Chaque Jour les Écritures — Livre de Job

Table des matières :


1 - Job 1:1 à 12

2 - Job 1.13 à 22

3 - Job 2:1 à 13

4 - Job 3:1 à 26

5 - Job 4:1 à 21

6 - Job 5:1 à 27

7 - Job 6:1 à 30

8 - Job 7:1 à 26

9 - Job 8:1 à 22

10 - Job 9:1 à 21

11 - Job 9:22 à 35

12 - Job 10:1 à 22

13 - Job 11:1 à 20

14 - Job 12:1 à 26

15 - Job 14:1 à 22

16 - Job 15:1 à 16

17 - Job 16:1 à 22

18 - Job 17:1 à 16

19 - Job 18:1 à 21

20 - Job 19:1 à 20

21 - Job 19:21 à 29; 20:1 à 29

22 - Job 21:1 à 34

23 - Job 22:1 à 30

24 - Job 23:1 à 17

25 - Job 25:1 à 6; 26:1 à 14

26 - Job 27:1 à 26

27 - Job 28:1 à 28

28 - Job 29:1 à 25

29 - Job 30:1 à 31

30 - Job 31:1 à 12 et 29 à 40

31 - Job 32:1 à 22

32 - Job 33:1 à 22

33 - Job 33:23 à 33; 34:1 à 15

34 - Job 34: 16 à 37

35 - Job 35:1 à 16

36 - Job 36: 1 à 21

37 - Job 22 à 33; 37:1 à 4

38 - Job 37: 5 à 24

39 - Job 38:1 à 18

40 - Job 38:19 à 38

41 - Job 39:1 à 26

42 - Job 39:22 à 38

43 - Job 40:1 à 27

44 - Job 41:1 à 25

45 - Job 42:1 à 17


1 - Job 1:1 à 12

Le livre de Job est différent de ceux qui le précèdent. C'est un livre poétique : il est très ancien, enfin ses personnages sont choisis en dehors du peuple d'Israël. Car la leçon qu'il contient concerne non seulement la famille d'Abraham mais toute créature. Demandons à Dieu de nous l'enseigner en même temps qu'à Job. — « Il n'était pas utile de nous donner un long récit de la prospérité de Job ; par contre le Saint Esprit nous raconte en détail tout ce qui a eu lieu pendant ses épreuves. Il en valait la peine et ce récit profitera aux enfants de Dieu jusqu'à la fin des temps » (J. N. D.).

Les premiers versets (1 à 5) nous apprennent donc brièvement qui est cet homme, ce qu'il possède, ce qu'il fait pour les siens. Les suivants nous révèlent ce qui se passe au ciel à son sujet. L'Accusateur redoutable entre en scène (Apoc. 12:10). Mais remarquons deux faits rassurants : 1 ° C'est Dieu qui engage l'action le premier. 2° La permission qu'il accorde à Satan est rigoureusement limitée. Enfin n'oublions jamais la question de Rom. 8:33… ni le v. 28 du même chapitre. Nous allons voir « toutes choses » (les épreuves après la prospérité) travailler ensemble pour le bien de celui qui craint Dieu.


2 - Job 1.13 à 22

Jusqu'ici l'Éternel avait entouré son serviteur Job d'une haie de protection (v. 10). Une barrière invisible protège ainsi les croyants à la fois contre les attaques du dehors et contre leur propre tendance à quitter le lieu de la bénédiction. Les enfants de parents chrétiens par exemple sont gardés par l'enseignement reçu à la maison et dans les réunions. Qu'ils ne renversent pas délibérément cette haie ! (Eccl. 10:8).

Satan a obtenu la permission d'agir (comp. Luc 22:31). Il choisit le jour favorable et, avec un empressement qui souligne sa haine, il frappe le malheureux Job de quatre coups successifs. En un moment notre patriarche, sans avoir pu reprendre haleine (ch. 9:18), se trouve dépouillé de toute sa prospérité et privé de ses dix enfants. Debout au milieu de ces ruines, il n'en est pas ébranlé, montrant que sa confiance ne reposait pas dans les biens reçus, mais en Celui qui les avait donnés. « Est-ce pour rien que Job craint Dieu ? » avait insinué le diable (v. 9). Par grâce, Job lui donne tort ; même lorsqu'il n'a plus rien, il continue de craindre Dieu. Satan avait affirmé : « Tu verras s'il ne te maudit pas » (v. 11).

Que le nom de l'Éternel soit béni ! s'écrie Job quand tout lui est ôté (v. 21). Il met en pratique l’exhortation particulièrement difficile à réaliser : « En toutes choses rendez grâces » (1 Thess. 5:18).


3 - Job 2:1 à 13

Avec la permission de l'Éternel, Satan a lancé un nouvel assaut contre Job. Il s'attaque cette fois à sa personne. C'en est trop pour la femme de Job. « Maudis Dieu et meurs », s'écrie-t-elle. Nouvelle épreuve pour notre patriarche ! Sa propre femme est l'instrument de l'Ennemi pour l'amener à « maudire Dieu en face » (comme Satan s'y était engagé : 1:11; 2:5). Mais il reste ferme, recevant le mal comme le bien « de la part de Dieu » (v. 10; Lam. 3:38). Nous qui nous irritons souvent pour si peu, admirons et imitons l'exemple de cet homme de Dieu. Notre tendance est toujours de nous arrêter aux causes visibles de nos difficultés. Mais pour Job ce ne sont pas ceux de Sheba, ni les Chaldéens, ni même Satan, qui sont responsables de ses malheurs. Il reconnaît la main de Dieu derrière ces agents (seulement il ne sait pas encore que c'est une main d'amour). Et nous avons un modèle incomparablement plus grand : Celui qui recevait tout de la main de son Père, y compris la coupe de la colère de Dieu contre le péché (Jean 18:11).

Le chapitre se termine sur une scène impressionnante : Job et ses trois amis, assis muets pendant sept jours, devant une douleur sans pareille et en présence d'un mystère profond.


4 - Job 3:1 à 26

Comme des vagues successives, sept épreuves ont déferlé sur Job. L'Ennemi (dont la haine est toujours excitée par l'amour que Dieu porte aux siens) a frappé le patriarche à cinq reprises : dans ses biens (trois fois), dans ses enfants, puis dans sa santé. Le sixième coup, particulièrement perfide, a été porté par sa propre femme, mais l'homme de Dieu est resté inébranlable. Vient alors la dernière de ces « sept détresses » (ch. 5:19), d'un côté qu'il n'attendait pas. Trois amis se sont concertés pour faire à Job une visite de condoléances. Et ce que les assauts furieux de Satan n'ont pas réussi à produire, la démarche de ces consolateurs va l'accomplir. À ce propos remarquons combien il est difficile de faire une bonne visite à quelqu'un qui passe par l'épreuve, et combien il est important de la préparer dans la prière. Ces hommes sont là, silencieux, qui considèrent dans sa désolation celui qu'ils avaient connu et honoré dans sa prospérité. Leur donner en spectacle sa misère, être pris en pitié, est plus que Job n'en peut supporter. L'amertume longtemps contenue déborde enfin. En termes déchirants Job « maudit son jour » ; il voudrait n'être jamais né. Il souhaite la mort. Mais dans sa sagesse et son amour, Dieu n'avait pas permis à Satan d'aller jusque-là.


5 - Job 4:1 à 21

À leur tour les amis de Job prennent la parole. Ces consolateurs, que vont-ils dire de consolant ? Ces sages, avec quelle sagesse vont-ils instruire leur ami malheureux et calmer son désespoir ? Auront-ils, comme plus tard le divin Docteur, cette langue des savants qui sait « soutenir par une parole celui qui est las ? » (És. 50:4). Au contraire, leurs discours ne feront qu'exaspérer peu à peu le pauvre Job ! Ce n'est pas que leurs arguments soient toujours faux ! Nous y trouvons de grandes vérités qui font partie de la Parole inspirée. Certains versets sont même cités dans le Nouveau Testament (par ex. ch. 5:13 en 1 Cor. 3:19). Mais Éliphaz, Bildad et Tsophar feront de ces vérités une fausse application au cas de Job. Comme ces trois hommes, nous pouvons connaître beaucoup de vérités… et les citer mal à propos. « Une parole dite en son temps, combien elle est bonne » (Prov. 15:23).

Éliphaz dans les v. 3 et 4 rend un bon témoignage à Job qui, avant d'être lui-même sous la discipline, avait redressé les mains lassées et les genoux défaillants (Hébr. 12:12). Eh bien, lui dit assez brusquement son ami, puisque c'est ton tour d'être atteint par le malheur, mets donc en pratique ce que tu enseignais aux autres (voir Rom. 2:21).


6 - Job 5:1 à 27

Le thème principal que les trois amis vont développer de diverses manières dans leurs discours est le suivant : Dieu est juste. Il n'aurait pas frappé Job si sévèrement si celui-ci ne l'avait pas mérité. Toutes ses épreuves sont une punition, un jugement. Qu'il confesse ses péchés et il sera rétabli ! Or nous savons par le commencement du récit que Job ne s'était rendu coupable d'aucune faute particulière. L'Éternel lui-même disait à Satan : « Tu m'as incité contre lui pour l'engloutir sans cause (ch. 2:3). Il était donc faux de considérer son épreuve comme un châtiment. Mais, à l'exception de ce mot, les v. 17 et 18 sont un admirable résumé de toute son histoire. Rapprochons-les de Prov. 3:11 et 12, cité en Hébr. 12:5 et 6: « Mon fils, ne méprise pas l'instruction de l'Éternel, et n'aie pas en aversion sa réprimande ; car celui que l'Éternel aime, il le discipline ». L'Éternel avait bien quelque chose à reprendre et à redresser chez son serviteur : c'était un esprit de propre justice. Il avait fait la plaie, mais il allait aussi la guérir pour le bonheur de Job. — Celui que le Seigneur aime ! Quelle consolation extraordinaire ! La tempête que Satan déchaîne est finalement pour le croyant une preuve de l'amour divin.


7 - Job 6:1 à 30

Chaque discours de l'un de ses amis donne lieu à une réponse de Job. Il sent bien que son chagrin excessif lui fait prononcer des « paroles outrées (v. 3). Méfions-nous de ce qui peut nous échapper sous le coup de l'excitation… ou de la colère (Prov. 29:20). « Quelle est ma fin pour que je patiente ? » demande Job au v. 11. « La patience de Job » à laquelle l'épître de Jacques rend témoignage, n'avait tenu bon que jusqu'à la sixième épreuve. Et avant qu'il puisse connaître « sa fin », ou plutôt la merveilleuse « fin du Seigneur » (son but) envers lui, il était nécessaire précisément que cette patience ait eu « son oeuvre parfaite » en lui. C'est l'épreuve de la foi qui la produira (Jacq. 1:3, 4 et 5:11). Comme Job, nous sommes toujours pressés de connaître la fin de ce qui nous arrive. Mais Dieu, dans sa sagesse, ne nous la révèle généralement pas d'avance, de manière à nous enseigner la vraie patience, celle qui n'a pas besoin de comprendre pour se soumettre et compter sur lui.

Job a appris une première leçon, à savoir qu'il n'y a pas de secours en lui-même, que toute capacité est chassée loin de lui (v. 13). C'est une bonne chose que d'avoir compris cela. Et point n'est besoin d'avoir traversé autant d'épreuves pour en être convaincu. Croyons simplement ce que nous en dit la parole de Dieu.


8 - Job 7:1 à 26

La détresse de Job, écrasé dans son corps, torturé dans son âme, face à un Dieu dont le silence le remplit de frayeur, peut aider ceux qui, comme lui, passent par le découragement, ne comprenant pas le but de leur épreuve. Comme lui, à la fin du livre, ils n'en connaîtront le sens que par un acte de foi. Ce n'est plus à Éliphaz, mais à l'Éternel que Job adresse la fin de son discours. Il fait un bref tableau de la condition pitoyable de l'homme sur la terre. Labeur, soupirs, déception, misère, agitation, amertume, détresse, dégoût, vanité, sont les expressions qu'il emploie, et qui ne résument que trop bien l'expérience humaine. Mais le mot clé n'a pas encore été prononcé, celui qui est, qu'on le reconnaisse ou non, la cause première des malheurs de l'homme. Finalement Job s'écrie : « J'ai péché » (v. 20). Mais il ajoute : « Que t'ai-je fait ? », comme si le péché n'était que cela : une source de misère pour l'homme, alors qu'il est d'abord et surtout une offense à Dieu.

D'une manière générale c'est tout ce cheminement de pensée que Dieu s'efforce de produire chez quelqu'un qu'il éprouve : constatation de son malheureux état, conviction de péché et confession à Dieu.

À la question désespérée des v. 17 et 18, le Ps.8 apporte la glorieuse réponse en présentant Christ, le Fils de l'Homme, le dernier Adam (1 Cor. 15:22. 45).


9 - Job 8:1 à 22

Écoutons maintenant ce que Bildad va dire. N'osant pas encore affirmer ouvertement que les malheurs de Job résultent de ses propres péchés, il commence par parler de ses fils. Pour lui la question est simple : la mort des enfants de Job est la conséquence de leur transgression (v. 4). Ils ont péché et Dieu les a frappés. Cruelle parole pour cet homme pieux dont nous connaissons l'heureuse habitude : il se levait de bonne heure pour offrir des holocaustes pour ses fils (ch. 1:5). C'est comme si son ami lui disait : Tes prières étaient inutiles ; Dieu ne t'a pas écouté et n'a pas voulu sauver tes enfants.

Les trois amis ne connaissent Dieu que comme un juste juge. Certes, la justice du Tout-puissant (v. 3) est un côté de la vérité. Elle est même si parfaite que lorsque son propre Fils s'est chargé de nos péchés, Dieu a été obligé de le frapper de sa colère. Mais la croix, où a été donnée cette preuve suprême de sa justice, nous apporte en même temps la plus merveilleuse preuve de son amour. En ne parlant aux hommes que de justice sans amour, on les pousse au découragement ou à se justifier eux-mêmes. C'est le double effet que produiront sur Job les raisonnements de ses amis.


10 - Job 9:1 à 21

Bildad a souligné la justice inflexible de Dieu. Job ne peut faire autrement que d'être d'accord avec lui. Mais alors il soulève la grande question : « Comment un homme sera-t-il juste devant Dieu ! » (v. 2). Elle a tourmenté beaucoup de sages et de penseurs depuis les origines du monde ! La réponse n'est pas dans les raisonnements des philosophes et des moralistes. Elle n'est pas même dans les oeuvres puissantes du Créateur, dont Job donne ici quelques exemples. C'est dans la parole de Dieu que nous la trouvons ! Après avoir établi qu'« il n'y a point de juste, non pas même un seul ». elle nous annonce la bonne nouvelle : nous sommes « justifiés gratuitement par sa grâce, par la rédemption qui est dans le Christ Jésus… ». Et en même temps : « l'homme est justifié par la foi… » (Rom. 3:10, 24, 28 — voir aussi Tite 3:7: 1 Cor. 6:1 1: Gal. 3:24).

À partir du v. 15 Job exprime sa totale impuissance. Entre Dieu et lui, la lutte est inégale. Il s'estime écrasé par un juge impitoyable qui sans cause multiplie ses blessures (v. 15, 17). Triste pensée pour un croyant ! — Nous possédons un tendre Père en Jésus. Qu'aucune circonstance, si pénible soit-elle, ne nous le fasse oublier !


11 - Job 9:22 à 35

Au ch. 7 v. 6 Job avait comparé la fuite de ses jours à la navette du tisserand. Il emploie ici l'image d'un coureur, puis celle des barques légères emportées par un fleuve, enfin celle d'un aigle qui fond sur sa proie (v. aussi Jacq. 4:14 et Ps. 39:5). Jeune on ne le réalise guère, par contre le témoignage de tous les vieillards est unanime : la vie est en réalité vite passée. Et nous n'en avons qu'une seule à vivre.

Non, il n'est pas possible de les retenir, ces jours qui s'échappent sans retour. Par contre, la manière dont nous les remplissons peut leur donner une valeur éternelle. Employé pour le monde, le temps se dissipe en vanités mensongères. Mais s'ils sont utilisés pour le Seigneur, les courts moments pendant lesquels nous sommes sur la terre peuvent porter un fruit qui demeure (Jean 15:16).

Nous adressons une exhortation toute spéciale à ceux d'entre nos lecteurs qui n'appartiendraient pas encore au Seigneur : Cette rapide fuite des jours incite bien des personnes à jouir de la vie. « De l'heure fugitive, hâtons-nous, jouissons ; L'homme n'a point de port, le temps n'a point de rive… » — a dit un poète. Mensonge ! Il y a une rive (Marc 4:35), il existe un port (Ps. 107:30). Préparez-vous à y aborder en sûreté !


12 - Job 10:1 à 22

« Prends-tu plaisir à opprimer ? » Telle est la question que, dans son amertume, Job voudrait poser à Dieu (v. 3). L'Écriture lui répond par un verset qu'il ne faut jamais oublier dans nos épreuves : « Ce n'est pas volontiers qu'il afflige et contriste les fils des hommes » (Lam. 3:33). À plus forte raison quand il s'agit de ses enfants.

Comme Job dans les v. 8 à 12, David au Ps 139 (v. 14 à 16) s'émerveille de la manière dont il a été créé. Et il conclut de même : Celui qui m'a ainsi « façonné,… tissé d'os et de nerfs », me connaît jusqu'au fond de l'âme. Comment serait-il possible de lui cacher quoi que ce soit ? La lumière de Dieu, ses yeux qui scrutent le péché, voilà ce qui met Job mal à l'aise (v. 6: ch. 13:9). Il se sent devant l'Éternel comme une proie chassée par un lion (v. 16). De même l'auteur du Ps. 139 cherche d'abord à s'abriter des regards de Dieu. Mais à la fin il en vient à désirer être sondé et connu par lui. Quel progrès quand nous en sommes arrivés là !

« Tes soins ont gardé mon esprit », reconnaît Job (v. 12). À défaut de ces soins, qui sait jusqu'où il aurait sombré ? Peut-être jusqu'à maudire Dieu ou à s'ôter la vie (ch. 2:9) ? Réalisons à quel point notre esprit, si vite excité ou au contraire abattu, a besoin d'être gardé par le Seigneur !


13 - Job 11:1 à 20

Tsophar prend la parole à son tour. Étrange consolateur en vérité ! Plus sévère encore que ses deux compagnons, il commence par accuser Job d'être un bavard (v. 2), un menteur et un moqueur (v. 3). Il parle ensuite de son iniquité (v. 6). Et, à partir du v. 13, il dresse un tableau de ce qu'à son avis il faut faire pour être béni par Dieu : Si tu fais ceci, si tu fais cela… ! Cette disposition d'esprit s'appelle le légalisme. Déjà Éliphaz avait engagé Job à mettre sa confiance, non en Dieu, mais dans sa propre crainte de Dieu, dans l'intégrité de ses voies (ch. 4:6). Et Job n'était justement que trop disposé à s'appuyer sur lui-même — plutôt que sur l'Éternel. Ceci nous montre à quel point le cœur humain est imbu de propre justice. Même un croyant est exposé à cet esprit légal qui conduit à penser du bien de soi et par voie de conséquence à sous-estimer l'immensité de la grâce de Dieu. Les v. 7 à 9 posent précisément des questions au sujet de l'infini de Dieu dans toutes ses directions : hauteur, profondeur, longueur, largeur. Quel mortel peut les apprécier ? Éph. 3:18, 19 apporte la réponse : Par l'Esprit, tous les saints peuvent être rendus « capables de comprendre quelle est la largeur et la longueur, et la profondeur et la hauteur, — et de connaître l'amour du Christ qui surpasse toute connaissance ».


14 - Job 12:1 à 26

Les lieux communs que Tsophar vient d'énoncer comme si Job lui était inférieur en connaissance n'ont fait qu'humilier et vexer celui-ci. Non seulement il n'a pas été l'objet de la miséricorde qu'il était en droit d'attendre de la part de ses amis (ch. 6:14), mais il constate qu'il est devenu leur risée ! (v. 4: voir aussi ch. 17:2: 21:3: 30:1: Ps. 35:15). Comment ne pas évoquer les hochements de tête de ceux qui passaient devant le « Juste parfait » crucifié, en se moquant : « Il s'est confié en Dieu ; qu'il le délivre maintenant, s'il tient à lui » (Matth. 27:43) ? En d'autres termes : Si Dieu ne le délivre pas, c'est bien la preuve qu'il a mérité sa colère. (En somme, c'est ainsi que raisonnent les amis de Job à son sujet.) « Nous l'avons estimé battu, frappé de Dieu et affligé » — dira le peuple juif repentant quand il reviendra à Jésus son Sauveur (És. 53:4). Oui, Christ, précisément parce qu'il était le juste parfait, a connu et ressenti plus que personne l'amertume des accusations injustes. Mais sa confiance en son Dieu et son entière soumission n'ont pas été ébranlées (Ps. 56:5, 6, 11).

Quel contraste avec Job qui n'a pu supporter ni la moquerie ni les accusations mensongères et qui pendant trois chapitres (12 à 14) va se faire l'avocat de « sa juste cause » (ch. 13:18).


15 - Job 14:1 à 22

Beaucoup de personnes se font de Dieu la même image que Job : un Être tout-puissant qui agit arbitrairement, sans rendre de comptes à personne et dont les voies sont incompréhensibles. L'homme est entièrement à sa merci, telle une feuille chassée par le vent (ch. 13:25), et tout ce qu'il peut faire, c'est chercher à s'abriter de ses coups le mieux possible. Ce « fatalisme » se retrouve dans la plupart des religions orientales. Il est bien vrai que Dieu est tout-puissant et agit de manière souveraine. Il est également vrai que l'homme est faible et dépendant : qu'il sort « comme une fleur, et il est fauché » (v. 2: 1 Pier. 1:24). Mais il n'est pas vrai que Dieu se joue de l'homme en le dominant pour son plaisir (v. 20). Au contraire, il a soin de sa créature et ne brise pas « le roseau froissé » (És. 42:3 Matth. 12:20). « Qui est-ce qui tirera de l'impur un homme pur ? » demande Job (v. 4). Plus loin il s'écrie : « Ma transgression est scellée dans un sac… » (v. 17). Il n'a pas conscience de la plénitude de la grâce, comme c'est toujours le cas quand on est occupé de sa propre justice. Chacun de nous connaît-il Celui qui purifie parfaitement le pécheur souillé et qui a jeté dans les profondeurs de la mer le « sac » pesant contenant tous ses péchés ? (Michée 7:19).


16 - Job 15:1 à 16

Un nouveau débat s'est ouvert. Chaque interlocuteur reprendra la parole dans le même ordre que la première fois. Coup après coup, les trois compagnons enfonceront leur accusation dans la conscience de Job, comme on enfonce un clou : Tu es un hypocrite, un homme rusé. Si tu n'étais pas coupable tu ne te défendrais pas avec autant de paroles. Qui s'excuse s'accuse — dit le proverbe (v. 5 et 6).

Les trois amis de Job sont des moralistes, chacun ayant sa théorie et sa méthode. Éliphaz s'appuie sur l'expérience humaine : ce qu'il sait (v. 9), ce qu'il a vu (v. 17). Bildad par contre se réfère volontiers aux anciennes traditions (par ex. ch. 8:8). Quant à Tsophar, nous l'avons remarqué, ses arguments sont inspirés du plus pur légalisme. Mais aucun des trois ne se fonde sur ce que Dieu a dit. N'ayant que ces bases incertaines, ne nous étonnons pas s'ils errent, « ne connaissant pas les écritures… » (Matth. 22:29). La parole de Dieu est la seule source à laquelle nous puissions nous fier pour nous-mêmes et pour aider ceux qui sont placés sur notre chemin. Un jeune, un enfant même, qui la connaît, a plus d'intelligence qu'un vieillard à cheveux blancs (v. 10) dont la sagesse ne s'appuie que sur sa propre expérience (Ps. 119:99, 100).


17 - Job 16:1 à 22

« Vous êtes tous des consolateurs fâcheux », répond Job à ses visiteurs (v. 2). Voici comment j'agirais si vous étiez à ma place et moi à la vôtre (v. 5). Pour sympathiser réellement avec quelqu'un, il est nécessaire d'entrer dans son épreuve comme si nous la subissions nous-même (Hébr. 13:3). Jésus ne guérissait pas un malade sans avoir senti d'abord tout le poids de sa souffrance. « Lui-même a pris nos langueurs, et a porté nos maladies » (Matth. 8:17). Aussi mérite-t-il ce nom d'ami (Matth. 11:19) qui convient si mal aux trois visiteurs de Job.

Au v. 9, Job se voit frappé de la colère de Dieu. Au v. 10, il exprime ce qu'il endure de la part des hommes. L'épreuve de Job a été multiple. Mais qu'est-elle en comparaison de ce que Christ a souffert, lui qui « n'avait fait aucune violence » ? (És. 53:9; comp. v. 17). Il a subi de la part des hommes animés par Satan, puis de la part de Dieu durant les trois heures de ténèbres de la croix, des souffrances inexprimables. Maintenant son sang répandu sauve les croyants et accuse le monde. Il est lui-même dans les cieux pour nous, le Témoin de notre justification (v. 19). Il est aussi, auprès de Dieu l'Arbitre ou le Médiateur (note) dont Job sentait la nécessité (v. 21).


18 - Job 17:1 à 16

Job, dans sa douleur, ne voit pas d'autre issue que la mort et l'appelle à son secours. Ceci aurait dû prouver à ses amis qu'il n'avait pas mauvaise conscience. S'il avait été coupable comme ils l'en accusaient, n'aurait-il pas redouté de paraître devant Dieu ?

Ses paroles se font toujours plus déchirantes : « le suis devenu un homme auquel on crache au visage » (v. 6). Cet outrage odieux et infâmant a été infligé à notre Sauveur (És. 50:6; Marc 14:65 et 15:19). L'homme a montré toute la bassesse dont il est capable en insultant aussi lâchement Celui qui était sans défense et déjà dans le plus profond abaissement volontaire !

« Les hommes droits en seront étonnés » continue Job au v. 8. Quelle chose incompréhensible en effet, que de voir « le juste abandonné » ! (Ps. 37:25). Un tel spectacle risquait de renverser la foi de plusieurs en la justice de Dieu (comp. Ps. 69:6).

« Mes desseins sont frustrés — s'écrie Job — les plans chéris de mon cœur », (v. 11). Il arrive en effet que Dieu se mette en travers de notre chemin pour nous amener à sonder nos coeurs et à y découvrir des projets que nous caressions mais qui n'avaient pas son approbation (Prov. 16:9; 19:21). Et disons-nous bien que lorsqu'il ferme une porte devant nous, c'est parce qu'il sait qu'il n'y a rien de bon pour nous derrière elle.


19 - Job 18:1 à 21

En accablant leur ami, Éliphaz, Bildad et Tsophar travaillent sans s'en rendre compte à ébranler sa foi.

Accuser quelqu'un, c'est faire l'oeuvre habituelle de Satan. Non seulement celui-ci attaque le croyant devant l'Éternel, comme nous l'avons vu faire aux ch. 1 et 2, mais encore il l'accuse au dedans de lui-même en lui inspirant des doutes : « Tu n'as pas la vraie sorte de foi ! Tu n'es pas sauvé ! Tu vois bien que Dieu t'abandonne ! Si tu étais un enfant de Dieu, tu ne te conduirais pas ainsi ».

Et les premiers doutes semés en amènent d'autres, car l'Ennemi en profite pour souffler ensuite : « Puisque tu as des doutes, c'est la preuve que tu n'as pas la foi ; un croyant ne peut pas douter. »

Repoussons avec énergie ces « dards enflammés du méchant ». Par quel moyen ? En nous servant du « bouclier de la foi », autrement dit la simple confiance en Dieu et dans les promesses de sa Parole (Éph. 6:16).

Bildad évoque le roi des terreurs (v. 14). C'est la mort, menace permanente, vers laquelle tout homme est contraint de marcher sans savoir quand il la rencontrera. Mais pour le croyant elle n'est plus un sujet d'effroi. Jésus en affrontant lui-même volontairement la mort, a rendu impuissant Satan qui en avait le pouvoir (Hébr. 2:14).


20 - Job 19:1 à 20

« Jusques à quand ? » — avait demandé Bildad (ch. 18:2). — jusques à quand ?… réplique Job dont le ton s'échauffe. Il n'y a en effet pas de raison pour que prenne fin ce « dialogue de sourds » où chacun poursuit son idée. « Job pense que Dieu est contre lui sans raison ; ses amis que Dieu est contre lui avec raison. En fait tous se trompent ; Dieu est pour Job » (A.G.) (comp. Lam. 3:1…).

Nous qui sommes, pour la plupart, entourés de l'affection et de la compréhension des nôtres — et que dire de celle de l'Ami suprême ! — pensons combien Job a dû se sentir seul dans une telle douleur sans pouvoir ouvrir son cœur à personne ! Les v. 13 à 19 nous donnent un écho poignant de ce sentiment de solitude d'autant plus grande qu'il croit précisément avoir Dieu contre lui : « Il a allumé contre moi sa colère… » s'écrie-t-il (v. 11). Non Job ! La colère divine que nous avions toi et moi méritée a frappé quelqu'un d'autre à notre place. Ceux qui appartiennent à Jésus ne la connaîtront jamais.

Ayant devant lui l'abandon de Dieu, Christ n'a pu confier sa douleur à personne. Il a été incompris de tous et délaissé par les siens (Marc 14:37, 50). Dans une souffrance qui n'eut jamais son égale, nul jamais ne fut seul comme lui.


21 - Job 19:21 à 29; 20:1 à 29

La véhémence de Job contraste avec les froides sentences de ses trois compagnons. Ceux-ci ne pouvaient lui offrir aucun secours dans sa douleur, mais nous découvrons alors que Job possédait un point d'appui inébranlable : sa foi en un Rédempteur vivant. Les v. 25 à 27 du chapitre 19 nous l'apprennent : Job, comme les autres patriarches, avait reçu une révélation divine au sujet de la résurrection. « De ma chair je verrai Dieu » (comp. Ps. 17:15).

Combien nous en savons plus qu'eux, nous qui voyons l'avenir dans la pleine lumière du Nouveau Testament ! Et pourtant beaucoup d'enfants de Dieu ne dépassent pas la croix où ils contemplent un Sauveur mort pour leurs péchés. Vérité certes inestimable ! Mais savons-nous bien tous que notre Rédempteur est maintenant vivant (Apoc. 1:18) ? « C'est Christ qui est mort, mais plutôt qui est aussi ressuscité, qui est aussi à la droite de Dieu, qui aussi intercède pour nous » (Rom. 8:34).

À ces remarquables paroles de foi que l'Esprit de Dieu a dictées à Job, Tsophar répond par sa propre intelligence (v. 2, 3). Reprenant le thème d'Éliphaz et de Bildad (ch. 15:20 à 35; 18:5 à 21) il s'étend longuement sur le sort qui attend les méchants, attaquant ainsi indirectement et sans pitié son pauvre ami (voir Prov. 12:18).


22 - Job 21:1 à 34

Job se trouve devant un impénétrable mystère : Pourquoi Dieu, qui est juste, frappe-t-il précisément celui qui cherchait à lui plaire ? (Et n'est-ce pas là, la question des questions : celle qu'a posée Jésus sur la croix : Ps. 22:1?) Pourquoi d'autre part, contrairement à ce qu'ont affirmé Éliphaz, Bildad et Tsophar, les méchants prospèrent-ils à leur gré sur la terre ? Ils insultent Dieu en lui disant : « Retire-toi de nous, nous ne prenons pas plaisir à la connaissance de tes voies » (v. 14) et malgré cela restent présentement impunis ! (v. 7 à 15; Mal. 3:18). Le silence de Dieu, son indifférence apparente aux provocations des hommes, sont une énigme pour beaucoup de croyants (Ps. 50:21). Ce grave problème tourmente par exemple le pieux Asaph dans le Ps. 73. À quoi sert-il de purifier mon coeur — médite-t-il avec amertume — si tout de même mon châtiment doit revenir chaque matin ? Les méchants ont la part plus belle que moi. Mais lisons le v. 17 de ce psaume : « …J'ai compris leur fin » ! Ah ! ne portons pas envie à ceux du monde ! Ce n'est pas de ce côté de la tombe que Dieu dit son dernier mot. Le contraste est total entre cette fin terrible qui attend ceux qui n'auront pas cru et l'avenir glorieux que le Seigneur réserve à ses chers rachetés (Jean 14:3; 17:24; Rom. 8:17, 18).


23 - Job 22:1 à 30

Une troisième série de discours commence. Jusqu'ici les amis avaient parlé du méchant d'une manière générale : Il fait ceci, il mérite cela (ch. 15:20 … ). À présent Éliphaz découvre le fond de sa pensée par des accusations directes : ta méchanceté, tes iniquités… (v. 5). Combien cet homme et ses deux compagnons sont loin des enseignements du Seigneur qui ordonne d'enlever la poutre de son oeil avant d'ôter le fétu de l'œil de son frère (Matth. 7:1 à 5). Et aussi combien loin de son exemple : lui qui s'abaissait pour laver les pieds de ses disciples (Jean 13:14, 15).

En comparant le v. 3 avec ce qu'a dit l'Éternel à Satan (ch. 1:8: 2:3), nous voyons combien mal Éliphaz connaît Dieu. Rien au contraire ne lui est plus agréable qu'un homme qui pratique la justice (Act. 10:35).

Toutefois, à travers ces paroles, sachons écouter ce que l'Esprit de Dieu veut nous dire. Si par exemple l'un de nos lecteurs n'était pas encore en paix avec Dieu, qu'il obéisse à l'injonction du v. 21: « Réconcilie-toi avec lui, je te prie, et sois en paix : ainsi le bonheur t'arrivera » (comp. 2 Cor. 5:20). Quant au verset suivant, ne s'adresse-t-il pas à nous tous qui avons encore bien des progrès à faire ? « Reçois l'instruction de sa bouche, et mets ses paroles dans ton cœur » !


24 - Job 23:1 à 17

Job en est déjà à son huitième discours, et le fossé se creuse toujours plus entre lui et ses compagnons. Ces derniers, comme beaucoup de personnes aujourd'hui, voient en Dieu un Créateur souverain, trop grand pour condescendre à s'occuper en détail de leurs circonstances et pour tenir compte de leurs sentiments (voir ch. 22:2, 3, 12). Job a davantage de connaissance. Il sait que Dieu s'intéresse à lui — plus même qu'il ne voudrait (ch. 7:19) — mais il le croit inaccessible. « Oh ! si je savais le trouver », s'écrie-t-il. Chacun de nous sait-il où trouver Dieu ? Il s'est approché de nous en Jésus, de sorte que nous pouvons à notre tour nous approcher librement de lui par la prière et avoir accès là où Christ est assis, à la droite de Dieu (v. 3; Hébr. 4:16).

Le v. 10 rappelle le but de l'épreuve : « j'en sortirai comme de l'or », affirme Job. Bien qu'il lui manque encore le sentiment de la grâce qui opère pour son bien, notre patriarche est d'accord avec l'apôtre Pierre. Vous êtes — écrit celui-ci — affligés pour un peu de temps, si cela est nécessaire, « afin que l'épreuve de votre foi, bien plus précieuse que celle de l'or qui périt… soit trouvée tourner à louange, et à gloire, et à honneur, dans la révélation de Jésus Christ » (1 Pier. 1:7, 8).


25 - Job 25:1 à 6; 26:1 à 14

Bildad signifie « fils de contestation ». C'est un nom qu'il mérite en effet ! Or que recommande la Parole ? : « Il ne faut pas que l'esclave du Seigneur conteste, mais qu'il soit doux envers tous, propre à enseigner, ayant du support, enseignant avec douceur les opposants… » (2 Tim. 2:24, 25). Aucun des trois amis n'a manifesté ces caractères. Ils savaient poser des questions, ils étaient incapables d'y apporter des réponses ; ils pouvaient blesser mais non guérir, renverser mais non édifier. Après un bref discours de Bildad, ils se taisent définitivement. Les paroles les plus sévères n'ont pas réussi à produire chez Job une vraie conviction de péché. Plus il a été accusé, plus il a éprouvé le besoin de se justifier. Cette conviction de péché, seul l'Esprit de Dieu peut la produire dans une conscience. L'a-t-il fait dans la vôtre ?

Et le coeur de Job n'a pas davantage été touché par une vraie parole de consolation. Nous pensons à cette exclamation du plus grand des affligés : « J'ai attendu que quelqu'un eût compassion…, mais il n'y a eu personne,… et des consolateurs, mais je n'en ai pas trouvé » (Ps. 69:20).

Loin d'apaiser Job, de l'aider par un sage conseil (ch. 26:2, 3), les propos de ses amis l'ont excité à un point extrême. Et il se lance à présent dans un long et désolant monologue.


26 - Job 27:1 à 26

Il ne faudra pas moins de six chapitres à Job pour établir sa propre justice. C'est trop et ce n'est pas assez ! Y en aurait-il cent que cela ne suffirait pas, car rien de ce qui vient de l'homme ne peut faire le poids dans la balance de la justice divine. Mais d'autre part, cette justification est chose faite, entièrement en dehors de ses propres efforts.

Remarquons que le fait de se justifier lui-même, revient implicitement pour Job à accuser d'injustice ce Dieu qui le frappe à tort (comp. ch. 40:3). De plus il se permet ouvertement de faire des reproches au Tout-puissant qui a écarté son droit et qui le tourmente sans raison (v. 2).

Il y a de l'orgueil dans cette attitude. « Je tiendrai ferme ma justice… — dit Job — mon coeur ne me reproche aucun de mes jours » (v. 6). Mais que répond la parole de Dieu ? « Si nous disons que nous n'avons pas de péché, nous nous séduisons nous-mêmes, et la vérité n'est pas en nous » (1 Jean 1:8). D'ailleurs, si notre propre coeur ne nous reproche rien, cela ne prouve pas que nous sommes sans péché. Dieu est infiniment plus sensible au mal que ne l'est notre conscience (1 Cor. 4:4). Dans la pénombre, nos vêtements peuvent nous paraître propres tandis qu'en plein soleil (celui de la lumière de Dieu) la moindre tache apparaîtra (Prov. 4:18).


27 - Job 28:1 à 28

Job a déjà compris quelque chose d'important : De cette épreuve que Dieu lui fait traverser, sa foi sortira comme l'or éclatant du creuset de l'affineur (ch. 23:10). Mais ce qu'il ignore, c'est de combien de scories il doit d'abord être débarrassé : « Oui… il y a un lieu pour l'or qu'on affine » (v. 1; voir aussi Zach. 13:9 et Mal. 3:3). Et ce lieu, c'est le creuset de l'épreuve ! Le Seigneur, comme un sage orfèvre, connaît l'intensité et la durée de ce feu, nécessaire pour purifier son argent et son or, c'est-à-dire ses précieux rachetés. Le parfait « Diamantaire » sait combien de coups de ciseau douloureux il devra donner avant que brillent de tous leurs feux ses onyx et ses saphirs, ses rubis et ses topazes.

L'homme est capable d'accomplir des travaux considérables : barrages, tunnels, autoroutes etc… Il extrait du sol toutes sortes de denrées rares et de grand prix (v. 9 à 11). Mais il est une chose qu'il ne se préoccupe guère de rechercher : c'est la sagesse. Pourtant elle a plus de valeur que les perles (v. 18) ou les rubis, déclare le livre des Proverbes, qui nous parle tellement de cette Sagesse divine (ch. 3:15: 8:11). Comparez aussi l'importante définition du v. 28 avec Prov. 9:10 et Ps. 1 11:10.


28 - Job 29:1 à 25

Au début du livre, Dieu nous avait brièvement parlé du premier état de Job. Ces versets en complètent le tableau. Mais cette fois c'est Job qui fait son propre portrait. Tout ce qu'il dit de ses oeuvres est certainement exact. Ainsi les accusations de Tsophar (ch. 20:19) et d'Éliphaz (ch. 22:6, 7, 9) étaient de pures calomnies (comp. v. 12, 13).

Qui pourrait encore aujourd'hui, aligner autant de titres à l'approbation de Dieu et à la considération des hommes ? Toutefois la complaisance avec laquelle Job décrit sa condition précédente montre qu'il y mettait son coeur et s'en glorifiait. Il n'avait pas encore appris comme l'apôtre « à être content » dans les circonstances où il se trouvait ; il supportait beaucoup moins bien d'être « abaissé » ou « dans les privations » que d'être « dans l'abondance » (Phil. 4:11, 12). De plus, nous avons pu remarquer les « je », « moi », « me » qui se succèdent dans ces versets (environ cent fois). Petits mots qui trahissent la haute opinion que Job nourrit de sa propre personne. Il avait jusque-là caché dans son coeur, sous une modestie apparente, ce sentiment qui maintenant éclate au grand jour. Ce qui va permettre à Dieu de l'en délivrer, mais seulement lorsque Job l'aura confessé.


29 - Job 30:1 à 31

Quel contraste entre ce chapitre et le précédent ! Comblé d'honneurs, jouissant d'une popularité flatteuse, Job s'est trouvé du jour au lendemain, objet de mépris et de moquerie. Le monde est hypocrite et traître. Les croyants qui ont cru pouvoir lui accorder un moment leur confiance ont fait tôt ou tard cette pénible découverte. Le coeur humain trouve du plaisir dans le malheur des autres. Ne s'est-il pas réjoui avec malice de l'abaissement de Jésus ? (comp. v. 9 et Ps. 69:12).

Les bénédictions terrestres de Job avaient ainsi pu se flétrir. Celles du chrétien par contre sont des « bénédictions spirituelles dans les lieux célestes en Christ » (Éph. l :3). Ni Satan, ni le monde, ni la mort même, ne pourront jamais les lui enlever… Job qui estimait que sa piété lui donnait droit à la prospérité, va maintenant jusqu'à se plaindre de Dieu. Sommes-nous sûrs que cela ne nous arrive jamais ? Et avec encore bien moins de raison apparente !

« Je crie à toi, et tu ne me réponds pas » (v. 20). Ce sont les paroles du Ps.22:2. Mais quel contraste entre l'amertume de Job, qui prête à Dieu des sentiments d'animosité et de cruauté (v. 21), et la parfaite soumission du Seigneur Jésus qui n'abandonne à aucun moment sa confiance en son Dieu.


30 - Job 31:1 à 12 et 29 à 40

Au ch. 29, Job s'est longuement étendu sur le bien qu'il faisait ; il expose ici avec autant de détails le mal qu'il ne faisait pas : immoralité (v. 1 à 12), injustice (v. 13 à 15), égoïsme (v. 15 à 23), idolâtrie (v. 24 à 28). On peut se glorifier de l'une ou l'autre manière en oubliant que c'est Dieu seul qui nous incite à bien faire comme c'est lui qui nous préserve de mal faire.

Il n'en reste pas moins que si quelqu'un avait le droit de s'appuyer sur ses oeuvres, c'était bien le patriarche Job. Paul écrit la même chose à son propre sujet dans l'épître aux Philippiens (ch. 3:4). « Mais — ajoute-t-il — les choses qui pour moi étaient un gain, je les ai regardées, à cause du Christ, comme une perte… » Ses avantages naturels de bon Israélite, sa justice passée de pharisien consciencieux, tout cela il le considère désormais comme des ordures. De sorte que Dieu n'a rien besoin de lui ôter comme à Job ; Paul, par grâce, a déjà mis de côté tout ce qui n'était pas Christ.

Remarquons les nombreux points de suspension dans le texte ; ils semblent sous-entendre toutes les bonnes choses que Job pense de lui-même et de ses oeuvres passées.

Enfin, en terminant cet exposé de tous ses mérites, Job y appose solennellement sa signature et met Dieu au défi de lui répondre (v. 35).


31 - Job 32:1 à 22

Éliphaz, Bildad et Tsophar ont épuisé leurs arguments. À son tour Job s'est tu ! Alors entre en scène un nouveau personnage : Élihu, dont le nom signifie « Dieu lui-même ». L'Esprit de Dieu va s'exprimer par sa bouche (1 Pierre. 4:11).

L'insuffisance de l'homme a été amplement démontrée. En Job s'est manifestée l'incapacité de supporter l'épreuve ; chez ses amis : la vanité des consolations humaines. Maintenant que « la sagesse terrestre » a été mise en défaut, « la sagesse d'en haut » va parler par Élihu (Jacq. 3:14 à 17). Et, devant cet homme plus jeune qu'eux, les quatre vieillards vont se trouver confondus.

Élihu a le sens des convenances. Il a attendu avec patience la fin des précédents discours. Les jeunes spécialement doivent savoir écouter. C'est d'abord une marque de sagesse (Jacq. 1:19). La connaissance et l'expérience de leurs aînés est généralement plus grande que la leur ! C'est ensuite de la simple politesse !

Toutefois ces égards n'empêchent pas Élihu d'être saisi d'une sainte colère. La gloire de Dieu a été mise en question par Job et ses compagnons, et l'homme de Dieu fidèle ne peut pas les ménager. Il n'a le droit ni de flatter, ni de faire acception de personnes, deux dangers auxquels nous n'échappons pas toujours (v. 2 1).


32 - Job 33:1 à 22

À deux reprises déjà Job a réclamé l'intervention d'un arbitre (ou d'un médiateur : ch. 9:33 et 16:21). Désir qui est exaucé ! Élihu va être pour lui l'interprète des pensées de Dieu. Ce rôle, Job l'avait compris, ne pouvait être rempli que par un homme comme lui (ch. 9:32). « Voici je suis comme toi quant à Dieu, je suis fait d'argile, moi aussi », — répond Élihu (v. 6).

L'Écriture nous apprend que le « médiateur entre Dieu et les hommes est un, l'homme Christ Jésus… » (1 Tim. 2:5). Profond mystère de l'humanité du Seigneur, sans laquelle il n'aurait pu davantage se faire le porte-parole de l'homme devant Dieu !

« Dieu parle une fois, et deux fois… » (v. 14). Après avoir parlé par des prophètes, Dieu a parlé dans le Fils. Quelle attention le monde aurait-il dû porter à ce langage ! (Hébr. 1:1, 2; 2:1). Pourtant notre v. 14 continue ainsi : … « et l'on n'y prend pas garde ». Si grande est l'indifférence et la dureté du coeur humain ! C'est pourquoi la même épître avertit solennellement : « Prenez garde que vous ne refusiez pas… celui qui parle ainsi des cieux » (Hébr. 12:25). Par une brève sentence, Élihu met de côté tous les raisonnements : « Dieu est plus grand que l'homme » (v. 12). Et il n'a pas de comptes à rendre à ce dernier (v. 13).


33 - Job 33:23 à 33; 34:1 à 15

Les v. 23 et 24 du ch. 33 dirigent nos pensées sur Jésus, l'interprète par excellence, le Messager de l'amour divin. Il est venu montrer à l'homme pécheur le chemin de la droiture, autrement dit l'amener à reconnaître son état, à se juger dans la lumière divine. La vie de Christ ici-bas a, entre autres, ce but : elle manifeste par contraste le véritable état de l'homme. Mais pour que Dieu fasse grâce, une propitiation était nécessaire. Elle a été trouvée : c'est la mort de Christ. Par elle nous sommes délivrés de la fosse de la destruction. Ce n'est pas tout ! : les v. 25 et 26 suggèrent la nouvelle vie, la communion, la joie, la justice qui sont notre part. Dieu nous a pour agréables (Éph. 1:6). Autant de conséquences de la résurrection de Christ, notre Médiateur, et de sa présence actuelle dans la gloire. Enfin les v. 27 et 28 rappellent le témoignage que nous sommes appelés à rendre « devant les hommes » au sujet de ce que Dieu a fait pour nous. Puissions-nous ne pas l'oublier !

Au ch. 34 Élihu est obligé de parler d'une manière sévère. En se justifiant, Job avait accusé Dieu d'injustice (ch. 32:2). C'était plus grave qu'il ne le pensait ! Il s'était en cela associé aux incrédules et aux méchants, et devait être repris vertement (Rom. 9:14).


34 - Job 34: 16 à 37

Il est impossible à un homme de se former un jugement sur Dieu par ses propres raisonnements. Il n'a en effet que ses semblables comme éléments de comparaison. Pour que sa créature puisse Le connaître, il a fallu que Dieu se révèle lui-même. Et encore, n'est-ce pas notre propre intelligence qui peut saisir cette révélation divine. La foi seule en est capable. Dieu se manifeste maintenant par son Esprit. « Personne ne connaît les choses de Dieu… si ce n'est l'Esprit de Dieu » (1 Cor. 2:11). Il conduit le croyant dans toute la vérité (Jean 16:13). Élihu instruisant Job nous en est une image. Il lui montre qu'en déduisant sa connaissance de Dieu de ses expériences et de ses pensées (v. 33) il a fait complètement fausse route. N'en est-il pas arrivé à condamner Celui qui est pourtant le Juste par excellence (v. 17) ?

Qu'aurait dû faire Job, plutôt que de nourrir et d'exprimer toutes ces fausses pensées au sujet de Dieu ? Lui demander humblement : « Ce que je ne vois pas, montre-le moi » (v. 32). Courte prière que chacun de nous a aussi besoin d'adresser au Seigneur à tout moment de la journée !


35 - Job 35:1 à 16

Job avait tiré de ses malheurs la triste conclusion suivante : Ce n'était vraiment pas la peine de s'appliquer à être juste ; il n'en avait finalement aucun avantage de plus que s'il avait péché ! (ch. 9:22: 34:9; 35:3). Hélas, il découvre là le fond de son coeur ! Il parait donner raison à Satan qui avait insinué : « Est-ce pour rien que Job craint Dieu » ? (ch. 1:9). Cela ressemble presque au raisonnement de « ces hommes corrompus dans leur entendement… — dont parle l'apôtre — qui estiment que la piété est une source de gain » (1 Tim. 6:5: lire aussi Mal. 3:14).

Notre patriarche ne savait pas jusqu'alors qu'il y eût de tels sentiments dans son coeur. Il connaissait ses bonnes actions, mais pas leurs secrets motifs. Et ceux-ci étaient loin d'être toujours bons. Laissons l'Esprit nous sonder par la Parole, discerner et mettre à nu les intentions de nos coeurs (Hébr. 4:12). C'est le service qu'Élihu rend à Job en lui parlant la vérité. Certaines choses ne sont pas agréables à entendre ; mais « les blessures faites par un ami sont fidèles » (Prov. 27:6 voir aussi Col. 4:6). Et quand ces leçons nécessaires auront été apprises, les larmes, les cris de détresse, les appels au secours (ch. 19:21) feront place à « des chants de joie dans la nuit » (v. 9. 10).


36 - Job 36: 1 à 21

Élihu poursuit son discours : Il justifie Dieu (v. 3) en réfutant deux fausses pensées à son sujet : Malgré sa puissance, le Créateur s'occupe de sa créature et ne la méprise nullement (v. 5). Le juste, autrement dit le croyant, est l'objet de ses soins particuliers. Qu'Il l'élève (v. 7) ou au contraire lui envoie des épreuves (v. 8), ses yeux sont toujours sur lui. Et, en second lieu, Dieu n'agit pas d'une manière capricieuse, comme Job l'avait laissé entendre. En permettant l'épreuve, il poursuit un but précis montrer aux siens ce qu'ils ont fait, ouvrir leurs oreilles à la discipline, les faire revenir s'il y a lieu de leur iniquité. La discipline forme les disciples. Hébr. 12:7, nous rappelle qu'elle est réservée aux « fils de Dieu » de même que des parents corrigent leurs propres enfants et non ceux des autres. Elle est donc une preuve de notre relation avec notre Père. Mais, selon le même passage (Hébr. 12:5, 6), l'âme qui y est soumise peut ou bien la mépriser : ne pas l'écouter, ni y attacher d'importance (v. 12; comp. ch. 5:17) ; ou au contraire perdre courage : c'est-à-dire oublier que c'est le fidèle amour du Seigneur qui l'a préparée (lire Ps. 119:75). Une troisième attitude est la bonne : être exercé par cette discipline, autrement dit se demander dans quel but Dieu nous l'envoie (Héb. 12:11).


37 - Job 22 à 33; 37:1 à 4

« Qui enseigne comme lui ? » demande Élihu (v. 22). Dieu a son école. À la différence de celles des hommes, elle dure toute la vie. Si nous acceptons d'en suivre les classes, elle nous rendra plus sages et plus instruits que ne pourraient le faire toutes les universités du monde (Ps. 94:10, 12; És. 48:17).

Après avoir entendu le sermon sur la montagne, les foules devaient reconnaître que Jésus les enseignait « comme ayant autorité, et non pas comme les scribes » (Matth. 7:29). Autorité et aussi sagesse, patience inlassable, douceur même dans la répréhension, tels ont été les caractères du Docteur venu de Dieu pour enseigner les hommes (Jean 3:2). Il n'est plus sur la terre, mais il nous a laissé sa Parole, source de toute instruction pour nos âmes.

Élihu glorifie la puissance de Dieu (v. 22), son oeuvre (v. 24), sa grandeur, (v. 26), sa justice et sa bonté (v. 31). Réjouissons-nous de pouvoir proclamer avec lui : « voici, Dieu est puissant — voici, Dieu se montre élevé — voici, Dieu est grand ». Faire connaître le Père et glorifier son nom, telle fut pour Jésus pendant qu'il était ici-bas le but de tout son ministère et le résumé de son enseignement (Jean 17:4, 6, 26).


38 - Job 37: 5 à 24

Pour dépeindre l'état d'âme du patriarche et les voies de Dieu envers lui, Élihu prend ses exemples dans le ciel en un jour d'orage (voir déjà ch. 36:27 à 29, 32, 33; ch. 37:2…). Les sombres nuages illustrent les deuils et les épreuves qui, pour un moment, avaient caché à Job la lumière de la face de Dieu. Il est difficile au coeur naturel d'en comprendre le mystérieux balancement (v. 16). Mais Job doit savoir une chose : ces nuages sont chargés par Dieu d'une eau de bénédiction pour lui (v. 11 et ch. 26:8). Car la pluie peut tomber de plusieurs manières : en bonté, pour la terre (Ps. 65:10), ou au contraire comme châtiment, comme verge (v. 13; comp. Ps. 148:7, 8). Elle descend en gouttes abondantes et bienfaisantes (ch. 36:27, 28), sous forme d'averses fertilisantes (v. 6) ou au contraire en flots torrentiels — les pluies de sa force — qui ravagent le sol sans y pénétrer. Dans ce dernier cas, il s'agit d'un jugement, sans effet sur l'âme. Mais telle n'est pas la pensée de Dieu envers son serviteur Job. Il veut le bénir, il le corrige avec mesure (Jér.10:24) et lui fera dire avec le cantique : Si quelquefois un nuage, — Vient me dérober ta beauté, — Ami divin, après l'orage, — Comme avant, brille ta clarté (comp. v. 21).


39 - Job 38:1 à 18

« Que le Tout-puissant me réponde », s'était écrié Job (ch. 31:35; comp. ce que lui avait dit Éliphaz ch. 5:1). Eh bien, ce Dieu qu'il croyait sourd et inaccessible exauce son désir, mais non pas comme Job l'aurait pensé ! Car au lieu de répondre à ses questions, l'Éternel va à son tour lui en poser toute une série. Nous voyons souvent le Seigneur Jésus faire de même avec ses interlocuteurs (par ex. : Luc 10:25, 26; 20:2 à 4 et 21 à 24).

À cause de la haute opinion qu'il avait de lui-même (ch. 31:37), Job avait besoin d'être humilié ; et c'est ce que Dieu va produire par ses questions : lui faire mesurer sa petitesse et sa profonde ignorance. La science d'observation, quand elle est objective, conduit à ce résultat, c'est pourquoi les plus grands savants sont souvent les plus modestes.

« Quand l'homme écoute, Dieu parle… » a dit quelqu'un. Et Dieu est patient ; il a laissé à Job et à ses amis tout le temps d'exprimer leurs idées fausses ; il a ensuite chargé Élihu de les réfuter. Enfin le silence s'est fait, Dieu peut parler, et il aura évidemment le dernier mot. Sachons, nous aussi, nous taire quelquefois, imposer silence à nos esprits agités, pour que Dieu puisse nous faire entendre sa voix.


40 - Job 38:19 à 38

La création est le premier témoignage que Dieu rende de lui-même, et tout homme sans exception est responsable de discerner par le moyen de l'intelligence « ce qui ne peut se voir de lui, savoir et sa puissance éternelle et sa divinité ». Contempler les « choses qui sont faites , sans reconnaître et honorer Celui qui les a faites rend les hommes inexcusables (Rom. 1:19, 20).

Dieu nous invite avec Job à admirer son bel univers. Et de toutes les merveilles de la création, qui peut parler avec plus de compétence que son Auteur lui-même ? Or celui qui a créé la lumière, qui a « serré les liens des Pléiades » et établi « les lois des cieux », est aussi celui qui condescend à s'occuper d'une seule âme : ici celle de Job ; mais également la mienne et la vôtre ! Comme l'exprime un cantique : Le pécheur misérable — À plus de prix à ses yeux, — Que le cortège innombrable, — Des étoiles dans les cieux.

De tout temps les hommes se sont attachés à scruter les cieux. Certains y consacrent leur existence. N'est-il pas plus important de consacrer la nôtre à sonder les Écritures ? (Jean 5:39). Car si « les cieux racontent la gloire de Dieu » (Ps. 19:1), la Parole, elle, rend témoignage à sa grâce.


41 - Job 39:1 à 26

Resté muet sur le sujet des grands phénomènes de la nature, puis sur celui des lois qui maintiennent l'équilibre des mondes, Job, élève ignorant, est à présent interrogé en zoologie, par le Maître de toute connaissance. Sa note en cette matière ne sera pas meilleure. Depuis les temps reculés où vivait notre patriarche, et en dépit de tous les efforts de l'homme pour les sonder, que de mystères subsistent dans la Création, mystères auxquels se heurte la science humaine, souvent aveuglée par ses théories. À commencer par celui de l'origine de la vie !

Dieu parle de beaucoup de choses dans ces quatre chapitres. De petites aussi bien que de grandes. Mais toutes sont des choses que Lui a faites. Par contre, nous n'y trouverons pas un seul mot des oeuvres de Job. De tous ses mérites dont le patriarche avait pourtant pris la peine de faire la longue énumération, l'Éternel ne peut en retenir un seul. Sans la croix, sur laquelle déjà par avance Dieu portait ses regards (Rom. 3:25), oui, sans la croix, un tel homme était perdu.

Ami qui avez peut-être encore confiance dans vos propres efforts et dans vos capacités, regardez au Seigneur. Il a lui-même accompli de grandes choses qui exaltent sa sagesse,… mais, par dessus toutes, l'oeuvre de votre salut qui magnifie son amour.


42 - Job 39:22 à 38

Job avait pensé que son bien-être n'intéressait pas 1`Éternel. Mais y avait-il une créature quelconque, du petit corbeau au cheval ou à l'aigle, dont Dieu ne s'occupait pas ? S'il prend soin de tous les êtres vivants, à plus forte raison veille-t-il sur l'homme, sa créature la plus élevée, possédant même une vie au delà du tombeau.

Le Seigneur Jésus, dans les évangiles, donne aux siens exactement le même enseignement (comp. v. 3 à Luc 12:24). Et il nous invite à ne pas nous faire de souci pour nos besoins de chaque jour ; Dieu les connaît. Une seule chose peut nous manquer — et nous fait souvent défaut — c'est… la foi en ce Dieu fidèle.

L'Éternel vient de parler à Job de sa création ; celui-ci en conclut justement : « Voici je suis une créature de rien ». Mais il ne peut encore en dire davantage. Lui qui s'était proposé de discuter avec Dieu pour ainsi dire d'égal à égal (ch. 10:2; 13:3; 23:3, 4) maintenant que l'occasion lui en est fournie, comprend devant toute la grandeur de son Créateur que cela n'est pas possible. C'est une première leçon, mais il lui en reste une autre à apprendre. L'Éternel va parler pour la seconde fois afin d'amener Job à une pleine et sincère conviction de péché.


43 - Job 40:1 à 27

Le tableau de la création ne serait pas complet sans la description de deux animaux mystérieux et terribles. Le premier est le béhémoth, peut-être l'hippopotame, en tout cas une bête impressionnante dont la puissance évoque celle de la mort. Fait solennel : celle-ci dut être la première des voies de Dieu envers l'homme coupable. Comme conséquence de la chute, une épée invincible arme la mort pour la sanction du péché (v. 14, voir Gen. 3:24). Non seulement elle fait sa proie de chaque homme, mais toutes les bêtes de la terre lui sont données en pâture (v. 15). Le Jourdain, fleuve de la mort (v. 18) nous en parle aussi.

Mais voici un monstre plus redoutable encore. La mort n'a pouvoir que sur la vie présente, tandis que Satan, dont le Léviathan est la figure, entraîne ses victimes avec lui dans la seconde mort (És. 27:1). En face d'un tel ennemi, nous sommes naturellement aussi désarmés qu'un enfant qui prétendrait avec un hameçon dérisoire s'emparer d'un crocodile ! (v. 20). Certes, on ne joue pas impunément avec la puissance du mal. Sommes-nous donc à sa merci ? Non, par la grâce de Dieu ! Christ a triomphé à la croix du terrible Adversaire. Souvenons-nous de cette bataille définitive et demeurons attachés à Celui qui l'a remportée (v. 27; Col. 2:15).


44 - Job 41:1 à 25

Sous cette image terrifiante du Léviathan, Dieu découvre à Job son accusateur du ch. 1, son ennemi du ch. 2. Un combattant doit connaître son adversaire pour ne pas le sous-estimer. Il faut que le croyant sache quelle est la force de Satan (v. 3) vaincu à la croix mais toujours actif, dont nous n'ignorons pas les desseins (2 Cor. 2:11). Voyez ce qui le caractérise : sa double mâchoire (v. 4; comp. 1 Pier. 5:8) ; son cœur dur comme la pierre (v. 15) car il est absolument étranger à l'amour divin. Il est invulnérable à toute force humaine (v. 17 à 20) et il sème l'épouvante par son arme : la mort qui a raison des hommes les plus forts (v. 16).

Mais Satan est aussi « le menteur » et le séducteur ; gardons-nous bien de ses illusions (v. 9; Jean 8:44; 2 Cor. 11:14). Il attire les âmes dans le monde, cette mer bouillonnante des passions humaines, en présentant ses ressources comme une nourriture valable (la marmite) ou comme un remède aux maux (le pot d'onguent). Sous une apparence de sagesse et d'expérience (les cheveux gris), c'est à l'abîme qu'il conduit, pour les y engloutir, les insensés qui suivent son brillant sillage (v. 22, 23).

Enfin, retenons le titre effrayant qui lui est donné : « Il est roi sur tous les fils de l'orgueil » (note ; voir 1 Tim. 3:6).


45 - Job 42:1 à 17

Et nous arrivons au dénouement du livre, à la grande leçon que Job, enfin, a comprise. On l'appelle l'affranchissement, la délivrance du moi méprisable. Pendant que l'Éternel lui parlait, toute la bonne opinion que Job avait de lui-même s'était progressivement évanouie. Au fur et à mesure, il découvrait avec effroi la méchanceté de son coeur. Lui qui s'était engagé à ne plus rien ajouter (ch. 39:38) s'écrie : « J'ai horreur de moi et je me repens… ». Voilà ce que doit dire un homme « parfait et droit, craignant Dieu et se retirant du mal », lorsqu'il se tient dans la présence de Dieu !

Job a été criblé comme le blé. Pénible travail, mais qui, comme pour Pierre plus tard, l'a débarrassé de la confiance en lui. Il peut maintenant fortifier ses frères et il prie pour ses amis (v. 10; comp. Luc 22:32).

L'Éternel l'appelle à quatre reprises « mon serviteur Job » et blâme les trois consolateurs fâcheux. Il en envoie d'autres à Job, qui, ceux-là, lui apportent une vraie sympathie. Et, non seulement il rétablit l'ancien état du patriarche, mais il lui donne le double de tout ce qu'il possédait précédemment. Cependant Job a maintenant acquis quelque chose de plus précieux que tout : il a appris à se connaître lui-même, en même temps qu'il apprenait à connaître Dieu.