Quelques pages d’Ézéchiel

Le livre d’Ézéchiel est l’un des moins connus de la Bible. Pourtant, sans parler de sa portée prophétique, il contient — comme toute la Parole de Dieu — de précieuses leçons spirituelles. Nous en avons dégagé quelques chapitres pour en tirer en première ligne l’enseignement moral, tout en cherchant à donner un aperçu général du contenu du livre.

Pour plus de détails, spécialement sur la partie prophétique, nous renvoyons au commentaire de J. N. D. dans les Études sur la Parole : Ézéchiel. Pour ceux qui savent l’anglais, nous recommandons l’ouvrage de W. K. « Notes on Ezekiel » dont l’Introduction et les derniers chapitres ont été traduits dans le Messager Évangélique de 1956.


Table des matières abrégée :

1 - Introduction

2 - Vision et vocation (Éz. 1 à 3)

3 - La gloire s’en va (Éz. 8 à 11)

4 - Le roi de Tyr (Éz. 28)

5 - La restauration spirituelle d’Israël (Éz. 34 et 36)

6 - La résurrection nationale d’Israël (Éz. 37)

7 - Gog (Éz. 38 et 39)

8 - Le retour de la gloire (Éz. 43:1 à 11)

9 - Les eaux du sanctuaire (Éz. 47:1 à 12)


Table des matières détaillée :

1 - Introduction

1.1 - Les divers prophètes

1.2 - Portée de la prophétie

1.3 - Ézéchiel, la personne du prophète

1.4 - Plan du livre d’Ézéchiel

1.4.1 - Première partie : Ch. 1 à 24: Avant la prise de Jérusalem

1.4.2 - Deuxième partie : Ch. 25 à 32: Prophétie contre 7 nations

1.4.3 - Troisième partie : Ch. 33 à 39: Après la ruine de Jérusalem La restauration spirituelle et nationale d’Israël

1.4.4 - Quatrième partie : Ch. 40 à 48: Israël dans sa terre pendant le règne

2 - Vision et vocation (Éz. 1 à 3)

2.1 - Le voir (Éz. 1)

2.1.1 - Les chérubins

2.1.2 - Les roues (v.15 à 21)

2.1.3 - L’étendue et le trône (v. 22 à 28)

2.2 - L’entendre (Éz. 2)

2.3 - Être nourri (Éz. 3)

2.4 - « Va » — La sentinelle (Éz. 3:16 à 21)

2.5 - « L’Esprit entra en moi »

3 - La gloire s’en va (Éz. 8 à 11)

3.1 - Pourquoi la gloire s’en ira-t-elle ? (Éz. 8)

3.2 - Un résidu (Ez. 9)

3.3 - La gloire s’en va

3.4 - Destruction de Jérusalem

4 - Le roi de Tyr (Éz. 28)

4.1 - Le roi de Tyr (Éz. 28:11 à 19)

4.2 - Qui était Satan ?

4.3 - Sa faute

4.4 - Son jugement

4.5 - La victoire de Christ

4.6 - Actuellement

4.7 - Le jugement sera exécuté

5 - La restauration spirituelle d’Israël (Éz. 34 et 36)

5.1 - Le nouveau berger (Éz. 34:11 à 16:23 à 24)

5.2 - Le nouveau cœur (Éz. 36:24 à 32)

6 - La résurrection nationale d’Israël (Éz. 37)

7 - Gog (Éz. 38 et 39)

8 - Le retour de la gloire (Éz. 43:1 à 11)

9 - Les eaux du sanctuaire (Éz. 47:1 à 12)

9.1 - Traverser la rivière

9.2 - La rivière descend

9.3 - Les arbres

9.4 - L’arbre de vie

9.5 - Jéhovah -Shamma


1 - Introduction

1.1 - Les divers prophètes

Avant d’examiner le livre d’Ézéchiel lui-même, cherchons à le situer au milieu des prophètes.

L’Ancien Testament se divise pratiquement en quatre parties :


On peut subdiviser les seize prophètes de l’Ancien Testament de diverses manières :

1. D’après la longueur de leurs prophéties, on fait souvent une distinction — tout artificielle — entre les quatre grands prophètes : Ésaïe, Jérémie, Ézéchiel et Daniel, et les douze petits prophètes : d’Osée à Malachie.

2. Il est plus intéressant de distinguer les prophètes de Juda des prophètes d’Israël. En effet, après la division du royaume à la mort de Salomon, la plupart des prophètes se sont adressés aux deux tribus de Juda et de Benjamin ; un certain nombre cependant ont été suscités en Israël. Plusieurs n’ont pas laissé d’écrits, tels Élie, Élisée et d’autres ; mais l’Esprit de Dieu a voulu nous conserver le message de seize d’entre eux. Jonas, Osée, Amos étaient surtout prophètes d’Israël ; les treize autres prophètes de Juda.

3. Plusieurs prophètes ont parlé au peuple de Dieu, d’autres aux nations. Jonas et Nahum s’adressent spécialement à Ninive ; Abdias à Édom ; dans les livres d’Ésaïe, de Jérémie, d’Ézéchiel, on trouve des portions entières destinées à diverses nations. Tous les autres ont en vue essentiellement Israël.

4. Une dernière, distinction s’impose entre les prophètes selon l’époque où ils ont exercé leur ministère : en Canaan avant la captivité ; —durant la captivité ; — au retour de celle-ci.


Parmi les grands prophètes, Ésaïe et Jérémie prophétisent encore dans le pays. La terminaison de leur nom en français « …ie » correspond à « Jah », abréviation de Jéhovah. Or c’est comme l’Éternel (Jéhovah) que Dieu s’est particulièrement révélé à son peuple (Ex. 6:2 à 3), et qu’Il est en relation avec lui. Le nom de ces deux hommes en porte donc la marque. À l’opposé, Ézéchiel et Daniel comportent la terminaison « …el » : nom de Dieu souvent employé dans l’Ancien Testament sans qu’il soit question de relation particulière avec son peuple (voir la note Genèse 14:18). Le nom de ces deux serviteurs correspond donc à leur situation de « captifs » loin de Jérusalem.

Tous les autres prophètes, sauf les trois derniers, ont prophétisé en Canaan avant la captivité ; seuls Aggée, Zacharie et Malachie ont exercé leur ministère après le retour de l’exil lorsqu’un certain nombre de Juifs remontèrent avec Zorobabel, puis Esdras et ensuite Néhémie, pour reconstruire l’autel, le temple, et enfin la muraille de Jérusalem. Malachie décrit l’état du peuple un siècle après son réveil pour en souligner la déchéance.


1.2 - Portée de la prophétie

Fondamentalement la prophétie traite de la terre et du gouvernement de Dieu. C’est une erreur commise dès les premiers siècles de la chrétienté d’appliquer à l’Église les jugements et les bénédictions annoncés à Israël. L’Église n’est pas l’objet de la prophétie ; sa part n’est pas sur la terre. Pendant l’époque de la grâce, dès la venue du Saint-Esprit à la Pentecôte jusqu’au retour du Seigneur, Dieu tire des âmes individuellement d’entre les Juifs et d’entre les nations, pour en faire des pierres vivantes de sa maison, maison spirituelle dont la part est céleste.

Dans les grandes lignes, nous pouvons distinguer trois périodes principales envisagées par les prophètes.

Durant la première, Israël est encore dans son pays, l’Éternel est en relation avec lui ; il est le centre de Son gouvernement.

Mais lors des captivités successives, cette relation de l’Éternel avec Israël a été mise de côté et le pouvoir, comme en font foi les visions de Daniel, donné aux nations : à Babylone, aux Perses, à la Grèce d’Alexandre, enfin à Rome. Cette deuxième période, qui s’étend environ de l’an 600 avant Jésus Christ jusqu’à la venue en gloire du Seigneur Jésus, est appelée « le temps des nations » (Luc 21:24), pendant lequel Jérusalem est foulée aux pieds. II y a bien eu durant ce laps de temps un retour partiel des Juifs de l’exil lors de l’édit de Cyrus, roi de Perse. Ce résidu a reconstruit le temple ; le Seigneur Jésus est né au milieu de ses descendants. Il a été dispersé à nouveau lorsqu’en l’An 70, Titus prit Jérusalem. Durant ces quelques siècles, jamais les Juifs n’avaient recouvré leur liberté ; ils restaient assujettis aux nations.

Une troisième période prophétique s’ouvrira avec le retour glorieux du Seigneur Jésus du ciel pour établir son règne. Tout pouvoir lui reviendra ; Israël sera de nouveau le siège et le centre du gouvernement de Dieu sur la terre. Mais avant que puisse s’établir le règne de justice et de paix, le Messie ayant été rejeté, l’évangile n’ayant pas été écouté, la colère de Dieu viendra sur « ceux qui habitent sur la terre ».

Aucune bénédiction n’eût été possible sans la croix qui se dresse au centre de l’histoire prophétique et de l’histoire du monde : « Ne fallait-il pas que le Christ souffrît ces choses et qu’il entrât dans sa gloire ? » (Luc 24:26). Le sang de la nouvelle alliance a été versé pour plusieurs en rémission de péchés : pour nous chrétiens, mais aussi pour les croyants de tous les temps, notamment ceux qui à l’aube du règne se soumettront de cœur au Seigneur Jésus.

Cette grande vérité que le Messie devait souffrir, qu’il serait retranché et n’aurait rien (Dan. 9:26), était un mystère pour les prophètes (1 Pi. 1:10 à 12) qui rendaient « par avance témoignage des souffrances qui devaient être la part de Christ et des gloires qui suivraient ». L’immortel entretien de la route d’Emmaüs a ouvert les yeux des rachetés actuels sur l’étendue de cette double perspective — souffrances et gloires — qui remplit toutes les écritures.


1.3 - Ézéchiel, la personne du prophète

Les premiers versets de son livre nous donnent quelques renseignements sur la personnalité du prophète. Comme Jérémie, il était sacrificateur, mais étant captif en Chaldée, il ne pouvait exercer sa charge. Il habitait dans une maison (8:1), qui lui avait peut-être été donnée, près du fleuve Kebar. Il était marié, mais au cours de son ministère, sa femme mourut subitement (24:18).

Les tribus de Juda et de Benjamin n’ont pas été emmenées en captivité en une seule fois. Il y eut une première transportation, environ en 606, sous le roi Jehoïakim ; les ustensiles du temple furent emportés à Babylone (2 Chr. 36:7 ; Dan. 1:1-2). Cet événement marque le début des soixante dix ans de captivité dont parle Jérémie. Daniel fut emmené à Babylone à cette occasion.

Une seconde transportation eut lieu sous Jehoïakin, en 600 environ (2 Chr. 36:10). C’est alors qu’Ézéchiel fut emmené captif en Chaldée.

Enfin, après la destruction de la ville et du temple, tout ce qui restait d’important en Israël fut transporté, à la fin du règne de Sédécias (2 Chr. 36:18 à 20). Peu de mois après, Jérémie qui ne voulait pas abandonner quelques survivants de son peuple, les accompagnait en Égypte, où leur trace s’est perdue (Jér. 43).

Notre prophète commence son ministère cinq ans après la transportation de Jéhoïakin (Éz. 1:2) ; toutes ses prophéties sont datées en conséquence, jusqu’à la vingt-septième année de cette transportation. Pendant vingt-trois ans environ, il a prophétisé sur la terre étrangère, captif comme l’était Daniel à la même époque, comme le sera plus tard Jean exilé à Patmos (Apoc. 1:9).

N’est-il pas frappant que ce soit à ces trois hommes dans la souffrance, loin de leur pays et des leurs, que le Seigneur révèle l’avenir ? Ézéchiel souligne une parole qui a été en consolation à travers les âges à beaucoup de croyants isolés : « Bien que je les aie éloignés parmi les nations… toutefois je leur serai comme un petit sanctuaire dans les pays où ils sont venus » (Éz. 11:16). Tous nos désirs doivent tendre à résider, ou à nous rendre le premier jour de la semaine, dans une localité où se réunissent les enfants de Dieu au nom du Seigneur Jésus ; mais le Seigneur peut aussi permettre diverses circonstances amenant des dimanches solitaires : voyages, maladie, événements particuliers, service militaire, persécutions (que de croyants sont en prison aujourd’hui !) où il sera impossible de se retrouver avec d’autres frères. Que faire alors ? — Jean loin du rassemblement, fut « en Esprit dans la journée dominicale » ; ses pensées se concentraient sur les choses spirituelles et la Personne de Jésus ; comme Daniel et Ézéchiel, il trouvait dans l’exil « le petit sanctuaire » où son âme pouvait se réjouir en son Dieu ; et parce qu’il était occupé de Lui, le Seigneur lui a parlé.


1.4 - Plan du livre d’Ézéchiel

1.4.1 - Première partie : Ch. 1 à 24: Avant la prise de Jérusalem


1.4.2 - Deuxième partie : Ch. 25 à 32: Prophétie contre 7 nations


1.4.3 - Troisième partie : Ch. 33 à 39: Après la ruine de Jérusalem La restauration spirituelle et nationale d’Israël


1.4.4 - Quatrième partie : Ch. 40 à 48: Israël dans sa terre pendant le règne


* Les chapitres ainsi notés sont plus spécialement considérés dans cette brochure.


2 - Vision et vocation (Éz. 1 à 3)

Nous avons considéré dans le chapitre précédent le cadre et l’époque où vivait Ézéchiel. Voyons maintenant comment il est devenu prophète.

Comme pour tant d’autres, il a fallu un contact personnel direct avec le Seigneur pour qu’il fût appelé à l’œuvre à laquelle Dieu le destinait. Avant d’écrire aux sept assemblées et de nous faire part des « choses qui doivent arriver après celles-ci », Jean à Patmos voit le Seigneur comme Juge. L’année de la mort du roi Ozias, le jeune Ésaïe entre dans le temple et voit le Seigneur sur son trône haut et élevé. Moïse a la vision du buisson ardent. Pendant la nuit, Samuel entend la voix de l’Éternel. Paul est terrassé au chemin de Damas ; et Pierre, devant la pêche miraculeuse, se jette aux pieds de Jésus disant : « Retire-toi de moi, car je suis un homme pécheur ».

Dans l’appel d’Ézéchiel, nous distinguons trois modes successifs :


Alors seulement le Seigneur peut dire : « Va », et l’établir comme sentinelle pour la maison d’Israël.


2.1 - Le voir (Éz. 1)

Quelle fut la vision d’Ézéchiel ? « C’était là l’aspect de la ressemblance de la gloire de l’Éternel ». Vision magnifique, étrange et qu’il est bien difficile de décrire. Cela est voulu sans doute, car alors la gloire de Dieu n’était pas manifestée comme elle le sera dans la personne de Christ (2 Cor. 4:6).

L’ensemble représente approximativement un chariot fantastique, dont les roues sont sur la terre ; au-dessus d’elles se tiennent les quatre êtres animés dont les ailes s’élèvent vers l’étendue ; celle-ci, « comme l’apparence d’un cristal terrible étendu sur leurs têtes » sépare ce qui est au-dessous de ce qui est au-dessus. Là-haut le prophète entrevoit, « la ressemblance d’un trône » où est assis un homme qui ne peut être décrit autrement que « comme l’aspect du feu et une splendeur tout autour ». C’est ce que l’on a appelé le char du gouvernement de Dieu.

Dans les grandes lignes, les versets 4 à 14 nous présentent les chérubins ; les versets 15 à 21 les roues ; les versets 22 à 25 l’étendue et ce qui était au-dessous d’elle ; les versets 26 à 27 ce qui était au-dessus de l’étendue : le trône, et « l’aspect d’un homme dessus, en haut ».

L’Esprit animait le tout ; les roues ne pouvaient se mouvoir que conduites par l’esprit de l’animal ; celui qui était assis sur le trône dirigeait l’ensemble. Autrement dit, sur la terre, on voit les roues, ce gouvernement de Dieu si souvent étrange, incompréhensible ; mais tout est conduit d’en haut. Ce qui arrivait à Israël et au monde, du temps d’Ézéchiel et du nôtre, n’était pas l’effet des circonstances ou des plans de Nebucadnetsar, mais tout dépendait de la volonté et du propos de celui qui, assis sur le trône, jugeait en justice (J. N. D. Ézéchiel, p. 148). Telle était la grande leçon que le jeune prophète devait apprendre avant de s’engager dans le ministère.


2.1.1 - Les chérubins

Gardiens et défenseurs de la sainteté de Dieu, exécuteurs de son jugement, les chérubins (Éz. 10:20) apparaissent pour la première fois à l’entrée d’Éden, lorsque l’homme en fut chassé (Ge. 3:24). Ils maniaient la lame de l’épée qui tournait çà et là pour garder le chemin de l’arbre de vie. — Sur l’arche, deux chérubins étendaient leurs ailes, leurs faces tournées vers le propitiatoire. Que voyaient-ils sur ce couvercle de l’arche ? Le sang que le souverain sacrificateur y avait placé le jour des propitiations. Ainsi le jugement de Dieu qui était déjà tombé sur une victime pure et sans tache, ne s’exécuterait pas de nouveau, par le moyen des chérubins, sur le peuple coupable. — Sur le voile qui faisait séparation entre le lieu saint et le lieu très saint, des chérubins étaient brodés, soulignant que l’accès du sanctuaire restait fermé. Il n’y en avait par contre aucun sur le rideau d’entrée du parvis. La porte large en était ouverte à tout Israélite qui s’approchait de l’autel d’airain avec un sacrifice. — Dans le temple de Salomon se dressaient deux chérubins (1 Rois 6:23 à 28 ; 2 Chr. 3:13), leur face tournée vers l’entrée de la maison, comme pour accueillir dans le royaume de paix et de justice, ceux qui voulaient s’approcher. — En Apocalypse 4 et 5, nous les retrouvons enfin sous la forme des quatre animaux entourant le trône.

Leurs différentes faces — lion, bœuf, homme, aigle (cf. Ap. 4:7) — nous parlent des divers aspects du jugement de Dieu. Autre point caractéristique : ils étaient pleins d’yeux (Éz. 10:12) : le gouvernement de Dieu n’est pas aveugle ; Il prend connaissance de tout et discerne tout. Telle est sa Parole (Héb. 4:12) ; tel est le Seigneur lui-même au premier chapitre de l’Apocalypse, les yeux brillants comme une flamme de feu.


2.1.2 - Les roues (v.15 à 21)

Elles constituent la partie inférieure du chariot, celle qui se meut sur la terre. Elles aussi sont pleines d’yeux (v. 18) ; rien dans le gouvernement de Dieu n’arrive au hasard ; tout était animé par l’esprit de l’animal qui était dans les roues, (v. 20) mu lui-même par l’Esprit (v. 12).


2.1.3 - L’étendue et le trône (v. 22 à 28)

Au-dessus des têtes et des ailes des animaux, il y avait une étendue « comme l’apparence d’un cristal », séparant en quelque sorte le chariot sur la terre du trône dans le ciel.

Les visions d’Ézéchiel et de Jean dans l’Apocalypse se recouvrent dans une mesure quant aux quatre animaux, mais combien elles diffèrent quant au trône et à Celui qui était assis dessus. Ézéchiel ne voit que la ressemblance d’un trône et « l’aspect d’un homme dessus, comme l’aspect du feu et une splendeur tout autour ». La gloire de Dieu n’était pas encore révélée. Dans Exode 24:10, lorsque les anciens montèrent au Sinaï avec Moïse, « ils virent le Dieu d’Israël », c’est-à-dire seulement « sous Ses pieds comme un ouvrage de saphir, transparent, et comme le ciel même en pureté ». Notre prophète n’en voit pas beaucoup plus, quoiqu’il discerne l’aspect d’un homme sur le trône. Combien plus merveilleuse est la vision de Jean : « Au milieu du trône et des quatre animaux, et au milieu des anciens, un agneau se tenait là comme immolé… ». Entre la vision d’Ézéchiel et celle de l’apôtre, Dieu a été manifesté en chair. L’Agneau de Dieu a été vu sur les bords du Jourdain ; à la croix, Il a ôté le péché du monde ; le voile a été déchiré et la lumière de la gloire de Dieu a resplendi dans la face de Christ (2 Cor. 4:5) (Cantique 25, v. 1 à 2). Les rachetés sous la forme des anciens sont entrés dans la gloire. Et là ils adorent, ils chantent le cantique nouveau. Sans Agneau, pas d’anciens ; sans les anciens, pas de cantique, car seuls les rachetés chantent.

Pourtant la vision d’Ézéchiel ne se termine pas sur le seul aspect du feu et de la splendeur de la gloire. Il voit encore « l’arc qui est dans la nuée en un jour de pluie » (Apoc. 4:3), cet arc-en-ciel apparu à l’issue du déluge comme signe que Dieu ne détruirait plus la terre par les eaux. Preuve évidente de la grâce qui se déploierait si magnifiquement, quand l’accomplissement des temps serait venu.

Que pouvait faire le prophète devant une telle révélation, sinon tomber sur sa face comme tant d’autres l’ont fait : Moïse ou Pierre, Jean dans l’Apocalypse, Saul de Tarse au chemin de Damas ?


2.2 - L’entendre (Éz. 2)

Avant d’être envoyé, il fallait écouter : « Je parlerai avec toi ». Impossible d’apporter à d’autres les paroles du Seigneur sans l’avoir entendu soi-même. « Écoute ce que je te dis, ne sois pas rebelle ». Ceux auxquels Ézéchiel s’adressera, souvent ne l’écouteront pas ; mais « soit qu’ils écoutent, soit qu’ils n’en fassent rien », il devra délivrer son message. Le semeur sort pour semer ; il sait que des grains tomberont dans la rocaille, dans les épines ou le long du chemin et ne porteront pas de fruits ; mais il sème quand même. Ne pas se laisser décourager si partie des traités distribués sont déchirés ou jetés, ou si, parmi ceux pour lesquels on s’est dépensé, quelques-uns se détournent et refusent le Seigneur. « Tu leur parleras avec mes paroles », non pas selon tes propres pensées ou ce qui te paraîtra bien, mais selon que tu l’auras d’abord entendu de moi.


2.3 - Être nourri (Éz. 3)

Écouter ne suffit pas ; il faut « manger ». Jérémie le dit : « Tes paroles se sont-elles trouvées, je les ai mangées » (Jér. 15:16). Appelé à conduire le peuple à la conquête de Canaan, Josué devait méditer le livre de la loi jour et nuit. Ce que nous mangeons forme notre organisme ; spirituellement parlant, notre personnalité intérieure sera conforme à ce qui a nourri notre esprit et notre âme, d’où la grande importance de donner à la Parole de Dieu la première place. Pas seulement lire trop vite un verset, ou écouter ce qu’ont dit les parents, les moniteurs, ou ce qui a été présenté à la réunion ; mais pour soi-même se nourrir de la Parole, la laisser former et corriger nos pensées, nos conceptions, notre manière de voir. Bien des serviteurs du Seigneur ont eu dans leur vie, en général dans leur jeunesse, une période où ils ont concentré toute leur lecture sur la Parole de Dieu, pendant six mois, un an, trois ans peut-être. C’est la base d’un service solide.

Il est doux de se nourrir de la Parole : « Il fut dans ma bouche doux comme du miel ». Jérémie le dit : « Tes paroles ont été pour moi l’allégresse et la joie de mon cœur ». Jean en fait l’expérience en Apocalypse 10 lorsqu’il mange le petit livre ; mais ensuite vient l’amertume en songeant aux jugements qui vont fondre sur ceux qui refusent cette Parole.

Reçois-les « dans ton cœur » répète le Seigneur à Ézéchiel, soulignant qu’il n’y a pas d’autre moyen d’être qualifié pour parler aux autres.


2.4 - « Va » — La sentinelle (Éz. 3:16 à 21)

Il ne convenait pas qu’Ézéchiel parlât immédiatement de la vision. Pendant sept jours, il s’assied stupéfait (3:15), méditant sur ce qu’il avait vu et entendu. Paul à Damas sera trois jours aveugle, sans manger et sans boire. On ne se hâte pas de raconter les expériences profondes faites avec le Seigneur. Puis il fallait que le prophète se mît au niveau des fils de son peuple : « Là où ils étaient assis (pas au-dessus d’eux), je m’assis » (v. 15).

Au bout de sept jours, la parole de l’Éternel vient à lui pour dire cette fois-ci : « Je t’ai établi sentinelle ». Sentinelle tenue d’avertir le méchant pour qu’il se détourne de sa voie, ou le juste qui s’est écarté. S’ils écoutent, que de joie ; s’ils refusent, la responsabilité du serviteur est dégagée ; mais s’il n’a pas averti, le méchant mourra dans son iniquité, le juste dans son péché… quelle responsabilité demeure alors sur la tête du serviteur !


2.5 - « L’Esprit entra en moi »

Au chapitre 2:2, et au chapitre 3:24, la même expression est répétée. Dans l’Ancien Testament, l’Esprit n’était donné que par intermittence ; il n’habitait pas dans le croyant comme aujourd’hui ; toutefois, sans l’Esprit de Dieu, on ne pouvait ni écouter (2), ni parler (3). « Ni par force, ni par puissance, mais par mon Esprit », dira l’Éternel à Zorobabel (Zach. 4:6). Seul l’Esprit de Dieu peut appliquer la parole à nos consciences et à nos cœurs. Et seul il donnera la puissance à la présentation de cette parole, que ce soit dans un entretien privé, avec des enfants, ou dans l’assemblée ; à nous de veiller à ne pas obstruer le canal qui doit amener l’eau vive à ceux qui ont soif. Si nous nous sommes vraiment jugés devant Dieu et avons confessé au Seigneur nos fautes, l’Esprit sera libre pour agir, conduire dans la vérité et rendre témoignage. N’oublions jamais l’affirmation du Seigneur Jésus :

« Séparés de moi, vous ne pouvez rien faire » (Jean 15:5).


3 - La gloire s’en va (Éz. 8 à 11)

La sixième année de la transportation, soit environ un an après la première vision, une nouvelle révélation est faite à Ézéchiel. La gloire de l’Éternel, apparue au prophète en Chaldée, était de fait toujours dans le temple de Jérusalem (8:4) ; elle va le quitter. Quelles en sont les raisons et comment cela s’effectue-t-il ?


3.1 - Pourquoi la gloire s’en ira-t-elle ? (Éz. 8)

Ézéchiel, emmené « dans les visions de Dieu » à Jérusalem, découvre ce que l’Éternel y voyait, même si les hommes faisaient tout pour le cacher.

Cinq raisons successives nous sont données pour le jugement qui va fondre sur la ville sainte :

À l’entrée de la porte intérieure, vers le Nord, se trouvait « l’idole de jalousie, qui provoque à la jalousie ». Et là-même était la gloire du Dieu d’Israël ! Cette idole, introduite dans le temple par Manassé, (2 Chr. 33:7) avait été enlevée par le roi lorsqu’il s’était repenti (v. 15), mais sans doute réinstallée plus tard. Manifestation publique de l’idolâtrie en Israël, dont le cœur s’était détourné de l’Éternel.

Mais il y avait pire. Perçant un trou dans le mur du temple et ouvrant une porte secrète, le prophète pénètre dans un cabinet d’images dont les murs portaient « toutes sortes de figures de reptiles et de bêtes exécrables ». Si le culte de Baal et d’Astarté était venu de Syrie, celui-ci venait d’Égypte. Il était pratiqué par soixante-dix d’entre les anciens, rappelant le nombre de ceux qui avaient contemplé avec Moïse la gloire du Dieu d’Israël (Ex. 24:9). Au milieu d’eux se trouvait « le fils de Shaphan », ce Shaphan qui avec Hilkija avait retrouvé le livre de la loi du temps de Josias (2 Chr. 34:15). Avec quelle joie le père l’avait lu aux oreilles du roi … et maintenant, dans les ténèbres, le fils faisait monter une épaisse nuée d’encens aux idoles corrompues des païens ! Ces gens disaient : « L’Éternel ne nous voit pas », ignorant les chérubins et les roues, pleins d’yeux.

À la porte de la maison de l’Éternel, un autre culte, phénicien celui-là, s’était installé ; celui de Thammuz, l’Adonis des Grecs, culte corrompu s’il en fut !

Enfin, à l’entrée du temple de l’Éternel, entre le portique et l’autel, vingt-cinq hommes, le dos tourné vers le temple et leurs faces vers l’Orient, se prosternaient devant le soleil ! Culte venu de la région qui deviendra la Perse, l’adoration du soleil s’était aussi introduite à Jérusalem. Qui la pratiquait, sinon les vingt-quatre sacrificateurs, un pour chaque classe, souverain sacrificateur à leur tête, vingt-cinq hommes qui tournaient le dos au temple et se prosternaient devant le créé.

Une cinquième raison est invoquée au verset 17 : « Ils remplissent le pays de violence ». La violence et la corruption, depuis l’époque de Noé, avaient rempli la terre.

Nous étonnerons-nous outre mesure de la décadence d’Israël ? Et qu’en est-il de trop de jeunes parmi nous ? On a joui des privilèges chrétiens, au foyer, dans le rassemblement, dans la maison de Dieu ; mais le cœur n’a pas été changé, la nouvelle naissance n’a pas eu lieu, on s’est contenté d’une connaissance intellectuelle de la vérité. Et voici qu’une idole s’introduit dans la vie : une affection contraire aux pensées de Dieu, une théorie philosophique ou religieuse, une amitié déplacée ou tant d’autres choses. Ceux qui nous observent s’en rendent plus ou moins compte ; quoi qu’il en soit, la place du Seigneur est prise, et petit à petit, le cœur s’éloigne de lui.

Mais il y a pire. Dans ce cœur qui ne Lui donne plus la première place, que de pensées impures ! Non seulement celles qui surgissent occasionnellement dans l’esprit et qu’il faut se hâter de repousser en se concentrant sur autre chose ; (Phil. 4:8-10) mais celles que l’on caresse, que l’on aime, que l’on tourne et retourne. Personne ne le sait, personne ne le voit ; tout a lieu dans le secret et dans l’obscurité. Inconsciemment, on répète : « L’Éternel ne nous voit pas ». Et dans la chambre secrète de l’âme, dans les ténèbres, l’imagination corrompue travaille « et voici toutes sortes de figures… tracées sur le mur, tout autour » !

La corruption ne reste pas intérieure ; elle se traduit ensuite en actes et l’on peut tomber très bas, sans même s’en être rendu compte. Ne disons pas que ces choses n’arrivent pas ou sont très rares ; si chacun ne veille pas sur son propre cœur, il peut, dans une mesure plus ou moins grande, se laisser entraîner dans cette même voie.

Que dire aussi de la « violence » qui si souvent se fait jour. Pourtant que d’avertissements dans les épîtres : les œuvres de la chair sont les inimitiés, les querelles, les jalousies, les colères, les intrigues… Renoncez à toutes ces choses : colère, courroux, malice, injures, paroles honteuses venant de votre bouche. Si nous n’y prenons garde, de tels errements se manifestent même entre croyants.

Faut-il s’étonner alors, surtout quand il n’y a jamais eu la vie de Dieu, que l’intérêt pour les choses d’en haut se refroidisse, s’estompe ? Et dans le cœur où Christ n’a jamais été reçu, n’y a-t-il pas ce qui correspond au départ de la gloire ? On devient indifférent ou opposé. Dans sa grâce, Dieu intervient pour appeler encore au repentir, ramener celui qui s’est égaré, mais répond-on toujours ?


3.2 - Un résidu (Ez. 9)

À Jérusalem tous ne participaient pas à la corruption ambiante. Certains s’humiliaient de cet état de choses, et gémissaient à cause de toutes les abominations qui se commettaient dans la ville. Allaient-ils être détruits comme les autres ? C’est le problème auquel répond le chapitre 9.

Dans la vision, Ézéchiel voit six hommes armés s’approcher de la ville par le Nord, chacun avec son instrument de destruction dans sa main. Tout va être détruit. Mais, grâce immense de Dieu, « il y avait au milieu d’eux un homme vêtu de lin, avec un encrier d’écrivain à ses reins ». Figure bien précise du Seigneur Jésus, un tel homme va marquer au front d’une lettre T (forme primitive de la croix !) tous ceux qui soupirent et gémissent à cause du mal qui les entoure. Après lui seulement, les six hommes armés exécuteront le jugement, n’épargnant personne : vieillards, jeunes hommes, vierges, petits enfants, femmes ; mais ils n’approcheront d’aucun de ceux qui portent la marque.

Dans la vision, le jugement s’exécute ; il commence par les anciens qui étaient devant la maison, dans le sanctuaire (1 Pi. 4:17) ; mais le résidu est épargné.

Le principe du « résidu » se retrouve maintes fois dans la Parole de Dieu. Déjà lors du veau d’or, « tous ceux qui cherchaient l’Éternel sortirent vers la tente d’assignation qui était hors du camp » (Ex. 33:7). La majorité du peuple restait chacun à l’entrée de sa tente et suivait des yeux ceux qui se rendaient au lieu où se trouvait la gloire de l’Éternel : résidu fidèle sortant « vers Lui hors du camp » (cf. Héb. 13:13). — Malachie nous décrit l’état dans lequel était tombé le peuple remonté de la captivité ; mais au milieu d’eux, il distingue « ceux qui craignent l’Éternel, qui ont parlé l’un à l’autre, et l’Éternel a été attentif… Ils seront à moi, mon trésor particulier… Je les épargnerai comme un homme épargne son fils qui le sert » (Mal. 3:16 à 17). Quelques-uns, malgré tout le mal qui les entourait, s’encourageaient mutuellement et parlaient du Seigneur, comme le feront quelques siècles plus tard un Zacharie et une Élisabeth, une Anne, un Siméon, quand Jésus viendra sur la terre. — À travers l’histoire de l’Église, nous voyons dans les quatre dernières épitres d’Apocalypse 2 et 3, que lorsque l’ensemble s’est détourné, quelques-uns restent fidèles : les « autres qui sont à Thyatire », les « quelques noms » de Sardes, celui qui ouvre la porte au Seigneur à Laodicée, et enfin le résidu collectif de Philadelphie. — Tel est aussi l’enseignement de 2 Timothée 2, lorsque la maison de Dieu responsable sur la terre est devenue une grande maison contenant des vases à honneur et des vases à déshonneur ; pour être un vase à honneur sanctifié, utile au Maître, il faut se purifier de ceux qui se détournent, et, avec ceux qui invoquent le Seigneur d’un cœur pur, s’attacher à Lui qui reste le centre de rassemblement, même de deux ou trois.


3.3 - La gloire s’en va

Ézéchiel 8:4 nous dit : « Voici était la gloire du Dieu d’Israël ». Aux plus beaux jours de Salomon (2 Chr. 5:14), cette nuée avait rempli le temple lors de son inauguration. Malgré le déclin du grand roi, malgré l’idolâtrie d’Achab, de Jézabel et d’Athalie, malgré les péchés terribles de Manassé, la présence de Dieu était restée là ; maintenant la coupe était comble et lentement la gloire allait se retirer.

Aux chapitres 9:3, et 10:4, s’élevant de dessus le chérubin du sanctuaire, elle vient sur le seuil de la maison. Puis, au chapitre 10:18, elle sort de dessus le seuil et s’arrête à l’entrée de la porte orientale. Mais là encore, tout était iniquité et mal (11:2) : les princes du peuple donnaient de mauvais conseils et cherchaient le secours loin de Dieu. La gloire ne peut rester, même sur le seuil. Au chapitre 11:23, elle monte du milieu de la ville et s’en va sur la montagne à l’Orient, la montagne des Oliviers.

Dans la Personne du Seigneur Jésus, la gloire reviendra un jour à Jérusalem. La foule l’acclamera : « Hosanna au Fils de David. Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ». On coupera les rameaux des arbres, on étendra les vêtements sur le chemin, mais que fera Jésus ? « Et quand il fut proche, voyant la ville, il pleura sur elle, disant : Si tu eusses connu, toi aussi, au moins en cette tienne journée, les choses qui appartiennent à ta paix ! mais maintenant elles sont cachées devant tes yeux » (Luc 19:42).

Il était le resplendissement de la gloire de Dieu et l’empreinte de sa substance ; mais quand il est entré dans Sa maison, dans le temple-même, « après avoir promené ses regards de tous côtés, sur tout, comme le soir était déjà venu, il sortit » (Marc 11:11). Aucun cœur n’était disposé à le recevoir, aucune maison ne voulait l’accueillir. À Béthanie, il s’en va vers le « petit résidu » derrière la montagne des Oliviers, où quelques cœurs l’aiment. Du même lieu, il s’élèvera dans le ciel après avoir béni ses disciples. Sur la même montagne, il reviendra au jour de son triomphe (Zach. 14:4) ; et la gloire longtemps absente, retournera dans le temple nouveau (Éz. 43:1-6).


3.4 - Destruction de Jérusalem

La neuvième année de la transportation, au dixième mois, l’Éternel avertit Ézéchiel qu’en ce propre jour le roi de Babylone s’approche de Jérusalem (24:2). Le prophète transmet la nouvelle au peuple, sans grand succès. Pour faire plus d’impression à ceux qui l’entouraient, l’Éternel l’avertit que sa femme va mourir ; il ne devra pas la pleurer. Le peuple s’en étonne et le prophète de leur expliquer que, si selon le commandement de l’Éternel, il ne pleure pas sa femme, eux de même ne pourront pas mener deuil sur ce qui était encore « l’orgueil de leur force, le désir de leurs yeux et l’affection de leur âme », ce temple de Jérusalem dont ils étaient si fiers. Ils ne reverraient pas non plus leurs fils et leurs filles laissés en arrière au pays ; les enfants seraient massacrés et leurs parents ne pourraient les pleurer ; ils se consumeraient dans leurs iniquités et gémiraient l’un vis-à-vis de l’autre.

Trois ans plus tard, un réchappé de Jérusalem vient vers le prophète (chap. 33:21), la douzième année de la transportation, et lui annonce : « La ville est frappée ». C’était fini. Le jugement annoncé d’une façon si vive six ans auparavant était exécuté. Le temple était détruit, la ville brûlée et les murailles abattues.

Reprenant l’application faite tout à l’heure aux jeunes parmi nous, n’est-il pas douloureux de penser au sort de ceux qui après avoir beaucoup reçu, se sont détournés, ont abandonné le chemin du Seigneur et sur lesquels, s’ils ne se repentent pas, le châtiment viendra. La gloire s’en va ; Dieu attend encore ; Il frappe, Il appelle. Mais si l’on s’obstine à refuser, si l’on ne veut pas venir à Christ pour avoir la vie, il ne reste plus que la mort et… « après la mort le jugement ». Nous en avons vécu de tragiques exemples.


4 - Le roi de Tyr (Éz. 28)

La deuxième partie d’Ézéchiel (25 à 32) s’adresse aux nations. Successivement le prophète annonce le jugement de Dieu à sept peuples différents : Ammon (25:1 à 7), Moab (v. 8 à 11), Édom (v. 12 à 14), Philistins (v. 15 à 17). Puis il se tourne vers Tyr dans les chapitres 26 à 28:19, et ajoute quelques mots à l’adresse de Sidon (28:20 à 24). Quatre chapitres contre l’Égypte (29 à 32) viennent clore cette portion.

La prophétie se termine par ce que l’on appelle « Le chant des morts » (32:17 à 32), une complainte (v. 16) pleine de grandeur, qu’il vaut la peine de lire à haute voix, décrivant l’anéantissement de tous ceux qui, au cours des âges, se sont élevés contre le peuple de Dieu.


4.1 - Le roi de Tyr (Éz. 28:11 à 19)

Sous les traits du roi de Tyr, comme Ésaïe sous ceux du roi de Babylone (14:12 à 17), Ézéchiel nous parle de Satan, de son origine et de sa chute. Rien d’étonnant à ce qu’un roi païen soit un type du diable, comme bien d’autres rois sont des types de Christ, tels David ou Salomon.


4.2 - Qui était Satan ?

Ézéchiel le présente dans tous ses privilèges, « la forme accomplie de la perfection ». Intérieurement plein de sagesse, extérieurement parfait en beauté (v. 12). Dès le jour où il fut créé, tous les avantages qui peuvent être représentés par les pierres précieuses étaient préparés en sa faveur : il ne les a pas acquis ; il avait une position supérieure, « chérubin oint, qui couvrait », sans doute au-dessus de ces anges parmi les plus importants, ceux dont Ézéchiel avait eu la vision au début de son livre ; une créature des plus élevée, mais une créature quand même (v. 13, 15). Ésaïe l’appelle « astre brillant, fils de l’aurore ».


4.3 - Sa faute

Comment un être si parfait et si haut placé est-il tombé ? Non par la convoitise ou par un agent extérieur, mais à un moment donné « l’iniquité s’est trouvée en lui ». Pourquoi donc ? Par orgueil. Les privilèges reçus, la beauté, la sagesse, la splendeur (v. 17) l’ont amené à s’élever dans ses pensées et à vouloir s’adjuger une place que Dieu ne lui avait pas donnée. Ésaïe le précise ainsi : « Tu as dit dans ton cœur : je monterai au ciel, j’élèverai mon trône au-dessus des étoiles de Dieu (les anges), et je m’assiérai sur la montagne de l’assignation, au fond du nord. Je monterai sur les hauteurs des nues, je serai semblable au Très-Haut » (És. 14:13 à 14). Comme le relève l’apôtre en 1 Tim. 3:6, la faute du diable fut d’être « enflé d’orgueil ». Il s’éleva dans son cœur jusqu’à vouloir être semblable à Dieu.

Quel contraste avec le chemin du Seigneur Jésus : « Étant en forme de Dieu, il n’a pas regardé comme un objet à ravir d’être égal à Dieu, mais s’est anéanti lui-même, prenant la forme d’esclave, étant fait à la ressemblance des hommes ; et, étant trouvé en figure comme un homme, il s’est abaissé lui-même, étant devenu obéissant jusqu’à la mort et à la mort de la croix » (Phil. 2:6 à 8).


4.4 - Son jugement

Devant une telle iniquité, Dieu prononce son jugement : « Je t’ai précipité de la montagne de Dieu comme une chose profane, et je t’ai détruit du milieu des pierres de feu, ô chérubin qui couvrais… je t’ai jeté à terre… tu es devenu une terreur, et tu ne seras plus jamais ». Ésaïe précise encore : « Tu es tombé des cieux… tu es abattu jusqu’à terre… on t’a fait descendre dans le schéol, au fond de la fosse » (És. 14:12 à 15). Mais ce jugement jusqu’à aujourd’hui n’a été que partiellement exécuté. Satan a toujours accès dans la présence de Dieu, comme en témoignent Job 1:6, et Apocalypse 12:10, où il s’emploie à accuser les frères ; son habitation est encore les lieux célestes (Éph. 6:12). Son pouvoir aussi reste grand sur la terre et dans le monde dont il est le chef.


4.5 - La victoire de Christ

Tout l’effort de Satan, depuis sa chute, a été d’entraîner d’autres créatures avec lui. Tout d’abord une partie des anges au sujet desquels la Parole donne fort peu de détails, puis l’homme en Éden, et toute la race humaine. Par la convoitise des yeux, la convoitise de la chair et l’orgueil de la vie, il fait tomber les hommes dans le péché et attire sur eux le jugement de Dieu. Comment la justice divine pourra-t-elle jamais recevoir de tels pécheurs ? Simplement leur pardonner leurs fautes ne serait plus la justice. Il faut donc qu’un autre, quelqu’un de parfait et sans péché, se présente pour subir à la place des coupables le châtiment qu’ils méritent. Tel a été le Seigneur Jésus.

En Genèse 3:15, il avait été annoncé que la semence de la femme briserait la tête du serpent. Hébreux 2:14, précise que « puisque les enfants ont eu part au sang et à la chair, Lui aussi semblablement y a participé ». Pour être notre Sauveur, il fallait qu’il devînt homme, semence de la femme. Satan va s’employer à le faire tomber et à le rendre impropre à accomplir Son œuvre. Il fera massacrer les enfants de Bethléem, cherchant là et ailleurs à le faire périr. Il le tentera dans le désert, sur le faîte du temple, sur la montagne ; à Gethsémané il agitera devant lui toute l’horreur de la mort sur la croix ; mais à la fin de sa course, le Seigneur Jésus pouvait dire : « Le chef du monde vient, et il n’a rien en moi » (Jean 14:30). Tel l’agneau de Pâque, il était manifesté parfait et pouvait s’offrir en sacrifice, sans défaut, Lui le juste pour les injustes afin qu’il nous amenât à Dieu (1 Pi. 3:18). Ayant expié nos péchés, il est entré dans la mort ; mais Dieu l’a ressuscité et lui a donné la gloire. Par la mort, il a « rendu impuissant celui qui avait le pouvoir de la mort ». Il « emmène captive la captivité », et arrache à la puissance du diable tous ceux qui mettent en Lui leur confiance : « Il délivre tous ceux qui, par la crainte de la mort, étaient, pendant toute leur vie, assujettis à la servitude » (Hébr. 2:15).


4.6 - Actuellement

Le jugement a été prononcé sur Satan, mais seulement partiellement exécuté. Il est aujourd’hui le chef de ce monde (Jean 14:30 ; 16:11), le chef de l’autorité de l’air (Éph. 2:2), le dieu de ce siècle (2 Cor. 4:4). Devant Dieu, il accuse les frères ; dans le monde, il tente les hommes et les aveugle.

Les résultats de la victoire de Christ ne sont pas encore tous manifestés. Ceux qui croient en lui sont sauvés quant à leurs âmes et possèdent dès maintenant la vie éternelle, mais leurs corps restent soumis à toutes les conséquences du péché. La chair est encore en nous et « nous manquons tous à plusieurs égards ». Christ n’est pas reconnu dans le monde, il demeure le méprisé et le rejeté. Il achèvera sa victoire en venant enlever les siens, établir son règne ; puis il introduira les nouveaux cieux et la nouvelle terre.

En attendant, quel est le chemin du croyant ? Il n’y a qu’un moyen pour avoir la victoire pratique sur le monde et son chef : la foi : « Tout ce qui est né de Dieu est victorieux du monde ; c’est ici la victoire qui a vaincu le monde, savoir notre foi. Qui est celui qui est victorieux du monde, sinon celui qui croit que Jésus est le Fils de Dieu ? » (1 Jean 5:4-5). La foi qui reçoit Christ (Jean 1:12) fait devenir enfant de Dieu. Possédant alors une vie nouvelle, le croyant a ses vrais intérêts autre part que dans le monde ; la foi l’élève au-dessus de la scène ambiante et donne à ses affections et à ses espérances un meilleur objet. Il ne s’agit pas de lutter contre le monde ou de l’améliorer, de le réformer ; mais d’avoir sa part ailleurs, étant déjà maintenant, par la foi, morts et ressuscités avec Christ (Col. 2:20 à 3:4).

Que fait l’ennemi actuellement ? Sachant que les âmes lui échappent lorsqu’elles entrent en contact avec la Parole de Dieu et la reçoivent par la foi, tous ses efforts tendent à aveugler les hommes quant à cette Parole. Il a cherché à détruire la Bible par la violence, à la mutiler par le rationalisme, à l’édulcorer par la psychologie et d’autres moyens. « La semence est la parole de Dieu » ; reçue dans un cœur, elle produit la vie ; mais avant qu’elle ait pu prendre racine « vient le diable et il ôte de leur cœur la parole, de peur qu’en croyant, ils ne soient sauvés » (Luc 8:12). Ou si la Parole a commencé à déployer quelques effets, il fait en sorte qu’il y ait de la rocaille et qu’elle ne puisse se fixer dans l’âme, ou bien les épines croissent et l’étouffent. « Notre évangile est voilé… en ceux qui périssent, en lesquels le dieu de ce siècle a aveuglé les pensées des incrédules, pour que la lumière de l’évangile de la gloire du Christ… ne resplendît pas pour eux » (2 Cor. 4:4).

Satan laissera les hommes arranger leur vie à leur guise, à se plaire dans le monde, pourvu qu’ils soient aveuglés quant à l’évangile. Il laissera même les croyants s’organiser religieusement, avoir des cérémonies et des rites, ou, au contraire, les poussera à trouver leurs jouissances avec le monde, pourvu qu’ils ne donnent pas à la Parole de Dieu la place qui lui revient. Que d’obstacles ne mettra-t-il pas pour entraver la présentation de l’évangile ou l’enseignement de la Parole dans tous les milieux (Marc 10:13-14 !). Que de luttes à travers les âges, pour que la Bible soit mise entre toutes les mains et que l’on puisse librement s’en entretenir en tous lieux, en tous temps, en toutes circonstances ! (cf. 2 Tim. 4:2).


4.7 - Le jugement sera exécuté

Romains 16:20 annonce que « le Dieu de paix brisera bientôt Satan sous vos pieds ». Apocalypse 12 montre comment le diable sera précipité du ciel. Sur la terre, d’autant plus en fureur qu’il a peu de temps, il donnera sa puissance à la bête (Apoc. 13) pour une période que Dieu a voulu limiter à trois ans et demi. À l’issue de ce temps terrible, il sera pour mille ans lié dans l’abîme (Apoc. 20:2). À la fin du Règne, délié de sa prison, il égarera les nations pour les assembler contre les saints (v. 7-9) ; après la destruction des rebelles, « le diable qui les avait égarés fut jeté dans l’étang de feu et de soufre, où sont et la bête et le faux prophète ; et ils seront tourmentés, jour et nuit, aux siècles des siècles » (v. 10). Ainsi s’accomplira la parole d’Ézéchiel : « Tu ne seras plus », non pas que l’existence de Satan cesse, mais tout son pouvoir, toute son influence arrivent à néant.


5 - La restauration spirituelle d’Israël (Éz. 34 et 36)

Nous avons vu au chapitre 33 l’annonce que la ville était frappée. Le temple était détruit, Jérusalem saccagée, la muraille démolie. Quel espoir restait-il à Israël ? Même les quelques survivants étaient dans un mauvais état d’esprit, comme en témoigne Jérémie. Et pourtant l’Éternel a voulu, par le moyen de ses prophètes, donner à son peuple « un avenir et une espérance ».

Dans cette troisième partie de son livre (33 à 39), Ézéchiel nous parle du nouveau berger (34), du nouveau cœur (36) et du nouveau peuple (37). Après une longue période de dispersion, l’Éternel interviendrait en faveur d’Israël pour les ramener dans leur terre, non sans les faire passer par des expériences spirituelles profondes.


5.1 - Le nouveau berger (Éz. 34:11 à 16:23 à 24)

Ézéchiel nous présente cette restauration future comme étant entièrement l’œuvre de Dieu : « Me voici, moi… » ; nous pouvons compter combien de fois le « je » revient dans ces versets (11 à 16). C’est lui qui recherchera ses brebis, en prendra soin, les rassemblera, les paîtra et les fera reposer. David avait parlé des soins individuels du berger (Ps. 23) ; il appartenait au Seigneur Jésus de se présenter lui-même comme le bon berger, sous bien des caractères qui n’étaient pas encore révélés à notre prophète. Une fois de plus ressort le parallélisme entre ses écrits et ceux de Jean. Dans les versets 11 à 18, 29 à 30 du chapitre 10 de son évangile, l’apôtre relève entre autres cinq choses que nous ne trouvons pas dans Ézéchiel.

La première est la plus importante : le bon berger met sa vie pour les brebis ; par amour, il se livrait lui-même ; il obéissait à son Père et le glorifiait en rachetant ses brebis. Ézéchiel ne parle jamais de la venue du Seigneur Jésus sur la terre. Il ne pouvait donc nous présenter le berger se donnant ainsi pour les siens.

En Jean, nous trouvons (v. 14) une communion inconnue du prophète : être connu du berger comme le Père le connaît ; plus encore : connaître Jésus comme lui, homme sur la terre, connaissait le Père. Source d’une « joie accomplie » que rien d’autre ne peut remplacer !

Le berger en Jean ne voulait pas seulement faire sortir les brebis de la bergerie juive, mais en amener d’autres qui écouteraient sa voix, afin qu’il y ait « un seul troupeau, un seul berger ». Le mystère de l’union des Juifs et des nations en un seul corps n’était pas encore révélé comme il le sera à l’apôtre Paul (Éph. 3) ; mais déjà le Seigneur Jésus laisse entrevoir que les brebis seront appelées de toute tribu et langue et peuple et nation. Elles seront maintenues ensemble, non pas par l’enclos d’une bergerie — ordonnances et cérémonies de la loi — mais par Celui qui est le centre du troupeau, le berger autour duquel se groupent les brebis, d’autant plus rapprochées les unes des autres qu’elles le sont de lui.

Sept fois dans les versets que nous avons lus, le Seigneur Jésus parle du Père. « Personne ne vit jamais Dieu ; le Fils unique qui est dans le sein du Père, lui, l’a fait connaître » (Jean 1:18).

En relation avec le Père, Jean affirme ce qui était inconnu d’Ézéchiel : la certitude du salut éternel. Le Seigneur avait dit : « Personne ne les ravira de ma main ». Mais il ajoute : « Personne ne peut les ravir de la main de mon Père ». Assurance inébranlable de ceux qui possèdent la vie éternelle par la foi en son nom.


Revenons au texte d’Ézéchiel (34:16). Quel encouragement dans ces expressions ! « La perdue, je la chercherai », thème que développe la parabole de Luc 15 où le berger se dépense « jusqu’à ce qu’il l’ait trouvée ». « L’égarée, je la ramènerai » : nous pouvons essayer d’être en aide à ceux qui une fois avaient marché dans le bon chemin et s’en sont écartés, leur présenter la Parole, parler à leur cœur ; mais seul le Seigneur peut non seulement les chercher, mais les ramener ; il ne cesse pas son activité de restauration à mi-chemin ; il l’achève. Comme le dit Élihu dans Job : « Dieu le fera céder et non pas l’homme… qui enseigne comme Lui ? » — « La blessée, je la banderai » : que de brebis blessées dans le troupeau du Seigneur ! blessures faites par les hommes, même par des frères, blessures du deuil, chagrins divers ; qu’il est précieux de savoir que Celui qui fait la plaie est aussi Celui qui la bande. — « La malade, je la fortifierai » : pourquoi ne dit-il pas : je la guérirai ? S’il le juge bon, il peut le faire ; mais avant tout, il veut donner la force de traverser la maladie ou l’épreuve : « Au jour où j’ai crié, tu m’as répondu… » et non pas : tu m’as délivré, mais : « Tu as augmenté la force de mon âme » (Ps. 138:3).

Si le Seigneur est plein de compassion pour l’égarée, la blessée ou la malade, il est sévère à l’endroit des fausses prétentions : « Je détruirai la grasse et la forte » ; il dira aux pharisiens : « Vous dites : Nous voyons ! — votre péché demeure » (Jean 9:41).

Avec quelle joie, dans le paragraphe suivant, l’Éternel ne parle-t-il pas des bénédictions qui vont venir : Je susciterai sur eux mon serviteur David ; ils sont mon peuple, mon troupeau. Ne pressentons-nous pas déjà au loin la voix du berger ? « Réjouissez-vous avec moi, car j’ai trouvé ma brebis perdue ». Et celle du père ? « Mon fils que voici était mort, et il est revenu à la vie… il fallait faire bonne chère et se réjouir ».


5.2 - Le nouveau cœur (Éz. 36:24 à 32)

L’œuvre du berger en faveur de son peuple n’est pas la seule que Dieu veuille accomplir. Un travail intérieur de son Esprit en eux est indispensable pour que la bénédiction leur parvienne. La nouvelle naissance est aussi nécessaire à Israël pour jouir de sa part terrestre qu’elle ne l’est au chrétien pour entrer dans le royaume de Dieu.

Nouvelle naissance, elle aussi, œuvre divine : « Je vous rassemblerai… je vous purifierai… je vous donnerai un cœur nouveau… je mettrai mon Esprit au-dedans de vous… » Opération qui comprend deux parties essentielles : la purification par des eaux pures, figure de la Parole de Dieu, et l’action de l’Esprit dans les cœurs (v. 25 et 27). Il ne s’agit pas de s’améliorer, de corriger ses erreurs, de réformer le peuple. Seule l’œuvre de la grâce leur donnera un cœur nouveau, un esprit nouveau.

Une fois de plus, nous retrouvons un parallélisme frappant avec les écrits de Jean : au chapitre 3, dans son entretien avec Nicodème, le Seigneur Jésus répète : « Il vous faut être nés de nouveau », c’est-à-dire entièrement à nouveau, d’en haut, comme d’une nouvelle source et origine de vie.

L’eau de la parole (Éph. 5:26) sera le moyen divin de régénération : « Vous êtes régénérés, non par une semence corruptible, mais par une semence incorruptible, par la vivante et permanente parole de Dieu » (1 Pi. 1:23). Et Jacques de préciser : « Il nous a engendrés par la Parole de la vérité » (Jac. 1:18). Mais on pourrait lire deux fois de suite la Bible entière sans trouver la vie, tandis qu’un seul passage peut suffire ; il y faut toute l’action de l’Esprit de Dieu qui applique cette Parole à la conscience et au cœur. Paul écrit à Tite : « Notre Dieu Sauveur… nous sauva… selon sa propre miséricorde, par le lavage de la régénération, le renouvellement de l’Esprit Saint » (Tite 3:5). Nicodème aurait dû connaître ces choses. Soit Jérémie, soit Ézéchiel avaient annoncé que la bénédiction terrestre du peuple (Jean 3:12) ne viendrait que par la nouvelle naissance. Combien plus les réalités célestes ! Mais l’Évangile nous révèle davantage qu’Ézéchiel.

Cette nouvelle naissance n’est possible que parce que Jésus est descendu du ciel et est devenu le fils de l’homme. Pourquoi l’évangéliste Le compare-t-il à un serpent ? (v. 14). Nous comprenons qu’Il soit appelé un agneau, ou que les animaux du Lévitique : taureaux, béliers, en soient le type ; mais un serpent ne fait-il pas penser au diable ? et à tout ce que le péché comporte ? Voilà le mystère de la substitution : « Celui qui n’a pas connu le péché, il l’a fait péché pour nous » (2 Cor. 5:21). « Christ nous a rachetés de la malédiction de la loi, étant devenu malédiction pour nous » (Gal. 3:13). C’est en lui, fils de l’homme élevé sur la croix, chargé à notre place de la malédiction de Dieu, qu’il faut croire pour avoir la vie éternelle (Jn. 3:15). Mais c’est aussi en lui, Fils unique de Dieu, donné par l’amour du Père (v. 16). Jean insistera dans ses épîtres sur cette foi au Fils de Dieu venu comme un homme sur la terre, au Christ véritablement Dieu et véritablement homme. Le résultat n’en est pas seulement une bénédiction terrestre, mais la vie éternelle, le salut en gloire (v. 17, 36), une part bienheureuse dans l’éternité avec le Seigneur lui-même.

Revenons aux expressions d’Ézéchiel et voyons leur application à nous-mêmes. Au chapitre 36:24, il rappelle comment Israël sera rassemblé d’entre toutes les nations où il a été dispersé. Dieu n’agit-il pas de même aujourd’hui : il tire du monde, de toute tribu et langue et peuple et nation, des rachetés pour Son nom. Il les purifie par la Parole (v. 25) ; il met en eux son Esprit (v. 27 ; Éph. 1:13 ; Rom. 8:9). Après leur avoir donné la vie, il leur apprend à marcher (v. 27), non pas selon des ordonnances et des statuts, mais en nouveauté de vie, comme Christ a marché, par la foi et dans l’amour. Il leur prépare une demeure (v. 28), non pas un pays sur la terre, mais une maison spirituelle dont Christ est le fondement. Il leur donne la nourriture (v. 29), et leur fait porter du fruit (v. 30) comme le sarment attaché au cep.

Pourquoi la conclusion étrange du verset 31 : « Vous aurez horreur de vous-mêmes ? ». Ne convenait-il pas de reconnaître ses fautes et ses péchés avant d’être purifiés ? C’est juste, mais dans quelle faible mesure cela a lieu ! Il faut souvent avoir longtemps marché avec le Seigneur et avoir crû dans sa grâce, pour se connaître mieux soi-même et en avoir horreur. Job pouvait dire : Mon oreille avait entendu parler de toi, maintenant mon œil t’a vu : c’est pourquoi j’ai horreur de moi » (Job 42:5 et 6).

Connaissance de soi-même, mais aussi connaissance de Son amour : « Ce n’est point à cause de vous que je le fais, dit le Seigneur, sachez-le » (v. 32). Jean dira : « En ceci est l’amour, non en ce que nous, nous ayons aimé Dieu, mais en ce que lui nous aima et qu’il envoya son Fils pour être la propitiation pour nos péchés » (1 Jean 4:10). Le Seigneur lui-même déclare : « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi ; mais c’est moi qui vous ai choisis ». « Nous, nous aimons, parce que Lui nous a aimés le premier ».

Lorsqu’Israël fut détruit, les nations se moquaient de l’Éternel et de son peuple. À sa restauration « les nations qui demeureront de reste autour de vous sauront que moi l’Éternel, j’ai rebâti… j’ai replanté ». La bénédiction du peuple de Dieu sera un témoignage à Sa gloire. Comme aujourd’hui toute vie transformée par la foi au Seigneur Jésus et la nouvelle naissance, rend témoignage à la grâce et à l’amour de Dieu. « Ils connaîtront que moi je t’ai aimé » (Apoc. 3:9).


6 - La résurrection nationale d’Israël (Éz. 37)

À l’encontre d’autres prophètes, Ézéchiel nous donne seulement un tableau succinct des faits aboutissant à la restauration d’Israël comme peuple dans son pays, sans entrer dans tous les exercices et les épreuves qui l’accompagneront.

Ézéchiel 37:1 à 14 est une des portions du livre les plus connues : la vision des os secs. Le prophète voit une grande plaine remplie d’ossements très secs ; il est invité à prophétiser sur eux et voici que les os se rapprochent, puis se couvrent de nerfs, de chair et de peau, sans cependant retrouver la vie. Il faut une seconde prophétie pour que l’Esprit de Dieu anime ces tués et qu’ils vivent — une immense armée.

L’interprétation de cette vision est donnée par le Seigneur lui-même : « Ces os sont toute la maison d’Israël » (v. 11). L’Éternel les fera sortir de leur « sépulcre » (toutes les nations parmi lesquelles ils ont été dispersés), et les amènera dans leur terre.

Cette restauration a lieu en trois étapes : d’abord les os se rapprochent, puis sont recouverts de nerfs, de chair, de peau. La vie n’est pas encore là. Ce n’est qu’un mouvement politique, une réorganisation nationale, dont nous voyons peut-être les premiers contours se profiler dans le sionisme, puis dans la formation de l’État d’Israël ces dix dernières années.

La prophétie d’Ésaïe 18 semble parallèle à celle d’Ézéchiel 37. Sous l’égide d’une grande nation maritime hors de la terre prophétique (v. 1 à 2), Israël dispersé est appelé, à l’étonnement du monde, à rentrer dans son pays : la trompette de rassemblement sonne (v. 3). Mais cela s’accomplit sans l’Éternel (v. 4). Ce retour partiel et précaire sera suivi d’une période de grande désolation (v. 6) : on avait cru arriver sans Dieu à la prospérité (v. 5). À la suite de telles tribulations, « en ce temps-là », le peuple se tournera enfin vers l’Éternel et vers son sanctuaire (Zacharie 12). Alors seulement pourra s’accomplir la seconde partie de la vision d’Ézéchiel, le souffle de l’Éternel venir dans la grande armée et leur rendre la vie. C’est l’opération du berger du chapitre 34 ; et celle de l’Esprit de Dieu produisant la nouvelle naissance par la Parole, au chapitre 36.

Mais Ézéchiel n’a pas en vue cette période d’épreuves, ni tous les rapports d’Israël avec l’Occident, la bête, la grande tribulation. Il fait simplement la synthèse de cette résurrection nationale, depuis le moment où les os se sont rapprochés, jusqu’au jour où Israël, en relation avec son Dieu, demeure dans sa terre.

Cette prophétie prononcée il y a plus de deux mille cinq cents ans, est des plus remarquable. Pendant longtemps, depuis les pères de l’Église et dans le protestantisme en général, on l’a interprétée comme l’action de l’évangile qui donnerait la vie aux morts et en formerait le peuple spirituel de Dieu. Lorsque des commentateurs enseignés par l’Esprit de Dieu au siècle passé ont saisi qu’il s’agissait bien d’Israël — même si l’on pouvait faire application d’un tel chapitre à l’évangile — rien autour d’eux ne montrait que la prophétie s’accomplirait. Il n’en est pas de même aujourd’hui où les événements auxquels nous assistons depuis quelques années corroborent d’une façon éclatante ce qu’Ézéchiel annonçait. Que nous ayons seulement un préambule, qu’il y ait encore bien des avatars et des tribulations jusqu’à ce que l’ensemble de la prophétie s’accomplisse, c’est clair. Il est clair aussi que le Seigneur Jésus doit venir enlever l’église avant que « l’heure de l’épreuve arrive sur la terre habitée tout entière » (Apoc. 3:10), notamment avant la grande tribulation qui fondra sur Israël. Les révélations bien plus complètes faites à Jean dans l’Apocalypse nous le montrent.


La réunion des douze tribus

Un point majeur restait à éclaircir. Depuis la mort de Salomon, Israël avait été divisé en deux parties : Juda et Benjamin sous la maison de David ; les dix autres tribus sous l’égide d’Éphraïm avec divers rois successifs. Tous les efforts faits pour réunir les tribus avaient échoué. La restauration nationale annoncée, engloberait-elle seulement les tribus restées fidèles à la maison de David, ou tout Israël serait-il rassemblé ? Ézéchiel 37:15 à 28 y répond avec clarté. Non seulement Juda et ses compagnons seront ramenés dans leur terre, mais aussi Éphraïm et les tribus d’Israël. « Un seul roi sera leur roi… ils ne seront plus deux nations… ils ne se rendront plus impurs par leurs idoles… il y aura un seul pasteur pour eux tous… ils habiteront dans le pays… je ferai avec eux une alliance de paix, …une alliance éternelle… ma demeure sera sur eux » : ce sanctuaire décrit à partir du chapitre 40.

Ézéchiel ne nous parle pas de la venue en gloire du Seigneur Jésus. Il constate seulement qu’il est là : le roi, mon serviteur David, un seul pasteur. Israël saura qui est l’Éternel. Toutes les nations Le reconnaîtront. N’est-il pas précieux de voir ainsi s’accomplir la prophétie d’Ésaïe : « Ainsi dit l’Éternel à Celui que l’homme méprise, à Celui que la nation abhorre, au Serviteur de ceux qui dominent : des rois verront, et se lèveront, des princes, et ils se prosterneront, à cause de l’Éternel qui est fidèle » (Ésaïe 49:7).


7 - Gog (Éz. 38 et 39)

Dans les chapitres 38 et 39 de son livre, Ézéchiel a une nouvelle vision qui n’est pas liée à la précédente : la grande invasion du Nord au temps de la fin.

Sous l’égide de Gog, — probablement la Russie — se forme une grande confédération de peuples du nord et de l’extrême-orient, « beaucoup de peuples » dont Gog est le chef. Cette confédération préparée depuis longtemps (v. 7), après beaucoup de jours, à la fin des années, envahira la Palestine, (v. 8) où les Israélites habiteront déjà en sécurité, délivrés de l’épée. Il semble donc, sans que l’on puisse être absolument catégorique à ce sujet, qu’il s’agisse d’événements se produisant après la destruction lors de l’apparition glorieuse du Seigneur, des armées d’occident conduites par la bête.

Le fait saillant est que cette immense armée qui aura pensé ne faire qu’une bouchée de la petite Palestine, sera anéantie sur les montagnes d’Israël par la parole du Seigneur. « J’appellerai contre lui l’épée sur toutes mes montagnes, dit le Seigneur l’Éternel ; …j’entrerai en jugement avec lui par la peste et par le sang ; et je ferai pleuvoir une pluie torrentielle, et des pierres de grêle, du feu et du soufre, sur lui et sur ses bandes et sur les peuples nombreux qui seront avec lui… tu tomberas sur la face des champs ; car moi, j’ai parlé, dit le Seigneur l’Éternel » (chap. 38:21 à 39:5). Sept ans seront nécessaires pour détruire les armements accumulés (39:9) ; sept mois pour ensevelir tous les tués (v. 12).

Par de tels événements, « la maison d’Israël saura que je suis l’Éternel » et toutes les nations Le reconnaîtront. Sa gloire brillera alors par toute la terre et sa grandeur apparaîtra aux yeux de tous.


8 - Le retour de la gloire (Éz. 43:1 à 11)

La vision de la gloire de Dieu avait été pour Ézéchiel la base de son appel au service de prophète. Un an plus tard il avait eu la douleur, dans une autre vision, de voir cette gloire quitter le temple de Jérusalem et, comme à regret, sortir de la ville et s’en aller sur la montagne des Oliviers. Quel réconfort ne dut-il pas éprouver quand, dans la vingt-cinquième année de la captivité (40:1), soit vingt ans après la première vision, il contemple, dans une anticipation prophétique, cette gloire revenant dans le temple nouveau.

Elle avait dû quitter le sanctuaire édifié par Salomon à cause de la corruption qui y régnait, publique et secrète (Éz. 8 à 11). Dans le temple rebâti par Zorobabel, la gloire n’est pas revenue. Cet édifice, partiellement détruit, rebâti, réparé, fut visité par le Seigneur de gloire Lui-même, tel que nous le voyons dans les évangiles. Mais il n’y fut pas reçu, aucune porte, aucun cœur ne s’ouvrirent pour lui. D’où la déclaration solennelle : « Voici, votre maison vous est laissée déserte, car je vous dis : Vous ne me verrez plus désormais, jusqu’à ce que vous disiez : béni soit Celui qui vient au nom du Seigneur ! » (Matth. 23:38 à 39).

Que de siècles et d’épreuves il faudra pour qu’Israël repentant et de l’idolâtrie et du meurtre du Messie, soit purifié et restauré dans sa terre, comme nous l’avons vu dans les chapitres précédents. Parmi les bénédictions de la restauration, une promesse dominait : « Ma demeure sera sur eux » (Éz. 37:27). Dans les chapitres 40 à 46, Ézéchiel a la vision de ce temple nouveau, puis de son service ; mais à quoi bon la maison si la gloire n’y rentrait pas ?

Ne sentons-nous pas vibrer le prophète à la vue de cette gloire qui venait du côté de l’orient, illuminant toute la terre, entrait dans la maison et enfin la remplissait ? À l’orient du sanctuaire, il avait eu la douleur de voir les vingt-cinq hommes se prosterner devant le soleil ; à la porte orientale vingt-cinq autres chefs du peuple tenaient de mauvais conseils. Tout était changé maintenant : la grâce avait opéré, la gloire était là. Vision d’un temps futur qui n’est pas encore accompli aujourd’hui, mais viendra certainement. Que pouvait-il faire d’autre, sinon, comme au chapitre 1, tomber sur sa face et adorer (v. 3) ? Les relations avec Israël, rompues au départ de la gloire et jamais reprises pendant tout le « temps des nations », seront renouées lorsqu’à l’aube du Règne, la gloire du Dieu d’Israël aura de nouveau rempli sa maison.

En considérant les chapitres 8 à 11, nous avons appliqué le départ de la gloire à l’état d’un cœur qui a été sous l’influence des choses de Dieu, mais a laissé les idoles petit à petit le remplir et le détourner de Lui. Comme l’enseigne l’histoire d’Israël, le repentir est toujours possible, tant que l’on est en vie et que le Seigneur n’est pas venu. Peut-être faudra-t-il beaucoup d’épreuves et de chagrins pour que le cœur se tourne vraiment vers Dieu. Mais quelle joie si un jour, lavé par le sang de Christ, recevant Jésus par la foi, il peut éprouver toute la douceur de Sa présence.

De vrais enfants de Dieu peuvent aussi faire une expérience similaire. Au lieu de marcher dans la lumière, on caresse dans son cœur une ou deux « chambres secrètes », soustraites à l’action de l’Esprit de Dieu. Contristé, il ne peut nous faire jouir du Seigneur dans la mesure où il le voudrait. Mais si l’obstacle est jugé, si les idoles sont enterrées (cf. Gen. 35:2 à 4 ! 2 Cor. 7:1), la jouissance de la présence du Seigneur ne pourra-t-elle pas à nouveau remplir l’âme ?


Ézéchiel 43:9 à 10 nous donne un enseignement particulier en rapport avec le temple. Le prophète devait en montrer les dispositions principales à la maison d’Israël (soit aux Juifs qui l’entouraient en captivité, soit à travers ses écrits à l’Israël futur). Quel serait l’effet de cette vision des grandes lignes de la maison ? Non pas l’admiration, mais la confusion ! Si les Israélites s’humiliaient de tout ce qu’ils avaient fait, alors le prophète pourrait leur faire connaître la forme du sanctuaire, son arrangement, ses issues, ses entrées, toutes ses ordonnances.

N’y a-t-il pas là un principe important dans la révélation des pensées de Dieu quant à Sa maison ? Aujourd’hui, ce n’est pas un temple fait de mains, mais une maison spirituelle composée de pierres vivantes (1 Pi. 2). Les vérités relatives à l’assemblée ne peuvent être saisies que par des cœurs humbles, humiliés de l’état de choses actuel et de tout ce qui s’y attache. Si cette humiliation est véritable, alors le Seigneur fera entrer davantage dans la connaissance de ses pensées et montrera comment il est encore possible aujourd’hui de se réunir en simplicité autour de Lui. Le prophète avait exposé au peuple les ordonnances relatives à la maison, « afin qu’il les fasse ». Chercher humblement et sans prétention à se conformer aux enseignements de la Parole, et avoir foi en la promesse du Seigneur qu’Il est présent là où deux ou trois sont réunis à son nom, est la source d’une joie que rien ne peut remplacer sur la terre : « Les disciples se réjouirent quand ils virent le Seigneur ».


9 - Les eaux du sanctuaire (Éz. 47:1 à 12)

Nous pouvons considérer ce passage sous trois points de vue.

Son interprétation prophétique peut être matérielle. Il est très possible que la rivière dont Ézéchiel nous donne le tableau, mentionnée par Joël (3:18) et par Zacharie (14:8), devienne une réalité géographique de la Palestine future.

La signification prophétique spirituelle nous importe pourtant davantage : Jérusalem, siège de la présence de Dieu sur la terre pendant le Règne, devient source de bénédiction pour le monde entier ; les eaux de la grâce descendent tant vers l’orient que vers l’occident pour apporter la vie là où régnait la mort.

Nous voulons cependant surtout nous arrêter à l’application pratique de cette page à nous-mêmes.

Que représentent ces « eaux sortant du sanctuaire » ? Ne sont-elles pas une figure remarquable de la grâce et de l’amour de Dieu jaillissant de son cœur et se répandant en bénédictions toujours plus vastes et plus profondes, pour les siens et pour le monde ?


9.1 - Traverser la rivière

Amené au Seigneur, trouvant en Lui son Sauveur, le racheté a fait une première expérience de la grâce : « Vous êtes sauvés par la grâce, par la foi, cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu » (Éph. 2). Dans son dernier message, l’apôtre Pierre nous exhorte à ensuite « croître dans la grâce » (2 Pi. 3:18). Beaucoup de chrétiens se contentent de longer cette rivière sans jamais la traverser ; pourtant seule l’expérience pratique, personnelle, de la grâce, nous en fera goûter la profondeur.

Après avoir marché mille coudées, le prophète doit traverser les eaux — des eaux montant jusqu’aux chevilles des pieds. C’est la grâce dans les circonstances variées du chemin. Que d’occasions de goûter la bonté de Dieu, ses soins, ses délivrances. Ainsi le faisait Israël au désert où, malgré quarante ans de marche, son pied ne s’était pas enflé.

Il ne faut pas en rester là. Ézéchiel doit marcher mille coudées encore, et de nouveau traverser les eaux — des eaux montant jusqu’aux genoux. La Parole nous parle souvent des genoux défaillants, des genoux qui tremblent ou qui sont lassés. En poursuivant la course de la foi, ne rencontre-t-on pas des jours où l’on est découragé, las du chemin, où l’on a peur ? Que faire alors, sinon traverser à nouveau la rivière ? Faire l’expérience de la grâce de Dieu qui répond à tout ce que nous sommes et à tout ce que nous ne sommes pas. Dans la prière, à genoux, Le rechercher et Le trouver, toujours prêt à secourir, à fortifier, à restaurer.

Le prophète doit marcher mille coudées encore et de nouveau traverser — des eaux montant jusqu’aux reins. Le Nouveau Testament nous parle souvent de ces reins qu’il faut ceindre, figure de notre être intime qui doit être formé par la parole de la vérité et renouvelé de jour en jour. Il ne suffit pas de connaître la grâce s’appliquant à nos circonstances journalières, ou nous soutenant dans nos moments de découragement. Il faut qu’elle pénètre notre vie intérieure, forme notre personnalité. Quel rayonnement découle d’une personne qui a fait pareille expérience de la grâce de Dieu et en est pénétrée !

Il y a plus encore. « Et il mesura mille coudées : c’était une rivière que je ne pouvais traverser, car les eaux avaient crû, des eaux où il fallait nager ». Dans sa prière (Éph. 3), l’apôtre demandait que nous soyons « capables de comprendre avec tous les saints quelle est la largeur et la longueur, et la profondeur et la hauteur, — et de connaître l’amour du Christ qui surpasse toute connaissance ». Croître dans la grâce et dans la connaissance du Seigneur n’amène-t-il pas à se rendre compte que cette grâce, cet amour, sont sans limites ? On a pu en goûter la profondeur, en considérer la largeur et la longueur, s’y plonger comme dans une rivière immense ; elle est trop large pour la traverser : l’amour du Christ surpasse toute connaissance !


9.2 - La rivière descend

Les versets 6 à 12 nous présentent un autre sujet. Le prophète doit retourner sur le bord de la rivière. Il constate que ces eaux plus profondes « descendent dans la plaine et parviennent jusqu’à la mer ». Il est précieux de jouir de la grâce du Seigneur pour soi-même, mais cette grâce désire se répandre, et la bénédiction que l’on a reçue peut et doit se communiquer à d’autres. « Vous avez reçu… donnez… », dit Jésus à ses disciples. Ils n’avaient que cinq pains, mais il leur dit : « Vous, donnez-leur à manger ». Les eaux sortent… descendent.., parviennent… rendent les eaux de la mer saine. Tel est le chemin de la grâce ; tel fut celui du Seigneur Jésus Lui-même : le sentier qui descend pour atteindre ceux qui sont plongés dans l’ombre de la mort et leur apporter la vie : « Tout vivra, là où parviendra la rivière ». Jésus avait dit à ses disciples : « Je vous ferai devenir pêcheurs d’hommes ». Les « poissons » ne nous parlent-ils pas des âmes, tirées de ce monde perdu et amenées au Seigneur pour faire l’expérience à travers la nouvelle naissance de tout l’amour de Christ ?


9.3 - Les arbres

Sur la rivière, des deux côtés, se dressaient des arbres en très grand nombre. La vision d’Ézéchiel est pour la terre. Ces arbres ne représentent-ils pas les croyants, si souvent comparés dans la Parole à un arbre (Ps. 1 ; Jér. 17, etc.), dont les racines s’étendent vers le courant afin que la feuille reste toujours verte ? Personne ne voit les racines : la vie secrète qui se nourrit de la grâce ; mais chacun voit les feuilles : le témoignage d’une vie vécue avec le Seigneur, pour la bénédiction des autres : « Leurs feuilles pour guérir » (v. 12). Un fruit aussi est produit et la nourriture est procurée au peuple de Dieu.


9.4 - L’arbre de vie

Remarquons une fois de plus le parallélisme des visions de Jean avec celles d’Ézéchiel. En Apocalypse 22:1 à 2, Jean nous parle du fleuve d’eau vive éclatant comme du cristal qui sort du trône de Dieu et de l’Agneau. La vision de Jean est pour le ciel. Au milieu de la rue de la cité, là où s’écoule son mouvement, au milieu du fleuve, au centre de tout ce qui rafraîchit, et deçà et delà, était l’arbre de vie. Dans le ciel, non pas plusieurs arbres, mais l’Arbre : le Seigneur Jésus lui-même, dont le fruit sans cesse frais et renouvelé, nourrira à toujours ceux qui jouiront là-haut de sa présence ; et dont les feuilles seront pour la guérison des nations, ressource indispensable à ceux qui pendant le millénium seront bénis sur la terre.


9.5 - Jéhovah -Shamma

Lisons encore le dernier verset d’Ézéchiel : « Le nom de la ville, dès ce jour : l’Éternel est là » (48:35). N’est-ce pas le résumé de tout le livre, l’affirmation finale, la seule chose qui importe vraiment : la présence de Dieu au milieu du peuple enfin rassemblé ? Nuée dans le tabernacle et dans le temple de Salomon ; gloire revenue au temple d’Ézéchiel : c’est Israël béni sur le pied des promesses. Pour nous, apparition du Seigneur Jésus dans la chambre haute, au soir de la résurrection ; présence goûtée au milieu des siens rassemblés à son nom pendant son absence. Présence réalisée aussi individuellement dans le cœur : « Christ vit en moi… Christ en vous l’espérance de la gloire ». Présence enfin, éternelle et sans voiles, dans le jour bienheureux où, tous Ses conseils ayant été accomplis, Dieu sera tout en tous.


Ta présence est le bien suprême ;

Ton amour ne tarit jamais ;

Ton cœur dispense, à ceux qu’il aime,

Repos, bonheur, parfaite paix.