Les cantiques des degrés

Chants de pèlerins

Edward Dennett

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Table des matières abrégée :

1 - Introduction.

2 - Psaume 120 — La détresse d’Israël

3 - Psaume 121 — La source d’aide

4 - Psaume 122 — La maison de l’Éternel

5 - Psaumes 123, 124 — Le cri et la réponse

6 - Psaume 125 — Les montagnes autour de Jérusalem

7 - Psaume 126 — Moissonner dans la joie

8 - Psaume 127 — Repos pour Ce Bien-aimé

9 - Psaume 128 — Bénédiction de Sion

10 - Psaume 129 — Rétrospective d’Israël

11 - Psaume 130 — De Profundis – ou : Des ténèbres à la Lumière

12 - Psaume 131 — Un esprit sevré

13 - Psaume 132 — Sion et le repos de Dieu

14 - Psaumes 133, 134 — Unité et louange

15 - [Psaumes 135 et 136]


Table des matières détaillée :

1 - Introduction.

1.1 - [Signification de l’expression « des degrés »]

1.2 - [Caractère prophétique]

1.3 - [Israël considéré comme étant dans le pays]

1.4 - [Les Cantiques des degrés : progrès et expériences d’Israël après leur restauration]

1.5 - [2 groupes de 7 psaumes (4+3) autour du Ps.127 — 2x12 fois le nom de l’Éternel]

2 - Psaume 120 — La détresse d’Israël

2.1 - [120:1]

2.2 - [De quel ennemi s’agit-il ?]

2.3 - [120:5 — Meshec et Kédar]

2.4 - [120:2,7 — Trois formes de la chair]

2.5 - [Encore 120:1]

2.6 - [120:3,4]

2.7 - [120:6,7]

3 - Psaume 121 — La source d’aide

3.1 - [121:1,2 — Lien entre les Ps. 120 et 121]

3.2 - [121:1,2 — Variantes sur le v.1]

3.3 - [121:2]

3.4 - [121:3]

3.5 - [121:4]

3.6 - [121:5]

3.7 - [121:6]

3.8 - [121:7,8]

3.8.1 - [121:7a]

3.8.2 - [121:7b]

3.8.3 - [121:8]

4 - Psaume 122 — La maison de l’Éternel

4.1 - [122:1]

4.2 - [122:2]

4.3 - [Plan du Psaume]

4.4 - [122:3]

4.5 - [122:4]

4.6 - [122:5]

4.7 - [122:6-9]

4.8 - [122:6]

4.9 - [122:7-9]

4.10 - [122:8]

4.11 - [122:9]

5 - Psaumes 123, 124 — Le cri et la réponse

5.1 - Psaume 123

5.1.1 - [123:1]

5.1.2 - [123:2]

5.1.3 - [123:3,4]

5.2 - Psaume 124

5.2.1 - [124:1-5]

5.2.2 - [Qui est l’ennemi mentionné ?]

5.2.3 - [124:6,7]

5.2.4 - [124:8]

6 - Psaume 125 — Les montagnes autour de Jérusalem

6.1 - [125:1]

6.2 - [125:2]

6.3 - [125:3]

6.4 - [125:4]

6.5 - [125:5]

7 - Psaume 126 — Moissonner dans la joie

7.1 - [126:1]

7.2 - [126:2]

7.3 - [126:3]

7.4 - [126:4]

7.5 - [126:5]

7.6 - [126:6]

8 - Psaume 127 — Repos pour Ce Bien-aimé

8.1 - [127:1 — Psaume de Salomon. Sa structure]

8.1.1 - [127:1a — Ce que Salomon a fait en réalité]

8.1.2 - [127:1a — Application prophétique]

8.1.3 - [127:1b]

8.2 - [127:2 — Quel est le « sommeil » qu’Il donne ?]

8.3 - [127:3]

8.4 - [127:4-5]

9 - Psaume 128 — Bénédiction de Sion

9.1 - [128:1]

9.2 - [128:2,3]

9.2.1 - [128:2a]

9.2.2 - [128:2b]

9.2.3 - [128:3]

9.3 - [128:4-5a]

9.4 - [128:5b]

9.5 - [128:6]

10 - Psaume 129 — Rétrospective d’Israël

10.1 - [129:1-4]

10.1.1 - [129:1-2]

10.1.2 - [129:2]

10.1.3 - [129:3]

10.1.4 - [129:4a]

10.1.5 - [129:4b]

10.2 - [129:5-8]

10.2.1 - [129:5]

10.2.2 - [129:6-7]

10.2.3 - [129:8]

11 - Psaume 130 — De Profundis – ou : Des ténèbres à la Lumière

11.1 - [Structure du psaume]

11.2 - [130:1]

11.3 - [130:2]

11.4 - [130:3-4]

11.5 - [130:5-6]

11.6 - [130:7]

11.7 - [130:8]

12 - Psaume 131 — Un esprit sevré

12.1 - [131:1-2]

12.1.1 - [131:1a]

12.1.2 - [131:1b]

12.1.3 - [131:2]

12.1.4 - [131:2b]

12.1.5 - [131:2a]

12.2 - [131:3]

13 - Psaume 132 — Sion et le repos de Dieu

13.1 - [Lien entre les Ps. 130 à 132]

13.2 - [Principes encadrant le Ps. 132]

13.3 - [132:1-5]

13.3.1 - [132:1]

13.3.2 - [132:2-4]

13.4 - [132:6-7]

13.5 - [132:8-10]

13.6 - [132:11,12]

13.7 - [132:13,14]

13.8 - [132:8 et 14,15]

13.9 - [132:9 et 16]

13.10 - [132:17-18]

14 - Psaumes 133, 134 — Unité et louange

14.1 - [133:1]

14.2 - [133:2]

14.3 - [133:3a]

14.4 - [133:3b]

14.5 - [134]

14.5.1 - [134:1]

14.5.2 - [134:2]

14.5.3 - [134:3]

15 - [Psaumes 135 et 136]


1 - Introduction.

Les Psaumes portant ce titre sont au nombre de quinze (Psaumes 120-134) et, bien que divers dans leur contenu, ils sont manifestement intimement liés, et progressent vers un but désiré. Ils ont suscité beaucoup d’intérêt et d’instruction parmi le peuple de Dieu à toutes les époques, même s’ils ont été imparfaitement compris et appliqués ; l’intérêt et l’instruction seront plus profonds si l’on en comprend l’intention et le but divin.


1.1 - [Signification de l’expression « des degrés »]

La signification du titre que portent ces Psaumes a fait l’objet de nombreuses discussions ; mais presque toutes les opinions émises peuvent être incluses dans ce qui est sans aucun doute la véritable solution. Par exemple, le mot traduit par « degrés » est presque universellement admis comme étant celui utilisé pour les voyages récurrents d’Israël jusqu’à Jérusalem pour les différentes fêtes, et certains ont donc soutenu que ces chants étaient chantés par les fidèles aux différentes étapes de leur itinéraire. D’autres y voyant des références à une période ultérieure, au retour des captifs de Sion (Psaume 126), ont conclu qu’ils furent utilisés lors du voyage des pèlerins de Babylone à Jérusalem pour la reconstruction du temple (Esdras 1-3). Une autre classe d’interprètes affirme que l’ensemble des quinze psaumes a été chanté sur « les quinze marches entre le parvis des hommes et le parvis des femmes », au moment où les groupes de pèlerins pénétraient dans l’enceinte de l’édifice sacré. Sans discuter ces différentes théories, il suffira de remarquer que toutes concourent pour faire du temple l’objet, ou le but, vers lequel les regards des pèlerins étaient tournés ; et ensuite que toutes manquent de percevoir le caractère prophétique de ces Psaumes. C’est dans la combinaison de ces deux points que se trouve la vérité.


1.2 - [Caractère prophétique]

Pour commencer par ce dernier point, il est facile, à partir de nombreuses allusions, de prouver que les Psaumes sont essentiellement prophétiques. Il a déjà été fait référence au Psaume 126 où il est dit : « Lorsque le Seigneur a ramené les captifs de Sion, nous étions comme ceux qui rêvent. C’est alors que notre bouche s’est remplie de rires et notre langue de chants de joie ; c’est alors qu’on a dit parmi les nations : L’Éternel a fait pour eux de grandes choses », etc. (126:1, 2). On peut facilement admettre que la restauration de Babylone était la figure d’un accomplissement plus grand ; mais pour ceux qui sont familiers avec les prédictions des prophètes concernant l’établissement du royaume sous le glorieux Messie, rien moins que la délivrance et la gloire futures de Sion ne peuvent être acceptées comme répondant à cette description. Le dernier verset du psaume, en effet, ne trouvera son plein accomplissement qu’en Christ en tant que roi de Sion. Dans les Psaumes 124, 125, 128, 130, 132-134 on trouve aussi clairement des prédictions qui ne se réaliseront qu’après que le Seigneur aura rétabli Son peuple terrestre dans la bénédiction sous Son autorité.

Les trois derniers Psaumes de la série justifient sans aucun doute l’affirmation selon laquelle le temple, la demeure du Puissant de Jacob, est l’aboutissement ou l’accomplissement tant attendu. Toutefois, si l’on admet l’interprétation prophétique de ces Psaumes, le temple n’est pas celui que Salomon ou Zorobabel ont construit, mais celui que construira l’Homme dont le nom est GERME, Celui qui portera la gloire, qui s’assiéra et dominera comme sacrificateur sur Son trône, c’est-à-dire Christ Lui-même (Zacharie 6:12-15.)


1.3 - [Israël considéré comme étant dans le pays]

Un autre point qui ressort de nombreuses parties de ces Psaumes, est à considérer : c’est qu’Israël est vu comme étant dans le pays, après avoir été dispersé, sans pourtant avoir été finalement délivré du pouvoir de leurs oppresseurs. Le lecteur remarque la répétition du mot Israël, comme montrant qu’il ne s’agit pas seulement de la présence des deux tribus (Juda et Benjamin) dans le pays, mais aussi que les dix tribus ont été restaurées ; que, de plus, elles forment à nouveau une seule nation (voir Ézéchiel 37:18-28), et que Sion et le temple constituent le centre, le siège du gouvernement et de la bénédiction pour tous. Cependant, comme nous l’avons déjà dit, ils ne sont pas encore délivrés de leurs adversaires. Ils s’écrient donc : « Use de grâce envers nous, ô Éternel, use de grâce envers nous, car nous sommes outre mesure accablés de mépris. Notre âme est outre mesure accablée des insultes de ceux qui sont à l’aise, et du mépris des orgueilleux » (Ps. 123:3-4; aussi Psaume 124).


1.4 - [Les Cantiques des degrés : progrès et expériences d’Israël après leur restauration]

Ce que nous avons donc dans ces Cantiques des degrés, c’est le progrès et l’expérience d’Israël, après leur restauration, dans l’attente de l’intervention de l’Éternel pour les délivrer de tous leurs ennemis et pour les établir dans la sécurité et la bénédiction. Ce n’est donc pas le christianisme ni l’expérience chrétienne qu’il faut rechercher dans ces Psaumes ; mais, dans la mesure où les principes de la vie divine et de la nature divine dans les âmes sont les mêmes dans toutes les dispensations, les chrétiens peuvent y glaner beaucoup d’enseignements.

Deux choses ne se trouvent jamais dans les Psaumes, ni d’ailleurs dans l’Ancien Testament : la révélation du Père et, en conséquence, l’Esprit d’adoption. Ces choses n’ont été connues qu’après la Pentecôte, bien que notre précieux Seigneur ait déjà révélé le Père lorsqu’Il était avec Ses disciples (Jean 14:9-11). Il ne leur était cependant pas possible de saisir cette révélation avant de recevoir le don du Saint Esprit. Si nous ne gardons pas à l’esprit cette distinction lorsque nous lisons les Psaumes, nous risquons de perdre de vue la vocation céleste et le caractère céleste du christianisme.


1.5 - [2 groupes de 7 psaumes (4+3) autour du Ps.127 — 2x12 fois le nom de l’Éternel]

Quelques mots peuvent être ajoutés concernant la structure de cet intéressant groupe de Psaumes. « Tous sont groupés », selon un pieux commentateur, « autour du Psaume 127 écrit par Salomon. … De part et d’autre de ce psaume, se trouve une série de sept cantiques des pèlerins, composée de deux Psaumes écrits par David et de cinq autres sans auteur nommé ; chacune de ces deux séries de sept est divisée en quatre et trois (*) et chacune contient le nom de l’Éternel vingt-quatre fois. Chacun des groupes reliés entre eux (Psaumes 120-123, 124-126, 128-131, 132-134) contient le nom de l’Éternel douze fois » (**). Il est certain que ces faits ainsi exposés montrent l’empreinte d’une Main divine, la Main qui a guidé et contrôlé ceux qui ont été ainsi utilisés comme véhicules à la fois d’un dessein divin et des pensées divines. Cette unité de ces Psaumes n’est pas simplement une unité de forme, elle se réfère aussi aux pensées, car tandis que différents serviteurs ont été choisis pour les exprimer, l’Auteur de tous les Psaumes est l’Esprit de Dieu. Ces faits devraient constituer une incitation supplémentaire à l’étude sérieuse et assidue de cette partie des Saintes Écritures. (***)


(*) Le lecteur peut se souvenir que cette division se retrouve également dans le Nouveau Testament, par exemple dans les sept paraboles de Matthieu 13, dans les sept églises, les sept sceaux, les sept trompettes, etc. de l’Apocalypse.

(**) note Bibliquest : 120 à 123 : 2+4+4+2 — 124 à 126 : 4+4+4 — 128 à 131 : 3+3+4+2 — 132 à 134 : 6+1+5 — — 127 : 3


(***) Nous ajoutons l’une des dernières descriptions du caractère des « Cantiques des degrés » pour la considération du lecteur. « Nous en sommes maintenant aux « cantiques des degrés », une série clairement définie de quinze psaumes qui, avec deux psaumes d’action de grâces, forment la troisième division du Cinquième Livre des psaumes. Ces cantiques des degrés sont plutôt des « cantiques des montées », que nous avons certainement raison d’interpréter en premier lieu par référence à ces montées des tribus, trois fois par an, aux fêtes de Jérusalem, dont il est question dans le troisième psaume de cette même série (122:4). Mais ce n’est là qu’un indice de la signification profonde de cet appel répété à la cité de Dieu, en vue de ces « temps fixés » de Lév. 23 qui parlent des actes de grâce de Dieu envers Son peuple, qui, pour l’éternité, les rappellera autour de Lui dans la louange. Les « montées » sont donc avant tout des montées du cœur vers Lui à cause de Sa grâce ; et c’est en fait ce que sont ces cantiques — un récit en cinq séries des voies divines envers Israël, par lesquelles leur bénédiction a été accomplie, et pour lesquelles leurs cœurs Le loueront à l’infini. Le mouvement ascendant des psaumes eux-mêmes est en intime harmonie avec cette louange, — et ceci montre à quel point la forme de ces cantiques inspirés est parfaitement modelée à en accord avec leur esprit, ce qui ne nous permet nullement de les dégrader, comme voudrait le faire une interprétation matérialiste, qui fait de la forme l’élément principal ».


2 - Psaume 120 — La détresse d’Israël

Un cantique des degrés.


1 Dans ma détresse, j’ai crié à l’Éternel, et Il m’a répondu.

2 Éternel ! Délivre mon âme des lèvres menteuses et de la langue trompeuse !

3 Que te donnera-t-on, que te fera-t-on, langue trompeuse ?

4 Des flèches aiguës d’un homme puissant, des charbons ardents de genêt.

5 Malheur à moi de ce que je séjourne en Meshec, de ce que je demeure sous les tentes de Kédar !

6 Mon âme a demeuré depuis si longtemps chez ceux qui haïssent la paix !

7 Je suis pour la paix ; Mais quand j’en parle, ils sont pour la guerre.


2.1 - [120:1]

Comme dans de nombreux Psaumes, on a en premier le résultat des exercices par lesquels l’âme est passée : « Dans ma détresse, j’ai crié à l’Éternel, et Il m’a répondu » ; puis le caractère de la détresse est décrit. Selon l’interprétation déjà donnée de ces Psaumes, cette détresse est celle par laquelle Israël devra passer après leur restauration. Celui qui a dispersé Israël, les rassemblera dans Son infaillible fidélité (Jér. 31:10) ; mais il y aura encore des ennemis au début du règne (voir Jér. 51:20-23), et l’Éternel s’en servira pour mettre Son peuple à l’épreuve, et alors Il se manifestera à eux comme leur Messie et leur Libérateur, de sorte qu’ils chanterons de nouveau : « L’Éternel est ma force et mon cantique, et Il a été mon salut » (Ps. 118:14; comparer Exode 15:2.)


2.2 - [De quel ennemi s’agit-il ?]

Il n’est peut-être pas facile de déterminer qui est l’ennemi particulier auquel il est fait allusion ici. L’une de ses caractéristiques est une langue trompeuse, combinée à des lèvres menteuses. Certains ont pensé qu’il s’agissait d’une référence prophétique à la petite corne de Daniel 8, c’est-à-dire au roi du Nord dans les derniers jours. Un auteur bien connu (JND) dit ainsi : « Il ne me semble pas qu’il s’agisse de l’oppression de l’Antichrist ou de la bête à Jérusalem, mais que cela s’applique à ceux qui, dans le pays, seront trouvés là où la dernière puissance hostile qui aura prétendu les favoriser, et aura conduit beaucoup d’entre eux à apostasier au profit de la tranquillité et de la prospérité, ne se montrera plus que comme un oppresseur trompeur ». Dans Daniel, il est dit de ce personnage qu’« il détruira merveilleusement, prospérera, agira, et détruira les puissants et le peuple des sains. Et par sa politique, il fera prospérer la fraude entre ses mains » (Dan. 8:24-25). Si ceci concerne l’adversaire en vue dans ce psaume, celui-ci remonte à une époque antérieure à la restauration de tout Israël ; mais Israël, en racontant les miséricordes de l’Éternel qui ont fait son salut, pourra bien s’identifier aux souffrances que Juda aura subie au préalable dans le pays. À cette époque, le peuple sera de nouveau uni et, par conséquent, il revendiquera comme sienne la « détresse » de toute partie de la nation.


2.3 - [120:5 — Meshec et Kédar]

La mention de Meshec et Kédar comme lieu de séjour (120:5) a soulevé quelques difficultés, car il semble que ces deux villes étaient assez éloignées. Meshec est mentionné en relation avec Gog (Ézéchiel 39), tandis que Kédar était un descendant d’Ismaël (Gen. 25:13), et il est manifestement devenu le fondateur d’une tribu arabe bien connue (voir aussi Cantique des cantiques 1:5). Il s’agit probablement d’expressions morales, indiquant l’hostilité des ennemis du peuple de Dieu. Le chrétien peut, dans une certaine mesure, connaître cette douleur, car il est haï par le monde et fait l’objet de l’inimitié de Satan ; mais il a la consolation de savoir que Christ a vaincu le monde (Jean 16:33) et que, Satan étant un ennemi vaincu, il s’enfuira toujours si on lui résiste par la puissance du Saint Esprit (Jacques 4:7).


2.4 - [120:2,7 — Trois formes de la chair]

Il est intéressant de noter que, dans ce court psaume, on retrouve les trois formes de la chair qui sont développées dans l’épître aux Colossiens. En Genèse 6, on en trouve deux, la corruption et la violence (v. 11), et Satan ayant été démasqué comme menteur et père du mensonge (Jean 8:44), il est ajouté la troisième forme, le mensonge (Col. 3:5, corruption ; 3:8, violence ; et 3:9, mensonge). Ainsi, dans notre psaume, nous avons au v. 2 le mensonge et la tromperie, qui sont une corruption morale, et la violence au v. 7.


2.5 - [Encore 120:1]

Telles étaient les circonstances de cette âme pieuse qui était élevée par l’Esprit de Christ pour devenir le porte-parole — le vase — des douleurs de Son peuple terrestre en un jour futur. Environnée ainsi de ces diverses formes de mal, et ayant longtemps demeuré avec ceux qui haïssent la paix, quelle était sa consolation ? De quelle manière était-elle soutenue ? — Par l’assurance que l’Éternel avait entendu son cri. Elle avait le sentiment que Dieu avait entendu son cri, et cela apaisait ses inquiétudes ; car, comme l’a écrit l’apôtre Jean, « Si nous savons qu’Il nous écoute, quoi que ce soit nous demandions, nous savons que nous avons les choses que nous avons demandées » (1 Jean 5:15).


2.6 - [120:3,4]

C’est pourquoi le Psalmiste anticipe avec certitude la délivrance par le jugement divin sur l’ennemi. « Qu’est-ce qui te sera donné, s’écrie-t-il, ou qu’est-ce qui te sera fait, langue trompeuse ? Des flèches aiguës d’un homme puissant » — les flèches du Roi, qui transperceront bientôt le cœur de Ses ennemis (Ps. 45:5), et celles-ci sont combinées « avec des charbons ardents de genêt » (*), charbons allumés avec les feux de la sainteté, par lesquels l’Éternel recherchera et jugera tous les ouvriers d’iniquité.


(*) On dit qu’il s’agit d’un arbuste appelé « Genista », dont les racines étaient réputées pour faire le meilleur charbon de bois. La figure dénote donc l’intensité du feu du jugement.


2.7 - [120:6,7]

Les deux derniers versets résument brièvement, mais de façon très parlante, l’ensemble de la position :

6 Mon âme a longtemps habité avec ceux qui haïssent la paix.

7 Je suis pour la paix ; mais si j’en parle, ils sont pour la guerre.


Quelle description des adversaires de Dieu et de Son peuple : ils haïssent la paix ! Il ne pouvait en être autrement, car l’esprit charnel — et on le voit ici dans sa pleine expression — est inimitié contre Dieu. La présence du peuple de Dieu, lorsqu’il marche devant Lui, doit donc provoquer une violente opposition de la part de l’ennemi. C’est pourquoi le Psalmiste ajoute : « Je suis pour la paix ; mais quand j’en parle, ils sont pour la guerre ». Il est donc tout à fait inutile de chercher à se concilier l’ennemi ; et pour Israël dans l’avenir, il en sera de même qu’aujourd’hui : c’est par beaucoup de tribulations que nous entrons dans le royaume (Actes 14:22).

En conclusion, on peut noter que, même si ce ne sont pas les circonstances du chrétien qui sont présentées ici, la ressource du peuple de Dieu dans toutes les dispensations se trouve en Dieu Lui-même et dans Son interposition en leur faveur, avec une puissance de délivrance.


3 - Psaume 121 — La source d’aide

Un cantique des degrés.


3.1 - [121:1,2 — Lien entre les Ps. 120 et 121]

Dans le psaume précédent, la détresse et le conflit marquent la condition du peuple de Dieu, tandis qu’ici, alors que la pression est encore sur eux, il nous est permis de voir ce que le Seigneur est en leur faveur dans leurs circonstances particulières. Plus le sentiment du besoin est grand, plus on découvre ce que Dieu est pour nous ; et c’est pourquoi, comme ces saints d’un jour futur, nous sommes souvent mis à l’épreuve, afin qu’en même temps que nous apprenons notre propre impuissance, nous puissions réaliser que notre aide et notre secours ne se trouvent qu’en Dieu. Ceci explique le lien entre ces deux Psaumes. Dans le dernier verset du psaume précédent, le psalmiste s’écrie : « Je suis pour la paix ; mais quand j’en parle, ils sont pour la guerre ». Quelle est donc sa ressource ? La réponse se trouve dans les deux premiers versets du Psaume 121:

1 J’élève mes yeux vers les montagnes, d’où vient mon secours.

2 Mon secours vient de l’Éternel qui a fait les cieux et la terre.


3.2 - [121:1,2 — Variantes sur le v.1]

La beauté de la connexion sera mieux perçue si l’on rectifie légèrement le texte du premier verset en lisant selon une variante possible : « J’élève mes yeux vers les montagnes : d’où viendra mon secours ? ». Le second verset est alors pris comme une réponse à la question du v. 1 (*). Si l’on adopte cette variante, on s’aperçoit que la foi est en activité, car à peine l’âme crie dans sa douleur : « D’où viendra mon secours ? », qu’immédiatement la réponse jaillit : « Mon secours vient d’auprès de l’Éternel », etc. Cette partie illustre un principe que l’on retrouve partout dans l’Écriture. Si Dieu agit pour le secours et la délivrance de Son peuple, Il agit en relation et en réponse à sa foi. Par exemple, lorsque Pierre écrit au sujet de l’héritage incorruptible, sans souillure et inflétrissable, réservé dans les cieux pour les croyants, il ajoute : « vous qui êtes gardés par la puissance de Dieu, par le moyen de la foi, en vue d’un salut qui est prêt à être révélé au dernier temps » (1 Pierre 1:4-5). Certes, la foi elle-même est produite et soutenue dans l’âme par la puissance divine, mais elle n’en est pas moins le lien vivant entre l’âme et Dieu, et ce qui assure Son intervention, ce qui L’introduit, pour notre secours et notre délivrance (voir Marc 9:23; Hébreux 11, etc.)


(*) Variante selon la Version Révisée anglaise et note dans la Bible en français de J. N. D., dans laquelle il donne le texte ci-dessus comme interprétation alternative.


3.3 - [121:2]

Il faut remarquer, comme nous l’avons déjà fait, que Dieu est ici connu sous le nom de l’Éternel, le nom d’alliance de Dieu en relation avec Israël ; et les mots « qui a fait le ciel et la terre » sont aussi ajoutés car c’était selon la révélation que Dieu a faite de Lui-même à Son peuple terrestre. C’est ainsi que Jonas confessa aux marins : « Je suis Hébreu, et je crains l’Éternel, le Dieu des cieux, qui a fait la mer et la terre » (Jonas 1:9). Au sujet de cette création, l’Éternel s’est révélé à Son ancien peuple comme le Créateur, bien qu’il ait fait connaitre bien plus que cela à Moïse (Exode 34:5-7), quand Il a annoncé la souveraineté de Sa grâce et de Sa miséricorde comme le fondement sur lequel Il pouvait épargner Son peuple coupable après le péché du veau d’or. Le chrétien est dans la lumière comme Dieu est dans la lumière, car Dieu est maintenant pleinement révélé dans et par le Seigneur Jésus Christ ; en outre, selon les conseils de Dieu, le croyant est amené, par son association avec Christ, dans Sa propre position et Sa propre relation. Nous connaissons donc Dieu d’une manière beaucoup plus intime, dans la mesure où le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ est notre Dieu et Père. (Jean 20:17; Éphésiens 1:3-5). Cette différence doit toujours être gardée à l’esprit quand nous lisons l’Ancien Testament.


3.4 - [121:3]

Passant maintenant au v. 3, nous avons la réponse divine donnée par l’Esprit à la foi exprimée au v. 2. Se tournant avec la confiance de la foi vers l’Éternel qui a fait les cieux et la terre, l’âme est assurée du soutien et de la protection de Son gardien Tout-Puissant.


3 Il ne permettra pas que ton pied soit ébranlé : Celui qui te garde ne sommeillera pas.


Deux choses nous sont présentées dans cette assurance : premièrement que, quels que soient les dangers ou le caractère glissant du chemin, le Seigneur ne permettra pas que le pied de celui qui se confie en Lui soit ébranlé, ou, peut-être, « glisse » ; et, deuxièmement, qu’il n’y a jamais un moment où les yeux du Seigneur ne sont pas sur Son peuple, où Il ne maintient pas une vigilance constante et incessante en sa faveur. La nuit n’est peut-être jamais aussi sombre autour de nous, mais pour Lui la nuit brille autant que le jour, et de même que Jésus voyait du haut de la montagne Ses disciples se fatiguant à ramer, de même Dieu ne retire pas Ses yeux de dessus les justes, mais les regarde toujours dans toutes leurs circonstances d’épreuve et de douleur. Remarquer que Celui qui veille ainsi sur Ses saints est leur gardien, Celui qui garde, qui sécurise, qui préserve, — car telle est la force du mot employé ici. Quel encouragement est ainsi prodigué au peuple de Dieu éprouvé et souffrant ! Et quelle invitation à un repos inébranlable en Lui-même au milieu des épreuves et des agitations qui l’environnent !


3.5 - [121:4]

Le v. 4 qui suit semble provenir d’un autre orateur ; le v. 5 reprend le discours adressé à l’âme individuelle, bien qu’elle soit sans aucun doute le représentant du peuple. Cependant, le v. 4 apparaît comme une confirmation insistante de l’assurance du v. 3 et, en même temps, lui donne une application plus large. Dans la structure du psaume, c’est peut-être un chœur qui éclate à ce moment-là, tout le peuple s’unissant pour chanter :


Voici, celui qui garde Israël ne sommeillera pas, et ne dormira pas.


Ce n’est donc pas seulement que l’Éternel préservera son peuple dans ses difficultés particulières, mais il est présenté comme le gardien d’Israël. Il s’agit d’une relation caractéristique et, par conséquent, le fait que l’Éternel ne sommeillera pas est renforcé par les mots « et ne dormira pas » ; c’est-à-dire qu’Il est toujours en éveil ; Il n’oublie jamais les Siens à aucun moment et il n’y a, par conséquent, aucune interruption dans Sa vigilance et dans Sa garde. Il ne faut pas non plus négliger l’allusion à l’unité du peuple de Dieu. Il n’est pas seulement le Gardien du croyant, mais il est aussi le Gardien d’Israël. L’Ancien Testament contient de nombreuses illustrations touchantes de cette unité, montrant comment le peuple lui-même s’est élevé parfois presque au niveau des pensées de Dieu, et était ainsi rendu capable d’embrasser son unité en tant que nation élue. Cela devrait être encore bien plus vrai pour nous, qui avons été enseignés quant à la vérité bénie de l’union avec Christ et, par conséquent, avec tous les membres de Son corps. Ce n’est pas qu’il faille oublier les aspects individuels de la bénédiction, mais plutôt que nous devrions être en communion avec la pensée de Christ quant aux Siens, qui ensemble, corporativement, forment Son corps et seront Son épouse. C’est lorsque nous entrons dans cette communion, par la puissance du Saint Esprit, que les affections de Christ pour les Siens sont reproduites en nous, même si ce n’est que faiblement, et que nous voyons les Siens avec Sa propre vision, comme enrobés de Sa beauté et de Ses excellences.


3.6 - [121:5]

Le refrain ayant été chanté, les propos adressés à l’individu représentatif reprennent :

5 L’Éternel est Celui qui te garde, L’Éternel est ton ombre à ta main droite.

6 Le soleil ne te frappera pas le jour, ni la lune de nuit.


La première phrase, qui répète la vérité de la fin du v. 3, est le fondement sur lequel sont construits les gages de sécurité qui suivent. « Le Seigneur est Celui qui te garde » ne signifie rien d’autre que le fait qu’Il est un Gardien absolu et parfait, et les détails qui suivent n’en sont que les conséquences, ou l’application de la vérité générale. En soi, cependant, c’est quelque chose d’immense de savoir que le Seigneur est notre Gardien. Dans les dangers, les difficultés et les épreuves, cela calmera nos craintes immédiatement et dissipera nos angoisses si cette assurance est tenue en puissance. Elle est vraie, c’est indéniable quel que soit notre état d’âme, mais il faut se rappeler que seule la foi peut se prévaloir de la bénédiction d’être gardé par Dieu, ou peut se tourner vers Lui pour avoir du secours au moment du besoin et de la pression.

Après l’affirmation selon laquelle « le Seigneur est Celui qui te garde », il est dit : « le Seigneur est ton ombre à ta main droite ». Le mot « ombre » peut être compris, d’après ce qui suit, comme une protection, comme en Ésaïe 25:4 : « Tu as été … une ombre contre la chaleur, quand la tempête des terribles a été comme une pluie d’orage contre un mur ». La force de l’expression « à ta (main) droite » peut peut-être être tirée d’un autre psaume (16:8), où nous lisons : « Parce qu’il (l’Éternel) est à ma droite, je ne serai pas ébranlé ». L’expression semble donc signifier que la protection du Seigneur est toujours disponible, toujours « à portée de main » pour Son peuple, selon une expression courante. C’est une référence à cette protection qui est manifestement évoquée dans ce qui suit :


3.7 - [121:6]

Le soleil ne te frappera pas de jour, ni la lune de nuit.


Les rayons de l’un et de l’autre seraient nécessairement obstrués par « l’ombre du Tout-Puissant » dont Il entoure Son peuple et sous laquelle celui-ci demeure à jamais en sécurité. Le « soleil » et la « lune » ne sont ici que des emblèmes des mauvaises influences de jour et de nuit, dont ces luminaires sont les dominateurs respectifs. Les rayons brûlants du jour éblouissant et les maux nocifs de la nuit seront impuissants vis-à-vis de ceux qui reposent sous la protection de l’Éternel. Combien le peuple de Dieu peut donc être sans crainte, et il le sera s’il se rend compte combien il est parfaitement gardé de tous côtés ! Ces promesses, on s’en souviendra, sont en premier lieu pour le peuple terrestre, mais elles sont aussi valables dans un sens plus élevé pour les chrétiens. C’est ainsi que l’apôtre pouvait dire : « Le Seigneur me délivrera de toute mauvaise œuvre, et me conservera pour son royaume céleste » (2 Tim. 4:18).


3.8 - [121:7,8]

Les deux derniers versets ne font qu’amplifier l’assurance contenue dans le v. 6.

7 L’Éternel te gardera de tout mal, Il gardera ton âme.

8 L’Éternel gardera ta sortie et ton entrée, dès maintenant et à toujours.


3.8.1 - [121:7a]

La promesse « Le Seigneur te gardera de tout mal » ne doit pas être considérée comme applicable indépendamment de l’état de l’âme. Comme nous l’avons déjà fait remarquer, le lien vivant entre l’âme et Dieu est la foi, et Dieu agit par son intermédiaire pour bénir et protéger le croyant. La foi peut donc, dans les jours les plus sombres, s’emparer de cette parole de consolation et se reposer dessus lorsque la puissance de Satan se montre de toute part. De plus, le croyant se souviendra que, lorsque le Seigneur présentait les Siens au Père, Il a dit : « Je ne te prie pas que tu les ôtes du monde, mais que tu les gardes du mal » (Jean 17). L’apôtre Paul assurait également les saints de Thessalonique que « le Seigneur est fidèle, qui vous affermira et vous gardera du méchant » (2 Thes. 3:3). Tous ces passages de l’Écriture nous montrent les soins de Dieu envers les Siens, et combien la pensée du mal Lui fait horreur, à Lui qui a des yeux trop purs pour voir le mal (Hab. 1:13). Combien nous devrions nous efforcer de répondre à Sa pensée à cet égard, d’autant plus que Son amour et Sa puissance sont engagés pour nous préserver de souillure quand nous marchons dans Ses voies.


3.8.2 - [121:7b]

La phrase suivante dit : « Il gardera ton âme ». Le mot rendu par « âme » est, comme en grec, un peu ambigu. Il est parfois traduit par « vie » et, dans la mesure où la préservation pour les bénédictions dans le royaume du Messie est une promesse juive caractéristique, il est possible que ce soit là sa signification.


3.8.3 - [121:8]

Enfin, la sollicitude de l’Éternel comprend la sortie et l’entrée de Son peuple « dès maintenant et à toujours », pendant tous les mille ans jusqu’à la fin du règne millénaire. Il pense à tout, et il nous est ainsi permis d’avoir un aperçu du cœur de Dieu pour Son peuple qui s’exprime par une vigilance journalière et inlassable exercée envers eux pour leur préservation et leur bénédiction. Il est bon d’y réfléchir et d’observer que le fondement de toute notre sécurité repose sur ce que Dieu est pour les Siens. Il faut nous en souvenir en tout temps, car dans le misérable légalisme de nos cœurs, si nous ne sommes pas établis dans la grâce, nous sommes tentés de penser que quelque chose dépend de nous. Non ! nous dépendons entièrement de Dieu, de ce qu’Il est tel que révélé en Christ. Mais ne devons-nous pas veiller, prier et autres choses semblables ? Même pour avoir la force de veiller et prier, nous dépendons du Seigneur, et c’est en le réalisant que nous nous reposons tranquillement et paisiblement sur Lui, et que la foi est appelée à une activité constante ; et par conséquent, en comprenant ce que Dieu est pour nous, nous pouvons nous exclamer avec l’apôtre : « Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? … Je suis assuré que ni mort, ni vie, ni anges, ni principautés, ni puissances, ni choses présentes, ni choses à venir, ni hauteur, ni profondeur, ni aucune autre créature ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu qui est dans le Christ Jésus notre Seigneur » (Rom. 8:31-39). Que nos yeux soient toujours fixés sur Celui qui seul nous vient en aide ! (*)


(*) Pour illustrer la différence entre le croyant juif et le chrétien, nous citerons les paroles suivantes d’un autre auteur : « Nous devons noter que l’application littérale de ce psaume 121 n’est pas juste pour le chrétien aujourd’hui. Christ a été compté parmi les transgresseurs, et nous avons à poursuivre, sans attendre une délivrance absolue ; soyons cependant assurés que même les cheveux de notre tête sont comptés. Dieu ne retire pas Ses yeux des justes, mais nous ne nous attendons pas, au final, à être gardés pour la terre, comme le Juif le veut à juste titre sur le chemin de la fidélité. Cependant, notre Dieu et Père veille sur nous avec une vigilance incessante. Nous pouvons être en paix à l’ombre de Ses ailes. Notre consigne, au milieu de tout mal, est de ne regarder que vers le Seigneur ».


4 - Psaume 122 — La maison de l’Éternel

Un cantique des degrés de David.


4.1 - [122:1]

Connaître l’Éternel Lui-même, c’est être attiré par le lieu où Il habite. Tel est le lien entre ce psaume et le précédent. Dans ce dernier, en réponse à la confiance de la foi exprimée au v. 2, venait la bienheureuse assurance que l’Éternel suffisait à tous les besoins des Siens. Le connaissant ainsi dans Sa tendre grâce et Ses soins vigilants, l’âme peut dire maintenant : « Je me suis réjoui quand ils m’ont dit : Allons à la maison de l’Éternel » (122:1) ; car c’est là que demeure Celui qui est devenu tout pour celui qui s’est tourné vers Lui, et c’est là qu’Il déploie Sa gloire. Remarquez aussi qu’au moment où la maison de l’Éternel est mentionnée, l’isolement cesse, et tout le peuple de Dieu est introduit. C’est : « Allons à la maison de l’Éternel ». Il en est de même aujourd’hui lorsque le croyant individuel apprend en quelque mesure ce qu’est l’Assemblée en tant qu’habitation de Dieu par l’Esprit, ou ce que c’est que d’avoir le Seigneur Lui-même au milieu de ceux qui sont rassemblés à Son nom précieux.


4.2 - [122:2]

Le cœur du peuple de Dieu étant fixé sur la maison de l’Éternel, ils anticipent, dans l’énergie de la foi, leur arrivée dans la ville sainte, et s’écrient : « Nos pieds se tiendront dans tes portes, ô Jérusalem » (122:2). Leur pèlerinage n’était pas encore terminé, mais, dans la sécurité dont jouissait la foi, ils pouvaient se reposer en toute confiance sur le fait que, comme au Ps. 84, ils marcheraient de force en force, et que chacun d’eux paraîtrait en Sion devant Dieu. De la même manière, lorsque nous regardons vers les nombreuses demeures de la maison du Père, dans lesquelles le Seigneur Lui-même nous amènera, nous savons, sans le moindre doute ni la moindre crainte, qu’aucune difficulté ni aucun ennemi ne pourra jamais réussir à nous empêcher d’arriver à notre but béni. Car Celui qui est déjà là, et qui nous a préparé la place, est capable de nous sauver à travers tous les dangers du désert, parce qu’Il est toujours vivant pour intercéder en notre faveur. Heureuse sécurité, fondée sur ce que Christ est pour nous à la droite de Dieu.


4.3 - [Plan du Psaume]

Ces deux versets constituent l’introduction et le sujet du psaume ; les trois suivants décrivent la ville qui est l’objet des espérances d’Israël ; les quatre derniers versets établissent une relation intime entre le peuple élu et la maison de leur Dieu, et montrent que la paix de Jérusalem est liée à la prospérité du peuple.


4.4 - [122:3]

Il nous faut donc à présent examiner la description de la ville, et ce sous trois aspects. Tout d’abord, c’est la forme, la beauté de la ville elle-même qui suscite l’admiration : elle est construite comme une ville compacte. C’est la symétrie et le caractère complet de la ville qui retiennent l’attention — la ville, c’est-à-dire celle qui sera, dans les gloires futures du royaume, même si la splendeur de Jérusalem sous le règne de David a pu en fournir le type prophétique. Le chrétien se rappellera aussitôt les dimensions de la nouvelle Jérusalem, avec laquelle la cité terrestre sera en relation directe : « La cité est bâtie en carré, et sa longueur est aussi grande que sa largeur. Et il mesura la ville avec le roseau : douze mille stades. La longueur, la largeur et la hauteur sont égales » (Apoc. 21:16). Il s’agit d’une perfection finie, représentée par un cube, mais d’une perfection finie accordée divinement. La ville de notre psaume est une ombre de cette perfection. C’est la contemplation de cette beauté, quoique terrestre, qui éveille l’admiration du peuple, qui reconnaît que c’est le lieu de la maison de l’Éternel et le siège de leur Roi.


4.5 - [122:4]

Deuxièmement, Jérusalem est présentée comme le point de rassemblement de tout le peuple ; c’est le lieu « où montent les tribus, les tribus de l’Éternel, un témoignage à Israël, pour célébrer le nom de l’Éternel » (122:4). Jérusalem, en effet, sera le vrai centre d’Israël en vertu de la maison de l’Éternel, et c’est pourquoi le nom de la ville en ce jour-là sera Jéhovah-Shammah = l’Éternel est là (Ézéch. 48:35). Sa présence, comme toujours, attirera tous les Siens. Il est intéressant de noter, dans ce contexte, que les tribus sont appelées « les tribus de l’Éternel (Jah) », car alors leur cou raide et leur rébellion auront cessé entièrement, et elles manifesteront leur appartenance à Celui dont elles porteront le nom. Dans l’épître aux Galates (4:26), l’apôtre parle de Jérusalem comme étant notre mère.

Il y a donc une correspondance frappante entre notre position présente, en vue de la Jérusalem céleste, et celle des tribus dans ce psaume, dans leur progression « à partir de la douleur, et à travers la douleur, jusqu’à la pleine bénédiction en Sion, qui forme le couronnement, l’Éternel étant là ». La phrase suivante est : « un témoignage à Israël ».

Cela signifie que le rassemblement universel des tribus, leur montée ensemble vers la maison de l’Éternel, sera un témoignage pour toute la nation. Ésaïe parle de Jérusalem elle-même, mais de Jérusalem comme expression du peuple, comme témoignage dans le discours qu’il lui adresse : « Lève-toi, resplendis, car ta lumière est venue, et la gloire du Seigneur s’est levée sur toi » (Ésa. 60:1).

C’est d’une beauté sans pareille. La lumière de Sion est la gloire de l’Éternel qui, après de longs siècles de désolation, a percé les nuages de sa douleur et l’a illuminée de la lumière de la présence de son Dieu. Et c’est avec cette lumière qu’elle est appelée à briller ; la manifestation à travers elle de la gloire de l’Éternel deviendra ainsi son témoignage (comp. 2 Cor. 4:6). L’objet du rassemblement des tribus est de « célébrer le nom de l’Éternel », l’Éternel tel qu’Il s’est révélé au milieu d’Israël. L’un des derniers actes de David fut d’attribuer aux Lévites la charge de « se tenir debout chaque matin pour célébrer et louer l’Éternel, et de même chaque soir » (1 Chr. 23:30) ; mais à l’époque dont parle notre psaume, toutes les tribus seront unies dans ce service béni de célébration, d’actions de grâces et de louanges.


4.6 - [122:5]

Or Jérusalem ne sera pas seulement le centre du culte du peuple, elle sera aussi le siège de l’administration royale de la justice, « car là sont placés les trônes de jugement, les trônes de la maison de David ». Le Messie n’est pas seulement la Semence promise, comme celle d’Abraham, mais Il est aussi, en tant que né dans le monde, le Fils de David — en fait, à la fois la racine et la postérité de David (Apoc. 22:16), Fils de David et Seigneur de David (Ps. 110). L’administration du royaume sera donc à Lui, en tant qu’Héritier légitime de tous les droits royaux de la maison de David ; et « Il jugera Ton peuple avec justice, et Tes affligés avec droiture » (Ps. 72:2). Les montagnes (sièges d’autorité — trônes subordonnés) apporteront la paix au peuple, et les coteaux, — par la justice » (Ps. 72:3). Comme le dit également Ésaïe (9:7), Son trône sera « établi et soutenu en jugement et en justice, dès maintenant et pour toujours ».


4.7 - [122:6-9]

Dans la dernière partie du psaume, on voit une déclaration du lien entre la paix de Jérusalem et la prospérité du peuple. Tout d’abord, il y a l’invitation à prier pour sa paix. Cela implique une communion avec les pensées de l’Éternel, car Jérusalem est la ville qu’Il aime : « Car l’Éternel a choisi Sion ; Il l’a désirée pour être Son habitation. C’est là mon repos à perpétuité, c’est là que J’habiterai, car Je l’ai désirée » (132:13). Si donc les cœurs de Son peuple sont fixés sur le même lieu, ils ne peuvent que prier pour sa paix. Le chrétien comprendra ce principe dans son application à l’Assemblée. La chose la plus chère sur terre au cœur de Christ est l’Église, cette Église qu’Il a aimée et pour laquelle Il s’est livré Lui-même ; et si nous sommes en communion avec Son cœur à ce sujet, même faiblement, nous serons contraints de prier pour sa paix et sa bénédiction. (*)


(*) Pour une belle illustration de ce principe en rapport avec Sion, voir Ésaïe 62:1, 6, 7.


4.8 - [122:6]

La bénédiction est d’ailleurs promise à ceux qui prient ainsi : « Ceux qui t’aiment prospéreront ». La communion avec le cœur de Christ est le sûr chemin de la bénédiction. Christ a aimé et aime l’Église (l’Assemblée), et le saint à qui l’Église (l’Assemblée) est également chère prospérera spirituellement. La prospérité promise ici sera en rapport avec la position du peuple terrestre ; mais pour le chrétien, qui est en communion avec notre Seigneur béni au sujet de Son peuple, la prospérité se traduira par un progrès et une bénédiction spirituels.


4.9 - [122:7-9]

Les versets suivants, 7 à 9, contiennent la réponse à l’exhortation. Tout d’abord, il y a l’expression du désir qu’il y ait la paix dans les murs de Jérusalem et la prospérité dans ses palais. Le dernier verset (9) nous apprend que le motif de ce désir est « la maison de l’Éternel notre Dieu ». Jérusalem, en effet, tirera toute son importance, non pas tant de ce qu’elle est la ville élue du royaume du Messie, que du fait qu’elle renferme l’habitation de Dieu. Comme nous le lisons en Ésaïe (60:13) : « La gloire du Liban viendra vers toi, le cyprès, le pin et le buis ensemble, pour orner le lieu de Mon sanctuaire, et Je rendrai glorieuse la place de Mes pieds ». Le cœur pieux désirera donc que toute la ville participe à la bénédiction de la demeure de Dieu, et qu’elle soit dans un état convenable pour recevoir son divin Habitant. La jouissance de la présence de Celui qui habitera en Sion assurera la paix et la prospérité désirées.


4.10 - [122:8]

Un autre motif de la paix tant désirée est à l’amour de mes frères et de mes compagnons ».

Rien n’élargit le cœur du peuple de Dieu autant que l’affection pour le Seigneur et Son habitation. Si Lui habite dans le cœur du croyant, Ses affections à Lui, reproduites dans le croyant, embrasseront tous les enfants de Dieu. Un exemple de cette vérité se trouve en Apoc. 22. Lorsque le Seigneur se présente comme la racine et la postérité de David, [et] l’étoile brillante du matin, l’Esprit et l’Épouse disent : « Viens ». La première pensée est Christ Lui-même, puis tous les saints sont remémorés à la suite. Et que celui qui entend, dise : Viens. Il en est de même dans le psaume : la paix est souhaitée à cause des « tribus de l’Éternel ». Avec quelle plénitude certains membres du peuple de Dieu peuvent partager ce désir en ce jour de confusion et de dispersion ! Crions donc jour et nuit, en pensant aux périls qui nous assaillent de toutes parts et aux dommages causés aux âmes par des controverses incessantes, afin que le Seigneur vienne guérir nos brèches et rétablir la paix, pour le bien de nos frères et de nos compagnons.


4.11 - [122:9]

Le dernier verset, comme nous l’avons déjà remarqué, ne fait que nous rappeler avec insistance le motif énergique qui nous pousse à rechercher le bien de Jérusalem ; c’est « à cause de la maison de l’Éternel notre Dieu ». Néhémie est une illustration frappante de cet état d’esprit. Lorsqu’il apprit l’affliction et l’opprobre du Résidu du peuple, que la muraille de Jérusalem était démolie et que ses portes étaient brûlées par le feu, il pleura, se lamenta, jeûna et pria ; et ensuite, sous la conduite de l’Esprit, son cœur s’attacha au bien de Jérusalem, à cause de la maison de l’Éternel son Dieu. Puisse cet esprit de dévouement à la gloire de Dieu dans Sa demeure se manifester toujours plus parmi Ses bien-aimés de nos jours, pour l’amour de Son nom !


5 - Psaumes 123, 124 — Le cri et la réponse

Cantiques des degrés.


5.1 - Psaume 123

La FOI avait déjà atteint son but au Psaume 122. Bien des peines et des épreuves pouvaient encore jalonner le chemin des pèlerins, mais en esprit, Israël jouissait déjà de l’accomplissement de leurs espérances. Jérusalem, dans toute la beauté de sa restauration comme leur centre de rassemblement, dans la mesure où la maison de l’Éternel leur Dieu s’y trouvait, était devenue une réalité dans leurs âmes ; ils pouvaient donc se reposer dans l’assurance que leurs pieds se tiendraient un jour à l’intérieur de ses portes. Le croyant qui habite en esprit dans le ciel est le mieux préparé pour son voyage à travers le désert. Il en est de même ici, car après avoir anticipé la réalisation des promesses, le psalmiste revient maintenant aux circonstances effectives du peuple et à leur seule ressource au milieu de leurs adversaires.


5.1.1 - [123:1]

Le premier verset décrit leur attitude de dépendance dans ce langage simple : « J’élève mes yeux vers Toi, ô Toi qui habites dans les cieux ». Que de choses sont liées dans l’Écriture au fait de lever les yeux ou les mains vers le ciel ! L’Ancien Testament est plein d’enseignements sur ce point ; et nous lisons que le Seigneur béni Lui-même a levé Ses yeux vers le ciel tandis qu’Il épanchait les désirs de Son cœur en Jean 17 (voir aussi Jean 11:41). Cette action proclame que Dieu Lui-même est la confiance et le secours de ceux qui s’attendent à Lui, qu’Il est leur seule ressource et qu’ils n’ont aucune aide ailleurs. Heureuse est l’âme qui a appris cette leçon. Nous avons vu précédemment que la dernière partie du v.1 du Ps. 121 peut être rendue par : « D’où viendra mon secours ? ». Le verset suivant contient la réponse ; et pareillement le psaume 123 commence par cette position d’attente comptant sur Celui qui habite dans les cieux.


5.1.2 - [123:2]

Au v. 2, il nous est présenté l’intégralité et l’intensité de l’attente de la foi : « Voici, comme les yeux des serviteurs regardent à la main de leurs maîtres, comme les yeux de la servante à la main de sa maîtresse, ainsi nos yeux regardent à l’Éternel notre Dieu, jusqu’à ce qu’Il use de grâce envers nous ». C’est d’une grande beauté, car cela témoigne d’une confiance inébranlable et de la persévérance de la foi. Ces âmes pieuses fixent leurs yeux sur l’Éternel leur Dieu, comme des serviteurs s’attendent à leur maître pour avoir l’indication de leur volonté par un mouvement de la main. C’est ne pas avoir de volonté propre en présence de Dieu, et être par conséquent à Sa disposition absolue. Souffrant mépris et opprobre, ils ne veulent pas s’impatienter ni se venger, ni chercher quelque allégement à leur peine auprès de sources humaines, mais ils veulent attendre tranquillement jusqu’à ce que le Seigneur, dans la compassion de Son cœur, intervienne en leur faveur. Cette manifestation d’une confiance inébranlable en Dieu comme refuge connu, n’est-elle pas une leçon pour nous dans nos difficultés ? Beaucoup d’entre nous « lèvent les yeux » vers Lui dans leur détresse, mais manquent à attendre jusqu’à ce que le secours vienne. Nous prions, nous exprimons nos peines, mais cette persévérance invincible de la foi fait souvent défaut. Que cet exemple nous guide et nous encourage.


5.1.3 - [123:3,4]

Enfin, nous avons le poids qui pèse sur eux et la cause de leur cri : « Use de grâce envers nous, ô Éternel ; use de grâce envers nous, car nous sommes outre mesure accablés de mépris. Nos âmes sont outre mesure accablées des insultes de ceux qui sont à l’aise, et du mépris des orgueilleux » (v. 3, 4). La répétition du cri « Use de grâce envers nous » révèle l’intensité de leur douleur, tandis que sa brièveté montre leur confiance en Celui à qui il est adressé. Ils sont conscients que Son œil est sur eux, et qu’Il connaît leurs besoins et les circonstances qu’ils traversent et qui produisent leur affliction. Deux classes sont désignées comme cause de leur peine : ceux qui sont à l’aise et les orgueilleux, deux caractères qui distinguent toujours moralement les ennemis du peuple de Dieu. En effet, les méchants prospèrent souvent dans ce monde et ne sont pas dans la peine comme les autres hommes ; ils sont en outre enveloppés d’orgueil comme d’un vêtement : « Ils parlent avec hauteur, ils placent leur bouche contre les cieux, et leur langue parcourt la terre. C’est pourquoi Son peuple se tourne de ce côté-là, et on leur verse l’eau à plein bord » (Ps. 73:8-10). L’identité de ces ennemis sera examinée en rapport avec le psaume suivant.

Comme le lecteur peut le constater, les deux choses dont le peuple de Dieu a souffert sont les insultes et le mépris. Ces deux mots sont forts. Le premier est utilisé « spécialement à l’égard de ceux qui se moquent de ceux qui sont dans la détresse », et les traitent ainsi avec toute sorte d’outrages et d’ignominie ; le second signifie « mépriser ouvertement » et, par conséquent, accabler d’opprobre et de dédain ceux qui sont traités de la sorte. Et le fait que ces choses aient été accomplies jusqu’au bout ressort clairement des mots, deux fois répétés, « outre mesure accablés ». Dans le langage déjà cité (Ps. 73), « l’eau a été versée à plein bord » sur les élus de Dieu par leurs ennemis. Mais bien qu’ils l’aient peu saisi, la consolation était que Celui vers qui ils se tournaient à l’heure de l’épreuve avait Lui-même subi le même traitement de la part de Ses ennemis lorsqu’Il avait traversé la scène présente. Il n’a donc pas seulement entendu leur cri, mais Il a aussi connu leurs peines, et Il a pu ainsi sympathiser avec eux dans leurs afflictions, tout en attendant le moment propice pour intervenir et les secourir dans leurs détresses.


5.2 - Psaume 124

5.2.1 - [124:1-5]

Si l’on passe au psaume suivant, on remarque tout de suite qu’il contient le rappel de la délivrance demandée dans le psaume précédent. La miséricorde demandée a été accordée, et Israël, le cœur débordant de gratitude, célèbre l’intervention de leur Libérateur. Il est extrêmement beau de remarquer comment ils attribuent à l’Éternel seul leur salut hors des mains de leurs ennemis. Les cinq premiers versets l’exposent dans un langage très frappant :


1 Si l’Éternel n’avait pas été de notre côté, — qu’Israël le dise :

2 Si l’Éternel n’avait pas été de notre côté, quand les hommes se sont levés contre nous,

3 Alors ils nous auraient engloutis vivants, quand leur colère s’enflammait contre nous

4 Alors les eaux nous auraient submergés, un torrent aurait passé sur notre âme ;

5 Les eaux orgueilleuses auraient passé sur notre âme.


Trois choses sont à noter ici.


5.2.2 - [Qui est l’ennemi mentionné ?]

Qui donc est l’ennemi qui était si près, à ses yeux, d’achever la destruction de la nation élue ? Pour aider à répondre à cette question, il faut remarquer qu’Israël est dans son pays, — non seulement les deux tribus de Juda et de Benjamin, mais toutes les tribus, « les tribus de l’Éternel ». La délivrance dont il est question ici ne peut donc pas être celle décrite par Zacharie (ch. 12 à 14), lorsque toutes les nations sont rassemblées contre Jérusalem pour la bataille. Cette intervention du Seigneur est pour le salut de Son peuple, Juda, la maison de David, etc., qui sera revenu dans l’incrédulité et se trouvera déjà dans le pays au moment de Son apparition. Ce n’est qu’après ces événements qu’Israël sera restauré (voir Ézéchiel 20:33-44). Il est donc à peu près certain que l’ennemi dans notre psaume est le dernier ennemi d’Israël après l’établissement du royaume. Comme l’a dit un auteur bien connu, « Tout cela me paraît se rapporter


(*) Pour approfondir ce sujet, on étudiera avec profit Ézéchiel 38 et 39.


5.2.3 - [124:6,7]

Reprenant le cours du psaume, nous constatons que Celui qui a entendu les cris de Son peuple est maintenant loué pour la miséricorde qu’Il lui a accordée. Après avoir raconté leur délivrance, et reconnu pleinement Sa main, ils s’exclament : « Béni soit l’Éternel qui ne nous a pas livrés en proie à leurs dents. Notre âme est échappée comme un oiseau du piège des oiseleurs : le piège s’est rompu, et nous, nous sommes échappés » (v. 6, 7).

C’est toujours un signe de l’activité de l’Esprit lorsque l’âme qui a reçu une bénédiction se tourne immédiatement en louange vers Celui qui bénit. Trop souvent, la miséricorde ou la bénédiction reçue ne satisfont l’âme que pour un moment. L’exercice terminé, le but atteint, si nous ne sommes pas sur nos gardes, nous sommes souvent amenés à nous faire des illusions en oubliant la main qui s’est étendue sur nous ou qui a agi pour répondre à nos besoins. Il n’en était pas ainsi pour Israël, et il est bon de noter comment ils s’élèvent en actions de grâces vers la source de leur délivrance. Ils s’étaient confiés en Lui, ils n’avaient pas été rendus confus, et ils magnifient Son nom pour cela.

Ce n’est qu’en conséquence de cet état de cœur qu’ils estiment à sa juste valeur le caractère de leur délivrance. Ils y repensent en communion avec leur Dieu. Le piège avait été tissé autour d’eux par les oiseleurs de Satan ; mais le piège a été brisé — brisé par le bras puissant sur lequel ils s’étaient appuyés — et ils ont échappés. Ils pouvaient bien s’écrier : « Béni soit l’Éternel ».


5.2.4 - [124:8]

Le dernier verset n’exprime pas seulement une vérité, mais il exprime aussi leur propre expérience, et la leçon qu’ils ont apprise à travers leurs douleurs : « Notre secours est dans le nom de l’Éternel, qui a fait les cieux et la terre ». Telle est leur heureuse conclusion, maintenant qu’ils sont délivrés de la main de tous leurs adversaires. Ils l’avaient peut-être cru auparavant, au moins dans une mesure ; maintenant ils le savent, et désormais ils placent leur confiance uniquement dans le nom de l’Éternel, leur fidèle garant de l’alliance. De plus, dans l’exercice de leur foi, confirmée et purifiée par leurs épreuves, ils s’élèvent à la pleine hauteur de la révélation que l’Éternel a faite de Lui-même à Israël en tant que Créateur des cieux et de la terre. L’Éternel, tel que connu par Son peuple, était donc le Dieu Tout-Puissant. C’est ainsi que les apôtres, avec le groupe des saints de la Pentecôte et des sentiments encore largement ancrés dans un terrain juif, « élevèrent d’un commun accord la voix à Dieu, et dirent : ô Souverain ! Toi Tu es le Dieu qui as fait le ciel et la terre et la mer et toutes choses qui y sont » (Actes 4:24). Nous Le connaissons aussi comme notre Dieu et Père, parce qu’Il est le Dieu et Père du Seigneur Jésus Christ ; mais c’est aussi heureux pour nous comme pour Israël, quand nous sommes arrivés au bout de toutes les ressources humaines et que nous avons appris que notre secours n’est que dans le nom de notre Dieu.


6 - Psaume 125 — Les montagnes autour de Jérusalem

Un cantique des degrés.


6.1 - [125:1]

Par suite de la délivrance d’Israël du pouvoir de l’ennemi décrite au Ps. 124, la stabilité de ceux qui ont trouvé leur secours dans le nom de l’Éternel est déclarée : « Ceux qui se confient en l’Éternel sont comme la montagne de Sion, qui ne chancelle pas, mais qui demeure à toujours ». La montagne de Sion, siège du trône glorieux du Messie, subsistera aussi longtemps que la terre subsistera ; elle est donc prise comme symbole d’une stabilité perpétuelle. Elle « ne chancelle pas » et elle « demeure à toujours ». Il en est de même pour ceux qui se confient en l’Éternel. On trouve une idée similaire en Ésaïe (26:4) : « Confiez-vous à l’Éternel pour toujours, car en Jah, l’Éternel est le Rocher des siècles ». Ceux qui se confient en Lui partagent donc le caractère du fondement sur lequel ils reposent, comme par exemple les pierres vivantes en 1 Pierre 2 (v.4) tirent leur caractère de La Pierre vivante dont ils se sont approchés. Il nous est ainsi heureusement rappelé que ce n’est pas notre faiblesse que nous devons considérer, mais la force du Seigneur ; et que nous pouvons nous reposer avec une confiance inébranlable sur Celui qui ne peut chanceler, puisqu’Il est le Même hier, aujourd’hui et éternellement.


6.2 - [125:2]

Si le v. 1 donne le sujet du psaume, les deux versets suivants poursuivent le sujet et en font une application spéciale. « Jérusalem ! des montagnes sont autour d’elle, et l’Éternel est autour de Son peuple dès maintenant et pour toujours ». La dernière partie du verset a une force pleine et illimitée : En tant que fondement de la confiance de Son peuple, l’Éternel leur donne une stabilité éternelle ; et comme Il est « autour d’eux », Il les place dans une sécurité inviolable. Les montagnes qui entourent Jérusalem sont considérées comme sa défense naturelle, une muraille de protection, et l’Éternel est regardé comme entourant Israël de Ses soins tout-puissants pour les mettre à l’abri du danger et des attaques. Quelle peine le Seigneur prend-Il pour assurer les Siens de leur parfaite sécurité quand ils sont sous Ses soins protecteurs !


6.3 - [125:3]

Vient ensuite l’application spéciale : « Car le bâton de la méchanceté ne reposera pas sur le lot des justes, afin que les justes n’étendent pas leurs mains vers l’iniquité » (v. 3). Nous appelons cela une application spéciale, car ce verset donne une raison pour la protection de l’Éternel envers les Siens, à savoir de les préserver de la puissance et de la domination des méchants, afin qu’ils ne soient pas tentés de pécher. Par « bâton », nous comprenons « sceptre » ou « domination » ; et par « lot », nous comprenons « portion » ou « héritage ». Le sens est donc simplement que plus jamais les justes ne seront plus jamais soumis à l’emprise des méchants, comme Israël l’a été si souvent dans les temps passés à cause de leur péché. Observez le caractère absolu de cette déclaration : « Le bâton de la méchanceté ne reposera pas sur le lot des justes », et ensuite la tendresse de l’Éternel dans Sa sollicitude veillant à ce que Son peuple ne tende plus les mains à l’iniquité. Un Dieu saint aime, et doit avoir un peuple saint ; Il les gardera de tous côtés pour assurer Ses désirs en leur faveur. Il nous permet ainsi de voir le désir ardent de Son cœur et le but de Son gouvernement, afin que Ses objectifs et Ses désirs soient aussi les nôtres.


6.4 - [125:4]

Le verset suivant est une prière fondée sur la révélation de Sa protection et de Son gouvernement à l’égard de Son peuple : « Fais du bien, ô Éternel, aux gens de bien et à ceux qui sont droits dans leur cœur. Il s’agit là d’un principe permanent du gouvernement de Dieu, qui est pleinement énoncé dans un autre psaume : « Avec celui qui use de grâce, tu uses de grâce ; avec l’homme parfait, tu te montres parfait ; avec celui qui est pur, tu te montres pur ; et avec le pervers, tu te montres roide » (Ps. 18:25-26; comp. 34:12, 16). Il est très nécessaire de garder à l’esprit cette distinction entre la grâce et le gouvernement ; car s’il est heureusement vrai que l’attitude de grâce de Dieu envers Son peuple est immuable, car elle est déterminée par ce que Christ est devant Lui, néanmoins Il ne manque jamais de châtier et de marquer de Son déplaisir ceux d’entre eux dont la marche et la conduite déshonorent Son nom. Par conséquent, la condition pour jouir de ce qu’Il est en grâce, pour qu’Il manifeste Sa faveur, est de marcher en Sa présence, comme ce fut le cas, par exemple, d’Énoch, qui marcha avec Dieu et reçut le témoignage d’avoir plu à Dieu.


6.5 - [125:5]

La première phrase du v. 5 illustre, d’autre part, le même principe ; car il s’agit de « ceux qui se détournent dans leurs voies tortueuses », montrant qu’ils sont parmi le peuple de Dieu, et cependant ils sont ceux que l’Éternel fera marcher avec les ouvriers d’iniquité. La face du Seigneur doit être contre ceux qui font le mal (1 Pierre 3:12), où qu’ils se trouvent. Il s’agit là d’une considération solennelle pour le peuple de Dieu professant, car notre Dieu est un feu consumant (Héb. 12:29). La conclusion est très belle. Comme on le remarquera, il n’y a que deux mots : paix – Israël. Certains interprètent : « Que la paix soit sur Israël », tandis que d’autres y voient une promesse : « La paix sera sur Israël ». La différence n’est pas grande, car un désir divin équivaut à une promesse, et nous pouvons le considérer ainsi. L’Israël spécifié est un Israël purifié par le jugement, comme l’indique le verset précédent, un Israël du milieu duquel ont été purgés tous ceux qui s’étaient détournés dans leurs voies tortueuses. On ne peut guère douter que l’apôtre ait eu ce passage à l’esprit lorsque, guidé par l’Esprit, il écrivit : « Que la paix et la miséricorde soient sur tous ceux qui marcheront selon cette règle, — et sur l’Israël de Dieu » (Gal. 6:16). Oui, l’Israël de Dieu aura toujours une paix divine reposant sur lui dans tout l’infini de ses bénédictions. Quelle faveur ! Et pourtant, aussi grande qu’elle soit, elle ne sera pas comparable à la paix de Dieu qui surpasse toute intelligence (Phil. 4:7), ou à la paix de Christ (Col. 3:15), dont tout croyant peut jouir déjà maintenant. Cela revient à dire que les bénédictions célestes dépassent de loin celles qui seront la part du peuple terrestre. Mais quelle que soit la dispensation, il ne peut y avoir possession et jouissance d’une part spéciale en dehors d’une marche répondant à la révélation que Dieu a faite de Lui-même à Son peuple.


7 - Psaume 126 — Moissonner dans la joie

Un cantique des degrés.


Ce beau psaume complète la première série de sept ; il célèbre dans un langage exquis l’intervention soudaine de l’Éternel pour sauver et délivrer Sion du pouvoir de l’ennemi. Le lien est très étroit avec les deux psaumes précédents. Ainsi au Ps. 124:7, le Résidu dit : « Notre âme est échappée comme un oiseau du piège des oiseleurs ; le piège s’est rompu, et nous sommes échappés ». Dans le psaume 125 qui suit, la stabilité et la sécurité de ceux qui se confient en l’Éternel sont déclarées ; et maintenant au Ps. 126, regardant en arrière à ce que l’Éternel a fait en faveur de Son peuple, leurs cœurs débordent d’admiration et de louange.

La structure du psaume est très simple, étant divisé en 2 parties de 3 versets chacune :


7.1 - [126:1]

Tout d’abord, leurs pensées sont centrées sur Sion, dont les captifs ont été « rétablis » par la main droite de puissance de l’Éternel. Ces captifs avaient été abaissés à un niveau très bas. Comme l’a écrit Ésaïe : « Humiliée, tu parleras depuis le sol, et ta parole sortira sourdement de la poussière » (Ésa. 29:4). Et encore : « Les peuplades s’émeuvent en tumulte comme les grandes eaux » (Ésa. 17:13), c’est-à-dire contre Sion. Le prophète Zacharie décrit en outre la douleur et la détresse de la cité élue lorsqu’elle est entourée de ses ennemis, sans perspective apparente de délivrance. Mais à la dernière extrémité, alors que, selon toutes les apparences extérieures, son cas sera sans espoir, l’Éternel s’interposera soudain pour la secourir. C’est pourquoi Ésaïe dit, en parlant des nations rassemblées : « Dieu les reprendra, et elles s’enfuiront au loin ; elles seront chassées comme la balle des montagnes devant le vent, et comme le chaume devant le tourbillon : au temps du soir, voici l’épouvante, et avant le matin, elles ne sont plus » (Ésa. 17:13-14 ; voir aussi Ésa. 29:3-8 et Zach. 14). C’est l’événement célébré dans notre psaume, et le Résidu confesse que l’intervention de l’Éternel était si inattendue et si merveilleuse que « nous étions comme ceux qui rêvent ». Ils ne pouvaient guère le croire au début, car bien qu’ils aient crié à l’Éternel justement pour cette chose (Ps. 123, 130), la réponse allait tellement au-delà de leur attente, comme dans le cas des saints qui priaient pour la délivrance de Pierre (Actes 12), qu’ils étaient frappés de stupeur.


7.2 - [126:2]

Mais en se ressaisissant, lorsqu’ils comprenaient la réalité et l’ampleur de la grâce de l’Éternel et de Son secours, leur bouche se remplissait de rires et leur langue de chants de joie ; la joie incontrôlable de leurs cœurs éclatait en un flot de louanges en extase. Quelle était la merveille ? C’était l’aube du matin d’été auquel ils aspiraient depuis longtemps, et le contraste avec le sombre minuit qu’ils avaient traversé était si saisissant qu’ils ne pouvaient qu’exprimer les émotions de leurs âmes dans des cantiques d’adoration. De plus, les nations environnantes reconnaissaient que c’était la main de Dieu et confessaient que l’Éternel avait fait de grandes choses pour Son peuple.


7.3 - [126:3]

Dans leur bonheur, Israël répond en confirmant le témoignage des païens : « L’Éternel a fait de grandes choses pour nous, et nous en avons été réjouis ». Car une fois de plus dans leur histoire, ils apprendront de cette manière que l’Éternel est leur force et leur cantique, et qu’il est devenu leur salut (Ps. 118:14).


7.4 - [126:4]

Percevant que l’Éternel avait commencé la rédemption de Son peuple de la main de leurs ennemis, leur foi est fortifiée, et ils prient maintenant pour une bénédiction plus complète : « Rétablis nos captifs, ô Éternel, comme les ruisseaux dans le midi ». Cette prière comprend la pleine restauration et la bénédiction complète d’Israël, selon le langage de Zacharie : « Afin que, étant libérés de la main de nos ennemis, nous puissions Le servir sans crainte, en sainteté et en justice devant Lui, tous nos jours » (Luc 1:74-75). C’est le retour de la pluie de la dernière saison après la saison sèche et aride, et donc « comme les ruisseaux dans le midi ». Avant les pluies, le lit de ces ruisseaux est sec et rocailleux, mais ils sont remplis jusqu’à déborder par les pluies fertilisantes du ciel en leur temps. Ainsi, Éternel, s’écrie Israël, rétablis nos captifs ; que la miséricorde accordée à Sion ne soit que les arrhes de l’accomplissement de toutes Tes promesses à l’égard de Ton peuple.


7.5 - [126:5]

La réponse à leur prière était assurée dans les desseins de Dieu et dans les cœurs de Son peuple, liés par la foi à la fidélité de leur Dieu qui garde l’alliance. C’est ainsi qu’il est dit : « Ceux qui sèment avec larmes moissonneront avec chant de joie ». Effectivement ce Résidu élu d’âmes fidèles, fidèles par grâce en un jour de pression et de persécution extrêmes (Matt. 24:21-22), « sèmera » dans les larmes. Comme nous le lisons en Daniel : « Les sages du peuple enseigneront la multitude ; mais ils tomberont par l’épée et par la flamme, par la captivité et par le pillage, beaucoup de jours » (Dan. 11:33). Et encore : « Plusieurs seront purifiés, blanchis et affinés » (Dan. 12:10). Mais la semence ainsi baignée dans les larmes et semée dans la douleur germera en son temps, poussera et produira une moisson abondante, et alors le semeur et le moissonneur se réjouiront ensemble.


7.6 - [126:6]

Le dernier verset est une affirmation du même principe, mais d’une manière particulière. Ce ne sont plus ceux qui sèment avec larmes, mais il s’agit de « Celui qui va en pleurant, portant la semence qu’Il répand, qui reviendra avec joie, portant ses gerbes ». On voit partout dans l’Écriture que ce qui doit être vrai au sujet du croyant ou du serviteur est d’abord illustré dans toute sa perfection en Christ. Or, comme Il nous l’a Lui-même enseigné, c’est Lui qui était le grand Semeur, et il nous est permis de Le voir pleurer sur la ville où il avait répandu une grande partie de Sa précieuse semence. Vu de l’extérieur, on pourrait croire que la semence ainsi répandue a péri, qu’Il a travaillé en vain et a dépensé Sa force pour le néant ; mais que dit Dieu à son « Serviteur » ? « C’est peu de chose que tu Me sois serviteur pour rétablir les tribus de Jacob et pour ramener les préservés d’Israël : Je Te donnerai aussi pour être une lumière aux nations, pour être Mon salut jusqu’aux bouts de la terre » (Ésaïe 49:4-6). Il en est de même dans notre psaume — Il reviendra, c’est certain, dans la joie, chargé des gerbes de Sa fructueuse moisson. Car, qu’il s’agisse de Son peuple céleste ou de Son peuple terrestre, Il verra du fruit du travail de Son âme et sera satisfait (És. 53:11). C’est au temps de la moisson qu’Il se réjouira de Son peuple avec joie (Ps. 126:5), qu’Il se reposera dans Son amour (Soph. 3:17) et qu’Il se réjouira à leur sujet en chantant (Ps. 126:6). C’est à propos de ce jour-là que le Seigneur a dit : « Voici, en ce temps-là, j’agirai à l’égard de tout ceux qui t’affligent ; je sauverai celle qui boitait, je recueillerai celle qui était chassée, et je ferai d’elles une louange et une renommée dans tous les pays où elles étaient couvertes de honte. En ce temps-là, je vous amènerai, dans ce même temps Je vous rassemblerai ; car je ferai de vous un nom et une louange parmi tous les peuples de la terre, quand je rétablirai vos captifs devant vos yeux, dit l’Éternel (Soph. 3:19-20). Au milieu de toute cette bénédiction réalisée, Israël s’écriera : « L’Éternel a fait de grandes choses pour nous, et nous en avons été réjouis » (126:3).


8 - Psaume 127 — Repos pour Ce Bien-aimé

Un cantique des degrés. De Salomon.


Ce psaume est le psaume central de toute la série, puisqu’il y en a sept avant et sept après lui. Comme nous l’avons déjà souligné, chacun de ces groupes de sept


Ces détails intéressants de structure n’ont pas à nous détourner de l’enseignement divin des Psaumes, mais nous pouvons néanmoins admirer la symétrie et l’exactitude de l’Écriture inspirée.


8.1 - [127:1 — Psaume de Salomon. Sa structure]

Salomon est l’auteur du psaume. Ce fait confère un intérêt particulier au sujet et nous montre que le roi a commencé à construire la maison dans une réelle dépendance de Dieu. Les deux premiers et les trois derniers versets vont ensemble, bien qu’il y ait un lien intime entre ces deux sections ; car les deux idées fondamentales sont la maison et la famille, quelle que soit leur importance du point de vue prophétique.


8.1.1 - [127:1a — Ce que Salomon a fait en réalité]

« Si l’Éternel ne bâtit la maison, ceux qui la construisent travaillent en vain ; si l’Éternel ne garde la ville, celui qui la garde veille en vain ».

L’enseignement de ce verset est encore plus fort si l’on applique le terme « la maison » non seulement à la maison même de Salomon, mais aussi au temple qu’il eut le privilège de construire, et au temple qui sera encore rebâti, d’abord par les Juifs incrédules après leur restauration, et enfin par le Seigneur Lui-même après l’établissement de Son royaume (Zacharie 6:12).

Nous avons tout d’abord la vérité générale que toutes les entreprises humaines ne servent à rien à moins que le Seigneur ne soit avec nous, qu’Il nous guide, qu’Il nous contrôle et nous soutienne, à moins que nous ne fassions qu’exécuter Ses desseins et Ses propos. Il était bon que Salomon soit profondément imprégné de la conviction exprimée ici, car la moitié de son règne (vingt ans) a été occupée à l’édification de la maison de l’Éternel et de sa propre maison. Le fait qu’il ait manqué à se souvenir du principe divin qu’il lui a été donné de mettre par écrit, ressort de ce qui est joint à l’indication de la durée de sept ans pendant laquelle il a bâti la maison de l’Éternel (1 Rois 6:38 et 7:1) : « Or Salomon mit treize ans à bâtir sa propre maison », soit presque deux fois sept ans. Hélas ! combien de fois nous commençons notre propre service dans une réelle dépendance du Seigneur, avec le plein sentiment que nous ne pouvons rien faire en dehors de Lui ; puis, pour une raison ou une autre, parfois même par plaisir pour le travail lui-même, nous sommes entrainés à dépendre de nos propres méthodes ou de notre propre énergie, jusqu’à perdre de vue l’objectif de Dieu parce que nous sommes occupés par les nôtres.

Remarquons de plus que nos propres maisons entrent souvent en concurrence avec la maison du Seigneur. Le prophète Aggée donne des instructions très solennelles à cet égard. « Vous vous attendiez à beaucoup », dit-il au Résidu restauré, et voici, il n’y a eu que peu ; et quand vous l’avez apporté à la maison, j’ai soufflé dessus. Pourquoi ? dit l’Éternel des armées. À cause de Ma maison qui est dévastée, — et vous courez chacun à sa maison » (Aggée 1:9). Il nous faut donc peser beaucoup cette vérité, que tout ce que nous édifions est totalement vain si cela n’accomplit pas l’œuvre du Seigneur.


8.1.2 - [127:1a — Application prophétique]

L’application prophétique est d’un grand intérêt et contient beaucoup d’encouragement pour le Résidu d’un jour futur. D’autres passages des Écritures nous apprennent que les Juifs seront rétablis dans leur pays tout en étant dans l’incrédulité et que, dans leur tentative de faire revivre leur splendeur nationale, ils construiront le temple (voir Ésaïe 66:6; 2 Thess. 2:4). Cela se passera sous les yeux du Résidu pieux, « ceux qui gardent les commandements de Dieu et qui ont le témoignage de Jésus » (Apoc. 12:17). Mais guidés par l’enseignement de ce psaume, ils seront confortés par l’assurance que « si le Seigneur ne bâtit la maison, ceux qui la bâtissent y travaillent en vain » ; et ils seront ainsi préservés d’être trompés par la construction et l’établissement des rites somptueux du temple national. Ces paroles constituent aussi assurément un avertissement solennel pour les bâtisseurs chrétiens. Comme l’écrit Paul : « Selon la grâce de Dieu qui m’a été donnée, comme à un sage architecte, j’ai posé le fondement, et un autre édifie dessus. Mais que chacun prenne garde comment il édifie dessus » (1 Cor. 3:10). Celui qui édifie avec du bois, du foin ou du chaume travaille en vain, sauf, hélas ! qu’il assure ses pertes futures ou sa propre destruction. En vérité, le jour révélera le caractère de l’œuvre de chacun, qu’il s’agisse de bâtisseurs juifs ou chrétiens, car l’œuvre sera révélée par le feu, et le feu éprouvera la nature de l’œuvre de chacun.


8.1.3 - [127:1b]

Dans la seconde partie du verset, le même principe est appliqué à la vigilance humaine : « Si l’Éternel ne garde pas la ville, celui qui la garde veille en vain ».

Jérusalem peut encore être reconstruite et fortifiée au point d’être considérée comme imprenable ; les sentinelles vigilantes peuvent être constamment en alerte ; toutes les précautions possibles peuvent être prises pour se prémunir contre tout assaut, surtout ceux de nuit ; mais les efforts les plus acharnés de la force et de la vigilance humaines seront entièrement futiles si l’Éternel ne garde pas la ville. Il serait facile de trouver de nombreux exemples de cette vérité parmi les récits historiques, spécialement la prise de Babylone par Cyrus : tous proclament pareillement l’impuissance de l’homme lorsqu’il agit sans Dieu. C’est une leçon qui doit être gravée dans les cœurs du peuple de Dieu à toutes les époques, afin qu’ils se reposent seulement sur Sa protection et Ses soins, et qu’ils puissent ainsi chanter aux heures les plus sombres : « Dieu est notre refuge et notre force, un secours dans les détresses, toujours facile à trouver » (Ps. 46:1).


8.2 - [127:2 — Quel est le « sommeil » qu’Il donne ?]

Le verset suivant ne fait que suivre la même leçon de dépendance, quoique sous un autre aspect : « C’est en vain que vous vous levez matin, que vous vous couchez tard, que vous mangez le pain des douleurs : C’est ainsi qu’Il donne le sommeil à Son bien-aimé (ou Ses bien-aimés) ».

Il convient d’abord de dire quelques mots sur le sens de la deuxième moitié du verset, car tout le sens du passage en dépend. Beaucoup prennent le sommeil au sens littéral. S’agit-il du sommeil proprement dit ? Le contraste manifeste est entre garantir ou obtenir quelque chose par nos propres efforts, et le fait de s’attendre à Dieu et de la recevoir comme un don de Dieu. Il ne viendrait à personne l’idée de d’acheter le sommeil de la manière décrite ici, et certainement pas en mangeant le pain de douleur ; mais il est courant que l’homme cherche à acquérir les moyens de l’aisance, de la retraite et de la jouissance des choses par son propre travail, même s’il est pénible et inlassable. Nous en concluons donc que le sommeil doit être pris au sens symbolique de repos et d’apaisement de l’esprit. Ainsi, tout est clair. La tranquillité d’esprit et la jouissance paisible ne peuvent jamais être le fruit de notre propre labeur. Dieu est le Donateur de tout repos à Ses bien-aimés, et une fois qu’ils ont accepté cette simple vérité, ils cessent tout souci, ainsi que tout travail anxieux, et sont gardés dans une paix parfaite, quelles que soient les perspectives, et leurs pensées restent fixées sur Lui. Quelle bénédiction pour l’âme d’entrer dans ceci en quelque mesure, alors qu’elle est entourée de tant de dangers et de motifs d’appréhension et d’anxiété ! Dans les jours périlleux, au milieu des épreuves, des tribulations et des douleurs, nous pouvons toujours nous reposer sur la poitrine de Celui qui donne le sommeil à Ses bien-aimés. Les croyants durement éprouvés, que ce soit par des difficultés temporelles ou spirituelles, trouveront ici beaucoup de nourriture bénie à méditer, et apprendront en même temps à toujours regarder vers le Seigneur, et à se souvenir qu’ils sont Ses bien-aimés à qui Lui se plaît à donner le « sommeil ».


8.3 - [127:3]

Les trois derniers versets vont de pair et complètent le sujet du psaume. Nous avons donc l’habitation, la maison étant prise dans sa signification première ; ensuite, les soins de celui qui garde avec le repos de l’esprit ; et enfin, la famille — les enfants. Mais s’il y a des enfants, ils sont aussi un don de Dieu — un héritage de l’Éternel ; ils sont Son don comme Sa récompense, comme la marque de Son approbation et de Sa bénédiction accordées à ceux qui Le craignent et marchent dans l’obéissance à Sa parole, selon Sa promesse à Son peuple terrestre (voir Deut. 28:11 et Ps. 128). Nous voyons donc que, dans chaque dispensation, Dieu veut que les Siens apprennent que Lui est la source de toutes leurs bénédictions, que Lui est le DONNATEUR, le Dieu de toute grâce ; et que par conséquent le secret d’une vie heureuse et paisible réside dans la réalisation de la dépendance de Lui. Que d’inquiétudes et d’appréhensions nous seraient épargnées si cette leçon était plus profondément gravée dans nos cœurs ! Nous pourrions alors ne nous inquiéter de rien, car nous ne nous attendrions qu’à Dieu, nous ne compterions que sur Lui, avec l’assurance que nous ne pouvons obtenir absolument rien par nos propres efforts, même les plus diligents, mais que tout doit être reçu comme un don de Dieu. Une fois que nous avons appris que Dieu est un Donateur, nous sommes heureux et satisfaits d’être ceux qui reçoivent.


8.4 - [127:4-5]

De plus, les enfants sont un moyen de défense (car les ennemis sont toujours dans le pays, comme nous l’avons déjà remarqué) : « Comme des flèches dans la main d’un homme puissant, ainsi sont les enfants de la jeunesse ».

À titre d’exemple, nous lisons que « les fils d’Ulam étaient des hommes forts et vaillants, tirant de l’arc, et qu’ils eurent beaucoup de fils et de petits-fils, cent cinquante » (1 Chr. 8:40). Cela explique aussi le verset suivant (127:5) : « Heureux l’homme qui en a rempli son carquois ! Ils n’auront pas honte quand ils parleront avec des ennemis dans la porte ». Comme la porte était le lieu d’autorité et de jugement, où l’on réglait les litiges et où l’on pouvait être attaqué par des ennemis extérieurs, on comprend facilement les allusions du psalmiste. L’homme qui « a son carquois rempli » de telles flèches, des enfants, aura les moyens de défendre sa cause lorsqu’il sera injustement attaqué, et il sera ainsi capable de faire front avec hardiesse contre ses ennemis. C’est ainsi que nous lisons au sujet du Messie dans un jour futur : « Ton peuple sera un peuple de franche volonté, au jour de ta puissance… Du sein de l’aurore te viendra la rosée de ta jeunesse » (Ps. 110:3). Il ne fait aucun doute que ce verset doit être ponctué comme ci-dessus ; et le sens de la dernière phrase semble être que les jeunes disciples du Messie, au jour de Sa puissance, seront aussi nombreux que les gouttes de rosée du sein de l’aurore, ou, comme on l’a paraphrasé, « Ta jeune armée est comme la rosée dans sa beauté ». En combinant ces deux pensées — le nombre et la beauté — nous pouvons dire que lorsque le Messie s’avancera, Il n’aura pas honte de parler aux ennemis dans la porte, ce qu’Il fera certainement jusqu’à les détruire (voir Zacharie 14:3).


En rappelant enfin ce qui est dit d’Aser (« Aser sera béni en fils », Deut. 33:24), et en le combinant avec le v. 5, nous pouvons bien nous rappeler que, dans la prédication de l’évangile, par exemple, les enfants sont un héritage du Seigneur. Cela nous gardera de toutes les méthodes humaines pour assurer le succès, de tout ce qui fait appel à la nature et aux sentiments, et cela nous amènera à dépendre uniquement de la Toute-puissance du Saint Esprit, et de la faveur et de la bénédiction de Dieu. Que le Seigneur lui-même ouvre nos cœurs pour recevoir l’instruction simple de ce psaume.


9 - Psaume 128 — Bénédiction de Sion

Un cantique des degrés.


9.1 - [128:1]

Si le psaume précédent enseigne que le Seigneur Lui-même est la source de toute bénédiction et de toute prospérité, et que, sans Lui, rien ne peut être accompli ou établi, nous avons ici le caractère de ceux sur qui repose Sa faveur : « Heureux quiconque craint l’Éternel, et marche dans Ses voies ! (128:1). La nature de la bénédiction dont on jouit ainsi est décrite ensuite.

Une très large porte de bénédiction est ainsi divinement ouverte. Elle est en réalité limitée seulement à ceux qui possèdent les caractéristiques données — craindre le Seigneur et marcher dans Ses voies — elle correspond donc, par exemple, aux « quiconque » de Jean 3:15-16. Il s’agit sans doute d’Israélites pieux, et même de tout Israël, si l’on considère le v. 1 comme représentatif ; mais les termes mêmes employés permettent d’inclure l’étranger qui séjournerait au milieu d’Israël ; car « pour ce qui regarde la congrégation, il y aura une même règle pour vous et pour l’étranger qui séjournera avec vous, une règle perpétuelle dans vos générations : comme vous, ainsi sera l’étranger devant l’Éternel » (Nombres 15:15). Le cœur de Dieu s’est donc toujours étendu, dans Sa grâce ineffable, au-delà de Son peuple élu, pour pourvoir à la bénédiction des « étrangers par rapport à la congrégation d’Israël et aux alliances de la promesse, sans espérance et sans Dieu dans le monde » (Éph. 2:12). C’est à cette souveraineté de Sa grâce que nous-mêmes sommes redevables de ce merveilleux lieu de proximité, et de la relation intime dans laquelle nous avons été introduits par la mort et la résurrection de Christ.

Il faut aussi remarquer que ces mots ont une application gouvernementale, c’est-à-dire que Dieu, dans le gouvernement de Son peuple, veut faire dépendre la réception et la jouissance de ces bénédictions, de leur crainte de Lui et de leur marche dans Ses voies. Par exemple, un Israélite pouvait être rétabli dans son pays, mais s’il marchait avec insouciance, il n’avait pas droit aux promesses faites ici. Ce principe — et il est très important — s’applique aussi bien au chrétien qu’au juif ; il est vrai, en fait, pour les saints de toutes les dispensations. Pour jouir des bénédictions d’une époque quelconque, il faut marcher en accord avec la révélation que Dieu s’est plu à faire de Lui-même pour ce temps-là. Il est toujours vrai que Dieu ne refuse aucun bien à ceux qui marchent dans la droiture (ou : intégrité ; Ps. 84:11).

Deux caractéristiques sont données de l’homme qui est béni par l’Éternel — craindre l’Éternel et marcher dans Ses voies. Pour éviter tout malentendu, il faut insister sur le fait qu’il ne s’agit pas de simples caractéristiques — elles devraient être présentes dans tout le peuple de Dieu — mais elles sont données ici comme des indications d’un état pratique ou d’une condition pratique :


Dans l’ensemble, l’état pratique est le résultat de la vérité détenue avec une puissance divine dans l’âme ; et c’est la seule porte, comme nous l’avons déjà dit, vers la jouissance de notre vraie portion. Comme le dit Jean, l’amour de Dieu consiste à garder Ses commandements.


9.2 - [128:2,3]

Les bénédictions décrites ici sont typiquement juives, terrestres et non célestes. Cependant, on peut tirer beaucoup d’enseignements de ce qui est promis : « Tu mangeras le fruit du travail de tes mains, tu seras bienheureux et tu seras entouré de biens. Ta femme sera au dedans de ta maison comme une vigne féconde ; tes enfants comme des plants d’olivier autour de ta table » (128:2, 3).

Il devait donc y avoir une bénédiction dans le travail, dans sa propre âme, et une prospérité générale, en même temps que du bonheur domestique et familial ; mais cela mérite d’être examiné un peu plus en détail.


9.2.1 - [128:2a]

D’abord, il faut jouir du fruit de son propre travail. Ce n’est là que l’accomplissement des promesses de Dieu à Son peuple, sous condition qu’ils observent et gardent Ses commandements (voir Deut. 28:1-12) ; et on voit le contraste dans le même chapitre où ils sont avertis que, s’ils se détournent des statuts et des lois de Dieu, d’autres mangeront le fruit de leur terre et de tout leur travail. (Deut. 28:33). N’oublions pas qu’en un sens cela peut être vrai maintenant pour les enfants de Dieu. S’ils marchent au mépris de Sa parole, s’ils sont focalisés sur eux-mêmes comme leur objectif, Dieu interviendra souvent et s’occupera d’eux dans leurs circonstances. Combien y en a-t-il eu qui ont décidé de marcher dans le monde, d’y travailler beaucoup et longtemps pour arriver à leurs fins, et voilà que, juste au moment où leur but était en vue, tout le fruit de leur labeur a soudain disparu ! Puisse le Saint Esprit graver profondément dans nos cœurs la leçon que la bénédiction de Dieu ne peut reposer que sur les travaux de ceux qui Le craignent et qui marchent dans Ses voies.


9.2.2 - [128:2b]

Deuxièmement, tous ceux qui sont dans ce cas seront bienheureux, et ils seront entourés de biens. Lorsqu’une âme est maintenue dans la sainteté devant Dieu, elle jouit du sentiment de Sa faveur, et l’on découvre bientôt que c’est là le secret de tout vrai bonheur. C’est à cela que le Psalmiste fait allusion, et il ajoute que tu seras entouré de biens. C’est ainsi qu’Ésaïe dit : « Dites au juste que le bien lui arrivera » (És. 3:10), comme Pierre l’enseigne dans sa première épître, que le gouvernement de Dieu est en faveur des Siens (1 Pierre 3:10-13). L’Israélite pieux est donc instruit ici que, même au travers des peines et des épreuves, l’œil de Dieu est sur lui, et que le bien sera l’aboutissement certain du gouvernement et des voies de Dieu.


9.2.3 - [128:3]

Enfin, la bénédiction devait reposer sur sa maison et sa famille. Le lecteur se souviendra que le v. 3 parle de la bénédiction du peuple terrestre ; et, en se rappelant cela, il remarquera l’incomparable beauté des illustrations tirées de la vigne et de l’olivier ; car c’est du fruit de la vigne qu’il est dit qu’il réjouit le cœur de Dieu et de l’homme (Jug. 9:13), et la graisse de l’olivier est employée pour exprimer la bénédiction et les privilèges du peuple de Dieu sur la terre (Rom. 11:17). C’est en effet un beau tableau d’une famille heureuse que beaucoup de saints aujourd'hui apprécieront ; car quelle plus grande joie ont-ils sur terre, en dehors de l’assemblée, que de voir la concorde de leurs familles, leurs enfants grandissant autour de leur table, aucun siège n’étant encore vacant, et tous donnant la promesse de l’œuvre de l’Esprit de Dieu dans leurs âmes ? Nous affirmons nettement que les chefs de famille chrétiens ont le droit de rechercher la réalisation de la signification spirituelle de cette image de paix et de bénédiction domestiques.


9.3 - [128:4-5a]

Les trois derniers versets paraissent aller ensemble, c’est-à-dire que le v. 4 est une introduction aux v. 5 et 6, plutôt qu’un résumé des trois premiers. Son premier mot confirme cette interprétation : « Voici », dit le psalmiste, « ainsi sera béni l’homme qui craint l’Éternel », et il se met alors à en expliquer la manière. Il dit tout d’abord : « L’Éternel te bénira de Sion ». Toute la bénédiction d’Israël se fera, dans un jour futur, à partir de Sion, parce qu’elle sera le siège du trône terrestre du Seigneur. C’est pourquoi l’apôtre écrit : « Le Libérateur viendra de Sion, et Il détournera de Jacob l’impiété » (Rom. 11:26). Les Psaumes sont pleins de cette même vérité, comme, par exemple, dans l’expression : « De Sion, perfection de la beauté, Dieu a fait luire Sa splendeur » (Ps. 50:2 — voir Psaumes 24, 47, 48, 87, 97 à 99, ainsi que Ésaïe 51, 52 etc. etc.). Être béni à partir de Sion sera donc l’aboutissement de toute bénédiction pour Israël, parce que ce sera lié au règne du Messie, et sera donc l’accomplissement des brillantes prédictions des prophètes. Cela était dit pour parler à leur cœur de l’établissement du royaume et des bénédictions qui s’y rattachent, après lesquelles ils ont si longtemps soupiré et attendu dans les jours de leurs douleurs.


9.4 - [128:5b]

La suite du verset va dans le même sens : « Et puisses-tu voir le bien de Jérusalem tous les jours de ta vie ».

Si, dans l’Écriture, Sion est le siège de la grâce royale, le lieu du trône (car c’est là que David plaça l’arche), Jérusalem, en tant qu’expression de la nation est l’épouse terrestre, et pour elle, en tant que telle, il y a un avenir glorieux. C’est dans cette perspective que Dieu placera sur ses murailles des sentinelles et ceux qui font ressouvenir, ne Lui laissant pas de repos jusqu’à ce qu’Il établisse Jérusalem, et qu’Il en fasse un sujet de louange sur la terre (És. 62:6-7). À propos de ce temps-là, il est écrit : « On n’entendra plus parler de violence dans ton pays, ni de dévastation et de ruine dans ton territoire ; mais tu appelleras tes murs ‘Salut’ et tes portes ‘Louange’ » (És. 60:18) ; et encore : « Au lieu d’être abandonnée et haïe, de sorte que personne ne passait par toi, je te mettrai en honneur à toujours, et pour joie de génération en génération » (És. 60.15). Et lorsque tout cela sera accompli, lorsque Jérusalem aura été restaurée et rétablie dans la faveur de l’Éternel, sa bénédiction se poursuivra. Israël contemplera donc le bien de Jérusalem « tous les jours de sa vie » (128:5b).

Comme nous l’avons vu dans un Psaume précédent, le peuple de Dieu est exhorté à prier pour la paix de Jérusalem, et leur prière sera abondamment exaucée. Mais ce qu’il faut remarquer, c’est que nous avons ici le vrai signe d’une saine piété, c’est-à-dire la communion avec le cœur de Dieu. Les affections de l’Éternel sont fixées sur Jérusalem, et par conséquent tous ceux qui Le craignent et qui marchent dans Ses voies, aimeront aussi Jérusalem. La promesse qu’un tel homme verrait le bien de Jérusalem tous les jours de sa vie est donc une réponse bénie du cœur de l’Éternel au désir de Son peuple qu’Il a Lui-même suscité. Pour comprendre cela pour nous, il suffit de remplacer Jérusalem par l’Église. L’Église est l’objet le plus cher au cœur de Christ, car Il l’a aimée et s’est livré Lui-même pour elle. Par conséquent, quelle que soit l’activité ou le zèle et le dévouement apparents de chacun de nous, nous ne pouvons être en communion avec le cœur de Christ que si l’Église est aussi l’objet suprême de nos affections. Ne reculons pas devant la nature exigeante de ce test.


9.5 - [128:6]

La bénédiction promise est encore élargie : « Tu verras des fils de tes fils ».

La faveur de Dieu reposera donc sur la postérité de Son peuple, comme Il s’y était engagé dans Son alliance lors du don de la loi, Lui « qui use de bonté envers des milliers de ceux qui M’aiment et qui gardent Mes commandements » (Ex. 20:6 ; Deut. 5:10). Telle est la conclusion, selon ce que nous comprenons des Psaumes, de la bénédiction du vrai Israélite.

La dernière phrase est « Que la paix soit sur Israël » (comp. Galates 6:16). Le psaume commence ainsi par la bénédiction divine et se termine par la paix divine. Quelle entrée s’ouvre ainsi pour nous dans le cœur de Dieu ! Et s’Il désire que la paix repose sur les Siens (voir Jean 14:27), nous devrions aussi prier et travailler dans ce but. Oui, prions pour la paix de Jérusalem, ceux qui t’aiment prospéreront (122:6) ; ou encore, comme Paul l’écrit aux saints de Corinthe : « Ayez un même sentiment, vivez en paix, et le Dieu d’amour et de paix sera avec vous » (2 Cor. 13:11).


10 - Psaume 129 — Rétrospective d’Israël

Un cantique des degrés.


Comme cela a déjà été souligné, le psaume 127 est le psaume central de l’ensemble des Cantiques des degrés, sept avant lui et sept après. Le psaume 128 est donc introductif aux sept derniers ; et, comme on le voit souvent dans les écrits prophétiques, il donne l’aboutissement des voies de Dieu envers Son peuple et de leurs exercices, avant de détailler le chemin de douleur et de détresses par lequel ils parviennent au but. Il présente un beau tableau de la bénédiction terrestre résultant de l’habitation de l’Éternel en Sion.


10.1 - [129:1-4]

Dans le présent psaume, Israël passe en revue le passé, et les quatre premiers versets contiennent le récit de leurs douloureuses afflictions en tant que nation, combiné à la confession de l’immuable fidélité de Dieu :

1 Bien des fois ils m’ont opprimé dès ma jeunesse, — qu’Israël le dise ;

2 Bien des fois ils m’ont opprimé dès ma jeunesse ; cependant ils n’ont pas prévalu sur moi.

3 Les laboureurs ont labouré sur mon dos, ils ont tracé leurs longs sillons.

4 L’Éternel est juste ; Il a coupé les cordes des méchants.


10.1.1 - [129:1-2]

L’expression « dès ma jeunesse », que l’on trouve dans les deux premiers versets, se réfère aux premiers jours d’Israël, au début de leur histoire dans le pays d’Égypte ; en retraçant leur carrière tout au long des siècles, ils doivent confesser qu’ils ont souvent été opprimés par leurs ennemis. Le récit de leurs douleurs et de leurs châtiments en provenance de cette source se retrouve, en effet, dans presque tous les livres historiques de l’Ancien Testament. Et pourquoi avaient-ils été opprimés de la sorte ? Les passages de l’Écriture les uns après les autres proclament que c’est à cause de leur désobéissance et de leur rébellion, de leur refus de marcher dans la soumission à l’Éternel, leur Rédempteur. Lév. 26: « Si vous marchez dans mes lois, si vous gardez mes commandements et si vous les mettez en pratique (v.3)… Je marcherai au milieu de vous, je serai votre Dieu, et vous serez mon peuple (v.12) … Mais si vous ne m’écoutez pas et si vous ne mettez pas en pratique tous ces commandements (v.14) … Je tournerai Ma face contre vous, et vous serez battus devant vos ennemis ; ceux qui vous haïssent domineront sur vous, et vous fuirez quand personne ne vous poursuivra » (v.17), etc.

Telle est la condition invariable pour jouir de la faveur et de la bénédiction dans toutes les dispensations. Il en est pour les chrétiens comme pour Israël, car les principes du gouvernement de Dieu à l’égard de Son peuple sont les mêmes à toutes les époques.


10.1.2 - [129:2]

Si donc Israël doit prononcer cette triste lamentation, c’est quand même la confession de leur oubli obstiné, avec un cou raide, des revendications de Dieu sur eux en tant que peuple racheté. Ici, cependant, ils rappellent leurs afflictions plutôt que de magnifier la fidélité de Dieu ; car après avoir parlé des oppressions subies de la part de leurs adversaires, ils ajoutent : « Mais ils n’ont pas prévalu contre moi » (v.2). Les prophètes sont pleins de cette vérité bénie — que si Dieu a permis, et même envoyé, les nations l’une après l’autre pour vaincre et châtier Son peuple rebelle, Il ne les a jamais entièrement abandonné ; mais, veillant sur eux avec une tendresse et un désir infinis du cœur, Il s’est interposé à de multiples reprises pour les secourir, à cause de Son nom à Lui. Par exemple, nous lisons : « L’Éternel vit que l’affliction d’Israël était très amère, et qu’il n’y avait plus personne, homme lié ou homme libre, qui secourût Israël. L’Éternel n’avait pas dit qu’Il effacerait le nom d’Israël de dessous les cieux, mais Il les sauva par la main de Jéroboam, fils de Joas » (2 Rois 14:26-27). C’est donc grâce à la tendre miséricorde de l’Éternel, à Sa fidélité à l’alliance, qu’Israël pouvait dire, en regardant les oppressions de ses ennemis : « Ils n’ont pas prévalu contre moi ».


10.1.3 - [129:3]

L’illustration du verset suivant ne fait qu’intensifier le caractère de leurs souffrances passées. Les laboureurs sont nommés au v. 3, parce que, comme la charrue laboure la terre, ainsi le fouet déchire le dos. De longs sillons signifient donc de longues zébrures et blessures. On trouve un commentaire frappant de cette description dans Ésaïe (1:5-6) : « Pourquoi seriez-vous encore frappés ? … depuis la plante du pied jusqu’à la tête, il n’y a plus rien qui soit sain : tout est blessure, et meurtrissures, des plaies vives ».


10.1.4 - [129:4a]

Mais si Israël a enduré ces peines amères sous la verge de ses ennemis, il confesse maintenant que l’Éternel est juste. En un mot, ils justifient Dieu pour tous Ses agissements passés à leur égard, reconnaissant dans cette expression même qu’ils n’avaient reçu que ce qu’ils méritaient. Néhémie disait (9:33) : « Mais tu es juste dans tout ce qui nous est survenu, car tu as agi avec vérité, et nous avons agi méchamment », et c’est ainsi qu’Israël reconnaît maintenant que Dieu a été juste dans toutes Ses voies ; et c’est certainement là la place de toute bénédiction, tant pour les pécheurs que pour les croyants. Lorsque l’âme éveillée, comme le brigand mourant sur la croix, justifie Dieu et se condamne elle-même, elle est à la veille du pardon et de la bénédiction ; et lorsque le croyant châtié justifie Dieu, le but est atteint, car le croyant a « entendu » la verge et Celui qui l’a maniée. Quand Israël dit que l’Éternel est juste, cela signifie que l’objectif des visites passées de Dieu en jugement a été atteint, que Son nom a été magnifié par la délivrance et la bénédiction de Son peuple.


10.1.5 - [129:4b]

Il est possible aussi qu’Israël célèbre la justice de l’Éternel, non seulement dans Ses manières d’agir avec eux, mais aussi dans leur délivrance actuelle, car ils ajoutent : « Il a coupé les cordes des méchants ». La même double application de la justice de Dieu se retrouve dans l’épître aux Romains : elle est révélée du ciel contre toute impiété et toute iniquité des hommes, et elle est illustrée par la justification de ceux qui croient en Jésus.

Les « cordes » des méchants signifie la servitude sous laquelle Israël a été assujetti aux méchants. Selon le Psaume 2, les rois et les princes de la terre se concertent contre l’Éternel et contre Son oint, en disant : « Rompons leurs liens, et jetons loin de nous leurs cordes », c’est-à-dire les liens et les cordes par lesquels Dieu les a retenu et contenu. Ce qu’Israël proclame alors, c’est que Dieu les a affranchi de leur esclavage et de leur servitude, et qu’Il les a libérés dans leur propre pays pour Son service.


10.2 - [129:5-8]

10.2.1 - [129:5]

La deuxième partie du psaume commence au v. 5 et contient l’expression du désir d’Israël de voir les ennemis de Sion couverts de honte et vaincus. Pour comprendre cela, il faut garder à l’esprit que les ennemis de Sion sont les ennemis de Dieu. Sion est devenue (dans ces Psaumes) la demeure de l’Éternel et le siège de Son trône. C’est pourquoi il est dit dans le Psaume 128, comme nous l’avons déjà remarqué, « L’Éternel te bénira de Sion » ; et dans le Psaume 122, en parlant de Jérusalem, le Psalmiste dit : « Ceux qui t’aiment prospéreront », car elle est devenue la ville du grand Roi. Haïr Sion, c’était donc prendre une position d’antagonisme total contre Dieu et Ses desseins de bénédiction pour Son peuple. Ce qui y correspondrait maintenant, ce serait la haine de l’Église du Dieu vivant ; car, comme nous le voyons dans le cas de Saul de Tarse, nourrir la haine contre les croyants, c’était nourrir l’inimitié contre Christ ; car non seulement Il s’identifie avec les Siens, mais, unis à Lui par le Saint Esprit, Il les considère comme une partie de Lui-même, comme les membres de Son corps ; c’est ce qui explique la question du Seigneur adressée à Saul : « Pourquoi me persécutes-tu ? ». Dans cette dispensation au temps des psaumes, c’était donc être en communion avec les pensées de Dieu, que de dire : « Qu’ils soient tous couverts de honte, et qu’ils se retirent en arrière, ceux qui haïssent Sion ». En effet, lorsque le trône de Christ sera établi en justice, tous les ennemis seront mis sous Ses pieds.


10.2.2 - [129:6-7]

Nous avons ensuite une nouvelle expression du désir d’Israël :

5 Que tous ceux qui haïssent Sion soient couverts de honte et qu’ils se retirent en arrière !

6 Qu`ils soient comme l`herbe des toits, qui sèche avant d`avoir poussé,

7 Et dont le faucheur ne remplit pas sa main, ni celui qui lie les gerbes ne remplit pas son ventre.

8 Les passants ne disent pas non plus : Que la bénédiction de l’Éternel soit sur vous, Nous vous bénissons au nom de l’Éternel !


Ésaïe utilise la même illustration de l’herbe sur les toits pour présenter le jugement de Dieu sur Ses ennemis. Il dit : « Ils ont été comme l’herbe des champs, comme l’herbe verte, comme l’herbe des toits et la récolte flétrie avant d’être en tige ». (Ésaïe 37:27). C’est une figure qui montre l’effet du jugement sur ceux qui haïssent Sion. Sous la colère de Dieu, il serait bientôt manifeste qu’ils sont coupés des sources de nourriture et de vie, et qu’ils se dessécheraient comme l’herbe qui n’a pas de profondeur dans le sol. Il n’y aurait donc, pour ainsi dire, aucun fruit pour Dieu ou pour l’homme — rien pour le faucheur ou pour le lieur de gerbes.


10.2.3 - [129:8]

C’est donc une chose solennelle que de haïr ce que Dieu aime ; il faut se rappeler que l’esprit charnel est inimitié contre Dieu. Aucun inconverti ne peut donc aimer ce que le cœur de Dieu aime, et c’est pourquoi il est exposé au juste jugement de Dieu. Mais une autre chose est ajoutée ici : même les passants, voyant la condition de ces ennemis de Sion, s’abstiendront de donner la salutation habituelle : « Que la bénédiction de l’Éternel soit sur vous : nous vous bénissons au nom de l’Éternel ». Lorsque nous sommes en communion avec les pensées de Dieu, nous ne pouvons que refléter Son attitude à l’égard de ceux qui nous entourent, et nous ne pourrions pas, par exemple, désirer une bénédiction sur ceux qui sont sous Son jugement. C’est maintenant le jour de la grâce, et nous pouvons et devons prier pour ceux que le dieu de ce monde a aveuglés, mais nous ne pourrions pas désirer leur bénédiction alors qu’ils sont dans un état d’hostilité active à l’égard du Seigneur et des Siens. Ainsi, l’apôtre Jean écrit : « Si quelqu’un vient à vous et n’apporte pas cette doctrine [« la doctrine de Christ — le vrai enseignement concernant la personne de Christ »], ne le recevez pas dans votre maison, et ne le saluez pas ; car celui qui le salue participe à ses mauvaises œuvres » (2 Jean 10, 11).

Cela nous aiderait beaucoup de percevoir que l’attitude de Dieu envers tous doit gouverner l’attitude du chrétien. En effet, dans n’importe quelle dispensation, le croyant doit représenter Dieu tel qu’Il est révélé dans cette dispensation. Ainsi, un Juif devait exprimer l’Éternel juste tel qu’il lui a été donné à connaître, et un chrétien doit montrer dans sa marche, sa conduite et ses voies, le Dieu de la grâce tel qu’Il est révélé en Christ. Se souvenir de cela facilitera grandement l’interprétation des Psaumes, et fournira l’orientation nécessaire lors de nos contacts avec les croyants et les inconvertis. Il n’est guère besoin de remarquer, après ce qui a déjà été dit, que pour l’application pratique de ce principe, nous devons nous-mêmes marcher en communion avec Dieu dans la puissance du Saint Esprit. Marcher avec Dieu est le secret de toute bénédiction et de toute puissance.


11 - Psaume 130 — De Profundis – ou : Des ténèbres à la Lumière

Un cantique des degrés.


11.1 - [Structure du psaume]

Si, dans le psaume précédent, Israël se souvient des peines qu’ils ont traversées en raison de l’oppression de leurs ennemis, ce psaume 130 décrit la détresse et l’angoisse provoquées par le sentiment de leurs propres péchés.

La structure du psaume est très simple. Comme le précédent, il est divisé en deux parties égales de quatre versets, mais ceux-ci sont à nouveau subdivisés, comme on le verra tout de suite.

Les deux premiers versets exposent l’état de l’âme consciente de ses péchés ; les deux suivants expriment la confiance dans le Seigneur malgré la conscience de la culpabilité ; les versets 5 et 6 donnent le sûr fondement de la confiance de l’âme, ainsi que le caractère persévérant de son attente ; tandis que les deux derniers versets contiennent une exhortation à Israël, fondée sur l’assurance de la grâce de l’Éternel et sur la certitude d’une rédemption pleine et complète de toutes leurs iniquités.

Un autre point intéressant pour ceux qui étudient l’Écriture peut être mentionné. Dans ce psaume et dans le précédent, le nom de l’Éternel est employé sept fois. Dans ce psaume 130, on a 4 fois l’Éternel, une fois Jah (*) (v. 3), et 3 fois Adonaï — en tout 8 fois un nom de Dieu, correspondant au nombre de versets, bien que dans deux versets le nom de Dieu soit absent. Le lecteur devrait apprendre que le moindre détail de la Parole inspirée peut être fécond en instruction et en profit.


(*) Le nom Jah est probablement une forme poétique abrégée de l’Éternel.


11.2 - [130:1]

Pour en revenir au sujet du psaume, qu’y a-t-il de plus triste que la condition décrite dans les premiers mots : « Des lieux profonds, je t’ai invoqué, ô Éternel » ? C’est pourtant ce qui est indispensable pour jouir de la faveur de Dieu. Car qu’est-ce qui avait amené Israël dans les lieux profonds ? (*) c’était leurs péchés, leurs iniquités ; et il n’y a jamais d’espoir pour personne tant qu’on n’est pas amené, comme Israël, à sentir et à admettre sa culpabilité. Le fait d’être dans les lieux profonds est donc un lieu béni quand il est la conséquence d’une œuvre de l’Esprit de Dieu. Jonas, par exemple, avant d’être délivré, a dû s’écrier : « Tu m’as jeté dans l’abîme, dans le cœur des mers, et le courant m’a environné ; toutes tes vagues et tous tes flots ont passé sur moi » (2:4). Plus une âme s’enfonce devant Dieu dans le sentiment de son péché, plus elle est sûre d’accéder à une délivrance éclatante et glorieuse. Qu’on ne cherche donc jamais à abréger les exercices d’une âme convaincue de son péché, car on ne saurait avoir un sentiment trop profond de l’extrême gravité du péché.


(*) Dans les cimetières catholiques romains, il est courant de voir « De Profundis » écrit sur les pierres tombales. C’est ainsi que, par ignorance ou pire, le passage est perverti pour soutenir la doctrine du purgatoire. Une fois, l’auteur de ces lignes, traversait un cimetière dans un pays étranger, et était oppressé par la triste répétition de ces mots. Cependant, entrant un peu plus loin dans un petit enclos charitablement réservé à l’enterrement des protestants, les premiers mots qui rencontrèrent son regard furent : « Je suis la résurrection et la vie ». C’était comme passer des ténèbres à la lumière.


11.3 - [130:2]

Mais si Israël était dans les lieux profonds, ils se tournaient vers le Seigneur. C’est là le fruit béni de la grâce, comme le publicain qui, bien qu’il ne voulût pas même lever les yeux vers le ciel dans le sentiment profond de sa complète indignité, s’écriait en se frappant la poitrine : « Ô Dieu, sois apaisé envers moi, pécheur ». Pareillement Israël, dans notre psaume, s’écrie : « Seigneur, écoute ma voix ; que Tes oreilles soient attentives à la voix de mes supplications ». Tel est le sûr chemin vers la bénédiction, car dès que le regard du pécheur est dirigé vers le Seigneur, la foi a germé, même faiblement, dans l’âme, et la lumière du jour à venir a déjà commencé à dissiper les ténèbres qui l’enveloppaient. On ne saurait surestimer l’importance de ces deux éléments — la conviction du péché et le fait de se tourner vers Dieu — et nous les recommandons vivement à tous ceux qui passent par des exercices semblables à ceux d’Israël.


11.4 - [130:3-4]

Une attention particulière doit être accordée aux deux versets suivants :

3 Si tu prends garde aux iniquités, Seigneur, qui subsistera ?

4 Mais il y a pardon auprès de Toi, afin que Tu sois craint.


Tout d’abord, il y a la confession de la sainteté de Dieu et de ce que mérite le péché. Personne sur toute la face de la terre ne peut se présenter devant les yeux de Dieu qui sondent tout, sur la base de ses propres mérites. C’est une chose immense lorsque l’âme s’en rend compte, car alors elle ne cherchera plus à se justifier, mais elle reconnaitra franchement et complètement qu’elle mérite le juste jugement de Dieu. Cela donne à Dieu Sa place, et en même temps met l’âme à la seule place qui lui convient devant Dieu.

En même temps, Israël a appris que, dans le cœur de Dieu, il y a une grâce qui répond à son besoin. Comme nous le savons, la croix de Christ est le fondement, la juste base sur laquelle la grâce peut être exercée et dispensée. C’est en vertu de l’œuvre parfaite et achevée de Christ accomplie à la croix, et par laquelle Dieu a été glorifié par rapport à tout ce que nous avions fait et étions, de sorte qu’Il peut maintenant être juste et justifiant tout croyant. C’est là un des éléments de la connaissance chrétienne ; mais il est assez remarquable de trouver Israël en train de saisir la grâce, avant leur délivrance finale et pourtant déjà dans le pays. Ici, cependant, c’est le cas, et non seulement c’est le cas, mais le but du pardon est devant l’âme — « afin que tu sois craint ». L’une des railleries modernes (comme déjà au temps de l’apôtre) à l’encontre de la doctrine de la grâce, c’est qu’elle dégage de l’obligation d’une vie sainte. Même Israël saura mieux que cela, car ils comprendront ce que tout vrai chrétien a appris, à savoir que rien n’attache le cœur à Dieu ni ne lui donne un tel sens de la responsabilité morale, que la faveur imméritée en Christ par la souveraineté de Dieu. Le pouvoir contraignant de l’amour de Christ est une influence plus puissante que tous les textes légaux jamais édictés. Mais pour comprendre cela, il faut que le cœur jouisse de l’amour de Christ, ce à quoi, hélas, les opposants à la grâce sont étrangers.


11.5 - [130:5-6]

Les deux versets suivants décrivent l’attitude et la confiance de l’âme :

5 J’ai attendu l’Éternel ; mon âme L’a attendu, et j’ai mon espérance en Sa parole.

6 Mon âme attend le Seigneur plus que les sentinelles n’attendent le matin.


Une telle attente du Seigneur ne peut résulter que de la confiance de la foi. Le mot ainsi traduit signifie en effet « espérer qu’une chose s’accomplira, et attendre avec constance et patience qu’elle s’accomplisse ». Partout dans l’Écriture, et en particulier dans les évangiles, la persévérance est vue comme une caractéristique de la foi authentique. Assuré donc qu’il y a pardon auprès du Seigneur, le psalmiste s’attend à Lui jusqu’à ce qu’il entre dans la jouissance de la bénédiction désirée. Il nous indique d’ailleurs la base de son attente : « et j’ai eu mon attente en Sa parole ». C’est ce qui l’a encouragé à attendre, car ayant la parole de Dieu comme fondement de sa confiance, il savait qu’il ne serait pas confondu. Nous lisons de même dans l’épître de Jean : « Si nous demandons quelque chose selon Sa volonté, Il nous écoute ; et si nous savons qu’Il nous écoute, quoi que soit ce que nous avons demandé, nous savons que nous avons les choses que nous Lui avons demandées » (1 Jean 5:14-15). Sachant cela, nous pouvons attendre, attendre Son heure, en nous reposant tranquillement sur Sa parole, comme dans notre psaume.


(*) Le mot traduit par « espérance » est souvent traduit par « attente ». Il « signifie proprement une attente longue et patiente, combinée à l’attente de recevoir la chose attendue.


Le caractère impatient de celui qui attend est décrit au v. 6 qui suit, et qui nous dit, avec une répétition qui intensifie l’affirmation, qu’il attend le Seigneur avec plus d’avidité qu’une sentinelle de nuit en train de guetter l’aube du jour qui vient. Il s’agissait donc d’une attente où tout doute a disparu, et dans laquelle il anticipait déjà la réalisation de son espérance. Nous pouvons certainement tirer une instruction pour nous-mêmes de cette attitude bénie de l’âme. Voilà un jour de beaucoup de prière publique dans l’unité ; puis semaine après semaine, le peuple de Dieu est rassemblé pour épancher les cœurs devant Lui en supplications et en intercessions. Souffrez donc que l’on se demande si l’on attend l’exaucement des prières par le Seigneur, dans la confiance de la foi. N’y a-t-il pas le danger d’être satisfait d’avoir prié, et pourtant de ne guère attendre les bénédictions recherchées ? On peut bien méditer sur la ferveur de la foi, sur la certitude de la confiance indiquée ici, tandis que le défi lancé à nos âmes est de chercher à répondre aux questions ci-dessus.


11.6 - [130:7]

Le v. 7 qui suit n’est que la conséquence de la sûre espérance exprimée aux v. 5 et 6 : « Qu’Israël espère en l’Éternel : car auprès de l’Éternel est la miséricorde et la rédemption en abondance ».

C’est comme s’il disait : « Ne doutez pas un seul instant de l’issue de nos peines présentes. Je vois déjà, dans l’exercice de la foi, les nuages se dissiper, et la grâce et la fidélité immuable de Dieu se manifester. Faites-Lui confiance, attendez-vous à Lui, et nous verrons qu’Il interviendra sans faute pour notre délivrance, au-delà même de nos espérances les plus optimistes ».

Remarquez, en outre, que bien que celui qui parle ne jouisse pas encore de ce qu’il recherche, il peut témoigner en confiance de ce qui est dans le cœur de Dieu pour Son peuple. « Auprès de l’Éternel, dit-il, il y a la miséricorde, et auprès de Lui il y a la rédemption en abondance ». Quel fondement inébranlable sa foi a atteint ! Ce n’était ni l’état d’Israël, ni ses prières, mais l’immuabilité de l’amour de l’Éternel qui a engendré et soutenu sa confiance. Il avait appris la leçon bénie que Dieu agirait, non pas selon les besoins de Son peuple, mais selon Son propre cœur, selon Lui-même. Cela ressemble à ce que nous trouvons dans les Éphésiens, où l’apôtre nous dit que « Dieu, qui est riche en miséricorde, à cause de Son grand amour dont Il nous a aimés, alors même que nous étions morts dans nos péchés, nous a vivifiés ensemble avec Christ », etc. C’est ainsi que le Psalmiste peut parler, non pas d’une simple rédemption, mais d’une rédemption en abondance. Ce sera, il en est pleinement assuré, une rédemption digne de Dieu Lui-même, et par conséquent au-delà de toutes les pensées et de toutes les espérances de Son peuple.


11.7 - [130:8]

Le dernier verset va encore plus loin : « Il rachètera Israël de toutes ses iniquités.

Nous comprenons que cela va bien au-delà de l’intervention pour porter secours et délivrer dans le temps présent, et que cela marquera l’histoire d’Israël jusqu’à la fin. L’Éternel « rachètera » Israël pour toujours des conséquences de leurs péchés ; en d’autres termes, c’est une rédemption complète et finale qui est envisagée ici, et pas seulement celle qui est gouvernementale. Ce sera l’accomplissement de la parole de l’ange à Joseph : « Tu appelleras Son nom Jésus, car c’est Lui qui sauvera Son peuple de leurs péchés » (Matt. 1:21). L’Éternel de notre psaume est ce Jésus ; et, sur la base de Son sacrifice unique, de Son œuvre achevée qui a été accomplie au Calvaire, Lui rachètera Israël de toutes leurs iniquités. Que Son nom glorieux soit béni à toujours ! Oh ! que tout lecteur de ces lignes soit contraint, par la puissance du Saint Esprit, de dire du fond du cœur : Amen et Amen !


12 - Psaume 131 — Un esprit sevré

Un cantique des degrés de David


Il est facile de déceler un lien moral intime entre ce psaume et le 130 qui précède. L’état d’âme indiqué ici est, en effet, le résultat et la conséquence des exercices qui y sont décrits. En tenant compte de la dispensation sous laquelle David vivait, on pourrait presque dire que ce qui est présenté ici est caractéristique d’une délivrance goûtée effectivement. Dans un sens, cependant, le Psaume 130 est en avance par rapport à Romains 7 ; car, comme on l’a bien remarqué, la douleur ici n’est pas « simplement » une détresse légale [du fait de la loi]. La confiance en l’Éternel la caractérise, bien qu’elle soit accompagnée d’une profonde détresse et d’une grande humiliation. C’est l’effet du lien entre le sentiment du péché et celui de la miséricorde dans l’âme. La simple détresse légale est plus égoïste dans sa terreur, bien qu’elle soit admirable pour détruire la confiance en soi et faire se rejeter sur la miséricorde ; la conviction de péché avec le sentiment de la miséricorde est davantage le sentiment de l’offense faite au Dieu de bonté. Il s’agit là d’une distinction très importante ; et l’on peut ajouter que plus les exercices ainsi produits sont profonds, plus la paix à laquelle ils conduisent l’âme est durable et solidement établie. Une confiance inébranlable dans le Seigneur est exprimée dans les derniers versets du psaume 130 qui précède, et c’est pourquoi l’âme, bien qu’elle doive encore attendre l’accomplissement de ses espérances, peut se reposer sur la miséricorde dont elle a été assurée, et sur la certitude d’une rédemption complète et éternelle. La fin est donc déjà assurée à la foi, et l’âme, châtiée par ses peines et ses exercices passés, peut tranquillement prendre place aux pieds du Seigneur, s’abaissant là pour que Lui, et Lui seul, soit exalté.


12.1 - [131:1-2]

Cela explique le langage des deux premiers versets :

1. Éternel ! mon cœur n’est pas hautain, et mes yeux ne s’élèvent pas ; je n’ai pas marché en des choses trop grandes et trop élevées [JND merveilleuses] pour moi.

2. N’ai-je pas soumis et fais taire mon âme comme un enfant sevré auprès de sa mère ? mon âme est comme un enfant sevré.


Il s’agit du langage de David lui-même, comme le montre le titre, mais de David en tant que vase de l’Esprit pour exprimer ce qui, dans un jour futur, sera adapté aux sentiments et aux expériences d’Israël dans leurs circonstances du moment. C’est pour cette raison que, dans tous ces exercices personnels, Israël est si souvent nommé et interpellé. David devient ainsi un représentant de la nation ou, du moins, du Résidu épargné qui, en ce jour, occupera la place de la nation devant Dieu. En comprenant cela, nous pouvons, pour notre propre bénéfice, considérer ces paroles dans leur application à nous-mêmes individuellement.


12.1.1 - [131:1a]

Remarquons tout d’abord que David parle au Seigneur et devant Lui. C’est sous Son regard scrutateur qu’il dit : « Mon cœur n’est pas hautain ». Il est donc caractérisé par le cœur vrai, dont Hébreux 10 nous parle. Dire que son cœur n’était pas hautain et que ses yeux ne s’élevaient pas, c’était dire son humilité. Il est constant que rien n’est plus détestable pour le Seigneur que l’orgueil et les regards hautains. Nous lisons par exemple « Je ne supporterai pas les yeux hautains et le cœur orgueilleux » (Psaume 101:5). L’humilité, en revanche, est tout aussi souvent recommandée : « Ainsi parle celui qui est haut élevé et exalté et qui habite l’éternité et dont le nom est le Saint : J’habite le lieu haut élevé et saint, avec celui qui est abattu et qui a l’esprit contrit et humble, pour revivifier l’esprit de ceux qui sont contrits et pour revivifier le cœur de ceux qui sont abattus » (Ésaïe 57:15). Oui, comme le Seigneur Lui-même disait : « Quiconque donc s’abaissera comme ce petit enfant, celui-là est le plus grand dans le royaume des cieux » (Matthieu 18:4). En effet l’humilité et la douceur (ce sont des grâces jumelles) sont les deux traits moraux bénis dont notre Seigneur a donné l’exemple et qui nous sont présentés comme le chemin pour trouver le repos de nos âmes (Matt. 11:29). Rien ne témoigne donc aussi clairement d’une puissante action de la grâce dans l’âme que la possession de l’humilité. C’est le produit certain de la puissance sanctifiante de la vérité, et donc le signe infaillible d’une conformité croissante à Christ. Ainsi, descendre toujours plus bas, c’est se rapprocher toujours plus de Lui, moralement. Puissions-nous tous apprendre cette leçon en ce jour d’indépendance et de recherche de soi, même parmi les chrétiens. Quand comprendra-t-on qu’être rempli de l’Esprit, c’est se soumettre les uns aux autres dans la crainte de Dieu ?


12.1.2 - [131:1b]

Ce n’est qu’un fruit de cette humilité que nous trouvons dans la phrase suivante : « Je n’ai pas marché en des choses trop grandes et trop élevées [JND merveilleuses] pour moi ». L’âme humble se distingue par l’absence de raisonnement ; elle se contente de laisser la direction et l’issue de toutes choses dans les mains du Seigneur. Elle ne voudrait pas gouverner ses circonstances même si elle le pouvait ; elle ne désire pas non plus sonder les causes secondes. Au contraire, rattachant tout à ce que le Seigneur commande, elle maintient une position d’attente tranquille devant Lui, et elle est ainsi satisfaite de toutes Ses dispositions. Combien sont nombreux ceux qui s’écartent du terrain de la dépendance par leur tendance à vouloir pénétrer des grandes questions et à vouloir expliquer les choses trop élevées pour eux ! Qu’avons-nous à faire avec les unes comme avec les autres ? Même le Seigneur béni, au moment de Son rejet, se tournait vers le Père en disant : « Je te loue, ô Père ! Seigneur du ciel et de la terre, de ce que tu as caché ces choses aux sages et aux intelligents, et de ce que tu les as révélées aux petits enfants. Oui, Père, parce que c’est ce que tu as trouvé bon devant Toi » (Matt. 11:25-26). Et ceci — « c’est ce que tu as trouvé bon devant Toi » — sera l’ancre de nos âmes si nous sommes caractérisés par les mêmes traits que ceux qui distinguaient le Psalmiste.


12.1.3 - [131:2]

Dans le v. 2 qui suit, nous percevons l’état d’âme d’où sont tirés les traits du verset 1. Il y a deux choses à remarquer : la première est énoncée de façon absolue — mon âme est comme un enfant sevré ; et la deuxième est qu’il s’est soumis et a fait taire son âme comme un enfant sevré. On peut tirer de ces points des enseignements nombreux et même profonds.


12.1.4 - [131:2b]

En ce qui concerne le premier point, chacun admettra que le sevrage d’esprit devrait caractériser tout chrétien. Il est donc important de savoir comment il se produit. Dans le cas qui nous occupe, en supposant le lien avec le psaume 130 qui précède, c’est le résultat de la découverte de ce que Dieu est pour Son peuple, de ce qu’Il est en grâce pour eux qui ont traversé leurs exercices douloureux à cause de leurs péchés. Rachetés de toutes leurs iniquités et délivrés de la puissance de l’ennemi, le Seigneur est devenu la portion de leur cœur ; et dans la jouissance de cette portion qui les satisfait, ils sont pratiquement sevrés de tout le reste. Il en va de même pour les croyants aujourd’hui : une fois qu’ils ont découvert ce que Christ peut être pour leur cœur, une fois qu’Il y occupe la place suprême, de sorte qu’Il « soupe avec eux et eux avec Lui » (Apoc. 3:20), toutes les attractions et tous les attraits que ce monde offre perdent leur puissance. Le sevrage est ainsi l’effet de la jouissance de Christ Lui-même.

Il existe cependant une autre méthode. Pour certains, cette condition spirituelle n’est atteinte que par la discipline. Le Seigneur aime les Siens, et s’ils se détournent vers d’autres objets, ou s’ils ne répondent pas à Son appel à venir à Lui, Il intervient souvent en châtiant, en brisant les perspectives terrestres, en faisant faiblir l’éclat de ce monde, et en attirant dans le désert où Il parle au cœur, se découvrant Lui-même aux cœurs, et satisfaisant les cœurs de Lui-même. Dans les deux cas, la force qui produit le sevrage est Christ, Christ connu et goûté par l’âme. Il est vrai que le chemin vers ce but passe par la mort, la mort appliquée moralement à tout ce que nous sommes, afin que nous puissions être libres d’entrer dans le riche héritage qui est nôtre en Christ par la grâce de Dieu. Recherchons avec ardeur cet état désirable, car c’est le secret de la jouissance de la vie céleste et de la puissance dans la lutte contre les artifices de Satan.


12.1.5 - [131:2a]

Deuxièmement, le Psalmiste dit qu’il s’est soumis et a fait taire son âme comme un enfant sevré auprès de sa mère. Cela montre que la vigilance et l’énergie spirituelle seront toujours nécessaires pour maintenir l’état de sevrage. En effet, de même que l’enfant sevré, surtout au début, aspire à sa nourriture habituelle, de même le croyant, s’il n’est pas tenu sur ses gardes par la puissance de l’Esprit, sera souvent tenté de retomber dans ses anciennes jouissances, tout comme Israël, lorsqu’il était dans le désert, avait continuellement envie des « pots de chair » de l’Égypte (Ex. 16:3). C’est pourquoi il est nécessaire de marcher dans la présence de Dieu de manière à pouvoir discerner le caractère réel de chaque tentation à laquelle nous sommes exposés. N’oublions donc jamais les dangers qui nous entourent, ni qu’une diligence constante est nécessaire, une diligence dans l’Esprit, pour nous soumettre et nous tenir tranquilles comme ceux qui sont sevrés auprès de leur mère.


12.2 - [131:3]

La leçon de tout le psaume, et même du psaume précédent (130:7), est contenue dans le dernier verset :

3 Israël, attends-toi à l’Éternel, dès maintenant et pour toujours.


Cette exhortation prend toute sa force si l’on se souvient qu’elle découle de la propre expérience du psalmiste. Ayant constaté par lui-même que l’on peut faire confiance au Seigneur en tout temps, qu’aucun de ceux qui s’attendent à Lui n’est jamais honteux, il dit en quelque sorte : « N’abandonnez jamais votre confiance en l’Éternel ; Il ne décevra jamais vos espérances. Il peut vous mettre à l’épreuve, vous faire attendre, vous faire passer par de nombreuses douleurs et épreuves, mais Il ne vous oubliera jamais ni ne vous abandonnera. C’est pourquoi, dès maintenant et pour toujours, espérez dans le Seigneur ».

Voilà une exhortation bénie, que nous ferions bien, nous aussi, cher lecteur chrétien, de prendre à cœur. En effet, nous sommes souvent assaillis par des difficultés et des tentations, et comme Pierre, lorsque nous voyons que le vent est violent, nous commençons à sombrer. Voici l’antidote sûre et efficace contre toute crainte et incrédulité : espérer dans le Seigneur, et ne jamais cesser d’espérer en Lui, quelles que soient les sombres apparences des circonstances présentes. Car Lui reste fidèle, Il ne peut se renier, et Il a dit au sujet d’Israël : « Les montagnes se retireraient et les collines seraient ébranlées, que Ma bonté ne se retirerait pas d’avec toi, et que mon alliance de paix ne serait pas ébranlée, dit l’Éternel qui a compassion de toi » (És. 54:10). Tout ce qu’Il est nous pousse donc à espérer en Lui à l’avenir et pour toujours.


13 - Psaume 132 — Sion et le repos de Dieu

Un cantique des degrés.


13.1 - [Lien entre les Ps. 130 à 132]

Avant d’entrer dans l’étude de ce beau psaume, il convient d’indiquer brièvement le lien moral qui le relie aux deux psaumes précédents. Dans le psaume 130 nous avons le sûr chemin de la délivrance. Il commence par les « profondeurs » de douleur et de détresse, et se termine par l’assurance que le Seigneur rachètera Israël de toutes leurs iniquités. Dans le psaume 131, notre attention est attirée sur le sevrage d’esprit qui marque toujours la jouissance de la délivrance, en même temps que sur la confiance inébranlable dans le Seigneur que la délivrance engendre toujours dans l’âme. Puis nous trouvons dans le psaume 132 le sujet de la demeure du Puissant de Jacob, de Sion, que Dieu a choisie comme Son repos à perpétuité. Tant que la délivrance n’est pas connue et goûtée, la vérité de la demeure de Dieu ne peut être saisie.


13.2 - [Principes encadrant le Ps. 132]

Comme clé de compréhension de tout ce psaume 132, nous citons un autre auteur (JND synopsis ; paroles à peser soigneusement) :

« Les trois principes de gouvernement avaient été mis en évidence en Israël :


13.3 - [132:1-5]

Ayant compris cela, et considérant David comme un type de Christ, nous pouvons entrer plus avant dans l’appel ou prière, frappant et touchant contenu dans les cinq premiers versets :

1 Éternel, souviens-toi de David et de toutes ses afflictions !

2 Comment il a juré à l’Éternel, et fait un vœu au Dieu Puissant de Jacob ;

3 Je n’entrerai pas dans la tente de ma maison, ni ne monterai pas sur mon lit ;

4 Je ne laisserai pas mes yeux dormir, ni mes paupières sommeiller,

5 Jusqu’à ce que je trouve une place pour l’Éternel, une habitation pour le Dieu Puissant de Jacob.


13.3.1 - [132:1]

La base de cet appel est donc David et toutes ses afflictions. C’est lui et elles que l’Esprit de Dieu rappelle, pour ainsi dire, au souvenir de l’Éternel — David et toutes les douleurs et persécutions qu’il a traversées alors qu’il était le roi oint et malgré tout rejeté. Aujourd'hui encore, il est agréable au cœur de Dieu quand les Siens Lui rappellent le rejet et les souffrances de Son Fils bien-aimé ; et tandis qu’ils s’étendent à Son sujet comme étant l’Homme de douleurs, accoutumé à la langueur, ils sont conduits à goûter les délices que Dieu prend en Celui qui a tout enduré pour Le glorifier, jusqu’à la mort même de la croix, pour Lui trouver ensuite un lieu de repos pour toute l’éternité. Souvenons-nous toujours que ce n’est pas nous-mêmes ni nos bénédictions que nous devons présenter dans notre service sacerdotal, mais Christ et Ses afflictions. Nous devons apprendre cette leçon afin de pouvoir, quand nous sommes devant Dieu, nous oublier au profit de tout le caractère agréable et de la bonne odeur de Christ.

David et ses afflictions sont donc, dans ce qu’ils représentent, le fondement efficace sur lequel reposent toutes les espérances d’Israël et du peuple de Dieu dans tous les âges, car ils fournissent un plaidoyer qui inspire toujours l’oreille et le cœur de Dieu.


13.3.2 - [132:2-4]

Les quatre versets suivants relatent le serment et le vœu de David à l’égard de la demeure du Puissant de Jacob. Il n’y a pas de récit historique de cet échange solennel entre David et son Dieu, mais nous savons que non seulement son cœur était attaché à l’arche, mais qu’il désirait aussi lui construire une demeure. « Regarde, dit le roi au prophète Nathan, j’habite une maison de cèdre, et l’arche de Dieu habite sous des tapis » (2 Sam. 7:2). C’était sans doute l’expression du dessein que David avait formé comme l’exprime notre psaume, dessein que Dieu approuvait, bien qu’Il ne permît pas à Son serviteur de l’exécuter. (1 Rois 8:18-19). Le désir était en effet selon Dieu (1 Rois 8:13), et David était ainsi en communion avec les pensées de Dieu Lui-même. C’est peut-être ce qui explique l’expression « le Puissant de Jacob » rattachée ici deux fois à l’Éternel (v. 2,6). Cette expression avait été utilisée pour la première fois par Jacob lui-même lors de la bénédiction de ses douze fils avant sa mort (Gen. 49:24), et plus précisément il l’utilisa en relation avec Joseph : alors que les archers l’avaient provoqué amèrement, avaient tiré contre lui et l’avaient haï, ses bras avaient été fortifiés par les mains du « Puissant de Jacob ». Par son rejet, Joseph avait été exalté, préfigurant Celui qui l’a été et le sera encore en ce monde.

Avec cette expression, David remontait donc au commencement et, en communion avec les desseins de Dieu, il avait désiré devenir le vase de leur accomplissement dans le royaume. Son cœur était donc là où était le cœur de Dieu, d’où le caractère agréable de son vœu à l’égard de Dieu.


13.4 - [132:6-7]

Dans les deux versets suivants, nous voyons l’Esprit de Dieu dans le Résidu élu d’Israël. Considérant le vœu de David comme déjà accompli (car nous sommes ici dans le domaine de la prophétie), ils s’écrient :

6 Voici, nous avons entendu parler d’elle à Éphrata, nous l’avons trouvé dans les champs de la forêt (ou : de Jaar).

7 Entrons dans ses demeures (ou : tabernacles), prosternons-nous devant le marchepied de Ses pieds.


Éphrata est l’ancien nom de Bethléem, comme cela ressort de bien des passages de l’Écriture (notamment Ruth 4:11; 1 Samuel 1:1; Michée 5:2), ce qui rend cette mention d’autant plus remarquable qu’elle remonte à une époque antérieure à l’accession de David au trône. Elle fait sans doute référence à l’arche, au sujet de laquelle David dit, en consultant son peuple sur la question de ramener « l’arche de notre Dieu » : « Nous ne l’avons pas consultée du temps de Saül » (1 Chron. 13:3). Il semble donc manifeste que, dès ses premiers jours alors qu’il habitait encore avec son père à Bethléem, David était caractérisé par son attachement à l’arche, et que la ramener à Sion ne faisait qu’exprimer l’affection de sa jeunesse. L’Esprit de Dieu le rappelle ici à Son peuple et entérine cette pensée par Son approbation. À Éphrata, ils avaient seulement entendu parler de l’arche, mais lorsque David fut roi et résolut de l’amener à Sion, ils la trouvèrent dans les champs de la forêt, c’est-à-dire à Kiriath-Jéarim, « ville des bois », où elle avait été transportée après que l’Éternel eut frappé les hommes de Beth-Shemesh pour avoir regardé dans l’arche rendue par les Philistins (1 Sam. 6:19-21).

« Trouvée » dans les champs de la forêt, elle fut finalement amenée avec beaucoup de joie et d’allégresse dans la ville de David, où le roi lui avait dressé une tente (1 Chron. 15) ; cet événement est considéré dans notre psaume comme prophétique de l’établissement définitif de la demeure du Puissant de Jacob. Historiquement, il n’y avait encore que l’arche dans sa tente, mais pour la foi, c’était le gage de l’érection de la maison (comp. Héb. 12:22-24) ; c’est pourquoi l’Esprit de Dieu peut conduire les cœurs de Son peuple, bien disposés, à dire : « Entrons dans ses demeures (ou tabernacles), prosternons nous devant le marchepied de ses pieds ». David était en communion avec les pensées de Dieu dans le serment qu’il jura à l’Éternel, et le peuple est maintenant en communion avec lui ; et ainsi la foi étant en plein exercice, la foi qui concrétise les choses espérées, le peuple est déjà en esprit dans l’enceinte sacrée de la maison, et ils s’inclinent devant l’Éternel avec adoration.


13.5 - [132:8-10]

Les trois versets suivants introduisent un changement : le discours s’adresse à nouveau à l’Éternel et contient les désirs de Son peuple qui se prosterne devant Son marchepied :

8 Lève-toi, Éternel ! pour entrer dans Ton repos, Toi et l’arche de Ta force.

9 Que tes sacrificateurs soient revêtus de justice, et que Tes saints chantent de joie !

10 À cause de David, Ton serviteur, ne repousse pas la face de Ton oint.


Telle est la prière présentée par le peuple de Dieu lorsque, au moins pour la foi, ils se trouvent à l’intérieur de la demeure dressée pour le Puissant de Jacob. Il est très intéressant de noter la correspondance presque totale entre cette prière et les paroles de Salomon lors de la dédicace du temple. « Et maintenant, Éternel Dieu », dit-il, « lève-Toi pour entre dans Ton repos, Toi et l’arche de Ta force ! Que Tes sacrificateurs, Éternel Dieu, soient revêtus de salut, et que Tes saints se réjouissent en Ta bonté. Éternel Dieu, ne repousse pas la face de Ton oint ; souviens-toi de Tes grâces envers David, Ton serviteur » (2 Chr. 6:41-42). Tous deux ont été pareillement enseignés par l’Esprit, et tous deux, même s’ils n’embrassent pas pleinement (comme nous le verrons) toute l’étendue de la grâce du cœur de Dieu, sont en communion avec les désirs et les objectifs de l’Éternel. C’est là, en effet, le secret d’une prière efficace, comme le Seigneur Lui-même l’a enseigné à Ses disciples : « Si vous demeurez en Moi, et que Mes paroles demeurent en vous, vous demanderez ce que vous voudrez, et cela vous sera accordé » (Jean 15:7). De nombreuses illustrations de cette vérité peuvent être glanées un peu partout dans la parole de Dieu (voir par exemple 2 Sam. 7, Ésaïe 62, etc).

L’intelligence divine de la prière du v. 8 ressort à l’évidence quand on compare avec ce qui est rapporté en Nombres 10. Nous y lisons : « Ils [les enfants d’Israël] partirent de la montagne de l’Éternel le chemin de trois jours ; et l’arche de l’Éternel alla devant eux, le chemin de trois jours, pour leur chercher un lieu de repos… au départ de l’arche, Moïse disait : Lève-Toi, Éternel ! et que Tes ennemis soient dispersés, et que ceux qui Te haïssent s’enfuient devant Toi », etc. (Nb. 10:33-36). C’est « une belle image de la grâce tendre et précieuse de Celui qui, s’Il nous fait passer par le désert pour notre bien, ne manque pas d’y être avec nous, et quand Il fait sortir Ses brebis, Il prend soin d’aller devant elles et de les consoler de Son amour. Puissant chef de Son peuple en chemin, Il est leur joie et leur gloire lorsqu’Il vient trouver du repos au milieu d’eux » (JND, Synopsis). On peut aussi remarquer que cet incident préfigure de façon frappante le fait que le Seigneur Jésus a fait le voyage de trois jours, à travers la mort, pour trouver un lieu de repos pour les Siens ; et c’est pourquoi il reste un repos pour eux, le repos de Dieu lui-même, à la fin du voyage dans le désert, et que ceux qui croient entrent dans ce repos (voir Héb. 4).

Mais ce qu’il faut retenir de notre psaume, c’est le contraste. Dans le désert, c’était : « Lève-Toi, Éternel, et que Tes ennemis soient dispersés » ; ici, c’est : « Lève-Toi, Éternel ! pour entre dans Ton repos, Toi et l’arche de Ta force ». Pour la foi, le but était atteint dès que l’arche a été amenée à Sion et que tous les ennemis étaient dispersés. C’est ce qui se passera effectivement avant que le Messie, en tant que Sacrificateur sur Son trône, construise Son temple et porte la gloire (Zach. 6:12-13). Ce n’est qu’à ce moment-là que les paroles de ce psaume se réaliseront pleinement.

Laissant les détails des demandes jusqu’à ce que nous considérions l’abondance de la grâce dans la réponse fournie, on remarque à nouveau que la base des demandes est toujours David. « À cause de Ton serviteur David, ne repousse pas la face de Ton oint ». Le croyant comprend cela, dans la mesure où il sait que toutes ses prières ne sont entendues qu’en tant que présentées dans et par Celui dont David est le type. Quelle puissance et quelle persévérance dans la prière cela devrait donner aux enfants de Dieu, s’ils se souviennent qu’ils peuvent plaider devant Dieu tout le caractère agréable de Christ Lui-même ! Il a dit : « Si vous demandez quelque chose en Mon nom, Moi je le ferai » (Jean 14:14).


13.6 - [132:11,12]

Du v. 11 à la fin, nous avons la réponse de l’Éternel au cri de Son peuple (*). La promesse faite à David à partir du v. 10 est double, absolue et conditionnelle. Au v. 11, on a l’expression du dessein divin : « L’Éternel a juré en vérité à David, Il ne s’en détournera pas ; je mettrai du fruit de tes entrailles sur ton trône ». D’un point de vue historique, on pourrait dire que cela s’est accompli avec l’avènement de Salomon ; mais, étant donné le caractère prophétique de l’ensemble du psaume, Christ, en tant que fils de David, est sans aucun doute inclus ici. Au v. 12, où la condition de garder l’alliance et le témoignage de l’Éternel est ajoutée, il s’agit des héritiers naturels de David. La même distinction est faite en 2 Samuel 7:12-16 (comparer aussi 1 Rois 2:4; 1 Chroniques 17:11-14 ; 28:3-6). Ainsi, lorsque Christ, en tant que Fils de David, est dans la pensée de l’Esprit, la promesse est inconditionnelle, parce qu’elle est l’annonce du dessein de Dieu en grâce ; mais lorsque les enfants de David, ses descendants immédiats, sont en vue, leur maintien sur son trône est subordonné à leur responsabilité — à leur observation de la loi de Dieu et à leur marche selon Ses commandements.


(*) Certains divisent ce texte en deux parties, considérant les versets 11-13 comme la base de la réponse contenue dans les versets 14-18 ; mais nous préférons considérer l’ensemble comme la réponse divine aux requêtes des versets 8-10.


13.7 - [132:13,14]

C’est alors qu’est énoncé le motif du serment de l’Éternel à David : « Car l’Éternel a choisi Sion, Il l’a désirée pour être Son habitation. C’est ici mon repos pour toujours, c’est ici que j’habiterai, car je l’ai désirée » (132:13, 14). En amenant l’arche à Sion, David ne faisait qu’accomplir le dessein de Dieu. Non pas qu’il l’ait pleinement réalisé, car « la paix dont David a joui n’a été que transitoire ». L’établissement de l’arche sur la colline de Sion constitua cependant une époque ; car la montagne de Sion était le siège de la grâce royale, où le roi qui avait souffert, — et du fait qu’il avait souffert — avait établi son trône en puissance et en grâce à l’égard d’Israël. C’est la clé de Apoc. 14, un livre dans lequel l’Agneau est toujours (me semble-t-il) le Messie qui a souffert, mais qui est assis sur le trône de Dieu dans l’attente de la manifestation de Sa gloire. De ces remarques, on comprend aisément que l’accomplissement des paroles de notre psaume ne se verra qu’au jour de la gloire de Christ, lorsqu’Il aura pris Sa grande puissance et aura établi Son règne. C’est de ce jour glorieux que parle le prophète lorsqu’il dit : « Pousse des cris de joie, et exulte, habitante de Sion, car grand au milieu de toi est le Saint d’Israël » (Ésaïe 12:6).

Deux choses en découlent : premièrement, Sion est l’élection de la grâce souveraine de Dieu ; deuxièmement, c’est là, lorsque Christ sera Roi, que se trouvera Son plein repos terrestre. Les croyants de notre époque savent qu’il existe un autre repos, plus élevé, auquel il a déjà été fait allusion dans l’épître aux Hébreux. Mais qu’il soit en Sion ou au ciel, le repos est lié à Christ ; dans le premier cas, à Christ en tant que Roi oint de Dieu, qu’Il établira sur Sa sainte colline de Sion ; dans le second, à Christ assis à Sa droite, glorifié en vertu du fait qu’Il a glorifié Dieu dans tout ce qu’Il est par Son œuvre sur la croix. C’est en lui que Dieu a trouvé Sa satisfaction et ses délices infinis, et c’est en Lui qu’Il se reposera pour toujours, et nous aussi, par Sa grâce, nous participerons à Son repos. Perspective bénie et sans bornes, qui anime certainement de courage les cœurs des pèlerins de Dieu et les remplit d’une joie inexprimable !

Un autre point mérite d’être remarqué. Toute la bénédiction promise en réponse à la prière des v. 8-10 découle ou est liée à l’accomplissement du conseil de Dieu concernant Sion, le fait d’y trouver Son repos et Son habitation. Il en a été ainsi en principe dès le moment où Dieu fit sortir Son peuple hors du pays d’Égypte. Il dit : « Ils feront pour Moi un sanctuaire, et J’habiterai au milieu d’eux » (Ex. 25:8) ; et de nouveau, parlant de la même époque que notre psaume : « Ma demeure sera sur eux ; et Je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple » (Ézéc. 37:27). Mais si grande que soit la bénédiction de ce jour futur sur la terre, ce n’est que lorsque les nouveaux cieux et la nouvelle terre seront entrés en scène que les pensées éternelles de Dieu se réaliseront ; car c’est alors que sera proclamée la parole suivante : « Voici, le tabernacle de Dieu est avec les hommes, et Il habitera avec eux, et ils seront Son peuple, et Dieu Lui-même sera avec eux, leur Dieu » (Apoc. 21:3). Mais quelle que soit la période ou dispensation, il est toujours vrai que toute bénédiction dépend du repos de Dieu et de Sa demeure au milieu de Son peuple.


13.8 - [132:8 et 14,15]

Nous pouvons maintenant examiner les réponses que Dieu donne aux prières de Son peuple, et nous verrons comment, dans tous les cas, il dépasse abondamment leurs demandes. Ainsi, au v. 8, ils avaient dit : « Lève-Toi, Éternel ! pour entrer dans Ton repos, Toi et l’arche de Ta force ». En réponse (v.14), l’Éternel dit : « C’est ici Mon repos pour toujours, c’est ici que J’habiterai, car Je l’ai désiré » ; et, en outre, Il ajoute : « Je bénirai abondamment ses provisions, Je rassasierai de pain ses pauvres » (v.15). Si Dieu habite au milieu d’eux, Son peuple ne peut manquer, car Il a à cœur de les bénir en tout temps au-delà de leurs désirs les plus ardents. C’est ainsi que le Seigneur, lorsqu’Il était sur terre, lança un défi à Ses disciples en leur demandant : « Quand je vous ai envoyés sans bourse, sans sac et sans souliers, avez-vous manqué de quelque chose ? Et ils répondirent : De rien » (Luc 22:35). Non, Sa présence leur assurait tout, comme elle le fait toujours lorsque nous nous en saisissons et que nous comptons sur elle. Nous pouvons donc comprendre cette généreuse promesse de la grâce de l’Éternel, tout en confessant avec tristesse que, comme Israël autrefois, nous limitons souvent notre Dieu par notre incrédulité. Méditez donc ces mots : « Je bénirai abondamment ses provisions (ou vivres), Je rassasierai de pain ses pauvres ». Souvenons-nous en même temps que ce sont les pauvres qui sont ainsi rassasiés.


13.9 - [132:9 et 16]

Au v. 9, la prière était : « Que Tes sacrificateurs soient revêtus de justice, et que Tes saints chantent de joie ». La réponse est : « Je revêtirai de salut ses sacrificateurs, et ses saints exulteront en chantant de joie » (v. 16). L’Éternel juste aime la justice ; et c’était selon la pensée de Dieu que cette prière soit faite pour Ses sacrificateurs ; mais Lui, dans la souveraineté de Sa grâce, peut magnifier Sa parole au-dessus de tout Son nom (138:2), et promettre qu’ils seront revêtus de Son salut — de Sa « délivrance pleine, entière et définitive ».

Observez encore une autre chose : la foi avait dit « Tes sacrificateurs » et « Tes saints », et en vérité ils appartiennent à l’Éternel ; mais dans la réponse, Il dit « ses sacrificateurs » (ceux de Sion) et « ses saints ». L’Éternel s’identifie ainsi à Sion et lui attribue ce qui appartient à Lui. C’est l’association bénie de Sion, des sacrificateurs et des saints avec Lui-même. Le chrétien comprendra cela, sachant à quel point il est associé à Christ à tous égards et dans toutes ses relations, et combien le Seigneur partage avec les Siens tout ce qu’Il a Lui-même acquis en vertu de la rédemption, de sorte qu’ils peuvent être décrits comme « héritiers de Dieu et cohéritiers de Christ ».


13.10 - [132:17-18]

Il est ajouté : « C’est là que je ferai germer la corne de David : J’ai préparé une lampe pour Mon oint. Je revêtirai de honte ses ennemis, mais sur lui fleurira sa couronne ». Le lecteur le plus simple comprendra immédiatement que ces expressions ne trouveront leur réalisation que lors de l’établissement du Roi de Dieu sur Sa sainte colline de Sion, lorsque tous les conseils de Dieu concernant Son Oint, Son peuple élu et les nations de la terre auront leur plein accomplissement. C’est de cette période, et des bénédictions promises qui s’y rattachent, que parle le Psaume 72, lorsque le « nom du Messie subsistera pour toujours ; Son nom se perpétuera aussi longtemps que le soleil ; les hommes seront bénis en Lui ; toutes les nations le diront bienheureux » (72:17).

Les remarques suivantes d’un autre auteur concluront de manière appropriée nos méditations sur ce psaume. « Le lieu de la gloire de Christ (Sion), qui est le repos de Dieu, là où Il habite, Dieu le possède pour toujours. … Et la foi considère que tout ce qui s’y rattache, sacrificateurs et saints, appartient à Dieu : ‘Tes sacrificateurs’ et ‘Tes saints’. Mais alors Lui, prenant Christ pour le lieu de repos de Sa gloire, et contemplant le lieu de Sa demeure, de Son repos et de Son habitation (pour nous, c’est l’Église qui est Son habitation, Son tabernacle, Sa ville, la sainte cité Jérusalem), – Lui s’étant ainsi associé à elle (comparez Éph. 3:21et Apoc. 21:3), Il regarde les sacrificateurs et les saints comme Ses sacrificateurs et Ses saints, montrant ainsi tout spécialement qu’Il prend Son plaisir en elle, qu’Il s’identifie à elle. … C’est alors qu’Il établit la gloire de la corne de David, la gloire de la puissance et de la domination du Bien-aimé ; et ceci (alors que David est le fondement, et Sa gloire éternelle est le résultat) est le sujet du psaume : Sion — pour nous, l’Église, la Jérusalem céleste. C’est Son repos, Sa demeure éternelle, Son désir, ce qu’Il a choisi. Et s’Il glorifie pleinement Son Oint (comme Il veut le faire et doit le faire), c’est là qu’Il le fera. Bien que Son nom fleurisse en Lui-même (car Sa personne doit être le fondement et le centre de la gloire), sa place est dans la cité de la grâce et de la gloire. Ses sacrificateurs, Ses saints, auront le salut et une joie abondante ».

Ainsi, toutes les voies de Dieu sur la terre, pouvons-nous ajouter, aboutiront à la gloire de Son Fils bien-aimé, en tant que Son Roi Oint, et à la bénédiction de Son peuple. Nous pouvons donc dire avec des cœurs débordants : « Béni soit le Nom de Sa gloire, à toujours, et que toute la terre soit remplie de Sa gloire ; Amen, oui Amen » (Ps. 72:19).


14 - Psaumes 133, 134 — Unité et louange

Cantiques des degrés de David.


Ces deux Psaumes sont si intimement liés qu’il est bon de les considérer ensemble. Pour la foi, la demeure de Dieu et le repos de Dieu ont été atteints en Sion, le lieu de Son élection souveraine ; et c’est là, en outre, qu’Il a établi Son Roi sur Sa sainte montagne. Il en résulte une bénédiction pleine et entière, et Sa couronne fleurira pour toujours sur Son Oint, ses ennemis étant couverts de honte.


14.1 - [133:1]

L’état d’Israël restauré est maintenant décrit : « Voyez comme il est bon et agréable pour des frères d’habiter unis ensemble ! Éphraïm ne sera plus rempli d’envie contre Juda, ni Juda contre Éphraïm (Ésaïe 11:13), mais ils seront « une seule nation dans le pays, sur les montagnes d’Israël, et un seul roi sera roi sur eux tous ; ils ne seront plus deux nations, et ils ne seront plus divisés en deux royaumes » (Ézéchiel 37:22).

Il en a été de même après la Pentecôte. En Actes 2, lorsque, selon la promesse, le Saint Esprit est descendu pour habiter avec et dans les croyants, la nouvelle habitation de Dieu a été formée ; et immédiatement après, nous lisons que la multitude de ceux qui avaient cru n’était qu’un cœur et qu’une âme (Actes 4:32), — une unité qui ne pouvait avoir été produite et manifestée que par la puissance de l’Esprit qu’ils avaient reçu. Cette unité impliquait aussi, comme ils devaient l’apprendre par la suite, d’être un avec Christ, leur tête glorifiée, aussi bien qu’un entre eux. En effet, ce n’est que le sens d’union avec Christ qui peut conduire des frères à demeurer ensemble dans l’unité. Mais c’est plutôt le fait, ce que nous sommes invités ici à contempler, et le caractère agréable de ce fait pour Dieu Lui-même ; car c’est le Saint Esprit qui attire notre attention sur ce spectacle « bon et agréable ».

Nous pourrions bien nous humilier dans la poussière devant Dieu, en réalisant le contraste entre tout cela et l’état des croyants aujourd’hui. « Que tous soient un », était le désir du Seigneur Lui-même, et a été réalisé pendant la brève période à laquelle Actes 4 fait allusion ; mais depuis ce jour-là, l’Église de Dieu n’a cessé de se diviser et de se subdiviser, quant à sa position extérieure dans le monde, de sorte que l’origine divine a été presque entièrement obscurcie, y compris dans les pensées des chrétiens. Tout en déplorant cette œuvre de l’ennemi, n’oublions jamais quelles sont les pensées de Dieu, et ne manquons jamais, dans notre propre cercle de communion, de nous rappeler combien il est agréable à Dieu de voir Son peuple marcher dans la communion, et s’efforcer de garder l’unité de l’Esprit par le lien de la paix. Nous pouvons aussi nous rappeler que c’est le Seigneur Lui-même qui a dit : « À ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour entre vous » (Jean 13:35).


14.2 - [133:2]

Le symbole même utilisé dans le verset suivant ne fait qu’intensifier l’estimation divine de l’unité manifestée des saints : « C’est comme l’huile précieuse répandue sur la tête, qui descendait sur la barbe, la barbe d’Aaron, qui descendait sur le bord de ses vêtements ; comme la rosée de l’Hermon, qui descend sur les montagnes de Sion ; car c’est là que l’Éternel a commandé la bénédiction, la vie pour l’éternité » (133:2, 3). Ce langage symbolique fait sans doute référence à l’huile d’onction versée sur la tête d’Aaron le jour de sa consécration (Exode 29:7), et qui, s’écoulant jusqu’aux bords inférieurs de sa robe sacerdotale, embaumait la scène. La composition et les instructions relatives à cette « huile précieuse » sont données en Exode 30, mais ce qu’il faut retenir ici, c’est que, si l’odeur et le parfum de cet huile d’onction étaient précieux lors de la consécration d’Aaron, le peuple de Dieu est pareillement précieux et odorant devant Dieu lorsqu’ils habitent ensemble dans l’unité.

S’il est fait référence à la consécration d’Aaron, l’allusion est également prophétique dans sa signification la plus complète et la plus riche. L’apôtre Pierre utilise, d’ailleurs, un langage qui justifie cette interprétation. Parlant de la résurrection de Christ, il dit : « Ayant été exalté par la droite de Dieu, et ayant reçu de la part du Père l’Esprit Saint promis, Il a répandu ce que vous voyez et entendez » (Actes 2:33). Certes il ne parle pas là de l’unité des saints, mais cette citation illustre le fait que Christ, ayant reçu du Père le Saint Esprit promis, L’a répandu sur tous ceux qui croyaient en Lui en tant que ressuscité et exalté : l’Esprit a donc comme coulé de Christ « jusque sur le bord de ses vêtements », unissant les Siens à Lui-même, et remplissant la maison de la bonne odeur de leur unité manifestée. Rappelons et soulignons les deux points suivants : premièrement, c’est le Saint Esprit, descendant de la tête exaltée, qui produit l’unité ; deuxièmement, ce n’est que dans la puissance de ce même Esprit que l’unité peut être manifestée.


14.3 - [133:3a]

Une autre figure est ensuite introduite : c’est « comme la rosée de l’Hermon, qui descend sur les montagnes de Sion ». Le rapprochement de l’Hermon avec Sion a donné lieu à de nombreuses conjectures ; mais le sens est que l’abondante rosée de l’Hermon, c’est-à-dire abondante comme sur l’Hermon, tombe sur la montagne de Sion — selon l’explication matérielle suivante donnée par quelqu'un d’autre : « La neige au sommet de cette montagne (Hermon) condense les vapeurs qui flottent pendant l’été dans les régions supérieures de l’atmosphère, de sorte que de légers nuages planent autour d’elle et qu’une rosée abondante descend sur elle, alors que tout le pays ailleurs est desséché, et que tout le ciel ailleurs est sans nuages ».

La rosée est constamment utilisée dans l’Écriture comme emblème de la bénédiction et du rafraîchissement descendant du ciel. C’est ainsi que Moïse dit : « Ma parole descendra comme la rosée » (Deut. 32:2) ; et dans Osée, nous lisons : « Je serai pour Israël comme la rosée » (Osée 14:5). En plus du doux parfum de l’habitation ensemble dans l’unité, produit par l’action puissante et sans entrave du Saint Esprit descendant de notre Tête exaltée et glorifiée, il y a donc une autre pensée, celle de la faveur de Dieu descendant sur Son peuple comme la rosée qui, en se déposant sur lui, apporte à tous revivification et rafraîchissement.


14.4 - [133:3b]

Enfin, il est ajouté à la mention de Sion : « Car c’est là que l’Éternel a commandé la bénédiction, la vie pour l’éternité ». Deux choses doivent être remarquées ici : premièrement, il y a un lieu de bénédiction qui, dans ce cas, est Sion ; et la raison se trouve dans ce qui a été vu au Ps. 132, c’est-à-dire que « l’Éternel a choisi Sion, Il l’a désirée être Son habitation. C’est là mon repos pour toujours, c’est là que J’habiterai, car Je l’ai désirée ». Nous apprenons ainsi une fois de plus que la bénédiction de Dieu se trouve là où Il habite, dans Sa propre demeure ; et il est peut-être nécessaire de remarquer, pour l’instruction de plusieurs, que la « maison spirituelle » de Dieu est maintenant bâtie de « pierres vivantes », de ceux qui ont goûté que le Seigneur est bon, et qui sont venus à Lui comme à la Pierre Vivante (1 Pierre 2:3-5). Paul a aussi écrit aux Éphésiens : « … en Qui vous êtes édifiés ensemble pour être une habitation de Dieu par l’Esprit » (Éph. 2:22). Dans un jour futur, Sion sera l’habitation de l’Éternel et, à ce titre, elle sera le lieu de la bénédiction ; mais aujourd’hui, c’est l’Église qui est la maison de Dieu (1 Timothée 3:15). Dans les deux cas, c’est la présence de Dieu dans Son habitation qui assure la bénédiction.

La deuxième chose est le caractère de la bénédiction, qui est « la vie pour l’éternité » — la vie éternelle. Il n’y a qu’un seul autre endroit où la vie éternelle est mentionnée dans l’Ancien Testament, et c’est en Daniel 12:2. Il s’agit de la vie éternelle dans le sens où le Seigneur Lui-même utilise ces mots en Matthieu 25:46, c’est-à-dire la vie éternelle pour Son peuple terrestre, selon la révélation de Dieu, dont il jouira sous l’autorité de son glorieux Messie. La vie éternelle liée à la révélation du Père dans et par le Fils, est réservée aux croyants de l’époque actuelle (Jean 17:3) ; et la jouissance de cette vie éternelle avec les apôtres est en réalité la communion avec le Père et avec Son Fils Jésus Christ (1 Jean 1:3). Tel est le sens complet de la vie éternelle selon l’Évangile de Jean ; mais la vie éternelle dans laquelle entreront les croyants d’un jour futur sera aussi parfaite dans leur relation avec l’Éternel, — même si elle aura un autre caractère que ce que les chrétiens possèdent par leur association céleste avec Christ là où Il est et dans la relation propre avec Lui (Jean 20:17).


14.5 - [134]

Dans le dernier psaume de cette série, nous passons à une invitation à bénir l’Éternel :

1 Voici, bénissez l’Éternel, vous, tous les serviteurs de l’Éternel, qui vous tenez durant les nuits dans la maison de l’Éternel !

2 Élevez vos mains dans le sanctuaire (le lieu saint), et bénissez l’Éternel.


14.5.1 - [134:1]

Dans le récit de l’organisation des services du temple, nous lisons que les « chantres, chefs des pères des Lévites, qui étaient dans les chambres, étaient exempts d’autres fonctions, car ils étaient employés à cette tâche jour et nuit » (1 Chr. 9:33) ; et encore les Lévites devaient « se tenir chaque matin pour célébrer et louer l’Éternel, et de même chaque soir » (1 Chr. 23:30). Maintenant que l’Éternel a trouvé son repos en Sion, Il veut « habiter » au milieu des louanges de Son peuple ; et, tout étant ordonné selon Ses pensées, l’Esprit peut appeler Ses serviteurs à bénir Celui qui donne des chants dans la nuit (Job 35:10). Il est remarquable qu’ils soient décrits ici comme se tenant durant les nuits dans la maison de l’Éternel, mais cela semble se référer au fait qu’à ce moment-là il y aura une louange perpétuelle. Les peines d’Israël seront alors terminées, et jouissant des pleins rayons de la faveur et de la bénédiction de l’Éternel, sans adversaire ni événements fâcheux, ils voudront épancher leurs cœurs par les canaux choisis, sans interruption, en actions de grâces et en louanges.


14.5.2 - [134:2]

Le verset suivant ne fait que souligner les exhortations du v. 1 (*). Que l’interprétation mentionnée ci-dessous soit acceptée ou non, apprenons encore que ce n’est que dans le « sanctuaire » (lieu saint) que le culte peut être présenté. Comme le lecteur le sait, cette « bénédiction de l’Éternel » est caractéristique du peuple terrestre, Israël, lorsqu’il sera restauré et jouira de la faveur et du règne du Messie.


(*) Certains traduisent : « Élevez vos mains dans la sainteté et bénissez le Seigneur ». Si l’on accepte cette traduction, il se peut que l’apôtre fasse allusion à cette écriture en 1 Timothée 2:8 où il ordonne aux hommes de prier partout en élevant des mains saintes.


Les croyants de la période actuelle de la grâce adorent maintenant dans le lieu très saint, et c’est leur privilège d’offrir une louange perpétuelle en anticipation du temps où il n’y aura plus de nuit (Apoc. 22:5), et où leur occupation sera le service de la louange (*). Il est intéressant d’observer que le mot « bénir » dans ce psaume est le même mot (selon la Septante) qui notre Seigneur utilisa lorsqu’Il « bénit » avant la distribution des pains (Matt. 14) et à la table de la Pâque (Matt. 26), etc.


(*) Le mot « servir » dans l’expression « Ses esclaves Le serviront » (Apoc. 22:3) indique que ce sera en tant qu’adorateurs.


14.5.3 - [134:3]

Enfin, le psaume se termine par une invocation adressée à l’Éternel lui-même : « Que l’Éternel qui a fait les cieux et la terre te bénisse de Sion ». L’expression « l’Éternel qui a fait les cieux et la terre » nous met en présence de Dieu tel qu’Il s’est révélé à Son peuple élu. C’est ainsi que Jonas, comme nous l’avons déjà souligné, L’a confessé comme tel auprès des marins ; et même les saints de la Pentecôte à Jérusalem disaient : « Ô Souverain ! Toi tu es le Dieu qui as fait le ciel, la terre et la mer, et toutes les choses qui y sont » (Actes 4:24). Quant à la signification du désir adressé à l’Éternel, un autre auteur a dit : « Je serais disposé à considérer le dernier verset plutôt comme la voix de Christ en tant que Fils de David, — quelque chose selon le caractère de Melchisédec qui disait : ‘Béni soit le Dieu très haut, et béni soit Abraham de la part du Dieu très haut’ (Gen. 14:19-20), seulement spécialement en relation avec l’Éternel (comme Zach. 6:13) bénissant le Résidu pieux de Sion. Le dernier verset est une sorte de réponse aux exhortations des précédents — l’Esprit de Christ dans le Résidu appelle les serviteurs de l’Éternel à Le bénir, et ceux-ci bénissent l’homme pieux de la part de l’Éternel ».

Certains considèrent cependant qu’il s’agit d’un appel de l’Esprit à l’Éternel, par l’intermédiaire du Résidu, pour qu’Il bénisse le Messie Lui-même, comme par exemple dans le Psaume 72: « On priera pour Lui continuellement » (72:15).

Quelle que soit l’interprétation retenue, on constatera que le but de la pleine bénédiction a été atteint pour Israël. La série des Cantiques des degrés commence par ces mots : « Dans ma détresse, j’ai crié à l’Éternel, et Il m’a répondu » ; et elle se termine par la bénédiction des serviteurs de l’Éternel dans le sanctuaire, et par la bénédiction de l’Éternel Lui-même de Sion — bénédiction rendue et bénédiction goûtée. Cela aidera à comprendre la description suivante (citée au début de cet article) de cette série de Psaumes : « Les Psaumes des degrés sont le progrès d’Israël dans le pays, à partir de la douleur et à travers la douleur, jusqu’à la pleine bénédiction en Sion, qui forme le couronnement, l’Éternel étant là ». Combien cela renforce notre admiration pour ce résultat (tout à la gloire de Dieu) quand on se rappelle que l’Éternel est JÉSUS, l’Éternel Sauveur, qui a maintenant sauvé Son peuple de leurs péchés. En Le contemplant comme bénissant de Sion, nous pouvons à nouveau nous unir de tout cœur avec le langage du Psalmiste : « Béni soit le Nom de Sa gloire, à toujours ; et que toute la terre soit pleine de Sa gloire — Amen, oui Amen » (Ps. 72:19).

Le chrétien a une perspective encore plus bénie, la maison du Père elle-même, où, avec tous les rachetés rendus conformes à l’image du Fils de Dieu, Christ sera pour toujours au milieu d’eux comme le premier-né entre plusieurs frères (beaucoup de frères) (Rom. 8:29).


15 - [Psaumes 135 et 136]

Il paraît évident que les psaumes 135 et 136 forment une sorte d’appendice aux cantiques des degrés. Il est très intéressant de remarquer dans le Ps. 135 le mélange d’alléluias, de louanges et de bénédictions, qui montent vers l’Éternel de toutes les classes de Ses rachetés. Et le sujet de leur cantique dans le Ps. 136 est la bonté de l’Éternel qui demeure à toujours. Il s’agit en fait de l’accomplissement du psaume prophétique de David, qui fut premièrement chanté à l’occasion du transport de l’arche à Sion, et qui se terminait par ces mots :

« Célébrez l’Éternel, car Il est bon, car Sa bonté demeure à toujours.

Et dites : Sauve-nous, ô Dieu de notre salut, rassemble-nous et délivre-nous d’entre les nations, afin que nous célébrions Ton saint nom, et que nous nous glorifiions de Ta louange.

Béni soit l’Éternel, le Dieu d’Israël, de l’éternité jusqu’en l’éternité.

Et tout le peuple dit : Amen ! et loua l’Éternel » (1 Chr. 16:34-36).