c’est-à-dire de parler le lycaonien :
ils comprenaient tous le grec. En somme ce n’était pas le but de ce don de
grâce divin d’annoncer l’évangile aux peuples étrangers dans leur langue.
Ces indications peuvent suffire ici. Nous nous sommes occupés de ce sujet en détail, — nous avons vu la nature, le but, la durée des langues, — quand nous avons considéré le ch. 2 des Actes. On peut se référer aux développements sur ce sujet dans « un peuple pour son nom », parties 1 et 2, pages 143 à 185. Le comportement de l’apôtre en Lycaonie souligne ce qui a été dit à cet endroit. Cela contredit aussi l’interprétation selon laquelle le parler en langues serait la preuve du baptême du Saint Esprit.
Quand les deux serviteurs du Seigneur déchirèrent leurs vêtements, ils exprimèrent ainsi leur douleur et leur inquiétude sur ce qu’ils ressentaient comme un blasphème contre Dieu, un sacrilège. L’action elle-même se faisait sur la tunique, c’est-à-dire le vêtement de dessous, en la prenant par le haut à deux mains, puis en la déchirant vers le bas sur 8 à 10 cm. Marcher çà et là avec un habit déchiré de cette manière témoignait d’un profond bouleversement de l’âme de celui qui le portait.
Le fait que Barnabas et Paul « s’élancèrent dans la foule » décrit comment ils se précipitèrent rapidement de l’endroit où ils étaient, parmi la foule ; très excités, ils cherchaient à les arrêter dans leur projet. En criant d’une forte voix, ils commandèrent de cesser leur pratique idolâtre.
Avant de nous tourner vers la courte harangue qui a suivi, posons la question de savoir si aujourd’hui, dans de larges pans de la chrétienté, on ne ferait pas juste le contraire de ce qui est placé ici devant nous. Combien il y a de glorification de l’homme de nos jours, y compris parmi ceux qui prétendent servir Jésus de Nazareth, Lui qui a été si abaissé autrefois ! La louange, les applaudissements de l’homme sont beaucoup plus appréciés que la louange de Dieu. Et les dignitaires spirituels ne se sont-ils pas procuré les plus grands titres d’honneur par lesquels ils veulent qu’on s’adresse à eux ? Tout cela est entièrement contraire à l’esprit du vrai christianisme.
Cependant tous les serviteurs de Dieu doivent se laisser mettre en garde contre le penchant à « chercher l’honneur de la part des hommes ». Paul pouvait rappeler plus tard aux croyants de Thessalonique que lui et ses collaborateurs, quand ils avaient été parmi eux, n’avaient jamais cherché l’honneur ni de leur part, ni de la part des autres (1 Thess. 2:6) ! Et quand il parlait, ce n’était pas pour plaire aux hommes, mais à Dieu qui éprouve nos cœurs (1 Thess. 2:4). « Car maintenant, est-ce que je m’applique à satisfaire des hommes, ou Dieu ? Ou est-ce que je cherche à complaire à des hommes ? Si je complaisais encore à des hommes, je ne serais pas esclave de Christ » (Gal. 1:10). Paroles solennelles qui méritent d’être prises à cœur !
« Hommes, pourquoi faites-vous ces choses ? » (ou : « que faites-vous là ? » — Actes 14:15a).
Ce sont les paroles que les apôtres lancèrent courageusement à la foule. On sent vraiment leur indignation et leur mécontentement de ce que faisaient ces païens. Mais ils continuèrent à parler aux Lycaoniens. Et de nouveau ce sont des paroles de grâce, de la grâce de Dieu.
« Nous sommes, nous aussi, des hommes ayant les mêmes passions que vous ; et nous vous annonçons que de ces choses vaines vous vous tourniez vers le Dieu vivant, qui a fait le ciel, et la terre, et la mer, et toutes les choses qui y sont » (Actes 14:15b).
La première chose que les apôtres présentèrent, c’est qu’ils n’étaient eux-mêmes que des êtres humains, comme eux les Lycaoniens ; et qu’ils ressentaient les mêmes passions humaines qu’eux. Puisque les dieux n’étaient pas considérés comme des êtres humains, cette affirmation contredisait directement la représentation que se faisaient ces hommes païens, c’est-à-dire que les deux hommes étaient des dieux sous une apparence humaine (Actes 14:11).
Oui, il est alors parlé de la nécessité de la conversion
, c’est-à-dire de se détourner
loin des vaines idoles, pour se tourner vers le Dieu vivant. Ce sont des
paroles hardies que Paul et Barnabas ont employées
lorsqu’ils ont caractérisé les divinités des Lycaoniens
comme étant des choses vaines
(ou : sans valeur, du néant). Ces dieux païens étaient tellement vains qu’ils
faillissaient entièrement vis-à-vis de leurs
adorateurs, ne leur donnant pas ce que ceux-ci attendaient d’eux en tant que
dieux. La signification de « vaines » ne va pas plus loin.
Naturellement ces dieux inutiles sont encore moins que cela. En réalité ils ne sont
« rien », comme le dit 1 Cor. 8:4.
Instinctivement on se rappelle le fameux passage du prophète Ésaïe où Dieu décrit de manière presque ironique comment un homme abat un arbre et en prend une partie pour cuire son repas et se faire du feu pour se chauffer ; et comment ensuite il se fabrique un dieu à partir du même bois, se prosterne devant lui et l’adore (Ésaïe 44:9-18 ; comparer Hab. 2:18, 19). En fait de tels dieux sont absolument vains, inutiles !
Or maintenant les païens devaient se détourner de ces idoles vaines ;
ils devaient leur tourner le dos, pour se tourner avec foi vers le Dieu vivant.
C’est ainsi qu’il y a lieu de comprendre la tournure de phrase « se
tourner des
idoles vers
Dieu ». C’est aussi l’ordre habituel
dans l’Écriture quand il est parlé de conversion : on se convertit (loin) de
(ou : d’avec) – vers (ou : à). Nous le trouvons aussi au ch. 26 v.18
des Actes : « … pour qu’ils se tournent des
ténèbres à
la
lumière, et du
pouvoir de Satan à
Dieu ». Dans cette manière de
voir, l’accent est mis sur la rupture nécessaire d’avec l’ancienne vie si on
veut commencer une nouvelle vie avec Dieu. L’homme doit faire un demi-tour à
180°.
Le cas de 1 Thess. 1:9 est différent.
Là nous avons la succession inverse, que malheureusement on ne reconnaît pas
dans les textes allemand et français. Les Thessaloniciens s’étaient
« tournés des
idoles vers
Dieu, pour servir le Dieu vivant et
vrai ». Le fait de se tourner vers Dieu est nommé en premier en grec, et l’abandon
des idoles vient seulement après. Sans doute les deux choses vont ensemble
quand une œuvre réellement de Dieu se passe dans l’âme.
Cependant il est bon de rappeler que rien de ce que nous
pourrions abandonner ne peut nous sauver (c’est l’angle sous lequel les choses
sont vues en 1 Thess. 1). Nous ne pouvons contribuer en
rien à notre salut, ni par notre dévouement, ni par quoi que ce soit d’autre.
Tout provient de Dieu, tout repose sur ce que nous recevons
de Lui. Dieu ne demande jamais son
cœur au pécheur. Naturellement, il en va autrement quand une relation avec Lui existe
déjà. Alors Il dit : « Mon fils, donne-moi ton cœur » (Prov. 23:26). Il réclame ce cœur, et Il y a droit.
En contraste avec les nombreuses idoles vaines et inutiles, les prédicateurs chrétiens mettent en avant le Dieu unique et vivant. Le contraste n’est pas entre utile et inutile, mais entre inutile et vivant. Dieu est le Dieu vivant, et Il fait tout ce qui est compris dans ce terme insondable de « Dieu », y compris ce qui dépasse de loin l’attente de Ses adorateurs. La preuve de Son existence vivante était même visible des yeux du monde païen. C’est Lui « qui a fait le ciel, et la terre, et la mer, et toutes les choses qui y sont », y compris eux-mêmes, les hommes. Les quatre termes ou domaines englobent toute la création pour que l’on puisse mieux Le pressentir.
Il est caractéristique que Paul ait plus tard prêché aux Athéniens le même Dieu-Créateur (Actes 17:22 et suiv.). Les Lycaoniens ignorants, aussi bien que les Athéniens instruits, devaient tous être amenés aux premiers rudiments de la création de Dieu. Il n’en est pas autrement aujourd’hui. Car celui qui ne croit pas au Dieu créateur, qui s’est manifesté dans la création, ne croit pas non plus au Dieu Rédempteur, qui s’est manifesté en Christ. Même s’il n’est dit nulle part que le témoignage de la création conduit un homme à la conversion — seule la Parole de Dieu peut le faire — par contre accepter ce témoignage est une condition importante pour recevoir l’évangile. Deux passages, l’un de l’Ancien Testament et l’autre du Nouveau, justifient que la création témoigne de la gloire de Dieu, et parle dans un langage puissant :
« Les cieux racontent la gloire de Dieu, et l’étendue annonce l’ouvrage de ses mains. Un jour en proclame la parole à l’autre jour, et une nuit la fait connaître à l’autre nuit. Il n’y a point de langage, il n’y a point de paroles ; toutefois leur voix est entendue » (Ps. 19:1-3).
« … parce que ce qui se peut connaître de Dieu est manifeste parmi eux [les hommes] ; car Dieu le leur a manifesté ; car, depuis la fondation du monde, ce qui ne se peut voir de lui, savoir et sa puissance éternelle et sa divinité, se discerne par le moyen de l’intelligence, par les choses qui sont faites, de manière à les rendre inexcusables » (Rom. 1:19, 20).
Dans la création on peut donc apercevoir quelque chose d’essentiel du Dieu invisible : Sa gloire, Sa puissance éternelle et Sa divinité. Tout homme doit être amené à le reconnaître. Car s’il rejette ce témoignage, il se livre à la colère de Dieu (Rom. 1:18). Puissent les hommes modernes de nos jours prendre cela à cœur ! Ils parlent d’« évolution » et s’en servent pour rejeter consciemment le Créateur, tel qu’Il s’est révélé non seulement dans la création, mais encore plus glorieusement dans l’Écriture Sainte. Les Lycaoniens de l’époque étaient dans l’ignorance, alors que les hommes d’aujourd’hui ne le sont pas
La première préoccupation des deux messagers de Dieu était donc de
parler du Dieu vivant aux Lycaoniens idolâtres. Ils
pouvaient percevoir Sa grandeur dans les choses qui sont faites. Mais ce Dieu
était et est un conservateur
de tous
les hommes (1 Tim. 4:10). La suite des paroles prononcées à Lystre
en témoigne de manière impressionnante.
« … lequel dans les générations passées a laissé toutes les nations marcher dans leurs propres voies ; quoique cependant il ne se soit pas laissé sans témoignage, en faisant du bien, en vous donnant du ciel des pluies et des saisons fertiles, remplissant vos cœurs de nourriture et de joie » (Actes 14:16, 17).
Avant d’entrer dans les détails de ces versets, remarquons que l’enseignement apostolique n’a pas toujours le même contenu ni le même caractère. Pour les prédicateurs de la Parole, c’est très différent de parler à des Juifs ou à des païens. Pour répondre aux besoins de l’un ou l’autre de ces groupes, il fallait leur venir en aide de manière correspondante au terrain sur lequel chacun se tenait.
C’était aux Juifs que les oracles de Dieu avaient été confiés (Rom. 3:2). Ils les connaissaient, et les lisaient régulièrement dans leurs synagogues. Voilà ce qu’étaient les Écritures sur lesquelles les prédicateurs chrétiens fondaient et appuyaient leur enseignement à l’égard des Juifs (Actes 17:2).
Quand ils parlaient aux païens, toute référence aux déclarations de l’Ancien Testament était omise. Quel sens y aurait-il eu de les citer à des gens des nations ? Ils ne savaient rien d’une révélation divine écrite. Aussi le Dieu que les apôtres annonçaient était entièrement inconnu aux nations. Ils n’en avaient jamais entendu parler. Voilà donc comment les messagers de Dieu procédaient avec ces gens selon leur état particulier. C’est-à-dire qu’ils les reportaient sur ce qui était visible et connu de tous : sur le ciel au-dessus d’eux, sur la pluie et les saisons fertiles qui leur étaient toujours à nouveau accordées tout au long des années. Tout cela leur était familier, et les apôtres y rattachaient leur prédication.
À qui les païens étaient-ils redevables de toutes ces bontés qui satisfaisaient leurs besoins journaliers, année après année ? Au Dieu vivant !
Il est bien vrai que Dieu dans les générations passées a laissé
toutes les nations marcher
dans leurs propres voies. Il ne punissait
pas leurs mauvaises actions. Même s’Il n’était jamais indifférent au mal commis
par les idolâtres, néanmoins Il ne les avait pas encore amenés en jugement à
cet égard. Il passa par-dessus
les
temps de l’ignorance, même s’Il ne passait pas sur la méchanceté de l’homme
(Actes 17:30).
Mais il est également vrai, heureusement vrai, que Dieu ne s’est
pas laissé sans témoignage
dans les
temps passés. Merveilleuse bonté de Dieu ! Dans Sa providence Il leur
avait fait du bien, Il leur avait donné les pluies du ciel et les saisons
fertiles, remplissant leurs cœurs de nourriture et de joie. Toutes ces bonnes
choses pour la vie terrestre, c’est Dieu qui les avait opérées.
Plusieurs ont pensé que la pluie
était mentionnée parce que Lystre souffrait souvent
de sécheresse. Mais la raison est tout simplement que la pluie vient « du
ciel », et que par conséquent elle vient de Dieu. Par elle Il donne des
saisons fertiles avec toute leur richesse. Devant les yeux des païens de l’époque
comme des gens d’aujourd’hui, le miracle des saisons se reproduit chaque année
avec leur surabondance de fruits. Voilà l’un des grands témoignages que Dieu
donne de Lui-même en tant que conservateur de tous les hommes. Tous les hommes
peuvent et doivent le voir. Au Ps. 145 v.15 on trouve une expression précieuse
de cela : « Les yeux de tous s’attendent à toi, et tu leur donnes
leur nourriture en son temps ».
La tournure « remplissant vos cœurs de nourriture et de joie
» est remarquablement condensée.
Naturellement c’est le corps
qui est
rempli de nourriture, de sorte que le cœur
est rendu joyeux. Si au lieu de nommer le corps et
le cœur, il n’est mentionné que
le cœur
, c’est que la nourriture est vue comme moyen de la joie du cœur. En
tout cas Dieu donne — et cela est très touchant — de la joie dans le cœur aux hommes
naturels, y compris les païens, et Il le fait à Sa manière.
Qui est comme Lui ! La plupart des gens ne pensent pas à Lui, ne Le connaissent pas, passent leur vie sans Lui, prennent tout comme allant de soi et sans rendre grâces. Cependant Il maintient Sa bonté envers eux jusqu’à aujourd’hui, comme nous l’apprenons ici. Oui, vraiment, notre Dieu est un Dieu-Sauveur qui « maintient en vie toutes choses » [1 Tim. 6:13 ; traduction de l’allemand qui suit un sens indiqué comme possible dans une note de la version française JND, qui préfère « appelle toutes choses à l’existence »], et qui est « le conservateur de tous les hommes, spécialement des fidèles » (1 Tim. 4:10) ! Et il reste encore toujours aussi vrai qu’« Il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et envoie sa pluie sur les justes et sur les injustes » (Matt. 5:45).
« Et en disant ces choses, à peine empêchèrent-ils les foules de leur sacrifier » (Actes 14:18).
Si blâmable qu’ait été la réaction des Lycaoniens
idolâtres — et les apôtres ne purent s’en défendre qu’avec peine — il y avait
une raison de fond que nous ne devons pas méconnaitre. Tout le système de
pensées typique du paganisme avait ses racines dans la représentation pitoyable
que les dieux sont jaloux
du bonheur
des hommes. Cela peut nous faire sourire aujourd’hui, nous pouvons le
considérer comme insensé. Mais les gens se représentaient toujours leurs dieux
selon leur idée propre, ils se les représentaient comme ils étaient eux-mêmes. Et
c’est pour cela que l’envie et la jalousie jouent un rôle important et néfaste.
Pourtant les Lycaoniens avaient maintenant entendu quelque chose du Dieu vivant qui leur faisait du bien, et remplissait leur cœur de nourriture et de joie. Ils reconnaissaient la différence immense entre leurs dieux pleins d’envie et ce Dieu duquel ils avaient tant reçu. Et voilà que leur admiration et leur vénération trouvèrent leur voie de la manière indiquée. Seulement ils prirent de nouveau une mauvaise direction, car ils n’avaient pas Dieu pour objet. Cet enthousiasme humain ne résista pas longtemps à l’épreuve, mais il se retourna bientôt en haine mortelle.
« Mais des Juifs arrivèrent d’Antioche et d’Iconium ; et ayant gagné les foules et lapidé Paul, ils le traînèrent hors de la ville, croyant qu’il était mort » (Actes 14:19).
Les choses prirent à Lystre une tournure imprévue et dramatique. Les Juifs d’Antioche et d’Iconium avaient manifestement entendu parler du succès des missionnaires chrétiens à Lystre. Non contents de les avoir chassés de chez eux, ils les poursuivirent à Lystre. Comme des chiens assoiffés de sang, ils les suivirent à la trace pour les mettre à mort. Ils persuadèrent les gens, vraisemblablement avec l’argument que ces gens n’étaient pas des dieux, mais des trompeurs et des faux prophètes. Les Lycaoniens prêtèrent d’autant plus volontiers leurs oreilles aux Juifs qu’ils n’avaient pas oublié que ces hommes avaient attaqué leurs dieux comme étant vains et inutiles. Et ainsi la populace en vint finalement, d’une manière ou d’une autre, à saisir au moins Paul, et à le lapider.
Luc ne décrit que les événements en soi, il montre comment ils
ont eu lieu, et il le fait très sommairement. C’est pourquoi nous ne sommes pas
en mesure de dire pourquoi Paul fut seul victime de la lapidation, et non pas Barnabas. Il est possible qu’ils prirent Paul pour cible de
leur attaque parce qu’il avait été l’instrument de la guérison du paralytique.
Cependant nous devons plutôt admettre qu’ils auraient aussi saisi Barnabas s’ils avaient pu mettre la main sur lui. Finalement
ce furent aussi les Juifs d’Antioche qui suscitèrent « une persécution
contre Paul et
Barnabas »
(Actes 13:50), et à Iconium il y avait aussi eu un
plan de les lapider l’un comme l’autre (Actes 14:5).
La lapidation était la manière juive de mettre à mort. Les païens l’auraient vraisemblablement tabassé à mort, puis l’auraient laissé sur la route. Ils rejoignirent certes les idées des Juifs pour l’exécution de Paul, mais en partie seulement. Selon la manière juive de voir, la victime aurait dû d’abord être conduite hors de la ville, puis ensuite lapidée (Actes 7:58 ; Nb. 15:35). Mais la populace païenne n’était pas convaincue de cette manière de voir. Ils lapidèrent leur victime sur place, et ensuite trainèrent hors de la ville celui qu’ils croyaient mort.
Paul lapidé ! Instinctivement nous pensons à la parole du Seigneur : « Il suffit au disciple qu’il soit comme son maître, et à l’esclave qu’il soit comme son seigneur » (Matt. 10:25). Aujourd’hui : « Hosannah ! », demain : « crucifie-le ! ». Comme les Juifs traitèrent Jésus, ainsi les païens maltraitèrent Paul à Lystre : Le matin ils lui rendent hommage comme à un dieu, et le soir ils le lapident comme indigne d’avoir place parmi eux. Voilà l’homme !
« Une fois j’ai été lapidé » écrit l’apôtre des nations aux croyants de Corinthe, se référant à cet événement (2 Cor 11:25). N’avait-il pas autrefois consenti à la lapidation d’un autre témoin de Christ ? Maintenant c’est lui-même qui est lapidé. Tragique coïncidence ! La pensée d’Étienne et sa prière ne sont-elles pas allées droit au cœur du martyr quand il perdait connaissance sous les jets de pierres de la populace païenne ? Oui, « lapidé une fois » ! Était-ce la fin de cet instrument spécial du Seigneur ? Le verset suivant nous renseigne par une description extrêmement sommaire de l’affaire.
« Mais comme les disciples se tenaient autour de lui, se levant, il entra dans la ville ; et le lendemain il s’en alla avec Barnabas à Derbe » (Actes 14:20).
De façon presque anodine, nous apprenons ici qu’il y avait des « disciples » à Lystre. Les semailles de la semence divine à Lystre n’avaient pas été vaines. Ce détail n’est certes pas mis en avant expressément, en contraste avec Derbe (14:21), mais il y avait des disciples, suffisamment nombreux pour former un cercle autour du lapidé : « ils se tenaient autour de lui ». Image saisissante ! Quel sentiment de tristesse dut les remplir quand ils virent le corps de leur maître gisant par terre comme mort ! Ils venaient juste d’être tirés par lui de leur paganisme, ils étaient les fruits directs de son œuvre. Et le voilà maintenant mort des suites de la lapidation, comme tous le croyaient, pas seulement ses bourreaux.
Timothée était-il parmi ces disciples ? Selon toute probabilité, oui. Comme nous l’avons déjà vu, il a dû venir à la foi lors de la première visite de l’apôtre à Lystre. Quelque chose d’autre s’ajoute à cela. Quand Paul écrivit sa dernière épître inspirée peu avant sa mort en martyr et adressée justement à ce jeune homme, il y montre clairement que Timothée était familier avec tout cela : non seulement avec l’enseignement de l’apôtre et sa conduite et ses traits de caractères, mais justement aussi avec ses persécutions, ses souffrances. Et il lui rappelle les souffrances particulières de certains endroits, et il continue : « … mes souffrances telles qu’elles me sont arrivées à Antioche, à Iconium et à Lystre » (2 Tim. 3:10, 11). Timothée avait personnellement vécu les souffrances de Lystre. Pensée émouvante !
Mais alors il avait dû être aussi témoin de ce qui s’était passé ensuite et qui suscita l’étonnement de tous : Paul, qu’on croyait mort « se leva et entra dans la ville ». Ce rétablissement subit était absolument surnaturel. À la fois il reçut la force de ne pas aller seul dans la ville, mais aussi d’entreprendre le jour suivant le voyage vers Derbe avec Barnabas. Manifestement l’étincelle de vie était restée présente chez lui, comme il dit plus tard à propos du jeune homme Eutyche : « Ne soyez pas troublés, car son âme est en lui » (Actes 20:10).
Le Seigneur avait mis Sa main de manière merveilleuse sur Son serviteur, comme tout enfant de Dieu est finalement en sécurité dans Sa main. Nous sommes tous « immunisés » contre la mort tant que notre tâche n’est pas achevée. Le Seigneur avait encore prévu une grande œuvre pour Paul, et ainsi Il n’a pas permis à Satan de toucher à sa vie, alors que c’était bien lui qui était derrière cette attaque. Il en avait été de même pour Job (Job 2:6). Quand Paul se souvient à la fin de sa vie, de la souffrance particulière qu’il avait subie à Antioche, à Iconium et à Lystre, il peut s’écrier de manière triomphante et reconnaissante : « le Seigneur m’a délivré de toutes » (2 Tim. 3:11). Loué soit son Nom ! Le Seigneur est aujourd’hui le même, et Il mettra Sa main sur ceux qui se confient en Lui, Il les sauvera.
Quelques commentateurs adoptent la pensée que Paul se réfère à ses expériences en ce temps-là, à Lystre, quand il dit dans sa deuxième épitre aux Corinthiens (12:2-4) : « Je connais un homme en Christ, qui, il y a quatorze ans (si ce fut dans le corps, je ne sais ; si ce fut hors du corps, je ne sais ; Dieu le sait), je connais un tel homme qui a été ravi jusqu’au troisième ciel. Et je connais un tel homme, (si ce fut dans le corps, si ce fut hors du corps, je ne sais, Dieu le sait) — qui a été ravi dans le paradis, et a entendu des paroles ineffables qu’il n’est pas permis à l’homme d’exprimer ». Cela a-t-il à faire avec sa lapidation à Lystre ? C’est tout à fait possible, mais ce n’est pas du tout certain.
Si nous nous représentons seulement les écorchures d’un corps traîné sans ménagement sur le sol sur une grande distance, nous nous étonnons d’autant plus de son prompt rétablissement. Non seulement l’apôtre Paul se leva et rentra dans la ville comme si rien ne s’était passé, mais encore le jour suivant il fut capable d’entreprendre avec Barnabas une marche à pied jusqu’à Derbe (à environ 60 km) pour y poursuivre l’œuvre. Combien tout cela parle de la grâce et de la puissance de Dieu !
Les apôtres quittèrent donc Lystre en avançant vers l’Est jusqu’à Derbe, l’extrémité Est de leur voyage. C’est en même temps là qu’ils firent demi-tour, et qu’ils se mirent en route pour le voyage de retour, vers les lieux de leurs labeurs précédents, revisitant ces mêmes lieux, mais en ordre inverse.
Derbe devait n’être qu’une petite ville, et on ne peut plus l’identifier aujourd’hui. Mais ici, Dieu bénit d’une manière spéciale le témoignage de Ses serviteurs courageux et infatigables car il est écrit :
« Et ayant évangélisé cette ville-là et fait beaucoup de disciples… » (Actes 14:21a).
Jusqu’à ce point des événements historiques, les Juifs avaient été les ennemis les plus acharnés de l’évangile. Partout où les apôtres annonçaient la bonne nouvelle, ils apparaissaient et cherchaient par tous les moyens à les en empêcher. Cependant on a l’impression qu’à Derbe il n’y avait pas ou très peu de Juifs. Nous n’entendons parler ni de synagogue, ni d’une quelconque persécution. Dans le passage déjà cité de 2 Tim. 3, Paul parle bien de ses souffrances à Antioche, à Iconium et à Lystre, mais il n’y a aucune mention de Derbe (2 Tim. 3:11).
Ainsi il semble qu’après l’orage de Lystre, un temps de repos fut accordé aux missionnaires à Derbe. Les Juifs religieux qui leur avaient collé aux talons depuis Antioche et Iconium ne suivirent pas davantage leur trace. Quelle bénédiction et quel soulagement ce dut être pour les serviteurs du Seigneur de pouvoir enfin une fois travailler en paix. Ils annoncèrent l’évangile à cette ville avec un grand succès, car ils firent là beaucoup de « disciples ». C’est une manière de s’exprimer intéressante ! Au milieu du monde païen, il y avait maintenant des gens, beaucoup de gens même, qui suivaient le Seigneur Jésus comme disciples. Quelle victoire de l’évangile ! Au ch. 20 il est mentionné Gaïus de Derbe (Actes 20:4). Selon toute probabilité, il faisait aussi partie des riches fruits du témoignage des apôtres dans cette ville.
Comme déjà remarqué, les envoyés de Dieu étaient arrivés à Derbe au point le plus oriental de leur voyage missionnaire. Ce n’était pas loin d’un col de montagne appelé « portes de Cilicie ». De l’autre côté, la route de l’Est menait directement à Tarse, la ville natale de l’apôtre Paul (Actes 21:39). N’avait-il pas à cœur de faire un saut jusqu’à son ancienne ville ? En un certain sens on pouvait appliquer la parole d’Hébreux 11 à propos des patriarches et de la patrie qu’ils recherchaient : « s’ils se fussent souvenus de celle d’où ils étaient sortis, ils auraient eu du temps pour y retourner » (Héb. 11:15).
Mais de même que pour les hommes de foi d’autrefois, la ville natale Paul n’eut pour lui aucune force d’attraction capable de le détourner de sa mission. Jean-Marc s’était séparé d’eux pour rentrer à la maison avant que l’œuvre soit achevée. L’apôtre ne pouvait que réprouver cela avec tristesse (Actes 13:13 ; 15:38). Devait-il maintenant tomber lui-même dans ce même piège ? Il reçut la grâce de tourner le dos à sa patrie pour poursuivre et achever l’œuvre du Seigneur dans ces contrées. Et c’est ainsi qu’avec Barnabas ils se tournèrent de nouveau vers l’Ouest.
Quand les apôtres virent leur œuvre achevée à Derbe :
« Ils s’en retournèrent à Lystre, et à Iconium, et à Antioche, fortifiant les âmes des disciples, les exhortant à persévérer dans la foi, et les avertissant que c’est par beaucoup d’afflictions qu’il nous faut entrer dans le royaume de Dieu » (Actes 14:21b-22).
Combien cela nous parle : Quel courage moral et quelle confiance en Dieu, et aussi quel amour que celui de ces deux missionnaires revenant justement dans ces villes où ils avaient tant souffert. À Lystre, Paul avait été lapidé ; à Iconium, ils avaient été près de l’être, en sorte qu’ils durent fuir ; et à Antioche, ils avaient également été chassés par la persécution. Lystre était pour Paul une ville de sang. Et pourtant c’est là qu’ils recommencèrent à diriger leurs pas.
S’ils visitaient les mêmes lieux au retour qu’à l’aller, leur
intention était toute différente. Ils avaient commencé par annoncer l’évangile
à ces villes, et maintenant ils avaient à cœur d’affermir
les âmes de ceux qui étaient venus à la foi. Pour bien des
serviteurs du Seigneur, l’évangile est tout, et ils ne pensent pas plus loin. Mais
les nouveaux convertis doivent être enseignés et affermis dans la vérité.
Paul savait combien ce service était nécessaire, et il agissait
en conséquence. Quand plus tard il dut quitter Thessalonique après une très
courte visite (c’est de nouveau les Juifs qui s’étaient opposé à lui), il
désirait vivement y revenir et voir le visage de ces jeunes croyants harcelés.
Satan l’en empêcha. Cependant son grand désir subsistait, et il envoya Timothée
pour les affermir
et les encourager
quant à leur foi (1 Thess. 2:17 à 3:3). La mention de Timothée montre aussi
clairement que nous ne pouvons pas tout attendre d’un seul serviteur. L’un peut
être utile pour éveiller des âmes, l’autre pour les affermir. Voilà les deux points
principaux du service chrétien, qu’il soit exercé par une seule personne ou non.
Il semble que Paul et Barnabas dans leur ministère auprès des croyants, ne rencontrèrent aucun obstacle, y compris à Lystre. Ils purent se déplacer librement sous la protection du Seigneur, dans les rues et dans les visites aux chrétiens. L’accent est mis sur trois points du ministère, et en premier l’affermissement des âmes des disciples. S’il est question des « âmes », il ne faut pas mettre ce terme en contraste avec celui de l’« esprit » des personnes, ni établir une différence entre ces termes. Ici simplement ce qui est visé, c’est la partie non matérielle de l’homme, le siège de la vie spirituelle.
Cette vie qui est communiquée par la Parole de Dieu dans la
puissance de l’Esprit Saint, doit vraiment se développer davantage chez le
croyant ; elle doit se manifester par une croissance spirituelle
. Dans ce but, Christ glorifié a donné des
dons à Son assemblée « en vue du perfectionnement des saints, pour l’œuvre
du service, pour l’édification du corps de Christ » (Éph.
4:12). Pour le bien spirituel de tout vrai chrétien, il est d’une importance
capitale de demeurer dans le Seigneur Jésus Christ, pour être « enraciné(s)
et édifié(s)
en Lui, et affermi(s)
dans la foi » (Col. 2:7).
Si nous nous sommes occupés jusqu’à présent de la nécessité
d’être affermi, il nous faut
maintenant jeter un coup d’œil sur les ouvriers du commencement, et la manière
dont ils ont répondu pratiquement à ce besoin. De Judas et Silas
il est dit « qu’ils exhortèrent
les frères par plusieurs discours et les fortifièrent
»
(Actes 15:32). De Paul il est dit : « il parcourait la Syrie et la
Cilicie, fortifiant
les
assemblées » (Actes 15:41). Quand il commença son troisième voyage
missionnaire « il traversa successivement le pays de Galatie et la
Phrygie, fortifiant
tous les
disciples » (Actes 18:23). Nous avons déjà vu que Timothée a affermi
les croyants de Thessalonique
souffrant sous la persécution, et qu’il les a encouragés
à l’égard de leur foi (1 Thess.
2:3).
Cependant de quelle manière
s’opère cet affermissement des âmes ? Quel en est le moyen
? Quelques passages des épitres du Nouveau Testament
peuvent nous donner des éclaircissements là-dessus.
L’apôtre Paul n’était pas encore allé à Rome, mais il désirait ardemment
voir les saints de cette ville endroit « afin de vous faire part de
quelque don de grâce spirituel, pour que vous soyez affermis
» (Rom. 1:11). Il est ici confirmé que l’exercice d’un
don de grâce donné par Dieu, conduit à l’affermissement des croyants dans leur
vie spirituelle.
Au ch. 16 nous avons une pensée semblable : « à celui
qui est puissant pour vous affermir
selon mon évangile et la prédication de Jésus Christ, selon la révélation du
mystère… » (Rom. 16:25). Cette citation montre d’abord Qui
« peut affermir » dans la
vérité. Il n’y en a qu’un, c’est Dieu. Mais Il utilise pour cela la prédication
de Ses serviteurs par
laquelle sont placées devant les cœurs les différentes parties de la vérité
divine, dont le centre est Jésus Christ.
C’est dans la même ligne que se situe Pierre quand il parle de
« faire souvenir » : « C’est pourquoi je m’appliquerai à
vous faire souvenir toujours de ces choses, quoique vous les connaissiez et que
vous soyez affermis
dans la vérité
présente. Mais j’estime qu’il est juste, tant que je suis dans cette tente, de
vous réveiller en rappelant ces choses à votre mémoire » (2 Pierre 1:12,
13). Quelle valeur a justement le souvenir
des vérités que l’on connaît déjà en soi ! Ainsi même les disciples qui
sont depuis longtemps déjà en chemin, ont besoin que leurs âmes soient affermies.
Quand nous repensons encore à ce qui est dit sur l’affermissement
des âmes, alors nous voyons l’importance qu’il y ait selon la volonté de Dieu un
tel service auprès des âmes
, et que nous
puissions en jouir encore aujourd’hui. Dieu soit loué pour cela ! Lui
tient par-dessus tout au bien-être de nos âmes
.
Mais à la suite de l’affermissement, une deuxième chose s’ajoute,
l’exhortation
: les apôtres exhortèrent
les disciples « à
persévérer dans la foi ». L’expression « dans la
foi » montre clairement que le mot ‘foi’ signifie ici le
contenu de la foi chrétienne, c’est-à-dire ce
qui
est cru (une signification objective).
La pensée est la même qu’au ch. 2 v.42, « ils persévéraient
dans la doctrine… des apôtres ». Cela est un point essentiel. Les croyants
issus des Juifs, au début de l’époque chrétienne, étaient caractérisés par le
fait qu’ils avaient la doctrine des apôtres comme fondement de leur vie, et qu’ils
demeuraient
dans cette doctrine. Dans
notre texte, il s’agit de nouveaux convertis des nations. Ils étaient
« nés de nouveau », « régénérés » par la Parole de Dieu (1
Pierre 1:23). La base était posée, cependant il était encore nécessaire qu’ils continuent
à être affermis par le ministère de la Parole. En plus de cela, il s’agissait
maintenant pour eux de demeurer
dans
la vérité chrétienne révélée.
L’exhortation à demeurer
dans la foi est nécessaire pour tous les disciples de tous les temps. Quand le
Sauveur était encore sur la terre, Il attribuait la plus grande valeur à ce que
les Siens demeurent
en Lui et que Ses
paroles demeurent
en eux (Jean 15:7).
Et Jean qui décrit la « dernière heure » de la dispensation
chrétienne, avertit et à la fois encourage les enfants de Dieu :
« Pour vous, que ce que vous avez entendu dès le commencement demeure en
vous : si ce que vous avez entendu dès le commencement demeure en vous,
vous aussi vous demeurerez dans le Fils et dans le Père » (1 Jean 2:24). C’est
justement au vu des conducteurs qui égaraient et de leurs faux enseignements qu’il
était nécessaire de persévérer dans la foi, dans le contenu de la foi que nous
avons appris dès le commencement comme venant de Dieu.
L’apôtre Paul aussi voit devant lui les « derniers jours », et il exhorte son bien-aimé enfant Timothée : « Mais toi, demeure dans les choses que tu as apprises et dont tu as été pleinement convaincu » (2 Tim. 3:14). Quand beaucoup de croyants apostasient et détournent leurs oreilles de la vérité, alors ce « mais toi demeure » est d’une importance d’autant plus grande. C’est quelque chose de spécial de demeurer, de persévérer. Cela témoigne de la constance et de la fermeté qui sont justement si importantes et si richement bénies dans des temps où tout vacille et faiblit.
Il y a encore un troisième point dont les apôtres sont amenés à
parler aux nouveaux convertis : « c’est par beaucoup d’afflictions qu’il
nous faut entrer dans le royaume de Dieu » (14:22c). Il semble que Luc, l’écrivain
du récit, cite ici directement les paroles prononcées par Paul et Barnabas. Ils ne laissent planer aucun doute sur le fait
que le chemin du chrétien vers la gloire passe par la souffrance
. C’est ainsi que Dieu autrefois n’a pas immédiatement
amené Israël dans le pays promis, mais les a d’abord conduits dans le désert ;
de la même manière le Seigneur ne nous prends pas directement auprès de Lui
dans la gloire après notre conversion. Le but du chemin est pourtant certain et
glorieux, mais le chemin qui y mène passe par beaucoup d’afflictions. Ce n’est
pas toujours de la persécution, bien que celle-ci soit la situation normale du
chrétien (2 Tim. 3:12). Le monde le haïra toujours. Mais ceci mis à part, il y
a beaucoup de difficultés sur le chemin de la foi. « Vous avez de la
tribulation dans ce monde » avait dit le Seigneur (Jean 16:33).
Ceux qui exprimaient les paroles ci-dessus, étaient les meilleurs témoins de cette vérité, les témoins les plus appropriés. Les jeunes croyants de ces trois villes avaient eux-mêmes vécu, en partie, combien les messagers chrétiens avaient beaucoup souffert pour la vérité ; au moins ils en avaient entendu parler. Les paroles d’exhortation des apôtres prenaient dès lors d’autant plus de poids. Elles doivent être tombées avec puissance dans le cœur des disciples : ces hommes savaient de quoi ils parlaient !
Beaucoup d’afflictions ! Oui. Mais les croyants les traversent
, ils n’y restent pas. Leur
chemin passe certes par la souffrance, mais elle conduit dans le royaume de
Dieu.
« C’est par beaucoup d’afflictions qu’il nous faut entrer
dans le royaume de Dieu ». Il y a un double impératif dans cette
affirmation. Nous perdons beaucoup si nous ne le voyons pas. D’un côté c’est un
chemin étroit, pénible, qui nous est attribué : « il
nous faut
» traverser beaucoup d’afflictions. D’un autre côté, — et
c’est le côté élevé, — « il
nous
faut
» entrer dans le royaume de
Dieu. Ce n’est pas : nous désirons, nous pouvons, nous voudrions. Non, c’est :
il
nous faut
(= nous devons)
.
Ô Dieu, quelle perspective réjouissante après toutes les souffrances de la terre !
Cependant nous voulons encore nous occuper d’un peu plus près de
l’expression « entrer dans le royaume de Dieu ». Elle apparaît deux
fois dans le Nouveau Testament précisément sous cette même forme. En Jean 3, le
Seigneur parle à Nicodème de la naissance d’eau et d’Esprit comme une condition
pour qu’un homme puisse entrer dans le
royaume de Dieu
(Jean 3:5). Le royaume de Dieu est dans ce contexte un
domaine spirituel dans lequel on entre d’une manière spirituelle, par la foi.
Du fait que les disciples auxquels il était maintenant parlé, avaient déjà fait
ce pas lors de leur conversion, l’expression figurant dans notre texte doit avoir
une autre signification.
Effectivement, il est ici question de l’entrée du croyant en
tant que personne
dans le royaume de
Dieu de l’autre côté de la mort
. C’est
le royaume de Dieu en gloire, dont il est dit en 1 Cor. 15 (v.50) que « la
chair et le sang » ne peuvent pas en hériter. Cela veut dire que l’homme
sauvé ne peut pas, avec le corps qu’il a aujourd’hui, avoir part au royaume de
Dieu de l’autre côté de la mort. Mais quand le Seigneur Jésus viendra
« pour transformer le corps de notre abaissement en la conformité du corps
de sa gloire » (Phil. 3:21), alors, bien-aimés, nous entrerons dans le royaume
de Dieu dans ce sens plus élevé.
C’est ainsi que les paroles « entrer dans le royaume de Dieu » décrivent d’une manière réjouissante les deux extrémités de la course chrétienne. D’un côté c’est ainsi que commence notre chemin comme chrétien (nouvelle naissance), de l’autre c’est de cette manière (dans la gloire) qu’il se termine. Et entre-deux il y a ce parcours plus ou moins court ou long avec beaucoup d’afflictions.
« Si nous souffrons [en allemand et en grec : supportons, persévérons], nous régnerons aussi avec lui » (2 Tim. 2:12). Cela rappelait à Timothée, à qui Paul adresse ces paroles dans sa dernière épître, plusieurs incidents, plusieurs détails du premier voyage missionnaire. C’est au plus profond de lui-même qu’il aura retenu l’exhortation citée ci-dessus, « que c’est par beaucoup d’afflictions qu’il nous faut entrer dans le royaume de Dieu ». Nous aussi nous voulons prendre à cœur ces paroles, car comme l’écrit un autre apôtre : « ainsi l’entrée dans le royaume éternel de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ vous sera richement donnée » (2 Pierre 1:11).
Une indication des plus remarquables vient ensuite. Elle
concerne l’ordre
dans l’assemblée du
Dieu vivant.
Dans beaucoup d’endroits, de nombreuses personnes avaient été
amenées à la foi au Seigneur par le ministère de la Parole. Il était maintenant
indispensable, selon les pensées de Dieu, que ces nouveaux convertis soient
intégrés aux assemblées locales dans chaque localités, — des assemblées
auxquelles l’apôtre a aussi pu plus tard s’adresser par ses épîtres. Les
croyants devaient surtout être rendus plus étroitement familiers avec l’ordre régulier
de l’assemblée. Car
chaque assemblée locale devait être une représentation de la seule Assemblée
universelle. Il fallait aussi détecter des hommes ayant un poids spirituel, qui
soient en état de veiller sur le troupeau du Seigneur et d’être à la tête des
croyants.
Ainsi ce n’est pas une tâche insignifiante que celle entreprise maintenant par les apôtres avant de prendre le chemin de retour à la maison. C’est une chose de prendre des hommes comme des poissons dans la mer des peuples, et c’en est une autre de les mettre dans des « vaisseaux » (récipients) — Matt. 13:47, 48. Et ainsi nous lisons :
« Et leur ayant choisi des anciens dans chaque assemblée, ils prièrent avec jeûne, et les recommandèrent au Seigneur en qui ils avaient cru » (Actes 14:23).
Au ch. 6 des Actes nous avons vu comment sept hommes pleins de
foi ont été établis pour le service de
diacres
à Jérusalem. En rapport avec le choix de ces sept hommes, des
principes importants ont été placés devant nous, qui peuvent aussi nous aider
maintenant à mieux comprendre les circonstances du choix d’anciens
dans les assemblées issues des païens
. Pour cela nous renvoyons à ce qui a été dit au ch. 6 (voir
un peuple pour son nom, partie 4, pages 75 à 81).
Le sujet des « anciens » est effectivement lourd de conséquences pour l’assemblée de Dieu, et beaucoup de choses sont entrées en usage dans ce domaine depuis des siècles dans la chrétienté, qui sont inconciliables avec ce qu’en dit l’Écriture. Pour mettre ce sujet à la portée de tous, nous voulons poser une série de questions et les éclairer ensuite à la lumière de la Parole de Dieu. Car même si les traditions des hommes sont anciennes, voire très anciennes, ce n’est pas pour autant qu’elles seront forcément bonnes.
Le terme « ancien » est tiré de l’Ancien Testament où il
désigne en règle générale des hommes ayant atteint une certaine position de
dignité en raison de leur âge : « des anciens d’Israël » (Ex.
3:16 ; Nb. 11:16). Cependant pour la période chrétienne dans le Nouveau
Testament, ce terme désigne des croyants auxquels, à la faveur d’une probation,
a été confiée une fonction spirituelle de conduite des croyants d’une assemblée
locale. Il ne s’agit pas de l’un des dons
de grâce
spirituels que le Seigneur glorifié a donnés à Son assemblée pour
son édification (Éph. 4:8-11), mais il s’agit d’une fonction
(ou : charge,
office ; voyez le « surveillant » en Actes 1:20), d’une position
d’autorité qui est conférée.
À côté des anciens (en grec presbyteros
; comp. le mot presbytère), le Nouveau Testament mentionne aussi
des « surveillants » (en grec episcopos
; comp. évêque).
Tandis que dans les églises chrétiennes aujourd’hui les anciens et les évêques
sont des personnes différentes avec des fonctions différentes, l’Écriture
Sainte nous montre que ces termes d’anciens et de surveillants recouvrent les
mêmes personnes et les mêmes fonctions.
Cela ressort clairement du ch. 20 des Actes. Paul avait convoqué
à Milet les anciens
de l’assemblée d’Éphèse
(Actes 20:17), mais alors il les nomme « surveillants » (Actes
20:28). À son collaborateur Tite, il commande d’établir des anciens
dans chaque ville (Tite 1:5), et
alors il lui cite les qualités requises d’un surveillant
(Tite 1:7-9). Le terme ‘ancien’ caractérise plutôt la personne
, et le terme ‘surveillant’
caractérise plutôt l’activité
qui a
été confiée. Mais il ne s’agit aucunement de personnalités différentes ou de
fonctions différentes.
Il ne consiste certainement pas à diriger les réunions des
saints ou à en conduire les séances, mais à « prendre garde… à tout le
troupeau » des croyants et à « paître » l’assemblée de Dieu
(Actes 20:28). Les anciens avaient à « prendre soin » de l’assemblée,
à « être à la tête » (1 Tim. 3:5 et 5:17). Ils devaient être aussi
capables « tant d’exhorter par un sain enseignement, que de réfuter les
contredisants » (Tite 1:9). En bref : le service des anciens a à
faire avec le gouvernement
de l’assemblée.
C’est tout à fait dans cette même ligne qu’il fallait « mettre en bon
ordre, les choses qui restent à régler » comme il est dit en Tite 1:5.
Pierre parle aussi de « paître » le troupeau de Dieu, et montre que
cela s’accompagne de sa surveillance (1 Pierre 5:2).
En outre, c’est le troupeau de
Dieu
, et non pas celui d’un homme quelconque (voir encore Actes 20:28). Les
gens parlent volontiers de leur
communauté,
mais elle appartient à Dieu. Il l’a acquise par le sang de son propre Fils.
Il est incontestable que le service d’ancien ou de surveillant
se recouvre à bien des égards avec celui de pasteur (berger). Il est non moins incontestable
que bien des anciens possédaient un don de grâce spirituel en plus de leur
fonction, et étaient ainsi capables de « travailler dans la Parole et dans
l’enseignement » (1 Tim. 5:17). De tels hommes étaient estimés dignes d’un
double honneur, d’une part parce qu’ils exerçaient bien leur fonction, et d’autre
part parce qu’ils utilisaient correctement leur don. La distinction entre la fonction
et le don
saute aux yeux ici, du fait qu’ils appartiennent à une seule et
même personne.
Notre verset d’Actes 14 donne à cet égard une réponse nette :
« Et leur
ayant choisi des
anciens dans chaque assemblée… » (Actes 14:23).
Ce n’est pas l’assemblée qui a choisi, mais les apôtres. Les anciens n’étaient établis que par l’autorité apostolique, que ce soit par les apôtres eux-mêmes, ou par leurs délégués. Comme délégués, on trouve Tite nettement (Tite 1:5), et très vraisemblablement Timothée.
Tite devait « établir des anciens dans chaque
ville », et pareillement les apôtres choisirent des
« anciens dans chaque assemblée ». Deux choses ressortent de
cela :
Un ancien ne devait pas être nouvellement converti, un temps de probation était nécessaire. Cela est tout à fait en accord avec le fait que Paul et Barnabas n’ont établi des anciens que lors de leur seconde visite à Lystre et ailleurs. Il n’est pas parlé de nomination d’anciens au moment de la naissance d’une assemblée. Il se passait toujours un certain temps pour que puissent être mis en lumière les individus appropriés à ce service. Les traits de caractère moraux requis sont eux-mêmes présentés en 1 Tim. 3 et Tite 1.
Même si Dieu a utilisé exclusivement des apôtres et leurs
délégués pour l’établissement d’anciens, c’est quand même en dernier ressort le
Saint Esprit qui a établi ces hommes comme surveillants dans l’assemblée de
Dieu (Actes 20:28). La capacité de déléguer le pouvoir à d’autres n’a été donné
qu’aux apôtres. C’est pourquoi nous ne lisons nulle part que les anciens
possédaient le pouvoir d’établir d’autres anciens à leur place. L’autorité
découlait de Christ sur les apôtres, et des apôtres sur les anciens. Ce que l’on
entend par évêque
aujourd’hui dans la
chrétienté est à cent lieues de ce que la Parole de Dieu en dit. Tous les
anciens étaient qualifiés de surveillants (évêques — Actes 20:28). L’Écriture
ne connaît pas d’autres sortes de surveillants ou évêques.
Manifestement, non. Il semble que l’apôtre Paul lui-même n’a pas toujours procédé selon cette pratique de Actes 14:23. À Éphèse il y avait des anciens, à Philippes il y avait des anciens (surveillants) et des serviteurs (diacres). Mais nous n’entendons pas parler d’anciens à Thessalonique, ni à Corinthe. Dans ce dernier cas, cela est d’autant plus significatif, que la première épître de l’apôtre aux Corinthiens a justement pour objet l’ordre de Dieu dans l’assemblée locale. Des anciens établis ne faisaient pas nécessairement partie du tableau normal d’une assemblée.
Nous n’avons plus aujourd’hui d’anciens ordonnés, il ne peut pas y en avoir. Pourquoi ? Parce que nous n’avons plus parmi nous d’autorité apostolique, qui est seul habilitée à en établir. Dans le Nouveau Testament nous ne trouvons pas la moindre indication que l’établissement officiel d’anciens et de serviteurs (diacres) doive être continué après le départ des apôtres. Même la mission déléguée par l’apôtre à Tite était limitée dans le temps et à l’île de Crète. Tite lui-même après s’être acquitté de sa mission devait rejoindre l’apôtre Paul à Nicopolis (Tite 3:12).
Mettant de côté les anciens ordonnés (c’est-à-dire ayant reçu une ordination), nous ne pouvons que répondre positivement à la question posée, celle de savoir s’il existe encore aujourd’hui des anciens. Nous pouvons toujours compter sur Dieu, y compris dans la question des anciens. Il a aussi pourvu pour nos jours, et Il donne des anciens dans un sens élargi : non pas des anciens ayant reçu l’ordination, mais bien plutôt des hommes plus âgés, et mûrs, qui exercent le service d’anciens. Ils ne sont pas désignés par ce titre, mais ils exercent la surveillance sur les croyants là où ils sont.
C’est ainsi que nous apprenons dans la première épître aux
Corinthiens qu’il y avait là la maison de Stéphanas,
qu’ils s’étaient « voués au service des saints ». Et l’exhortation de
l’apôtre était « de se soumettre à
de tels hommes
». Dans la jeune assemblée de Thessalonique, l’apôtre n’avait
pas établi formellement des anciens. Et pourtant il y avait quand même là ceux
qui étaient à la tête des croyants dans le Seigneur. Il fallait les reconnaître,
et les estimer très-haut en amour à cause de leur œuvre (1 Thess.
5:12, 13). Ces exemples nous sont aussi donnés comme direction au temps d’aujourd’hui.
En résumé nous pouvons dire que nous ne trouvons pas d’approbation
de la Parole de Dieu à l’égard de la manière de faire, largement répandue, consistant
à ce qu’une assemblée ou communauté se choisisse elle-même ses propres anciens.
Tout le poids de l’autorité de la Parole de Dieu va bien plutôt en sens
contraire. Il en va autrement quand il s’agit de l’administration de dons
matériels des assemblées, et par-là du service de diacre. Là où ce n’est pas
Dieu, mais l’assemblée
qui donne
quelque chose (pour la
bienfaisance), c’est elle
qui choisit
les hommes qui ont sa confiance. C’est ce que nous montre l’Écriture Sainte
(Actes 6:3-5 ; 1 Cor. 16:3 ; 2 Cor. 8:19).
Après la digression précédente sur les anciens, nous revenons au récit du premier voyage missionnaire de Paul et Barnabas en Actes 14.
« Et leur ayant choisi des anciens dans chaque assemblée, ils prièrent avec jeûne, et les recommandèrent au Seigneur en qui ils avaient cru » (Actes 14:23).
Suite au service plein de dévouement de l’apôtre, des assemblées
locales étaient nées, de sorte qu’il peut être parlé « de chaque
assemblée ». Leurs co-fondateurs
ne pouvaient pourtant pas rester auprès de ces croyants encore inexpérimentés.
Ils étaient obligés de laisser ces chrétiens encore jeunes parmi les païens et
les Juifs incrédules, comme des brebis au milieu des loups. Pourtant ils n’avaient
pas peur quant à la sécurité de ces assemblées encore jeunes. Ils prenaient au
contraire refuge dans la prière, dont le sérieux est rendu manifeste par le
fait qu’elle s’accompagnait de jeûne. Nous avons déjà vu cela au début du ch.
13, avant que le voyage commence.
Nous pouvons être assurés que les ouvriers du Seigneur ont aussi
prié avant le choix des anciens, et au moment de ce choix. Il n’est guère
pensable d’exercer une tâche si lourde de responsabilité sans prière. Car les
apôtres n’ont jamais exercé leur service à la légère ou dans l’indépendance. Pourtant
la prière et le jeûne dont il est parlé ici ont manifestement eu lieu après
le choix des anciens, et ils avaient
pour objet tout le troupeau des croyants. Ils recommandaient les amis
nouvellement gagnés au « Seigneur en qui ils avaient cru ».
Nous pouvons comprendre la fin de phrase « … en qui ils avaient cru » comme donnant la raison pour laquelle ces disciples ont été recommandés au Seigneur : ils avaient déjà mis leur confiance en Lui, car ils étaient devenus Ses disciples. Il n’y avait donc rien de nouveau dans le fait de continuer à se confier en Lui, après avoir été recommandés par les apôtres pour une protection particulière du Seigneur, au moment où ceux-ci les quittaient. Voilà ce que leurs cœurs désiraient. La conscience d’être dans la main de Celui qui est mort pour les Siens, et qui maintenant vit pour eux, remplit le cœur d’une profonde consolation et d’un bonheur inexprimable.
Tout cela nous parle et nous pouvons nous l’approprier. Nous
pouvons aussi nous tenir en prières les uns pour les autres, se recommandant
l’un l’autre au Seigneur
(« apportant au côté du
Seigneur » selon le sens littéral de l’expression). Quel privilège béni il
y a là : apporter à Son côté tout ce qui nous préoccupe !
En Actes 20:32 l’apôtre Paul recommanda les anciens d’Éphèse à Dieu et à la parole de sa grâce
. Ces « villes
de refuge » nous sont aussi ouvertes dans nos temps actuels. Puissions-nous
en faire davantage usage ! Mais ici c’est le Seigneur
auquel les saints sont confiés. Le Seigneur Jésus a toute
puissance dans le ciel et sur la terre. Il est mort pour nous sauver. Il vit
pour nous sauver. Il revient pour nous sauver. Quelle sécurité pour tous ceux
qui Lui sont recommandés !
Après que les apôtres aient recommandé au Seigneur les croyants des assemblées nouvellement créées, ils se séparèrent d’eux et se mirent en chemin.
« Et ayant traversé la Pisidie, ils vinrent en Pamphylie ; et ayant annoncé la parole à Perge, ils descendirent à Attalie ; et de là ils se rendirent par mer à Antioche, d’où ils avaient été recommandés à la grâce de Dieu pour l’œuvre qu’ils avaient accomplie » (Actes 14:24-26).
Les deux voyageurs suivirent la même route qu’à l’aller et arrivèrent finalement à Perge de Pamphylie. C’est là qu’ils avaient accosté en venant de Chypre. La raison pour laquelle ils n’avaient pas annoncé l’évangile dans cette ville lors de leur première visite ne nous est pas connue. Mais maintenant, passant par-là pour la deuxième fois, ils y firent halte et « annoncèrent la Parole ». Mais le chroniqueur ne dit rien des éventuels résultats.
La ville de Perge était reliée à la mer par un fleuve. Bien que les missionnaires aient prévu de rentrer par mer à Antioche de Syrie, ils ne firent pas voile directement à partir de Perge. Vraisemblablement les grands bateaux ne pouvaient pas accoster dans ce port. Un autre port, situé plus à l’Ouest, et nommé Attalie, correspondait mieux à leur projet. De plus grands bateaux accostaient là, et c’est de là qu’ils se mirent en route par mer vers la Syrie, et arrivèrent à Antioche, le point de départ de leur voyage missionnaire. L’œuvre du Saint Esprit parmi les païens se rattachait à Antioche et non pas à Jérusalem. Pierre n’y avait aucune part.
On admet en général que Paul et Barnabas mirent deux ans pour faire leur voyage.
C’est d’Antioche que les deux serviteurs du Seigneur avaient été
« recommandés à la grâce de Dieu pour l’œuvre qu’ils avaient accomplie ».
Cette indication confirme que l’imposition des mains des frères avant qu’ils se
soient mis en route, n’avait rien à faire avec une ordination
(comparer un peuple pour son nom, partie 6, pages 122 à 125). Nous
trouvons cette recommandation une seconde fois quand Paul prit avec lui Silas pour son deuxième voyage et fut « recommandé à
la grâce de Dieu par les frères » (Actes 15:40).
S’il s’était agi d’une ordination dans l’un et l’autre cas, alors Paul aurait reçu l’ordination deux fois !
« Et, étant arrivés, et ayant réuni l’assemblée, ils racontèrent toutes les choses que Dieu avait faites avec eux, et comment il avait ouvert aux nations la porte de la foi » (Actes 14:27).
Voilà maintenant les deux missionnaires revenus à Antioche ! Comme des hirondelles reviennent à leur nid, ainsi les voyageurs revinrent à Antioche une fois le travail achevé. Quelle surprise et quelle joie dut déclencher leur arrivée parmi les croyants de l’endroit ! Combien ils avaient désiré entendre ce qui leur était arrivé ! Il appartenait aux deux envoyés de faire à leur tour un compte-rendu à l’assemblée de ce que le Seigneur avait opéré par eux. Et ainsi ils réunirent immédiatement l’assemblée et racontèrent les merveilleuses histoires de l’œuvre de Dieu parmi les nations.
Combien de choses il y avait à raconter ! Leur visite à Chypre et la conversion du proconsul Serge Paul durent intéresser au plus haut point ceux qui étaient familiers avec cette île. Les apôtres firent également le récit de l’œuvre du Saint Esprit dans les provinces de Pamphylie, de Pisidie et de Lycaonie. Ils durent raconter la lapidation de Paul et son merveilleux rétablissement. Mais il y a une chose qu’ils passent sous silence : c’est le nombre des sauvés. Contrairement à ce qui est courant aujourd’hui, ils laissèrent le nombre de conversions entièrement à Dieu. En outre nous n’entendons pas parler de baptêmes durant ce voyage, bien que nous puissions être sûrs que ceux qui vinrent à la foi furent baptisés.
Le récit n’indique rien de ce que les deux ouvriers aient parlé
d’eux. Quand Paul, plus tard, se vit contraint par le mauvais état de Corinthe de
parler de ses propres expériences comme serviteur du Seigneur, alors il appelle
cela de la folie (2 Cor. 11:5-33). Non, Paul et Barnabas
ne racontèrent pas ce qu’eux avaient fait, mais tout ce que Dieu
avait fait avec eux
. Ils avaient été simplement Ses instruments, deux collaborateurs
dont Dieu s’était servi. Comme il est dit dans la parabole : « Maître,
ta mine a produit dix mines » (Luc 19:16). La gloire résultant de tous les
résultats bénis, ne revient qu’à Dieu seul. Quand il est dit « avec
eux », ceux qui rapportent le
récit veulent dire par-là qu’ils avaient, pour ainsi dire, seulement accompagné
Dieu quand Lui faisait ces
grandes choses. Et c’était vrai littéralement. La diffusion étonnante de l’évangile
dans les différents endroits qu’ils avaient visités, avait été opérée par la souveraine
grâce de Dieu. C’est Lui qui avait ouvert la porte de la foi aux nations. Mais
Il l’avait fait en communion « avec eux ».
« La porte de la foi », voilà une expression
remarquable ! L’image d’une porte est courante. On la rencontre dans le
Nouveau Testament dans différents cadres. Ici, pour ainsi dire, c’est une porte
ayant la suscription « foi » sur son linteau. Ce n’est que par cette
porte que l’on peut accéder au royaume de Dieu. La tournure « porte de la
foi » dit simplement ceci : la foi est
la porte.
Dans ces jours-là, Dieu avait ouvert cette porte aux nations, et beaucoup d’entre eux en avaient profité. C’était effectivement quelque chose de nouveau, que dans de nombreuses villes païennes des assemblées complètes se soient formées, composées principalement d’anciens païens. Jusque-là cela n’avait pas eu lieu sous cette forme. La porte était ouverte, et l’évangile avait trouvé son entrée dans le monde en sautant par-dessus les limites d’Israël. Même si Luc nous donne un tableau extérieurement limité de ce qui s’est passé parmi les nations, nous reconnaissons néanmoins, malgré toute la brièveté du récit, que Dieu avait suscité des résultats immenses par le travail de Ses serviteurs durant leur voyage.
Le récit de l’écrivain inspiré se termine par une indication remarquable sur le premier voyage missionnaire, par laquelle le ch. 14 des Actes se termine également :
« Et ils séjournèrent assez longtemps avec les disciples » (Actes 14:28).
Paul et Barnabas avaient derrière eux un temps de fatigue et de dangers. Paul en portait encore dans son corps les marques du Seigneur Jésus (Gal. 6:17). Et ainsi les deux serviteurs du Seigneur n’envisagèrent pas tout de suite un nouveau voyage. Bien plutôt ils passèrent un temps considérable (probablement six mois) auprès des disciples d’Antioche. Combien ont-ils joui de la communion précieuse avec eux après un si long temps d’absence et de solitude ! On ne doute pas non plus qu’ils aient utilisé ce « assez longtemps » au service du Seigneur pour l’édification de l’assemblée.
Le chapitre suivant montre que la présence des deux hommes à Antioche a été rendue nécessaire par une nouvelle circonstance, l’émergence d’un danger spirituel pour l’assemblée. Cependant, combien il est consolant de savoir que Dieu a tout dans Sa main, et qu’Il fait tout tourner pour le bien de Son peuple.
Le ch. 15 des Actes nous donne un récit hautement significatif sur le concile de Jérusalem, — le seul concile qui se soit jamais tenu sous la direction directe du Saint Esprit, et dont Dieu ait reconnu les décisions. Certainement, au cours de l’histoire de l’église, il y a eu encore beaucoup de conciles et de conférences pour décider sur tel ou tel point de doctrine. Mais aucun d’eux n’a eu lieu à un niveau aussi haut que celui de Jérusalem, et le résultat d’aucun d’eux n’a pu être annoncé en disant : « Il a semblé bon au Saint Esprit et à nous … » (Actes 15:28).
L’occasion de cette conférence extraordinaire fut une attaque
dangereuse de Satan qui, si elle avait réussie, aurait perturbé sérieusement
l’œuvre de Dieu parmi les nations, et aurait scindé l’assemblée en une partie
ayant l’empreinte juive et une partie ayant l’empreinte des Gentils. En fin de
compte, il s’agissait de la grande question de ce qui est nécessaire pour le salut
. À cela se rattachait une autre
question : les croyants des nations étaient-ils mis au même rang que ceux
issus des Juifs ?
En soi, ces questions avaient déjà été clarifiées. Quand Pierre avait dû se justifier devant les frères de Judée et devant ceux de la circoncision, de ce qu’il était entré chez des incirconcis et avait mangé avec eux, il avait fait le mieux de ce qu’il pouvait faire : il leur avait raconté ce que Dieu avait fait à Corneille et à sa maison, et comment Dieu avait donné aux croyants des nations le même don — le Saint Esprit — qu’à eux, les Juifs. À ce moment-là les frères avaient été tranquillisés, et avaient glorifié Dieu en disant : « Dieu a donc en effet donné aux nations la repentance pour la vie » (Actes 11:1-18).
Mais il semble d’après ce qui suit, que ceux de la circoncision n’étaient pas complètement satisfaits du statut et de la position des croyants des nations. Ne devaient-ils pas aussi garder la loi au moins sous quelque forme ?
« Et quelques-uns, étant descendus de Judée, enseignaient les frères disant : Si vous n’avez pas été circoncis selon l’usage de Moïse, vous ne pouvez être sauvés » (Actes 15:1).
Il ne nous est pas dit qui étaient ces hommes venus à Antioche depuis la Judée, cette forteresse du christianisme juif. En tout cas c’était de « faux frères » (Gal. 2:4), des instruments de Satan. Et cela est d’autant plus effrayant qu’ils étaient issus du milieu des croyants de Jérusalem (Actes 15:24). Il ne semble pas exclu qu’ils aient été envoyés par des conducteurs judaïsant avec ce message funeste.
Ceux arrivés à Antioche s’érigèrent en docteurs parmi les frères, et leur enseignèrent qu’ils ne pouvaient pas être sauvés sans la circoncision selon l’usage de Moïse. Ils désiraient ainsi fonder leur autorité et leur légitimité à répandre cette conception de la doctrine, à l’aide d’arguments trouvant facilement un accueil favorable parmi les chrétiens juifs. Pouvait-il être juste devant Dieu d’abandonner la circoncision qu’Il avait donnée comme signe de Son alliance avec Son peuple ? En rejetant la circoncision, ne rejetait-on pas l’alliance elle-même ? Les croyants de Judée étaient tous circoncis en tant que Juifs de naissance. N’était-il pas alors nécessaire de retrouver cela chez les croyants issus des nations ? Comment pouvaient-ils trouver le salut sans cet acte ? Il n’y avait de salut qu’en devenant Juif et en se soumettant à l’ordonnance de la loi, celle de la circoncision ; voilà ce qu’ils s’imaginaient.
C’était une attaque dangereuse de Satan, d’autant plus malicieuse qu’elle se présentait revêtue de la Parole de Dieu ! L’adversaire n’est jamais plus à craindre que quand il cherche à crédibiliser ses erreurs par l’Écriture Sainte et qu’encore il utilise pour cela des disciples du Seigneur. « Selon l’usage de Moïse ». Le but ici était de supplanter toute la doctrine chrétienne et de discréditer sa prédication, de la déconsidérer.
La prétention n’était pas seulement audacieuse, elle était aussi
inconséquente : elle se contredisait elle-même dans la mesure où elle
n’insistait que sur une seule exigence de Moïse, la circoncision. Qu’en
était-il de tout le reste de ce que Dieu avait dit par Moïse ? Avec quel
culot tous les croyants incirconcis d’Antioche qui provenaient des païens
étaient classés comme non sauvés
,
sans autre forme de procès !
Nous pouvons nous représenter quelles questions, quelle insécurité, et quelle tempête furent déclenchées parmi les saints à Antioche par ces enseignements nouveaux pour eux. Beaucoup d’entre eux étaient convertis depuis des années. Tout cela n’avait-il été qu’une illusion ? N’avaient-ils pas des prophètes et des docteurs parmi eux (Actes 13:1) ? Ceux-ci n’avaient jamais parlé de la nécessité de la circoncision ! Et en ce qui concernait les deux serviteurs éminents du Seigneur, Paul et Barnabas, ils avaient certes reçu la circoncision en tant que Juifs de naissance, mais ils n’avaient jamais soutenu que les croyants des nations devaient se soumettre à ce rite.
Effectivement le changement
de dispensation
(époque de l’histoire du salut), qui découle de la mort de
Christ, était et est complètement méconnu par les zélateurs de la loi. La
période de la grâce prenait la relève de celle de la loi. Le christianisme
n’est pas un judaïsme amélioré, mais une création entièrement nouvelle : « les
choses vieilles sont passées ; voici, toutes choses sont faites
nouvelles » (2 Cor. 5:17). Aujourd’hui « la grâce règne par la
justice pour la vie éternelle par Jésus Christ notre Seigneur » (Rom.
5:21). C’est pourquoi, par des œuvres de loi, personne n’est justifié, mais
seulement par la foi en Jésus Christ (Gal. 2:16). « Nous concluons que
l’homme est justifié par la foi, sans œuvres de loi » (Rom. 3:28).
« Si la justice est par la loi, Christ est donc mort pour rien »
(Gal. 2:21). « Car Christ est la fin de la loi pour justice à tout
croyant » (Rom. 10:4). Nous sommes sauvés par la grâce, « non pas sur
le principe des œuvres, afin que personne ne se glorifie » (Éph. 2:5, 9).
Ainsi l’évangile de Dieu que Paul prêchait n’a rien à faire ni
avec la loi ni avec la circoncision. La grâce et la loi, la foi et les œuvres
de loi, s’excluent mutuellement. Le salut des rachetés, qu’ils soient issus des
Juifs ou issus des païens, repose sur la mort expiatoire de Christ et sur Sa
résurrection victorieuse, et sur rien d’autre. Ajouter quelque chose comme
étant nécessaire, que ce soit la circoncision ou n’importe quelle autre œuvre
des hommes, c’est nier que Christ est l’unique
Sauveur. Un pont pour atteindre le salut fait de 99 pour cent de Christ et de
pour cent de l’action de l’homme doit s’effondrer, et cessera d’être un pont.
Il faut Christ, et Christ seul. Il n’y a pas d’autre pont pour aller au ciel.
Paul et Barnabas se rendirent tout de
suite compte du danger qui émanait de l’attaque de ces faux docteurs. Non
seulement ils étaient eux-mêmes attaqués personnellement, mais, avant tout, ce
qui était attaqué était la doctrine de la
grâce de Dieu
qu’ils annonçaient parmi les nations. Cependant, vu que la
question de la circoncision était maintenant soulevée à Antioche, il fallait la
clarifier. Et c’est ainsi qu’il est écrit :
« Une contestation s’étant donc élevée et une grande dispute (*), entre Paul et Barnabas et eux, ils résolurent que Paul et Barnabas et quelques autres d’entre eux monteraient à Jérusalem vers les apôtres et les anciens pour cette question » (Actes 15:2).
(*) ndT : mot traduit par ‘discussion’ au v. 7.
Quand la vérité de Dieu est attaquée, aussi humiliant que ce soit toujours, il est inévitable que cela fasse naître de la division et des disputes, en tout cas aussi longtemps que de fidèles témoins sont présents et prêts à la défendre. Dans la dernière épître du Nouveau Testament, nous sommes encore exhortés à « combattre pour la foi qui a été une fois enseignée aux saints » (Jude 3). Ce combat était déjà nécessaire à l’époque du commencement. Les deux serviteurs du Seigneur ne reculèrent donc pas devant une grave dispute, car elle était nécessaire.
Plus tard, l’apôtre Paul dans son épître aux Galates revient sur cette rencontre avec les docteurs judaïsants. Il les appelle des « faux frères… qui », dit-il, « s’étaient insinués pour épier la liberté que nous avons dans le Christ Jésus, afin de nous réduire à la servitude ; auxquels nous n’avons pas cédé par soumission, non pas même un moment, afin que la vérité de l’évangile demeurât avec vous » (Gal. 2:4, 5).
Ce n’était pourtant pas la volonté de Dieu que cette question litigieuse soit résolue par l’apôtre Paul à Antioche. Car premièrement, l’autorité apostolique ne suffisait pas pour cela. Et secondement, si lui et Barnabas avaient quand même cherché à la résoudre, cela n’aurait conduit qu’à une division de l’assemblée. L’unité de l’église aurait été perdue.
Ce fut donc une sage décision, produite par Dieu, que prirent les frères d’Antioche d’envoyer Paul et Barnabas avec quelques-uns d’entre eux à Jérusalem. D’un côté, il était approprié de clarifier la question là où elle avait surgi. D’un autre côté, il fallait que ce point délicat soit tranché par une décision étayée de tout le poids des apôtres et des anciens de Jérusalem, et de toute l’assemblée qui s’y trouvait, — d’autant plus que cette décision devait s’imposer à toutes les assemblées. Un jugement de cette autorité spirituelle devait faire plier même les docteurs raisonnant à la manière juive.
Un autre aspect des choses mérite aussi d’être considéré :
Dieu préservait l’assemblée d’Antioche d’agir dans l’indépendance
. Dieu n’autorise pas l’indépendance entre les
assemblées locales. La doctrine de l’unité du corps de Christ n’était certes
pas encore connue. Ce n’est que des années plus tard qu’elle fut révélée à
l’apôtre Paul : « Il y a un seul corps et un seul Esprit, comme aussi
vous avez été appelés pour une seule espérance de votre appel » (Éph. 4:4). Cependant l’Esprit de Dieu conduisait déjà les
croyants de l’époque à agir de manière correspondante, et « à garder l’unité de l’Esprit
par le lien
de la paix » (Éph. 4:3). C’est rafraichissant,
mais d’autant plus humiliant pour nous, de voir que de notre temps la
réalisation de l’unité du corps est largement abandonnée.
Quatorze ans s’étaient passés depuis que Paul avait visité
Jérusalem pour la première fois, trois ans après sa conversion (Actes
9:26-29 ; Gal. 1:18 ; 2:1). Maintenant il y retournait avec Barnabas et quelques envoyés de l’assemblée d’Antioche. Tel
était le désir des frères
d’Antioche
qui le mit en marche. Cependant nous apprenons par l’épître aux Galates une
raison supplémentaire pour l’y faire aller : il allait suite à une révélation
(Gal. 2:2).
Peut-être qu’au début n’avait-il pas eu envie d’aller à Jérusalem, parce qu’il
n’avait pas reçu des apôtres de Jérusalem l’évangile qu’il prêchait, et qu’il
n’avait pas de compte à leur rendre (Gal. 1:12).
Mais Dieu lui révéla qu’il devait quand même y aller. Il devait contribuer à l’éclaircissement en leur soumettant l’évangile qu’il avait prêché parmi les nations. En outre il prit avec lui Tite, un serviteur du Seigneur qui avait fait ses preuves. Le fait qu’il était grec et que, malgré cela, il n’avait pas été forcé de se faire circoncire, faisait de lui un exemple particulièrement significatif et approprié de ce que la souveraine grâce de Dieu peut faire d’un « Gentil » (Gal. 2:1,3).
« Eux donc, ayant été accompagnés (*) par l’assemblée traversèrent la Phénicie et la Samarie, racontant la conversion des nations ; et ils causèrent une grande joie à tous les frères » (Actes 15:3).
(*) ndT : « ayant été accompagnés » : c’est en réalité la forme passive de l’expression « faisant la conduite ». On pourrait traduire : « Eux donc, l’assemblée leur ayant fait la conduite, traversèrent… »
Une indication touchante : l’assemblée ‘fit la conduite’ à la petite compagnie de voyageurs. Nous trouvons l’expression « faire la conduite » à plusieurs reprises dans le Nouveau Testament (Rom. 15:24 ; 1 Cor. 6:16 ; 3 Jean 6). Elle n’inclut pas seulement, bien sûr, un accord intérieur, mais aussi une sollicitude pleine d’amour à l’égard des besoins extérieurs. Cela a dû représenter un réconfort intérieur pour les envoyés, de savoir que les saints à Antioche se tenaient de cœur à leur côté, et non pas au côté des docteurs de la loi.
Les voyageurs choisirent la voie terrestre, et durent donc circuler vers le Sud, à travers la Phénicie puis la Samarie jusqu’à Jérusalem qui est encore au sud de la Samarie.
Mais ils ne restèrent pas inactifs pendant leur voyage. Chaque fois qu’ils faisaient halte, ils cherchaient les frères. Aussi bien en Phénicie qu’en Samarie, ils racontèrent au sujet de la conversion de ceux des nations, et déclenchèrent par-là une grande joie chez tous les frères. L’occasion et surtout la matière pour leurs récits furent fournies richement non seulement par ce qui s’était passé à Antioche même, mais aussi spécialement par les événements vécus dans leur voyage missionnaire. Ils ne rencontrèrent pas d’objections de la part des Juifs. Le fait qu’ils suscitèrent partout une grande joie par leurs récits de la conversion des gens des nations, montre que les chrétiens de Phénicie et de Samarie étaient en plein accord avec l’évangile que Paul prêchait. Les docteurs judaïsants n’avaient aucune place. Nous allons bientôt voir qu’il en était tout autrement à Jérusalem.
Deux points ressortent encore particulièrement. Nous n’avons
encore guère développé de pensées là-dessus, et pourtant voilà ce qu’il y
avait : partout où Paul et Barnabas venaient et
passaient chez les frères, Tite était avec, lui un grec incirconcis et pourtant
participant de la grâce de Dieu. Si malgré tout, aucune objection ne fut
soulevée, et qu’il fut reçu comme tous les autres envoyés, cela montre combien
les frères étaient exempts de préjugés
.
Tite était en outre un compagnon personnel de l’apôtre Paul, non pas un
accompagnateur des membres de la « délégation ». Sur la question de
savoir pourquoi Tite n’est pas mentionné dans le livre des Actes [mais
seulement en Galates 2], nous n’avons pas de réponse.
Le fait que les deux missionnaires avec leurs rapports sur les
nombreuses conversions de gens des nations aient « causé une grande joie à
tous les frères », manifeste aussi la largeur
de cœur
de ces frères. En général le regard des Juifs, même croyants, était
restreint à leur propre peuple. Mais ici c’était des frères Juifs qui se
réjouissaient de cœur de ce que la grâce de Dieu avait opéré bien au-delà des
frontières d’Israël.
Pour le chemin rempli de problèmes et de difficultés qui est le
nôtre, de nos jours, n’avons-nous pas besoin de nous efforcer d’être sans préjugés
et larges de cœur,
à la fois nous-mêmes et nos compagnons ? Dieu
veuille nous l’accorder !
« Et étant arrivés à Jérusalem, ils furent reçus par l’assemblée et les apôtres et les anciens ; et ils racontèrent toutes les choses que Dieu avait faites avec eux » (Actes 15:4).
Tandis qu’en Phénicie et Samarie, nous entendons parler d’une
grande joie parmi les frères, nous ne trouvons rien de semblable à l’arrivée
des envoyés à Jérusalem. Cependant les envoyés d’Antioche furent reçus
amicalement par l’assemblée, les apôtres et les anciens à Jérusalem, ce qui
dénote des sentiments de loyauté. Cette liste de trois groupes forme une
succession remarquable. Elle indique un ordre en rang. L’assemblée
est au premier rang. Avec le Seigneur au milieu d’elle,
elle a l’autorité la plus haute. Ensuite, suivent les apôtres
, puis les anciens
.
Tous ceux-là accueillent les arrivants, ils sont prêts à les écouter.
En fait il y avait beaucoup à raconter, non pas sur tout ce que eux
avaient réussi, mais sur tout ce que
Dieu
avait fait par leur moyen
. Nous avions déjà cette manière touchante de
s’exprimer au ch. 14 v.27. Celui qui agissait en réalité, était Dieu, et eux
n’étaient que des instruments « accompagnateurs » dans Sa main.
Il est remarquable que les apôtres n’aient rien mentionné des difficultés apportées au milieu d’eux à Antioche par les docteurs judaïsants de Judée. Même si c’était la raison de leur séjour maintenant à Jérusalem, ils laissèrent à leurs éventuels opposants le soin de se manifester. Mais eux-mêmes restèrent dans le positif.
Il y avait effectivement dans l’assemblée de Jérusalem un petit parti de ceux qui se targuait d’observer la loi. Ils devaient avoir des réserves et de la méfiance à l’encontre de Paul et Barnabas. Et elles ne furent pas dissipées, mais plutôt renforcées par le récit des missionnaires sur l’action merveilleuse de Dieu parmi les nations. Quelle différence par rapport à l’attitude des disciples de Phénicie et de Samarie ! C’est peut-être l’explication de l’absence de mention de joie à Jérusalem à l’ouïe du récit.
« Et quelques-uns de la secte des pharisiens, qui avaient cru, s’élevèrent, disant qu’il faut les circoncire et leur enjoindre de garder la loi de Moïse » (Actes 15:5).
En général c’était toujours des Juifs incrédules et jaloux qui insistaient pour que les gens des nations gardent la loi. Mais ici c’était des Juifs croyants, et comptés parmi l’assemblée de Jérusalem, même s’ils appartenaient à la secte des pharisiens. Ils exigeaient pour les croyants des nations, qu’outre la circoncision ils gardent toute la loi de Moïse. Ils étaient manifestement d’avis que le meilleur chrétien est celui qui en même temps est un bon Juif. Ce n’est pas qu’ils refusaient complètement l’évangile. Ils « croyaient ». Mais ils pensaient que l’évangile sans qu’on garde la loi était incomplet. Nous avons déjà considéré combien tout cela est faux et destructeur du christianisme.
La suite du récit de Luc montre clairement que les apôtres et
les anciens considérèrent l’affaire comme extrêmement grave et
importante : ils convoquèrent une assemblée extraordinaire pour clarifier
la question litigieuse. Mais c’est préalablement qu’a dû avoir lieu ce dont
l’apôtre Paul parle au ch. 2 de l’épître aux Galates (v.2). « Je… leur
exposai l’évangile que je prêche parmi les nations, mais, dans le particulier,
à ceux qui étaient considérés ». L’expression « dans le
particulier » signifie littéralement « pour soi » et montre
qu’il y a eu des entretiens à part,
séparés des autres
. À ces entretiens privés participaient ceux qui étaient
« considérés », Jacques, Pierre et Jean. Ces hommes qui étaient
considérés comme des colonnes, reconnaissaient la grâce donnée à l’apôtre Paul,
et ils donnèrent à Paul et Barnabas « la main
d’association, afin que nous allassions vers les nations, et eux vers la
circoncision » (Gal. 2:9). De la sorte, les conducteurs de la circoncision
reconnurent que le ministère et l’œuvre de Paul étaient donnés de Dieu, et
étaient indépendants du ministère que Dieu leur avait confié à eux. C’était un
discernement important qui a dû être d’un grand secours pour la conférence qui
a suivi !
Il est déjà instructif de voir comment les informations particulières
convergent ; comment Dieu a veillé à ce que chacun (Luc et Paul) ait
rapporté ce qui relevait de son domaine de mission. Et il n’y a pas d’incohérences,
aussi contradictoires que puissent paraître les présentations à première vue.
Luc est l’écrivain historien, et il décrit le déroulement extérieur des
événements. Il ne dit rien des discussions privées séparées. Or ceci est
justement le sujet de l’apôtre Paul dans l’épître aux Galates. Il montre ce qui
a eu lieu avant
le concile et à part des autres
, et il montre les
mobiles intérieurs et les principes en cause.
« Et les apôtres et les anciens s’assemblèrent pour examiner cette affaire » (Actes 15:6).
C’est de cette manière non spectaculaire que commença le premier
concile de l’église qui ait eu lieu dans la chrétienté. Luc mentionne d’abord
seulement « les apôtres et les anciens », et il dit qu’ils
s’assemblèrent. Selon les v. 12 et 22, nous voyons cependant que toute l’assemblée
était présente. Elle prit part
à tout ce qui s’est passé. Car l’affaire objet du débat les concernait tous.
Les apôtres et les anciens avaient sans doute la direction, et eux s’occupèrent
de l’affaire. La mise en avant de l’autorité de ces conducteurs était justement
nécessaire à cause de ceux qui avaient amené la question litigieuse au milieu
des frères. Si l’affaire était examinée par ces autorités, qu’eux-mêmes aussi
reconnaissaient, alors ils ne pouvaient pas mépriser leur jugement. Nous
reconnaissons de nouveau combien dès le départ, Dieu Lui-même était Celui qui,
dans Sa sagesse, a tout ordonné et tout conduit et tout mené à bonne fin (comp. Actes 15:28).
« Et une grande discussion ayant eu lieu… » (Actes 15:7a).
Aussi triste que soit d’un côté le fait qu’une grande discussion [ou : ‘dispute’, même mot qu’au v.2] ait eu lieu sur la question en cause, d’un autre côté cela montre l’heureuse liberté qui existait parmi les frères. Chacun d’eux pouvait s’exprimer sur le sujet. Et il semble que les apôtres et les anciens leur ont accordé consciemment cette liberté. Ils avaient de la patience avec les uns comme avec les autres, et ils laissèrent le champ libre pour une discussion ouverte. Naturellement la liberté peut facilement être mal utilisée par la chair, et cela a pu aussi l’être à l’époque. Mais ce n’était pas une raison pour abolir la liberté en même temps que le mal. Les apôtres et les anciens furent préservés de cette faute — un mauvais comportement qui a si souvent paralysé le témoignage chrétien.
Il fut aussi accordé aux défenseurs de l’orientation légaliste de développer leurs pensées devant tous. N’était-ce pas dangereux ? Oui, mais en tout cas c’était mieux que de les condamner à se taire sans autre forme de procès, de sorte qu’ils auraient pu faire le reproche qu’on ne les avait pas écoutés.
Les apôtres et les anciens n’ont eu en aucune manière l’idée de
s’ériger en dominateurs de leurs frères, et de terminer l’affaire par une
parole d’autorité. Cela a-t-il jamais réellement amené une affaire à bonne fin
de manière durable ? Nous voyons ici précisément le contraire : ces
hommes conducteurs se sont tus
. Ni
Pierre, ni Jacques n’ont parlé jusqu’à ce que la discussion soit terminée. Paul
et Barnabas également n’ont pas davantage pris part à
celle-ci. Ils n’ont pris la parole que quand toutes les objections eurent été
mises sur le tapis, nous pouvons en être assurés. Quelle sagesse et quelle
humilité ont manifesté ces serviteurs du Seigneur ! Ce n’est que quand
tous les pour et les contre ont été mis en lumière que Pierre s’est levé. Après
que les pensées des hommes eurent été entendues, lesquelles ne nous sont pas
rapportées en détail, il fallait maintenant que la voix de Dieu soit entendue.
« Et une grande discussion ayant eu lieu, Pierre se leva et leur dit : Hommes frères, vous savez vous-mêmes que, dès les jours anciens, Dieu m’a choisi entre vous, afin que par ma bouche les nations ouïssent la parole de l’évangile, et qu’elles crussent. Et Dieu qui connaît les cœurs, leur a rendu témoignage, leur ayant donné l’Esprit Saint comme à nous-mêmes » (Actes 15:7, 8).
En s’adressant en général et comme d’habitude aux « frères » (littéralement « hommes frères », voir ch. 1:16), Pierre s’adressait à toute l’assemblée. Ce n’est qu’au v. 10 qu’il se tourne vers les croyants judaïsants de la secte des pharisiens.
Il rappelle à son auditoire ce qu’ils connaissaient bien, et qui
s’était passé plus de dix ans auparavant dans la maison du centurion Corneille.
Pierre était l’apôtre de la circoncision, et justement Dieu l’avait choisi pour
que les nations entendent la parole de l’évangile par sa bouche, et soient
amenées à la foi. À l’évidence Dieu avait tout opéré. Il suffit de jeter un
coup d’œil au ch. 10 des Actes pour voir que le grand acteur de cette affaire
était Dieu
. C’est Lui qui avait amené
Pierre à Corneille en se servant d’une vision et d’un ange. L’expression
« la parole de l’évangile », nous la rencontrons ici pour la première
et unique fois. Jusque-là, il était dit « la parole », la
« parole de Dieu » ou la « parole du Seigneur ».
Corneille et ses amis étaient d’entre les nations. Ils avaient cru la parole de l’évangile qui leur avait été prêchée. Dieu qui regarde au cœur savait cela, et Il leur donna le Saint Esprit en témoignage de leur foi, de la même manière qu’en son temps Il L’avait donné aux Juifs à la Pentecôte — « comme à nous-mêmes » (Actes 10:47 ; 15:8). Et il y a plus encore : Dieu avait conféré aux croyants d’entre les nations la puissance de parler en langues, comme preuve visible de ce don du Saint Esprit (Actes 10:46). C’est exactement ce qui avait eu lieu avec les 120 au jour de la Pentecôte. Vraiment pour Lui il n’y avait pas de différence si les croyants étaient des Juifs ou des Gentils. Même l’attestation du don de l’Esprit fut donnée aux croyants des nations de la même manière qu’aux apôtres eux-mêmes, et aux croyants Juifs du commencement.
Qu’en était-il du cas maintenant ? Corneille et ses amis avaient-ils été circoncis pour être sauvés ? Avaient-ils été circoncis depuis tout le temps qui s’était écoulé depuis ? Ils savaient tous que ce n’était pas le cas. Non, Dieu avait donné Son Saint Esprit à des croyants incirconcis, et avec cela Il avait donné la plénitude de la bénédiction chrétienne ! Pouvait-Il montrer de manière plus claire que ce ne sont pas des cérémonies extérieures qui conduisent au salut ? Depuis toujours les hommes religieux ont fait confiance, et font confiance à des rituels formels, à la circoncision et au baptême par exemple. Mais l’histoire de Corneille et de ses amis suffit à réfuter clairement les docteurs de la loi de ce temps-là et d’aujourd’hui.
Pierre en vient alors à parler de Celui qui « connaît les cœurs » et à « la purification des cœurs » :
« Et il n’a fait aucune différence entre nous et eux, ayant purifié leurs cœurs par la foi » (Actes 15:9).
Dieu a à faire avec l’intérieur de l’homme. Il regarde au cœur. Et sous ce point de vue, tous sont égaux devant Lui. Dieu avait purifié le cœur de ceux des nations comme ceux des Juifs auparavant.
Une vraie purification spirituelle s’accomplit dans le cœur
, qui est le centre de la
personnalité ; elle a lieu entièrement par Dieu
, et elle devient active par la foi
. Du fait qu’il y a l’article devant le mot ‘foi’, ‘la foi’,
nous devons penser à la parole de l’évangile qui est reçue par la foi. Comme
Pierre l’avait exprimé auparavant, les croyants des nations avaient entendu
et cru
la parole de l’évangile. De cette manière Dieu avait aussi
purifié les Gentils [païens] impurs.
Il nous revient involontairement à l’esprit la grande toile avec
toutes sortes d’animaux impurs et la parole du Seigneur qui avait averti :
« Ce que Dieu a purifié
, toi, ne
le tiens pas pour impur » (Actes 10:9-16). À cette époque-là, cela n’avait
été qu’une vision, une annonce de la purification morale de ceux qui étaient
impurs par position et par nature. Mais entre-temps, cette purification était
devenue depuis longtemps une heureuse réalité. Qui pouvait le nier ?
Pierre continue en se tournant maintenant directement vers le groupe des docteurs judaïsants :
« Maintenant donc, pourquoi tentez-vous Dieu, en mettant sur le cou des disciples un joug que ni nos pères ni nous n’avons pu porter ? » (Actes 15:10).
La première chose que Pierre donne à réfléchir à ces pharisiens, c’est qu’en définitive ils n’avaient pas à faire à des hommes, à ces « Gentils » [païens], mais à Dieu lui-même. Dieu avait fait connaître Sa volonté à l’égard de ces saints de manière incontestable, en paroles et en actes. Ignorer cette volonté divine et y opposer son opinion personnelle n’était pas seulement une désobéissance, mais c’était de la rébellion, c’était tenter Dieu. Pensée solennelle ! On peut tenter Dieu en ne prenant pas connaissance de Sa volonté révélée, et en faisant, au lieu de cela, ce que soi-même on tient pour juste. « Tenter » signifie aussi « mettre à l’épreuve ». C’est la mise à l’épreuve téméraire de Dieu pour voir s’Il se laisse défier. Autrefois les Israélites souffrant de la soif avaient querellé Moïse, et tenté l’Éternel en disant : « L’Éternel est-il au milieu de nous, ou n’y est-il pas ? (Ex. 17:1-7).
Dans le cas qui nous occupe, il s’agissait de la question
fondamentale de savoir si les croyants des nations devaient être circoncis et
garder la loi de Moïse pour être sauvés
.
Nous avons entendu la réponse claire de Dieu. Et n’est-il pas hautement
significatif que l’histoire de Corneille qui renferme cette réponse, est
mentionnée maintenant pour la troisième fois dans le livre des Actes ?
Insister malgré tout sur l’exigence que les croyants issus des
païens [« Gentils »] accomplissent la loi, cela était tenter Dieu.
Ceux qui le faisaient partaient évidemment de la supposition qu’eux-mêmes
gardaient la loi de Moïse. Mais justement « leur » apôtre, l’apôtre
de la circoncision, Pierre, doit leur dire clairement qu’ils se trompaient sur
ce point. Garder la loi ne signifie pas seulement la garder dans l’un ou
l’autre des commandements, mais la garder en totalité
. C’est pourquoi c’était un joug dur. Dieu l’avait mis sur
le cou du peuple d’Israël. Cependant personne de l’ancienne alliance ne l’avait
réellement gardée. Personne, ni eux-mêmes, ni leurs pères, n’avait pu dans ce
sens « porter » ce joug. C’était en vérité un « ministère de
mort » et un « ministère de condamnation » (2 Cor. 3:7 et 9).
Les hommes qui insistaient sur l’accomplissement de la loi, ne devaient-ils pas convenir que c’était un joug dur qui avait déjà pesé sur eux ? Et si eux-mêmes n’avaient trouvé aucune liberté réelle sous ce joug, comment voulaient-ils maintenant mettre ce joug sur le cou de disciples que Dieu n’avait jamais mis sous la loi ? C’était en fait tenter Dieu.
Quand la loi est qualifiée de joug que personne n’a pu porter,
il est pourtant remarquable, et même réjouissant, qu’il y a aussi un joug dans
l’évangile. Cependant c’est un joug aisé
et un fardeau léger
. C’est le joug du Seigneur Jésus
dont Il dit à Ses
disciples : « Prenez mon joug sur vous, et apprenez de moi, car je
suis débonnaire et humble de cœur ; et vous trouverez le repos de vos
âmes. Car mon joug est aisé, et mon fardeau léger » (Matt. 11:29, 30).
Voici une vraie liberté et un bonheur profond : être obéissant de cœur à
Dieu, le Père ; faire par amour ce qui Lui plait ! Ainsi, nous ne
sommes pas sans joug. Mais quel contraste avec le joug de la loi !
Pierre termine son discours condensé et convaincant par un coup d’œil admirable sur la grâce salvatrice du Seigneur Jésus :
« Mais nous croyons être sauvés par la grâce du Seigneur Jésus, de la même manière qu’eux aussi » (Actes 15:11).
Le « mais » au commencement de la phrase fait ressortir fortement le contraste : « tout au contraire nous croyons ». Eux-mêmes en tant que Juifs, ils croyaient être sauvés par la grâce du Seigneur Jésus et non pas par le fait de garder les ordonnances de la loi. Le seul moyen divin pour le salut est la « grâce du Seigneur Jésus ». Le Seigneur Jésus, dans Sa grâce, ne s’est-Il pas livré pour nous tous, pour nous racheter éternellement du péché et de sa culpabilité ? La grâce est un amour immérité. Et cet amour Il nous l’a montré d’une manière unique. « Par ceci nous avons connu l’amour, c’est que lui a laissé sa vie pour nous » (1 Jean 3:16). Ceci est valable aussi bien pour les Juifs que pour les Gentils [païens], et donc pour nous tous : « Car vous êtes sauvés par la grâce, par la foi, et cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu ; non pas sur le principe des œuvres, afin que personne ne se glorifie » (Éph. 2:8, 9).
La manière de s’exprimer de l’apôtre Pierre dans ce passage est
très révélatrice. D’où provenaient-ils, selon ce qu’ils croyaient ?
C’était d’avoir été sauvés, eux les Juifs, « de la même manière qu’eux
» (les Gentils, ou païens) ».
Tous les Juifs l’auraient formulé à l’envers : que ceux-là, les Gentils,
seraient sauvés « de la même manière
que nous
(les Juifs) ». Mais Pierre prend l’action de Dieu envers les Gentils
(ou : païens) comme la
mesure et l’exemple de Son action envers les Juifs. De même que Dieu sauvait
ceux des nations seulement par le moyen de la foi, de la même manière il n’y
avait pas d’autre possibilité de salut des Juifs.
Ce discours décisif de Pierre est une leçon à tous égards. C’est un serviteur du Seigneur qui parle sous la direction immédiate de l’Esprit Saint, et chaque mot compte. Il ne reste aucune place pour une idée légale ni pour des efforts légaux. Les docteurs de la loi de la secte des pharisiens avaient reçu une réponse parfaite, contre laquelle ils ne pouvaient soulever aucune objection. Le verset suivant le confirme.
« Et toute la multitude se tut ; et ils écoutaient Barnabas et Paul qui racontaient quels miracles et quels prodiges Dieu avait faits par leur moyen parmi les nations » (Actes 15:12).
Après le discours impressionnant de l’apôtre Pierre, le calme régna sur l’assemblée. Aucune voix ne s’éleva, aucun discours contraire ne se fit entendre, aucune discussion ne jaillit comme précédemment.
Toute la foule se tut sous l’impression de ce qu’ils avaient entendu. C’était en fait un silence « éloquent », et il semble que cela dura un certain temps. Certains cœurs ne s’étaient-ils pas tournés en silence vers Dieu, pour Le louer et Le bénir de Ses actes merveilleux ?
Le silence de la foule offrit aux apôtres Barnabas
et Paul l’occasion de prendre la parole de leur côté, et de raconter tous les
nombreux signes et prodiges que Dieu avait fait par leur moyen parmi les
nations. Si Barnabas est nommé ici avant
Paul, la raison en est peut-être
non seulement que Barnabas était plus âgé, mais aussi
que dans l’assemblée de Jérusalem il était bien mieux connu que Paul. D’un
autre côté la plupart des miracles s’étaient produits par le moyen de Paul, et
il était convenable et préférable que ce soit un autre, Barnabas,
qui en parle, ce qu’il fit manifestement sans jalousie.
Les deux missionnaires avaient en vérité beaucoup à raconter sur l’œuvre de Dieu parmi les païens, et en particulier sur bien des conversions hautement significatives. Ils l’avaient déjà fait dans la rencontre préalable (Actes 15:4). Cependant il leur incombait spécialement de raconter au sujet des signes et des prodiges que Dieu avait faits parmi les nations par leur moyen. Car c’est par cela que Dieu avait authentifié et reconnu l’œuvre parmi les nations.
Il avait agi de manière semblable quand la parole de l’évangile
était nouvelle parmi les Juifs
, et
avait besoin d’être confirmée (Actes 2:43 ; 5:12). Mais maintenant Dieu
avait mis son sceau de validation sur la réception de ceux provenant des nations
. Les croyants d’entre les
nations devaient être reçus dans l’assemblée de Dieu seulement en raison de
leur foi — sans circoncision et sans qu’il y ait à garder des prescriptions légales.
Si Dieu opérait de tels signes et prodiges par les mains de Paul et Barnabas, qui pouvait encore nourrir des doutes sur ce que
ces deux serviteurs de Dieu agissaient correctement, et que les docteurs judaïsants étaient au contraire dans le faux.
Après le récit des deux messagers de Dieu, — l’assemblée se tenait encore manifestement sous l’influence de ce qu’ils avaient entendu, — Jacques, le frère du Seigneur (Gal. 1:19), prit la parole.
« Et après qu’ils se furent tus, Jacques répondit, disant : Hommes frères, écoutez-moi : Siméon a raconté comment Dieu a premièrement visité les nations pour en tirer un peuple pour son nom » (Actes 15:13, 14).
Il est indiscutable que Jacques occupait une position de conducteur parmi les croyants à Jérusalem (Actes 12:17 ; 21:18 ; Gal. 1:19). Il est non moins indiscutable qu’il représentait la ligne juive stricte, selon ce que nous pouvons conclure de l’incident avec Pierre à Antioche (Gal. 2:12). Cependant c’est justement cette deuxième circonstance qui confère à sa « réponse » et à son « jugement » un poids d’autant plus grand sur ses frères judaïsants. Sa parole n’était pas celle d’un « hellénistes », mais d’un vrai « hébreu ». Nous nous sommes déjà occupés au v.1 du ch.6 de la différence entre les deux. Comme Pierre précédemment, lui aussi s’adresse à l’assemblée en disant « frères » (« hommes frères »), et il enchaine directement, en approuvant, sur ce que « Simon » avait dit. De façon significative, il utilise l’ancien nom juif de Pierre dans sa forme hébraïque. Se tenant sous le plein contrôle de l’Esprit Saint, il résume le témoignage de Pierre avec une précision étonnante, avant de jeter la lumière de l’Écriture Sainte sur l’affaire à titre de confirmation.
Voilà donc ce qu’était et ce qu’est l’intention de Dieu
pour le temps présent de la grâce, qui avait déjà
commencé à l’époque : c’est tirer d’entre les nations un peuple pour son
nom. L’évangile est diffusé à tous les peuples, non pas pour convertir des
nations entières, mais pour atteindre des individus particuliers et les amener
au salut. De cette manière ils sont « tirés des nations » pour être
une possession particulière de Dieu. Voilà la signification fondamentale de
l’action de Dieu dans le temps présent. L’assemblée (‘ekklesia’
en grec) est une troupe d’« appelés mis à part » que Dieu veut avoir
pour Lui comme une manifestation des Siens à Lui. Grandioses et pleines de
grâce sont ces voies de Dieu, que nous ne pouvons qu’admirer avec
adoration ! Il n’y a pas eu quelque chose de pareil dans le temps avant la
croix, et de tels privilèges ne seront pas connus au temps du règne à la fin
des jours. Cependant notre précieux passage de l’Écriture ne parle pas encore
du mystère du Christ, selon lequel les croyants des Juifs et des nations sont
constitués un seul corps en Christ (Rom. 16:25, 26 ; Éph.
3:5, 6).
Jacques cite alors un passage du prophète Amos qui parle de la bénédiction des nations (Amos 9:11, 12).
« Et avec cela s’accordent les paroles des prophètes, selon qu’il est écrit : ‘Après ces choses, je retournerai et je réédifierai le tabernacle de David, qui est tombé, et je réédifierai ses ruines et je le relèverai, en sorte que le résidu des hommes recherche le Seigneur, et toutes les nations sur lesquelles mon nom est réclamé, dit le Seigneur qui fait ces choses’ connues de tout temps » (Actes 15:15-18).
Cette prophétie décrit sans ambiguïté le temps encore à venir du
règne de paix de mille ans de Christ. C’est pourquoi Jacques ne dit pas que ces
paroles des prophètes seraient accomplies
maintenant, mais il indique seulement qu’elles sont en accord
avec la manière présente d’agir de Dieu dont il venait d’être
parlé. Le point commun, la bénédiction qui concorde, réside dans ce que le nom
du Seigneur est réclamé sur des gens des nations qui cherchent le Seigneur en
étant plein de foi, que ce soit plus tard dans le règne ou aujourd’hui dans le
temps de la grâce.
Mais il se rajoute un deuxième point. La parole prophétique n’indique nulle part la nécessité que les croyants d’entre les nations soient circoncis pour avoir part aux bénédictions de Dieu. Notre citation est pareillement muette là-dessus, et justement ce silence de l’Écriture Sainte donne le coup décisif à la question débattue. Dieu savait dès le commencement ce qu’Il ferait. Et s’Il ne dit rien du tout sur la nécessité de la circoncision, qui pourrait insister sur son introduction ? Le silence de l’Écriture ne réduit-il pas au silence tous les adversaires ?
Après avoir fait parler la Parole de Dieu devant laquelle chacun a à s’incliner, Jacques donne son avis sur cette affaire, et fait en même temps une recommandation à l’assemblée :
« C’est pourquoi moi, je suis d’avis de ne pas inquiéter ceux des nations qui se tournent vers Dieu, mais de leur écrire qu’ils s’abstiennent des souillures des idoles, et de la fornication, et de ce qui est étouffé, et du sang ; car Moïse, dès les générations anciennes, a dans chaque ville ceux qui le prêchent, étant lu dans les synagogues chaque sabbat » (Actes 15:19-21).
La manière dont Jacques décrit les croyants d’entre les nations
est instructive : « ceux des
nations qui se tournent vers Dieu
». En fait, autrefois ils
appartenaient aux nations qui vivaient loin de Dieu et dans l’idolâtrie. Mais
maintenant ils s’étaient (détournés de celle-ci, et) tournés vers Dieu, et
avaient cessé par-là d’être « ceux des nations ». Ils étaient devenus
chrétiens, adorateurs du vrai Dieu. Il est dit plus tard quelque chose de
semblable des Thessaloniciens qui s’étaient
« tournés des idoles vers Dieu, pour servir le Dieu vivant et vrai »
(1 Thess. 1:9).
L’avis de Jacques à l’égard des convertis des nations est net et sage : en ce qui concerne leur voie chrétienne, on ne doit pas leur « faire de difficultés » ou les « inquiéter », comme on peut aussi traduire. Il considère ceux de la secte des pharisiens comme étant ceux qui ont troublé ces chrétiens de manière injustifiée. De cette manière claire, mais douce, Jacques exprime son avis de refuser tous les efforts des docteurs judaïsants.
Il donne alors la recommandation d’écrire aux croyants venant
des nations de se garder de quatre points : les souillures des idoles, la
fornication, ce qui est étouffé et le sang. Leur origine païenne et leur vie,
jusqu’à présent, dans l’impureté du monde païen, paraissaient rendre
nécessaires ce conseil paternel. C’était, en fait, un conseil, une suggestion,
et non pas un ordre apostolique. Au v. 22 nous voyons que toute l’assemblée
agit. Nous ne devons pas voir
ces quatre points comme un code moral, un sommaire du vrai christianisme (nous
y sommes parfois enclin). Le christianisme authentique
englobe infiniment plus, Dieu soit béni ! Cependant au vu de leur vie
passée, et de leur nouvelle position en Christ, c’était des « choses
nécessaires » pour les chrétiens issus des païens (Actes 15:28). Nous
allons voir immédiatement que cela nous parle à nous aussi.
L’idolâtrie, la fornication, manger le sang (que ce soit
directement ou par étouffement), étaient jugés comme mauvais depuis longtemps
avant la loi. Si les avertissements là-contre furent plus tard également
consignés dans la loi de Moïse, cela ne fait que souligner l’importance de ces
choses. Cependant cela ne change rien au fait que, depuis le commencement, Dieu
a imposé à l’homme, Sa créature
, des
exigences morales qu’Il veut voir respectées en tout temps.
On a soutenu qu’en citant ces quatre point, Jacques était quand
même en train de se réfugier dans la loi. Non. Il ne cite pas la loi. Ses avis
se fondent bien davantage sur l’ordre de la création de Dieu, qui oblige toute
la famille humaine, indépendamment de l’époque. Ce que la Parole de Dieu a
toujours dit aux hommes en tant qu’hommes
,
et qu’Il n’a pas abrogé, garde sa validité et doit être suivi.
S’il est maintenant d’abord parlé des « souillures des
idoles », cela ne se réfère pas directement à l’idolâtrie elle-même, mais
aux souillures qui découlent de manger les choses sacrifiées aux idoles
(comparer « qu’on s’abstienne des choses sacrifiées aux idoles » au
v. 29). Nous voyons cela chez Daniel qui « avait arrêté dans son cœur
qu’il ne se souillerait
point par les
mets délicats du roi et par le vin qu’il buvait » (Dan. 1:8). Il savait
que ce qui venait sur la table du roi avait été préalablement offert aux
idoles.
Alors nous avons l’exemple humiliant à ne pas suivre
des croyants de Corinthe. Ils savaient « qu’une
idole n’est rien dans le monde, et qu’il n’y a point
d’autre Dieu qu’un seul » (1 Cor. 8:4). En cela ils avaient raison. Mais
ils pensaient que leur connaissance leur donnait la liberté de manger ce qui
était sacrifié aux idoles, et même de le faire dans un temple d’idoles. En cela
ils se trompaient. Car le mauvais usage de la liberté chrétienne pouvait faire
du tort à leurs frères faibles (1 Cor. 8:9-11). Et ils omettaient encore de
voir quelque chose : c’est que derrière les sacrifices d’idoles se
tenaient les démons avec lesquels ils entraient en contact quand ils allaient
dans un temple d’idoles et y mangeaient les choses sacrifiées aux idoles. C’est
pourquoi l’apôtre doit leur lancer cette exhortation sérieuse :
« fuyez l’idolâtrie » (1 Cor. 10:14-22). Si aujourd’hui dans nos pays
occidentaux nous n’avons plus à faire directement avec des choses sacrifiées
aux idoles, les principes divins subsistent néanmoins dans leur signification
figurée. Nous devons apprendre à les appliquer à nos
relations, qu’elles soient religieuses ou d’un autre ordre. Le
chemin le plus sage est toujours de se tenir éloigné de tout ce qui est
douteux.
Ensuite Jacques avertit contre la fornication
. Nous pouvons ici rester bref.
Mais faisons attention à ceci : Si le danger n’existait pas, nous
n’aurions pas besoin de l’exhortation « fuyez la fornication » (1
Cor. 6:18). Pour le bien de toute l’humanité, Dieu a institué le mariage déjà
au jardin d’Éden, et en a fait un rempart contre la fornication (1 Cor. 7:2).
« Que le mariage soit tenu en honneur à tous égards, et le lit sans souillure ;
mais Dieu jugera les fornicateurs et les adultères » (Héb.
13:4). Aujourd’hui le monde est plein de débauches et de fornication. N’est-ce
pas effrayant que déjà dans l’une des premières assemblées d’Asie Mineure, à
Pergame, les deux choses étaient présentes : les choses sacrifiées aux idoles
et la fornication
(Apoc. 2:14), justement les
choses que nous devons fuir
?
L’abstention de ce qui est étouffé
et du sang
peuvent être considérées
ensemble, car les deux sont une question de sang. Un animal qui n’est pas
abattu, mais pris dans un piège ou tué par strangulation, a encore son sang en
lui. Manger un tel animal signifie manger le sang. Or ce n’est pas seulement
une infraction à la loi qui met cette faute sous sa sanction (Lév. 17:10-12), mais c’est un mépris du commandement que
Dieu avait déjà donné à Noé et à ses fils juste après le déluge (Gen. 9:4). À la suite des plantes vertes, Dieu a donné à
l’homme comme aliments « tout ce qui se meut et qui est vivant »,
c’est-à-dire tous les animaux. « Seulement, vous ne mangerez pas la chair
avec sa vie, c’est-à-dire son sang » (Gen.
1:30 ; 9:3, 4). C’est le témoignage rigoureux de ce que la vie appartient
à Dieu, et à Lui seul.
Il est surprenant de voir même des chrétiens sérieux contourner parfois facilement l’ordonnance du Créateur qui nous occupe maintenant. Une partie d’entre eux pense qu’elle ne leur est plus applicable parce qu’ils ne sont plus sous la loi. Nous avons vu combien cet argument n’est pas tenable. D’autres n’ont guère réfléchi à ce sujet : « Toutes choses sont pures pour ceux qui sont purs » citent-ils (Tite 1:15). Certainement, « toute créature de Dieu est bonne et il n’y en a aucune qui soit à rejeter, étant prise avec action de grâces » (1 Tim. 4:4). Mais il y a cette seule exception.
Le commandement pour les hommes de ne pas manger de sang a été donné ou confirmé à trois époques de l’histoire de l’humanité : avant la loi, sous la loi et sous la grâce. Ici dans les Actes, nous avons par le moyen de Jacques le troisième rappel à la persistance du commandement : « … qu’ils s’abstiennent … de ce qui est étouffé, et du sang » (Actes 15:20). Est-il clair pour tous nos lecteurs que manger du boudin [saucisse au sang] tombe sous cette prescription ?
Aucun joug légal ne fut donc imposé aux croyants des nations. En respectant les quatre points, ils pouvaient et devaient jouir sans empêchement et sans restriction de la liberté de l’évangile. En ce qui concerne la loi, sa voix se faisait entendre depuis des générations dans les synagogues, sabbat après sabbat. Et si des Juifs prêchaient la loi, cela suffisait. Pour l’assemblée il n’existait pas et n’existe pas de motif d’être actifs dans ce sens.
Les apôtres et les anciens à Jérusalem s’étaient rassemblés pour
considérer l’affaire qui nous occupe (Actes 15:6). Trois pas faits sous la
direction visible de l’Esprit de Dieu ont contribué à résoudre la controverse.
Premièrement, grâce au témoignage de Pierre
au vu de ce que Dieu avait fait à Corneille et à sa maison, tous les fondements
de la thèse des opposants ont été éliminés. Deuxièmement le rapport de Barnabas
et Paul
a confirmé sans ambiguïté l’œuvre
de Dieu parmi les nations. Et en troisième lieu, la voix de l’Écriture Sainte
sur ce cas a été donnée à entendre par le moyen de Jacques.
Ce que Dieu avait dit
était naturellement en plein accord avec ce qu’Il avait fait
. Car c’est aussi l’accord et l’unanimité qui ont caractérisé
de manière touchante les participants à la conférence dans ce qu’ils
entreprenaient maintenant.
« Alors il sembla bon aux apôtres et aux anciens, avec toute l’assemblée, de choisir parmi eux des hommes, et de les envoyer à Antioche avec Paul et Barnabas : savoir Judas appelé Barsabbas, et Silas, homme d’entre ceux qui tenaient la première place parmi les frères » (Actes 15:22).
La première chose qui frappe en ce qui concerne la décision à
prendre, c’est qu’aucun vote ni élection
n’ont
eu lieu du côté de l’assemblée. Il s’agissait uniquement et seulement
d’apprendre la volonté de Dieu, et de la faire, et pour cela il n’y a pas
d’alternative à choisir. Bien plutôt, sous l’influence du Saint Esprit, tous,
les apôtres, les anciens et toute l’assemblée, arrivèrent à être unanimes au vu
de ce qui fut exprimé. L’assentiment de ceux qui étaient rassemblés portait sur
trois choses : sur l’avis et la recommandation de Jacques ; sur
l’envoi d’une délégation à Antioche avec une lettre comportant la
décision ; sur le choix de Judas et Silas comme
membres de la délégation et accompagnateurs de Paul et Barnabas
dans leur voyage de retour.
Quel triomphe de l’action de Dieu ! Une délégation était venue d’Antioche à Jérusalem. Une seconde délégation est maintenant envoyée de Jérusalem à Antioche. Les deux cependant fusionnèrent en une seule unité en ce qui concerne l’état d’esprit et l’intention. En fait c’est une délégation unique qui fit le voyage vers Antioche et qui y transmit la lettre.
Au sujet de Judas, nous ne savons que ce qui est dit ici, c’est-à-dire qu’il appartenait aux frères conducteurs (« ceux qui tenaient la première place ») de Jérusalem. À cause du second nom qui lui est donné, Barsabbas, on a supposé que c’était un frère du Joseph Barsabbas mentionné au ch. 1 v.23.
Silas faisait aussi partie des conducteurs (« ceux qui tenaient la première place ») parmi les frères. Grâce à sa proximité avec l’apôtre Paul, on en sait davantage à son sujet. La forme latine du mot hébreu « Silas » est « Silvanus ». Paul utilise cette forme dans ses épitres, quand il parle de ce collaborateur apprécié. Pierre aussi mentionne Silvanus (Silvain) à la fin de sa première épître.
L’expression « ceux qui tenaient la première place parmi
les frères » suscite notre intérêt. Déjà dans l’église primitive
apostolique, Dieu a suscité dans Sa grâce des hommes qui instruisaient ou
conduisaient les autres dans la Parole et la doctrine. Au v. 32, Judas et Silas sont en outre désignés comme ‘prophètes’
, et il est dit « qu’ils exhortèrent les frères par
plusieurs discours et les fortifièrent ». Il ne faut donc pas penser qu’il
s’agit des plus âgés, dont le service consiste à surveiller et à être à la
tête.
Au dernier chapitre de l’épître aux Hébreux, il est également parlé de « conducteurs » (ou : conduisants ; même mot que « ceux qui tenaient la première place parmi les frères »), en tout trois fois. Au v. 7 il s’agit manifestement de conducteurs décédés. Les deux autres passages parlent de conducteurs encore vivants (Héb. 13:17, 24). Comme dans le cas du service de Judas et de Silas, les conducteurs sont pareillement caractérisés dans le premier passage comme ceux qui « vous ont annoncé la Parole de Dieu ».
Quelle bénédiction d’avoir de tels hommes au milieu des saints, à l’époque comme aujourd’hui ! Il n’y a que des gens envieux et malveillants qui peuvent voir une faute dans la présence de conducteurs. En aucune manière, la pensée de la relation de frères n’a à souffrir de cette présence. « Vous, vous êtes tous frères » (Matt. 23:8), cela subsiste qu’il s’agisse de ceux qui conduisent ou de ceux qui sont conduits. C’était et c’est la volonté de Dieu que les croyants ne dépendent pas de soi-même seulement, mais aussi les uns des autres, en plusieurs sens. Qu’on lise un peu sous cet angle le chapitre de 1 Cor. 12. Quelle liberté précieuse pour l’exercice des différents dons existe dans l’assemblée de Dieu, si on laisse la place au Saint Esprit ! L’expression « conducteur parmi les frères » nous donne une première impression.
Suivant la recommandation, les frères de Jérusalem consignèrent par écrit la décision dans une lettre, — un document unique en son genre dans le Nouveau Testament.
« Et ils écrivirent par leur main en ces termes : Les apôtres et les anciens et les frères, aux frères d’entre les nations qui sont à Antioche et en Syrie et en Cilicie : Salut ! Comme nous avons ouï dire que quelques-uns qui sont sortis d’entre nous, vous ont troublés par des discours, bouleversant vos âmes, [disant qu’il faut être circoncis et garder la loi], (auxquels nous n’avons donné aucun ordre), il nous a semblé bon, étant tous d’accord, de choisir parmi nous des hommes et de les envoyer vers vous avec nos bien-aimés Barnabas et Paul, hommes qui ont exposé leurs vies pour le nom de notre Seigneur Jésus Christ. Nous avons donc envoyé Judas et Silas, qui vous annonceront de bouche les mêmes choses. Car il a semblé bon au Saint Esprit et à nous de ne mettre sur vous aucun autre fardeau que ces choses qui sont nécessaires : qu’on s’abstienne des choses sacrifiées aux idoles, et du sang, et de ce qui est étouffé, et de la fornication. Si vous vous gardez de ces choses, vous ferez bien. Portez-vous bien » (Actes 15:23-29).
« Par leur main » est une expression araméenne qui
signifie simplement « par le moyen de ». Les rédacteurs envoyèrent la
lettre par le moyen de
Judas et Silas ; ces hommes étaient les porteurs de la lettre.
Suivant l’habitude de ce temps-là, trois indications sont données en tête de la lettre. La première concerne les envoyeurs, la deuxième concerne les destinataires, et en troisième lieu suivent les salutations.
Voilà comment se désignent les expéditeurs de la lettre : « les apôtres et les anciens et les frères » (Actes 15:23). Cela souligne ce qui a déjà été dit, c’est-à-dire que ce n’était pas une lettre apostolique, mais une lettre de toute l’assemblée à Jérusalem. Après que les apôtres et les anciens se soient rassemblés au commencement pour examiner l’affaire, toute l’assemblée s’était alors jointe. Il ne s’agissait pas d’une assemblée générale ou œcuménique ou d’un autre genre, mais il s’agissait tout simplement de l’assemblée à Jérusalem. Cela est important dans la mesure où le mal était parti de Jérusalem. Il appartenait donc à l’assemblée de cet endroit de clarifier l’affaire. Maintenant ils le faisaient, et ils le faisaient par cette lettre.
Cette lettre est adressée « aux frères d’entre les nations,
qui sont à Antioche et en Syrie et en Cilicie » (Actes 15:23). Combien il
est heureux que des frères
écrivent à
des frères
! En dehors
d’Antioche, des assemblées avaient été troublées par les Juifs aussi dans les
autres régions. Et la lettre devait donc parvenir à ceux-là aussi. C’est en
quelque sorte une lettre circulaire qui fit l’objet d’une diffusion plus large,
comme le ch. 16 v.4 le montre clairement.
Quant à la salutation, il s’agit d’une formule générale ordinaire de salutation, en style condensé : « Salut ! » (Actes 15:23), pour dire « … vous présentent leur salut ». Nous la rencontrons aussi dans la lettre de Claude Lysias à Félix (Actes 23:26) et de façon intéressante au début de l’épître de Jacques (Jacq. 1:1). Toutes les autres épîtres ou lettres du Nouveau Testament contiennent davantage de salutations chrétiennes et de souhaits de bénédictions.
L’introduction (v. 24-27) est formulée de façon très soigneuse et ne laisse aucun doute quant à ce que les frères de Jérusalem ont « entendu » (Actes 15:24).
C’était des paroles modérées, mais claires quand même, et convenant à ce qui s’était passé, — des paroles sans aucun tranchant. Un esprit d’amour et de grâce y souffle, comme aussi tout le long de la lettre.
Alors les auteurs de la lettre expliquent aux destinataires comment ils ont été d’un commun accord pour choisir des hommes qui iraient vers eux à Antioche avec Barnabas et Paul. Ce qu’ils exprimaient finalement au sujet de ces deux derniers instruments du Seigneur est d’une beauté exceptionnelle. Ils les nomment « nos bien-aimés » et des « hommes qui ont exposé leurs vies pour le nom de notre Seigneur Jésus Christ » (Actes 15:25, 26). Dans le service de leur Seigneur, ils avaient non seulement risqué leur vie, mais ils l’avaient effectivement mise en jeu et donnée. Pensons seulement aux attaques sévères contre eux à Iconium et à Lystre (Actes 14). De quel amour et de quelle estime les deux serviteurs du Seigneur avaient-ils joui à Jérusalem suite à leur dévouement ! Et ce n’était pas des paroles flatteuses et exagérées qui décrivaient leur action, mais ils avaient touché juste le point saillant.
Les deux envoyés Judas et Silas sont nommés encore une fois. Ils possédaient la confiance de l’assemblée et devaient non seulement transmettre la lettre, mais aussi faire eux-mêmes le compte rendu oral des mêmes choses (Actes 15:27). Ils étaient des témoins compétents, — témoins aussi bien de l’authenticité de la lettre que de tout ce qui s’était passé à Jérusalem.
Et alors vient le fameux « il a semblé bon au Saint Esprit et à nous
» (Actes
15:28) qui introduit la décision proprement dite. C’est le seul concile qui ait
eu lieu, et qui ait jamais pu utiliser de telles
paroles. Les auteurs de la lettre étaient conscients que c’était le Saint
Esprit qui les avait conduits à ne pas imposer un fardeau plus grand sur les
croyants des nations que celui des quatre choses nécessaires qui sont encore
une fois mentionnées dans ce qui suit (Actes 15:28, 29). Le Saint Esprit avait
montré clairement depuis longtemps auparavant que la circoncision et garder la
loi ne sont pas nécessaires pour être sauvés, et Il l’avait montré en venant
sur des incirconcis. Cela est sous-jacent à la constatation « qu’il a
semblé bon au Saint Esprit et à nous ».
Ainsi le Saint Esprit préserva la précieuse liberté des croyants des nations, et en même temps Il maintint l’unité de l’assemblée de Dieu. Le danger de scission de l’église avait été extraordinairement grand. Si la question, par exemple, avait été décidée à Antioche, alors même que le résultat n’eût pas été différent, l’assemblée aurait été fractionnée en différentes écoles de doctrine. Dieu l’a empêché dans Sa bonté. Il envoya Paul à Jérusalem par une révélation pour y parler de ces choses. Le Saint Esprit a guidé les frères comme ils le reconnaissent dans la lettre ; Il les a guidés dans leurs délibérations et leurs décisions. La question ne pouvait être décidée nulle part ailleurs qu’à Jérusalem. C’est là qu’elle fut décidée, et les conducteurs s’en tinrent à cette décision, comme Jacques et tous les anciens le confirmèrent encore des années plus tard (Actes 21:25).
Si nous repensons encore une fois à cet épisode, nous sommes pressés d’admirer la sagesse de Dieu qui a préservé la jeune église d’un si grand danger. En même temps cela réveille dans nos cœurs le désir de Lui faire de plus en plus confiance dans nos temps et dans nos circonstances, Le laissant tout diriger.
La lettre se conclut avec une douce indication de la nécessité d’être préservés de ce qui est faux, et elle se termine par un simple « portez-vous bien ».
« Si vous vous gardez de ces choses, vous ferez bien. Portez-vous bien » (Actes 15:29c).
« Eux donc ayant été congédiés, vinrent à Antioche, et ayant assemblé la multitude, ils remirent la lettre. Et l’ayant lue, ils se réjouirent de la consolation. Et Judas et Silas qui eux aussi étaient prophètes, exhortèrent les frères par plusieurs discours et les fortifièrent. Et après avoir séjourné là quelque temps, ils furent renvoyés en paix par les frères vers ceux qui les avaient envoyés. Et Paul et Barnabas séjournèrent à Antioche, enseignant et annonçant, avec plusieurs autres aussi, la parole du Seigneur » (Actes 15:30-35).
C’est une scène touchante qui se déploie sous nos yeux. Nous pouvons en déduire que l’assemblée à Antioche avait attendu avec impatience le retour de la délégation, et qu’elle avait entre-temps prié pour elle. Quelle réponse allait-elle rapporter ? C’était une situation grave qui mettait en jeu la liberté de l’évangile.
Mais voilà les frères qui arrivent à Antioche, accompagnés en outre de deux hommes Judas et Silas. Toute l’assemblée fut convoquée, et la lettre fut remise. La lecture de la lettre déclencha la joie chez ceux qui étaient rassemblés, — la joie en plus de la consolation que le message touchant contenait. La position de toute l’assemblée, celle des croyants issus des Juifs et celle des croyants issus des nations, étaient maintenant établies : ils se tenaient tous sur le fondement de la grâce inconditionnelle de Dieu. Et n’était-ce pas un profond motif de joie et de consolation pour les frères des nations, d’apprendre maintenant l’amour et la communion de l’assemblée à Jérusalem de manière si directe ?
En ce qui concerne Judas et Silas, ils
n’étaient pas seulement les porteurs de la lettre, mais en plus, ils étaient
témoins de tout ce qui s’était passé en rapport avec elle à Jérusalem. Les deux
hommes étaient aussi des prophètes qui encouragèrent et fortifièrent les frères
à Antioche avec beaucoup de paroles [discours]. Nous avons ici une description
vivante de ce qui caractérise le ministère d’un prophète
: « l’édification, l’exhortation et la
consolation » (1 Cor. 14:3). Les deux serviteurs du Seigneur restèrent un
temps long dans l’assemblée locale, et ce fut pour leur riche bénédiction. Il y
avait une pleine liberté pour l’exercice de leurs dons, y compris quand les
apôtres étaient présents. Merveilleuse liberté de l’Esprit ! Combien elle
a vite été perdue dans la chrétienté !
Cependant le séjour de Judas et Silas à Antioche était de nature temporaire, et après un certain temps ils furent renvoyés en paix par les frères vers ceux qui les avaient envoyés. Le fait qu’au v. 40 on revoit Silas à Antioche a conduit à admettre qu’il n’avait jamais quitté ce lieu. C’est ainsi que le codex de Bèze, un manuscrit tardif et non satisfaisant, rajoute : « mais Silas trouva bon de rester là » (v. 34 ; ndT : verset absent du Nouveau Testament J.N. Darby, Carrez, TOB). Cela contredit cependant directement ce qui est dit au v. 33, d’après lequel aussi bien Judas que Silas quittèrent Antioche. Le v. 34 est manifestement une addition humaine issue de la puissance d’imagination et de la propre volonté d’un scribe. En vérité ce qui est vraisemblable est que Silas est revenu à Antioche à une date ultérieure.
Tandis que les deux, Judas et Silas,
rentraient à Jérusalem, Paul et Barnabas demeurèrent
à Antioche et enseignèrent et annoncèrent avec beaucoup d’autres la parole du
Seigneur (Actes 15:35). Ici il est de nouveau confirmé la liberté et la
pluralité dans l’annonce de la parole du Seigneur. Outre Paul et Barnabas, le Saint Esprit utilisait dans cette assemblée
« beaucoup d’autres » [ou : plusieurs autres] ; mais ce qui
était annoncé était toujours la parole du
Seigneur
. Quel modèle pour nous et de nos jours !
C’est en ce temps-là qu’a dû avoir lieu la visite de Pierre à Antioche, rapportée seulement en Galates 2 v.11-14. Paul qui séjournait encore là, dut lui résister en face non seulement parce qu’il était hypocrite, mais parce que, par son comportement, il laissait se raviver la vieille controverse juive, même si c’était avec une autre sorte d’habillage. Précédemment il mangeait avec ceux des nations. Mais quelques-uns étant venus de chez Jacques, il se retira et se sépara, craignant ceux de la circoncision. Même Barnabas fut entraîné par cette hypocrisie. Si Paul avait suivi cette tendance à ce moment-là, tout allait être perdu. Le fait que Luc ne mentionne pas cet incident peut être attribué à ce qu’il n’a eu aucune influence sur le cours des événements ultérieurs. En tout cas, et cela est caractéristique, l’apôtre Pierre disparaît désormais des annales de la partie historique de l’Écriture Sainte. Nous l’avons vu encore une fois au concile de Jérusalem, mais depuis sa trace se perd.
« Et quelques jours après, Paul dit à Barnabas : Retournons maintenant visiter les frères par toutes les villes où nous avons annoncé la parole du Seigneur, pour voir comment ils vont. Et Barnabas se proposait de prendre avec eux Jean aussi appelé Marc. Mais Paul trouvait bon de ne pas prendre avec eux un homme qui les avait abandonnés dès la Pamphylie et qui n’était pas allé à l’œuvre avec eux. Il y eut donc entre eux de l’irritation, en sorte qu’ils se séparèrent l’un de l’autre et que Barnabas, prenant Marc, fit voile pour Chypre » (Actes 15:36-39).
Paul vit à ce moment-là son œuvre à Antioche comme achevée, et son cœur de berger désira revenir vers les frères, dans les jeunes assemblées nouvellement formées afin de voir leur bien-être spirituel. Quel beau trait ! Il n’était pas seul à annoncer l’évangile, mais il aimait aussi l’assemblée, et était soucieux de répondre à l’état spirituel de ceux qui avaient été nouvellement gagnés au Seigneur, et d’aider à leur croissance intérieure.
Et ainsi il fit la proposition à Barnabas de visiter de nouveau les frères dans un second voyage « pour voir comment ils allaient ».
Cependant, de façon fort triste, l’excellente proposition conduisit à une grave mésentente entre les deux serviteurs dévoués du Seigneur. Vraisemblablement Barnabas était en principe prêt à cette entreprise, mais il voulait prendre comme accompagnateur son neveu (ou : cousin) Marc. Le fait que Barnabas se laisse maintenant guider dans les choses de l’œuvre du Seigneur par des affinités naturelles de famille, montre qu’il lui avait été fait du tort intérieurement par l’hypocrisie à Antioche (Gal. 2:13). Paul, à l’inverse, ne trouva pas du tout approprié de prendre avec eux un homme qui les avait abandonnés lors du premier voyage, et qui n’avait pas continué l’œuvre avec eux. Avant que Marc ait vécu une pleine restauration, il n’était pas question pour Paul de l’avoir comme accompagnateur.
Paul avait certainement de très bonnes raisons de le refuser à
ses côtés. Cependant nous nous demandons s’il était nécessaire qu’entre eux,
jusque-là si étroitement liés, il naisse une « irritation » aussi
grave, au point de se séparer l’un de l’autre pour ne plus jamais retravailler
ensemble. Vu les circonstances, la séparation était nécessaire, mais le fait
qu’elle fut accompagnée d’une si profonde irritation
est une circonstance humiliante dont la mention est un avertissement de
l’Esprit Saint : même des ouvriers excellents du Seigneur ne sont pas à
l’abri de ce genre de mésentente et d’évolution des choses.
Barnabas prit donc Marc avec lui, et fit voile vers Chypre, son lieu de naissance (Actes 4:36). Sur cette île ils avaient commencé leur travail au début de leur premier voyage missionnaire (Actes 13:4). Il semble qu’il était quelque peu pressé, car nous n’entendons pas parler de recommandations de la part des frères. Comme Pierre déjà auparavant, c’est maintenant Barnabas qui quitte la scène des récits historiques. Bien sûr il a continué à servir le Seigneur avec dévouement, mais le Saint Esprit ne le mentionne plus. Dans la partie historique de l’Écriture Sainte, son nom n’apparaît plus.
Il est donc d’autant plus touchant que, quand plus tard dans ses
lettres Paul mentionne Barnabas incidemment ici ou
là, il parle de lui avec respect et avec un amour affectueux (1 Cor. 9:6 ;
Col. 4:10). En outre on peut conclure du passage de l’épître aux Colossiens
que, dans des jours ultérieurs, Paul a entouré Marc de beaucoup d’amour et de
soins. Oui, dans sa dernière lettre, peu avant sa mort en martyr, il souhaite
même que Timothée l’amène avec lui, car « il m’est utile pour le
service » (2 Tim. 4:11). Combien il est consolant que le Grand Maître ait
entièrement restauré un serviteur infidèle, et lui ait finalement accordé la
grâce d’écrire le second évangile, — justement l’évangile qui montre Christ
comme le parfait serviteur
!
« Mais Paul, ayant fait choix pour lui de Silas, partit, après avoir été recommandé à la grâce du Seigneur par les frères. Et il parcourait la Syrie et la Cilicie, fortifiant les assemblées » (Actes 15:40,41).
Si Paul s’est choisi Silas comme collaborateur dans la grande œuvre qui lui avait été confiée, il se cache là-derrière un principe divin. Bien sûr tout service découle d’une foi personnelle. Cependant cela n’exclut pas que, quand le serviteur et la tâche sont d’une envergure supérieure, le serviteur peut se choisir un autre comme compagnon. Un tel choix correspond à l’Écriture Sainte. Le Seigneur, Lui aussi, envoya autrefois « les 70 deux à deux devant sa face » (Luc 10:1).
Les deux serviteurs du Seigneur furent alors recommandés à la grâce de Dieu
par les
frères. Nous avons déjà vu cela au commencement du premier voyage (Actes
14:26). Il n’est pas dit que les frères aient exprimé une telle recommandation
à l’égard de Barnabas et de Jean (Jean-Marc).
Manifestement ils jugèrent que Paul avait raison, et que Barnabas
avait tort.
Fortifié par la confiance des frères, Paul quitta Antioche. Il voyagea d’abord à travers la Syrie et la Cilicie et fortifia les assemblées. Mis à part l’importance de fortifier les assemblées, cette remarque fait ressortir clairement que beaucoup d’assemblées étaient nées entre-temps dans ces contrées, y compris dans des endroits où l’apôtre n’était pas allé lui-même. L’œuvre du Seigneur s’était fortement étendue.
« Et il arriva à Derbe et à Lystre. Et voici, il y avait là un disciple nommé Timothée, fils d’une femme juive croyante, mais d’un père grec, lequel avait un bon témoignage des frères qui étaient à Lystre et à Iconium. Paul voulut que celui-ci allât avec lui, et l’ayant pris, il le circoncit, à cause des Juifs qui étaient dans ces lieux-là ; car tous savaient que son père était Grec » (Actes 16:1-3).
Les villes de Derbe et de Lystre où Paul arrivait maintenant, étaient situées en Lycaonie ; elles nous sont déjà connues par le premier voyage missionnaire (Actes 14:6 et suiv.). Derbe avait été le point extrême vers l’Est, là où les apôtres avaient fait demi-tour pour rentrer chez eux. Mais cette fois-ci l’apôtre parcourut la Lycaonie à partir de l’Est, et commença à Derbe avant d’arriver à Lystre en direction de l’Ouest. La succession des lieux visités était ainsi inversée par rapport au premier voyage. L’écrivain du récit ne communique rien sur une quelconque activité qu’ils aient eu à Derbe. C’est comme s’il se dépêchait d’aller avec nous à Lystre. Car c’est là qu’il a quelque chose de remarquable à raconter.
Justement dans cette ville où Paul avait guéri le paralytique, il rencontra un certain « disciple », Timothée. Celui-ci s’était manifestement converti au Seigneur lors de la première visite de l’apôtre à Lystre, de sorte qu’il est déjà présenté ici comme un disciple. En ce temps-là Timothée était encore un jeune homme, comme l’apôtre le montre clairement, des années plus tard, dans sa première lettre qu’il lui adresse (1 Tim. 4:12). Il est aussi intéressant de savoir que, depuis l’enfance, il avait été familiarisé avec les Saintes Écritures (de l’Ancien Testament) (2 Tim. 3:15). Une foi sincère habitait déjà chez sa grand-mère Loïs, et aussi chez sa mère Eunice (2 Tim. 1:5). En plein accord avec ceci, Timothée est introduit ici comme « le fils d’une femme juive croyante », mais, est-il rajouté, « d’un père grec ».
Ici réside le problème. Paul voulait que « celui-ci aille avec lui ». Même s’il avait un bon témoignage des frères à Lystre et à Iconium, tous les Juifs de ces lieux-là, savaient que son père était grec. Cela conduisit Paul à franchir un pas remarquable : il circoncit Timothée, « à cause des Juifs » est-il dit, pour éliminer leurs préjugés contre Paul, et surtout contre Timothée et son service. C’était un acte de grâce comme nous allons le voir tout de suite de plus près.
À première vue la manière d’agir de l’apôtre de l’incirconcision pouvait susciter de la critique chez les croyants, ou au moins de l’incompréhension. Les attaques des faux docteurs (« si vous n’avez pas été circoncis selon l’usage de Moïse, vous ne pouvez être sauvés », Actes 15:1) n’avaient-elles pas été repoussées de manière divine qu’assez récemment ? Et maintenant Paul circoncit lui-même quelqu’un dont le père était grec ! Ne contredisait-il pas ainsi ce qu’il avait enseigné, et ne remettaient-il pas de nouveau les croyants des nations sous la loi ?
De telles objections sont réduites à néant si on pense à ce qui suit. La décision du concile de Jérusalem visait des saints issus des nations. Or Timothée était descendant d’un mariage mixte juif. La loi n’avait rien à dire sur l’éventuelle circoncision d’un descendant mâle d’un tel mariage mixte. Si donc l’apôtre Paul circoncit Timothée (selon toute vraisemblance son père ne vivait plus, ce qui facilitait l’affaire pour Paul), il n’agissait pas contre la décision du concile, ni ne se mettait sous la loi.
Tout au contraire ! C’était un acte au-delà de la loi, un
acte de grâce souveraine par lequel Paul voulait éloigner une pierre
d’achoppement des idées juives. En fait il se faisait juif pour les Juifs
« afin de gagner les Juifs » (1 Cor. 9:20). Quand au contraire
« les faux frères » venus de Judée voulurent le contraindre à
circoncire Tite, « il ne leur céda pas « par soumission, non pas même
un moment » (Gal. 2:3-5). C’est justement parce que Tite était grec
, que cette résistance ferme était
si importante. Il était, pour ainsi dire, un exemple, un modèle de la liberté
des croyants issus des nations, pour laquelle avait eu lieu la dispute du ch.
15.
On peut encore remarquer qu’au temps d’Esdras et Néhémie, les pères Juifs ayant des enfants de femmes païennes, ne pouvaient pas les reconnaître. Ils devaient chasser la mère et l’enfant (Esdras 10:3 et suiv. ; Néh. 13:23 et suiv.). Or Timothée était issu d’un tel mariage mixte, et il n’y avait aucun commandement de le circoncire. Mais il y avait justement la liberté de le faire. C’était une expression de grâce sous laquelle Paul se tenait, et dans laquelle il allait à la rencontre des Juifs aussi loin qu’il était possible avec le bas niveau de pensée de ceux-ci. La manière de l’apôtre de prendre les devants n’est-elle pas un exemple de flexibilité de la grâce, — exemple à imiter encore aujourd’hui ?
Dans les deux lettres de l’apôtre écrites beaucoup plus tard à « son enfant Timothée », il nous est donné encore quelques détails remarquables sur l’appel et le service de ce serviteur du Seigneur béni et encore jeune. Nous voulons les retracer rapidement.
De la première lettre nous apprenons que Timothée avait été
l’objet de prophéties
. Elles
concernaient le service particulier auquel cet ouvrier était divinement appelé.
C’est pourquoi l’apôtre continue en disant : « afin que par elles
(ces prophéties) tu combattes le bon combat » (1 Tim. 1:18). L’œuvre à
laquelle Dieu l’avait appelé pouvait s’avérer difficile et dangereuse.
Cependant quelle consolation il y avait à se rappeler les prophéties qui
avaient été prononcées autrefois à son égard !
Mais il possédait aussi un don
de grâce
spécial de Dieu. Ce don lui avait été conféré par l’imposition des
mains de l’apôtre (2 Tim. 1:6). Le corps des anciens s’était uni à cette action
en lui imposant aussi les mains de leur côté. Paul complète cette circonstance
par les paroles suivantes dans sa première lettre : « Ne néglige pas
le don de grâce qui est en toi, qui t’a été donné par prophétie avec
l’imposition des mains du corps des anciens » (1 Tim. 4:14). Le mot
« avec » exprime l’accompagnement
,
et plus précisément la communion des anciens avec l’action de l’apôtre.
L’imposition des mains de l’apôtre et des anciens doit avoir eu lieu à Lystre. C’était une manière d’agir particulière
avec un instrument particulier
de Dieu.
Revenons sur le cours des événements dans le livre des Actes.
« Et comme ils passaient par les villes, ils leur remirent pour les garder, les ordonnances établies par les apôtres et les anciens qui étaient à Jérusalem. Les assemblées donc étaient affermies dans la foi et croissaient en nombre chaque jour » (Actes 16:4, 5).
Nous remarquons en premier que les assemblées plantées lors du premier voyage subsistaient encore. Cela a dû être pour Paul une grande joie de voir que les nouveaux convertis étaient restés fermes malgré de multiples persécutions.
Manifestement, Dieu dans sa grâce, avait maintenant accordé un temps de repos de sorte que Paul et ses collaborateurs pouvaient parcourir les villes sans être importunés dans leur tâche de porter à l’attention des assemblées de la région les décisions du concile de Jérusalem.
Cela était d’autant plus important que des chrétiens juifs pouvaient être tentés à chaque instant de remettre leurs frères des nations sous la loi de Moïse. Ils fallait qu’ils sachent qu’agir ainsi, c’était agir contre l’autorité des apôtres et celle des anciens à Jérusalem, et que c’était même agir contre le Saint Esprit Lui-même.
En dehors du ch. 21 v.25, il n’est fait référence qu’ici aux décisions des apôtres et des anciens à Jérusalem. On n’en retrouve jamais mention ailleurs, pas même dans les épitres. Cela ne porte naturellement pas atteinte à l’importance de ces décisions. Car d’un côté nous devons penser que les épitres de Paul qui traitent de la question, comme par exemple l’épître aux Galates, n’étaient pas encore écrites. Il était donc important de posséder une ferme direction justement pour les endroits où les chrétiens étaient principalement issus des Juifs. D’un autre côté, Paul devait révéler dans ses épîtres, sous l’inspiration de l’Esprit Saint, la pleine lumière de la vérité chrétienne, et il devait ainsi répondre à la question de la loi sur la base de l’œuvre de Christ pleinement accomplie.
Nous entendons de nouveau que les assemblées furent affermies, —
« affermies dans la
foi »,
selon le sens littéral. Le ministère des serviteurs du Seigneur avait pour but
d’affermir les assemblées dans la doctrine chrétienne. Il y avait, et il y a
toujours le danger, à l’époque comme aujourd’hui, d’être entrainés par des
doctrines diverses et étrangères. C’est pourquoi il est bon et nécessaire
« que le cœur soit affermi par la grâce » (Héb.
13:9). « Affermis dans la foi
»,
« affermi par la grâce
»,
ces deux choses vont toujours ensemble. L’une montre l’objectif, le dessein,
tandis que l’autre montre le moyen qui opère sur le cœur.
En premier c’est l’intérieur qui est présenté (affermissement), ensuite c’est l’extérieur : les assemblées se multipliaient chaque jour. Cela peut signifier que de nouveaux rassemblements étaient créés ; mais peut-être aussi que les rassemblements eux-mêmes augmentaient en nombre. Vraisemblablement les deux significations sont visées. En tout cas cela a dû être extrêmement encourageant pour Paul et ses compagnons de vivre un tel « accroissement de Dieu » (Col. 2:19) dans ces temps primitifs de l’église.
Après que Paul et ses collaborateurs eurent visité des lieux connus, où l’apôtre avait déjà travaillé auparavant, ils s’engagèrent maintenant dans un nouveau territoire.
« Et ils traversèrent la Phrygie et le pays de Galatie, ayant été empêchés par le Saint Esprit d’annoncer la parole en Asie ; et étant venus jusqu’en Mysie, ils essayèrent de se rendre en Bithynie, mais l’Esprit de Jésus ne le leur permit pas » (Actes 16:6, 7).
Les voyageurs se tournèrent donc vers le Nord-Ouest et traversèrent les contrées de la Phrygie et la Galatie. Manifestement ils avaient en vue d’annoncer la Parole en Asie, la grande province romaine avec ses nombreuses villes. Mais le Saint Esprit les en empêcha. De quelle façon cela eut lieu, cela n’est pas précisé. Cependant nous devons plutôt penser à une intervention directe de l’Esprit plutôt qu’à une direction par les circonstances.
En tout cas le Saint Esprit ne voulut pas que la Parole soit pour le moment
prêchée en Asie. En tous
cas, l’apôtre séjourna plus tard trois ans à Éphèse, la ville principale
d’Asie. De cette manière remarquable il travailla là au point qu’il put être
dit, en résumé, « que tous ceux qui
demeuraient en Asie entendirent la parole du Seigneur
, tant Juifs que
Grecs » (Actes 19:10). Dieu a pour toutes choses Son temps que Lui seul
connaît. C’est pourquoi il est extrêmement important pour tout serviteur du
Seigneur de demander la direction de l’Esprit et de la suivre. Combien nous
sommes facilement inclinés à suivre nos propres idées dans le service du
Seigneur parce qu’elles nous paraissent plausibles ! Pourtant même un
apôtre devait apprendre à être corrigé par l’Esprit Saint dans ses objectifs de
voyage.
Ils vécurent la même chose quand ils cherchèrent à voyager au Nord vers la Bithynie. Ici aussi l’Esprit de Jésus ne le permit pas. Selon les pensées du Seigneur, la Bithynie ne devait également entendre la Parole que plus tard, vraisemblablement alors par le ministère de l’apôtre Pierre. En effet en tête de sa première épître, Pierre mentionne la Bithynie parmi les destinataires (1 Pierre 1:1).
L’emploi de l’expression « l’Esprit de Jésus » est significatif ici. Bien sûr il s’agit du même Esprit Saint dont nous avons déjà parlé, la personne divine. Cependant deux choses sont indiquées par cette manière spéciale de s’exprimer. D’un côté c’était l’Esprit dans la puissance duquel le Seigneur Jésus vivait et agissait sur la terre. D’un autre côté, il percevait et perçoit sur la terre les intérêts de Jésus l’homme glorifié. C’est donc ici l’Esprit de Jésus qui intervient pour diriger les pas des missionnaires dans la bonne direction, vers l’Europe.
Combien notre service sera heureux et béni si nous prêtons l’oreille à la voix de l’Esprit de Jésus, et que nous sommes alors au bon endroit au bon moment ! Une des leçons instructives de notre paragraphe est que cela importe au premier chef dans l’œuvre du Seigneur. En outre les objectifs nouvellement donnés par l’Esprit furent dans chaque cas acceptés et suivis immédiatement.
L’Asie et la Bithynie durent donc encore à attendre au profit de la Phrygie et de la Galatie. Ces dernières durent donc entendre l’évangile de Dieu avant les premières.
Nous nous étonnons peut-être de ce qu’il ne nous soit pas donné la moindre indication sur le travail missionnaire dans ces deux contrées. N’y a-t-il eu aucun succès à raconter ? Or l’épître de l’apôtre Paul aux assemblées de la Galatie montre clairement que l’évangile s’est répandu en portant de riches fruits. Bien sûr les résultats bénis couvraient aussi la Phrygie, même si celle-ci n’est pas expressément signalée (comp. Actes 18:23).
En tout cas les Galates avaient reçu l’apôtre avec joie, « vous m’avez reçu comme un ange de Dieu, comme le Christ Jésus » écrit-il (Gal. 4:13-15). La faiblesse de sa chair, la tentation qui était dans sa chair, ne l’empêchèrent pas d’exercer son ministère : « Car je vous rends témoignage que, si cela eût été possible, arrachant vos propres yeux, vous me les eussiez donnés » (Gal. 4:13-15). Cette remarque laisse conclure que Paul, entre autre, souffrait d’un mal aux yeux.
Malheureusement toutefois, les croyants de Galatie prêtèrent l’oreille aux docteurs judaïsants, de sorte qu’ils voyaient Paul sous un jour complètement différent. Était-il devenu leur « ennemi » ? Tout cela lui était très douloureux, et il était « en perplexité à leur sujet » (Gal. 4:16, 20). C’est pourquoi l’épître aux Galates est un des écrits les plus solennels du Nouveau Testament : ni louange au début, ni salutation à la fin ! Cependant Paul restait leur père dans la foi, un père qui souffrait les souffrances de l’enfantement pour ses enfants. Il est admirable de voir l’amour de Dieu dans un cœur qui n’était pas prêt à abandonner ses objets !
Les serviteurs du Seigneur avaient maintenant reçu deux fois une direction négative du Saint Esprit faisant obstacle. Cela a dû sans aucun doute les amener à de profonds exercices de cœur. Et nous pouvons nous les représenter en train de supplier vivement le Seigneur pour avoir une direction positive. C’est ce qu’ils obtinrent maintenant.
« Mais ayant passé par la Mysie, ils descendirent dans la Troade. Et Paul vit de nuit une vision : un homme macédonien se tenait là, le priant et disant : Passe en Macédoine et aide-nous. Et quand il eut vu la vision, aussitôt nous cherchâmes à partir pour la Macédoine, concluant que le Seigneur nous avait appelés à les évangéliser » (Actes 16:8-10).
La vision n’a été donnée qu'à l’apôtre Paul, — une
faveur qui lui fut témoignée plus tard encore plus souvent. Pourtant il ne
s’agissait pas ici d’une directive directe, mais indirecte
. Elle nécessitait de l’intelligence spirituelle pour que
sa signification soit comprise. L’homme macédonien priait Paul de passer en
Macédoine et de les aider. Mais la conclusion que Dieu les appelait à annoncer
l’évangile aux macédoniens, ils la tirèrent tous
ensemble
. Quel bienheureux accord !
Notons qu’à partir du v. 10, Luc, l’écrivain des Actes des
Apôtres, parle pour la première fois en disant « nous » :
« Et quand il eut vu la vision, aussitôt nous
cherchâmes à partir pour la Macédoine, concluant que le
Seigneur nous
avait appelés à les
évangéliser ». C’est en fait une manière extrêmement modeste de
s’introduire, et de dire clairement que désormais, depuis la Troade, Luc
faisait partie de la troupe des collaborateurs de l’apôtre. Certes il ne
mentionne pas son nom et reste humblement à l’arrière-plan ; cependant
nous pouvons être certains que chaque fois que l’écrivain du récit dit
« nous », lui le « médecin bien-aimé » était là.
Nous laissons encore ici notre regard revenir brièvement en arrière pour voir comment les collaborateurs de la troupe ont été adjoints l’un après l’autre. Tite avait été avec l’apôtre et Barnabas au concile de Jérusalem (Gal. 2:1, 3). Paul s’adjoignit Silas à Antioche au commencement du deuxième voyage missionnaire (Actes 15:40). Timothée fut ajouté à Lystre, comme nous pouvons le supposer (Actes 16:1-3). Et maintenant en Troade, Luc sent l’appel pour aller avec les autres en Europe. Ainsi Luc, qui était prophète, devint un collaborateur du grand apôtre Paul. Ces deux serviteurs de Dieu furent des instruments de l’inspiration du Saint Esprit, et ont eu par-là un poids extraordinaire. Mais pas seulement cela ! De tels hommes, apôtres et prophètes, forment par leur enseignement le fondement sur lequel les saints et les gens de la maison de Dieu sont édifiés, « Jésus Christ lui-même étant la maîtresse pierre de coin » (Éph. 2:20).
En terminant ce chapitre sur les directives divines, remarquons que, pour connaître la volonté du Seigneur, nous ne devons pas attendre aujourd’hui des visions ou des apparitions. Si nous tenons réellement à faire Sa volonté, Dieu ne manquera pas de faire naître dans notre cœur, par son Esprit, la certitude de ce que nous devons faire. Certainement nous devons nous tenir dans la foi, et nous attendre humblement à Lui, restant proche de Lui, et mettant notre confiance en Lui seul. Alors Il nous fera connaître Sa volonté d’une manière ou d’une autre, et nous ouvrira le chemin où nous devons aller. Ce que l’apôtre demandait en suppliant pour les croyants de Colosses, a la même importance pour nous :
« Que vous soyez remplis de la
connaissance de sa volonté,
en toute sagesse et intelligence spirituelle »
(Col. 1:9).
Quand l’apôtre Paul et ses compagnons furent arrivés à la conviction que le Seigneur les appelait à annoncer l’évangile aux macédoniens, ils partirent sans hésiter, et entreprirent le voyage à travers la mer Égée.
« Quittant donc la Troade, nous fîmes voile, tirant droit sur Samothrace, et le lendemain à Néapolis, et de là à Philippes, qui est la première ville du quartier de la Macédoine, et une colonie ; et nous séjournâmes quelques jours dans cette ville » (Actes 16:11, 12).
En deux étapes ils traversèrent le détroit de la mer. Le voyage du premier jour les amena sur l’île de Samothrace. Et le jour suivant ils accostèrent à Néapolis, une ville portuaire sur la côte européenne. Le reste jusqu’à la première ville importante, Philippes, fut fait à pied, la distance étant d’environ 20 km.
En fait Philippes a été la première ville d’Europe où l’évangile de la grâce de Dieu a été annoncé. La capitale de la Macédoine n’était pas Philippes, mais Thessalonique ; Philippes était la première ville de cette partie de la Macédoine. En tant que colonie romaine, elle était soumise à la législation romaine, et jouissait de toutes sortes de privilèges. Beaucoup de romains, aussi bien soldats que citoyens, étaient installés là. En outre c’était une ville remplie d’idolâtrie.
Il semble que les quatre envoyés de Dieu sont arrivés à Philippes en début de semaine, car ils eurent à séjourner encore quelques jours jusqu’au sabbat. Manifestement pendant ce temps-là, il ne s’offrit à eux aucune occasion de commencer le travail.
« Et le jour du sabbat, nous sortîmes hors de la porte [et nous nous rendîmes] au bord du fleuve, où l’on avait coutume de faire la prière ; et, nous étant assis, nous parlions aux femmes qui étaient assemblées » (Actes 16:13).
Tandis qu’ils passaient quelques jours dans la ville, et qu’ils regardaient autour d’eux, ils eurent la conviction que le nombre des Juifs était faible et leur pauvreté grande. Ainsi il n’y avait pas de synagogue dans cette ville importante. Quand ils voulurent rencontrer des Juifs, ils durent sortir hors de la porte et se rendre au bord du fleuve où les Juifs se rassemblaient le jour du sabbat pour la prière. Cette habitude des Juifs, en l’absence de lieu saint ou de synagogue, d’aller pour la prière au bord d’un fleuve ou d’une étendue d’eau, peut trouver sa raison d’être dans les ablutions de purification prescrites par la loi. Nous rencontrons cet usage déjà aux jours d’Esdras (Esd. 8:15 et 21).
Quand Paul et ses compagnons de voyage arrivèrent au bord du
fleuve, ils ne trouvèrent là que quelques femmes. Paul n’avait-il pas vu en
vision un homme
macédonien qui le
priait de venir vers eux et de les aider ? Nous pouvons penser qu’à ce
moment-là il chercha des yeux cet homme. Mais il ne trouva que des femmes. Où
étaient donc les hommes ? Manifestement ils laissaient les pratiques
religieuses aux femmes. Et on peut bien supposer que les requêtes pour avoir de
l’aide spirituelle n’émanaient pas du cœur des hommes
, mais des femmes
qui craignaient Dieu.
Paul et ses compagnons étaient-ils déçus de ne rencontrer que quelques femmes ? L’abattement s’est-il emparé d’eux de ce que, dans cette grande ville, il n’y ait qu’un si petit champ de travail ? Pas du tout ! Ils s’assirent, et parlèrent « aux femmes qui étaient assemblées ». Ce n’était pas une prédication formelle, mais ils parlaient aux femmes personnellement et sans forcer. De quoi ont-ils parlé, cela ne nous est pas communiqué expressément. Il est sûr que Christ a dû être l’objet des entretiens, — Christ, Sa mort et Sa résurrection pour le salut des pécheurs perdus.
Ainsi l’évangile à Philippes a eu un commencement modeste, mais la bénédiction finale a été grande. L’assemblée qui est née là a été imprégnée de la grâce et de la joie divines, et elle procura une profonde consolation à l’homme qui l’avait plantée.
« Et une femme nommée Lydie, marchande de pourpre de la ville de Thyatire, qui servait Dieu, écoutait ; et le Seigneur lui ouvrit le cœur pour qu’elle fût attentive aux choses que Paul disait. Et après qu’elle eut été baptisée ainsi que sa maison, elle nous pria, disant : Si vous jugez que je suis fidèle au Seigneur, entrez dans ma maison, et demeurez-y. Et elle nous y contraignit » (Actes 16:14, 15).
Parmi les femmes juives se trouvait une femme du nom de Lydie
qui n’appartenait pas au peuple Juif. Manifestement elle était une marchande de
pourpre aisée, et elle venait de la ville lointaine de Thyatire
en Asie, cette province dans laquelle l’évangile ne devait pas
être annoncé pour le moment (Actes 16:6). Au lieu de
cela, c’est l’évangile qui vint à Lydie à Philippes. Merveilleuses directions
du Seigneur ! La rencontre de Paul et Lydie dans un « pays
éloigné » avait été arrangée dans le ciel.
Il est dit de cette femme qu’« elle servait Dieu », c’est-à-dire qu’elle était une prosélyte pieuse, qui, fatiguée du paganisme, cherchait à adorer le vrai Dieu dans le judaïsme. Nous avons déjà souvent rencontré dans le livre des Actes de tels prosélytes issus des païens. Au ch. 13 (v. 16, 43), il leur était parlé à « vous qui craignez Dieu », et un peu plus loin il est parlé « des prosélytes qui servaient Dieu ». Et au ch. 17 il est parlé des « Grecs qui servaient Dieu » (Actes 17:4, 17). Ils étaient en tout cas différents des « Juifs », et se tenaient comme un groupe particulier à côté d’eux. Ils étaient toujours beaucoup plus volontiers ouverts à la Parole de l’évangile que les Juifs.
Ensuite au sujet de Lydie, il n’est parlé que du fait qu’elle
écoutait (en second après le fait qu’elle servait Dieu). Et après suit la
déclaration admirable et réjouissante : « … et le Seigneur lui ouvrit le cœur
». La puissance pour ouvrir la
porte du cœur n’est qu’entre les mains du Seigneur. S’Il ne commence pas par
rendre le cœur prêt à recevoir la vérité, tous les efforts des hommes sont
vains. Souvent toutes sortes d’obstacles de préjugés bloquent la porte du cœur.
Il faut la main du Seigneur en grâce pour éliminer ces obstacles. Nous qui
croyons, n’avons-nous pas tous fait l’expérience en son temps de cette bonne
main du Seigneur ? N’a-t-Il pas aussi ouvert notre cœur ? Nous Le
louerons éternellement pour cela.
Quand le Seigneur ouvrit le cœur de Lydie, cela se manifesta par
le fait « qu’elle fût attentive aux choses que Paul disait ». Les mêmes
paroles prononcées par Paul pouvaient glisser sur d’autres sans effet. Le cœur
de Lydie au contraire a été grand ouvert à la grâce de Dieu, et a reçu de bon
gré la bonne nouvelle en croyant. Il s’agissait dans son cas d’une personne qui
était certes convertie
, mais qui ne
connaissait pas encore le salut
apparu en Christ. Maintenant qu’elle en avait entendu parler, tout était
clair : elle avait trouvé ce qu’elle cherchait en croyant. Et elle
n’hésita pas à devenir une disciple du Seigneur, comme
nous allons le voir tout de suite.
Remarquons d’abord que Luc dans le cas de Lydie laisse de côté
la question de la repentance
envers
Dieu. Certains peuvent trouver cela étrange. Cependant la difficulté disparaît
rapidement si l’on prend ce qui suit en considération. La Parole de Dieu ne
rapporte pas toujours tout dans un seul
passage. Le saint récit met l’accent, ici sur une circonstance particulière, là
sur une autre. On peut justement observer cela quand il s’agit de conversion.
Le processus de transformation spirituelle de l’un est souvent tout à fait
différent de celui d’un autre. Ainsi nous pouvons considérer que Lydie s’était
déjà repentie devant Dieu. Si elle ne l’avait pas fait longtemps auparavant,
elle l’a sûrement fait maintenant. Car, sans repentance envers Dieu, il n’y a
pas de salut éternel. Cependant si le Seigneur ouvre le cœur de quelqu’un,
celui-ci est aussi conduit à la reconnaissance de ses péchés.
« Et après qu’elle eut été baptisée ainsi que sa maison, elle [nous] pria, disant : Si vous jugez que je suis fidèle au Seigneur, entrez dans ma maison, et demeurez-y. Et elle nous y contraignit » (Actes 16:15).
Il est de nouveau confirmé ici que le baptême se situe au début
du chemin du chrétien. Lydie fut
baptisée sans hésitation, et non seulement elle seule, mais aussi sa maison.
Luc ne mentionne (encore une fois !) aucune autre circonstance
accompagnant ce baptême qui nous aurait bien sûr intéressés. Il dirige
simplement le regard sur une seule circonstance, le fait que Lydie et sa maison
furent baptisées.
C’est en fait remarquable : Lydie avait des gens dans sa
maison, et ceux-ci partagèrent la bénédiction avec elle ! Nous ne savons
pas si Lydie avait des enfants, ou si elle était veuve, ou si même elle avait jamais été mariée. Cependant à la fin du
chapitre, des « frères » sont mentionnés qui appartenaient
certainement à sa maison, en tout cas en partie, et qui ont également cru
(Actes 16:40). De toute façon, il serait étrange qu’il n’y eût pas d’autres
personnes du sexe féminin (notamment des servantes) qui soient inclues. En tout
cas voilà devant nous la première
« maison » chrétienne
à Philippes, si ce n’est en Europe.
Le chrétien et sa maison
:
ils forment une unité bénie selon les pensées de Dieu. Et il est frappant que
ceci nous soit présenté justement au moyen de tels croyants issus des païens.
Les bénédictions de l’évangile, selon le dessein de Dieu, ne doivent pas être
restreintes au seul de chef de maison, mais elles doivent aussi s’étendre à sa
maison. Combien cela est encourageant ! Pensons au geôlier plus loin dans
notre chapitre. Il a pu entendre ces paroles précieuses : « Crois au
Seigneur Jésus, et tu seras sauvé, toi et
ta maison
» (Actes 16:31). Corneille, le centurion romain, était
« pieux et craignant Dieu avec toute
sa maison
» (Actes 10:1,2). Et ce qui est dit de la « maison de Stéphanas », est aussi digne de toute considération (1
Cor. 16:15).
Si le Seigneur avait ouvert le cœur
de Lydie, à son tour elle ouvrit maintenant sa maison
à Ses serviteurs. Cette femme
aisée offre humblement ce privilège, et elle se soumet à leur appréciation pour
juger si sa fidélité au Seigneur permet de les recevoir. C’était l’amour divin
par lequel elle « contraignit » les apôtres de « demeurer »
chez elle. Combien tout cela est touchant ! Ces quatre hommes de Dieu
demeurèrent effectivement chez la marchande de pourpre de Thyatire.
Chez elle, ils obtinrent une demeure à l’étranger. Même l’assemblée à Philippes
y trouva une place appropriée pour ses réunions (Actes 16:40).
Quelle bénédiction jaillit d’un commencement si modeste ! Et quelle conduite réjouissante nous voyons ici de la part de Dieu ! Dans l’exercice de sa profession, elle était venue de sa ville natale à Philippes. Avait-elle pensé que c’était Dieu qui la conduisait ainsi ? Maintenant elle le voyait. C’est la main de Dieu qui l’avait amenée dans cette ville. C’est là qu’elle devait entendre l’évangile, et venir à la foi au Sauveur, elle et sa maison. Pas après pas Dieu l’avait conduite, et avait laissé reposer Ses yeux sur elle en toutes choses, jusqu’à ce que finalement Ses quatre serviteurs logent sous son toit. Par cette réception, elle a été amenée à faire partie de ceux que l’Écriture Sainte appelle ailleurs « ceux qui coopèrent à la vérité » (3 Jean 8). — Tout cela doit nous plonger dans l’adoration devant Lui. Car n’avons-nous pas nous aussi déjà vécu dans notre vie les merveilleuses dispositions de Dieu, que nous ne reconnaissons souvent que quand Il a fait Son chemin avec nous ? Ainsi nous voulons nous confier en Lui pour la suite de notre chemin, à Lui dont il est dit : « Je te conseillerai ayant mon œil sur toi » (Ps. 32:8) !
Cela a dû être des jours heureux pour les serviteurs du Seigneur, jouissant de l’hospitalité la plus cordiale dans la maison de Lydie, tandis que Lydie et sa maison en profitaient pour apprendre l’enseignement apostolique. L’œuvre fit des progrès comme le montre clairement la mention de « frères », déjà citée à la fin du chapitre. Cependant quand l’œuvre de Dieu prospère et que la Parole du Seigneur « coure » (2 Thess. 3:1), l’adversaire ne regarde pas sans rien faire, mais il cherche à perturber de toute manière la diffusion de l’évangile. C’est ce qui arrive ici. Dans ce cas il se sert d’une méthode appliquée ici pour la première fois en Europe. C’est ce que nous met sous les yeux l’incident dont Luc se met à parler.
« Or il arriva que, comme nous allions à la prière, une servante qui avait un esprit de python et qui, en prophétisant, procurait à ses maîtres un grand gain, vint au-devant de nous. Et marchant après Paul et nous, elle criait, disant : Ces hommes sont les esclaves du Dieu Très-haut, qui vous annoncent la voie du salut. Et elle fit cela pendant plusieurs jours. Mais Paul, affligé, se retourna et dit à l’esprit : Je te commande au nom de Jésus Christ de sortir d’elle. Et à l’heure même il sortit » (Actes 16:16-18).
L’incident avec cette servante (esclave) possédée d’un esprit de python, eut lieu tandis que les serviteurs du Seigneur allaient de nouveau au lieu de prière. Et notons bien : Cela dura plusieurs [ou : beaucoup de] jours. D’un côté cela témoigne de la patience et du calme de l’apôtre Paul. D’un autre côté cette indication de temps montre clairement que la diffusion de l’évangile dans cette ville se poursuivit imperturbablement. Le travail à Philippes dura beaucoup de jours.
Jusque-là c’était toujours les Juifs
qui avaient opposé aux missionnaires chrétiens une inimitié
et une persécution acharnées. Dans leur jalousie, ils avaient été les
instruments appropriés de Satan pour empêcher l’œuvre. Mais dans cette partie
de l’empire où maintenant nous nous trouvons, ils n’étaient que faiblement
représentés. Et ainsi ils manquaient de puissance pour s’opposer à l’influence
chrétienne. Il y avait quand même de la résistance, mais elle venait
exclusivement et directement des païens
.
Ce que la devineresse répandait en criant au sujet de Paul et de ses collaborateurs paraissait positif au premier coup d’œil, puisqu’elle recommandait ces hommes comme « esclaves du Dieu Très-haut qui vous annoncent la voie du salut ». Cependant en y réfléchissant un peu, il vient un doute sur l’intégrité de ce message. N’était-ce pas le langage de Satan, sauf qu’il avait juste changé de tactique maintenant ? Il avait jusqu’alors combattu ouvertement l’évangile et ses messagers, et maintenant il se pose comme leur patron protecteur ! Sous la forme d’un ange de lumière (2 Cor. 11:14), il se présente maintenant comme ami des serviteurs de Christ, prêt à les aider. En les flattant, il cherche à s’immiscer dans l’œuvre de Dieu pour la corrompre.
Le monde, dont Satan est le chef (prince) et le dieu, est par principe et est toujours caractérisé par l’inimitié contre Dieu. Accepter que sa bonne volonté soit une aide utile pour diffuser l’évangile, est une erreur néfaste. Satan reste Satan, même s’il se déguise en ange de lumière et s’il se présente en promoteur de l’œuvre. C’est ainsi qu’autrefois les Gabaonites ennemis, s’étaient présentés en amis des enfants d’Israël. C’est avec ruse qu’ils trompèrent, prétendant venir d’un pays lointain, alors qu’ils habitaient au milieu d’eux (Josué 9:1, 16). Quand le monde s’allie aux chrétiens, le témoignage de ceux-ci est irrémédiablement perdu. L’évangile n’a pas besoin du support ni du soutien du monde. Derrière cela ne se cache personne d’autre que l’ennemi des âmes, malgré toutes les apparences positives.
Les paroles que le mauvais esprit de cette femme (un médium,
comme on dirait aujourd’hui), mettait dans sa bouche correspondaient en soi à
la vérité. Ce n’est pas seulement qu’ils étaient effectivement des messagers
divins, des serviteurs du Dieu Très-haut. La proposition suivante est également
vraie : « qui vous
annoncent la voie du salut ». Notez que le mauvais esprit dit « vous
», il ne dit pas « nous
». Par cela il s’exclut de
ceux auxquels la voie du salut est annoncée. Pour les démons il n’y a pas de
salut, et ils le savent (Matt. 8:29).
Quand nous avons à faire à l’adversaire, nous ne devons pas
seulement faire attention à ce qu’il dit
,
mais aussi à ce qu’il tait
. Un
exemple solennel de cela nous est donné dans l’Écriture à la tentation du
Seigneur par le diable. Le tentateur lui demanda s’Il pouvait prouver qu’Il
était Fils de Dieu en se jetant du faîte du temple. Et pour justifier sa
demande, il cite une parole d’un Psaume, mais en la citant faussement. Il
laisse de côté les sept mots : « Il te gardera dans toutes tes
voies » (Ps. 91:11, 12 ; Matt. 4:5, 6). Ce qu’il suggérait n’était
rien d’autre que tenter Dieu, et ne pas marcher dans Ses voies.
Si nous revenons maintenant à la servante avec l’esprit de
divination, elle laisse aussi de côté un point essentiel dans son témoignage.
Elle parle du Dieu
Très-haut, mais
elle ne parle pas de Jésus, et encore moins de Lui comme le Seigneur
. Jamais les démons ne
reconnaissent Jésus comme Seigneur
,
bien qu’ils sachent qui Il est, et qu’Il possède une puissance illimitée sur
eux (Marc 1:24, 25 ; 5:6-8 ; Luc 4:34-36, 41).
Les passages cités montrent aussi clairement que le Seigneur Jésus n’a jamais accepté le témoignage des démons à Son sujet, même pas quand ils Le reconnaissaient comme « le Saint de Dieu » et comme « le Fils de Dieu ». Nous voyons la même attitude chez l’apôtre. Il n’accepte nullement le témoignage de l’esprit impur, et il ne désire pas l’aide proposée. Toute l’affaire le trouble beaucoup. Cependant il cherche à éviter de provoquer trop tôt l’inimitié de Satan. Il poursuit son chemin beaucoup de jours, jusqu’à ce qu’il ne puisse plus supporter la voix du mauvais esprit. Alors il ordonne à l’esprit, au nom de Jésus Christ, de sortir d’elle. « Et à l’heure même il sortit », remarque le chroniqueur. Luc a été témoin de cet événement solennel, comme le montrent clairement les mots « nous » des versets 16 et 17.
Ainsi la puissance du nom de Christ fut davantage publique, et une pauvre femme fut délivrée de la puissance du démon.
« Mais ses maîtres, voyant que l’espérance de leur gain s’en était allée, ayant saisi Paul et Silas, les traînèrent dans la place publique devant les magistrats. Et les ayant présentés aux préteurs, ils dirent : Ces hommes-ci, qui sont Juifs, mettent tout en trouble dans notre ville et annoncent des coutumes qu’il ne nous est pas permis de recevoir ni de pratiquer, à nous qui sommes Romains. Et la foule se souleva ensemble contre eux ; et les préteurs leur ayant fait arracher leurs vêtements, donnèrent l’ordre de les fouetter. Et leur ayant fait donner un grand nombre de coups, ils les jetèrent en prison, en commandant au geôlier de les garder sûrement. Celui-ci, ayant reçu un tel ordre, les jeta dans la prison intérieure et fixa sûrement leurs pieds, dans le bois » (Actes 16:19-24).
Après que le dessein rusé de Satan de s’immiscer dans l’œuvre de
Dieu eut échoué, Satan montre de nouveau son vrai visage, et se réfugie de
nouveau dans la force. Il savait combien le cœur de l’homme est avide de
posséder, et combien les maîtres de la servante étaient justement gouvernés par
l’avidité
de posséder, — une avidité
ou cupidité que la Parole de Dieu qualifie ailleurs d’idolâtrie
(Col. 3:5). Leur colère de voir disparaître l’espérance
de leur gain, fut le point particulier d’ancrage pour Satan pour arriver à
soulever la ville entière contre les serviteurs de Dieu.
Ces maitres étaient en réalité sous la même puissance de Satan que celle qui avait précédemment possédé la servante. Et ainsi, inspirés par l’esprit méchant, ils saisirent Paul et Silas, les traînèrent sur la place publique pour les présenter aux préteurs. Pourquoi Luc et Timothée n’étaient-ils pas auprès de Paul et Silas, cela ne nous est pas dit. Sûrement Dieu gouvernait tout dans Sa providence, et prit soin que ces deux-là soient occupés ailleurs à ce moment-là. Car c’est grâce à cette circonstance qu’ils ne furent pas forcés plus tard de quitter la ville. Il est même consolant de voir comment, même dans des temps d’émeute, la main de Dieu contrôle tout.
L’accusation que les deux ou trois maîtres de la servante présentèrent, était dépourvue de toute vérité. Nous n’entendons pas un seul mot au sujet de la femme, ni de ce qu’elle ait été délivrée de la puissance démoniaque, pas un mot bien sûr de la perte de leur profit malsain. Au lieu de cela ils font valoir la culpabilité séditieuse que Paul et Silas étaient Juifs et que par-là ils excitaient les gens de la ville les uns contre les autres. Ainsi ils attisaient les préjugés, joints à de l’inimitié religieuse. Ils jetèrent pour ainsi dire le mot de « Juifs » comme un brandon brûlant sur la foule. L’empereur Claude n’avait-il pas récemment ordonné que tous les Juifs sortissent de Rome à cause d’une révolte juive (Actes 18:2) ? Et maintenant deux de ces Juifs rebelles voulaient-ils mettre toute leur ville sens dessus dessous ? On ne pouvait pas laisser faire cela. En plus, comme objection ultime, ils annonçaient des coutumes étrangères qu’eux, Romains, ne pouvaient ni accepter ni pratiquer. Ils ne précisèrent pas du tout ce qu’ils entendaient par ‘coutumes’, laissant ce point en suspens. Ils ne le savaient même pas plus qu’ils ne savaient quelque chose sur les deux accusés.
Cependant les deux préteurs, ne s’en souciaient guère. Ils représentaient, certes, la plus haute autorité de cette ville de colonie, mais ils négligèrent entièrement de faire une enquête plus approfondie, et ne prirent pas la peine d’écouter la partie adverse. Ce faisant, les représentants supérieurs de la juridiction romaine agissaient au plus haut degré contre la loi, et violaient le droit romain. Aiguillonnés par la foule soulevée, ils firent arracher les vêtements des deux hommes détestés et pourtant innocents, et ils donnèrent l’ordre de les frapper de verges. Et tout cela sans même qu’aucun procès ait eu lieu ni qu’aucun jugement valable en droit ait été prononcé ! Quelle iniquité criante ! Mais voilà l’homme, qu’il soit de haut ou de bas niveau ! Quand cela lui plait, il ne cherche même pas à maintenir une apparence de droit.
Les envoyés de Dieu couverts de honte, reçurent « beaucoup de coups
» jusqu’à ce que
l’« appétit » cruel de la populace et de ses meneurs fut calmée. Il est difficile pour nous d’apprécier
correctement la gravité et la portée de cette punition. Déjà être dépouillé de
ses vêtements était une grande honte et une infamie. Puis les victimes furent
fouettées sur le corps nu avec de grosses verges jusqu’à ce que le sang coule
sur le dos. « Beaucoup de coups » : on ne les comptait pas. Les
Juifs frappaient 40 coups moins un, mais les Romains ne comptaient pas. Et ils
frappaient jusqu’à ce que les préteurs l’estiment suffisant.
Dans la première épître aux Thessaloniciens, Paul fait référence à ces mauvais traitements : « … mais après avoir auparavant souffert et avoir été outragé à Philippes, comme vous le savez, nous avons eu toute hardiesse en notre Dieu pour vous annoncer l’évangile de Dieu avec beaucoup de combats » (1 Thes. 2:2). Aux croyants de Corinthe, il fait savoir qu’en plus de Philippes, il a été encore frappé deux fois par les verges : « trois fois j’ai été battu de verges » (2 Cor. 11:25). Cela a dû être des souffrances presque insupportables.
Après que la torture du fouet ait été endurée, les missionnaires furent jetés en prison. Les préteurs ne prescrivirent pas en détail comment ils devaient être traités, mais ils donnèrent au geôlier l’ordre général de « les garder sûrement ». Cela signifiait tout simplement que le gardien chef répondait de sa vie pour la sûreté des prisonniers. En conséquence de quoi c’est avec dureté qu’ils continuèrent les traitements : on les jeta au cachot et on fixa sûrement leurs pieds dans le bois (fers). Situation douloureuse et déplorable ! Saignant, blessés, sans le moindre secours pour soigner les blessures et calmer les douleurs, Paul et Silas gisaient cette nuit-là dans la prison obscure, sans pouvoir changer de position. C’était certainement le dernier endroit du monde où l’on pouvait poursuivre une œuvre missionnaire. Mais était-ce bien le cas ?
La revanche était prise, la punition exécutée, le nombre des occupants de la prison était augmenté de deux. La nuit recouvrait la scène. Tout était tranquille comme nous pouvons bien le supposer. Le geôlier savait que les deux nouveaux prisonniers étaient enfermés dans la plus grande sûreté. Il pouvait donc se donner du repos et dormir. Mais deux hommes au moins ne dormaient pas cette nuit-là dans la prison.
« Or sur le minuit, Paul et Silas, en priant, chantaient les louanges de Dieu ; et les prisonniers les écoutaient » (Actes 16:25).
Qu’est ce qui les tenait éveillés ? Était-ce de l’indignation vis-à-vis de la cruelle injustice qui leur avait été infligée ? Réfléchissaient-ils à leur devenir ? Ou bien était-ce les douleurs lancinantes qui les empêchaient de dormir ? Tout cela pouvait bien s’accumuler. Cependant il y avait quelque chose d’autre, quelque chose de plus élevé, qui ne les laissait pas penser au sommeil : leur cœur était occupé de Dieu, et rempli de louange et d’actions de grâce envers Lui. Ils se sentaient pressés de l’exprimer, maintenant à minuit, ici dans la prison. Et c’est ce que nous apprenons : « sur le minuit, Paul et Silas, en priant, chantaient les louanges de Dieu ». Admirable triomphe de la grâce de Dieu, victoire de la foi qui introduit Dieu en toutes choses, et qui peut Le louer malgré les circonstances contraires !
Le fait qu’ils priaient
est mentionné en premier. En face de la détresse d’âme et de corps, que
pouvaient-ils faire de mieux que de prier Dieu ? Ne pouvait-Il pas, Lui
seul, leur donner la force de supporter patiemment leur sort ? Dieu ne
pouvait-Il pas non plus dans la sagesse de Ses conseils et de Sa volonté, leur
accorder la délivrance de leur situation fâcheuse ? Nous pouvons nous
représenter les demandes de ce genre, et cela était tout à fait à sa place.
Le fait cependant qu’ils priaient à haute voix
et que leurs prières se changèrent de manière inattendue
en cantiques de louanges
, paraît
signifier qu’ils étaient bien plutôt occupés directement du Seigneur Jésus et
de la continuation de Son œuvre. Le Sauveur n’avait-Il pas été pareillement
fouetté cruellement, et n’avait-Il pas accompli l’œuvre de la rédemption à la
croix de Golgotha dans des souffrances indicibles ? Cela ne se dressait-il
pas devant eux ? Ainsi leur cœur fut conduit à louer Dieu. Bien sûr ils
pouvaient Le remercier du pardon de leurs péchés qu’ils avaient reçu en Christ,
Son Fils. Ils savaient que Dieu, le Seigneur, était auprès d’eux ; et
cette conscience bienheureuse les faisait chanter
les louanges de Dieu
dans la nuit. Si nous cherchons un exemple plus
étonnant de ce que Dieu donne des chants dans la nuit (Job 35:10), nous le
trouvons ici.
« Et les prisonniers les écoutaient ». On n’avait
jamais rien entendu de pareil dans une prison romaine. On n’avait encore jamais
eu auparavant des détenus chrétiens. La normale dans ces murs, c’était des
malédictions et des jurons émanant de l’impuissance des détenus à ne rien
pouvoir changer à leur situation. Et maintenant voilà
des prières et des cantiques de louanges chrétiennes ! Cela devait avoir
fait une certaine impression sur eux, car au lieu de faire du trouble, ils les écoutaient
. Cette nuit-là, l’un
ou l’autre de ces cœurs si endurcis n’a-t-il pas été touché ? L’éternité
le montrera un jour.
« Et tout d’un coup, il se fit un grand tremblement de terre, de sorte que les fondements de la prison furent ébranlés ; et immédiatement toutes les portes s’ouvrirent, et les liens de tous furent détachés. Et le geôlier, s’étant éveillé et voyant les portes de la prison ouvertes, tira son épée et allait se tuer, croyant que les prisonniers s’étaient enfuis. Mais Paul cria à haute voix, disant : Ne te fais point de mal, car nous sommes tous ici » (Actes 16:26-28).
La réponse du Seigneur à la prière et aux cantiques de louanges
de ses serviteurs vint subitement, de manière merveilleuse et tout à fait
nouvelle en son genre. Quand les douze et particulièrement Pierre avaient été
libérés de la prison, Il se servit chaque fois d’un ange (Actes 5:19 ;
12:7). Mais maintenant Il se servait d’un tremblement de terre, et Il lui
faisait produire des résultats qu’on ne peut que qualifier de miracle. Le
Seigneur n’est pas tenu à tel ou tel moyen pour accomplir Ses objectifs.
« Il a un
chemin malgré tout, les moyens ne lui font pas défaut
». Qu’Il utilise
un ange à Jérusalem parmi les Juifs, ou un grand tremblement de terre ici à
Philippes parmi les païens, Il est souverain dans le choix de Ses moyens, et Il
arrive à Son but de toute façon. Ici Il commence par ouvrir toutes les portes,
puis Il délie les liens non seulement de Ses messagers, mais aussi de tous les
prisonniers.
Cependant ces événements en eux-mêmes ne sont pas seuls à être miraculeux, mais aussi les circonstances qui les ont accompagnés. Bien que les fondements de la prison fussent ébranlés, le bâtiment ne s’écroula pas. Pas un seul des prisonniers ne fut blessé. Et malgré les portes ouvertes, aucun d’eux ne prit la fuite. Miracle sur miracle !
On ne peut s’empêcher de croire que les prisonniers ont fait le lien entre les deux prisonniers Juifs et l’événement puissant et subit dont ils venaient de faire l’expérience sur eux-mêmes. Les prisonniers Juifs ne s’étaient-ils pas tournés vers leur Dieu avec prière et chant de louange ? Et voilà maintenant cette réponse merveilleuse de Dieu ! Par leur prière et par leur chant, Paul et Silas avaient en vérité fait comprendre la Parole de Dieu à ces prisonniers, et Dieu avait confirmé cette Parole par le tremblement de terre avec ses conséquences. Cela n’était en tout cas pas une manière tout à fait banale de faire le travail de mission !
Il semble que Paul et Silas purent
apercevoir le geôlier dans les lueurs de la nuit à travers les portes ouvertes.
Celui-ci, après un réveil brutal, se tenait dehors, debout à l’extérieur de la
prison, et de l’endroit où il se tenait, il n’était pas en mesure de distinguer
les prisonniers dans l’obscurité de la prison. Il voyait bien les portes
grandes ouvertes, mais pas le moindre prisonnier. Il devait supposer qu’ils
s’étaient tous enfuis. La panique le saisit, et sa pensée première fut de se suicider
.
Si un prisonnier condamné à mort arrivait à s’enfuir, la sentence de mort devait s’étendre, selon le droit romain, au gardien-chef lui-même. C’est ce que le geôlier voulait devancer. C’est ce qui explique qu’il saisît son épée. La mort allait ainsi être rapide ! — Combien sont funestes les suggestions et tromperies de Satan ! Et il les propose encore aujourd’hui aux hommes quand ils ne savent plus que faire. C’est ce qui eut lieu avec le roi Saül, et il se suicida (1 Sam. 31:5). Judas Iscariote non plus n’a pas vu d’autre échappatoire, et il finit par s’ôter la vie (Matt. 27:5). Exemples solennels qui sont des avertissements !
Manifestement Paul pouvait observer ce que faisait le geôlier, et il put remarquer qu’il avait tiré son épée, et il l’interpréta correctement tout de suite. Il lui cria à haute voix : « Ne te fais point de mal, car nous sommes tous ici ». L’assurance « nous sommes tous ici » correspondait juste à la question critique. Seule cette garantie pouvait arrêter le geôlier dans ce qu’il se proposait de faire. Maintenant qu’il pouvait être certain de la sécurité des prisonniers, sa peur disparut, et sa main lâcha la poignée de son épée : l’acte terrible resta non accompli ! Mais le cœur de cet homme endurci dut être touché de ce que celui qui l’avait préservé du pire par son interpellation, était l’un des deux dont il avait particulièrement aggravé les tourments en fixant ses pieds dans le bois (fers). La suite des événements le confirme.
Il est admirable de voir combien la bonne main du Seigneur a été efficace à tous égards, et comment Il a bien su diriger et utiliser Ses serviteurs dans des situations tout à fait extraordinaires. Il est toujours le Maître de la situation et Il sait atteindre les cœurs des enfants des hommes. C’est extrêmement consolant de le savoir ! Le geôlier de Philippes en est un exemple impressionnant.
Dieu avait d’une manière impressionnante préservé le geôlier de se tuer. Sinon son sort éternel aurait été scellé, et il serait arrivé dans le lieu de tourments dont on ne sort pas. Au lieu de cela, le Seigneur voulait, dans Sa miséricorde infinie, faire avec cet homme quelque chose de grand : Il voulait le conduire au salut éternel, lui et sa maison. C’est de cela que la suite bienheureuse du récit nous occupe.
« Et ayant demandé de la lumière, le geôlier s’élança dans la prison, et tout tremblant il se jeta aux pieds de Paul et de Silas. Et les ayant menés dehors, il dit : Seigneurs, que faut-il que je fasse pour être sauvé ? Et ils dirent : Crois au Seigneur Jésus, et tu seras sauvé, toi et ta maison. Et ils lui annoncèrent la parole du Seigneur, ainsi qu’à tous ceux qui étaient dans sa maison » (Actes 16:29-32).
Le geôlier demanda de la lumière (sûrement aux serviteurs de la maison), puis il s’élança, et en tremblant il tomba par terre devant Paul et Silas ; cela montre clairement qu’une œuvre de Dieu était en cours dans l’âme et la conscience de cet homme. Il y avait encore la peur des hommes qui s’était emparée de lui, la peur de ses supérieurs. Cependant une autre crainte remplissait maintenant son âme réveillée par la grâce, la crainte du Dieu vivant devant lequel il ne pouvait pas subsister dans ses péchés. Et quant à ces deux hommes Juifs, son impression se confirmait qu’ils étaient en vérité des serviteurs de ce Dieu. La servante avec l’esprit de devineresse ne les avait-elle pas désignés comme esclaves du Dieu Très-haut qui annonçaient la voie du salut ? Et n’était-ce pas le Tout-puissant qui était intervenu de manière merveilleuse en faveur de ces deux hommes ? Ainsi il se jeta à leurs pieds, tremblant et rempli de crainte.
Nous pouvons bien supposer que l’apôtre a immédiatement relevé le geôlier de l’endroit où il était à ses pieds. Là-dessus il les fit sortir de la prison, et la détresse de son âme se fit jour dans la question posée : « Seigneurs, que faut-il que je fasse pour être sauvé ? » Sa conscience était pleinement éveillée, et il éprouvait un profond manque dont l’urgence ne pouvait souffrir aucun délai. Tous pouvaient entendre cela et s’en étonner ; ce dont il avait besoin, un besoin pressant, était le salut de son âme, être sauvé de ses péchés, de la mort et de l’enfer. Pour la première fois dans sa vie, il était occupé de cette question : « Que dois-je faire pour être sauvé ? » (littéralement : ‘pour que je sois sauvé’) ? C’était en même temps une acceptation qu’il était perdu pour l’éternité.
Tout homme doit en arriver un jour à ce point s’il ne veut pas rester pour toujours loin de Dieu. Combien Paul et Silas ont dû se réjouir en entendant ces paroles du geôlier ! Et pas seulement eux. Car il en est aujourd’hui comme il en a été à l’époque : il y a de la joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se repent, — de la joie devant les anges de Dieu (Luc 15:7, 10).
La question du salut éternel trouva immédiatement sa réponse
divine : « crois au Seigneur Jésus, et tu seras sauvé, toi et ta
maison ». Autant cette réponse est formulée de manière condensée, autant
elle est également complète. C’est pour ainsi dire l’évangile « dans une
coquille de noix » : la foi –
Jésus – le salut
. Quand un jour la foule demanda au Seigneur ce qu’ils
devaient faire pour faire les œuvres de Dieu, Il répondit de manière
semblable : « C’est ici l’œuvre de Dieu, que vous croyiez en celui
qu’il a envoyé » (Jean 6:28, 29).
Croire au Seigneur Jésus
signifie toujours mettre sa pleine confiance en Lui. La préposition utilisée
ici, en grec, pour « croire au (à)
»
c’est « épi » c’est-à-dire « sur », et cela renforce encore
la pensée : « Fonde ta foi sur le Seigneur Jésus ». C’est aussi
ce qui a déjà été dit une fois précédemment : « plusieurs (ou :
beaucoup) crurent au Seigneur » c’est-à-dire « sur la base du
Seigneur » (Actes 9:42). Quand au contraire le mot ‘croire’ est utilisé
avec la préposition « eis », ce qui est le
cas la plupart du temps, c’est en principe la personne qui est présentée, celle
sur laquelle le sentiment, la foi est dirigée (par exemple Jean 6:47 ;
12:44 ; 14:1 ; 1 Jean 5:13). Cependant c’est toujours la même foi qui
est active, c’est la même personne à laquelle on croit. Seulement le point de
vue est chaque fois un peu différent. D’un côté il y a le fondement
de la foi ou de la confiance qui est mis au premier plan,
et de l’autre côté l’accent est mis sur la personne
dont la foi s’occupe. Maintenant le Seigneur Jésus est tous les deux : le
fondement et l’objet de la foi.
Le geôlier devait aussi fonder sa foi sur le Seigneur Jésus
. Et pourquoi sur Lui
? Parce que c’est Lui qui a
accompli l’œuvre de la propitiation, et qu’Il a fait tout ce qu’exigeaient la
sainteté et la justice de Dieu, si des pécheurs perdus devaient venir dans Sa
présence comme Ses enfants. Car « Christ a souffert une fois pour les
péchés, le Juste pour les injustes, afin qu’il nous amenât à Dieu » (1
Pierre 3:18). En Lui « la grâce de Dieu qui apporte le salut est apparue à
tous les hommes » (Tite 2:11). « Et il n’y en a de salut en aucun autre ;
car aussi il n’y a point d’autre nom sous le ciel, qui soit donné parmi les
hommes, par lequel il nous faille être sauvés » (Actes 4:11).
Combien l’œuvre de la rédemption doit être puissante et d’immense portée, combien est élevée la personne de Celui qui l’a accomplie, pour que puisse être annoncé : « tu seras sauvé, toi et ta maison », comme résultat de la foi, à un païen, un idolâtre qui n’a jamais eu une pensée pour son âme.
Le salut dont il est question ici est un salut immédiat. Il est
aussi nommé « salut de l’âme », — à la différence du salut de l’âme et
du corps à la fin du chemin (Héb. 10:39 ; 1 Pierre 1:9). Le croyant possède ce
salut déjà maintenant. Comme but ou finalité de sa foi, le croyant remporte le
salut. Les vrais chrétiens croyants ont
la rédemption par son sang, la rémission des fautes (Éph.
1:7). Ils ne doivent pas attendre pour l’avoir. Col. 1 le confirme :
« en qui [le Fils de Son amour] nous avons la rédemption, la rémission des
péchés » (Col. 1:12-14).
Quelles « richesses de Sa grâce » dont les messagers
de Dieu ont rendu ici témoignage au geôlier ! Jusqu’ici celui-ci avait
tout rapporté à lui-même personnellement : « Que dois-je
faire pour que je
sois sauvé ? ». Cependant la réponse divine va bien
au-delà, et elle inclut toute sa maison : « toi et ta maison
». Naturellement chaque membre individuel de la
famille doit croire pour lui personnellement. Le chef de maison ne peut pas
croire pour les autres. Mais le chemin pour le salut leur est ouvert comme à
lui-même. Nous avions déjà devant nous ce principe avec Lydie et sa maison,
plus avant dans ce chapitre. Selon les pensées de Dieu, les bénédictions de
l’évangile ne doivent pas être restreintes au chef de maison seul, mais elles
doivent aussi s’étendre sur sa maison, — sur la femme, les enfants, et tous
ceux qui lui appartiennent. C’est une promesse particulière de Dieu pour ceux
qui sont à la tête d’une maison, pour les parents auxquels Dieu a accordé des
enfants. Cette promesse s’exprime de façon si encourageante dans ce que Dieu
fit dire auparavant par l’ange au centurion romain Corneille au sujet de
Pierre : « il te dira des choses par lesquelles tu seras sauvé, toi et ta maison
» (Actes
11:14).
En plein accord avec cela, il est dit maintenant de Paul et Silas : « Et ils lui annoncèrent la parole du
Seigneur, ainsi qu’à tous ceux qui étaient dans sa maison » (Actes 16:32).
Le message de l’évangile devait être exposé de plus près. Occupés à cette tache
heureuse, ils oublièrent manifestement tous leurs tourments et leurs douleurs.
Il s’agissait de sauver des hommes perdus. Notons aussi ici la ligne personnelle
de la
responsabilité ! Les deux serviteurs du Seigneur annoncèrent la Parole du
Seigneur « à lui » (personnellement), « et à tous ceux qui
étaient dans sa maison » (de la même manière personnelle). Le message
s’adresse à tous ceux qui peuvent l’entendre autant qu’il y en a, toujours à
des individus, de même que la foi et la repentance aussi sont des expériences
personnelles.
« Et il les prit en cette même heure de la nuit, et lava leurs plaies ; et sur-le-champ il fut baptisé, lui et tous les siens. Et il les fit monter dans sa maison, et il fit dresser une table ; et croyant Dieu, il se réjouit avec toute sa maison » (Actes 16:33, 34).
Quelle transformation
intérieure profonde s’est opérée dans le geôlier ! Il avait jeté sans
pitié les deux hommes au cachot (la prison intérieure), et avait augmenté leur
douleur en faisant fixer leurs pieds dans le bois (fers). Mais maintenant il
cherchait à adoucir autant qu’il pouvait les traces de cruauté sur ses deux
victimes. Il lava encore dans la nuit les plaies que ses mains grossières leur
avaient infligées. Pouvait-il mieux montrer qu’il s’était
« converti » ? Son cœur (son état d’esprit, ou entendement)
était complètement changé par l’œuvre de la grâce de Dieu, et dans tout ce
qu’il faisait maintenant, on pouvait voir les fruits de sa foi et de la vie
éternelle. La cruauté païenne s’était mutée en miséricorde et tendresse
chrétiennes.
Quelles merveilles l’évangile peut accomplir !
Le signe d’être disciple
chrétien suivit immédiatement, cette même nuit : « sur-le-champ il
fut baptisé, lui et tous les siens ». Vraisemblablement le baptême eut
lieu dans le complexe de la prison. Car ce n’est qu’après
le baptême « qu’il les fit monter dans sa maison ».
Nous pouvons en déduire que la cérémonie du baptême n’a pas forcément eu lieu
dans un lieu public. Il est tout autant valable quand il est opéré dans un
cadre domestique, sur une scène qui n’est pas ouverte.
Combien il est touchant que le chef de maison ait aussi exercé l’hospitalité envers ses bienfaiteurs et qu’il leur ait « dressé une table » ! Les missionnaires n’avaient pas reçu à manger depuis un temps long, depuis le matin du jour précédent peut-on présumer. Et ainsi le geôlier fit tout ce qui était en son pouvoir pour répondre à ce manque.
Un bonheur, un bonheur profond était entré dans sa maison, et c’est là-dessus que se termine le récit, avec l’indication heureuse que le geôlier, devenu « croyant [en] Dieu, se réjouit avec toute sa maison ». Même si sa foi personnelle est mise en avant, néanmoins il n’a pas été seul à être rempli de la joie de la foi, mais aussi tous ceux qui faisaient partie de sa maison. Oh ! quelle œuvre admirable de la grâce de Dieu, quel achèvement bienheureux de ce que Lui avait commencé à faire !
« Et le jour étant venu, les préteurs envoyèrent les licteurs, disant : Relâche ces hommes. Et le geôlier rapporta ces paroles à Paul, disant : Les préteurs ont envoyé afin que vous soyez relâchés ; sortez donc maintenant, et allez-vous-en en paix. Mais Paul leur dit : Après nous avoir fait battre publiquement, sans que nous fussions condamnés, nous qui sommes Romains, ils nous ont jetés en prison ; et maintenant ils nous mettent dehors en secret ! Non certes, mais qu’ils viennent eux-mêmes et qu’ils nous mènent dehors ! Les licteurs rapportèrent ces paroles aux préteurs ; et ils eurent peur, ayant appris qu’ils étaient Romains. Et ils vinrent et les prièrent de se rendre à leur vœu, et les ayant menés dehors, leur demandèrent de sortir de la ville. Et étant sortis de la prison, ils entrèrent chez Lydie ; et ayant vu les frères, ils les exhortèrent et partirent » (Actes 16:35-40).
Une nuit importante et riche en événements tirait à sa fin. De façon surprenante, quand le matin arriva, les préteurs envoyèrent les licteurs au geôlier avec l’instruction de libérer « ces hommes ». Ce qui les amena à changer complètement d’avis ne nous est pas rapporté. En tout cas, c’est là le contenu du message qu’il reçut.
Nous pouvons nous représenter avec quelle joie le geôlier
retransmit ce message aux deux amis. À cette occasion nous devons nous poser la
question : où se tenaient exactement ceux-ci à ce moment-là. La plupart
des lecteurs de cette section des Actes répondront sans guère hésiter :
dans la maison du geôlier. Cependant cette impression est trompeuse. Ils
étaient de nouveau en prison
!
Les deux derniers versets du chapitre le confirment. Cela aurait été beaucoup
trop risqué pour le geôlier de continuer à garder chez lui dans sa maison les
deux prisonniers. Cependant la suite de l’affaire, avant que les licteurs
arrivent de façon si inopinée, est complètement incertaine. Nous pouvons
supposer que Paul et Silas rentrèrent d’eux-mêmes
dans la prison pour ne pas faire courir au geôlier le risque d’être puni à son
tour. Quelle délicatesse dans cet amour chrétien qui transparaît partout, prêt
à se sacrifier ! Cela réchauffe nos cœurs.
C’était des paroles d’adieu, heureuses et paisibles, que le
geôlier trouva pour ses frères et amis : « sortez donc maintenant, et
allez-vous-en en paix ». La réponse de l’apôtre ensuite est introduite
par : « Mais Paul leur
dit
… ». Cela ne signifie pas forcément qu’il parlait directement aux
licteurs. Vraisemblablement il s’adressa au geôlier en vue que ses paroles
soient transmises aux licteurs.
En tout cas la riposte fit prendre aux événements une tournure inattendue. Car Paul refusa de donner suite à l’invitation de son ami : les préteurs devaient venir eux-mêmes, et les mener dehors. Cette attitude de l’apôtre ne provient en aucune manière d’une quelconque irritation ou rétorsion contre l’injustice soufferte. En aucune manière le sentiment de vengeance ne remplissait son cœur ni celui de son compagnon. Bien plutôt ils avaient enduré tous les tourments de manière calme, muette, et sans se défendre, restant fidèles à la parole d’un autre apôtre : « Car quelle gloire y a-t-il, si, souffletés pour avoir mal fait, vous l’endurez ? mais si, en faisant le bien, vous souffrez, et que vous l’enduriez, cela est digne de louange devant Dieu » (1 Pierre 2:20). Oui, dans toutes leurs détresses, ils avaient chanté les louanges de Dieu.
Si les préteurs avaient pensé pouvoir expulser secrètement les deux missionnaires après les avoir publiquement battus et jetés en prison sans qu’ils soient condamnés, alors pour la défense de l’évangile, il fallait qu’ils soient détromppés. Ils avaient violé gravement le droit romain, surtout que les prétendus délinquants étaient « romains », c’est-à-dire qu’ils possédaient la citoyenneté romaine. Nous n’apprenons qu’ici que Silas aussi en bénéficiait. La protection personnelle dont jouissait un citoyen romain, ressort clairement d’une citation de Cicéron : « mettre un Romain dans les liens est une violation de la loi ; le fouetter est un scandale ; le mettre à mort est un meurtre ». Cette immunité contre les punitions corporelles était l’un des privilèges les plus appréciés d’un citoyen romain. Quand quelqu’un pouvait dire : « je suis citoyen Romain », il était beaucoup plus en sûreté même parmi les barbares. Nous pouvons ainsi comprendre la peur des préteurs : « ils eurent peur, ayant appris qu’ils étaient Romains ».
Paul, à cause du Seigneur, considéra nécessaire qu’en reconnaissance de leur faute, les représentants de la juridiction romaine viennent eux-mêmes et les mènent dehors. Il n’aurait pas été convenable à l’évangile du Seigneur que Ses messagers soient expulsés secrètement. Remarquons à cette occasion que Paul agit avec une grande douceur. Car les violations commises contre lui et Silas auraient pu facilement leur coûter la vie. Les préteurs vinrent donc, et les menèrent dehors en les priant de quitter la ville. Les choses ne devaient pas être davantage connues parmi les colons Romains.
Oui, maintenant ils étaient libres ! « Et étant sortis de la prison
… »,
c’est ainsi que commence le dernier verset du chapitre. Quel contraste se
dégage ici ! Le jour précédent ils étaient jetés au cachot, et maintenant
ils sortaient libres de la prison.
La nuit ne leur avait apporté aucun sommeil, sinon des expériences prodigieuses de la puissance et de la grâce de Dieu. D’un autre côté on peut bien supposer que Lydie et sa maison se sont sérieusement souciées de l’incarcération de l’apôtre, et qu’elles ont supplié le Seigneur pour eux. Mais quand, au matin, Paul et Silas franchirent le seuil de leur maison (« ils entrèrent chez Lydie »), ils vécurent un merveilleux accomplissement du Psaume 30 : « le soir, les pleurs viennent loger avec nous, et le matin, il y a un chant de joie » (Ps. 30:5).
Sans répondre à la demande des préteurs, les deux hommes étaient sortis de prison et étaient allés chez Lydie, où ils tinrent quartier pour quelque temps. Ils n’étaient pas pressés de quitter la ville. Ils ne se laissèrent pas priver de la liberté de faire auparavant une visite à Lydie et à sa maison. Là, ‘ils virent les frères’. Expression touchante ! — cette expression « les frères » désigne certainement la maison de Lydie (16:15). Combien ces frères ont dû être heureux d’apprendre que le Seigneur avait ajouté une nouvelle maison à l’assemblée qui venait juste d’être fondée à Philippes. L’adversaire avait certes cherché à stopper l’œuvre par l’emprisonnement des évangélistes, mais c’est le contraire qui arriva : le nombre des disciples se multiplia.
« Et ayant vu les frères, ils les exhortèrent et partirent ». Le contenu de l’exhortation ne nous est pas donné. Cependant la troupe des croyants était le premier et seul rempart chrétien de cette région, entouré d’une profonde idolâtrie et d’un paganisme dans les ténèbres ; ce fait a dû conférer un poids particulier à l’exhortation et à la consolation. Ensuite Paul et Silas quittèrent la ville. Ils laissaient derrière eux une assemblée en croissance, florissante, la première assemblée d’Europe. Ils ne s’en allaient pas à cause des préteurs, mais parce qu’ils voyaient là leur œuvre comme achevée.
Timothée et Luc restèrent cependant à Philippes. Le « nous » du début du verset 10 est maintenant abandonné : « ils partirent », « ils » et non pas « nous ». Ces deux serviteurs poursuivirent manifestement l’œuvre à Philippes. Timothée réapparaît au ch. 17 v.14 tandis que Luc ne réapparaît qu’au ch. 20 v.5 (« nous »).
De la lettre que l’apôtre Paul écrivit bien des années plus tard aux Philippiens depuis sa prison à Rome, nous en déduisons la suite heureuse de l’œuvre là, après le départ des deux serviteurs du Seigneur. On a appelé cette épître, à juste titre, « le livre de l’expérience chrétienne ». Une bonne partie de cette expérience a été vécue auparavant par Paul et Silas à Philippes, quand ils durent s’élever au-dessus des circonstances de détresse extérieure, et conserver leur joie dans le Seigneur. Comment autrement auraient-ils pu chanter les louanges du Seigneur, avec le dos en sang à cause des coups reçus, et les pieds fixés dans le bois ? Avec cet arrière-plan émouvant, l’exhortation suivante prend pour nous d’autant plus d’importance et de valeur :
« Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur ;
encore une fois, je vous le dirai : réjouissez-vous »
(Phil. 4:4).
Le ch. 16 du livre des Actes nous a montré de quelle manière l’évangile est arrivé en Europe, et comment la première assemblée d’Europe est née à Philippes.
Avec le ch. 17, la progression victorieuse de l’évangile en Europe se poursuit, et trois villes sont nommées où le travail a eu lieu ensuite : Thessalonique, Bérée et Athènes. Le plan du chapitre est donc simple :
a) L’évangile à Thessalonique (v. 1-9),
b) L’évangile à Bérée (v. 10-14),
c) Paul à Athènes (v. 15-34).
« Et ayant traversé Amphipolis et Apollonie, ils vinrent à Thessalonique, où était la synagogue des Juifs. Et selon sa coutume, Paul entra vers eux, et, pendant trois sabbats, il discourut (*) avec eux d’après les écritures, expliquant et exposant qu’il fallait que le Christ souffrît et qu’il ressuscitât d’entre les morts ; — et disant, que celui-ci, Jésus, que moi je vous annonce, est le Christ. Et quelques-uns d’entre eux furent persuadés et se joignirent à Paul et à Silas, et une grande multitude de Grecs qui servaient Dieu, et des femmes de premier rang en assez grand nombre » (Actes 17:1-4).
(*) note Bibliquest : l’auteur traduit, en allemand, « s’entretint ». Carrez traduit « discuta ».
Pour continuer leur voyage, Paul et Silas suivirent la grande route romaine, la Via Egnatia, qui partant du Bosphore menait directement à Rome. Il y a bien 140 km de Philippes à Thessalonique, et il semble que les voyageurs traversèrent Amphipolis et Apollonie, mais sans s’arrêter longtemps (17:1). L’apôtre choisissait des lieux où il y avait des synagogues, et dans la ville importante de Thessalonique vers laquelle ils se dirigèrent, il y avait une « synagogue des Juifs ». Cette ville était grande et influente, et elle existe encore aujourd’hui sous le nom de Salonique. Beaucoup de Juifs y séjournaient depuis toujours.
Fidèle à la parole « au Juif premièrement, et au Grec » (Rom. 1:16), Paul continua à son habitude d’aller vers les Juifs dans la synagogue pour s’entretenir avec eux d’après les Écritures (17:2). Dans la première épitre aux Thessaloniciens écrite peu après, l’apôtre fait référence à cette « entrée » auprès d’eux, et il dit : « Car vous-mêmes vous savez, frères, que notre entrée au milieu de vous n’a pas été vaine ; mais, après avoir auparavant souffert et après avoir été outragés à Philippes, comme vous le savez, nous avons eu toute hardiesse en notre Dieu pour vous annoncer l’évangile de Dieu avec beaucoup de combats » (1 Thes. 2:1, 2). Et non seulement leur entrée auprès d’eux ne fut « pas vaine », mais la Parole du Seigneur retentit de chez eux (c’est-à-dire de ceux qui vinrent à la foi à Thessalonique), non seulement en Macédoine et en Achaïe, mais leur foi envers Dieu se répandit en tous lieux (1 Thes. 1:8). Ainsi Thessalonique devint un centre pour l’évangile de Dieu dans toute cette région. Certes il y eut de la résistance, mais voilà le résultat par l’effet de la bonne main de Dieu !
Quand il est dit que Paul s’entretint
[ndT : voir note précédente] avec eux d’après
les Écritures pendant trois sabbats (17:2), cela indique d’abord clairement la forme
de communication dont il se
servait à l’égard des Juifs. Manifestement il ne leur faisait pas un exposé
dans les règles, une prédication, mais il s’agissait d’entretiens
ou de discussions (conversations) dans lesquels on
pouvait poser des questions et des réponses étaient données. Pour les Juifs,
familiers avec les Écritures de l’Ancien Testament, c’était la manière la plus
efficace de prêcher l’évangile. Elle correspondait au plus près à l’esprit
juif.
Ensuite il nous est montré la base
sur laquelle Paul conduisait ces entretiens : d’après les Écritures
(17:2c). C’est le
seul terrain sûr duquel on peut tirer des conclusions spirituelles fiables. Si
la prédication ne s’appuie pas sur la Parole de Dieu, elle est sans valeur, et
même elle égare.
En troisième lieu il nous est fait connaître le contenu
des entretiens : « …
expliquant et exposant qu’il fallait que le Christ souffrît et qu’il
ressuscitât d’entre les morts ; — et disant, que celui-ci, Jésus, que moi
je vous annonce, est le Christ » (17:3). Sur la base des Saintes
Écritures, il expliquait à ses auditeurs et leur exposait les grands faits à
l’égard de Christ, leur Messie, et plus précisément le fait que, selon la
propre Parole de Dieu, ‘le Christ devait souffrir et ressusciter d’entre les
morts’ (17:3a). Il ne nous est pas dit quel passage de l’Écriture Paul
utilisait. Instinctivement nous pensons d’abord à Ésaïe
53. Mais n’a-t-il pas aussi renvoyé aux Psaumes, par exemple, avec leurs
innombrables prophéties messianiques ? Tout cela, en tout cas, était
nouveau pour les Juifs : il fallait leur « ouvrir » les
Écritures, ce qui signifie « exposer, expliquer, commenter ». Ils
avaient bien les Écritures dans les mains, mais ils en avaient tiré leur propre
image (fausse) du Messie. Un Christ souffrant
leur était étranger. Ils attendaient bien leur Messie. Mais il était
inimaginable pour eux qu’Il dut mourir
quand Il viendrait. « Souffrir » inclut naturellement la mort
de la personne si ensuite il est
parlé, comme ici, de la résurrection
de cette personne. Quelqu’un qui ressuscite
,
doit préalablement être mort
.
Après que Paul leur eut ouvert les Écritures, il continua à leur
montrer comment elles s’étaient accomplies
en Jésus
. C’est le point capital. Pour souligner son importance, le
chroniqueur abandonne dans ce passage la manière générale condensée de
raconter, et il se met de manière inattendue à faire parler l’apôtre personnellement
. Il ne fait que citer
quelques paroles, mais elles sont appropriées pour montrer et insister sur ce
qu’il prêchait littéralement : « … celui-ci, Jésus, que moi je vous
annonce, est le Christ » disait-il (17:3b). Paul prêchait « celui-ci,
Jésus » ou « le Jésus », et il ne laissait planer aucun doute
sur le fait que « celui-ci… est le Christ ». Car Jésus avait souffert
la mort, et Il était ressuscité d’entre les morts. Or ce sont justement là les
deux piliers dont les « Écritures » de l’Ancien Testament aavaient parlé au sujet de Christ, le Messie.
Effectivement à la lumière des prophéties messianiques, toute
l’histoire de Jésus et de Son œuvre est visible. Cela est très précieux.
Ôtez-Le Lui des « Écritures », et l’Ancien Testament est dépouillé de
son contenu véritable. Si les prophètes de l’ancienne alliance ne parlent pas
de Jésus
, de qui parlaient-ils
alors ? Quelqu’un peut-il indiquer une autre personnalité qui, comme
Jésus, a souffert jusqu’à la mort, et est ressuscité d’entre les morts ?
En cela réside notre assurance et notre bonheur, bien-aimés : que le
Christ de l’Ancien Testament est le Jésus du Nouveau Testament, et
réciproquement. Le Seigneur Jésus seul, donne à la Parole de Dieu sa vraie
signification et sa grandeur.
Le temps durant lequel Paul rendit de cette manière témoignage
de la Parole de Dieu à Thessalonique, fut relativement court. Mais les
résultats furent étonnants. Trois groupes de personnes sont nommés qui furent
persuadés : des Juifs (17:4a), des Grecs qui servaient Dieu (17:4b), et des
femmes de premier rang (17:4c). Les Juifs, il n’y en avait que quelques-uns
; les prosélytes, il y
en eut une grande multitude
;
quant aux femmes « de premier rang », il y en eut « un assez
grand nombre ». Tous ceux-là vinrent à la foi et se joignirent à Paul et à
Silas.
Une courte remarque pour mieux comprendre le contexte. En ce qui concerne les femmes « de premier rang », il s’agit de femmes païennes, haut placées, qui en général se montraient ouvertes au judaïsme. Le ch. 13 v.50 nous en donne un exemple. Dans les v. 10-12 de notre chapitre encore, nous les retrouvons en rapport avec la synagogue des Juifs, mais cette fois à Bérée. Là, elles écoutaient la parole du Seigneur, et il est dit expressément, que d’entre ceux qui « crurent », il y eut de nouveau un « assez grand nombre » de « femmes de qualité ».
Une caractéristique des croyants de Thessalonique était qu’ils
« s’étaient tournés des idoles
vers Dieu » (1 Thes. 1:9). Cela ne concerne pas
seulement ceux qui s’étaient convertis directement du paganisme, mais aussi les
prosélytes grecs. Car finalement ils venaient tous de là, des idoles.
Quand il est dit au v. 4 de notre chapitre, que
« quelques-uns d’entre eux furent persuadés
et se joignirent
à Paul et Silas », nous prenons les deux affirmations de la
phrase comme se rapportant aux trois groupes de personnes : les Juifs
et les prosélytes
, et les femmes
de premier rang qui sont inclues dans ceux-ci. Tous ceux-là crurent, et tous
ceux-là se joignirent à Paul et Silas. Ceci indique
qu’ils se détachèrent de la synagogue. Effectivement c’était justement l’une
des assemblées les plus dévouées et les plus rafraichissantes du Nouveau
Testament qui était en voie de formation : L’« assemblée des Thessaloniciens
en Dieu le
Père et dans le Seigneur Jésus Christ » (1 Thes.
1:1).
De nouveau une résistance massive se souleva, et de nouveau elle provenait de la jalousie des Juifs.
« Mais les Juifs, pleins de jalousie, ayant pris quelques méchants hommes de la populace, et ayant fait un amas de peuple, troublèrent la ville, et ayant assailli la maison de Jason, ils cherchèrent Paul et Silas pour les amener au peuple. Mais ne les ayant pas trouvés, ils traînèrent Jason et quelques frères devant les magistrats de la ville, en criant : Ces gens qui ont bouleversé la terre habitée, sont aussi venus ici ; et Jason les a reçus chez lui, et ils contreviennent tous aux ordonnances de César, disant qu’il y a un autre roi, Jésus. Et la foule et les magistrats de la ville, qui entendaient ces choses, furent troublés. Et après avoir reçu caution de Jason et des autres, ils les relâchèrent » (Actes 17:5-9).
Nous ne savons pas combien de temps s’est écoulé après les trois sabbats, et avant que les Juifs deviennent actifs contre les frères de la manière décrite. De manière caractéristique il n’y a ici aucune indication de temps. Cela permet de penser que Paul et Silas ont encore travaillé là un certain temps, et qu’ils n’ont pas été immédiatement chassés. Certaines indications tirées des épîtres renforcent ce sentiment.
Dans son épître aux croyants de Philippes, Paul mentionne qu’au commencement de l’évangile, ils lui avaient envoyé une ou deux fois un don pour ses besoins quand il était à Thessalonique (Phil. 4:15, 16). Si nous pensons que les deux villes étaient distantes d’environ 140 km, cela laisse une durée de temps d’au moins quelques semaines entre les deux envois.
Il est remarquable dans ce contexte que le souvenir soit gardé de « la peine et du labeur » dont Paul et Silas s’étaient chargés à Thessalonique pour l’entretien de leur vie. Pour n’être à charge à aucun d’entre eux, ils avaient travaillé nuit et jour dans leur profession terrestre (1 Thes. 2:9 ; 2 Thes. 3:8). Ces faits n’indiquent-ils pas une durée plus longue de leur séjour en cette localité ? En outre les deux épîtres aux Thessaloniciens montrent quelle plénitude d’enseignement chrétien fut communiquée oralement aux croyants. On ne peut guère penser que tout cela se soit passé en seulement trois semaines.
Nous avons déjà vu que ceux qui venaient à la foi se joignaient à Paul et Silas (17:4). Plus il se joignait de croyants aux messagers chrétiens, plus la synagogue des Juifs se vidait. Sommes-nous alors étonnés de la flambée de jalousie chez les Juifs ? (17:5a). Le récit qui suit maintenant, manifeste en effet les plus vils procédés chez les opposants pour stopper toute l’affaire.
Pour atteindre leur but, les Juifs incrédules se liguèrent avec quelques gens de la pire espèce, « de méchants hommes de la populace » (17:5b). Ces deux groupes, les Juifs et la populace, ne se montraient normalement aucune bienveillance l’un envers l’autre. Mais pour s’opposer à un ennemi commun, ils conclurent une alliance contre nature. Ce n’était pas nouveau : Pilate et Hérode devinrent amis dans leur mépris de Jésus de Nazareth. Même si les pharisiens et les sadducéens étaient totalement divisés sur les questions religieuses, ils furent unis dans le refus et le rejet de Christ. Les Juifs de Thessalonique se servirent également de ces même moyens qu’autrefois les conducteurs Juifs à Jérusalem (Marc 15:11) : faire un soulèvement populaire, et inspirer par ce moyen la peur aux représentants de l’autorité romaine, et les forcer à intervenir — plus précisément les forcer à éliminer des personnes mal vues. En fait la persécution des serviteurs du Seigneur suivit le modèle même de ce que le Maître avait enduré ! « S’ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront aussi » (Jean 15:20).
La foule amenée par les Juifs se réunit devant la maison de
Jason où Paul et Silas avaient trouvé à se loger. La
tentative de les amener au peuple (17:d ; c’est-à-dire devant l’assemblée du peuple
pour l’information
sur les affaires publiques) échoua, car le Seigneur dans Sa providence avait
veillé à ce que les deux serviteurs soient absents à ce moment-là (17:6a). Du
fait qu’ils ne les trouvèrent pas, ils traînèrent à leur place Jason et
quelques frères devant les autorités de la ville (17:6b).
La plainte contre ceux qui étaient hébergés par Jason était double. Selon une affirmation exagérée, ils auraient « bouleversé la terre habitée » (17:6c), — ce qui, d’ailleurs, rendait un témoignage bien involontaire à la puissance et à l’influence croissante du christianisme. L’expression la terre habitée figure aussi en Luc 2:1 et elle désigne l’empire romain. Vraisemblablement les Juifs avaient déjà entendu parler des événements de Philippes, et peut-être des résultats en d’autres endroits visités par Paul.
Le deuxième chef d’accusation était aussi faux que de bas niveau : les accusés auraient contrevenu aux ordonnances de l’empereur, « disant qu’il y a un autre roi, Jésus » (17:7). On dirait entendre l’écho de ce que les Juifs avaient crié autrefois devant Pilate à l’égard du Seigneur : « Si tu relâches celui-ci, tu n’es pas ami de César ; quiconque se fait roi, s’oppose à César » (Jean 19:12). À cette époque-là, comme maintenant, les Juifs reniaient leurs espérances messianiques, et se posaient en vassaux (dépendants) de César : « Nous n’avons pas d’autre roi que César » (Jean 19:15).
Ce reproche fait aux deux prédicateurs de s’être dressés contre
l’empereur en appelant roi
quelqu’un
d’autre, Jésus
, se référait
vraisemblablement à ce que Paul prêchait partout le royaume de Dieu
(Actes 20:25). C’était caractéristique de son
ministère partout. Et justement il pouvait rendre témoignage aux croyants de
Thessalonique « qu’ils s’étaient tournés des idoles vers Dieu, pour servir
le Dieu vivant et vrai, et pour attendre
des cieux son Fils
qu’il a ressuscité d’entre les morts, Jésus, qui nous
délivre de la colère qui vient » (1 Thes. 1:9,
10). Cette attente vivante de Celui qui doit venir était accompagnée de la
conscience que Dieu les avait « appelé à son propre royaume
et à sa propre gloire » (1 Thes. 2:12). De plus, la persécution et les tourments
qu’ils avaient endurés entre temps étaient une preuve de ce qu’ils étaient
estimés dignes du royaume
de Dieu (2 Thes. 1:5).
Ce royaume de Dieu
dans sa forme présente est un royaume invisible, un domaine spirituel, qui est
régi par les principes du ciel.
En accord avec cela, quand Pilate avait demandé au Seigneur s’il
était le roi des Juifs, le Seigneur avait répondu en disant : « Mon
royaume n’est pas de ce monde
… ; mais maintenant mon
royaume
n’est pas d’ici » (Jean 18:36). Le christianisme n’entre pas en collision
avec les royaumes de ce monde. Ils se situent sur des plans complètement
différents.
Dans cette mesure les accusations étaient dépourvues de tout fondement. Les accusateurs Juifs ne pouvaient étayer aucun exemple de rébellion des prédicateurs chrétiens contre l’empereur. Pour eux il ne s’agissait pas de la vérité, mais simplement de fomenter le désordre, et par-là de faire peur aux autorités pour que ces gens soient chassés. « La foule et les magistrats de la ville, qui entendaient ces choses, furent troublés » (Actes 17:8).
Les autorités de Thessalonique furent cependant plus sages que celles de Philippes. Ils ne se laissèrent pas entrainer à un jugement précipité. Du fait de l’absence des accusés, ils firent déposer une caution par Jason et les autres, pour s’assurer que Paul et Silas cesseraient toute activité dans la ville. Avec cela les frères furent relâchés (Actes 17:9).
Il apparaît, qu’immédiatement après le départ de l’apôtre, une forte persécution éclata contre les chrétiens à Thessalonique. Ils eurent beaucoup à endurer, mais ils tinrent fermes (1 Thes. 2:14 ; 3:3-5 ; 2 Thes. 1:4, 6, 7).
Malgré toutes les résistances, l’évangile poursuivait son chemin victorieux, et il arriva ensuite à Bérée. De quelle manière il y parvint, et comment Dieu conduisit Ses serviteurs par Sa providence en toutes choses, ce sont les versets suivants qui nous le montrent.
« Et aussitôt les frères envoyèrent Paul et Silas, de nuit, à Bérée, lesquels étant arrivés, entrèrent dans la synagogue des Juifs. Or ceux-ci étaient plus nobles que ceux de Thessalonique ; et ils reçurent la parole avec toute bonne volonté, examinant chaque jour les écritures pour voir si les choses étaient ainsi. Plusieurs donc d’entre eux crurent, et des femmes grecques de qualité et des hommes aussi, en assez grand nombre » (Actes 17:10-12).
Il fut permis à Jason et à ses compagnons de se porter caution pour les deux missionnaires. Le tumulte s’était calmé. Il était maintenant grand temps de quitter la ville. Il n’y avait pas d’autre possibilité vu l’état des choses. Et c’est ainsi que les frères envoyèrent Paul et Silas immédiatement dans la nuit à Bérée. Tous les deux avaient déjà eu à plusieurs reprises l’occasion d’agir selon la directive du Maître : « Mais quand on vous persécutera dans cette ville, fuyez dans l’autre » (Matt. 10:23). Ce processus se répétait maintenant. En fait, leur zèle infatigable dans la poursuite des intérêts de l’évangile requiert notre plus profonde admiration.
Leur chemin les conduisait ensuite vers l’Ouest, à travers une grande plaine, puis dans la montagne. Ils ne pouvaient certes pas atteindre Bérée en un seul jour, car cette ville est éloignée d’environ 70 km. Mais ils marchèrent toute la nuit. Il n’y avait pas longtemps qu’ils avaient chanté les louanges de Dieu dans la prison également pendant la nuit. Cela avait été le point de départ d’une immense bénédiction à Philippes. Et de nouveau c’était la nuit. Cependant maintenant ils ne chantaient pas, mais ils marchaient à pied. Et ce voyage de nuit fut le moyen par lequel beaucoup de gens à Bérée passèrent des ténèbres spirituelles à la merveilleuse lumière de Dieu.
Si le choix tomba sur Bérée, ce fut bien de nouveau parce qu’il s’y trouvait une synagogue des Juifs. C’était Dieu qui en grâce conduisait Ses serviteurs dans Sa providence. Certes Paul aurait préféré rester plus longtemps à Thessalonique pour approfondir l’œuvre. Cependant l’interruption subite, certes regrettable en soi, conduisit, sous la main de Dieu, à ce que d’autres villes encore vinrent sous Sa bénédiction. C’est aussi ce qui forma chez l’apôtre le désir de revenir bientôt à Thessalonique. Et si Dieu permit que Satan l’en empêche (1 Thes. 2:18), il y eut en tout cas pour seul résultat que Paul se vit dans la nécessité d’écrire ses deux épîtres aux Thessaloniciens — des documents inestimables, qui nous ont été accordés jusqu’à aujourd’hui pour notre consolation et notre bénédiction de manière durable.
Quand Paul et Silas eurent atteint Bérée, ils allèrent de nouveau à la synagogue des Juifs. Ce
que le chroniqueur dit de ces Juifs-là est hautement remarquable. Il les
compare d’abord aux Juifs de Thessalonique, et en conclut que ceux de Bérée étaient plus
nobles
que ceux de Thessalonique (17:11a). Certes la signification du mot
‘noble’ peut être double. D’un côté elle décrit des gens d’origine
noble, d’une haute lignée
humaine. D’un autre côté ce terme désigne un état d’esprit
noble, un caractère
raffiné. Le contexte montre clairement que c’est la deuxième interprétation qui
est à retenir.
L’état d’esprit noble de ces Juifs se manifesta en ce qu’ils
reçurent la Parole tout à fait de bon gré (17:11b). Contrairement aux Juifs des
autres localités, il n’y avait chez eux ni jalousie, ni inimitié, ni fausse
accusation, ni recours à la force, ni indifférence. Au lieu de cela, une pleine
disposition à accepter la Parole de Dieu, — l’évangile comme les deux
serviteurs le leur annonçait « d’après
les Écritures
» de l’Ancien Testament (17:2). Ce qui est entendu par
cette expression, ou ce que cela inclut, Luc nous l’a dépeint au début du
chapitre sous une forme probablement condensée (Actes 17:2, 3).
Les Juifs de Bérée s’attendaient aussi à ce que la parole prêchée concorde avec les Écritures (17:11c). Malgré tout, ils estimaient nécessaire de procéder à une vérification. Ils recherchaient chaque jour dans les Écritures « si les choses étaient ainsi », c’est-à-dire si ce que Paul et Silas enseignaient sur Jésus concordait avec l’Ancien Testament. Les Béréens n’étaient ni sceptiques d’un côté, ni crédules de l’autre. Ils étaient soigneux à l’égard des choses de Dieu, instruits, ouverts, et ils contrôlaient tout au moyen de l’Écriture Sainte. C’est cela qui faisait leur état d’esprit noble. Même si le témoignage de Dieu sur la noblesse des Béréens a été consigné dans les écrits du Nouveau Testament il y a 2000 ans, il n’a rien perdu de sa force d’attraction et de son importance pour nous dans notre temps. Ne s’élève-t-il pas aussi en nous le désir d’être de tels « Béréens » nobles et de suivre leur excellent exemple ?
Car ces « vérifications » ne sont pas sans importance,
y compris pour nous croyants d’aujourd’hui. Dieu voudrait que nous recevions la
parole prêchée sans réserve, mais aussi que nous la comparions avec la Parole
écrite. Si ceux qui étaient venus à la foi à Thessalonique étaient exhortés à
ne pas mépriser les prophéties, le Saint Esprit ajoute : « Éprouvez
toutes choses, retenez ce qui
est bon » (1 Thes. 5:20, 21). La norme de
contrôle ne peut être que la Parole de Dieu. Et au sujet des prophètes en 1
Cor. 14, il est dit : « que les prophètes parlent, deux ou trois, et que les autres jugent
» (1 Cor.
14:29). Le jugement pour savoir si ce qui était dit venait réellement de Dieu,
appartenait aux « autres », non pas aux autres prophètes, mais aux
auditeurs en général. En quoi résidait et réside la compétence pour un tel
jugement en profondeur ? Dans la possession du Saint Esprit. « Vous
avez l’onction de la part du Saint et vous connaissez toutes choses » (1
Jean 2:20). À cause de cela, les enfants de Dieu ont en principe la capacité de
distinguer la vérité de l’erreur. Ils connaissent la voix du Bon Berger, et
cela suffit à démasquer toute autre voix comme étant fausse.
Suite à ce comportement noble et plein de foi des Juifs de Bérée, « plusieurs [beaucoup] d’entre eux crurent, et des femmes grecques de qualité et des hommes aussi, en assez grand nombre » (17:12). En plus de ces nombreux Juifs, il vint à la foi un nombre important de femmes grecques de qualité et d’hommes grecs également. Une nouvelle assemblée locale était née, l’assemblée à Bérée, et elle n’était pas petite.
C’est la troisième fois que nous entendons parler de ces femmes
grecques de qualité (Actes 13:50 ; « de premier rang » en 17:4).
Elles sont nommées ici avant
les
hommes, ce qui indique vraisemblablement une influence plus grande de ces
femmes dans le monde. Par ces femmes de qualité, l’évangile parvint dans les
classes supérieures de la société humaine. Quel triomphe de la grâce de Dieu,
qui se tournait vers les Juifs aussi bien que vers les Gentils !
« Mais quand les Juifs de Thessalonique surent que la Parole de Dieu était aussi annoncée par Paul à Bérée, ils y vinrent aussi, agitant les foules. Mais alors les frères renvoyèrent Paul aussitôt, comme pour aller à la mer ; mais Silas et Timothée demeurèrent encore là. Et ceux qui conduisaient Paul le menèrent jusqu’à Athènes ; et après avoir reçu pour Silas et pour Timothée l’ordre de le rejoindre au plus tôt, ils partirent » (Actes 17:13-15).
Cependant quand l’œuvre de Dieu s’élargit, Satan entre en jeu et cherche à l’empêcher. La nouvelle que Paul annonçait la Parole de Dieu à Bérée parvint aux oreilles des Juifs malveillants de Thessalonique. Guidés par le grand adversaire, ils vinrent à Bérée, troublèrent et soulevèrent les foules de la même manière qu’ils l’avaient fait chez eux (17:13). C’est profondément honteux de voir cette haine constante contre l’évangile. Ils ne voulaient pas accepter le salut pour eux-mêmes, et en outre ils voulaient empêcher que d’autres en profitent, « nous empêchant de parler aux nations afin qu’elles soient sauvées » (1 Thes. 2:16). Extérieurement ils réussirent dans leurs efforts. Ce n’est pas qu’à Thessalonique qu’ils réussirent à chasser les serviteurs de Dieu par la persécution (1 Thes. 2:15). Maintenant aussi à Bérée, ils y réussissent. « Chassés par la persécution » : quel processus grave et douloureux se cache derrière ces brèves paroles !
Des Juifs des localités voisines avaient déjà une fois cherché à stopper l’œuvre de l’apôtre Paul. À l’époque c’était les Juifs d’Antioche de Pisidie et ceux d’Iconium qui étaient venus à Lystre pour ôter du chemin ce qui leur était une pierre d’achoppement toute spéciale (Actes 14:19 ; Ésaïe 8:14). Ce même processus se répétait maintenant avec les Juifs de Thessalonique. Les efforts ennemis visaient chaque fois Paul lui-même. Il passait pour la tête du mouvement. Ses collaborateurs étaient considérés comme insignifiants. Le fait que Silas fut impliqué dans la persécution de Philippes, est attribuable — du point de vue humain — au fait qu’à ce moment-là il se trouvait auprès de l’apôtre.
Encore un point instructif à l’égard des Juifs de Bérée
: même ceux qui,
parmi eux, n’acceptèrent pas l’évangile, ne se laissèrent pas entraîner par les
menées haineuses de ceux de Thessalonique. En tout cas nous n’entendons rien du
tout dans ce sens.
Les frères considérèrent comme opportun d’envoyer Paul, avant la nuit, comme pour aller à la mer (17:14a) : quelle scène touchante : Les « frères » de Bérée, — des gens venus seulement depuis peu à la foi au Seigneur Jésus, — sont pleins d’attentions pour l’apôtre ! Comme précédemment les frères de Thessalonique (17:10), ce sont eux qui prennent l’initiative de mettre en sécurité le cher docteur. Et quelques-uns d’entre eux lui font la conduite avec amour pour la suite du voyage (17:15a). Combien tout cela parle à nos cœurs !
L’indication que Silas aussi bien que
Timothée restèrent à Bérée confirme ce qui vient
d’être dit sur les « collaborateurs » : ils n’intéressaient pas
les persécuteurs. Mais cette allusion à ces deux serviteurs nous remet sur la
trace de Timothée
(17:14b, 15b).
Depuis qu’il s’était joint à Paul et Silas à Lystre (Actes 16:1-3), nous n’avions plus rien entendu de
direct à son sujet.
Nous avons quand même vu que quand Paul et Silas quittèrent Philippes, Timothée et Luc y restèrent (16:40). Mais alors Timothée dut bientôt venir à Thessalonique. Les deux épîtres aux Thessaloniciens en rendent témoignage. Car en tête des deux épîtres, Timothée est nommé en plus de Paul et Sylvain (Silas). C’est une preuve suffisante que le jeune collaborateur avait séjourné à Thessalonique avec Paul et Silas. Les frères de l’endroit le connaissaient. Mais maintenant il était à Bérée, et y resta avec Silas pour le moment.
Quelques-uns des frères de Bérée firent la conduite à Paul jusqu’à Athènes (17:15a). Nous pouvons déduire de cela qu’ils ont voyagé avec lui et qu’ils étaient familiers avec la voie maritime à travers la mer Égée. Quand ils atteignirent le but de leur voyage, ils reçurent l’ordre de faire venir Silas et Timothée au plus tôt vers lui (17:15b). Ensuite, après une courte pause, ils prirent le chemin de retour.
Maintenant l’apôtre est seul pour quelques temps, seul à Athènes (17:16a). Pourquoi choisit-il directement cette ville comme champ d’action, cela ne nous est pas connu. En tout cas c’était une ville de renommée mondiale. Jamais auparavant ni après, il n’avait vu une ville aussi extraordinaire. Cependant les fruits de l’évangile y furent relativement minimes.
« Et comme Paul les attendait à Athènes, son esprit était excité au-dedans de lui, en voyant la ville remplie d’idoles. Il discourait (*) donc dans la synagogue avec les Juifs et avec ceux qui servaient Dieu, et tous les jours sur la place publique (**) avec ceux qui s’y rencontraient » (17:16, 17).
(*)(**) notes Bibliquest : Le texte allemand traduit « Il s’entretenait » (*) et « sur le marché » (**) au lieu de « Il discourait » (*) et « sur la place publique » (**).
Même si le temps de l’apogée d’Athènes était passé à l’époque où Paul visita la ville, elle n’en restait pas moins comme auparavant le centre de la culture et de la mythologie grecques, la métropole intellectuelle et artistique.
On rencontrait partout des bâtiments splendides, des lieux commémoratifs et des sculptures, qui rappelaient les grands esprits et les maîtres des temps passés. Socrate, et ses élèves ne s’étaient-ils pas promenés sur cette place du marché, l’« Agora » ?
Mais l’art et la philosophie n’étaient pas seuls à marquer cette ville de leur empreinte ; l’élément religieux, le culte des dieux y était aussi indissolublement entremêlé. Pouvait-il y avoir une expression plus claire de cela dans le fait que l’acropole (forteresse d’Athènes) était couronnée par le « Parthénon », un temple prestigieux entre tous ? Et en ce qui concerne la philosophie et son maintien, on rencontrait encore à Athènes au temps de l’apôtre Paul, des philosophes d’orientations les plus diverses, comme par exemple ceux que montre notre texte, les épicuriens et les stoïciens (17:18).
En attendant ses collaborateurs à Athènes (il a fallu des
semaines jusqu’à ce qu’ils puissent se rencontrer), Paul visita la ville.
Fut-il rempli d’admiration quand il tomba sur tous les monuments de l’art
humain ? Tout au contraire ! « Son esprit était excité au-dedans
de lui, en voyant la ville remplie d’idoles » (17:16bc). Privé de ses
compagnons de voyage chrétiens pour un temps, il était entièrement seul. Il dut
digérer tout seul la masse des impressions, et il dut trouver une réponse
appropriée sans être conseillé. Celle-ci fut tout à fait nette : En
regardant la ville, il fut envahi du sentiment d’une extrême indignation
à l’encontre de l’idolâtrie
dans laquelle ils étaient plongés. Derrière toute la gloire de l’homme il ne
voyait que la plus grande ignominie et la plus grande déchéance. L’intelligence
et la superstition avaient-elles dégradé l’homme au point de lui faire adorer
maintenant le bois et la pierre ? Et quelle corruption morale se cachait
derrière tout cela !
L’évangile pouvait-il remporter la victoire dans un pareil environnement ? Pour un cœur moins courageux que celui de Paul, la tâche aurait pu paraître trop grande et les difficultés insurmontables. Cependant Dieu, le « Seigneur du ciel et de la terre » (17:24), n’était-Il pas au-dessus de tout ? — Voilà donc le seul genre de sentiments qui agitait le cœur de l’apôtre à Athènes : l’indignation à l’égard du mal et la confiance dans le Dieu vivant.
Cependant d’autres pensées encore occupaient son esprit : il attendait impatiemment des nouvelles de ses chers Thessaloniciens persécutés. À quoi les choses en étaient-elles autour d’eux ? Leur foi avait-elle pu résister à la tribulation ? Or pour le savoir et pour les fortifier dans la foi, il n’y avait qu’un moyen : l’apôtre devait leur renvoyer son collaborateur tant estimé, Timothée, à peine celui-ci serait arrivé à Athènes. Il désirait tant la présence de ce bien-aimé disciple qu’il était prêt à « être laissé seul à Athènes » (1 Thes. 3:1). À ces remarques touchantes de sa première épitre aux Thessaloniciens, il ajoute : « C’est pourquoi n’y tenant plus, nous avons trouvé bon d’être laissés seuls à Athènes, et nous avons envoyé Timothée, notre frère et compagnon d’œuvre sous Dieu dans l’évangile du Christ, pour vous affermir et vous encourager touchant votre foi, afin que nul ne soit ébranlé dans ces tribulations » (1 Thes. 3:1-3). Quel amour dans le cœur de Paul, et quelle sollicitude intérieure pour leur bien spirituel !
Avec des sentiments très divers, il commença son œuvre à Athènes ; il la commença seul et sans l’appui de ses compagnons de voyage (17:16a). La manière de s’exprimer du v. 16 « et comme Paul les attendait à Athènes » peut donner à entendre qu’initialement Paul voulait attendre l’arrivée de ses collaborateurs pour se consacrer ensemble avec eux à cette nouvelle mission difficile. Cependant après l’aperçu bouleversant de la ville remplie d’idoles, il n’y tint plus de la regarder sans rien faire. Aussi il se mit au travail, mais tout seul comme on l’a remarqué. Suivant son habitude il s’entretint d’abord avec les Juifs dans la synagogue (17:17a), et avec ceux qui servaient Dieu (les prosélytes ; 17:17b), puis ensuite également chaque jour il parlait sur la place publique (au marché) avec ceux qui passaient par-là (17:17c).
Cette place du marché, appelée ‘Agora’, était bordée et ornée richement de bâtiments et monuments historiques, et son usage n’était aucunement limité au commerce (achat et vente) de marchandises en tous genres. Elle servait aussi non seulement de lieu de rassemblement à des représentations régionales particulières, mais aussi de point de rencontre aux philosophes et à leurs adeptes, et aux désœuvrés et à toutes sortes de gens qui avaient du temps pour spéculer et discuter. Ici l’apôtre Paul pouvait toujours toucher un auditoire intéressé, des gens ouverts à des discussions sérieuses. Et il avait une parole pour chacun d’eux. 450 ans auparavant Socrate y avait proclamé ses enseignements. Maintenant c’était un autre, un plus grand que lui qui arpentait cette « Agora », et qui annonçait l’évangile de Jésus et de la résurrection.
« Et quelques-uns aussi des philosophes épicuriens et des philosophes stoïciens s’en prirent à lui ; et les uns disaient : Que veut dire ce discoureur (ou : bavard) ? et d’autres : il semble annoncer des divinités étrangères ; parce qu’il leur annonçait Jésus et la résurrection. Et l’ayant pris, ils le menèrent à l’Aréopage, disant : Pourrions-nous savoir quelle est cette nouvelle doctrine dont tu parles ? car tu nous fais entendre certaines choses étranges ; nous voudrions donc savoir ce que veulent dire ces choses. Or tous les Athéniens et les étrangers séjournant à Athènes, ne passaient leur temps à autre chose qu’à dire ou à ouïr quelque nouvelle » (17:18-21).
Les discours aux gens de l’Agora s’adressaient à ceux qui s’y
rencontraient (17:17c). Mais il ne fallut pas attendre longtemps pour que des
personnes plus importantes s’intéressent à Paul (17:18a). Il s’agissait de
philosophes professionnels des deux écoles dominantes, mais opposées, à
Athènes. Selon leurs spéculations, les épicuriens
étaient de purs athées matérialistes pour lesquels il n’y a pas de vie après la
mort. Le bonheur suprême pour eux était le plaisir
,
la jouissance
. Il en était autrement
des stoïciens
. Ils étaient
panthéistes, c’est-à-dire qu’ils soutenaient la doctrine que Dieu et le monde
sont identiques. Leur philosophie était pratiquement une culture de l’orgueil
humain.
Il n’est guère besoin d’insister sur le fait que ces deux philosophies étaient entièrement opposées au christianisme. Que connaissaient-ils d’un Dieu vivant ? Que savaient-ils de l’âme, du péché, de la rédemption, de la résurrection des corps et de la vie éternelle ? Cette énumération ne suffit-elle pas à faire voir combien les vrais chrétiens sont riches à l’inverse ? Sommes-nous profondément conscients de la différence immense entre la révélation divine et les représentations fantaisistes des hommes ?
Les représentants des deux tendances philosophiques nommées s’en
prirent à Paul (17:18a). Mais ils étaient tolérants en le faisant. Le fanatisme
qui caractérisait les Juifs, et qui exigeait toujours le sang des témoins haïs,
leur était totalement étranger. Nous n’entendons parler d’aucune persécution
quelconque à Athènes. Si l’on s’en prit à lui, ce n’était pas de l’hostilité,
mais une joute oratoire, selon le sens littéral du mot grec « symballo ». Autrement dit, les philosophes des deux
bords voulaient engager Paul dans des discussions. Ils procédèrent amicalement
et poliment comme nous allons le voir tout de suite. Les temps étaient révolus
où un Socrate fut déclaré coupable à cause de ses opinions, et condamné à boire
un poison. — Quand Luc continue son récit par ces mots « …et les uns
disaient » (17:18b), cela
ne se rapporte pas aux philosophes dont il a été question en dernier lieu. Il
n’est pas dit : « … et quelques-uns d’entre eux
disaient ». Le sens de ces mots se rapporte à
quelques-uns des gens qui avaient l’occasion de suivre le débat.
Deux avis se dégagent au sujet de Paul et de ce qu’il disait. Les uns le qualifiaient avec mépris « de discoureur » (ou : bavard). « Que veut dire ce discoureur ? » (17:18b). C’est ce genre de question à laquelle même le questionneur n’attend pas de réponse. Le terme lui-même (en grec : ‘spermalogos’) désignait à l’origine un oiseau qui picore des graines çà et là. Dans le langage courant des Athéniens, ce mot désignait quelqu’un qui s’empare d’une idée ici ou là sans vraiment la comprendre. On pourrait plus justement traduire ce mot « discoureur » par « bavard » ou « jacasseur ». Pour les moqueurs d’Athènes, cela ne valait en tout cas pas la peine d’écouter ce que Paul annonçait. Voilà une des armes de Satan contre l’évangile : le ridiculiser. Les gens craignent de s’identifier avec ce que les autres méprisent.
Les deux avis n’étaient pas du même niveau de superficialité, mais ils témoignaient de la plus grande ignorance : « Il semble annoncer des divinités étrangères — parce qu’il leur annonçait Jésus et la résurrection » (17:18c). Ces gens prenaient Jésus pour un nouveau dieu auquel était adjointe une déesse appelée la « résurrection ». Jésus et la résurrection, des dieux étrangers ! Avec un tel malentendu et une ignorance aussi effrayante des sages, on comprend bien à quelle tâche difficile Paul s’est trouvé confronté à Athènes. Pourtant il s’agissait d’atteindre la conscience de ces gens. C’est la seule voie par laquelle on pouvait, à l’époque comme aujourd’hui, arriver à la connaissance du Dieu vivant et vrai. L’intelligence humaine ne peut pas connaître Dieu.
Si donc Paul fut saisi et mené à l’Aréopage (colline d’Ares, ou
colline de Mars ; 17:19a)), ce n’était pas par hostilité. La place du
marché était manifestement trop bruyante et agitée pour débattre des questions.
En outre les aréopagites (membres du conseil ou du tribunal) allaient également
être intéressés par cette nouvelle doctrine. Arrivés à la colline de Mars, ceux
qui philosophaient demandèrent poliment : « Pourrions-nous savoir
quelle est cette nouvelle doctrine dont tu parles ? car
tu nous fais entendre certaines choses étranges ; nous voudrions donc
savoir ce que veulent dire ces choses » (17:19b-20). Ils étaient mûs par de la pure curiosité
,
simplement pour en savoir davantage sur la doctrine de Paul. Mais ce n’était
pas un interrogatoire. Ce qui les intéressait, c’était ce qui était
« nouveau ». Voilà ce qui leur convenait, et rien d’autre.
Tous les Athéniens et les étrangers partageaient cette disposition. Ils « ne passaient leur temps à autre chose qu’à dire ou à écouter quelque nouvelle » (17:21). Cela témoigne d’une extrême superficialité et d’un grand vide. De tels gens pouvaient bien suivre l’évangile pendant une heure, ou un jour. Mais quand quelque chose de nouveau arrivait à leurs oreilles, ils le laissaient tomber, comme trop vieux.
La vérité chrétienne, au contraire, est en un certain sens
toujours « ancienne », — si « ancienne », qu’on ne peut pas
lui ajouter du nouveau sans la détruire. C’est pourquoi l’apôtre Jean exhorte
les enfants de Dieu : « Pour vous, que ce que vous avez entendu dès le commencement
demeure en
vous » (1 Jean 2:24). Quel contraste avec ce que nous avons ici !
Nous en arrivons maintenant au discours adressé par l’apôtre à l’Aréopage (17:22a) ; remarquons d’abord qu’il s’agit d’un discours extrêmement significatif par son tact extraordinaire et sa grande sagesse. Quant aux auditeurs, un chrétien n’en avait encore jamais eu de pareils, ni n’avait encore jamais eu l’occasion de parler devant des païens si instruits et si perspicaces que Paul à Athènes. Celui qui, pour les Juifs, devenait comme Juif afin de gagner les Juifs (1 Cor. 9:20), ne craignait pas de citer des philosophes grecs pour gagner des Grecs.
Et quelle merveille de la grâce de Dieu de ce que Son serviteur
soit là au milieu de l’Aréopage par
invitation des païens
, en présence de gens attentifs à chacune des paroles
prononcées ! Bien sûr l’apôtre a éprouvé profondément la responsabilité
qui pesait sur lui de parler de manière appropriée à un tel auditoire
exceptionnel, — un auditoire comme il ne s’en était encore jamais trouvé en
Grèce. Mais il se savait conduit et porté par le Saint Esprit.
« Mais Paul, se tenant au milieu de l’Aréopage, dit : Hommes athéniens, je vois qu’en toutes choses vous êtes voués au culte des dieux [ou : démons] ; car, en passant et en contemplant les objets de votre culte, j’ai trouvé aussi un autel sur lequel était inscrit : Au dieu inconnu ! Celui donc que vous honorez sans le connaître, c’est celui que moi je vous annonce » (Actes 17:22, 23).
Ce que Paul établit en premier lieu au sujet des Athéniens, est bien un exemple méritant d’être imité quant à son tact et à sa sagesse. Il ne les accuse pas d’être superstitieux, mais il reconnaît qu’à tous égards ils sont très adonnés (ou : plus adonnés que d’autres) aux dieux (17:22b). Il les voit comme un peuple religieux qui révérait davantage de divinités que d’autres. Ce n’était ni flatterie ni fausseté. Ce qu’il retenait de leurs rites religieux, eux allaient encore le reconnaître dans le cours ultérieur de ses propos. Mais il ne voulait pas indisposer ses auditeurs dès la première phrase. Si nous voulons gagner des gens pour le Seigneur, nous ne devons pas commencer par tout de suite mettre en avant leurs erreurs de comportement. La manière de l’apôtre de procéder envers les gens d’Athènes est à tous égards un modèle à imiter. Mais elle n’en était pas moins hardie.
Il fait donc remarquer à ses auditeurs un autel qui l’a frappé en parcourant la ville (17:23) ; il portait l’inscription : « Au dieu inconnu ! ». Il y avait là un élément d’une vérité solennelle. Les athéniens admettaient qu’avec toute leur philosophie, et toutes leurs études intellectuelles, avec leurs 30000 divinités et leur ville pleine de temples, ils n’avaient pas encore découvert la vérité. Il y avait encore un Dieu, le seul vrai Dieu, et ils ne Le connaissaient pas. Avec leurs mains ils tâtonnaient dans les ténèbres, pour saisir la vérité cachée qu’ils révéraient. Mais leurs mains restaient vides et leurs cœurs insatisfaits.
N’était-ce donc pas un grand bonheur qu’un homme soit présent
qui veuille leur annoncer
ce qu’ils
vénéraient sans le connaître ? (17:23c).
« Le Dieu qui a fait le monde et toutes les choses qui y sont, lui qui est le Seigneur du ciel et de la terre, n’habite pas dans des temples faits de mains ; et il n’est pas servi par des mains d’hommes, comme s’il avait besoin de quelque chose, lui qui donne à tous la vie et la respiration et toutes choses » (Actes 17:24, 25).
Paul présente maintenant le Dieu unique comme le Dieu de la création
, un Dieu personnel
« qui a fait le monde et toutes les choses qui y sont » (17:24a).
C’est le message de la première page de la Bible. Naturellement Paul ne cite
pas les Écritures. Cela aurait été inutile devant ces païens ignorants. Mais il
incline leur regard sur les faits puissants de la création qu’ils pouvaient
percevoir eux-mêmes, en tant que païens, dans le ciel et sur la terre. Il avait
fait exactement la même chose avec les barbares de Lycaonie (Actes 14). Aux
Juifs, il pouvait leur parler autrement, car ils étaient familiers avec les
Saintes Écritures. Mais ici, il fallait commencer par le côté le plus bas de la
vérité, celui de la création.
Or c’était justement ce que niaient les épicuriens et les
stoïciens, comme d’ailleurs tous les philosophes. Ils avaient leurs propres
idées et théories variées sur la naissance du monde. Cependant ils balayaient
déjà la première déclaration de l’orateur, comme étant sans valeur. Dieu, la
plus haute personnalité, est le créateur tout-puissant du ciel et de la terre
avec tout ce qu’ils contiennent. Il est encore plus, comme nous allons le voir
tout de suite. Cependant c’est le premier fait sur lequel les cœurs et les
consciences doivent être dirigés. Dieu est et était avant
tout, et avant Lui rien n’existait. Rien n’est venu de
soi-même à l’existence, et Il est l’auteur de tout.
Du fait que Dieu est le créateur de tout, Il en est aussi le Seigneur
, le « Seigneur du ciel et
de la terre ». Il les régit. N’était-ce pas de la folie de croire que cet
être infini habite dans des sanctuaires faits par les hommes ? (17:24).
Avait-Il besoin d’être servi
par des
mains d’hommes (17:25a), comme si quelque chose Lui manquait, comme un malade a
besoin des efforts d’un médecin ? Effectivement « être servi »
est exprimé en grec par le mot « therapeuo »
qui signifie servir, soigner médicalement, guérir.
L’homme pense pouvoir donner quelque chose à Dieu. Cependant la situation est inverse : le grand Donateur, c’est Dieu. « Il est Celui qui donne à tous la vie et la respiration et toutes choses » (17:25b). Grandiose déclaration ! Seulement trois mots : la vie, la respiration, tout (le reste) — et pourtant combien ces mots englobent tout !
Le mot « vie » (en grec ‘zoé’) désigne la vie comme
principe, la vie dans son sens absolu, la puissance de vie, l’aptitude à vivre
en contraste avec la mort. Cette vie ne peut venir que de Dieu, c’est Lui qui
la donne
. — La seconde chose donnée
est la respiration, ou souffle (en grec ‘pnoé’), par
laquelle le maintien de la vie s’exprime dans notre corps. C’est aussi Dieu qui
donne cette respiration. Sommes-nous conscients que c’est seulement la bonté de
Dieu, si nous pouvons encore respirer ? — Et voilà que par-dessus le
marché, en plus des deux dons déjà nommés, Il donne aussi toutes choses
(littéralement : « le tout »), ce dont
l’homme a en plus besoin, et dont la plupart du temps il n’a guère idée. Le
grand Dieu le donne pourtant, c’est indiscutable. Ainsi Il n’est pas seulement
le Donateur
, mais aussi le Conservateur
, Lui le Dieu de bonté.
Devant ce Dieu unique et vrai, tout le monde des dieux des païens se réduit à
rien.
Mais nous, nous nous prosternons, en adorant, devant Celui qui s’est révélé à nous de cette manière. Certainement nous Le connaissons encore de façon plus intime, nous Le connaissons en Christ comme notre Dieu et Père. Même quand Il nous est présenté dans Son élévation comme Dieu créateur, la réponse de nos cœurs ne peut être que de l’adoration.
« Et il a fait d’un seul [sang] toutes les nations [JND : races] des hommes pour habiter sur toute la face de la terre, ayant déterminé les temps ordonnés et les bornes de leur habitation, pour qu’ils cherchent Dieu, s’ils pourraient en quelque sorte le toucher en tâtonnant et le trouver, quoiqu’il ne soit pas loin de chacun de nous ; car en lui nous vivons et nous nous mouvons et nous sommes, comme aussi quelques-uns de vos poètes ont dit : « Car aussi nous sommes sa race ». Étant donc la race de Dieu, nous ne devons pas penser que la divinité soit semblable à de l’or, ou à de l’argent, ou à de la pierre, à une œuvre sculptée de l’art et de l’imagination de l’homme » (Actes 17:26-29).
Paul en vient ensuite à parler d’un autre trait de la création de Dieu : Dieu a fait les différentes nations d’un seul [sang ou origine] (17:26a). C’est-à-dire que toute la race humaine n’a qu’un seul homme comme prédécesseur, comme ancêtre — c’est Adam. Cette révélation que nous trouvons déjà à la première page de la Bible est cependant en contraste complet avec les mythologies païennes. Selon celles-ci, la naissance et l’existence de races individuelles et indépendantes ont été attribuées à des dieux différents. Et c’est ainsi que la subdivision et la répartition des peuples a souvent eu lieu de manière hautement arbitraire et contradictoire. Ainsi les Grecs, par exemple, divisaient sans complexe le monde en ‘Grecs’ et en ‘barbares’. Leur orgueil ne souffrait pas d’avoir la même origine que des gens incultes. Mais la vérité est que tous les hommes, sans exception, remontent à Adam, quelle que soit la nation à laquelle ils appartiennent.
Cependant ce n’est pas tout. Non seulement Dieu a fait toutes les nations des hommes d’« un seul » [sang], mais Il voulait aussi qu’« ils habitent sur toute la surface de la terre » (17:26b). Et ainsi Il a réparti les peuples selon Son plan sur la face de la terre, et les a destinés à des temps établis et Il leur a déterminé « des temps ordonnés et les bornes de leur habitation » (17:26c). Cela signifie qu’Il a ordonné pour chaque nation leur période déterminée de temps et leur situation géographique sur la terre. Les peuples sont allés et venus — jusqu’à aujourd’hui. Mais en tout il y a la main de Dieu, tout s’est passé selon Sa sagesse et selon Sa volonté. Les historiens peuvent rassembler mille faits pour l’expliquer. Cependant ils ne reconnaissent pas le secret et l’action de Dieu. L’intelligence la plus futée des hommes n’est pas en état de pénétrer la provenance de l’homme. Ce n’est que par la lumière de la révélation de Dieu qu’on peut être conduit à la connaissance de cette vérité.
Quel était dans tout cela, le propos
du Dieu de grâce ! C’était « qu’ils cherchent
Dieu », est-il dit en premier (Actes 17:27a). Ils L’avaient manifestement
perdu ! L’inscription sur l’autel « au dieu inconnu » n’en
est-elle pas une preuve ?
Cependant Dieu ne voulait pas rester inconnu. Bien plutôt c’était Son désir, et même Son attente, que les hommes Le « cherchent » (17:27a), et puissent le trouver en tâtonnant (17:27b). C’est pour cela qu’Il leur a donné la création pour les aider, comme plus tard nous l’apprenons dans l’épître aux Romains : « car, depuis la fondation du monde, ce qui ne se peut voir de lui, savoir et sa puissance éternelle et sa divinité, se discerne … par les choses qui sont faites » (Rom. 1:20). En fait « les cieux racontent la gloire de Dieu, et l’étendue annonce l’ouvrage de ses mains. … Il n’y a point de langage, il n’y a point de paroles ; toutefois leur voix est entendue » (Ps. 19:1-3). Pourquoi les Athéniens n’avaient-ils pas perçu cette voix, bien que, par la conscience, Lui « ne soit pas loin de chacun de nous » ? (17:27c).
Après que l’apôtre ait donné ces indications importantes sur la
providence de Dieu dans la création et parmi les hommes, il avance encore d’un
pas, et il montre combien Dieu est proche
de l’homme dans son état naturel. « Car en lui nous vivons et nous nous
mouvons » (17:28a). Déclaration étonnante, pleine d’instructions et de
consolation aussi pour nous ! Sans Dieu nous ne pourrions pas vivre un
seul instant, nous ne pourrions bouger aucun membre, nous ne pourrions même pas
exister en aucune manière.
Maintenant Paul prend la conscience de ses auditeurs païens de
plus près dans le collimateur, en ce qu’il leur présente selon leur propre
bouche qu’ils n’agissent pas selon la lumière qu’ils possèdent. Quelques-uns de
leurs poètes n’avaient-ils pas eux-mêmes témoigné et dit : « Car
aussi nous sommes sa race » ? (17:28b). S’ils avaient donc pour
origine le Dieu inconnu et invisible, ne se condamnaient-ils pas eux-mêmes
quand, malgré tout, ils adoraient l’or, l’argent, la pierre ou l’œuvre de leurs
mains ? Ces poètes, en tout cas, étaient plus sages que les philosophes.
Les tableaux d’art et de l’imagination des hommes non seulement ne peuvent pas
être Dieu (c’est ce que présente Ésaïe 44:9), mais
ils ne peuvent pas du tout Le représenter, ni en aucune manière Lui être semblable
(17:29). Dans cette
mesure la pensée exprimée ici va plus loin que ce qui est dit en Ésaïe 44. Si les hommes sont la race de Dieu, Dieu ne peut
pas être semblable à une image d’idoles sans vie. Personne ne peut contredire
cela.
En ce qui concerne la citation (17:28b), il est remarquable que Paul, dans son discours, reproduit littéralement deux poètes appartenant tous deux à l’école des stoïciens. Aratus, né à Tarse, était même concitoyen de Paul. L’autre, Cléanthes, avait été durant des décennies un chef de file des stoïciens. Dans son hymne célèbre à Zeus (Jupiter), il confesse ceci : « car nous sommes sa race » (17:28c). Paul était un connaisseur de la littérature grecque, ce qui était propre à inspirer le respect à ses auditeurs, et à conférer du poids à ses douces remontrances.
D’autres passages du Nouveau Testament témoignent aussi de ce que, en tant que créature, l’homme a Dieu pour origine, et est par là « de la race de Dieu » (17:28c ; 17:29a).
En Luc 3, la généalogie de Jésus remonte à Adam, et ensuite même à Dieu, car il est dit : « … d’Adam, de Dieu » (Luc 3:38). Du fait qu’Adam, comme créature, était issu directement de la main de Dieu, il pouvait être dit de lui qu’il était « de Dieu ».
Et quand, en Éphésiens 4, le domaine de la création est décrit,
il est fait référence au « seul Dieu et Père de tous » (Éph. 4:6). Dieu est en fait le Père
, c’est-à-dire l’auteur, de tous. Un ‘enfant de Dieu
’ ne peut devenir ‘enfant de Dieu’ que par la foi en
Jésus Christ. Mais comme créatures de Dieu, tous les hommes ont Dieu pour
origine, et appartiennent pour ainsi dire à Sa descendance
. Que ceci implique en soi une responsabilité vis-à-vis
de Dieu, nous allons le voir clairement dans ce qui suit.
« Dieu donc, ayant passé par-dessus les temps de l’ignorance, ordonne maintenant aux hommes que tous, en tous lieux, ils se repentent ; parce qu’il a établi un jour auquel il doit juger en justice la terre habitée, par l’homme qu’il a destiné à cela, de quoi il a donné une preuve certaine à tous, l’ayant ressuscité d’entre les morts » (Actes 17:30, 31).
Paul avait exposé à ses auditeurs tout le non-sens, et même tout
le caractère pécheur de leur idolâtrie. Alors il fait maintenant directement
appel à leur conscience. Le Dieu invisible, qu’ils honoraient sans Le
connaître, avait un message pour chacun d’eux : « que tous, en tous lieux, ils se repentent
»
(17:30b). Dans sa longue patience Dieu avait passé par-dessus les temps de
l’ignorance (17:30a). Mais maintenant Il ordonnait aux hommes de se repentir
(17:30b). Combien cela devait être humiliant pour les athéniens orgueilleux,
qui se vantaient depuis des siècles de leur culture et de leur instruction,
d’apprendre maintenant qu’aux yeux de Dieu, ce n’étaient que des temps d’ignorance
! (17:30a).
Dieu avait supporté l’idolâtrie des païens, Il n’avait pas cessé de se manifester à eux dans la création et dans Sa providence. Il pouvait agir ainsi de manière juste dans ces temps reculés, parce qu’Il a toujours vu devant Lui l’œuvre de propitiation de son Fils Jésus Christ (Rom. 3:25, 26). Mais maintenant Christ était venu et avait accompli cette œuvre. C’est pourquoi maintenant pour les hommes, c’était le moment de se repentir de leurs péchés d’idolâtrie (17:30b). Ici à l’Aréopage, Paul n’avait pas encore parlé de Christ, mais il allait le faire tout de suite, sans mentionner Son nom il est vrai. En outre, il ne Le place pas comme Sauveur du monde, mais comme juge (17:31a). Les hommes orgueilleux d’Athènes n’étaient pas encore mûrs pour le message de la grâce en Christ. Il fallait d’abord que leurs consciences soient tirées de leur léthargie.
L’appel à repentance était fondé de la manière solennelle suivante : « … il a établi un jour auquel il doit juger en justice la terre habitée » (17:31a). De la même manière qu’Il avait précédemment déterminé des temps et des limites pour les nations, maintenant Il avait établi un jour pour le jugement juste de tous les hommes. Il n’est pas question ici du jugement des morts devant le grand trône blanc, mais du jugement de « la terre habitée ». Il s’agit du globe terrestre, le domaine où les hommes habitent.
Dieu exercera ce jugement par le Seigneur Jésus Christ,
« par l’homme
qu’il a destiné à
cela » (17:31b). En utilisant le terme « homme », le Saint
Esprit insiste par-là sur la nature humaine de Christ. Ce n’est qu’en tant
qu’homme qu’il pouvait être dit de Lui que Dieu L’a « destiné » à
être juge. Il est remarquable que le Seigneur Lui-même a attiré à de multiples
reprises l’attention sur ce côté humain de Sa personne. C’est ainsi que quand
Il parle du jugement que le Père lui a confié, Il dit : « il lui a
donné autorité de juger aussi, parce qu’il est fils de l’homme
» (Jean 5:27). Quand Il sortira du ciel ouvert
(Apoc. 19:11 et suiv.) et
qu’Il viendra pour la deuxième fois sur la terre, alors le jugement terrible,
mais juste, prendra son cours inexorable.
La preuve en face de tous les hommes qu’Il a destiné cet « Homme » à l’exécution du jugement, Dieu l’a donnée par le fait qu’Il L’a ressuscité d’entre les morts (Actes 17:31c). La résurrection de Christ est l’une des grandes vérités essentielles et fondamentales du Nouveau Testament. Elle est d’une valeur extraordinaire, et cela sous différents rapports. Ici elle est l’attestation de la part de Dieu, de ce que l’« Homme » qui a subi autrefois sur la terre une mort si ignominieuse, est destiné à juger la terre habitée lors de Sa seconde venue.
Quand Paul commença son ministère à Athènes sur la place du
marché, il avait annoncé aux gens qui allaient et venaient l’évangile de Jésus
et de la résurrection
(17:18). Et
maintenant à la fin de son discours extrêmement significatif à l’Aréopage, il
revient devant les sages de ce monde sur la vérité prodigieuse de la résurrection
de Christ (17:31). Il finit
par quoi il avait commencé. Celui que le monde tenait pour un
« bavard » [discoureur], était en vérité le messager du Dieu du ciel.
Et ce qu’il avait eu à leur dire, n’avait encore jamais été entendu sur la
colline de Mars.
« Mais quand ils ouïrent parler de la résurrection des morts, les uns s’en moquaient, et les autres disaient : Nous t’entendrons encore sur ce sujet. Ainsi Paul sortit du milieu d’eux. Mais quelques hommes se joignirent à lui, et crurent, entre lesquels aussi était Denys, l’Aréopagite, et une femme nommée Damaris, et d’autres avec eux » (Actes 17:32-34).
Le message de l’envoyé de Dieu déclencha des réactions variées chez les auditeurs. Cela est typique, et il n’en est pas autrement aujourd’hui. Quand la vérité de Dieu atteint la conscience de l’homme, elle le place devant une décision. Comment va-t-il la traiter ? En général trois groupes émergent, selon l’exemple que les athéniens ne sont pas les derniers à donner. Tous ceux qui ont eu le privilège d’avoir été mis en contact avec l’évangile de Dieu se rangent inconsciemment dans l’un ou l’autre de ces groupes, aujourd’hui comme alors.
Il y a d’abord les moqueurs
.
Un bon nombre des gens d’Athènes fut dominé par un esprit moqueur et sceptique.
Ces philosophes, qui vraisemblablement appartenaient à la secte des épicuriens,
tenaient pour complètement absurde la présentation d’une résurrection
corporelle. Quand ils en entendirent parler, ils interrompirent Paul, et ne
voulurent rien entendre de plus (17:32a). Cependant ils ne se contentaient pas
de simplement refuser le message. Ils cherchèrent plutôt à ridiculiser le prédicateur
et son sujet en présence de tous ceux qui étaient assemblés, et ils rejetèrent
ainsi à la fois la vérité de Dieu et le Dieu de vérité.
C’était le groupe le plus dur et le plus froid des auditeurs d’Athènes. Par leur attitude ils prouvaient seulement qu’ils n’étaient ni prêts ni en état d’entendre davantage au sujet de l’évangile de Christ.
Se moquer de la vérité ne coûte rien et est facile. Mais la moquerie n’est jamais un argument. N’est-il pas caractéristique que ces moqueurs se soient bien moqués de l’idée de la résurrection, mais se soient entièrement tus sur l’existence de Dieu ? Le manque complet de droiture de ce groupe était ainsi rendu manifeste.
Mais les autres disaient « nous t’entendrons encore sur ce sujet » (17:32b). Voilà le groupe des hésitants. Ils écoutèrent le discours public avec un certain respect, et une fois que le trouble causé par les moqueurs se fut calmé, ils se rapprochèrent de l’orateur, et lui signifièrent qu’ils ne pouvaient pas suivre son appel pour le moment. Ils pouvaient bien avoir été frappés dans une mesure par ce qu’ils avaient entendu, et ils n’osaient pas s’en moquer. Cependant ils n’étaient pas prêts à rompre avec leurs propres idées, et à courir le risque de se trouver isolés et méprisés. Ils préféraient une voie moyenne. Et voilà la raison de leur offre de réentendre l’orateur, comme une excuse polie pour leur indécision du moment, plutôt qu’un vrai désir intérieur. Certes ils ne dirent pas « non, jamais », mais leur réponse équivalait à « pas maintenant ». Et ainsi ils quittèrent Paul eux aussi.
On doute beaucoup qu’une nouvelle occasion ait été offerte à ces gens. Rien n’est suggéré dans ce sens, à la fois parce que le séjour de l’apôtre à Athènes fut limité dans le temps, et parce que le chroniqueur fait la remarque : « Ainsi Paul sortit du milieu d’eux » (17:33).
Le groupe des hésitants, des indécis, des tièdes est aussi fortement représenté de notre temps et dans nos pays. Les gens entendent au sujet de Christ, mais ne se décident pas pour Lui. L’exigence de prendre sa croix et de Le suivre (Matt. 16:24) leur est incommode, et même pesante. Aussi repoussent-ils la question à plus tard, à un moment opportun. Mais vivront-ils ce plus tard ? À défaut ils seront éternellement perdus !
Le gouverneur romain Félix est un autre exemple mettant en garde
contre la remise à plus tard de ce qui est la question la plus importante de la
vie. À sa propre demande il avait entendu Paul parler sur la foi en Christ.
« Et comme il discourait sur la justice et sur la tempérance et sur le
jugement à venir, Félix, tout effrayé répondit ; pour le présent va-t’en ; quand
je trouverai un moment convenable
, je te ferai appeler » (Actes 24:24,
25). Pour autant que nous le sachions, le temps convenable n’est jamais non
plus venu pour Félix ! C’est pourquoi, quand il s’agit de se décider pour
Christ, le Saint Esprit insiste pour que ce soit aujourd’hui
: « Aujourd’hui si vous entendez sa voix,
n’endurcissez pas vos cœurs » (Héb. 3:7). Demain
sera peut-être trop tard, pour toujours.
Même si le fruit du travail de l’apôtre à Athènes a été maigre,
il y en avait quand même. On le voit dans le troisième groupe, celui des croyants
: « Mais quelques
hommes se joignirent à lui et crurent » (17:34a). Le fait que ces hommes
se joignirent à Paul (littéralement : « se collèrent
à lui ») est un signe qui ne trompe pas, quant à
l’activité du Saint Esprit en eux. Ils voulaient entendre davantage de l’homme
qui leur avait annoncé le salut. Ils s’attachaient
à Paul, mais croyaient
en Christ.
Voilà l’ordre voulu de Dieu, et combien il est réjouissant !
La chronologie du récit laisse tout à fait place à la pensée que Paul a utilisé le temps qui lui restait pour faire progresser dans la vérité chrétienne ceux qui étaient venus à la foi. Il n’y a pas lieu d’admettre qu’il quitta Athènes précipitamment. Pourquoi l’aurait-il fait ? En tout cas ici, Luc est de nouveau très bref dans son récit, et n’indique que peu de faits.
Du milieu des croyants, deux sont particulièrement mis en avant,
et nommés par leur nom : Denys [Dionysios
], l’Aréopagite (l’un des douze juges du tribunal
d’Athènes), et une femme nommée Damaris
(17:34b). Cette dernière peut aussi avoir été une
personnalité de haut rang. Peut-être est-elle devenue un moyen particulier de
bénédiction aux chrétiens à Athènes. Certainement la mise en relief par leur
nom de ces deux personnes, parle de la valeur que Dieu attribue à la personne
individuelle du croyant et à son devenir. C’est une pensée consolante !
Paul n’attendit pas davantage à Athènes ses compagnons de voyage, mais il partit de là au moment voulu pour aller à Corinthe. C’est là que commence le chapitre suivant, le ch. 18 du livre des Actes.