L’avenir d’Israël — Romains 11
[L’olivier et les branches greffées]

Christian Briem [ajouts bibliquest entre crochets]

Ouvrage « Da bin Ich in ihrer Mitte », point 1, 2ème moitié


1 - [Différences entre le judaïsme et le christianisme]

1.1 - [Effets néfastes de la « judaïsation » de l’assemblée chrétienne]

1.2 - Israël — [Un culte terrestre, une espérance terrestre, un mélange de croyants et incroyants]

1.3 - L’assemblée de Dieu — [Les grandes caractéristiques. Tout est nouveau, céleste. Tout est normé d’après Christ]

2 - L’olivier

2.1 - [En Romains 11, l’apôtre traite la question de l’avenir d’Israël avec l’image d’un olivier subissant des greffes]

2.2 - Israël n’a-t-il plus d’espérance ?

2.3 - Un Résidu d’Israël

2.4 - La réconciliation du monde

2.5 - La racine

2.6 - L’arbre de la promesse

3 - Responsabilités

3.1 - [Responsabilités d’Israël, même pour ceux dans l’incrédulité]

3.2 - [Responsabilités des chrétiens « professants »]

3.3 - [Résumé de la portée de l’image des branches coupées de l’olivier]

4 - La regreffe d’Israël — [Rom. 11:25-26]


1 - [Différences entre le judaïsme et le christianisme]

1.1 - [Effets néfastes de la « judaïsation » de l’assemblée chrétienne]

Malheureusement, la vocation céleste de l’assemblée n’a pas été gardée dans les cœurs. C’est pourquoi, très tôt dans l’histoire de l’église chrétienne, une multitude d’éléments juifs ont fait leur apparition dans l’enseignement et la pratique de l’église. L’apôtre Paul lui-même s’est déjà vu contraint à plusieurs reprises de s’opposer aux docteurs judaïsants. En effet, ne pas distinguer les dispensations et mélanger la loi et la grâce imprègne aujourd’hui presque toute la chrétienté, et cela a des conséquences désastreuses pour la paix de l’individu, et pour le témoignage de l’ensemble. Je voudrais, dans ce chapitre sur les différentes dispensations, montrer une fois de plus les différences fondamentales entre le judaïsme et le christianisme, entre Israël et l’assemblée de Dieu.


1.2 - Israël — [Un culte terrestre, une espérance terrestre, un mélange de croyants et incroyants]

Israël était le peuple terrestre de Dieu, une nation sur terre avec des bénédictions et des espérances terrestres. L’existence et la pérennité de ce peuple reposaient sur les promesses faites par Dieu à Abraham, et ce peuple avait été élu dès la fondation du monde. Il y avait une classe particulière de prêtres, et un sanctuaire matériel à l’intérieur duquel seuls les prêtres étaient autorisés à entrer ; le peuple restait à l’extérieur. L’adorateur offrait des sacrifices d’animaux, mais lui-même restait exclu de la présence de Dieu par le voile du sanctuaire. Tout le système d’adoration et de service sous la loi était de nature extérieure. Pour y participer, il suffisait d’être né dans ce peuple.

C’est pourquoi l’assemblée d’Israël était composée de croyants et d’incroyants, c’était une assemblée mixte, dont seuls quelques-uns avaient la vraie foi, tandis que la masse était incrédule. Ce qui unissait les croyants et les incroyants de cette assemblée, c’était l’attache nationale : ils appartenaient à la nation d’Israël, ils avaient des espérances nationales pour cette terre, et un signe extérieur leur était commun à tous : la circoncision. Cette nation avait l’obligation d’observer la loi de Moïse. C’était la base de son acceptation devant Dieu. Grâce à l’œuvre de Christ, ce peuple, ou plus exactement un Résidu d’entre ce peuple, a un avenir, mais cet avenir se trouve sur cette terre et est limité à la durée du règne millénaire de Christ.


1.3 - L’assemblée de Dieu — [Les grandes caractéristiques. Tout est nouveau, céleste. Tout est normé d’après Christ]

L’assemblée de Dieu, ou le vrai christianisme, est en contraste complet avec toutes les caractéristiques mentionnées du peuple d’Israël dans le passé et dans l’avenir. Les croyants qui forment l’assemblée ont été élus avant la fondation du monde (Éph. 1:4). L’assemblée elle-même a son fondement éternellement valable dans l’œuvre de rédemption accomplie par Christ. Elle a été formée par la descente du Saint-Esprit (à la suite de la mort de Christ, de Sa résurrection et de Son ascension), les différents membres étant unis les uns aux autres et avec la Tête glorifiée dans le ciel pour former un seul corps.

L’appel ou vocation de cette unité organique composée de vrais croyants issus des Juifs et des nations est céleste, tout comme son espérance et ses bénédictions. Pour eux, le « voile » est déchiré : ils ont accès par la foi au sanctuaire céleste de Dieu (Hébreux 10:19-22). Plus encore : tous les vrais croyants forment eux-mêmes une maison spirituelle, le temple de Dieu (Éphésiens 2:19-22). De plus, ils sont tous sans exception des prêtres, une sainte sacrificature, et offrent des sacrifices spirituels (1 Pierre 2:4-5), c’est-à-dire qu’ils ont tous le privilège et la capacité, en Jésus-Christ, d’adorer Dieu en esprit et en vérité (Jean 4:23-24). Ils ne sont pas sous la loi, mais sous la grâce (Romains 6:14). La loi n’est ni le moyen de leur salut, ni leur « règle de vie », ni la norme de leur conduite pratique. Ils sont morts à la loi avec Christ (Gal. 2:19-20) afin de marcher en nouveauté de vie (Rom. 6:4) et dans la puissance de l’Esprit. L’échelle de mesure de cette marche est Christ Lui-même. Ils n’espèrent ni une restauration ni une renaissance nationales (comme celles qu’Israël connaîtra ; Ézec. 36 et 37), mais ils sont déjà nés de nouveau (Jean 3:3-8) et attendent le retour de Christ (1 Thes. 4:15-18), qui les emmènera de ce monde dans la gloire de Dieu, dans la maison de Son Père (Jean 14:2-3). Là, dans ce lieu de félicité suprême où le Père et le Fils habitent depuis toute éternité, eux aussi habiteront, non seulement pendant mille ans, mais pour l’éternité.

Béni soit le nom de Dieu, le Père, et le nom de son Fils, notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ, pour une telle grâce !


2 - L’olivier

2.1 - [En Romains 11, l’apôtre traite la question de l’avenir d’Israël avec l’image d’un olivier subissant des greffes]

Dans le chapitre de ce livre sur les dispensations, il me semble opportun et utile d’aborder un autre sujet que l’apôtre traite en Romains 11 avec une largeur remarquable : l’avenir d’Israël. Il y traite une question sur laquelle même les chrétiens ont des opinions très divergentes : Israël a-t-il un avenir ?

Les ch. 9 à 11 constituent la partie dispensationaliste de cette épître. L’auteur y développe l’action de Dieu dans Ses voies avec Israël et les nations, et en arrive, au ch. 11, à parler d’un olivier franc sur lequel ont été greffés (entées) des branches d’un olivier sauvage. Que signifie cette image ? De quoi parlent l’olivier franc et l’olivier sauvage ? L’olivier franc est-il un symbole de l’assemblée, de l’église de Dieu ? L’église n’est-elle pas, après tout, qu’une continuation d’Israël, même si c’est peut-être sous un signe chrétien meilleur ? Un croyant peut-il finalement être « coupé » et perdu ? Ces questions montrent clairement qu’une mauvaise compréhension de la signification de l’olivier peut avoir des conséquences désastreuses. C’est pourquoi je voudrais aborder brièvement cet important ch. 11 de l’épître aux Romains et tenter d’apporter aux questions soulevées des réponses claires et fondées sur l’Écriture. Le lecteur aura d’autant plus de facilité à les comprendre qu’il y a déjà été largement préparé par ce qui a été dit précédemment.


2.2 - Israël n’a-t-il plus d’espérance ?

En Romains 9, l’apôtre esquisse l’histoire d’Israël dans le passé, et au ch. 10 l’état actuel de ce peuple : il est caractérisé par l’infidélité et l’incrédulité. Et parce que ce peuple s’est heurté à la pierre d’achoppement et au rocher de chute (à Christ) et L’a rejeté (Rom. 9:33), Dieu a retiré Sa main tendue en bonté vers ce peuple désobéissant et contredisant, pour se tourner vers ceux qui ne Le cherchaient pas, vers les nations (Rom. 10:20-21). Israël en tant que nation, dans sa masse, a été mis de côté et a été livré au jugement de Dieu. Nous l’avons déjà considéré : du point de vue de l’histoire du salut, Dieu se tourne aujourd’hui vers tous les peuples de la terre sans distinction. Israël a perdu sa position particulière sur la terre. Il a perdu sa place de témoin de Dieu, d’objet des promesses de Dieu sur la terre. Il s’est même rendu coupable au plus haut point, car il a crucifié le Messie que Dieu lui avait envoyé, et s’est écrié : « Que son sang soit sur nous et sur nos enfants ! » (Matt. 27:25).

Ce peuple n’a-t-il donc plus aucune espérance ? Comme déjà dit, cette question est traitée au ch. 11 de l’épître aux Romains. Eh bien, en raison de ce que ce peuple a fait, il n’a effectivement plus aucun droit. Il a perdu toutes les promesses conditionnelles de Dieu. Et pourtant, parce que les dons de Dieu et Son appel sont irrévocables (Rom. 11:29), parce que Dieu a appelé ce peuple dans un but précis (la glorification de Christ sur la terre et la bénédiction de la terre) et que Ses desseins de grâce ne peuvent être anéantis, Israël a une espérance. C’est ce que montre clairement la réponse à deux questions posées dans les v. 1 et 11 de Rom. 11.

À la première question du v. 1, « Dieu a-t-il rejeté son peuple ? », l’apôtre, inspiré par l’Esprit, répond de manière décidée : « Loin de là ! ». Le simple fait que lui-même, Paul, était un Israélite issu de la postérité d’Abraham et qu’il avait été sauvé, montrait clairement que Dieu n’avait pas rejeté Son peuple tout entier. N’avait-il pas lui aussi haï Christ et persécuté l’église de Dieu ? Mais il avait obtenu miséricorde « pour servir d’exemple à ceux qui croiraient en lui pour la vie éternelle » (1 Timothée 1:16). Sa conversion sans précédent est certainement aussi une indication prophétique de la conversion du Résidu d’Israël lors de la venue du Seigneur en puissance et en gloire.


2.3 - Un Résidu d’Israël

Dans Sa miséricorde, Dieu a toujours laissé un Résidu de ce peuple, même dans le temps présent — un Résidu selon l’élection de la grâce (Rom. 11:5). Cela n’est vrai que pour le peuple d’Israël, et pour aucun autre peuple sur terre. Cela ne devrait-il pas nous faire réfléchir et nous rendre humbles ? Le prophète Élie, et les sept mille qui n’ont pas fléchi le genou devant les idoles, sont cités comme exemples d’un Résidu dans le passé. Même dans les temps mauvais du roi impie Achab, Dieu s’était réservé ceux qui Lui étaient fidèles et ne se livraient pas à l’idolâtrie.

En effet, à chaque époque, il y a toujours eu un Résidu fidèle au sein de ce peuple, même si celui-ci s’était éloigné de Dieu. Il en était ainsi au temps de la déportation à Babylone. Pensons seulement à Daniel et à ses amis à la cour de Nebucadnetsar ! Il en était ainsi au temps d’Esdras et de Néhémie, lorsque plusieurs dizaines de milliers de personnes sont retournées dans la terre promise. Il en était de même à l’époque de Malachie, marquée par l’apostasie : « Ceux qui craignent l’Éternel ont parlé l’un à l’autre, et l’Éternel a été attentif et a entendu ; et un livre de souvenir a été écrit devant lui, pour ceux qui craignent l’Éternel et qui pensent à son nom » (Mal. 3:16).

Également quand le Seigneur Jésus est venu sur la terre, Dieu a trouvé un Résidu en Israël, ceux qui « à Jérusalem attendaient la délivrance » (Luc 2:38). Zacharie et Élisabeth, les bergers dans les champs, Siméon et Anne, tous en faisaient partie (Luc 1 et 2). À l’époque actuelle, il existe également un Résidu issu de ce peuple. Au début du témoignage chrétien, de nombreux croyants issus des Juifs ont été sauvés et ajoutés à l’assemblée (Actes 2:47). C’est ce qui a lieu encore aujourd’hui. Et même quand l’assemblée aura été enlevée et que le temps de la grâce aura pris fin, il y aura sur la terre un Résidu fidèle du peuple d’Israël qui n’adorera pas la « bête » et son image et qui traversera des tribulations sans pareilles, comme le montre le livre de l’Apocalypse.

Le fait que Dieu ait toujours eu et aura toujours un Résidu de ce peuple est quelque chose de très réjouissant. C’est en effet une preuve indéniable de la bonté et de la fidélité de Dieu. Mais cela prouve aussi très clairement que Dieu n’a pas rejeté Son peuple, même si la grande masse du peuple a été livrée à l’obstination et à l’assoupissement par jugement de Dieu. Mais les prophètes de l’Ancien Testament l’avaient également prédit (Rom. 11:8-10).


2.4 - La réconciliation du monde

La deuxième question du v. 11 « Ont-ils bronché (ou trébuché) afin qu’ils tombent ? » reçoit une réponse tout aussi catégorique : « Loin de là ! ». Cela veut dire ceci : l’idée qu’Israël a bronché pour être perdu pour toujours (c’est sans doute le sens du mot « tomber » ici) est fausse. Certes, leur chute a été l’occasion d’apporter le salut aux nations, mais cela s’est produit, comme nous l’apprenons ici, « afin de provoquer leur jalousie ». Le rejet d’Israël n’a donc pas été seulement incomplet – comme le montrent les dix premiers versets –, mais aussi seulement temporaire, ce que montrent clairement les versets à partir du v. 11. Car si Dieu veut provoquer la jalousie du peuple d’Israël en se tournant vers les païens, Il ne le fait certainement pas pour le rejeter pour toujours. Non, Il les recevra à nouveau, en tant que nation, et cela sera comme « la vie d’entre les morts » (Rom. 11:15). C’est également ce dont parlent les prophètes Ézéchiel (37:1-17 et 39:25-29) et Osée (5:15 à 6:3) dans un langage impressionnant et imagé.

L’apôtre semble avoir devant les yeux l’histoire de Joseph. En tout cas, elle illustre magnifiquement ce dont il s’agit ici. Car après avoir été rejeté par ses frères, jeté dans une fosse et mis en prison, Joseph a été élevé sur le trône du monde, il a été le second après le pharaon. Son ascension a été la richesse du monde pendant les sept années d’abondance. Et quand ses frères revinrent vers lui, repentants, pendant les années de famine, ce fut comme une vie d’entre les morts. Il en sera de même quand Israël sera rétabli à la fin des jours.

Mais tout cela nous parle aussi à nous, les nations, et nous ne devons pas l’ignorer. La chute d’Israël est la richesse du monde, leur réjection est la réconciliation du monde (Rom. 11:12, 15). Sommes-nous bien assez reconnaissants que Dieu ait saisi la chute d’Israël et leur réjection comme l’occasion pour nous offrir maintenant, à nous, les nations, la richesse de Sa grâce ? C’est d’ailleurs ce que signifie réconciliation du monde. Contrairement au ch. 5 v.10, le Saint-Esprit ne parle pas ici de la réconciliation comme du fruit de l’œuvre de Christ et donc de résultats authentiques, réels et éternels pour l’individu, mais de la réconciliation comme expression des voies de Dieu dans Sa providence envers les hommes. Elle est ici le résultat de la chute d’Israël. Il n’est donc absolument pas question ici d’une prétendue « réconciliation universelle » ! Cette doctrine est une hérésie pernicieuse, étrangère et contraire à toute l’Écriture.

Non, cette expression, dans laquelle l’article devant le mot « monde » est significativement absent, désigne plutôt un changement de dispensation, le fait que Dieu se tourne vers les nations dans ses voies envers les hommes ; car jusqu’alors, les nations étaient restées totalement ignorées à cet égard. Dans Sa grâce, il a plu à Dieu de profiter de la chute et de la défaillance d’Israël pour offrir désormais aux nations, sur la base de l’œuvre de Christ, la lumière de l’évangile de la grâce. « Leur chute est la richesse du monde, et leur diminution est la richesse des nations » (11:12) — en vérité, quelle richesse incommensurable le monde autrefois païen a-t-il acquis par la lumière du christianisme ! Ainsi, cette action de Dieu a amené les nations à une position de grands privilèges, qui s’accompagne toutefois d’une responsabilité solennelle. Pour rendre cela plus clair, l’apôtre utilise l’image d’un olivier franc sur lequel ont été greffées (entées) des branches d’olivier sauvage. Mais écoutons les paroles mêmes de l’Écriture Sainte :

« Si les prémices sont saintes, la masse l’est aussi ; si la racine est sainte, les branches le sont aussi. Mais si quelques-unes des branches ont été arrachées, et que toi, qui étais un olivier sauvage, tu as été greffé (enté) parmi elles, et que tu es devenu participant de la racine et de la graisse de l’olivier, ne te glorifie pas contre les branches. Mais si tu te glorifies contre elles, ce n’est pas toi qui portes la racine, mais c’est la racine qui te porte.

Tu diras alors : « Les branches ont été arrachées afin que moi je sois greffé (enté). » C’est vrai, elles ont été arrachées à cause de leur incrédulité, et toi tu es maintenant debout par la foi. Ne t’enorgueillis pas, mais plutôt crains, si Dieu n’a pas épargné les branches naturelles, qu’il n’épargnera pas non plus les tiennes.

Considère donc la bonté de Dieu et sa sévérité : sévérité envers ceux qui sont tombés, et bonté de Dieu envers toi, si tu persévères dans cette bonté. Sinon, toi aussi, tu seras coupé. Et eux aussi, s’ils ne persévèrent pas dans l’incrédulité, seront greffés (entés), car Dieu est puissant pour les greffer (enter) de nouveau. Car si toi tu as été coupé de l’olivier sauvage selon la nature, et greffé (enté) contre nature sur l’olivier franc (cultivé), combien plus ceux-ci, les branches naturelles seront-elles greffées (entées) sur leur propre olivier !

Car je ne veux pas, frères, que vous ignoriez ce mystère, afin que vous ne vous soyez pas sages à vos propres yeux : c’est qu’un endurcissement partiel est arrivé à Israël, jusqu’à ce que le plein nombre des nations soit entré ; et ainsi tout Israël sera sauvé » (Rom. 11:16-26).


2.5 - La racine

Pour comprendre ce que signifie l’olivier franc, il est bon de se demander d’abord qui, ou quoi, est la racine. C’est de celle-ci que l’olivier tire sa nourriture et son huile. Christ est-Il la racine ? Ou bien est-ce Abraham ? Nous nous approchons de la réponse à ces questions en examinant ce qui est dit des branches.

D’après ce que nous lisons, certaines branches, pas toutes, sont restées en liaison avec la racine. Elles faisaient naturellement partie de l’olivier. Mais nous lisons aussi que des branches, bien que faisant partie naturellement de l’olivier, ont été arrachées ; mais que, s’il plait à Dieu, elles seront greffées (entées) à nouveau sur leur propre olivier. Entre-temps, il s’était passé autre chose : des branches d’un olivier sauvage ont été greffées parmi les branches naturelles. Celles-là ont désormais part à la racine et à l’huile de l’olivier, conjointement avec les branches qui sont toujours restées en union avec l’olivier.

Il s’ensuit que Christ ne peut être la racine de l’olivier. Car personne n’est naturellement en relation avec Lui. C’est tout à fait impossible. Il a dit Lui-même : « En vérité, en vérité, je vous dis : si le grain de blé tombant en terre ne meurt, il demeure seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit » (Jean 12:24).

De plus, en Jean 15, le Seigneur Jésus parle de Lui-même comme du vrai cep de vigne, et de ses disciples comme les sarments. Ceux qui ont confessé être à Lui comme Messie sur la terre, étaient des sarments de la vigne. Ce qui est important pour notre sujet, c’est que les sarments sans fruit (c’est-à-dire les disciples qui n’étaient rattachés à Lui que de manière extérieure, seulement par leur confession/profession, sans avoir réellement la vie) sont bien décrits comme étant « ôtés » (Jean 15:2), et il n’y a pas la moindre allusion à ce qu’ils seraient greffés à nouveau. Au contraire, ils sont jetés au feu et ils brûlent (Jean 15:6) !

Non, Christ n’est pas la racine, Il est la vigne ou le cep de vigne. Alors Abraham ne peut-il pas être la racine ? Ceux qui sont appelés à juste titre des sarments naturels (Rom. 11:21, 24) ne sont-ils pas liés à lui par nature ? Ses descendants ne sont-ils pas les enfants d’Israël ? Tout va dans ce sens. L’olivier est appelé « leur propre olivier » (Rom. 11:24). Les païens n’avaient aucune part à cet olivier franc, dont les branches naturelles sont les Israélites. Il n’est donc pas difficile de reconnaître dans l’olivier sauvage une image des nations qui étaient extérieures à l’olivier franc.


2.6 - L’arbre de la promesse

L’olivier franc, qui produit de l’huile et dont les feuilles ne se flétrissent pas, est en soi une pleine image de la bénédiction et du témoignage, mais il n’est pas directement une image d’Israël ; ce sont plutôt ses branches naturelles qui en parlent. Mais c’est à Abraham, la racine, que des promesses ont été données : « Je ferai de toi une grande nation, et je te bénirai… et en toi toutes les familles de la terre seront bénies » (Genèse 12:2-3). Et Galates 3:14, nous dit : « afin que la bénédiction d’Abraham parvienne aux nations dans le Christ Jésus ». Nous pouvons donc dire ceci : Partout où s’étendent les promesses de bénédiction que Dieu a faites à Abraham, là se trouve l’olivier franc. Autrement dit, l’olivier franc est un symbole de possession des promesses et du témoignage de Dieu sur la terre. Il nous montre la « chaîne ininterrompue de ceux qui jouissent des promesses dans ce monde ». Il est donc l’arbre de la promesse. Il montre la lignée de la promesse qui va d’Abraham jusqu’à Christ et à Sa venue pour établir Son royaume de paix sur la terre.

Équipés ainsi de cet « outil », relisons en le survolant le passage cité de Romains 11 au sujet de l’olivier, et nous serons étonnés de voir avec quelle aisance et quelle cohérence les enseignements qu’il contient s’intègrent dans la ligne principale de tout le chapitre et confirment ce que nous avons déjà vu.

La racine, Abraham, était sainte, c’est-à-dire mise à part par Dieu et pour Dieu. Les branches, ses descendants naturels, étaient également un peuple mis à part pour Dieu. En ce sens, elles aussi étaient saintes — saintes non pas par nature, mais quant à leur position extérieure. Mais dans leur majorité, ils n’ont pas correspondu à cette position conférée par Dieu (1 Cor. 10:5), et Dieu, dans Ses voies en gouvernement, a dû « arracher » certaines branches de l’olivier franc « pour cause d’incrédulité » (Rom. 11:20). Mais seules certaines branches ont été arrachées. Une partie est restée sur l’olivier, est restée en possession des promesses — le Résidu dont il a déjà été parlé dans les sept premiers versets et qui y était appelé les élus (= Résidu selon l’élection). Or c’était l’intention de Dieu, dans Sa grâce, d’introduire les nations dans la lignée des promesses pour la terre. Il a donc pris des branches de l’olivier sauvage, qui n’étaient pas, comme Israël, en relation naturelle avec la racine, le père des croyants, et Il les a greffées « contre nature » (la grâce est en fait toujours contre nature) parmi les branches de l’olivier franc. Ainsi, ceux qui étaient issus des nations sont devenus coparticipant de la racine et de la graisse (ou huile) de l’olivier.


3 - Responsabilités

À ce stade de notre survol de l’image prophétique, nous voulons d’abord faire une petite pause de réflexion. Car nous sommes maintenant arrivés à la représentation figurative du temps présent, la dispensation de la grâce, et il semble nécessaire d’insérer quelques considérations fondamentales pour comprendre correctement l’image avant de poursuivre notre survol.


3.1 - [Responsabilités d’Israël, même pour ceux dans l’incrédulité]

Être placé dans une position privilégiée implique nécessairement une responsabilité, celle de répondre concrètement aux privilèges conférés. Mais être dans une position privilégiée et avoir des responsabilités n’implique pas nécessairement que l’individu ait réellement la vie venant de Dieu. Cela n’est souvent pas bien compris ni distingué. Israël était sur l’olivier, possédait de précieuses promesses ; et pourtant, la grande masse du peuple était incrédule. Être sur l’olivier ne signifie donc pas du tout être en relation vivante avec Dieu. Certes, Dieu est très patient, et dans Sa longanimité, Il a longtemps supporté cet état pour les éprouver. Mais finalement, Il est intervenu en jugement et a arraché certaines branches.


3.2 - [Responsabilités des chrétiens « professants »]

À leur place, il a maintenant amené des gens issus des païens en lieu et place de la bénédiction sur la terre, en leur ouvrant les écluses de Sa grâce et en leur faisant annoncer l’évangile de la grâce. Ceux des nations qui se sont maintenant convertis au christianisme et qui le professent, ceux-là refusent donc d’être musulmans, juifs ou autres, et ils se trouvent — du moins extérieurement — dans la position de bénédictions du christianisme, et ils sont responsables de ce que Dieu leur a confié. C’est ce que signifie être greffé sur l’olivier. Mais cela ne signifie pas que tous soient réellement nés de nouveau et donc de vrais enfants de Dieu. Certes, ceux qui forment aujourd’hui la véritable église font partie de l’olivier, mais ils ne sont pas les seuls. Tous les chrétiens baptisés, tous ceux qui professent, ne serait-ce qu’extérieurement, appartenir au christianisme et qui, par leur baptême chrétien, renoncent à être juifs ou païens, font aujourd’hui partie de l’olivier. Ils sont dans la place de bénédiction et de privilèges, ils sont participant de la graisse de l’olivier.

Il ne s’agit donc pas ici de l’assemblée de Dieu, mais tout est une question de confession ou profession, de possession des promesses, et de témoignage de Dieu ici-bas sur la terre. Quiconque professe être à Christ se tient nominalement sur le principe de la foi. Mais cela implique la responsabilité de vivre selon ce principe. Les chrétiens, ces branches greffées tirées de l’olivier sauvage, ont-ils répondu à cette responsabilité ? Vivent-ils selon le principe de la foi ? Si Dieu n’a pas épargné les branches naturelles, les Israélites incrédules, épargnera-t-il la chrétienté incrédule, qui a une responsabilité bien plus grande ?

C’est pourquoi il est également question, à leur sujet, de la possibilité d’être retranchés ou coupés. Aucun membre ne sera jamais retranché du corps de Christ, mais des branches seront retranchées de l’olivier. Cela s’est déjà produit avec Israël dans son ensemble. Combien sont donc sérieuses les exhortations adressées à ceux des nations de ne pas se glorifier et de ne pas être orgueilleux ! Car s’ils ne demeurent pas dans la bonté de Dieu, eux aussi seront coupés. Ce passage ne dit donc nullement qu’un croyant pourrait finalement être perdu, mais que les chrétiens professants sans la vie venant de Dieu seront retirés du domaine de la bénédiction où la bonté et la providence de Dieu les ont placés, pour ne plus jamais y revenir. Car rappelons-nous : Pour eux, il n’y a plus jamais de regreffage ! Il en va autrement pour Israël. Résumons encore une fois ces enseignements fondamentaux :


3.3 - [Résumé de la portée de l’image des branches coupées de l’olivier]

Toute cette image ne concerne pas la bénédiction spirituelle du croyant individuel, mais les voies de Dieu avec les hommes, la manière dont Il a mis de côté le peuple d’Israël en tant que tel, et s’est tourné à leur place vers les nations ; il s’agit de la responsabilité de ceux qui ont été mis en position de la bénédiction et des promesses sur la terre.

Mais continuons notre survol de la scène prophétique, et allons jusqu’au bout. Si Dieu n’a pas épargné les branches naturelles, Il n’épargnera pas non plus celles qui ont été greffées contre nature. Il n’est pas dit ici directement qu’Il retranchera les chrétiens professants sans vie qui n’ont pas assumé leur responsabilité. Mais d’autres passages nous le montrent (par exemple Matt. 24:45 à 25:30). Lorsque la vraie assemblée sera déjà au ciel, le Seigneur Jésus vomira de sa bouche la profession chrétienne dans sa phase finale, parce qu’Il ne l’aura trouvée ni froide ni chaude (Apoc. 3:16).


4 - La regreffe d’Israël — [Rom. 11:25-26]

L’olivier, cependant, restera debout, et le retranchement de la profession chrétienne déchue ouvrira la voie à la regreffe d’Israël. Tout comme la chrétienté n’est pas restée dans la foi (peut-on avoir le moindre doute à cet égard quand on voit son état actuel ?), Israël ne restera pas dans l’incrédulité. Les branches naturelles seront greffées à nouveau sur leur propre olivier, « car Dieu est puissant pour les greffer (enter) de nouveau » (Rom. 11:23). Et soudain, l’apôtre abandonne le langage imagé, et parle directement et ouvertement de l’avenir d’Israël : « Car je ne veux pas, frères, que vous ignoriez ce mystère, afin que vous ne soyez pas sages à vos propres yeux : c’est qu’un endurcissement partiel est arrivé à Israël, jusqu’à ce que le plein nombre des nations soit entré ; et ainsi tout Israël sera sauvé » (Rom. 11:25-26).

Le temps présent, le temps de la grâce, est caractérisé par le fait qu’Israël a été frappé d’un endurcissement partiel — à l’exception du Résidu qui a toujours existé ; mais cela ne restera pas ainsi. Lorsque le nombre complet des nations sera entré, c’est-à-dire lorsque le nombre de ceux qui se laissent sauver d’entre les peuples de la terre, et forment l’assemblée de Dieu, sera complet selon le dessein de Dieu, alors le Seigneur, après l’enlèvement des saints de l’époque actuelle (1 Thes. 4:17), se tournera de nouveau vers le peuple d’Israël et renouera avec lui. « Le Sauveur viendra de Sion, il détournera l’impiété de Jacob » (Rom. 11:26). Cela se produira quand le Seigneur Jésus viendra de façon visible du ciel sur la terre, avec puissance et une grande gloire (Matt. 24:27-31 ; Apoc. 19:11 et suiv.). « Et ainsi tout Israël sera sauvé. »

L’expression « tout Israël » ne signifie pas que chaque individu Israélite qui vivra à cette époque sera personnellement sauvé ; car nous savons que la grande majorité du peuple sera incrédule, adorera l’Antichrist et périra dans les jugements. Non, cela signifie qu’Israël dans son ensemble, en tant que nation, sera sauvé. Aujourd’hui, c’est différent : le Seigneur sauve des individus du monde, et les ajoute à l’assemblée. J’ai déjà fait référence à Actes 2:47. Mais ensuite, Israël dans son ensemble sera sauvé. Et pourtant, dans un sens absolu, il ne s’agit que d’un Résidu qui trouvera le salut ; car nous lisons en Rom. 9:27 : « Quand le nombre des fils d’Israël serait comme le sable de la mer, seul le Résidu sera sauvé ». « Tout Israël », – « seul le Résidu » sera sauvé ! Cela met en évidence un principe extrêmement intéressant et important, que je reprendrai à la fin de ce livre : Aux yeux de Dieu, le Résidu représente toujours l’ensemble du peuple. Le Seigneur lui confère tous les droits et tous les devoirs.

Je reviendrai également plus tard sur un autre sujet qui est souvent confondu ou mélangé avec l’assemblée de Dieu : celui de la nouvelle alliance. C’est en raison de cette alliance que Dieu bénira à nouveau Son peuple terrestre.

Les Israélites sont encore ennemis au regard de l’évangile, et cela à cause de nous, selon le v. 28 ; c’est-à-dire afin que nous puissions être mis sous la grâce, et devenir des objets de miséricorde. Pourtant, Dieu les aime toujours à cause de leurs pères. Non, Il n’a pas rejeté Son peuple. Israël aussi deviendra un objet de miséricorde (Rom. 11:31). Dieu ne se repent ni de Ses dons de grâce (dont il est parlé en Rom. 9:4-5) ni de Son appel (dont il est parlé en Rom. 9:7). Il veut bénir la créature pécheresse, et Il accomplira ce qui était dans Son cœur dès le commencement. Mais les derniers versets du chapitre indiquent de la manière la plus claire possible que cela ne peut se faire que sur le fondement de Sa grâce infinie.

Après toutes ces pensées et ces voies merveilleuses de Dieu, nous comprenons bien pourquoi l’apôtre, à la fin de ce chapitre, et donc de cette partie de l’épître aux Romains, éclate en un chant de louange à l’égard de la sagesse et de la connaissance de Dieu : « Car de Lui, et par Lui et pour Lui sont toutes choses ». C’est de tout cœur que chaque âme croyante se joindra à la louange de Dieu :


À lui soit la gloire éternellement ! Amen.