Dennett Edward (1888) (ajouts bibliquest entre crochets)
Edition de Bible Truth Publishers
Table des matières abrégée :
1 - [Portée du livre de Malachie. Sa pertinence pour aujourd’hui]
5 - [Ch. 3:13 à 4:6 — Le résidu nettement distingué de la nation]
Table des matières détaillée :
1 - [Portée du livre de Malachie. Sa pertinence pour aujourd’hui]
2.1 - [Ch. 1:1 — L’Éternel commence par rappeler Son amour pour Son peuple]
2.2 - [Ch. 1:2a — Insensibilité morale et aveuglement spirituel]
2.3 - [Ch. 1:2b-3 — Rappel des jugements de Dieu sur le postérité d’Ésaü]
2.4 - [Ch. 1:4 — On ne surmonte pas l’indignation de Dieu par ses propres ressources]
2.6 - [Ch. 1:6 — L’état pratique réel]
2.6.1 - [Cet état pratique doit correspondre à la position dans laquelle on a été placé]
2.6.2 - [Culpabilité du peuple, mais spécialement des sacrificateurs/prêtres]
2.6.3 - [En quoi… Ignorance de sa condition réelle]
2.6.4 - [Tendance au rejet des prophètes quand ils réveillent les consciences]
2.7 - [Ch. 1:7-10 — Cas concrets de mépris du nom de l’Éternel]
2.7.3 - [Ch. 1:10a — Ceux qui ne veulent pas du bénévolat dans le service du Seigneur]
3.1 - [Ch. 2:1-9 — La dégradation des sacrificateurs par rapport à ce qu’ils auraient dû être]
3.2 - [Ch. 2:2 — Avertissement pour susciter une repentance]
3.2.1 - [Prendre à cœur la gloire de Son nom]
3.2.2 - [Qu’ils prennent leur condition à cœur et que soit produit un grand examen de cœur]
3.3 - [Ch. 2:4-7 — Ce qu’était l’alliance avec les fils de Lévi – la sacrificature – à l’origine
3.3.1 - [Ch. 2:4 — Revenir à ce qui est dès le commencement]
3.3.2 - [Ch. 2:5a — Vie et paix]
3.3.3 - [Ch. 2:5b — Vie et paix comme récompenses de la fidélité]
3.3.4 - [Ch. 2:6 — Ce que Christ a réalisé est un exemple]
3.3.5 - [Ch. 2:7 — Garder la connaissance de la Parole de Dieu pour instruire d’autres]
3.5.1 - [Ch. 2:10 — Agissements perfides envers les frères quand on a perdu tout sens de l’unité]
3.5.3 - [Ch. 2:12 — Châtiment en l’absence de repentance]
3.6 - [Ch. 2:13-16 — Infidélités domestiques]
3.6.2 - [Ch. 2:14 — Agissements perfides envers les femmes, divorces et infidélités]
3.6.3 - [Ch. 2:15a — La relation du mariage établie lors de la création]
3.6.4 - [Ch. 2:15b — Une semence de Dieu comme fruit du mariage]
3.6.6 - [Ch. 2:16 — Contre la répudiation]
4.2.1 - [Ch. 3:1a — L’envoi du messager : Jean le Baptiseur et/ou Élie]
4.2.2 - [Ch. 3:1b — Celui qui vient : l’Éternel, Seigneur, Ange de l’alliance – Jésus]
4.2.3 - [Ch. 3:1b — Une venue soudaine]
4.3 - [Ch. 3:2-6 — Le caractère et les conséquences de Sa venue/apparition]
4.3.1 - [Ch. 3:2 — Venue du Seigneur comme Dieu de jugement]
4.3.2 - [Ch. 3:3 — Venue du Seigneur comme Celui qui purifie et affine]
4.3.4 - [Ch. 3:5 — Jugement contre tous ceux qui ne craignent pas l’Éternel]
4.3.5 - [Ch. 3:6 — Combinaison de la sainteté de Dieu et de Sa miséricorde]
4.4 - [Ch. 3:7 — De nouveau l’état du peuple]
4.4.1 - [Ch. 3:7a — Égarement continuel du peuple de génération en génération]
4.6 - [Ch. 3:10 — Lien entre l’apport au trésor de l’Éternel et la bénédiction]
4.7 - [Ch. 3:11-12 — Lien entre la bénédiction et l’obéissance]
5 - [Ch. 3:13 à 4:6 — Le résidu nettement distingué de la nation]
5.2 - [Ch. 3:16-17 — Un résidu dans le résidu]
5.2.1 - [Ch. 3:16 — Caractéristiques du résidu]
5.2.2 - [Ch. 3:16 — Ils craignaient l’Éternel]
5.2.3 - [Ch. 3:16 — Ils parlaient l’un à l’autre]
5.2.4 - [Ch. 3:16b — Ils pensaient au nom de l’Éternel]
5.2.5 - [Illustration de ce résidu en Luc 1 et 2]
5.2.6 - [Y a-t-il un tel résidu aujourd'hui ?]
5.2.8 - [Ch. 3:16 — Le livre de souvenir]
5.2.9 - [Ch. 3:17a — Mon trésor particulier]
5.2.10 - [Ch. 3:17b — Je les épargnerai]
6.1 - [Lien entre les ch. 3 et 4]
6.2 - [Le résultat des voies et des actions de Dieu ne sera manifesté qu’à l’apparition du Seigneur]
6.3.1 - [La venue du Seigneur pour l’Église sera invisible ou incomprise]
6.3.2 - [Apparition du Seigneur au jour qui vient : visible et ébranlant]
6.4 - [Ch. 4:2a — Le soleil de justice apportant la guérison distinct de l’étoile du matin]
6.5 - [Ch. 4:2b-3 — Jugement sans miséricorde d’une part, et bénédiction sans mélange d’autre part]
6.5.1 - [La délivrance du peuple de Dieu sur la terre implique un triomphe sur les méchants]
6.6 - [Ch. 4:4-6 — Condensé de l’intervention de Dieu]
6.6.1 - [Ch. 4:4 — Revenir à ce que Dieu a établi au commencement]
6.6.3 - [Ch. 4:6 — Un ministère pour qu’il y ait un peuple préparé pour le Seigneur à Son retour]
Nous lisons que la loi et les prophètes ont prophétisé jusqu’à Jean (Matt. 11:13) ; et le Baptiseur a effectivement mis fin à la dispensation dont ils étaient l’expression dans la mesure où il était le précurseur du Messie. Or Malachie (*) a été le dernier des prophètes, le dernier du point de vue du canon des Écritures, car s’il y a eu après lui des prophètes, leurs prophéties n’ont pas été conservées ; en tout cas Malachie a été moralement le dernier ; car il témoigne de la venue de l’Éternel, et de l’éclat brillant du Soleil de justice, ayant la guérison dans ses ailes. Ses prophéties ont donc une importance grave et solennelle, et cela à deux titres :
Une autre remarque préliminaire peut être faite. Bien que tout le peuple auquel Malachie s’adresse fussent les descendants de ceux qui étaient revenus de la captivité, et que sur cette base ils fussent tous, en fait et par filiation, le peuple de Dieu, un résidu est cependant discerné au milieu de ce résidu, et c’est lui seul qui répond à la pensée de l’Éternel (voir spécialement Mal. 3:14-18). Ce livre a donc une portée particulière en ce moment pour ceux qui ont été amenés à sortir des corruptions de la chrétienté et pour ceux d’entre eux dont le désir est d’être trouvés en train de garder la parole de Christ et de ne pas renier Son nom.
(*) Il est intéressant de noter, surtout en relation avec le ch. 3, que « Malachie » signifie le messager de l’Éternel. Le prophète avait donc un caractère typique, ce qui n’est pas inhabituel.
Il y a quelque chose de presque sublime dans la manière simple et emphatique dont le livre commence.
« L’oracle de la parole de l’Éternel à Israël par Malachie. Je
vous ai aimés, dit l’Éternel
» (1:1, 2).
Quel que soit l’état de Son peuple, le Seigneur n’oublie jamais, et n’hésite jamais à déclarer Son amour pour eux. C’est effectivement de cette manière qu’Il met en lumière leur véritable condition. Nous aurions pu supposer que la première parole devrait être un avertissement et une réprimande à cause de leurs péchés ; mais non, la première parole de Dieu est une parole qui aurait dû rappeler la longueur et la largeur, la profondeur et la hauteur de cet amour immuable qui s’est répandu dans les activités de Sa miséricorde et de Sa grâce depuis l’appel d’Abraham jusqu’à aujourd’hui. Il en est de même dans les épîtres. Le cœur de Dieu pour Ses saints est toujours déployé avant que soient données les admonestations et les corrections nécessaires. Comme nous le lisons dans un autre prophète, « Je t’ai aimée d’un amour éternel ; c’est pourquoi je t’attire avec bonté » (Jér. 31:3). Nous sommes ainsi mis en présence de la source de notre rédemption, et de toutes les bénédictions dont nous jouissons, car on ne saurait trop souvent nous rappeler que nous n’appartenons pas au Seigneur parce que nous L’aimons, mais parce que Lui nous a aimés et qu’Il a fait de nous ce que nous sommes (cf. 1 Jean 4:9-10 ; Apoc. 1:5-6 ; Deut. 7:6-8, etc.).
Cette simple déclaration de l’amour de l’Éternel fait apparaître
immédiatement l’état du peuple par sa réponse : « En quoi nous as-tu
aimés ? »,
expression de l’insensibilité morale et de l’aveuglement
spirituel qui sont leur caractéristique dans toute cette prophétie. Ils
devaient être bien aveugles pour mettre en doute la vérité de l’amour de l’Éternel ;
car n’avaient-ils pas les récits des merveilles qu’Il avait opérées dans leur
rédemption, dans Sa conduite de leurs pères à travers le désert, dans la dépossession
des païens et dans leur établissement dans un pays ruisselant de lait et de
miel ? Et leur position à ce moment-là n’en était-elle pas la preuve ?
Ah ! mais ils disaient sans doute encore : « Si l’Éternel nous aime, pourquoi avons-nous subi des châtiments et des jugements, et pourquoi sommes-nous maintenant si faibles et si appauvris ? » Ce n’est là qu’une tromperie commune à laquelle les âmes de tous les temps s’adonnent ; autrement dit, ces pauvres Israélites désiraient suivre chacun son propre chemin, et avoir en même temps la bénédiction de Dieu, — se plaire à eux-mêmes, tout en étant entourés des marques de la faveur de Dieu (comp. Jér. 44). Comme beaucoup d’entre nous, ils n’avaient pas, appris la vérité que « L’Éternel châtie ceux qu’il aime, et fouette tout fils qu’Il agrée » (Héb. 12).
Mais l’Éternel poursuit en donnant Ses propres preuves, et pose
la question par l’intermédiaire du prophète : « Ésaü n’était-il pas
frère de Jacob ? dit l’Éternel ; cependant j’ai aimé Jacob, et j’ai
haï Ésaü, et j’ai dévasté ses montagnes et j’ai livré son héritage aux chacals du
désert
» (1:2, 3).
Il faut faire bien attention à ce qu’il ne s’agit pas ici d’un appel à la souveraineté de Dieu dans son choix de Jacob, comme en Rom. 9, où l’apôtre cite en effet ce passage (après avoir rappelé l’écriture qui annonce le dessein divin concernant Ésaü et Jacob) pour montrer, non seulement qu’Israël était entièrement redevable à la grâce quant à la différence que Dieu avait mise entre lui et Ésaü, mais aussi que les voies de Dieu avec les deux branches de la descendance d’Isaac avaient été en accord avec Ses desseins.
La preuve donnée ici est tirée entièrement, non de l’action de Dieu envers Ésaü lui-même, mais des jugements de Dieu sur sa postérité : « J’ai dévasté ses montagnes et livré son héritage aux chacals du désert ». Dans d’autres passages, nous trouvons (spécialement Abdias) que ces jugements leur ont été infligés à cause de leur haine irréconciliable contre Israël, de leur triomphe et de leur vengeance à leur égard au jour de leur malheur. Dieu avait choisi Jacob — ne méconnaissons pas cette vérité, bien qu’Ésaü ait méprisé son droit d’aînesse ; mais l’Écriture qui nous occupe concerne les voies de Dieu plutôt que Sa souveraineté.
De plus, l’Éternel saisit l’occasion pour proclamer Son
indignation éternelle contre Édom (voir És. 34:5-8 ; 63:1-4 ; Jérémie
49:9-17, etc.), et que, bien qu’Édom cherchât, par l’énergie de ses propres
forces, à bâtir, Dieu, étant contre eux, renverserait ce qu’ils bâtiraient, et
en ferait un proverbe manifeste parmi leurs voisins qui les appelleraient « contrée
de méchanceté
» et « peuple contre lequel l’Éternel est indigné à toujours
».
Ainsi l’issue des actions de Dieu d’une part avec Israël et d’autre
part avec Ésaü prouverait Son amour pour le peuple qu’Il a choisi ; et Il
dit : « Vos yeux le verront, et vous direz : L’Éternel sera
magnifié par-delà les confins d’Israël ».
La révélation ainsi faite donne deux leçons des plus instructives :
,comme dans le cas qui nous occupe, toutes Ses voies seront
vuescomme étant l’expression de Son amour et de Sa vérité.
L’Éternel ayant rappelé à Son peuple Sa relation avec lui et Ses
desseins inaltérables de grâce, Il commence maintenant, sur cette base, à l’interroger
sur son état pratique. Ce principe est d’une importance capitale. Le croyant ne
peut jamais mesurer son véritable état devant Dieu s’il ne le fait pas en
considération de la position dans laquelle il a été placé par grâce. C’est une
erreur commune de déduire notre position d’après notre état ; or rien ne peut
davantage contredire la vérité de Dieu. D'un côté, il est vrai qu’un saint, un
enfant de Dieu, un membre de Christ, un croyant, ne cesse pas de l’être malgré
des rechutes, ou malgré qu’il soit devenu insensible à ce qui est requis de lui
— mais d’un autre côté, s’il est tombé, il ne peut comprendre ce qu’est la
grâce ni mesurer la profondeur de sa chute que par l’acceptation, sans
discussion, de toute la position dans laquelle il était placé auparavant. C’est
sur ce principe que l’Éternel agit dans ce passage, et c’est pourquoi il dit :
« Un fils honore son père, et un serviteur son maître. Si donc je suis père,
où est mon honneur ? et si je suis un maître, où est la crainte qui m’est
due ? dit l’Éternel des armées à vous, sacrificateurs, qui méprisez mon
nom. Et vous dites : En quoi avons-nous méprisé ton nom ?
» (1:6).
C’est de cette manière solennelle que Dieu inculpe, non pas simplement le peuple, mais spécialement les sacrificateurs. Il les avait choisis pour se tenir devant Lui, pour offrir les sacrifices de son peuple, pour instruire le peuple dans Sa parole et pour avoir compassion des ignorants et des égarés ; mais, loin de faire face à leurs responsabilités, ils avaient sombré dans une complète dégradation morale. L’état des prêtres ou sacrificateurs, tout comme aujourd’hui l’état de ceux qui prennent présomptueusement la place de prêtres, ainsi que l’état de ceux qui sont réellement « pasteurs et docteurs », est toujours plus ou moins semblable à l’état du peuple. Et quel est l’acte d’accusation que Dieu porte contre ces fils d’Aaron ? Il dit en quelque sorte : ‘Vous déclarez que je suis un père pour vous’ (et l’adoption appartenait à Israël), ‘et que je suis votre Maître : où sont donc, demande-t-il, l’honneur et la révérence qui me sont dus en tant que tel ?’ Il ajoute : « Vous méprisez mon nom ».
La réponse à cette accusation met en évidence une
caractéristique de l’ensemble du livre. « Ils disent : « En quoi avons-nous
méprisé ton nom ? » (voir 1:2, 6, 7 ; 3:7-8, 13). Non seulement ils
poursuivaient un chemin d’oubli de Dieu, déshonorant Son nom dans tout ce qu’ils
faisaient, mais, pire que cela, ils étaient aussi ignorants de leur condition
réelle. C’est pourquoi, en réponse aux accusations portées contre eux, ils
disent, presque surpris : « En quoi
avons-nous fait ceci ou cela ? »
L’équivalent de ce langage se retrouve à toutes les époques. En même temps que
le déclin, les perceptions spirituelles deviennent de plus en plus faibles ;
et tout en gardant, peut-être avec diligence et zèle, les formes extérieures de
la religion, les âmes montrent de l’étonnement si leur attention est attirée sur
leur état.
Un prophète le fait-il ? « C’est un mauvais prophète », disent-ils, « il a une vision sombre des choses ; ce n’est pas bon de s’occuper du mal. Ne sommes-nous pas le peuple du Seigneur ? Ah ! il devrait nous voir comme le Seigneur nous voit, et alors il regarderait plus constamment vers le temps où l’Église sera présentée à Christ dans toute sa beauté et sa gloire sans tache ». Mais le travail d’un prophète est de s’occuper de l’état du peuple, de mettre sa conscience en exercice dans la présence de Dieu, de s’écrier avec Paul : « Je suis jaloux à votre égard d’une jalousie de Dieu ; car je vous ai fiancés à un seul mari, afin de vous présenter au Christ comme une vierge chaste » (2 Cor. 11).
Voyons donc comment Dieu prouve à ces prêtres négligents qu’ils méprisaient Son nom. Il dit :
« Vous présentez sur mon autel du pain souillé, et vous
dites : En quoi t’avons-nous profané ? En ce que vous dîtes : La
table de l’Éternel est méprisable. Si vous présentez une bête aveugle en
sacrifice, n’est-ce pas un mal ? Si vous en présentez une boiteuse et
malade, n’est-ce pas un mal ? Offre-la donc à ton gouverneur :
sera-t-il content de toi, te recevra-t-il avec faveur ? dit l’Éternel des
armées. Et maintenant, implorez donc Dieu afin qu’Il use de grâce envers nous :
c’est par vos mains que cela a eu lieu : vous recevra-t-il avec faveur ?
dit l’Éternel des armées. Qui parmi vous fermerait les portes pour rien ?
Et vous n’allumeriez pas le feu sur mon autel pour rien ? Je ne prends pas
plaisir en vous, dit l’Éternel des armées, et je ne recevrai pas l’offrande de
votre part avec faveur
» (1:7-10).
Il est à noter que l’autel et la table de l’Éternel, dans ce passage de l’Écriture, sont une seule et même chose. L’autel est ainsi nommé parce que les sacrifices étaient appelés le pain de Dieu, tout comme Christ qu’ils représentaient (Lév. 21:6, 8, 17, 21, 22 ; Nombres 28:2 ; Jean 6:33). C’est pourquoi les sacrificateurs sont accusés ici d’avoir offert du pain souillé sur l’autel de Dieu comme preuve de ce qu’ils méprisaient le nom de l’Éternel ; car en agissant ainsi, ils montraient clairement qu’ils avaient perdu toute idée de la sainteté de Celui auquel ils professaient offrir des sacrifices, et que l’autel n’était à leurs yeux qu’une chose banalisée, disant par leur acte que la table de l’Éternel était méprisable. Mais l’accusation portée contre eux est encore plus précise : ils offraient en sacrifice des bêtes aveugles, boiteuses et malades, violant ainsi sciemment l’un des préceptes les plus rigoureux de l’Écriture. Dans tous les cas, l’animal offert sur l’autel devait être « sans défaut » (Lev. 22:17-25), afin qu’il soit un type plus convenable de Christ. C’était donner à Dieu ce qu’ils avaient de meilleur ; et ces hommes, en passant en revue leurs troupeaux, perdaient tout sens des exigences divines, ainsi que la signification des sacrifices que Dieu demandait, et ils étaient prêts à Lui donner ce qui ne leur était d’aucune utilité — leurs animaux sans valeur, et rien de plus ; en vérité ils méprisaient Son nom, souillant Son autel et rendant méprisable la table de l’Éternel. Ils traitaient ainsi l’Éternel comme ils n’auraient pas osé le faire avec leur gouverneur. « Offre à ton gouverneur ce que tu m’offres, dit l’Éternel ; lui feras-tu plaisir, et te recevra-t-il ? » Ils savaient que non.
Ce langage solennel ne s’adresse-t-il pas à nous ? Ne nous sommes-nous jamais trahis en offrant au Seigneur nos choses inutiles ? Lorsque, par exemple, l’occasion se présente de donner au Seigneur une partie de nos biens, de servir Ses pauvres ou de participer à Son œuvre en encourageant ceux qui vont de l’avant, chez nous ou à l’étranger, ne recevant rien des nations, comment agissons-nous ? Donnons-nous ce que nous avons de meilleur, nos prémices, ou notre superflu et autres choses inutiles ? Déposons-nous, pour ainsi dire, sur l’autel autant que nous pouvons, ou seulement ce que nous estimons nécessaire ? En bref, reconnaissons-nous que les revendications du Seigneur — nous parlons à la manière des hommes — méritent de passer en premier et sont les plus importantes ? Commençons-nous d’abord par Lui ou par nous-mêmes ? Et ne donnons-nous jamais plus à l’homme, quand il nous demande, que nous n’aurions fait si nous avions été laissés à nous-mêmes pour agir en secret devant le Seigneur ? Dans ces domaines, l’homme n’a-t-il pas en effet souvent plus d’influence sur nous que le Seigneur, parce que l’homme est vu tandis que le Seigneur n’est pas vu ? Nous ferions bien de sonder nos cœurs à la lumière de ces paroles, afin d’en tirer des instructions pratiques pour nous-mêmes, tout en apprenant ce que nous enseigne l’état de ce pauvre résidu.
Le prophète poursuit (nous semble-t-il) sur un ton ironique :
« Et maintenant, implorez donc Dieu afin qu’Il use de grâce envers
nous : c’est par vos mains que cela a eu lieu : vous recevra-t-Il
avec faveur ? dit l’Éternel des armées dit l’Éternel des armées
».
« Si je regarde l’iniquité dans mon cœur », dit le Psalmiste, « le Seigneur ne m’écouterait pas » (Ps. 66:18). Mais ces prêtres ou sacrificateurs, malgré leur état de totale indifférence et insensibilité, n’hésitent pas à se présenter devant Dieu comme si tout allait bien. Priez donc, dit le prophète, implorez pour que Dieu use de grâce envers nous, et voyez s’Il aura égard à vos personnes. Ce qui caractérise souvent un état de chute, c’est que les formes extérieures de piété sont maintenues, parfois même avec un zèle accru. À mesure que la vie décline, l’attention se porte sur les rites et les cérémonies. L’âme se trompe ainsi elle-même, et, comme dans le cas qui nous occupe, elle glisse vers un état d’ignorance de sa condition réelle. Perdant tout sens de sa relation avec Dieu, elle place sa dépendance dans l’accomplissement exact du cérémonial requis. Les Pharisiens, par exemple, étaient très scrupuleux quant à la purification de l’extérieur de la coupe et du plat, alors qu’ils étaient parfaitement indifférents à leur purification intérieure.
Une autre accusation est maintenant formulée contre ces méchants
prêtres. « Qui parmi vous fermerait les portes pour rien ?
»
(évidemment les portes du temple), « et vous n’allumez pas de feu sur mon
autel pour rien
» (1:10).
Ces fils d’Aaron étaient tombés si bas que, oubliant l’élection de la grâce qui les avait distingués du milieu de leurs frères et leur avait conféré le privilège d’être les serviteurs de l’Éternel, ils ne considéraient maintenant l’exercice de leur charge que comme un moyen de gagner de l’argent.
Quel contraste avec l’esprit du psalmiste qui s’exclame : « Combien sont aimables tes demeures, ô Éternel des armées ! Mon âme désire et même elle languit après les parvis de l’Éternel ; mon cœur et ma chair réclament le Dieu vivant … Un jour dans tes parvis vaut mieux que mille. J’aimerai mieux me tenir sur le seuil dans la maison de mon Dieu, que de demeurer dans les tentes de la méchanceté » (Psaume 84 ; voir aussi Ps. 122, etc.). Dieu Lui-même avait pourvu à l’entretien de ses sacrificateurs ; mais ceux-ci ne se contentaient pas de dépendre de Lui ; ils voulaient extorquer leur rémunération de leurs semblables. Il ne pouvait pas y avoir une manifestation plus grande de l’état d’éloignement de Dieu de leurs cœurs.
Ce même esprit n’est-il pas aujourd’hui à la fois la malédiction
et la preuve de l’état de la chrétienté ? Il est notoire que les
soi-disant « fonctions sacrées » sont recherchées et occupées en raison de la position
et des bénéfices. Quelle « section » de l’Église est-elle exempte de cette tare
mortelle ? Certes, grâce à Dieu, il y a des exceptions individuelles,
mais
elles sont peu nombreuses et rares — la grande majorité des prédicateurs et des
« ministres » recherchent et obtiennent des salaires spécifiques pour le travail
qu’ils s’engagent à faire. C’est donc avec autant de pertinence que le cri
pourrait être lancé dans l’église professante à l’heure actuelle : « Qui
parmi vous fermerait les portes pour rien, et qui allumerait du feu sur mon
autel pour rien ? » Et pourtant, il n’y a pas de leçon plus clairement
écrite dans la parole de Dieu que le fait qu’Il se charge Lui-même pour Ses
serviteurs et que, si c’est à Son œuvre qu’ils sont engagés, Il veillera à leur
rétribution, car Il n’est débiteur de personne. Ainsi, si l’Éternel a emprunté
la barque de Pierre pour parler aux gens sur le rivage, Il voulut récompenser Pierre
immédiatement (sans entrer dans la signification plus profonde de l’incident)
en lui donnant un filet plein de poissons. Combien il est beaucoup plus heureux
pour nous tous (car aucun d’entre nous n’est à l’abri du danger) d’apprendre à
dépendre de Dieu, afin d’être indépendants des hommes.
Le point culminant de leur condition spirituelle ayant été
indiqué, l’Éternel déclare qu’Il ne prend pas plaisir en eux et qu’Il n’acceptera
pas d’offrande de leur part (1:10 ; comp. Ésaïe 1 et Hébreux 10). Cette
annonce devient l’occasion de la révélation de Ses desseins de grâce envers les
nations. « Car, du soleil levant jusqu’au soleil couchant, mon nom sera grand
parmi les nations ; en tout lieu on offrira de l’encens à mon nom, et une
offrande pure sera présentée ; car mon nom sera grand parmi les nations,
dit l’Éternel des armées
» (1:11).
Ces deux choses vont toujours de pair dans l’Écriture : d’une part l’incrédulité et l’apostasie du Juif, et d’autre part l’introduction des Gentils. L’apôtre l’explique en disant : « Je ne veux pas, frères, que vous ignoriez ce mystère, afin que vous ne soyez pas sages à vos propres yeux : c’est qu’un endurcissement partiel est arrivé à Israël, jusqu’à ce que la plénitude des nations soit entrée » (Romains 11:25. Comp. Ésaïe 49, Actes 13:45-48, etc.).
Dans les derniers versets du ch. 1 (v.12-14), l’Éternel
réaffirme Ses accusations contre Son peuple, faisant ressortir encore plus
complètement à quel point ils méprisaient Son service, le considérant comme « ennuyeux
»
(1:13) ; et Il prononce ensuite (1:14a) une malédiction sur « celui qui
trompe, et qui a dans son troupeau un mâle, et fait un vœu et sacrifie au
Seigneur ce qui est corrompu
» (comp. avec le péché d’Ananias et Sapphira en
Actes 5). Il renforce Sa parole (pour ainsi dire) en déclarant : « Car
je suis un grand roi, dit l’Éternel des armées, et mon nom est terrible parmi
les nations
» (1:14b).
À l’insensibilité morale — la caractéristique spéciale mise en évidence dans ce chapitre — il se joint toujours forcément la perte de tout sens de la sainteté de Dieu et de ce qui est dû à Son nom. Mais toujours et partout où il en sera ainsi, Dieu fera en sorte que Son nom soit honoré et révéré, y compris par ceux qui ne L’avaient pas connu jusqu’alors. Il veut être glorifié, et pour cela Il veut convaincre Son peuple de leur péché, et, béni soit Son nom, transformer ce péché en une occasion de faire jaillir les flots de Sa grâce vers ceux — les nations Gentils — qui n’avaient rien à faire valoir auprès de Lui, si ce n’est celui de tomber sous le jugement.
L’introduction du mot « roi » dans ce contexte est significatif. Non seulement il affirme l’autorité divine dans le royaume, mais il contient aussi l’avertissement que le temps approche où le royaume sera établi en puissance et justice, et que par conséquent il va y avoir une limite à la longanimité et à la tolérance de l’Éternel vis-à-vis de ceux qui méprisent Son nom.
Ce chapitre est principalement consacré aux sacrificateurs ou prêtres.
Le premier chapitre s’adressait formellement à eux, mais plutôt comme l’expression
de l’état du peuple, selon le principe « tel prêtre, tel peuple ». Ici, c’est
leur effrayante dégradation qui est mise en lumière, en contraste avec ce qu’ils
auraient dû être en tant qu’élus de Dieu pour communiquer Ses pensées et Sa
volonté, et en tant qu’intermédiaires entre Lui et Son peuple : « Et
maintenant, sacrificateurs, ce commandement est pour vous
».
Puis dans les v. 2 à 4, nous avons l’annonce du jugement, à moins qu’ils ne se repentent — dans les v. 5 à 7, ce que Dieu voulait que soit le sacrificateur — et enfin dans les v. 8 et 9, leur condition effective et l’action de Dieu à leur égard. Telle est l’esquisse de la première partie du chapitre, que nous allons maintenant examiner.
Tout lecteur de l’Écriture a dû remarquer qu’il y a toujours, pour ainsi dire, une période de grâce avant la visite du jugement. Il en est ainsi ici. Dieu expose d’abord le triste état moral de Son peuple, puis, tout en les avertissant qu’Il ne peut continuer à tolérer leur iniquité effrontée, Il leur donne la possibilité de se repentir. « Si vous n’écoutez pas », dit-Il, « et si vous ne prenez pas à cœur de donner gloire à mon nom, dit l’Éternel des armées, j’enverrai parmi vous la malédiction et je maudirai vos bénédictions ; je les ai déjà maudites, parce que vous ne le prenez pas à cœur » (2:2).
Ce passage est très instructif. Il nous enseigne ce que Dieu
désire de la part de Son peuple placé en position de témoignage. Il s’agit de
rendre gloire à Son nom. Dès le début, Il avait dit à Moïse : « Voici, j’envoie
un Ange devant toi, pour te garder dans le chemin, et pour t’amener au lieu que
j’ai préparé. Prends garde à toi à cause de sa présence, et écoute sa
voix ; ne l'irrite pas ; car il ne pardonnera pas tes transgressions,
car mon nom est en lui
» (Ex. 23:20-21). La gloire de Son nom (et ce nom
est maintenant pleinement exprimé dans le Seigneur Jésus Christ ; car le
nom divin signifie la vérité de ce que Dieu est, et toute la gloire de Dieu
brille maintenant, comme nous le savons, dans la face de Christ à la droite de
Dieu), la gloire de Son nom, disons-nous, est le seul but que Dieu a à cœur, et
le déshonneur de ce nom est par conséquent la seule chose qu’Il ne peut pas méconnaitre.
Quelle leçon pour nous aujourd’hui, qui, par la mort et la résurrection de Christ, sommes amenés dans la présence immédiate de Dieu, et qui possédons le privilège béni, pendant que nous sommes sur la terre, d’être rassemblés au nom de Christ ! Quel zèle devrait nous animer, dans tous les détails de nos réunions et de notre service, pour défendre l’honneur du nom de Christ, pour en faire notre premier objectif dans tout ce qui concerne l’Église de Dieu ; car c’est seulement ainsi que nous pouvons jouir de la communion avec le cœur de Dieu. Par tout et par tous, Il travaille à cette seule fin : la gloire de Son nom ; et si nous sommes entrés en quelque mesure dans Ses pensées et Sa volonté, Son but et Sa fin seront également les nôtres. De cette manière, nous avons un certain test pour toutes nos propres actions et activités, ainsi que pour tous les projets et travaux de l’Église professante. La simple question « Est-ce pour la gloire du nom du Seigneur ? » révélera le caractère de tout ce qui réclame notre attention.
Une deuxième leçon est que l’objectif des voies de Dieu en gouvernement avec Son peuple est qu’ils prennent leur condition à cœur. C’est pour cela qu’Il utilise sa verge. Le livre d’Aggée en donne un exemple frappant : « Ainsi dit l’Éternel des armées : Considérez bien vos voies ». Là, en effet, le résidu s’occupait de leurs propres intérêts, construisant leurs propres maisons et négligeant la maison de l’Éternel. C’est pourquoi Dieu, comme dans Malachie, « maudit leurs bénédictions », en disant : « Je vous ai frappés par la brûlure, par la rouille et par la grêle, dans tout le travail de vos mains ; et vous n’êtes pas revenus à moi, dit l’Éternel » (Aggée 2:17 + ch.1 et 2). C’est sur le même principe qu’Il agit encore dans Son gouvernement, et bien des châtiments qui s’abattent sur Son peuple ont pour but de leur faire prendre à cœur leur état.
Et rien ne prouve aussi nettement l’insensibilité de nos cœurs lorsque, après avoir traversé des épreuves, que ce soit individuellement ou en relation avec l’Église, nous ne prêtons guère ou pas du tout attention à l’objectif que Dieu avait en vue, et que nous nous flattons que tout va bien. Chaque coup de verge de Dieu devrait produire un grand examen de cœur, et lorsque ce n’est pas le cas, c’est le signe précurseur de châtiments plus sévères de la part de Sa main. Car, comme nous l’apprend de ce passage de l’Écriture, Dieu n’oublie pas ; car Il dit : « Si vous n’écoutez pas et si vous ne prenez pas cela à cœur, je maudirai vos bénédictions ».
Il va encore plus loin : « Voici, je vais flétrir vos semences,
et je répandrai du fumier sur vos visages, le fumier de vos fêtes solennelles,
et l’on vous emportera avec lui
» (2:3).
Ce passage est quelque peu obscur dans notre traduction, mais il
n’est pas difficile d’en déterminer le sens général (*).
Les Juifs ont toujours été caractérisés par le fait que, plus ils s’éloignaient
de l’Éternel dans leurs cœurs, plus ils s’enorgueillissaient des aspects
extérieurs de l’économie mosaïque et de toutes les observances rituelles qu’ils
y avaient rattachées (voir Matthieu 15). Il en était ainsi à l’époque, et l’Éternel
les avertit qu’Il les humiliera justement dans les choses par lesquelles ils s’étaient
élevés. Ainsi, comme ils avaient dit : « La table de l’Éternel est
souillée, et ce qu’elle fournit, sa nourriture, est méprisable » (Mal. 1:12),
ainsi Il voulait les souiller et les rendre méprisables au moyen des bêtes
mêmes (aveugles, boiteuses et malades) par lesquelles ils déshonoraient le nom
de l’Éternel. Mais encore une fois, dans Sa tendre miséricorde, même cette
action de Sa main aurait pour but de corriger leurs sacrificateurs (prêtres) ;
car Il dit : « Et vous saurez que je vous ai envoyé ce commandement,
afin que mon alliance subsiste avec Lévi, dit l’Éternel des armées
» (2:4).
(*) Les sacrificateurs (prêtres) recevaient la dîme. Si les semences étaient flétries pour qu’elles ne poussent pas, les sacrificateurs (prêtres) seraient privés d’une partie considérable de leurs moyens de subsistance.
La mention du nom de Lévi conduit à l’introduction de la nature de l’alliance originelle de Dieu avec lui, et à l’énoncé de la pensée de Dieu au sujet de la sacrificature lorsqu’Il l’a établie au début. Il y a là un principe d’une grande importance, qu’on retrouve affirmé partout dans l’Écriture, à savoir qu’en temps d’apostasie, l’état réel de ceux qui s’y trouvent ne peut être compris qu’en le comparant par rapport à ce qu’il était à l’origine. Par exemple, si nous voulons comprendre la condition de l’Église à l’heure actuelle, nous devons la comparer à la Pentecôte. Ainsi, lorsque l’Éternel envoie son message à Éphèse, il dit : « J’ai contre toi que tu as abandonné ton premier amour. Souviens-toi donc d’où tu es déchu, et repens-toi, et fais les premières œuvres ». Il dit aussi à Sardes : « Souviens-toi donc de ce que tu as reçu et entendu », etc. (Apoc. 2 et 3). De la même manière, Dieu, dans notre passage de Malachie 2, met en parallèle la corruption dans laquelle les prêtres (sacrificateurs) étaient tombés, et ce qu’était la sacrificature lors de son institution initiale. Ce principe contient une leçon très nécessaire pour notre époque. Nous sommes continuellement exhortés à revenir aux « pères » pour être guidés dans les questions ecclésiastiques. Retournons, cependant, par tous les moyens, non pas aux pères, mais à la source, aux écrits apostoliques et inspirés. Ce n’est qu’ainsi que nous pourrons détecter notre éloignement de la vérité et notre état de déchéance.
Examinons maintenant cette belle image de la sacrificature (prêtrise) tracée par l’Éternel Lui-même par l’intermédiaire du prophète. Le choix d’Aaron et de ses fils pour être sacrificateurs était un acte souverain de la faveur de Dieu (Ex. 28:1) (*).
(*) Tous les Lévites furent pris pour le service du tabernacle, et donnés à Aaron et à ses fils dans ce but, et ils furent sanctifiés pour Dieu au jour où Il frappa les premiers-nés d’Égypte (Nombres 8:13-19) ; mais la sacrificature fut restreinte à la famille d’Aaron.
Ce n’est qu’ensuite que Dieu conclut une alliance avec « Lévi »,
et cela sur la base de leur fidélité au milieu de l’apostasie et du péché (voir
Ex. 32:26-29 ; Nombres 25:10-13 ; et Deut. 33:8-11) : « Mon
alliance avec lui
», dit l’Éternel, « était la vie et la paix
».
Quelle heureuse combinaison !
L’ordre
est toujours le même : d’abord la vie, puis
la paix. Nés de nouveau par l’action de l’Esprit par la Parole, nous avons, en
même temps qu’une nouvelle nature, la vie ; puis, conduits à la
connaissance de l’efficacité de l’œuvre de Christ, nous avons la paix. C’est
toujours l’ordre divin, et la paix ne peut jamais être goûtée sans la vie ou
avant la vie — notons-le soigneusement.
La différence
entre la vie et la paix de cette alliance
avec Lévi, et celles qui sont accordées aujourd’hui à ceux qui croient en
Christ apparaît dans le fait qu’elles ont été données à Lévi en récompense de
sa fidélité : « Je les lui ai données à cause de la crainte qu’il avait de
moi, et qu’il tremblait devant mon nom » (*).
Ceci est conforme à la vérité de cette dispensation, sous laquelle la vie
devait être le résultat de l’obéissance. Ces distinctions doivent être
observées si nous voulons entrer intelligemment dans les instructions de l’Ancien
Testament.
(*) Note Bibliquest : L’auteur suit ici la version anglaise autorisée
Une description remarquable suit. « La loi de vérité était
dans sa bouche, et l’iniquité ne se trouva pas sur ses lèvres ; il marcha
avec moi dans la paix et la droiture, et il détourna beaucoup de gens de
l’iniquité
».
Dans ces expressions, nous ne pouvons manquer de voir un plus
grand que « Lévi » ; car elles contiennent l’idéal de Dieu pour le
sacerdoce, qui n’a été réalisé qu’en Christ. Prises de manière absolument,
elles ne pouvaient être prononcées qu’au sujet de Celui dont les sacrificateurs
(prêtres) d’autrefois n’étaient que les types, au sujet de Celui qui a répondu
à toutes les pensées du cœur de Dieu, étant mis à l’épreuve selon la norme
parfaite de Sa sainteté. Oui, nul autre que Celui qui était
la vérité n’a
jamais eu la loi de la vérité dans Sa bouche ; et c’est pourquoi, lorsque
les Juifs lui demandèrent qui Il était, Il répondit : « Absolument ce
qu’aussi je vous dis » (Jean 8:25) ; c’est-à-dire que Ses paroles étaient
la parfaite manifestation de ce qu’Il était, chacune d’entre elles étant la
révélation de Sa perfection à Lui. L’iniquité, par conséquent, ne se trouvait
pas, ne pouvait pas se trouver sur Ses lèvres ; et comme Il faisait
toujours les choses qui plaisaient au Père (Jean 8:29), Il marchait avec Lui
dans la paix et la droiture, et en même temps Il détournait beaucoup de gens de
l’iniquité (*).
Tout en gardant à l’esprit que Christ, en tant que sacrificateur parfait, est ici évoqué, les paroles prononcées sont dites au sujet de « Lévi », et nous pouvons ainsi apprendre la position parfaite que Dieu accorde aux Siens en Sa présence, tout comme, par exemple, lorsque Satan tenta par l’intermédiaire de Balaam de maudire le peuple de Dieu, et que la réponse fut : « Il n’a pas aperçu d’iniquité en Jacob, ni vu d’injustice en Israël » (Nombres 23:21) (**)
(*) Comparer cette dernière expression avec Ésaïe 53:11: « Par sa connaissance, mon serviteur juste enseignera la justice à plusieurs ».
(**) Voir aussi 2 Sam. 7 comme exemple de la manière dont l’Éternel a pu s’occuper de Salomon comme type de Christ, en utilisant des expressions qui ne trouveront leur plein accomplissement que dans le Prince de Paix.
Dans le verset suivant, nous avons le côté de la responsabilité,
ainsi que le caractère de la fonction : « Car les lèvres du
sacrificateur gardent la connaissance, et c’est de sa bouche qu’on recherche la
loi, car il est le messager de l’Éternel des armées
» (2:7).
Voilà ce que l’Éternel voulait que Ses sacrificateurs soient au milieu d’Israël, c’est-à-dire dans le côté de leur fonction à l’égard du peuple. Ils représentaient le peuple devant Dieu, et ils étaient chargés de représenter Dieu auprès du peuple. C’est pourquoi l’apôtre écrit aux Hébreux (3:1) : « Considérez l’apôtre et le souverain sacrificateur de notre confession, Jésus ». Le premier chapitre de cette épître Le présente comme l’apôtre ou le messager de Dieu, Celui qui vient de Dieu, — tandis que le second chapitre Le présente comme Celui qui entre auprès de Dieu de la part du peuple, en tant que miséricordieux et fidèle Souverain Sacrificateur dans les choses qui concernent Dieu, pour faire propitiation pour les péchés du peuple, posant ainsi le fondement efficace sur lequel Il pouvait prendre et exercer Sa fonction dans le lieu le plus saint de tous.
Sans doute, dans le désert, c’est plutôt Moïse qui jouait le
rôle d’« apôtre », tandis qu’Aaron remplissait les fonctions de sacrificateur
auprès de Dieu, les deux formant ensemble un
type de Christ. Les deux
aspects étaient combinés dans les instructions données à Aaron (voir Lév.
9:23-24). C’est ainsi que nous lisons : « L’Éternel parla à Aaron, disant :
Vous ne boirez ni vin ni boisson forte, ni toi ni tes fils avec toi, lorsque
vous entrerez dans la tente d’assignation, de peur que vous ne mouriez ;
ce sera une loi perpétuelle en vos générations, afin que vous fassiez la
différence entre ce qui est saint et ce qui est profane, et entre ce qui est
impur et ce qui est pur, et afin que vous enseigniez aux fils d’Israël tous les
statuts que l’Éternel leur a prescrits par Moïse » (Lév. 10:8-11).
Nous voyons donc que les lèvres du sacrificateur (prêtre) doivent garder la connaissance, et que le peuple doit chercher la loi de sa bouche, car il est le messager de l’Éternel des armées. Mais le sacrificateur (prêtre) ne pouvait être tel que lorsqu’il était occupé des pensées de Dieu telles qu’incarnées dans Sa loi et Ses statuts, lorsqu’il la gardait précieusement dans son cœur de sorte que sa propre vie pût être l’effusion de la puissance de la Parole dans Son intérieur à lui. En « gardant » ainsi la connaissance avec ses lèvres, il pouvait être l’instructeur de ceux qui chercheraient conseil auprès de sa bouche.
Hélas ! au lieu de cela, les sacrificateurs (prêtres) dont
il est question dans ce livre étaient les meneurs de la transgression,
falsifiant la position sainte dans laquelle ils avaient été placés, et ils étaient
les séducteurs de ceux qu’ils auraient dû guider dans les chemins droits. C’est
pourquoi l’Éternel dit : « Vous vous êtes écartés du chemin ; vous
avez fait broncher beaucoup de gens à l’égard de la loi ; vous avez
corrompu l’alliance de Lévi, dit l’Éternel des armées. C’est pourquoi je vous
ai rendus méprisables et vils devant tout le peuple, parce que vous n’avez pas
gardé mes voies, et avez fait acception de personnes (*)
dans ce qui concerne la loi
» (2:8, 9).
(*) Les sacrificateurs étaient donc coupables d’interpréter la loi pour plaire à des personnes, et peut-être pour en tirer avantage.
Nous voyons ici l’illustration de ce qu’on trouve partout dans l’Écriture, à savoir que la responsabilité augmente en fonction de la position et des privilèges. Ainsi, si le sacrificateur ou un chef péchait, il devait apporter un sacrifice plus important qu’un simple citoyen (Lévitique 4). Pareillement dans ce chapitre de Mal. 2, les sacrificateurs, qui sont les instructeurs attitrés du peuple, sont traités plus sévèrement, avec un jugement impitoyable. Au lieu de guider le peuple dans le droit chemin, comme nous l’avons vu, ils faisaient trébucher beaucoup de gens. Quand des conducteurs s’égarent, les conséquences sont toujours plus graves, car ils ont plus d’influence, soit en bien soit en mal.
L’histoire de l’Église de Dieu en fournit de nombreuses illustrations. Un simple chrétien tombant dans l’erreur ou l’immoralité n’exerce d’influence que sur son cercle restreint ; mais si un enseignant (docteur), éminent dans l’Église, s’écarte de la voie de la vérité, il entraîne souvent des milliers de personnes à sa suite dans sa mauvaise voie.
D’un autre côté, comme nous lisons ici : « Je vous ai rendus méprisables et vils devant tout le peuple, parce que vous n’avez pas gardé mes voies », etc. : c’est ce qui arrive à ceux qui sont coupables d’inconséquences flagrantes. Si la marche de ceux qui ont des fonctions « sacrées », ou qui sont réellement des dons pour l’Église, n’est pas selon la piété, ils seront bientôt méprisés et considérés comme méprisables. Même un homme du monde n’a aucun respect pour ceux dont la vie dément leur profession.
En nous appliquant à nous-mêmes ces vérités solennelles, il ne faut pas oublier que les sacrificateurs de la dispensation mosaïque représentent l’Église tout entière en tant que famille sacerdotale. Nous pouvons donc tous nous demander
Si seulement cette parole de Dieu pouvait s’avérer, comme nous le lisons, « vivante et opérante, plus pénétrante qu’aucune épée à deux tranchants, atteignant jusqu’à la division de l’âme et de l’esprit, des jointures et des moelles, et discernant les pensées et les intentions de nos cœurs » (Héb. 4), — afin que nous puissions vraiment prendre la place de jugement de soi-même devant Dieu quant à notre état et à nos voies, et recevoir ainsi de Ses mains la grâce et la bénédiction qui restaurent !
Dans la deuxième section du chapitre (2:10-12), les offenses du peuple de Dieu contre leurs frères, et leur péché de s’unir aux idolâtres, sont dévoilés. Ce ne sont plus les sacrificateurs en particulier qui sont visés, sauf que leur conduite pouvait être considérée comme une indication de celle de tous, mais maintenant l’Esprit de Dieu inclut à la fois Juda et Israël.
Le premier péché mentionné est celui d’agir perfidement chacun contre son frère en profanant l’alliance de leurs pères (2:10). Et comment le prophète y répond-il ? ou plutôt, quelles sont les vérités qu’il invoque pour montrer la méchanceté de leur conduite ? Elles sont au nombre de deux :
Liés ainsi à Dieu par des liens communs, à la fois en création et (on pourrait dire) en rédemption, ils étaient unis par des relations, des intérêts et des bénédictions communs, dont la connaissance aurait dû les empêcher de pécher ainsi contre leurs frères. Ce faisant, ils profanaient l’alliance conclue avec leurs pères, dont le deuxième grand commandement était : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ». L’apôtre Paul, on s’en souvient, utilise un argument similaire dans sa lettre aux Éphésiens : « C’est pourquoi », dit-il, « ayant dépouillé le mensonge, parlez la vérité chacun à son prochain, car nous sommes membres les uns des autres » (Éph. 4:25). Dès l’instant où nous nous rendons compte que nous sommes unis à nos frères chrétiens par des liens impérissables, comme membres du même corps, et aussi comme membres de la même famille, nous considérons leur bien-être et leurs intérêts comme les nôtres. Mais lorsque tout sens de l’unité du peuple de Dieu est perdu, comme dans le cas qui est devant nous, chacun cherche ses propres affaires ; le moi et l’égoïsme prédominent et dominent, jusqu’à la destruction de tout soin et amour fraternels.
Une autre chose peut être observée comme découlant de ce lien. Les sacrificateurs s’étaient « écartés du chemin » (2:8), et on les trouve ensuite agissant perfidement chacun contre son frère. Dans l’évangile de Matthieu (ch.24), on trouve quelque chose de très similaire. Le mauvais serviteur dit en son cœur : « Mon maître tarde à venir », et il se met aussitôt à battre ses compagnons de service, et à manger et boire avec les ivrognes. Dans les deux cas, la perte de tout sens des exigences divines et de la nature de leur position est suivie d’une mauvaise conduite envers leurs frères. La comparaison va même plus loin, car la chose suivante que fait le mauvais serviteur est de « manger et boire avec les ivrognes », et de même ici, après les agissements perfides de chacun envers son frère, nous avons l’union avec « la fille d’un dieu étranger » — dans les deux cas, l’alliance avec le monde. Tel est toujours l’ordre moral : d’abord, les relations avec Dieu ignorées, puis celles avec nos frères, et enfin l’association avec le monde. Quatre termes sont employés dans ce passage (2:11) pour indiquer cette forme grave de l’iniquité du peuple de Dieu :
Presque dès le moment de la sortie d’Égypte, ce dernier péché est mentionné comme celui dans lequel Israël tombait continuellement. Balak, sur les conseils de Balaam, réussit à les tenter et les y entraîner à Baal-Peor (Nombres 25:1-9). Ce fut la très grande faute de Salomon, et la cause de l’éloignement de son cœur de Dieu. Ce fut la difficulté contre laquelle Esdras dut lutter presque immédiatement après que Dieu, dans Sa miséricorde, eut ramené le résidu de Babylone et l’eut réinstallé dans son pays.
Et ne pouvons-nous pas dire que c’est le péché dominant de l’Église ? Satan est le dieu de ce monde (2 Cor. 4), et ceux qui adoraient des idoles adoraient en réalité des démons (1 Cor. 10:20), de sorte que l’alliance avec le monde a le même caractère que le mariage avec la fille d’un dieu étranger. Nous voyons comment l’apôtre Paul s’élève contre ce péché qui l’accable lorsqu’il s’écrie : « Ne vous mettez pas sous un joug mal assorti avec les incrédules ; car quelle participation y a-t-il entre la justice et l’iniquité, entre la lumière et les ténèbres ? Quel accord y a-t-il entre Christ et Bélial, ou quelle part le croyant a-t-il avec l’incrédule ? Et quelle convenance y a-t-il entre le temple de Dieu et les idoles ? car vous êtes le temple du Dieu vivant », etc. (2 Cor. 6:14-16).
Le même apôtre explique également le seul moyen par lequel nous pouvons vaincre les attraits du monde : « Que Dieu me garde de me glorifier autrement que dans la croix de notre Seigneur Jésus-Christ, par laquelle le monde m’est crucifié, et moi au monde » (Gal. 6:14).
Or, faute de repentance, un jugement rapide et sûr sera appliqué dans un tel cas ; car le prophète dit (Mal. 2:12) : « L’Éternel retranchera des tentes de Jacob l’homme qui fait cela, celui qui veille et celui qui répond, et celui qui apporte une offrande à l’Éternel des armées ». Aucune position, ni l’âge, ni la jeunesse, ni aucune religiosité extérieure ne protégeraient les coupables ; car Dieu qui les avait rachetés d’Égypte est saint, et Il exige la sainteté de la part de Son peuple (voir Lev. 11:44-45 ; 1 Pierre 1:15-16).
La dernière partie du ch. 2 est constituée des versets 13 à 16.
Le v. 17 appartient réellement à Mal. 3. Le v. 13 nous apprend qu’en même temps
que toute la corruption morale que nous avons examinée, il y avait tous les
signes extérieurs de dévouement au service de l’Éternel. Et ce qui semblerait
si étrange, si nous ne savions pas à quel point il est possible de se tromper
soi-même, c’est que, sachant à quel point ils s’étaient éloignés du Dieu
vivant, ils ne pouvaient pas, ou prétendaient qu’ils ne pouvaient pas
comprendre pourquoi l’Éternel n’acceptait pas leurs offrandes. « Et en second
lieu, voici ce que vous faites : vous couvrez l’autel de l’Éternel de
larmes, de pleurs et de gémissements au point qu’Il n’a plus égard à
l’offrande, ni ne l’agrée de vos mains. Et vous dites : Pourquoi ?
»
(2:13). Combien de fois en est-il ainsi du peuple de Dieu, aujourd’hui encore,
ancré dans ses péchés et surpris que Dieu n’entende pas ses cris ou
gémissements (*), oublieux de la vérité
énoncée par l’apôtre : « Si notre cœur nous condamne, Dieu est plus grand
que notre cœur, et il connaît toutes choses » (1 Jean 3:20).
(*) Note Bibliquest : Selon AL (../AL/BNv-at28a39-Petits_prophetes.htm#TM100) les cris ou gémissements sont ceux des femmes envers lesquelles on a agi perfidement. Mais ceci ne s’accorde pas avec l’interprétation de l’auteur qui cite 1 Jean 3:20.
Mais s’ils disent : « Pourquoi ? », la réponse est immédiate,
et elle révèle une autre forme de mal qui existait à l’époque parmi ce pauvre
peuple dégradé : « Parce que l’Éternel est témoin entre toi et la femme
de ta jeunesse, envers laquelle tu as agi perfidement : elle est pourtant
ta compagne et la femme de ton alliance
» (2:14). Nous apprenons, par la
réponse de notre Seigneur aux Pharisiens, que le divorce était permis aux
Juifs, sous la dispensation mosaïque, « à cause de la dureté de leur cœur » ;
mais Il ajoute expressément qu’« au commencement, il n’en était pas ainsi »
(Matt. 19:3-9). Et plus ils s’éloignaient de Dieu dans leur cœur et dans leurs
voies, non seulement ils se prévalaient plus fréquemment de cette permission,
mais ils en abusaient au point que le lien du mariage se relâchait de tous
côtés, et qu’ils se séparaient de leurs femmes à leur gré et comme il leur
plaisait.
C’est ce mal que le prophète dénonce ici, et à partir duquel il saisit l’occasion pour montrer l’unité de l’homme et de la femme selon l’institution originelle du mariage. Il ne saurait y avoir de plus grande preuve de corruption morale que ce que l’on a appelé la légèreté du divorce. Aujourd’hui encore, lorsqu’un peuple ou une nation facilite la séparation légale de l’homme et de la femme, c’est un signe certain de la décadence de la moralité publique. Nous ne pouvons qu’attirer à nouveau l’attention sur l’ordre des péchés énumérés ici :
On voit donc que la corruption est religieuse, sociale et domestique, et il faut bien voir que les deux dernières découlent de la première. La doctrine moderne veut qu’un athée puisse même accomplir les devoirs de cette vie. C’est tout à fait impossible, car là où la conscience n’est pas en exercice devant Dieu, il n’y a aucune garantie de fidélité envers l’homme, et même, selon notre passage de l’Écriture, envers ceux qui sont unis par le lien le plus étroit de tous. Si l’on rompt le lien entre l’homme et Dieu, on rompt tous les autres liens qui unissent homme à homme. Ceux dont parle le prophète étaient le peuple professant de Dieu, et ils étaient pointilleux quant au fait d’observer le rituel des sacrifices, mais ils étaient infidèles dans toutes les relations dans lesquelles ils se trouvaient (comp. Michée 7:1-6) ; la chair est la même à toutes les époques, et, bien que les contraintes sociales puissent varier selon les époques, la chair trouvera toujours moyen de se défouler dans des canaux corrompus. S’il n’y a pas de crainte de Dieu devant les yeux des hommes, le péché et l’iniquité ne peuvent qu’abonder continuellement et de plus en plus.
Note Bibliquest : l’auteur ne disant rien sur le début du v.15, il nous paraît utile de donner le sens (sous forme de paraphrase) de ce passage selon d’autres auteurs ; ce sens concorde avec ce que dit E.Dennett :
Sens du verset 2:15a : (Ph. Tapernoux) « Un seul ne les a-t-il pas faits » = « Dieu n'a-t-Il pas établi cet ordre de choses à la création et n'a-t-Il pas uni, par ce lien sacré, l’homme et la femme ? »
« Et pourquoi ce seul a-t-Il fait ainsi ? Il cherchait une semence de Dieu » = « Il voulait bénir ses créatures et répondre aux besoins de leurs cœurs : "Et Dieu les bénit ; et Dieu leur dit : Fructifiez et multipliez et remplissez la terre et l’assujettissez" (Gen. 1:28). Ensuite, après la chute et malgré la chute, Dieu travaille encore en grâce et puissance en mettant à part un peuple pour Lui-même ». — Complément d'interprétation (H.Smith) : « Pour remonter le courant d'infidélité, le prophète rappelle le caractère unique de la relation du mariage, en sorte que c’est au milieu de son peuple que l’on devrait trouver « une semence de Dieu ». Si l’on veut que les enfants soient saints, il faut que les parents soient saints ».
De plus, l’objet de l’unité de l’homme et de la femme, l’inviolabilité
du lien du mariage (sauf pour le seul péché spécifié par notre Seigneur, Matt.
19 — le péché lui-même étant, en fait, sa violation) est déclaré par le
prophète. « Et pourquoi ce seul [Dieu] a-t-il fait ainsi ? Il cherchait
une semence de Dieu
» (2:15b). L’Éternel cherche donc à trouver Son peuple
parmi les enfants de Ses serviteurs ; et c’est pour cette raison que l’apôtre
enjoint aux parents croyants d’élever leurs enfants dans la discipline et sous
les avertissements du Seigneur (Éph. 6:4). On ne s’est pas suffisamment souvenu
de l’intérêt, des soins et de l’amour que le Seigneur porte aux enfants des
Siens, ni du fait que la piété des enfants (« une semence de Dieu ») est
divinement liée au maintien de la sainteté indissoluble de la relation
matrimoniale.
Nous sommes d’autant plus éclairés là-dessus maintenant que le Seigneur s’est plu à nous montrer que l’union du mari et de la femme est une figure de celle qui existe entre Lui et l’Église, et par en conséquent notre responsabilité est d’autant plus grande, tant pour comprendre la nature du mariage, que l’attitude de grâce et de bénédiction que Dieu a envers la descendance de Ses saints.
C’est sur la base de cette révélation que Dieu fait par Malachie,
que se fonde l’exhortation, déjà renforcée par ces considérations solennelles :
« Prenez donc garde à votre esprit, et n’agis pas perfidement envers la femme
de ta jeunesse
» (2:15c). L’Éternel insiste ainsi beaucoup, y attachant une
grande importance, au maintien pieux des relations naturelles (voir aussi Marc
10 sur tout ce sujet) ; et partout où celles-ci sont négligées sous
quelque prétexte que ce soit, spirituel ou autre, la porte est déjà ouverte aux
pires formes de licence et de corruption. Il est bon d’insister sur l’importance
de ce sujet à une époque où tant de gens, sous le prétexte spécieux d’une
spiritualité supérieure, cherchent à s’émanciper des exigences naturelles et,
dans de nombreux cas, de l’ennui des devoirs domestiques ou du contrôle
parental. L’une des preuves les plus évidentes du désir de plaire au Seigneur
est l’accomplissement fidèle et diligent de nos responsabilités dans le cercle
domestique.
Or non seulement Dieu a fait que l’homme et sa femme soient un, mais Il déteste aussi la répudiation. Le prophète introduit cela d’une manière très solennelle : « Car Je hais la répudiation, dit l’Éternel, le Dieu d’Israël » (2:16). Si donc Son peuple est en communion avec Ses pensées, il agira pareillement. Combien de fois, à travers toute l’histoire d’Israël comme nation, il a été prouvé que l’Éternel hait la répudiation ! Si cela n’avait pas été le cas, Israël aurait été répudié depuis longtemps, et à maintes reprises. Ils rompirent Son alliance à maintes reprises, perdant ainsi tout droit à Sa faveur et à Son amour ; mais Il les a supportés avec beaucoup de longanimité, car « Ses dons et Son appel sont sans repentance ». Dans les prophètes, Il leur rappelle continuellement Son union avec eux, qu’Il était marié à eux, et que, par conséquent, Il ne pouvait pas les rejeter (voir Ésaïe 50 ; Jérémie 3:1-14, etc.). C’est ce même esprit qu’Il voulait qu’ils manifestent dans leurs relations, au lieu de couvrir la violence de leur vêtement ; alors en terminant cette partie de son sujet, le prophète répète : « Prenez donc garde à votre esprit, et n’agissez pas perfidement ».
Il n’y a guère de doute que ce verset 16 contient un principe général, qui a donc été appliqué à juste titre à la discipline dans l’Église ; car le cœur de Dieu doit s’exprimer dans la discipline autant que dans la communion fraternelle. Si l’on gardait cela à l’esprit, il n’y aurait place ni pour la précipitation ni pour la dureté ; on n’oublierait pas l’objet de la vraie discipline divine, on n’éprouverait pas de satisfaction à retrancher le coupable ; mais chaque pas serait fait dans la tendresse, oui, dans la pitié divine, en nous identifiant avec celui sur lequel Satan a obtenu un avantage temporaire ; nous devrions procéder ainsi, en laissant nos cœurs être sondés à plusieurs reprises, en prenant le fardeau de celui qui a manqué sur nos propres épaules, prenant garde à nous-mêmes de peur d’être tentés à notre tour. La discipline ainsi administrée, ayant seulement pour objet l’honneur du Seigneur, la gloire de Son nom, deviendrait un moyen de grâce pour tous ceux qui y participent, et elle serait beaucoup plus souvent employée pour la restauration de celui qui a péché, ainsi que pour révéler à tous la terrible nature du mal, qui ne peut être atteint autrement qu’en mettant hors de la communion avec les saints. Il apparaîtrait alors que le coupable n’a été mis à l’écart que parce qu’il ne pouvait plus être retenu si les saints voulaient eux-mêmes continuer à être en communion avec le Seigneur. La phrase « Je hais l répudiation, dit l’Éternel, le Dieu d’Israël », devrait donc être profondément gravée dans tous nos cœurs, et particulièrement dans ceux de ceux qui ont la charge de conduire et de gouverner dans l’assemblée.
Le dernier verset de Mal. 2 (v.17), comme nous l’avons souligné,
introduit le sujet du ch. 3, dans lequel une autre phase de l’état moral du résidu
corrompu est abordée. « Vous fatiguez l’Éternel par vos paroles
», dit
Malachie ; puis la réponse caractéristique de ce livre est répliquée :
« En quoi l’avons-nous fatigué ?
»
Pauvres gens ! Ils s’étaient éloignés de Dieu, ils s’approchent
de Lui par la bouche et L’honoraient de leurs lèvres, mais leur cœur est éloigné
de Lui. Et pourtant, dans l’ignorance réelle ou professée de leur état, ils étaient
surpris d’entendre qu’ils avaient fatigué l’Éternel. En réalité, ils faisaient
de l’autojustification, s’excusant eux-mêmes et rejetant tout le blâme sur Dieu
— preuve évidente de leur égarement. Le prophète répond alors clairement pour
leur dire en quoi ils avaient fatigué l’Éternel : « En ce que vous
dites : Quiconque fait le mal est bon aux yeux de l’Éternel, et c’est en
eux qu’Il prend plaisir — ou bien : Où est le Dieu de jugement ?
»
Ils étaient tellement aveuglés par leur propre justice qu’ils osaient accuser Dieu d’injustice, insinuant qu’Il ne pouvait pas discerner entre le bien et le mal. Ils étaient comme, plus tard, les pharisiens qui étaient mécontents de ce que le Seigneur, dans Sa grâce, fréquentait les publicains et les pécheurs, alors que, selon eux, Il aurait dû se trouver au milieu d’eux les pharisiens. Il en est de même à toutes les époques, car dans la mesure où nous nous justifions nous-mêmes, nous sommes prompts à déceler le mal chez les autres et à nous élever à leurs dépens. Ce que le peuple de l’Éternel montrait par ses méchantes plaintes, c’est d’abord qu’ils étaient entièrement ignorant du caractère de Dieu qui a les yeux trop purs pour voir le mal ; et ensuite, que leurs cœurs pécheurs les avaient trompés en leur faisant croire que, malgré leur état, ils avaient un mérite spécial qui leur donnait droit à la faveur et à l’estime de l’Éternel.
Remarquez aussi que ce sont leurs paroles
qui fatiguaient
l’Éternel. Combien souvent on oublie que nos paroles sont enregistrées et qu’elles
donnent lieu à la répréhension et au jugement ! (voir Matt. 12:36-37 ;
Jean 20:24-27).
C’est la dernière phrase du verset (« Où est le Dieu de
jugement ?
») qui conduit à la déclaration du v. 1 du ch. 3 : « Voici,
j’envoie mon messager, et il préparera le chemin devant moi ; et le
Seigneur que vous cherchez (comme Dieu de jugement), viendra soudain à son
temple, et l’Ange de l’alliance en qui vous prenez plaisir — voici, il vient,
dit l’Éternel des armées
» (3:1).
Cette annonce de poids mérite d’être examinée avec la plus grande attention. Sur un plan général d’abord, on peut dire qu’il s’agit de la déclaration de la première venue de Christ, accompagnée, comme souvent chez les prophètes, de toutes les conséquences et résultats de Son apparition en gloire. La période de l’Église n’est pas prise en considération, et ne pouvait pas l’être à l’époque. L’interprétation prophétique est impossible là où on ne saisit pas cette façon divine de procéder dans l’Ancien Testament. Il y a donc deux choses dans ce passage de l’Écriture : l’envoi du messager et l’avènement du Seigneur Lui-même.
Le messager est manifestement Jean le Baptiseur, car ce passage, comme un autre d’Ésaïe, lui est spécialement appliqué dans les évangiles (Marc 1:2 ; Luc 1:76). Il faut le remarquer nettement pour comprendre la différence entre sa mission et celle d’Élie « avant que vienne le grand et terrible jour de l’Éternel » (Mal. 4:5-6). Il est vrai que notre Seigneur a dit : « Élie est déjà venu, et ils ne l’ont pas reconnu, mais ils lui ont fait tout ce qu’ils ont voulu » (Matt. 17:12) ; mais Son sens est expliqué par un autre passage. S’adressant à la foule au sujet du Baptiseur, Il dit : « Parmi ceux qui sont nés de femmes, il n’en a été suscité aucun de plus grand que Jean le Baptiseur ; mais le moindre dans le royaume des cieux est plus grand que lui. Mais depuis les jours de Jean le Baptiseur jusqu’à maintenant, le royaume des cieux est pris par violence, et les violents le ravissent. Car tous les prophètes et la loi ont prophétisé jusqu’à Jean. Et si vous voulez recevoir ce que je vous dis, celui-ci est Élie, qui doit venir » (Matt. 11:11-14). Ainsi, si les Juifs avaient reçu Jean le Baptiseur, ils auraient aussi reçu le Messie, et le royaume aurait été immédiatement établi en puissance ; et dans ce cas, Malachie 4:5-6 aurait été vrai au sujet de Jean. Mais en fait, il n’en fut rien, car bien que des multitudes se soient rassemblées autour de lui quand il commença à faire retentir le cri : « Repentez-vous, car le royaume des cieux s’est approché », il n’y eut que peu de travail de conscience, et presqu’aucun retour du « cœur des pères vers les fils » ou du « cœur des fils vers leurs pères » ; et finalement, comme nous le savons, il mourut de la main d’un bourreau, seul dans sa prison. Bien que sa mission ait été accomplie « dans l’esprit et la puissance d’Élie », et qu’il aurait été Élie dans tout ce que sa mission signifiait, si les Juifs l’avaient reçu, il n’a pas été l’accomplissement de la prophétie du ch. 4. Celle-ci demeure, et Dieu enverra encore « Élie, le prophète, avant que vienne le grand et terrible jour de l’Éternel ». Mais le Baptiseur était le messager du Seigneur, et il a préparé le chemin devant Lui en annonçant Sa venue et en prêchant le baptême de repentance ; et aussi peu nombreux qu’ils aient été, il a incontestablement « préparé au Seigneur un peuple bien disposé » (Luc 1:17 — voir Jean 1:35-51).
Nous lisons en outre : « Le Seigneur que vous cherchez,
viendra soudain à Son temple
». Deux choses sont à remarquer ici :
d’abord la Personne qui doit venir, puis la manière dont Il doit venir. C’est l’Éternel
qui parle : « Voici, J’envoie… » ; Celui qui envoie est aussi Adonaï –
le Seigneur dont il est dit « le Seigneur que vous cherchez », car il s’agit d’Adonaï
et non de l’Éternel. Les deux appellations sont combinées dans le Psaume
110 : « L’Éternel dit à Adonaï : Assieds-toi à ma droite, jusqu’à ce
que je mette tes ennemis comme marchepied de tes pieds ». Il est aussi l’« Ange de
l’alliance » en qui les Juifs professaient prendre plaisir. Ce titre peut être
compris par un passage de l’Exode (23:20-21) : « Voici, j’envoie un Ange
devant toi, pour te garder dans le chemin… mon nom est en Lui » – preuve qu’il s’agissait
d’une Personne divine, dans la mesure où le nom dans la Parole est toujours l’expression
de la vérité de ce qu’est la Personne.
Ainsi, Celui qui doit venir est l’Éternel (YHWH), Adonaï (le Seigneur), et l’Ange de l’alliance ; et tout cela, Jésus, Jésus de Nazareth, l’a été, et a démontré qu’Il l’était de multiples façons lorsqu’Il s’est présenté à Israël. Mais leurs yeux étaient aveuglés et ils ne voulaient pas voir, et ils fermaient leurs oreilles pour ne pas entendre ; et ainsi, tandis que, comme ce pauvre résidu revenu, ils demandaient « où est le Dieu de jugement ? » (2:17), l’Éternel qu’ils cherchaient vint soudain dans Son temple ; mais venant chez les Siens, ils ne L’ont pas reçu, ils L’ont pris et L’ont crucifié d’une main méchante sur le Calvaire.
Sa façon de venir est décrite comme « soudaine » — Il viendra soudain dans Son temple ; et c’est là que le résidu pieux de Jérusalem L’a trouvé. Siméon « entra par l’Esprit dans le temple » et dans le petit enfant de Marie, il rencontra le Christ du Seigneur ; par une grâce infinie, il lui fut permis de Le prendre dans ses bras, et, ce faisant, il dit : « maintenant Seigneur, tu laisses aller ton esclave en paix selon ta parole ; car mes yeux ont vu ton salut, lequel tu as préparé devant la face de tous les peuples, une lumière pour la révélation des nations, et la gloire de ton peuple Israël » (Luc 2:29-32). Il y avait aussi « Anne, une prophétesse,… celle-ci, survenant en ce même moment, louait le Seigneur, et parlait de lui à tous ceux qui, à Jérusalem, attendaient la délivrance » (Luc 2:36-38). À maintes reprises le Seigneur est venu dans Son temple pendant Son séjour terrestre (Jean 2 ; Matthieu 21), bien que Son peuple ne L’ait pas connu ; et maintenant il reste à accomplir cette prédiction lorsqu’Il reviendra en puissance et en gloire pour le salut de Son peuple, et pour établir Sa domination sur tous les royaumes de la terre.
Les versets 2 à 6 décrivent le caractère et les conséquences de Sa venue, c’est-à-dire de Son apparition.
La forme du v. 2 découle des paroles déjà notées, à savoir : « L’Éternel, que vous cherchez » en relation avec « Où est le Dieu de jugement ». Ils prétendaient désirer la présence du Dieu de jugement. Ils ne connaissaient guère la force de leurs propres paroles ; c’est pourquoi le prophète dit : « Qui supportera le jour de Sa venue, et qui subsistera lorsqu’Il se manifestera, car il est comme un feu d’affineur et comme la potasse des foulons ? ». Leur esprit était en effet en contraste complet avec celui du psalmiste qui s’exprimait en disant : « N’entre pas en jugement avec ton serviteur, car devant toi nul homme vivant ne sera justifié » (Ps. 143:2). Qui en effet pourrait supporter l’application de la sainteté de Dieu, en tant que norme de jugement, à sa marche et à ses voies ? Or c’est ce que le feu symbolise, et le baptême de feu fait partie de l’œuvre de Christ lors de Son apparition. Il a baptisé son Église du Saint Esprit ; Il baptisera Israël de feu quand Il reviendra (comp. Matt. 3:10-12 ; Ésa. 4:4 ; Zach. 13:8-9). C’est de cette manière qu’Il effectuera la purification de Son peuple, bien qu’elle soit accomplie sur la base de l’expiation parfaite faite dans Sa mort. C’est en effet par Ses jugements qu’Il les amènera à affliger leurs âmes (voir Lévitique 23:27) et à croire en Lui ; c’est ainsi qu’ils seront amenés à bénéficier de l’efficacité de Son sacrifice et qu’ils seront ainsi purifiés de leur culpabilité et de leur iniquité. Autrement, personne ne pourrait supporter le jour de Sa venue, tandis que nous apprenons maintenant de Zacharie (13:9) qu’Il « fera passer le tiers par le feu, les affinera comme on affine l’argent, et les éprouvera comme on éprouve l’or ; ils invoqueront Mon nom, et Je leur répondrai ; je dirai : C’est ici mon peuple, et ils diront : L’Éternel est mon Dieu ». Tels sont les résultats bénis des desseins de Dieu en grâce qui seront accomplis en Christ.
On a cela dans notre passage de l’Écriture, bien que, comme un
peu partout dans ce livre, le point de vue du prophète se limite aux fils de
Lévi. Nous avons vu leur condition corrompue, mais quand le Seigneur revient
soudain dans Son temple, « Il s’assiéra comme celui qui affine et purifie l’argent ;
et Il purifiera les fils de Lévi, et les affinera comme l’or et comme l’argent,
et ils apporteront à l’Éternel une offrande en justice
» (3:3).
La figure employée ici a souvent retenu l’attention. On dit que, de même que l’affineur de métaux surveille le creuset jusqu’à ce que son visage se reflète dans la masse en fusion, de même le Seigneur Jésus s’assied comme l’affineur et le purificateur de Son argent jusqu’à ce que Sa propre image s’y reflète : c’est là le but et l’objectif de tous Ses rapports avec Son peuple. Et il y a une vérité indiscutable dans la comparaison ; car comme Dieu nous a prédestinés à être conformes à l’image de Son Fils, afin qu’Il soit le premier-né parmi plusieurs frères, nous pouvons être sûrs qu’Il ne se reposera jamais jusqu’à ce que Son dessein soit accompli, et qu’Il utilisera tous les moyens appropriés pour l’accomplissement de Son objectif et de Son dessein. Il convient toutefois d’ajouter que Christ devant nos âmes dans la puissance du Saint Esprit — un Christ glorifié — est le moyen dont Dieu se sert pour nous rendre conformes à Son Fils bien-aimé (voir 2 Corinthiens 3:18 ; 1 Jean 3:2-3). Mais c’est par les châtiments de Sa main, par les épreuves et les douleurs du chemin, comme ici par des jugements spéciaux, qu’Il détache les cœurs des Siens d’autres objets, afin que Christ seul remplisse la vision de leurs âmes.
Ce passage met en lumière une vérité très importante, qui s’applique aussi bien à nous-mêmes qu’aux « fils de Lévi ». Il ne peut y avoir de présentation d’une offrande au Seigneur en justice, et l’offrande présentée ne peut être agréable, acceptable, pour l’Éternel, tant que la purification de ses sacrificateurs (prêtres) n’est pas effectuée. C’est d’ailleurs l’enseignement de l’épître aux Hébreux. L’apôtre y montre que Christ, par une seule offrande, a rendu parfaits à perpétuité ceux qui sont sanctifiés, avant de souligner que nous avons une pleine liberté pour entrer dans le lieu très saint par le sang de Jésus. La différence réside seulement dans le fait que maintenant tous les croyants sont sacrificateurs, au lieu que paraître dans la présence immédiate de Dieu soit réservé à une classe privilégiée comme les fils de Lévi ; mais quiconque est purifié par le sang de Christ, et n’a donc plus conscience de péchés, a la pleine liberté, la hardiesse d’accès, et il est exhorté à s’approcher d’un cœur vrai en pleine assurance de foi, sur la base d’un cœur purifié par aspersion d’une mauvaise conscience, et d’un corps lavé d’une eau pure (Héb. 10:19-22).
Ainsi, que ce soit autrefois ou aujourd’hui, sous l’économie mosaïque ou sous le règne de la grâce, ou, comme dans Malachie, au temps où le royaume avait encore besoin d’être établi, tous ceux qui sont sacrificateurs doivent avoir une qualification divine et une purification divine pour leur permettre de s’acquitter des fonctions de leur office en étant agréable. Lorsqu’ils sont soumis au test d’une telle vérité, ceux qui revendiquent les prérogatives de la sacrificature en vertu d’une ordination humaine, voient leur présomption aussitôt démasquée, pour ne pas dire leur profanation. Qu’est-ce qui peut en effet mettre davantage de côté la vérité du christianisme, en ignorant la place de Christ Lui-même, et de Son peuple associé à Lui ! L’histoire de Coré, Dathan et Abiram (Nombres 16) nous enseigne la gravité solennelle et le danger qu’il y a à s’immiscer dans la fonction sans avoir été divinement appelé et qualifié.
L’accomplissement de notre passage de l’Écriture de Mal. 3 dans son application aux fils de Lévi, est encore à venir ; car c’est après l’apparition du Seigneur qu’Il purifiera les fils de Lévi, et que l’offrande de Juda et de Jérusalem sera agréable à l’Éternel comme aux jours anciens et comme aux années d’autrefois (voir Jér. 33:19-22 ; Ézéchiel 44).
Si, d’une part, l’Éternel purifie Ses sacrificateurs (prêtres)
comme l’or et l’argent, d’autre part, Il se prononce en jugement contre « les
magiciens et les adultères, contre ceux qui jurent faussement, ceux qui
oppriment le salarié quant à son salaire, la veuve et l’orphelin, ceux qui font
fléchir le droit de l’étranger, et qui ne me craignent pas, dit l’Éternel des
armées
» (3:5).
Ceci explique clairement la différence de caractère entre le christianisme et le royaume. Maintenant Dieu envoie en suppliant Son message de réconciliation (2 Cor. 5:20) à toutes les classes nommées ici — à tous les pécheurs sans distinction ; car c’est le jour de Sa grâce, et Il attend pour sauver tous ceux qui viennent à Lui au nom de Christ. La grâce règne par la justice (Rom. 5:21) ; mais lorsque l’Éternel apparaîtra, Il viendra régner en justice. La justice et le jugement seront la demeure de Son trône, et par conséquent les pécheurs — ceux qui refusent de se soumettre à Son autorité royale — devront être exterminés du pays. Maintenant Il attend avec patience, ne voulant pas qu’aucun périsse, mais que tous viennent à la repentance (2 Pierre 3:9). Alors Il brisera les rois au jour de sa colère (Ps. 110:5), et prospérant dans Sa magnificence, Il mènera en avant son char à cause de la vérité, de la débonnaireté et de la justice, et sa droite lui enseignera des choses terribles (Psaume 45:4 ; etc.)
Parmi les différentes classes de pécheurs qui sont nommées ici, il est très intéressant de remarquer la mention de ceux qui attirent Sa compassion : le mercenaire, la veuve, l’orphelin et l’étranger — cela manifeste le cœur de Dieu. Il en est toujours ainsi dans l’Écriture : ceux qui sont seuls, affligés ou opprimés sont les objets particuliers de Sa tendre miséricorde. Le Ps. 72 parle ainsi de ceux qui sont misérables, nécessiteux, des affligés qui n’ont pas de secours (Ps. 72:12-13), et à leur sujet il est dit : « Il rachètera leur âme de l’oppression et de la violence, et leur sang sera précieux à ses yeux » (72:14). Nous pouvons certainement tirer des enseignements pour nous-mêmes d’un tel passage de l’Écriture, qui nous enseigne comment nous pouvons avoir communion pratique avec le cœur de Dieu ; car si nous voulons marcher avec Lui, Ses intérêts et Ses objets doivent aussi être les nôtres. Quel champ de service s’ouvre donc aux saints de Dieu — un champ qui n’a pas de limites et qui nous entoure de toutes parts. Oui, comme le dit l’apôtre Jacques : « Le service religieux pur et sans tache devant Dieu et le Père, c’est de visiter l’orphelin et la veuve dans leur affliction, et de se tenir pur du monde » (Jacques 1:27).
Au v. 6, nous avons ce qu’on peut appeler une affirmation
solennelle de la certitude de Sa venue, à cause de la vérité du nom de l’Éternel,
et à cause du principe selon lequel Il agit envers Son peuple ; car Il dit :
« Je suis l’Éternel, je ne change pas ; c’est pourquoi vous, fils de
Jacob, vous n’êtes pas consumés
».
Ces paroles contiennent la déclaration sublime du caractère immuable de l’Éternel, et elles combinent Sa vérité et Sa grâce :
C’est un fondement sûr sur lequel Son peuple peut se reposer dans tous les âges et toutes les dispensations. C’est un rocher qu’aucune tempête ne peut ébranler ; c’est pourquoi l’auteur de l’épître aux Hébreux dit : « Dieu, voulant montrer plus abondamment aux héritiers de la promesse l’immutabilité de Son conseil, est intervenu par un serment, afin que, par deux choses immuables… (le serment et la promesse), dans lesquelles il était impossible que Dieu mentît, nous ayons une ferme consolation, nous qui nous sommes enfuis pour saisir l’espérance proposée », etc. (Héb. 6:17-18). C’est donc la garantie de la certitude à la fois de Son jugement du mal et de l’accomplissement de tous Ses conseils de grâce en Christ ; et cela aussi dans son application à Israël, comme dans ce passage de l’Écriture.
À partir du v. 7, il est à nouveau traité de l’état du peuple.
Et quel acte d’accusation est dressé contre eux ! « Depuis les jours de
vos pères, vous vous êtes écartés de mes statuts et vous ne les avez pas gardés
».
Voilà, en une phrase, le résumé de l’histoire d’Israël sous la loi. Leurs pères avaient déclaré, au pied du Sinaï : « Nous ferons tout ce que l’Éternel a dit » (Ex. 19) ; mais avant même que les tables de l’alliance parviennent au camp, ils avaient manqué à leur promesse et avaient apostasié quant à l’Éternel. Les jugements se succédèrent les uns aux autres durant leur errance dans le désert, mais ils ne voulaient pas garder les ordonnances de l’Éternel. Il en fut de même dans le pays, tant sous les juges que sous les rois. Tout au long de leur histoire, ils ont erré comme des brebis perdues, chacun suivant son propre chemin.
Cependant, selon la proclamation du nom de l’Éternel à Moïse, il était « l’Éternel, l’Éternel Dieu, miséricordieux et faisant grâce, lent à la colère et grand en bonté et en vérité, gardant la bonté envers des milliers de générations, pardonnant l’iniquité, la transgression et le péché, et ne tenant nullement le coupable pour innocent, qui visite l’iniquité des pères sur les fils, et sur les fils des fils, jusqu’à la troisième et à la quatrième génération » (Ex. 34:6-7). La miséricorde et la vérité se rencontraient dans le gouvernement de Son peuple ; et Son nom, ainsi révélé à Moïse, fut abondamment illustré dans tous Ses rapports avec eux.
Ici, c’est la miséricorde qui se réjouit contre le jugement ; car l’invitation est lancée : « Revenez à moi, et je reviendrai à vous, dit l’Éternel ».
Il avait été obligé de s’éloigner d’eux à cause de leur iniquité, mais Son cœur était encore tourné vers eux (cf. Osée 5:14-15) ; et ainsi Il s’écrie : « Revenez à moi, et je reviendrai à vous, dit l’Éternel des armées ». La réponse à cette invitation de grâce est une réponse qui nous est familière dans ce livre, et qui trahit la dureté et la corruption de leurs cœurs : « En quoi retournerons-nous ? ». Ils ne savaient même pas qu’ils s’étaient éloignés de Dieu, tant est étonnante la séduction du péché ; car comment serait-il possible que ceux qui avaient su ce que c’était que de marcher dans la jouissance de la lumière de la face de Dieu puissent ignorer qu’ils en étaient sortis pour entrer dans le froid et la mort de la nuit morale ? Et pourtant, il en était ainsi, et il en est encore souvent ainsi. Samson, par exemple, ne savait pas que l’Éternel s’était retiré de lui ; et le chemin de recul, et même d’apostasie, est souvent si graduel que l’âme, occupée par d’autres objets et d’autres intérêts, et bercée par les artifices de Satan, est inconsciente du changement qui est en train de se produire. Rien n’est plus triste ni plus dangereux que l’ignorance de notre véritable état spirituel.
C’est pour réveiller Son peuple, si possible, que l’Éternel apporte une preuve précise de leur éloignement. Il voudrait bien leur ouvrir les yeux et les forcer à voir, et c’est ainsi qu’il dit : « Un homme frustrerait-il Dieu, mais c’est Moi que vous frustrez ? » Puis vient la réplique habituelle de ce peuple égaré et trompé : « En quoi t’avons-nous frustré ? ». La réponse est claire et nette : « Dans les dîmes et les offrandes ». Il leur était impossible de se soustraire à la vérité d’une telle accusation ; car l’Éternel, par Moïse, avait donné les instructions les plus minutieuses concernant les dîmes et les offrandes, et ils ne pouvaient que savoir s’ils s’y étaient conformés (voir Lév. 23 ; Nombres 15 ; 28 ; Deut. 14:22-29 ; 26 etc.). Ils savaient donc exactement ce qui était attendu d’eux, et ils n’avaient aucune excuse à leur désobéissance. Ils auraient pu dire en eux-mêmes que c’était sans importance, mais leurs pensées n’étaient pas les pensées de Dieu, car Il leur dit : « Vous êtes chargés de malédiction (litt. maudits de malédiction), car vous me frustrez, vous, toute la nation » (3:9).
Nous ne sommes pas sous la loi, mais sous la grâce, et nous n’avons donc pas de prescriptions quant à ce que nous devons donner au Seigneur ; mais n’y a-t-il pas dans ces paroles solennelles un enseignement des plus précieux pour nous ? N’est-il pas vrai que tout ce que nous sommes et possédons appartient désormais à Celui qui nous a rachetés par Son sang précieux ? À plus forte raison devrions-nous comprendre une parole comme celle-ci : « Honore l’Éternel de tes biens et des prémices de tout ton revenu » (Prov. 3:9), si nous avons tant soit peu compris les responsabilités de la grâce, la grâce qui s’est manifestée dans notre rédemption par le don inexprimable de Dieu. Si quelqu'un n’a pas compris la portée de cette vérité, qu’il lise, note, apprenne et digère intérieurement l’enseignement de l’apôtre Paul en 2 Corinthiens 8 et 9. En face de ces chapitres, soyons francs avec nous-mêmes et interrogeons solennellement nos cœurs devant Dieu pour savoir si nous avons été à la hauteur de notre privilège en honorant l’Éternel de nos biens et en consacrant les prémices de notre revenu à Son service. N’ayons pas peur des chiffres, et demandons-nous : « Combien avons-nous donné de notre revenu au service de l’Éternel ? » ou : « Quelle est la proportion de nos dons par rapport à ce que nous avons reçu ? » Ah ! bien-aimés, si nous nous examinions ainsi sur ce sujet, beaucoup d’entre nous ne devraient-ils pas reconnaître que le Seigneur pourrait aussi contester avec nous, et dire en vérité : « Vous avez frustré Dieu » ? Ou encore, comment se fait-il que, presque partout, il faille sans cesse rappeler aux saints qu’il n’y a pas assez d’argent dans le trésor de l’Éternel, même pour les usages nécessaires, et qu’on fait continuellement des collectes, privées et publiques, pour dissimuler nos carences et pour fournir des moyens de subsistance aux pauvres du Seigneur et à l’œuvre du Seigneur ? Tout cela ne fait que révéler que la grâce n’a que peu opéré dans nos cœurs et combien nous sommes différents du Dieu donateur, alors que Sa générosité nous a mis en possession de bénédictions d’une si grande valeur. Et ne pouvons-nous pas nous demander si notre stérilité, si le manque de bénédiction parmi le peuple de l’Éternel — dans Ses réunions pour la prière et l’édification — ne sont pas dus à l’étroitesse de notre cœur, au fait que nous avons refusé à Dieu les biens, petits ou grands, qu’il a confiée à notre gérance ? (voir 2 Cor. 9:8-15).
Car ici l’Éternel relie expressément Sa bénédiction envers Son
peuple à sa fidélité envers Lui-même quant à la dîme. « Apportez toutes les
dîmes à la maison du trésor, dit-il, afin qu’il y ait de la nourriture dans ma
maison, et éprouvez-moi par ce moyen, dit l’Éternel des armées, si je ne vous
ouvre pas les écluses des cieux, et si je ne verse pas sur vous une bénédiction
jusqu’à ce qu’il n’y ait plus assez de place
» (3:10).
Ce texte exige un examen plus attentif. Remarquez d’abord que l’Éternel désire que les dîmes soient apportées pour qu’il y ait de la nourriture dans Sa maison, c’est-à-dire pour que ceux chargés du service du sanctuaire soient convenablement soignés et entretenus (voir à ce sujet Néh. 10:32-39 ; 13:4-10). Car c’était une chose grave aux yeux de l’Éternel que de négliger les lévites et les sacrificateurs. De plus l’Éternel condescend à dire en quelque sorte : « Éprouvez-moi par ce moyen, et de mon côté j’accorderai une bénédiction abondante sur vous ». On remarquera que ce n’est pas : « PRIEZ, et j’ouvrirai les écluses des cieux », mais : « Apportez toutes les dîmes dans la maison du trésor ». Il serait bon que ce passage soit parfois lu et expliqué lors des réunions de prière, cela servirait de rappel quant aux véritables obstacles à la bénédiction. Il est toujours bon de prier, mais il est inutile de prier si nous privons Dieu, et si nous ne nous jugeons pas nous-mêmes pour cela. Nos prières peuvent être éclairées et ferventes, et elles peuvent se recommander aux enfants de Dieu ; mais n’oublions pas qu’Il est le Dieu qui connaît les cœurs, et qu’Il peut donc retenir les réponses à nos requêtes parce que nous ne répondons pas concrètement à la « grâce de notre Seigneur Jésus-Christ, qui, étant riche, a vécu dans la pauvreté pour nous, afin que, par Sa pauvreté, nous fussions enrichis » (2 Corinthiens 8:9).
Encore d’autres bénédictions leur sont promises, s’ils sont
fidèles à apporter les dîmes : « Je tancerai en votre faveur celui qui
dévore, afin qu’il ne détruise pas les fruits de votre sol, et que votre vigne
ne soit pas stérile dans la campagne, dit l’Éternel des armées. Et toutes les
nations vous appelleront bienheureux, car vous serez un pays de délices, dit l’Éternel
des armées
» (3:11, 12).
Ces promesses sont fondées sur le principe qui prévaut partout dans l’Ancien Testament, à savoir que la bénédiction est conditionnée par l’obéissance. C’était l’essence même de l’économie mosaïque (voir par exemple Deut. 28). Leur possession continue du pays, leur absence de maladie, les bénédictions terrestres sous toutes leurs formes, tout cela dépendait de leur marche en respectant les lois et les ordonnances qu’ils avaient reçues. C’est aussi ce qu’on trouve dans ce texte de Mal. 3 : Que le peuple revienne à l’obéissance à la loi, et ils recevront la bénédiction sans restriction ni limite, leur terre redeviendra fertile, et la faveur de Dieu reposera si manifestement sur eux que toutes les nations alentours les déclareront bienheureux. On verrait que leur pays était « un pays dont l’Éternel ton Dieu prend soin, et sur lequel les yeux de l’Éternel ton Dieu sont continuellement, depuis le commencement de l’année jusqu’à la fin de l’année » (Deut. 11:12).
Il faut cependant se rappeler que toutes ces promesses sont temporelles et n’ont rien à voir avec l’état spirituel du peuple, ou plutôt qu’elles se rapportent au temps et non à l’éternité. Si le peuple honorait l’Éternel en se soumettant à Sa parole, Il les bénirait de la manière décrite, c’est-à-dire dans le pays et avec des bénédictions temporelles en accord avec la nature de l’alliance sous laquelle ils vivaient.
Il en va différemment pour les chrétiens. Ils sont sauvés par pure grâce inconditionnelle ; mais étant sauvés, leur bénédiction et leur jouissance des bénédictions spirituelles dépendent de leur marche, de leur obéissance à la Parole. Il faut toujours insister sur ce point. Ils n’obéissent pas, nous le répétons, pour être sauvés, si ce n’est par l’obéissance de la foi, qui est le don de Dieu ; mais ayant été amenés à Dieu par la foi dans le Seigneur Jésus Christ, leur bénédiction durant leur séjour dans ce monde est conditionnée par leur soumission aux pensées et à la volonté de Dieu. C’est ainsi que notre Seigneur dit : « Celui qui a mes commandements et qui les garde, c’est celui-là qui m’aime ; et celui qui m’aime sera aimé de mon Père, et moi je l’aimerai, et je me manifesterai à lui » (Jean 14:21). Telle est la part bénie de ceux, et de ceux-là seuls, qui gardent précieusement les commandements de Christ dans leurs cœurs.
La section suivante, qui commence au v. 13 et s’étend jusqu’à la fin de Mal. 4, sépare clairement un résidu fidèle du reste de la nation. C’est souvent le cas chez les prophètes (voir Ésaïe 8 à 10, etc.), et cela est lié à une autre chose. Chaque fois que le résidu fidèle est distingué, il prend la place de la nation devant Dieu. Ils sont isolés aux yeux de Dieu, et considérés comme les héritiers et les dépositaires des promesses. Le lecteur trouvera intéressant et édifiant de suivre la trace de ce principe chez les prophètes de l’Ancien Testament.
Dans le passage de l’Écriture qui nous occupe, le prophète fait
d’abord ressortir l’état désespéré de la condition morale de la masse de la
nation, et montre non seulement qu’elle a perdu toute perception morale, mais
aussi qu’elle accuse Dieu de s’identifier aux orgueilleux et aux méchants et de
les favoriser — preuve de leur total égarement quant à leur propre condition,
et de leur ignorance du caractère de Dieu. Il dit : « Vos paroles ont
été fortes contre moi, dit l’Éternel
» (4:13). Il convient d’observer tout
particulièrement la gradation de ces différentes accusations. Israël était
passé d’un degré de péché à un autre, et maintenant ils n’hésitaient plus à
parler hardiment contre Dieu. Mais bien qu’ils soient mis directement en face
de leur iniquité, ils prétendaient, comme toujours, ignorer le péché qui leur
est reproché. « Qu’avons-nous dit contre Toi
? », disent-ils. La
réponse est immédiate. « Vous avez dit : C’est en vain qu’on sert
Dieu ; et quel profit y a-t-il à ce que nous fassions l’acquit de la charge
qu’Il nous a confiée, et que nous marchions dans le deuil devant l’Éternel des
armées ? Et maintenant »
, ajoutent-ils, « nous tenons pour heureux
les orgueilleux ; ceux même qui pratiquent la méchanceté sont établis ;
même ils tentent Dieu sont délivrés
» (3:13-15).
Comme les Pharisiens à une époque plus tardive, ils observaient scrupuleusement certaines pratiques rituelles, tout en négligeant les questions plus importantes de la loi, et s’étonnaient ensuite que l’Éternel ne reconnaisse pas et ne récompense pas leur conduite méritoire, alors qu’ils Le condamnaient parce qu’Il recevait des pécheurs et mangeait avec eux. Rien ne jette plus la confusion sur nos perceptions morales que la propre justice, et il n’y a pas d’iniquité devant Dieu comme celle du pharisaïsme. C’est d’ailleurs l’une des armes les plus puissantes de Satan pour tromper et détruire l’âme des hommes.
Cette forme de méchanceté spirituelle n’est, hélas, jamais éteinte. Elle abonde dans l’Église à l’heure actuelle et peut être détectée sous différents déguisements, parfois très subtils. Mais partout où elle se trouve, qu’elle soit liée au ritualisme ou à un spiritualisme transcendantal, elle se caractérise par le divorce de la moralité d’avec les formes de la piété. En clair, elle associe toujours une profession élevée à une marche de bas niveau.
Nous avons maintenant l’introduction du résidu — un résidu dans le résidu (3:16, 17) ; et rien de plus beau que le contraste entre ces saints cachés et la propre justice de ceux qui les entourent.
Ils n’ont que deux caractéristiques : ils craignaient l’Éternel
et parlaient l’un à l’autre
; et nous pouvons ajouter, ce qui se
rattache nécessairement à cela, ils pensaient au nom de l’Éternel
. Il
était Lui-même le sujet de leurs pensées et de leurs méditations.
Examinons un peu ces différents aspects. Ils craignaient l’Éternel.
C’est précisément ce que la nation ne faisait pas ; en effet, elle
avait chassé la crainte de Dieu de devant ses yeux, comme le montrent ses
transgressions flagrantes de Ses lois et de Ses ordonnances, et leur
insensibilité totale à Ses exigences et à l’honneur de Son nom. Mais ce résidu pieux
et faible craignait l’Éternel, Le craignait avec la crainte due à Son saint
nom, avec une crainte qui se manifestait par l’obéissance à Sa parole. Lui
était leur but et leur espérance, leur appui et leur soutien au milieu de la
confusion et du mal qui les entouraient, leur sanctuaire contre la puissance de
l’ennemi de tous côtés.
Ils parlaient l’un à l’autre.
Ils étaient attirés l’un
vers l’autre dans une heureuse et sainte communion par leurs objets communs,
leurs affections communes et leurs besoins communs, et c’est ainsi que leur
piété et leur crainte de l’Éternel étaient soutenues et encouragées. C’est l’une
des consolations en un jour mauvais que, dans la mesure où la méchanceté et la
corruption religieuses abondent, ceux qui ont la pensée du Seigneur sont rapprochés
étroitement les uns des autres. Le nom du Seigneur devient plus précieux pour
ceux qui Le craignent tandis qu’il est déshonoré sur un plan général ; et,
d’autre part, la puissance de l’ennemi rapproche ceux qui cherchent à dresser
un étendard contre lui. Objets de l’hostilité spéciale de Satan, parce qu’ils
forment l’unique barrière au succès de ses efforts, ils trouvent leur ressource
et leur force dans des entretiens faits dans l’unité en présence de Dieu.
Enfin, ils pensaient au nom de l’Éternel.
Nous ne disons
pas « enfin » d’après l’ordre d’importance, mais seulement en suivant
l’ordre des mentions dans ce passage ; car ce fait de « penser au nom
de l’Éternel » revient à la fin du v. 16, associé à la crainte de l’Éternel.
Ces deux choses ne peuvent en effet jamais être dissociées. Le nom de l’Éternel,
comme nous l’avons déjà remarqué dans ces pages, est l’expression de toute la
vérité de l’Éternel telle que révélée à Son ancien peuple, tout comme maintenant
le nom du Seigneur Jésus Christ, auquel Son peuple se rassemble, est le symbole
(si nous pouvons utiliser ce terme) de tout ce qu’Il est tel que révélé dans
ces différents termes : le Seigneur – Jésus – Christ. Lorsqu’il est dit :
« Ils pensaient à Son nom », il faut donc entendre :
Tel était leur but et leur objet, — non pas le bien-être et la bénédiction des uns et des autres, ni la conciliation d’intérêts divers parmi le peuple professant Dieu, ni la culture de cet esprit de charité dont le credo est d’accepter les différences et d’être indifférent au mal, — mais la recherche constante :
En agissant ainsi, bien que leurs frères aient pu les dédaigner et les mépriser au motif qu’ils ne nageaient pas selon le courant, ils adoptaient le seul et unique moyen pour la bénédiction de la nation.
Dans l’évangile de Luc (Luc 1 et 2), comme on l’a souvent remarqué, nous avons un tableau vivant de ce résidu qui craint Dieu. Zacharie, Siméon et Anne en font partie, avec ceux qui leur étaient associés, qui réunissaient toutes les caractéristiques mentionnées ici. Ainsi, il est dit de Zacharie et de sa femme Élisabeth qu’ « ils étaient tous deux justes devant Dieu, marchant dans tous les commandements et toutes les ordonnances de l’Éternel, sans reproche » (Luc 1:6) ; de Siméon, qu’il « était juste et pieux, attendant la consolation d’Israël ; et l’Esprit Saint était sur lui » (Luc 2:25) ; d’Anne, qu’elle « veuve d’environ quatre-vingt-quatre ans, et ne quittait pas le temple, mais servait Dieu en jeûnes et en prières, nuit et jour » (Luc 2:37). Tel est le beau tableau, tracé par le crayon infaillible du Saint Esprit, d’un petit nombre de personnes à Jérusalem, au milieu de la décadence et de la mort spirituelle ; ils « craignaient l’Éternel, parlaient l’un à l’autre, et pensaient à son nom ». En dehors des activités de l’époque, et inconnus des puissants et des influents, ils étaient connus de l’Éternel et les uns des autres. Cela suffisait à leurs âmes, car leurs cœurs étaient fixés sur « la consolation d’Israël », « le Christ du Seigneur », et Lui suffisait à satisfaire tous leurs désirs, étant l’objet de toutes leurs espérances.
On peut se demander, en un mot ou deux, s’il existe aujourd’hui un résidu qui correspond à celui décrit ici. Pour répondre à cette question, il faut se rappeler que tous ceux à qui s’adresse le prophète étaient le résidu revenu de Babylone, et donc que ceux qui craignaient l’Éternel et parlaient l’un à l’autre étaient un résidu au milieu d’un résidu, les uns et les autres placés sur la même base publique devant Dieu. Il ne s’ensuit donc pas que ceux qui, aujourd’hui, se sont séparés des maux de la chrétienté et se rassemblent au nom de Christ, répondent de ce seul fait à « ceux qui craignaient le nom de l’Éternel ». Pour correspondre à ces derniers, il faut posséder les mêmes caractéristiques ; en un mot, il faut être dans le même état spirituel. Comme à Philadelphie, c’est l’état spirituel qui prime ici ; par conséquent, aucune position ecclésiastique, aussi scripturaire soit-elle, ne permet de prétendre à une correspondance avec ces « Philadelphiens » au milieu d’Israël.
Après nous avoir montré ce qu’était ce pieux résidu aux yeux de
l’Éternel, le prophète nous révèle maintenant l’attitude de l’Éternel à son
égard. Il dit : « L’Éternel a été attentif et a entendu, et un livre de
souvenir a été écrit devant lui pour ceux qui craignent l’Éternel et pour ceux qui
pensent à Son nom. Ils seront à Moi, mon trésor particulier, dit l’Éternel des
armées, au jour que je ferai, et je les épargnerai comme un homme épargne son
fils qui le sert
» (3:16, 17).
Tout d’abord « l’Éternel a écouté et entendu ». Ses yeux et Son cœur étaient sur ces quelques-uns méprisés qui s’encourageaient, au milieu des corruptions environnantes, dans la communion les uns avec les autres au sujet de l’Éternel et des choses de l’Éternel. Et quand ils étaient ainsi rassemblés, l’Éternel était spectateur, se réjouissant des conversations qu’Il entendait, ces entretiens étant aussi agréables pour Son cœur que le doux encens qui, dans des jours plus heureux, montait devant Son trône à partir de l’autel d’or. Nous avons des exemples dans le Nouveau Testament de Sa connaissance intime des pensées et des conversations des Siens :
Mais dans le cas qui nous occupe, ce n’était ni le doute ni l’appréhension qui préoccupaient ceux qui craignaient l’Éternel, mais lorsqu’ils parlaient l’un à l’autre, c’était dans le langage de la foi et de l’espérance ; et c’est pourquoi lorsqu’il nous est dit que « l’Éternel a écouté et entendu », ce n’est pas seulement un auditeur attentif, mais aussi un auditeur approbateur, réjoui, qui nous est présenté. Et quelle douceur dans la révélation ainsi faite ! Et quel encouragement pour les Siens, surtout dans les temps d’indifférence et d’obscurité, de se trouver ensemble pour parler l’un à l’autre ! Et combien cela rapproche même l’Éternel de nous ! Et, pouvons-nous ajouter, quelle solennité cela donne à la communion des saints, en nous rappelant que nos réunions, qu’elles soient privées ou publiques, se tiennent en présence du Seigneur ! Ces réflexions devraient d’ailleurs avoir une force supplémentaire pour ceux d’aujourd’hui qui, dans une certaine mesure, ont compris ce que c’est que d’avoir le Seigneur Lui-même au milieu d’eux lorsqu’ils sont rassemblés en Son nom.
Deuxièmement, « un livre de souvenir a été écrit devant Lui
»,
etc., c’est-à-dire que l’Éternel daigne utiliser une image pour nous enseigner,
à savoir qu’Il enregistre pour un souvenir éternel les conversations — ne
devrions-nous pas plutôt dire les noms et les paroles ? — de ceux qui ont
été attirés vers Son nom et l’un vers l’autre, dans la séparation du mal de
leur époque. Une illustration de ceci peut être trouvée dans le livre d’Esther.
Comme le roi ne pouvait dormir, « il ordonna qu’on apportât le livre des annales
des chroniques », et on en fit la lecture devant le roi. On y trouva écrit un
acte de loyauté et de fidélité de la part de Mardochée au moment où son
souverain, le roi, était en danger ; il fut immédiatement récompensé et en
outre cela le fit devenir le sauveur de son peuple. De même, mais d’une manière
plus parfaite — car Il n’oublie jamais — l’Éternel fait écrire un livre de
souvenir concernant la fidélité de Son peuple, et rien n’échappe à Son œil ou à
Son oreille ; et ainsi il arrivera, comme nous l’apprenons par de
nombreuses écritures, que tout acte et toute parole, opérés et produits dans les
Siens par la puissance du Saint Esprit, leur sera imputé pour être reconnu et
rétribué devant le tribunal de Christ ; c’est un effet de la même grâce
qui a appelé, justifié et glorifié les Siens.
Enfin, l’Éternel les distinguera comme étant Siens. Ils seront à Moi, Mon trésor particulier, dit l’Éternel des armées, au jour que je ferai » (selon la version autorisée anglaise King James on lit « au jour où je ferai mes bijoux »). Il se réfère au temps de Son apparition, car c’est alors qu’Il distinguera et revendiquera publiquement les Siens. Le principe est contenu dans le passage familier de l’Apocalypse : « Voici, je ferai en sorte que ceux de la synagogue de Satan qui se disent Juifs, et ne le sont pas, mais ils mentent, voici, je les ferai venir se prosterner à tes pieds, et ils sauront que je t’ai aimé » (Apoc. 3:9 ; És. 40 :14). Le Seigneur mettra manifestement Son sceau sur ceux qui auront été fidèles à Son nom en temps de ruine et d’apostasie. Le terme « trésor particulier » ou « joyaux » indique la valeur précieuse des saints pour Dieu, leur valeur à Ses yeux ; bien qu’ils soient maintenant cachés dans l’obscurité, Son œil est sur eux, et Il les rassemblera, reconnaissant leur beauté et leur excellence, – la beauté et l’excellence qu’Il a Lui-même mises sur eux, avant qu’ils soient placés pour toujours dans le trésor de Son royaume éternel.
Puis il est ajouté : « Et je les épargnerai, comme un
homme épargne son fils qui le sert
». Il faut se rappeler que lorsque l’Éternel
vient ainsi, c’est d’une part pour juger, et d’autre part pour bénir. Épargner Son
peuple, c’est donc les épargner des jugements ; et Il les épargnera comme
un homme épargne son propre fils, ce qui fait ressortir le cœur du Seigneur et Ses
relations avec les Siens, et cela montre qu’Il reconnaît leur fidélité et leur
dévouement. Lié aux Siens par de tels liens, Il ne permettra pas qu’ils soient
accablés au jour où Il agira envers la nation à cause de son iniquité ;
mais Dieu Lui-même sera leur refuge et leur force, un secours très présent dans
la détresse, et Il les montrera publiquement comme ceux qui étaient précieux à Ses
yeux lorsqu’ils étaient méprisés et dédaignés par la nation apostate.
Le dernier verset, nous le comprenons, s’adresse à ceux qui, aux v. 14 et 15, avaient accusé Dieu de s’identifier au mal. Ils avaient dit : « Ceux qui pratiquent la méchanceté sont établis, ceux qui tentent Dieu sont délivrés » — comme si Dieu confondait toutes les distinctions morales. Mais le prophète leur dit maintenant que, lorsque Dieu apparaîtra pour les quelques faibles qui ont pensé à Son nom, eux — ceux qui attribuaient l’injustice aux voies de Dieu — devront revenir et faire la différence entre le juste et le méchant, entre celui qui sert Dieu et celui qui ne Le sert pas. Aveugles volontairement jusqu’à présent, ils seraient contraints de voir ; et l’Éternel serait à nouveau justifié quand Il juge, et Il justifierait publiquement la droiture de Ses voies devant les yeux des hommes impies. Le prophète se met alors à expliquer que cette séparation entre les méchants et les justes se fera lors de l’apparition du Seigneur, mais c’est le sujet du chapitre suivant,
La division entre les ch. 3 et 4 tend à obscurcir le lien, dans
la mesure où le v. 1 du ch. 4 explique la déclaration du dernier verset de Malachie
3. Le prophète avait dit que le temps viendrait où ceux qui s’en prenaient à l’Éternel
devraient voir qu’à Ses yeux il y avait une distinction éternelle entre les
justes et les méchants, et maintenant Il enseigne que cette distinction sera
manifestée publiquement en un jour futur. Le mot « car » fait le lien entre les
deux chapitres : « Car voici le jour vient, brûlant comme un four ;
et tous les orgueilleux, et tous ceux qui pratiquent la méchanceté seront du
chaume ; et le jour qui vient les brûlera, dit l’Éternel des armées, de
manière à ne leur laisser ni racine ni branche. Mais pour vous qui craignez mon
nom, le Soleil de justice se lèvera et la guérison sera dans ses ailes
»,
etc. (4:1-2a).
Avant d’examiner ce passage important, nous attirons l’attention sur le principe qu’il illustre. L’homme, dans son incrédulité et sa vision à court terme, est toujours enclin, comme les sacrificateurs (prêtres) apostats du ch. 3, à juger Dieu d’après les circonstances du moment. Il en était de même pour les trois amis de Job, et même pour Job lui-même. Mais nous apprenons là, comme par de très nombreux autres passages de l’Écriture, que le résultat des voies et des actions de Dieu ne sera pas manifesté avant un jour futur, et qu’Il attend ce moment pour déclarer Sa justice y compris devant le monde. Nous devons donc, comme l’enseigne l’apôtre, ne rien juger avant le temps jusqu’à la venue du Seigneur, qui mettra en lumière les choses cachées dans les ténèbres, et qui manifestera les desseins des cœurs ; et alors tout homme (s’il a de quoi être glorifié), pourra être loué par Dieu. En attendant, la foi dit avec Abraham (Gen.18) : « Le juge de toute la terre ne fera-t-il pas ce qui est juste ? », car le Dieu que la foi connaît est infini en sagesse, en sainteté et en amour.
Or notre passage de l’Écriture (Mal. 4) nous amène au moment où l’Éternel manifestera Sa sainteté et Sa vérité dans Son jugement des méchants et dans la bénédiction de ceux qui craignent Son nom ; mais même ici le jugement n’est pas éternel, puisqu’il est en rapport avec Son apparition, et il est donc préparatoire à l’établissement de Son royaume sur la terre.
Ces deux aspects de l’apparition du Seigneur doivent être soigneusement observés afin de faire la distinction d’avec Sa venue pour Son Église, une vérité qui n’est pas révélée dans l’Ancien Testament, car l’Église n’apparaît jamais dans les écrits prophétiques (voir Éph. 3 et autres).
Lorsqu’Il revient chercher Son Épouse, c’est dans une bénédiction pure et sans mélange, qui n’a pour objet que les Siens (Jean 14:1-3 ; 1 Thess. 4:14-18). Le cri, la voix de l’archange et la trompette de Dieu sont exclusivement pour les saints et ne seront même pas entendus par le monde environnant ; ou s’ils sont entendus, comme les compagnons de Saul de Tarse lorsque le Seigneur le rencontra sur le chemin de Damas, ils ne comprendront pas la signification de ces sons inattendus. Le langage sera incompréhensible à leurs oreilles, car il viendra d’un pays auquel ils n’appartiennent pas et qu’ils n’ont jamais visité. Non, lorsque le Seigneur accomplira la promesse « Oui, je viens bientôt » faite à Son Église qui attend, c’est à elle seule qu’Il s’adressera, et seuls les saints seront enlevés dans les nuées pour Le rencontrer en l’air, et pour être éternellement avec Lui.
Mais « le jour » dont parle notre passage sera public ; il
sera introduit lorsque le Seigneur reviendra avec
Ses saints. C’est de
cela que Jean parle lorsqu’il dit : « Voici, il vient avec les nuées ;
et tout œil le verra, et ceux qui L’ont percé ; et toutes les tribus de la
terre se lamenteront à cause de Lui » (Apoc. 1:7). Notre Seigneur Lui-même en
fait la description dans l’évangile de Matthieu : « Aussitôt après la
tribulation de ces jours-là, le soleil sera obscurci, la lune ne donnera pas sa
lumière, et les étoiles tomberont du ciel, et les puissances des cieux seront
ébranlées ; alors paraîtra dans le ciel le signe du Fils de l’homme ;
alors toutes les tribus de la terre se lamenteront, et elles verront le Fils de
l’homme venant sur les nuées du ciel avec puissance et une grande gloire »
(Matt. 24:29-30).
Dans le même chapitre, nous trouvons les deux mêmes aspects (le jugement et la bénédiction) liés ensemble. C’est ainsi que nous lisons : « Alors deux hommes seront aux champs ; l’un sera pris et l’autre laissé. Deux femmes moudront à la meule ; l’une sera prise et l’autre laissée » (Matt. 24:40, 41). Il est à noter que ceux qui sont « pris » ici sont pris pour le jugement, tandis que ceux qui sont « laissés » sont laissés pour la bénédiction dans le royaume sur le point d’être établi. Ceci montre de manière concluante la différence entre le retour du Seigneur pour Son Église et Son apparition, car lorsqu’Il viendra pour les Siens, ceux-ci, contrairement à ceux de Matthieu, sont emmenés pour la bénédiction — pour être avec Lui ; tandis que ceux qui sont laissés sont laissés pour le jugement.
Une autre chose peut être soulignée pour établir la différence
entre ces deux choses importantes. Après avoir décrit le caractère complet du
jugement qui sera exécuté lorsque « le jour » viendra, le prophète, parlant au
nom de l’Éternel, dit : « Mais pour vous qui craignez mon nom, le Soleil
de justice se lèvera, et la guérison sera dans ses ailes
» (Mal. 4:2). Cette
figure s’accorde parfaitement avec la distinction que nous avons faite. L’apparition
du Seigneur est, comme nous l’avons déjà expliqué, l’introduction du jour ;
c’est pourquoi elle est présentée ici comme le lever du Soleil de justice, tel
qu’il sera pour Son peuple terrestre. David emploie un langage semblable pour
le même événement : « Il sera comme la lumière du matin, quand le soleil se
lève, un matin sans nuages » (2 Samuel 23:4).
D’autre part, cette figure n’est jamais employée en relation avec l’Église, mais pour elle une autre est utilisée, tout aussi significative et expressive de la vérité qu’elle est censée transmettre : l’Étoile brillante du matin (Apoc. 22:16 ; 2 Pierre 1:19). Ces deux figures, bien comprises, expliquent à la fois le caractère et l’ordre de la venue du Seigneur pour Son Église et Son apparition. L’étoile du matin apparaît avant le jour, vers la fin de la nuit, à l’aube, et est ainsi le signe avant-coureur du lever du soleil. Il en sera de même lorsque l’Église sera enlevée de ce monde. Elle sera prise pour être associée à Christ dans Sa beauté céleste, Lui qui a été présenté devant l’œil de la foi comme l’Étoile brillante du matin ; cet événement sera préparatoire à l’apparition du Seigneur en tant que Soleil de justice, comme il est dit dans cette Écriture. Il y aura un intervalle — plus ou moins long — entre les deux événements ; mais la relation entre eux, en ce qui concerne la terre, est celle symbolisée par l’Étoile du matin et le Soleil de justice.
Le « jour » dont parle le prophète a donc un double aspect : un
jugement sans miséricorde (car le jour de la grâce sera alors passé) sur les
orgueilleux et tous ceux qui pratiquent la méchanceté ; et bénédiction
pure et sans mélange pour ceux qui craignent le nom de l’Éternel (voir Ésaïe 24
à 26 ; Zacharie 12 à 14 etc.). Il y a encore autre chose. « Vous
sortirez et vous prospérerez comme des veaux à l’engrais. Et vous foulerez les
méchants, car ils seront comme de la cendre sous la plante de vos pieds, au jour
que je ferai, dit l’Éternel des armées
» (Mal. 4:2, 3).
Cette promesse, que l’Éternel fait à Son peuple Israël en rapport avec sa délivrance et sa bénédiction lors de Son apparition, distingue encore cet événement à la fois de Son retour pour l’Église et de la clôture de toutes les dispensations à la fin des mille ans du règne. Certains affirment que la venue du Seigneur pour Ses saints et Son apparition sont identiques. S’il en était ainsi, dans quel sens Son peuple foulera-t-il les méchants comme de la cendre sous la plante de leur pieds, alors qu’ils auront été enlevés à la rencontre du Seigneur en l’air comme l’admettent les tenants de cette opinion ? Une telle figure serait manifestement incongrue par rapport aux circonstances de ceux qui seront alors pour toujours avec le Seigneur. D’autres nient toute venue ou apparition du Seigneur avant le millénium. Qu’ils nous disent alors comment les saints de Dieu, qui, selon leur propre pensée, entreront à ce moment-là dans la béatitude éternelle, entreront alors en conflit avec les méchants et triompheront d’eux. Il suffit de mentionner ces points de vue pour montrer qu’ils sont opposés à la vérité de l’Écriture.
Ce passage de Mal. 4, répétons-le pour plus de clarté, ne s’applique pas à l’Église ; il concerne l’ancien peuple de Dieu qui, alors dans le pays, avait été ramené de sa captivité à Babylone. Comme nous l’avons vu, il y avait deux classes parmi eux : ceux qui s’étaient éloignés de Dieu en conservant les formes de leur rituel, et ceux qui craignaient l’Éternel, qui parlaient l’un à l’autre et qui pensaient au nom de l’Éternel. Ces derniers répondaient aux pensées de l’Éternel, et étaient les objets de Son cœur ; en leur adressant des paroles de consolation et de promesse, Il les prend comme faisant partie, par leurs caractéristiques morales, du résidu qui sera trouvé présent lors de l’apparition du Seigneur. Il y avait un tel résidu lors de la première venue du Seigneur ; mais la nation Le rejeta, et tout fut perdu sur le terrain de la responsabilité. La réalisation de ces promesses bénies a donc été différée — seulement différée, car ce qui a été perdu sur le terrain de la responsabilité sera finalement mené à bien en grâce selon les conseils immuables de Dieu sur le fondement de l’œuvre achevée de Christ.
Ces promesses demeurent donc pour Israël, bien qu’ils n’aient aucun titre à quoi que ce soit, si ce n’est en Christ et par Christ ; et lorsqu’Il reviendra vers eux avec puissance et gloire, comme le montre ce passage de l’Écriture, Il réalisera leur accomplissement. Alors Son peuple — le résidu amené à travers le feu, mais considéré comme la nation — ne sera pas seulement mis en mesure de jouir de ces bénédictions, mais, sous l’autorité de leur Messie et Roi, et comme associés à Lui, ils fouleront aussi les méchants, qui seront comme de la cendre sous leurs pieds (voir Ps. 2 et 110, etc. etc.). C’est donc le peuple terrestre qui est décrits ici par le prophète, et non pas les saints célestes de la présente dispensation.
Les trois derniers versets (Malachie 4:4-6) constituent une sorte d’appendice. Au v. 4, l’Éternel rappelle au peuple la base immuable de Son alliance avec Lui, c’est-à-dire la loi. C’était Sa norme pour eux, la mesure de leur responsabilité et, par conséquent, la condition de la bénédiction. Leur sécurité, comme celle du peuple de Dieu à toutes les époques, repose sur l’obéissance à la parole. Tout mettre à l’épreuve selon cette norme infaillible et refuser tout ce qui n’y répond pas, tout en recherchant en même temps la grâce de rendre à cette parole sa suprématie sur nos propres cœurs et nos propres voies, tel est le seul chemin de la restauration et de la bénédiction. Ils devaient donc revenir au commencement — un principe qui nous a déjà occupés — non pas à l’époque de Néhémie et d’Esdras, ni à la gloire du royaume au temps de David et de Salomon, mais à Horeb — « la loi de Moïse, mon serviteur, que je lui ai prescrite en Horeb ».
De même, dans des jours de confusion et de ruine, nous devons aller jusqu’à la Pentecôte si nous voulons mesurer l’étendue de notre déclin et découvrir les moyens de la restauration. C’est là un principe immuable, et c’est pourquoi il est solennellement affirmé au moment même où Dieu s’apprêtait à réduire au silence la voix de la prophétie pour une longue période de quatre cents ans.
De plus, dans cette exhortation et dans le principe qu’elle contient, l’Éternel pose le fondement de l’annonce de la mission d’Élie le prophète, avant la venue du grand et redoutable jour de l’Éternel (4:5). Nous avons expliqué la relation entre Jean le Baptiseur et Élie en relation avec Mal. 3:1. Si Israël, lorsque notre Seigneur est venu pour la première fois, s’ils avaient reçu le Baptiseur, il aurait été Élie pour eux ; sa mission était dans l’esprit et la puissance d’Élie. Mais Jean a été décapité, et le Christ, dont il était le précurseur, a été crucifié ; et Dieu, qui est aussi immuable dans Sa sainteté que dans Sa grâce, accomplira aussi sûrement Sa vérité envers Abraham qu’Il exécutera Ses jugements sur les méchants. Au jour du jugement, cependant, Il se souvient de la miséricorde, et c’est pourquoi, avant qu’arrive le grand et terrible jour de l’Éternel, Il enverra Élie pour éprouver les cœurs de Son peuple et les rappeler à Sa fidélité et à Sa grâce immuables. La mention même d’Élie est significative de l’état dans lequel se trouvera alors Israël.
Historiquement, la mission d’Élie s’est déroulée à une époque d’apostasie
générale, où l’Éternel avait été publiquement désavoué et où Baal avait été
choisi à Sa place. De nombreux passages de l’Écriture, nous apprenons que, dans
les derniers jours, l’apostasie caractérisera Israël dans son ensemble. Comme
au temps d’Achab il y avait un résidu caché, il en sera alors de même, car Dieu
ne se laisse jamais sans témoignage sur la terre. Mais extérieurement, sous l’emprise
de l’Antichrist, l’idolâtrie marquera l’état du peuple. La mission d’« Élie » se
situera au milieu de cet état de choses, et le caractère de son ministère au
temps d’Achab et de Jézabel nous permet de comprendre sa nature à la fin. Son objet
est donné ici : « Il fera retourner le cœur des pères vers les fils, et
le cœur des fils vers leurs pères, de peur que je ne vienne et ne frappe le
pays de malédiction
» (4:6).
Jean le Baptiseur n’a jamais accompli cette promesse, du moins dans l’étendue de sa portée. Des foules se sont rassemblées autour de lui au début de son travail, mais la plupart d’entre elles ne se sont réjouies de sa lumière que pour un temps, puis sont retournées aux ténèbres de leur orgueil et de leur propre justice. Il en sera autrement pour « Élie », car l’Éternel a prononcé cette parole et Il l’accomplira. En travaillant comme le prophète, dans des conditions bien plus difficiles que le Baptiseur, les effets de son travail, s’ils ne sont pas visibles extérieurement, seront plus grands ; et c’est ainsi qu’il y aura à nouveau un peuple préparé pour le Seigneur à Son retour.
L’objectif cependant est ici : « De peur que je ne vienne et ne frappe le pays de malédiction ». Il y aura des jugements, comme nous l’avons vu au v. 1 ; mais l’existence d’un peuple que Dieu a appelé et préparé en grâce sera de nouveau le sel de la terre, et à cause de lui la terre, ou plus probablement le pays, sera exemptée de ce qui est appelé ici une malédiction — un jugement pur et sans mélange.
La conjonction de Moïse et d’Élie (4:4, 5) à la fin de l’Ancien Testament ne peut manquer d’être observée. Ils sont, comme nous le savons, les expressions de la loi et des prophètes, et ceux-ci demeurent pour toujours — jusqu’à la fin de toutes les voies de Dieu sur la terre (comp. Matt. 5:17-19 ; voir aussi Apoc. 11, le ministère des deux témoins étant caractérisé par les traits de Moïse et d’Élie).
Avec ces paroles, la lumière de la prophétie s’éteint, et Dieu cesse d’envoyer Ses messagers à Son peuple jusqu’aux jours du Baptiseur ; et, tout en ne manquant jamais à Son amour et à Sa fidélité, Il se retire pour un temps de toute intervention active et directe dans leurs affaires. Tout a été préparé maintenant pour éprouver leurs cœurs par la venue de Christ, et Dieu attend quatre cents ans, jusqu’à ce que vienne la plénitude du temps où Il enverra Son Fils, né de femme, né sous la loi, et qui sera pour Israël un Ministre de la circoncision pour la vérité de Dieu, afin de confirmer les promesses faites aux pères (Romains 15:8). Mais bien qu’Il soit venu vers les Siens, et que les Siens ne l’aient pas reçu, Dieu, dans Son infinie longanimité, attend toujours, et finalement, en application de Ses conseils éternels de grâce et de miséricorde, Christ sera une lumière pour la révélation des Gentils et la gloire de Son peuple Israël.