Christian Briem [ajouts bibliquest entre crochets]
Ouvrage « Da bin Ich in ihrer Mitte », 2ème partie (Das Zusammenkommen als Versammlung), point 14 (Die Einheit des Geistes bewahren)
1 - [Sujet de l’article : comment réaliser l’unité en temps de décadence]
2 - Marcher d’une manière digne
5 - Que signifie l’« unité de l’Esprit » ?
5.1 - Ce n’est pas « l’unité du corps »
6 - La première étape — la séparation
7 - « Se purifier » à trois égards
9 - « Voici, je me tiens à la porte et je frappe »
9.3 - Le souper (Prendre le repas du soir)
10 - Une base large — un chemin étroit
11 - « Je suis là au milieu d’eux »
Dans les chapitres précédents de l’ouvrage « Je suis là au
milieu d’eux », nous avons beaucoup entendu parler de la véritable église,
l’assemblée du Dieu vivant, nous nous sommes occupés de son caractère, sa
vocation et sa destinée, et nous avons également vu de quelle manière elle doit
trouver son expression pratique et visible dans les différentes réunions. Nous
nous sommes basés sur la parole de Dieu et non sur la parole des hommes, comme
par exemple celle des Pères de l’église. Les hommes ont toujours de
nombreuses
opinions et doctrines (cf. Matt. 15:9 ; 1 Tim. 1:3 ; 4:1 ;
Col 2:22 ; Héb. 13:9), mais Dieu n’a et ne reconnaît qu’une seule
doctrine
(cf. Jean 7:16-17 ; Actes 2:42 ; 13:12 ; Rom. 6:17 ;
1 Tim. 1:10 ; 4:6 ; Tite 1:9 ; 2:1,10 ; 2 Jean 9). Et Il
nous a prédit dans Sa Parole infaillible qu’il y aurait un temps « où ils ne
supporteraient pas le sain enseignement, mais où, ayant des oreilles qui leur
démangent, ils s’amasseraient des docteurs selon leurs propres convoitises ;
et ils détourneraient leurs oreilles de la vérité pour se tourner vers les
fables » (2 Tim. 4:3-4). Quelle évolution fatale : détourner ses
oreilles de la vérité !
C’est dans ces temps fâcheux
(2 Tim. 3:l),
les derniers jours du temps de la grâce, que nous vivons aujourd’hui.
La question se pose alors pour nous : voulons-nous suivre
la saine doctrine de la Parole de Dieu ? « Peut-on encore le faire ? »,
rétorquera-t-on. Cette question n’est effectivement pas injustifiée. Car si l’on
compare ce que la Parole de Dieu nous dit sur l’église avec la manière dont la
chrétienté se présente aujourd’hui, un fossé abyssal se creuse, qui semble
infranchissable. D’un côté, la pensée claire de Dieu, que tout enfant de Dieu
sincère reconnaîtra ; de l’autre, un état qui contredit complètement cette
pensée. D’un côté, l’enseignement de l’Écriture sur le seul
corps, de l’autre,
un nombre presque incalculable de communautés de profession chrétienne les plus
diverses. Quelle confusion, quel gâchis, pourrait-on dire, de ce qui était
autrefois si parfaitement sorti de la main de Dieu !
Que faut-il faire ? Se résigner ? Laisser courir ? Continuer simplement comme avant ? Se retirer dans l’isolement ? Non, mille fois non ! Dieu a un « mais toi » (2 Tim. 3:10,14 ; 4:5), il a un chemin pour celui qui veut être fidèle — un chemin sur lequel l’unité des enfants de Dieu, pour la réalisation de laquelle le Seigneur Jésus est mort (Jean 11:52), peut être réalisée, même aux jours de la plus grande décadence et de la plus grande fragmentation. C’est ce sujet que nous souhaitons aborder dans le présent chapitre. Il s’agit d’un chapitre qui tire des conclusions pratiques de ce que nous avons appris dans les chapitres précédents. Ces conclusions peuvent sembler dures ou impraticables à certains de mes chers lecteurs — et elles sont effectivement contraires à la nature humaine — mais ce sont des conclusions que la foi tire et qui mènent à de riches bénédictions. Les coûts peuvent être élevés, mais soyons assurés que Dieu ne reste pas redevable ! Il est toujours le rémunérateur de ceux qui Le recherchent (Héb. 11:6).
Quand Dieu nous présente Ses pensées, lorsqu’Il nous montre les relations dans lesquelles Il nous a placés par Sa grâce, Il nous exhorte également à agir en conséquence dans notre comportement personnel. C’est toujours l’ordre, et c’est toujours la conséquence pratique. D’abord l’enseignement, ensuite la conduite. C’est ainsi que les deux premiers chapitres de l’épître aux Éphésiens, que nous avons considérés à plusieurs reprises, nous montrent les enseignements divins sur l’assemblée. Cependant, c’est avec le ch. 4 — le ch. 3 étant une parenthèse — que commencent les exhortations qui font suite à l’enseignement des deux premiers chapitres.
« Je vous exhorte donc, moi, le prisonnier dans le Seigneur, à
marcher d’une manière digne de l’appel (ou : la vocation) à laquelle vous
avez été appelés, avec toute humilité et douceur, avec longanimité, vous
supportant l’un l’autre dans l’amour, vous appliquant à garder l’unité de l’Esprit
par (ou : dans) le lien de la paix. Il y a un seul corps et un seul
Esprit, comme vous aussi vous avez été appelés pour une seule espérance de
votre appel. Un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu et
Père de tous, qui est au-dessus de tous, par tous [Darby : partout] et en
nous tous » (Éphésiens 4:1-6).
Par trois fois, Dieu nous exhorte dans Sa Parole à « marcher d’une
manière digne ». Si j’omets le passage de Philippiens 1:27, c’est parce qu’il
contient un autre mot pour marcher
(à savoir politeüomai
, être
citoyen, se conduire)
. Le mot qui apparaît dans les passages suivants est peripateo
= marcher, déambuler, vivre.
En 1 Thessaloniciens 2:12, il est dit : « afin que vous
marchiez d’une manière digne de Dieu
qui vous appelle à son propre
royaume et à sa propre gloire ».
En Colossiens 1:10, nous sommes exhortés à « marcher d’une
manière digne du Seigneur
, pour lui plaire à tous égards ».
Mais ici, l’exhortation est de marcher d’une manière digne de l’appel
par lequel nous avons été appelés. Elle se rattache aux enseignements du ch. 2,
où l’Assemblée nous a été présentée, ainsi que le seul
homme nouveau, le
seul
corps, le temple saint dans le Seigneur, l’habitation de Dieu par
l’Esprit. Tous les vrais enfants de Dieu forment cette merveilleuse Assemblée,
ils sont concitoyens des saints et gens de la maison de Dieu — c’est leur appel
(ou : vocation), avec laquelle (ou : selon laquelle) ils ont été
appelés. Nous devons donc marcher d’une manière digne de cet appel, ce qui inclut
de garder l’unité de l’Esprit
.
Combien est sérieuse l’indication de l’Esprit Saint que, lorsqu’il s’agit de garder cette unité de l’Esprit, il est nécessaire qu’il y ait toute humilité et douceur avec longanimité ; et Il ajoute : « vous supportant l’un l’autre dans l’amour ». L’unité de l’Esprit doit être gardée « dans le lien de la paix ». Combien avons-nous violé cette parole ! Quels combats acharnés se sont livrés même de vrais enfants de Dieu, précisément lorsqu’il s’agissait de prendre la « place juste », et des questions ecclésiastiques qui vont avec ! « Vous supportant l’un l’autre dans l’amour » – « dans le lien de la paix ». Que le Seigneur nous aide à manifester cet état d’esprit !
Avant de parler de l’unité de l’Esprit
, de ce qu’elle
signifie et comment on peut la garder, j’aimerais attirer l’attention sur trois
domaines différents d’unités, que ces versets nous présentent. Dans l’ensemble,
il y a sept unités, mais elles se répartissent en trois domaines qu’il est
important de saisir pour notre sujet.
Les v. 4 à 6 nous montrent trois domaines spirituels de l’unité,
qui se distinguent les uns des autres par leur caractère. Le point de départ de
l’unité est caractéristique pour chacun des trois domaines : pour le premier
domaine, c’est l’Esprit
, pour le deuxième c’est le Seigneur
, pour
le troisième c’est Dieu
le Père, comme étant le.
1) « Un seul
corps et un seul
Esprit » : c’est
le domaine d’une communion divine et réelle. Il n’y a qu’un seul
corps, qui, comme nous l’avons vu, est formé par le Saint Esprit. Tout enfant
de Dieu présent sur terre à l’instant présent appartient à ce corps, le corps
dans son aspect temporel
. Cette unité est aussi appelée unité de l’Esprit
,
parce que le Saint Esprit en est la force formatrice et le lien. C’est
également Lui qui maintient vivante en nous « la seule espérance », celle de voir
Christ et de demeurer auprès de Lui dans la gloire.
2) « Un seul
Seigneur, une seule
foi, un seul
baptême »
— c’est le domaine (ou l’unité) de la profession publique, de la
profession de foi dans le christianisme. Tandis que le premier domaine se
caractérise par une vraie communion dans la puissance du Saint Esprit, ce
deuxième domaine englobe toute la profession chrétienne. C’est le domaine de
domination de Christ
(= où Christ est Seigneur) sur la terre. C’est
pourquoi il est dit : « Un seul Seigneur ». Il est vrai que ce domaine
comprend également tous ceux qui, d’une manière ou d’une autre, – ne serait-ce
que par une forme extérieure, par exemple par une profession chrétienne, – professent
Christ comme Seigneur — il est donc vrai que ce domaine comprend aussi des professants
qui n’ont pas la vie, mais ce n’est pas l’objet de cette épître. Pour voir
cela, il faut se tourner vers d’autres parties du Nouveau Testament, par
exemple la deuxième épître à Timothée. C’est ce que nous ferons plus loin.
Cependant, des passages comme Matt. 7:21-23, et 25:11-12, montrent qu’il est
possible de professer Christ comme Seigneur et quand même d’être perdu. Mais en
général, la parole de Dieu part d’abord du principe que la profession est
authentique. C’est également le cas dans l’épître aux Éphésiens. Le
développement ultérieur de la profession chrétienne n’est pas abordé ici.
L’expression « une seule foi » souligne le contraste entre le judaïsme ou le paganisme d’une part, et la foi chrétienne d’autre part, laquelle tous professent en en portant le signe extérieur, à savoir le baptême d’eau.
3) « Un seul
Dieu et Père de tous, qui est au-dessus de
tous, par tous et en (nous) tous » — c’est le domaine de l’unité universelle.
Il a un caractère encore plus général que le second, et englobe non
seulement les chrétiens, mais aussi toutes les créatures du seul Dieu et Père.
Dieu est le « Père », c’est-à-dire l’origine de
« tous », car Il les a tous
créés. C’est Lui qui « donne lui-même à tous la vie, la respiration et toutes
choses » ; « car nous sommes aussi sa race » (Actes 17:25.28). « Nous sommes
aussi sa race » ne signifie pas que tous les hommes sont ses enfants et qu’ils
sont nés de nouveau, mais cela signifie qu’ils sont tous ses créatures, qu’ils
sont issus de Sa main et qu’Il se soucie d’eux et s’en charge. Il est aussi le « Dieu »
de tous les hommes, « le Dieu des esprits de toute chair » (Nombres 27:16). C’est
ce qu’Il revendique. Dans quelle mesure la créature y répond-elle, est une
autre question qui n’est pas non plus abordée ici. « Au-dessus de tous » fait
référence à Sa souveraineté ; « par tous » fait référence à la providence de
Dieu. Au lieu de « en nous tous », il faut sans doute lire seulement « en tous »,
car les manuscrits les plus anciens et les meilleurs omettent nous
.
Ainsi, l’expression « en tous » semble signifier que le souffle de Dieu est en
tous et que Dieu est omniprésent. C’est le cercle de la création.
Déjà au ch. 3 v. 9, il avait été fait référence au Dieu créateur,
Celui « qui a créé toutes choses » ; et au v. 14, Paul commence sa prière au
« Père de notre Seigneur Jésus Christ » par l’ajout remarquable « duquel est
nommée toute famille dans les cieux et sur la terre ».
Ici aussi, nous avons
le domaine universel de la création, de la création intelligente, qui englobe chaque
famille dans les cieux et sur la terre. Le mot grec pour « famille » (patria)
signifie en fait « paternité ». Cela nous montre à nouveau l’idée que chaque
groupe d’êtres créés, doués d’intelligence, a sa paternité, son origine en
Dieu.
En tant que l’Éternel, Dieu n’était en relation qu’avec un
seul
peuple, mais en relation avec le « Père de notre Seigneur Jésus Christ »,
tous les êtres intelligents dans les cieux et sur la terre sont pris en compte,
car ils ont tous été créés pour la gloire de Jésus Christ, par Lui et pour Lui
(Col. 1:16). Certes, l’Assemblée a reçu une place très particulière de
privilège et de proximité avec Dieu, mais la revendication du titre de « Père de
notre Seigneur Jésus Christ » s’étend à toute classe de créatures qu’Il a
faites. Qu’il s’agisse des principautés et des puissances dans les cieux, c’est-à-dire
des différents anges, ou des Juifs ou des païens ou de l’Assemblée de Dieu, – à
tous Il leur attribue une place déterminée selon Son dessein. Mais Il a placé
Christ, le Fils de l’homme glorifié, à Sa droite « dans les lieux célestes,
au-dessus de toute principauté, et autorité, et puissance, et domination, et de
tout nom qui se nomme
, non seulement dans le siècle présent, mais aussi
dans le siècle à venir » (Éph. 1:21). Le fait que l’épître aux Éphésiens fasse
ainsi référence à l’universalité
de la paternité de Dieu est remarquable
au plus haut point. Je pense que c’est pour que l’on voie d’autant plus
clairement tout le domaine sur lequel Christ sera le chef
. L’univers
entier Lui sera assujetti en tant qu’Homme glorifié, « les choses qui sont dans
les cieux et les choses qui sont sur la terre » (Éph. 1:10).
Nous avons donc vu trois domaines d’unité — le domaine de la
communion divine, le domaine de la profession chrétienne et le domaine de la
création. Mais quelle tristesse de constater que chacun de ces trois domaines
est aujourd’hui pratiquement renié dans la chrétienté ! Le seul Esprit
qui forme le seul corps est remplacé par les nombreux esprits et opinions
des hommes, ce qui aboutit à l’établissement d’un nombre incalculable de
communautés et de cercles. Le seul Seigneur
est supplanté par les
dispositions d’un soi-disant clergé, – et le Dieu unique,
le Dieu
créateur, est rendu superflu par les théories de développement de la science.
Il est d’autant plus remarquable que les exhortations des trois derniers
chapitres de l’épître aux Éphésiens se répartissent précisément selon ces trois
domaines :
Mais après cette vue d’ensemble, nous nous tournons d’abord vers
le premier de ces trois domaines, l’unité de l’Esprit, que
nous sommes
exhortés à garder dans le lien de la paix.
Aux jours des apôtres, les croyants formaient une unité visible ici-bas sur la terre. Il n’y avait pas encore de divisions, mais tous les chrétiens d’un même lieu se réunissaient selon un même principe et étaient en heureuse unité et communion (cf. Actes 2:42) avec tous les chrétiens et assemblées chrétiennes d’autres parties du pays ou d’autres pays, comme en témoignent les Actes des Apôtres et les épîtres du Nouveau Testament. Il était donc manifeste que tous ces chrétiens formaient ensemble un corps en Christ, un organisme vivant qui remplissait sa fonction sous la direction et la puissance du Saint Esprit. Il ne fait aucun doute que c’était précisément ce que Dieu avait voulu et déterminé, et que cela aurait dû rester ainsi.
Mais, hélas ! cette expression visible de l’unité fut
bientôt détruite : des professants inconvertis et des hommes impies s’y
glissèrent (Jude 4), reniant Jésus Christ comme seul maître (despotes
)
et Seigneur (kyrios)
. Des hommes se sont levés et ont tenu des doctrines
perverses, entraînant ainsi les disciples à leur suite (Actes 20:30). L’apparition
de fausses doctrines et de divisions n’était que la triste preuve que l’on
avait déjà largement abandonné la Parole de Dieu comme autorité. La ruine et la
confusion qui caractérisent aujourd’hui la chrétienté montrent à quel point
nous nous sommes éloignés de la pensée de Dieu concernant le seul corps.
Mais quelle consolation pour ceux pour qui, même dans les jours sombres, la pensée de Dieu est de toute importance : Cette unité sera à nouveau visible quand le Seigneur Jésus reviendra en puissance et en gloire et qu’Il apparaîtra devant le monde entier avec les Siens pour régner ici-bas. C’est comme une chaîne tendue au-dessus d’un fleuve, dont le début et la fin sont bien visibles sur les rives, mais qui semble rompue au milieu du fleuve. Ainsi, aujourd’hui encore, les yeux de Dieu et les yeux de la foi voient l’Assemblée comme une, mais pour les yeux naturels, l’unité des enfants de Dieu n’est plus visible.
Alors que faire, au vu de cette triste situation, si honteuse
pour nous ? La réponse de Dieu, dont nous allons nous occuper de plus près,
est claire et simple : « Garder l’unité de l’Esprit dans le lien
de la paix ».
La première question qui s’impose ici est la suivante :
Il y a une chose que cette expression ne signifie certainement
pas : l’unité de nos esprits.
Le chemin de Dieu pour nous n’est pas
de nous grouper sur la base de points de vue, d’opinions ou de professions de
foi communs. Il place plutôt devant nos yeux cette unité précieuse qui est opérée
par le Saint Esprit et qui englobe, en principe, tous les membres du corps de
Christ. La Parole de Dieu ne connaît ni ne reconnaît aucune autre unité. Quelle
est la valeur de toute autre unité ? Elle ne s’élèvera jamais au-dessus de
son origine humaine.
Garder
l’unité de l’Esprit, ce n’est pas la faire, mais l’observer
ou la maintenir. C’est mettre en pratique la vérité selon laquelle il y a « un
seul corps et un seul Esprit » et ne reconnaître, dans la pratique de notre vie,
aucune autre appartenance de membre que celle qui est par l’Esprit de Dieu ;
c’est cela, garder l’unité de l’Esprit.
« L’unité de l’Esprit » est donc la force et le principe au moyen desquels les vrais enfants de Dieu sont mis en position de marcher ensemble selon les relations qui leur sont propres dans l’unité du corps de Christ. La garder, c’est réaliser moralement cette unité, autrement dit, c’est maintenir nos relations avec tous les saints conformément à l’Esprit de Dieu.
Il est significatif que nous ne sommes pas exhortés à garder l’unité
du corps
. Cela signifierait que nous devrions marcher ensemble avec tout
membre du corps de Christ, indépendamment des liens dans lesquels ils se
trouvent ou des chemins qu’ils empruntent dans la vie pratique. Même le pire
mal chez un frère ne devrait pas nous inciter à nous séparer de lui. Nous
verrons plus loin que ce n’est pas l’enseignement de l’Écriture, car garder l’unité
de l’Esprit implique nécessairement la communion et une relation effective avec
une personne divine. Cependant, si l’Assemblée de Dieu était encore dans un
état sain et selon Dieu, il n’y aurait, en pratique, aucune différence entre
les deux expressions « unité du corps » et « unité de l’Esprit ».
Cependant, s’agissant de garder l’
unité, nous ne pouvons
ni garder ni rompre l’unité du corps ;
elle est maintenue par le Saint
Esprit Lui-même, qui habite dans l’assemblée et qui lie tous les membres du
corps de Christ entre eux et avec la Tête dans le ciel. Malgré la douloureuse
défaillance des hommes, cette unité demeure parce que le Saint Esprit demeure.
Indépendamment de l’ampleur de la ruine, de l’état de corruption de l’église responsable, l’Écriture Sainte ne donne jamais place à l’idée que la vérité de Dieu ne pourrait plus être réalisée, et que la communion du Saint Esprit ne pourrait plus être maintenue. Les exhortations de Dieu, les pensées et les paroles de Dieu sont toujours applicables et à appliquer. Dieu, comme nous l’avons déjà rappelé, a prévu la décadence et les jours fâcheux ; pourtant, Il exhorte à nous efforcer de garder l’unité de l’Esprit dans le lien de la paix. Dieu ne nous exhorte pas à quelque chose qui ne serait plus praticable.
Les épîtres de la fin des temps, l’épître de Jude et les épîtres
tardives de Paul, Pierre et Jean, qui décrivent les temps fâcheux des « derniers
jours » (2 Tim. 3:l) et la présence de nombreux antichrists à la « dernière heure »
(1 Jean 2:18), n’impliquent justement pas, même pour un instant, que la vérité
ne peut plus être réalisée. Bien au contraire ! L’apôtre Jean, par
exemple, a beaucoup à dire dans ses deuxième et troisième épîtres sur la marche
des croyants. Il parle d’une marche dans la vérité,
d’une marche selon Ses
commandements
et de tenir ferme la vérité.
Malgré la confusion et la fragmentation de la profession chrétienne, Dieu nous rend responsables de donner une expression pratique à la vérité bénie du seul corps de Christ. Ce faisant, nous ne devons pas nous borner à tenir ferme la vérité comme une théorie, mais, par nos voies et nos liens, nous devons être un témoignage pratique à l’unicité du corps, un témoignage contre tout ce qui le renie.
La première étape de garder l’unité de l’Esprit est la séparation de toute forme de mal, qui peut prendre toutes sortes d’apparences, et se manifester comme mal moral, pratique ou doctrinal. Notre première tâche et notre premier devoir, selon 2 Timothée 2:19, est de nous séparer de tout ce qui est contraire à Christ :
« Qu’il se retire de l’iniquité quiconque prononce le nom du
Seigneur ».
Ainsi mis à part, la communion du Saint Esprit est notre part, car le Saint Esprit glorifie Christ (Jean 16:14). Mais puisque la glorification de Christ est Son but, Il doit nécessairement nous détacher de tout ce qui s’oppose à Christ et Le déshonore, et nous lier à ce qui Lui correspond. Que tous nos lecteurs prennent sérieusement à cœur ce principe ! Il rend le chemin clair, et finalement facile.
Ce n’est donc plus une question de membres
du corps, car
ceux-ci sont pratiquement mélangés et associés à toutes sortes de mal, nous le disons
dans une profonde honte et humiliation ; cela devient entièrement une
question de Christ, de l’Esprit de Dieu qui Le glorifie et nous maintient en
communion avec Christ, la Tête. Il ne s’agit pas d’avoir de bons sentiments
pour mon frère chrétien. On pourrait trouver cela finalement dans mille
communautés. Dieu voudrait-il donc avoir mille communautés ? Ou n’est-il pas
plutôt vrai qu’il n’y a qu’un seul
corps ? Sans aucun doute ! C’est
ce que Dieu dit :
Il y a un seul
corps. Eh bien, alors toutes les factions
et sectes sont clairement contre Sa volonté. Que faut-il faire ?
Abandonne-les !
Cela semble dur, mais c’est la voie de Dieu — la seule voie qu’Il indique. Personne mieux que le Dieu omniscient, qui a fait le cœur humain lui-même, ne comprend combien il est généralement amer et douloureux de renoncer pour l’amour du Seigneur à des liens précieux et mûris. Parfois, la déchirure s’opère au sein même de sa propre famille. Pourtant, si les liens ecclésiaux ne sont pas en accord avec Sa pensée, si tu ne peux pas réaliser en eux l’unité de l’Esprit : abandonne-les !
Abandonne-les, même si tu penses devoir rester à une place
reconnue comme fausse, afin d’opposer le juste au faux, afin de pouvoir y
exercer ta bonne influence pour améliorer les choses ! Dieu ne réforme pas
ce qui s’est éloigné de Lui. « Retire-toi de l’iniquité ! » est la réponse
du Seigneur. L’iniquité
est tout ce qui n’est pas en accord avec la
volonté révélée de Dieu ; c’est tout ce qui a pour origine la volonté de l’homme.
Combien d’iniquité y a-t-il alors dans la chrétienté !
Je ne considère pas qu’il soit de mon devoir actuel de nommer et
de dénoncer les multiples formes du mal dans la profession chrétienne. Les
passages de l’Écriture cités ici et là dans ce contexte peuvent parler d’eux-mêmes.
Dans un chapitre antérieur (ch.4 sur « Laodicée,
ou la chrétienté dans sa dernière phase »), j’ai également souligné la
manière dont le Seigneur juge l’état de la chrétienté aujourd’hui. Mais une
chose est d’ores et déjà claire : c’est le devoir, je voudrais dire le
privilège, de tout enfant de Dieu croyant de se séparer de tous les principes
et systèmes contraires à l’Écriture dans le domaine chrétien. La chrétienté en
tant que telle prend le chemin de l’œcuménisme, mais c’est le chemin vers « Babylone »
(Apoc. 17 et 18). L’unité de l’Esprit ne s’obtient pas par des regroupements
impies, mais — première étape — en se séparant de ce qui est faux et contraire
à la volonté du Seigneur. « Et j’entendis une autre voix venant du ciel, disant :
Sortez du milieu d’elle, mon peuple, afin que vous ne participiez pas à ses
péchés, et que vous ne receviez pas ses plaies. Car ses péchés se sont
accumulés jusqu’au ciel, et Dieu s’est souvenu de ses iniquités »
(Apoc. 18:4-5).
Il est impossible d’être un témoin crédible de l’unité des enfants de Dieu et de rester lié à ce qui nie pratiquement cette unité.
Parfois, des croyants persistent dans des associations ecclésiales dans lesquelles ils savent qu’ils ne peuvent pas exprimer des principes importants de l’Écriture. Ils cherchent à justifier leur désobéissance — car ce n’est pas autre chose — en disant qu’ils y trouvent de plus grandes possibilités de service et un champ plus large pour leurs activités. Ils affirment que s’ils se séparaient de ce qu’ils savent être faux, leur service pour le Seigneur sera très limité.
Mais ce sont là des raisonnements erronés, contraires à l’Écriture. La première chose que nous devrions faire est de nous assurer que notre état personnel et nos liens personnels sont tels que le Seigneur peut les approuver. Ce n’est qu’alors, comme nous le verrons plus loin, que nous serons des vases purs que le Seigneur pourra utiliser à sa manière dans Son service. Si nous avançons dans l’obéissance à Sa Parole, à Sa volonté révélée, le Seigneur nous ouvrira des portes et nous donnera plus de possibilités de servir que ce que nous sommes en mesure de faire. Le Résidu fidèle entend les paroles consolantes du Seigneur : « Voici, j’ai mis devant toi une porte ouverte que personne ne peut fermer » (Apoc. 3:8). Notre premier souci ne devrait donc pas d’avoir des portes ouvertes pour le témoignage et des possibilités de service, mais de nous séparer de tout ce qui déplaît au Seigneur. Nous ne pouvons pas nous-mêmes ouvrir des portes ; les hommes et leurs institutions ne le peuvent pas. Mais si Lui ouvre des portes, personne ne peut les fermer. Nous pouvons les franchir en toute confiance.
Nous trouvons également le principe de séparation en 2 Corinthiens 6:17 :
« C’est pourquoi sortez du milieu d’eux et soyez séparés, dit le Seigneur, et ne touchez pas à ce qui est impur, et moi, je vous recevrai ».
Toute association qui déshonore Christ doit être abandonnée. D’ailleurs, l’idée que l’on puisse être sciemment associé à un principe contraire à l’Écriture, à une doctrine ou à une pratique mauvaise, tout en étant personnellement sans tache, est impie : je peux être personnellement exempt de cette mauvaise chose, mais par mon association pratique avec elle, j’ai déjà quitté la communion du Saint Esprit. C’est pourquoi voici la parole que Dieu nous adresse : « Qu’il se retire de l’iniquité quiconque prononce le nom du Seigneur ».
Il est étonnant de voir combien de fois l’invitation à se séparer du mal est donnée dans la deuxième épître à Timothée, qui nous décrit effectivement la décadence de la chrétienté dans les derniers jours. Il en est parlé six fois, à chaque fois dans un contexte différent et avec des mots différents :
« Mais évite les discours vains et profanes » (2:16).
« Mais évite les questions folles et insensées » (2:23).
« Ceux qui ont une forme de piété, mais qui en renient la puissance, détourne-toi de telles gens » (3:5).
Quand l’apôtre compare la chrétienté des derniers jours à une grande maison dans laquelle se trouvent des ustensiles de toutes sortes, des vases de matières nobles et viles, des vases pour l’honneur et pour le déshonneur du maître de maison, il y joint immédiatement l’invitation à se purifier des vases pour le déshonneur, c’est-à-dire à se séparer d’eux, pour devenir ainsi soi-même un vase pour l’honneur. Se mettre ainsi à l’écart est certes un processus douloureux, comme nous l’avons déjà remarqué, mais c’est le premier pas vers l’unité de l’Esprit.
On a prétendu qu’on pouvait bien se séparer des choses
mauvaises, mais pas des vrais enfants de Dieu. Eh bien, ce n’est pas tout à
fait vrai. Il est certain qu’un vase en métal précieux représente un croyant,
mais ce n’est pas parce qu’il est en or ou en argent qu’il est forcément un
vase à l’honneur du maître de maison. Si, par exemple, un vase d’or couvert de
toiles d’araignées se trouve dans la cave à charbon, il ne serait certainement
pas à l’honneur du maître de maison s’il était placé sur la table de fête
décorée de draps d’un blanc éblouissant. Même un enfant de Dieu croyant peut
être impur par ses liens, et par-là être un vase à déshonneur. En ce qui
concerne la communion pratique, nous devons nous séparer de ceux-là, aussi
douloureux et humiliant que cela puisse être pour nous. Mais c’est justement
par cette séparation que l’on devient soi-même un vase à honneur : « Si
donc quelqu’un se purifie (littéralement : s’éloigne de ces personnes), il
sera un vase à honneur, sanctifié, utile au maître de maison, préparé pour
toute bonne œuvre » (2 Tim. 2:21)
. Cependant quelle consolation : les
relations des membres au corps de Christ ne sont pas affectées par tout cela — Dieu
merci !
Remarquons également les expressions « quiconque
prononce »
et « si quelqu’un »
aux v. 19 et 21 ! Elles montrent que la séparation
qui est attendue de nous est une affaire purement personnelle. « Quiconque
prononce
le nom du Seigneur », c’est-à-dire se réclame de Lui en tant que Seigneur, est personnellement
responsable de se retirer de toutes sortes d’iniquité. Nous ne pourrons
jamais justifier notre infidélité personnelle devant le Seigneur par le fait
que d’autres ont également été infidèles. C’est pourquoi ce « mais toi »
de
la deuxième épître à Timothée est si important, mais aussi si précieux.
Il me semble que cette purification de soi
peut se faire
au moins de trois manières ou, en d’autres termes, dans trois domaines.
La manière de mettre en pratique le commandement du Seigneur dans 2 Timothée 2:19
b et 2:21, dépend entièrement des circonstances de chacun.
Le premier cas est le plus facile à comprendre — je ne dis pas à réaliser. Si un chrétien croyant se trouve dans un système chrétien établi dans lequel il ne peut ni réaliser l’unité de l’Esprit ni provoquer un changement des principes dominants, il est absolument tenu de se séparer de ce système. Ce n’est qu’ainsi qu’il pourra devenir lui-même un vase à honneur.
Le deuxième cas est plus compliqué et ne concerne peut-être pas tous les lecteurs. Supposons qu’un enfant de Dieu soit en communion pratique avec ceux qui professent se rassembler uniquement au nom du Seigneur Jésus. Bien qu’ils occupent une place conforme à Dieu du point de vue ecclésiastique, il peut arriver qu’au milieu d’eux un mal manifeste se répande dans le comportement pratique ou dans l’enseignement. Dans un premier temps, l’individu a alors l’obligation, avec toute charité et patience, de présenter le mal à l’assemblée locale et d’éveiller la conscience des frères et sœurs. Mais si tous ces efforts restent vains dans la durée — efforts auxquels des assemblées environnantes se joignent — l’individu devra finalement agir selon 2 Timothée 2:19 b et 2:21, et quitter ce groupe.
Pour éviter une application hâtive et peu spirituelle de ce qui vient d’être dit, il convient toutefois de souligner encore une fois ceci :
Mais la parole de 2 Timothée 2 peut aussi s’appliquer dans le
domaine purement personnel. Un croyant peut entretenir une communion pratique
avec d’autres enfants de Dieu (je ne parle pas ici de la communion à la table
du Seigneur) et se réjouir de cette communion. Mais un jour, il doit constater
à son grand regret que ces enfants de Dieu ne marchent
pas dans la
vérité
(2 Jean 4), par exemple parce qu’ils adhèrent à des doctrines
étrangères ou parce qu’ils représentent un danger moral pour lui et sa maison. Ah !
combien il est douloureux de devoir constater une telle chose chez ceux qui ont
été rachetés et achetés au même prix de Son sang que nous-mêmes ! Alors,
doit-on, peut-on continuer à être en communion avec eux ? 2 Timothée 2 nous
donne la réponse également dans ce cas.
Tout cela est grave, et les déclarations de Dieu sont si profondes que l’homme — y compris, souvent, le croyant — cherche à se soustraire aux conséquences pratiques qui vont loin. Il commence à argumenter. Dieu n’argumente pas, Il commande. La foi n’argumente pas, elle obéit. L’incrédulité, quant à elle, argumente que chacun a finalement droit à un jugement privé. Mais nous devons rejeter totalement de telles pensées. Personne n’a le droit d’avoir une opinion personnelle dans les choses divines. Dieu seul y a droit, et Il nous communique Sa volonté et Ses intentions. C’est à nous de suivre cette volonté de Dieu, et cela conduit à l’unité de l’Esprit ; l’abandonner conduit aux divisions, au sectarisme.
Gardons à l’esprit que Christ est la Tête du corps dans le ciel et que le corps n’est là que pour la Tête ! Il n’y a alors plus de place pour ce qui glorifie l’homme, pour son ambition, pour sa fierté et son autosatisfaction. Pour le croyant, tout cela a pris fin dans la croix de Christ, la croix qui a révélé la ruine complète de l’homme.
L’orgueil et l’autosatisfaction —
n’étaient-ils
pas des caractéristiques de Laodicée
, la profession chrétienne dans sa
phase finale ? J’aimerais attirer une nouvelle fois l’attention du lecteur
sur la deuxième partie du ch. 4 de ce livre, où nous avons médité sur la
lettre à Laodicée et entendu le jugement du Seigneur sur cette assemblée :
« Ainsi, parce que tu es tiède, et que tu n’es ni froid ni bouillant, je vais te
vomir de ma bouche » (Apoc. 3:16).
Aussi graves et humiliantes que soient les choses en elles-mêmes, c’est une grande bénédiction que Dieu nous fasse connaître Son jugement sur l’état de la chrétienté qui nous entoure. Nous devons apprendre à tout voir avec Ses yeux, afin de tout juger comme Lui le juge. Être en accord avec Lui et Ses pensées est toujours une chose réjouissante. Mais comment puis-je me détourner de quelque chose de faux, si je ne le reconnais même pas comme faux ?
C’est pourquoi nous devons nous pencher sur le vrai caractère de la chrétienté aujourd’hui à la lumière de la Parole de Dieu ; c’est pourquoi je vous demande ici de reconsidérer les explications du ch. 4. Car nous en sommes maintenant aux conclusions pratiques que nous devons tirer de tout ce que nous avons appris. Et là, la lettre à Laodicée (Apoc. 3:14-22) offre encore quelques enseignements importants venant de la bouche même du Seigneur, et qui jettent une lumière supplémentaire sur notre sujet. Je pense ici aux v. 19-21 de la deuxième partie de cette lettre, que j’ai volontairement gardés pour la présente considération.
Après s’être adressé dans les v. 14-18 à l’ange de l’assemblée,
c’est-à-dire à l’élément responsable dans l’assemblée, et avoir ainsi parlé
à l’assemblée comme telle, le Seigneur s’adresse à partir du v. 19 à l’individu,
et plus précisément au croyant individuel, qui peut encore se trouver
en
liaison avec le système chrétien mort de Laodicée
. Il lui dit :
« Je reprends et je châtie tous ceux que j’aime. Aie donc du
zèle, et repens-toi
» (v. 19).
Faisons bien attention : Le Seigneur ne châtie pas le monde ;
Il ne châtie que ceux qu’Il aime —
les fils
(cf. Prov. 3:11-12 ;
Héb. 12:5-6). Il veut les amener à se repentir de leur état et de leurs liens,
et dans Sa providence, Il utilise pour cela des voies d’éducation souvent
douloureuses. Il n’appelle pas l’église responsable, ni la chrétienté en tant
que telle, à la repentance — Il est sur le point de la vomir de sa bouche !
— mais dans Sa grâce et Son amour, Il s’occupe encore des Siens pour les corriger.
Il cherche à éveiller la conscience de ceux qu’Il aime.
Quelle consolation il y a dans cette pensée, chers amis, quand
nous pensons à toutes les souffrances, aux maladies graves et aux autres
malheurs par lesquels les Siens doivent passer, dans une mesure spéciale de nos
jours, me semble-t-il ! N’est-ce pas comme si, en ces jours de la fin, le
Seigneur redoublait Ses efforts d’amour pour nous instruire — en tant que de besoin
— y compris par une discipline, et pour nous préserver ou nous libérer du mal de
Laodicée
qui nous entoure partout comme l’air ? Le monde peut interpréter
de façon sarcastique les multiples souffrances du peuple de Dieu, mais nous
savons pourquoi le Seigneur nous les envoie. Il a en vue un objectif béni :
notre sanctification.
« Voici, je me tiens à la porte, et je frappe ; si quelqu’un
entend ma voix, et qu’il ouvre la porte, j’entrerai chez lui et je souperai
avec lui, et lui avec moi
» (Apoc. 3:20).
Dans quelle position sérieuse nous voyons ici le Seigneur !
Il se tient à la porte.
Il a pris Sa place en dehors du système chrétien
parce qu’Il ne peut pas s’unir avec son état moral corrompu. Mais l’autre côté
est tout aussi vrai : la chrétienté dans l’état de Laodicée
Lui a
fermé la porte. Elle Le laisse dehors, elle ne Le désire pas. N’est-ce pas là
un état de choses qui doit nous humilier profondément ?
Mais ensuite, le Seigneur fait quelque chose d’extrêmement consolant,
quelque chose qui est une expression charmante de l’affection de Son cœur pour
les Siens — Il frappe, non pas à la porte de Laodicée,
mais à la porte
du cœur des Siens individuellement (*).
Vois-tu, cher lecteur, Il ne t’a pas abandonné, Il frappe aussi à ta porte. Il
l’a certainement déjà fait à maintes reprises. N’as-tu jamais perçu le cher
Seigneur se tenir à la porte de ton cœur et demander à entrer ? Peut-être
que cet article que tu as sous les yeux fait-il partie de ces coups frappés à
la porte ? Il est plein de patience et de grâce et veut nous libérer, toi
et moi, non seulement des chaînes, mais aussi de l’esprit soporifique de
Laodicée
.
(*) Ce passage n’a rien à voir avec la prédication de l’évangile comme on le comprend souvent.
Entendre la voix du Seigneur Jésus est une chose, lui ouvrir
la porte en est une autre. Les deux sont nécessaires. Beaucoup s’arrêtent
à la première étape. Ils ont souvent entendu la voix du Seigneur, ils ont
écouté de bonnes méditations ou discours, ils ont eu des entretiens utiles et
ils ont saisi certaines choses, mais ils en sont restés là. Ils n’ont pas
ouvert la porte de leur cœur au maître. Il ne suffit pas, en effet, d’entendre
la voix du Seigneur. Ce qu’Il recherche, c’est l’obéissance, c’est suivre Sa
parole par amour pour Lui. C’est cela ouvrir la porte. « Si
quelqu’un m’aime,
il gardera ma parole, et mon Père l’aimera, et nous viendrons faire notre
demeure chez lui »
(Jean 14:23).
Peut-être es-tu, toi aussi, de ceux qui se trouvent encore dans
Laodicée
et qui, par les liens qu’ils entretiennent, déshonorent le
Seigneur. Il y a de nombreuses raisons de rester dans ces liens, certaines voix
te le conseilleront.
Mais ce n’est pas la voix du Seigneur, le Bon Berger, qui non
seulement vient
vers Ses brebis, mais les conduit
aussi toujours
hors de ce qui n’a plus Son approbation (Jean 10:3). Ne veux-tu pas ouvrir la
porte à Celui qui est mort pour toi et qui cherche à t’avoir avec tant d’amour ?
Quel dommage si, comme l’épouse du Cantique des cantiques, nous ne sommes pas
en état d’ouvrir au bien-aimé lorsqu’il frappe à la porte ! « Écoute !
c’est la voix de mon bien-aimé qui heurte : ouvre-moi,
ma sœur… ».
(Cant. 5:2 et suiv.).
Le Seigneur veut entrer chez celui qui entend Sa voix et ouvre
la porte, et Il veut souper (manger le repas du soir) avec lui
, et
inversement il souperait avec Lui
. Le Seigneur ne se laisse jamais faire
de cadeau, et si nous lui ouvrons la porte juste avant la fin du temps de la grâce
(c’est de cela que nous parle le mot souper
ou repas du soir)
, il
nous récompensera richement.
Il place ici deux bénédictions devant nous. Lui souperait avec
nous.
C’est la première bénédiction. Elle est en effet merveilleuse !
Quand Il entre chez nous, Il nous révèle toute Sa grâce. Oui, Il entre dans nos
circonstances et les partage avec nous. T’inquiètes-tu de ce que tes amis vont
penser si tu fais ce pas de foi, et te détournes de ce que tu as reconnu comme
faux à la lumière de Dieu ? As-tu peur des conséquences que pourrait avoir
la séparation vers Lui ? Lui connaît tout cela. Prends courage ! Lui
viendra à toi, Il s’abaissera jusqu’à toi en miséricorde, et te fera goûter
toute sa grâce — si tu Lui ouvres la porte.
La deuxième bénédiction dépasse encore la première. Il veut nous
offrir de souper
(prendre le repas du soir) avec Lui.
Il a à cœur
de nous élever jusqu’à Lui-même et Ses pensées, au-delà des circonstances qui
nous accablent ici. Il veut que nous soyons en communion avec Sa personne
hautement louée dans la gloire, avec Ses intérêts, oui, avec Son cœur. Cela ne
peut être que la joie la plus profonde. « Or notre communion est avec le Père et
avec son Fils Jésus Christ. Et nous vous écrivons ceci, afin que votre joie
soit accomplie
»
(1 Jean 1:3-4).
Quand le Seigneur parle de souper (prendre le repas du soir), je ne peux m’empêcher de penser à la scène touchante des disciples d’Emmaüs en Luc 24. Ils rentraient chez eux de Jérusalem, où leur Seigneur avait été crucifié trois jours plus tôt. Ne faisant qu’un avec Le méprisé et Le crucifié qu’ils croyaient encore mort, ils rentrent chez eux, abattus. Mais soudain, un inconnu se joint à eux, et leur parle en chemin, d’une manière incomparable des souffrances du Christ et des gloires qui les suivent (cf. 1 Pierre 1:11). Plus tard, ils devront confesser : « Notre cœur ne brûlait-il pas en nous quand il nous parlait en chemin et qu’il nous ouvrait les Écritures ? » (Luc 24:32).
Leur village est déjà en vue. L’étranger fait comme s’il voulait
aller plus loin. Laisseraient-ils cette personne mystérieuse poursuivre sa
route ? C’est alors qu’arrive sur leurs lèvres ce que Son cœur désirait, ce
pourquoi Il avait frappé à la porte de leur cœur en chemin : « Reste avec
nous, car le soir approche et le jour a baissé » (Luc 24:29). Il s’arrête donc
chez eux et devient leur hôte, pour souper avec eux. Mais de manière inattendue,
la situation change : l’invité devient celui qui reçoit. « Et il arriva
que, comme Il était à table avec eux, Il prit le pain et Il bénit ; puis,
l’ayant rompu, il le leur distribua
».
Maintenant, c’est Lui
qui soupe avec eux
. Et c’est à la fraction du pain qu’ils Le
reconnaissent. Auraient-ils vu sur Ses mains les marques des clous ?
Chers amis, nous ferons aussi la même expérience aujourd’hui. Si nous Lui ouvrons la porte, Il entrera dans nos circonstances. Plus encore, Il se fera connaître à nous, et rien n’est comparable à cela. Si nous Le faisons entrer personnellement, et il s’agit jusque-là d’une chose purement personnelle, Il pourra alors certainement nous rendre précieux ce qui est dans Son cœur pour les Siens dans un sens collectif, et nous conduira à apprécier les relations qu’Il a Lui-même nouées entre les saints.
Si, jusqu’à présent, nous avons considéré la première étape de
la préservation de l’unité de l’Esprit, et trouvé qu’elle consistait à se
séparer de tout mal, de tout ce qui est contraire à Christ et à la vérité de
Dieu, quelqu’un pourrait demander : « Dois-je alors suivre le chemin seul ?
La voie de Dieu est-elle pour moi l’isolement ?
La Parole parfaite de Dieu donne également à cette question une réponse claire et réjouissante :
« Si donc quelqu’un se purifie de ceux-ci, il sera un vase à honneur, sanctifié, utile au maître de maison, préparé pour toute bonne œuvre. Mais fuis les convoitises de la jeunesse, et poursuis la justice, la foi, l’amour, la paix avec ceux qui invoquent le Seigneur d’un cœur pur » (2 Tim. 2:21-22).
Tout d’abord, il convient de rappeler un principe de Dieu selon
lequel Il ne donne pas la force et la lumière pour un deuxième pas, avant que
le premier soit fait. Il s’ensuit que, ceux qui l’ont fait dans l’obéissance de
la foi, feront une expérience consolante et précieuse : séparés de cette
manière pour la communion du Saint Esprit, ils trouveront d’autres personnes
qui ont fait la même chose avant eux ; et ainsi ils pourront être ensemble
avec un cœur heureux dans l’unité de l’Esprit de Dieu. À ceux qui se purifient
des vases à déshonneur, Dieu fait trouver la communion de ceux « qui
invoquent le Seigneur d’un cœur pur »
(2 Tim. 2:22). « Avec ceux qui
» –
voilà la communion.
Ce n’est donc pas une voie solitaire, ni un isolement ;
mais comme nous vivons un jour mauvais, c’est un chemin étroit selon la communion
pratique et l’unité de l’Esprit, et même un chemin séparé de tout mal par l’Esprit
de Dieu. Mais dans l’étendue de ses principes
, cette communion englobe
toute l’assemblée de Dieu. Quant au terrain et au principe, ce chemin est assez
large
pour accueillir tout membre du corps de Christ ; mais il est
aussi assez étroit
pour écarter soigneusement du milieu des croyants le
mal qui déshonore le Seigneur. Car ceux qui sont rassemblés dans l’unité de l’Esprit
veilleront jalousement à ce que rien de mauvais dans la pratique et l’enseignement
ne les prive de la communion de l’Esprit.
Quel privilège, mais aussi quelle responsabilité, en ces jours
de désunion, d’avoir en vue et dans le cœur tous les
membres de Christ, y
compris ceux qui ne sont pas rassemblés de la même manière dans la communion de
l’Esprit ! Il n’y aucun enfant de Dieu sur la terre qui n’ait droit à mon
amour, à l’amour de tous les saints. Cet amour divin ne doit pas changer dans
la force de sa nature, mais il doit beaucoup changer dans sa manière de s’exprimer
selon les situations qu’il rencontre, — cet amour pour les frères ne doit
jamais être séparé de l’obéissance aux commandements de Dieu. « Par ceci nous
savons que nous aimons les enfants de Dieu, c’est quand nous aimons Dieu et que
nous gardons ses commandements » (1 Jean 5:2). Le véritable amour ne pourra
jamais abandonner le chemin de la vérité et de la lumière simplement parce que
d’autres frères ne le suivent pas. Mais il cherchera, « dans le lien de la paix »,
à guider les frères vers cette lumière, afin de marcher ensemble, avec le plus
grand nombre possible, sur le chemin à la gloire du Seigneur. Gardons à l’esprit
que nous ne pourrons jamais rendre le mal bon en le mélangeant avec le bien !
Si nous voulons garder l’unité de l’Esprit, ne cherchons donc
pas où il pourrait y avoir des enfants de Dieu ! Où n’en trouverons-nous pas ?
Ils peuvent être liés ici à du mal moral, là à la fausse doctrine. Ne cherchons
pas non plus où l’on trouve le plus d’amour pratique et de serviabilité. Si l’amour
n’est pas accompagné de la vérité, ce n’est pas l’amour divin. L’amour « se
réjouit avec la vérité » (1 Cor. 13:6). Non, ce n’est pas le chemin qui mène au
but.
L’unité de l’Esprit
n’est justement pas une simple communion
de chrétiens
, que
beaucoup ont tenté d’atteindre sous différents
prétextes. Des gens ont déjà fait beaucoup d’unités et y joignent le nom de
Christ, les appelant une église
ou même l’église
. Mais le chemin
du croyant est plus simple et plus humble : il lui suffit d’examiner, à l’aide
de la Parole de Dieu, où se réalise l’unité de l’Esprit. C’est le Saint Esprit
qui réunit les enfants de Dieu en un seul et les rassemble autour de la
personne de Christ Lui-même. C’est seulement là où l’on est ainsi rassemblé
autour de Lui comme centre que, comme le dit le Seigneur Jésus lui-même, « Je
suis au milieu d’eux » (Matt. 18, 20).
Garder l’unité de l’Esprit est incompatible avec un esprit d’indépendance.
Prenons un petit exemple pour expliquer ce point. Supposons — et l’Esprit Saint
a souvent réussi à opérer ceci — qu’un groupe de chrétiens simples, se sépare
des systèmes chrétiens et se rassemble simplement autour du Seigneur Jésus. Ils
peuvent n’avoir aucune compréhension du fait que la reconnaissance d’un seul
corps est la base divine du rassemblement. Ils n’ont peut-être jamais entendu
parler de l’unité de l’Esprit. Pourtant, en se séparant de ce qu’ils ont
reconnu comme faux par l’Esprit, ils sont nécessairement liés à tous ceux qui,
en tant qu’objets de la même action de l’Esprit de Dieu, ont déjà parcouru ce
chemin avant
eux, et ont déjà acquis une plus grande compréhension de la
base divine du rassemblement. Mais combien il est facile de s’en écarter et d’entrer
en contact avec n’importe quelle sorte de mal ! Cependant, même si l’ennemi
ne parvient pas à le faire, ou pas tout de suite, il est impossible de supposer
qu’ils puissent se réunir selon la pensée de Dieu avec une intelligence
éclairée par l’Esprit, et ignorer en même temps ce que le même Esprit a opéré
chez d’autres avant eux.
La Parole de Dieu ne connaît pas et ne permet pas une telle indépendance. Cependant, si ces chrétiens, qui étaient rassemblés au départ au nom du Seigneur par la puissance de l’Esprit de Dieu en toute simplicité, maintiennent une position indépendante, ils se mettraient pratiquement en dehors de l’unité de l’Esprit. Quelle tristesse de voir ce qui a commencé par l’Esprit se terminer par la chair — dans une nouvelle secte !
Or, même si ceux qui se rassemblent au seul nom du Seigneur
Jésus, selon Matthieu 18:20, ne sont qu’un Résidu — le Seigneur Jésus parle de deux
ou trois —
notons qu’il y a trois choses qui ont toujours caractérisé un Résidu
fidèle, depuis toujours et en tout temps :
L’Esprit de Dieu ne prédit pas que ce siècle se terminera par l’acceptation générale de la vérité de Dieu et par la justice et la paix universelles, mais Il prédit une apostasie générale. Nous avons vu cela dans ce qui précède. Mais même dans ce cas, Il a un Résidu qui est vrai pour Lui. Ce Résidu est vu prophétiquement dans la lettre à Philadelphie (Apoc. 3:7-13).
Le terme Résidu
est une expression touchante, car il
place devant nos cœurs quelque chose qui vient de l’origine. Mais c’est aussi
une expression humiliante. En effet, si tous étaient restés fidèles, il n’y
aurait pas de Résidu. L’ensemble serait resté. Mais quand la masse s’est
écartée, il est extrêmement consolant de trouver un Résidu de ce que l’ensemble
aurait dû être et rester. Et lorsqu’un Résidu fidèle se sépare du mal de la
chrétienté, le Seigneur lui donne le privilège d’aller de l’avant à la lumière
de l’Assemblée de Dieu et dans l’unité de l’Esprit, aussi grande que soit la
ruine qui l’entoure.
Ils ne sont
pas l’Assemblée. Ils ne prétendront jamais l’être.
Ils n’auront même pas la prétention d’être le Résidu. Mais ils sont guidés, en
ce qui concerne leur culte et leurs réunions d’édification et de prière, par
les principes que Dieu a donnés pour ordonner tous les détails de Son
assemblée, quand les choses étaient encore bonnes. En effet, les principes de
Dieu ne sont pas mis de côté par une quelconque ruine, aussi grave soit-elle.
Le Résidu le sait et agit en conséquence. En conséquence, le Résidu possède
tous les privilèges de l’assemblée de Dieu, et même la présence personnelle du
Seigneur Jésus Lui-même. Avec Lui au milieu, ils sont dignes de représenter Son
assemblée sur la terre.
Au Résidu fidèle, le Seigneur Jésus donne aussi Son approbation
et Son assentiment : « Car tu as peu de force, tu as gardé ma parole et
tu n’as pas renié mon nom »
(Apoc. 3:8).
demeurent éternellement, tout comme la Parole du Seigneur elle-même demeure éternellement (1 Jean 2:17 ; 1 Pierre 1:25).
Seigneur Jésus Christ —Jacques l’appelle le
beau nom(Jacq. 2:7) — englobe toute la vérité sur Sa Personne, Son œuvre et Son autorité. Le Résidu tient ferme à cela, il n’en partage rien avec un monde qui Le rejette. Il confesse ce nom devant les hommes, c’est-à-dire qu’il reconnaît Sa divinité absolue, Son humanité parfaite, il Le reconnaît comme le Sauveur, l’Instructeur, le Seigneur, l’Avocat et le Souverain Sacrificateur des Siens. Il ne reconnaît aucun autre Nom que le Sien, comme centre et comme point de ralliement. Heureuses gens ! Ils ont déjà au milieu d’eux Celui qui sera le centre du ciel dans l’éternité.
Ne voulons-nous pas, nous aussi, faire partie de ce Résidu qui entendra un jour les paroles d’approbation de la bouche de notre cher Seigneur ? Alors, sortons vers Lui (Héb. 13:13) et gardons les yeux fixés sur Lui au milieu des vagues écumantes de notre époque, jusqu’à ce que nous atteignions en toute sécurité le port tant désiré pour le repos et la félicité éternels !
« Il arrête la tempête, la changeant en calme, et les flots se
taisent. Et ils se réjouissent de voir les eaux apaisées, et Il les conduit au
port qu’ils désiraient »
Ps. 107:29-30.