par Alfred Guignard
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2.7 - Éphraïm, Manassé, Zabulon, Issacar
M.E. 1933 p. 177
Un serviteur de Dieu écrivait autrefois au sujet de Jacob ces paroles : « La fin de la carrière de Jacob fait penser au soir serein qui termine un jour d’orage : Le soleil, que les nuages et les vapeurs de la terre avaient caché durant le jour, se couche brillant de majesté, dorant l’occident de ses rayons et promettant un beau lendemain. Ainsi en est-il de notre vieux patriarche. Tous les actes qui ont terni sa vie, toutes ses ruses, ses artifices, ses détours, ses tromperies, ses craintes égoïstes, fruits de son incrédulité, tous ces sombres nuages de la nature et de la terre se sont évanouis et Jacob apparaît dans toute la sérénité et l’élévation de la foi, dispensant des bénédictions et conférant des dignités, selon cette connaissance sanctifiée qui ne s’acquiert que dans la communion avec Dieu. Bien que ses yeux soient ternis, la vue de sa foi est pénétrante ».
Nous pourrions ajouter qu’elle lui permet de contempler l’avenir glorieux et d’embrasser toute l’histoire de sa postérité, même jusque dans l’éternité.
Au chapitre 49 du livre de la Genèse, nous le voyons appeler ses fils et leur dire : « Assemblez-vous, et je vous ferai savoir ce qui arrivera à la fin des jours. Réunissez-vous, et écoutez, fils de Jacob ; écoutez Israël, votre père ».
Nous remarquons que ce n’est plus Jacob qui parle ; c’est
Israël, le prince de Dieu, pleinement conscient de la glorieuse position où la
grâce de Dieu l’a placé, qui, par la foi, fait entendre ce qui arrivera à la
fin des jours
. De fait, cette bénédiction est une prophétie qui embrasse
toute l’histoire du peuple d’Israël. Les caractères moraux de ses fils, tels qu’ils
nous sont dépeints ici, sont ceux que le peuple a manifestés et manifestera
dans les diverses phases de son histoire. Nous y voyons bien des choses
humiliantes, mais aussi une grâce merveilleuse qui illumine cette scène.
Puissions-nous, en méditant ce chapitre, apprendre à mieux connaître ce que
sont nos cœurs et l’étendue de la grâce qui nous a été donnée avant les temps
des siècles, tout en contemplant des rayons de la gloire du divin Joseph.
Jacob bénit chacun de ses fils ; le premier nommé est son
fils aîné : Ruben
. C’est une triste histoire que la sienne : abandonnant
sa dignité et donnant un exemple de ce dont l’homme est capable, il est tombé
dans la plus affreuse corruption, une corruption telle qu’elle n’existait pas
même parmi les nations païennes. Il est ici une image de ce qu’a été Israël
selon la chair. Il s’est éloigné de l’Éternel, s’est prostitué avec des idoles
et a déshonoré son Dieu par ses actes, de telle manière que le nom de Dieu a
été blasphémé parmi les nations à cause d’eux. La force et l’énergie de Ruben
ont été employées à faire le mal ; par ce fait il a perdu son droit de
premier-né et ce droit a été donné à la tribu de Joseph (1 Chron. 5:1). Israël
comme peuple, et même l’humanité entière, a perdu tout droit à une bénédiction
quelconque. C’est Christ, le divin Joseph, qui est de fait le premier-né et,
par conséquent, l’héritier de toutes choses, et avec lui les siens. Heureuse
part que celle de ceux qui sont à lui !
Siméon
et Lévi
sont frères. Associés dans une même
méchanceté et une même colère, ils ont tué des hommes, ou littéralement l’homme
,
et pour leur plaisir, ils ont coupé les jarrets du taureau. La malédiction a
été attirée sur eux par leur colère, car elle a été violente, et par leur
furie, car elle a été cruelle. N’avons-nous pas ici une prophétie concernant le
meurtre de Christ, l’homme, le seul homme qui a glorifié Dieu sur la terre, le
seul homme dans lequel il a pu trouver toute sa satisfaction ? C’est lui
dont la marche ferme et patiente, comme celle du taureau, a été arrêtée par la
violence des hommes dans le chemin de l’obéissance qu’il a suivi de la crèche
de Bethléhem à la croix du Calvaire ; l’homme
des conseils de Dieu, qui a été mis à mort par la main d’hommes iniques. La
furie du peuple ne se déversait pas sur les deux brigands, mais bien sur celui
qui n’avait rien fait qui ne se dût faire : Ils ont tué l’homme, ils ont
coupé les jarrets du taureau ! Si Ruben a été caractérisé par la
corruption, Siméon et Lévi l’ont été par la violence. Ce sont là les deux
formes du mal qui est dans le monde. Tel est l’homme et ce dont il est capable.
Depuis la mort de Christ, Israël a été dispersé parmi les nations. Il l’est
encore aujourd’hui. Nous avons donc dans ces trois tribus ce qui a caractérisé
Israël jusqu’à aujourd’hui : c’est en quelque sorte son histoire.
Maintenant dans Juda
il n’est pas difficile de
reconnaître le Messie d’Israël. Il est évident que notre Seigneur a surgi de la
tribu de Juda. C’est à lui qu’appartient l’obéissance des peuples ; de sa
main jamais le sceptre ne se retirera, et lui seul régnera sur tout l’univers.
Bien des choses merveilleuses sont dites de lui dans les versets 8 à 12 de
notre chapitre ; ce sont de beaux rayons de la gloire de celui dans lequel
les hommes n’ont rien vu de désirable, mais qui brillent au plus profond du
cœur de ceux qui peuvent le contempler par l’œil de la foi. Oui, les Écritures
rendent témoignage de lui. Ses frères le loueront. Dans les lieux où il a
souffert il sera bientôt acclamé comme le Roi, et toutes les bouches
proclameront sa gloire. En attendant, quelques voix se font entendre ici et là
pour raconter ce qu’il est et pour parler de la grandeur de son œuvre. Quel
bonheur remplit le cœur de ceux qui l’aiment pendant le temps où la louange
attend dans le silence ! Le Saint Esprit, dès le livre de la Genèse, se
plaît à nous parler de lui. Toutes les créatures tremblent devant le lion dans
la force de sa jeunesse ; de la même manière toutes les nations
trembleront devant lui lorsqu’il s’assiéra sur le trône de sa gloire. Qui
pourra troubler le repos de ce règne de paix ? Il viendra bientôt comme
celui auquel appartient le sceptre et comme le pacificateur, et fera son entrée
à Jérusalem sur sa monture royale d’une manière plus glorieuse encore que
lorsque les disciples, ayant des palmes à la main, criaient : « Hosanna !
Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur, le Roi d’Israël ! ».
Alors le cep excellent fournira avec abondance la joie qui débordera dans tous
les cœurs. Il sera magnifique dans ses vêtements quand il marchera dans la
grandeur de sa force, et dans sa colère il foulera les ennemis et les écrasera
dans sa fureur. Ce seront des temps heureux où toute iniquité sera ôtée de la
terre et où la joie remplira le cœur du Seigneur et le cœur de tout son peuple.
Seigneur ! quand sera-ce ?
Nous savons ce qu’il en a été de lui à sa première venue :
les peuples ne lui ont pas rendu l’obéissance qui lui était due et ils n’ont
pas été rassemblés ; au contraire, les tribus d’Israël sont encore aujourd’hui
dispersées parmi les nations. Leur état pendant ce temps nous est dépeint par
ce qui nous est dit de Zabulon
et d’Issacar
:
Dispersés et mélangés avec les nations, ils sont comme perdus dans la mer des
peuples. Ils y cherchent le profit et le repos bien loin du lieu où la
bénédiction est promise : ils s’assujettissent à tout, pourvu que leurs
affaires matérielles prospèrent. Il semble que le séjour dans les lieux où ils
se trouvent est aussi agréable que celui de la terre promise s’ils peuvent y
trafiquer.
Nous savons que bientôt ce peuple rentrera dans la terre d’Israël,
et comme Dan
il sera, en quelque sorte, reconnu comme étant le peuple de Dieu, mais il
revêtira un caractère nettement diabolique, ce qui aura lieu sous l’Antichrist. Les images qui nous en sont données ne
sont-elles pas effrayantes, le serpent, la vipère, la morsure ? Tout sera
bouleversé dans ce jour de la grande tribulation ; temps comme il n’y en a
jamais eu et comme il n’y en aura jamais dans la suite. Nous comprenons
facilement que, dans ce jour, le résidu fidèle s’écriera : « J’ai
attendu ton salut, ô Éternel ! ». C’est le : « Jusques à
quand ? » du livre des Psaumes. Quand donc viendra la délivrance
apportée par le divin Joseph ?
Gad
, ces fidèles,
qui de fait, sont le vrai Israël, haïs, persécutés, ravagés, mais bientôt
délivrés par le Messie, se retourneront à la fin contre leurs ennemis. Les
louanges de Dieu sont dans leurs bouches, et une épée aiguë à deux tranchants
dans leur main, pour exécuter la vengeance contre les nations, des châtiments
au milieu des peuples ; pour lier leurs rois de chaînes, et leurs nobles
de ceps de fer ; pour exécuter contre eux le jugement qui est écrit. Cette
gloire est pour tous ses saints, ses hommes pieux. Alléluia ! dit le
psalmiste.
Aser
fera les délices du Messie qui trouvera une grande
joie dans ces fidèles. Séparés de l’iniquité de la nation, ils le glorifieront
par leur piété et leur fidélité, au milieu de la plus grande tribulation.
Quelle satisfaction pour son cœur de contempler ce résidu fidèle !
Comme Nephthali
, ce résidu le
glorifiera dans sa marche et dans ses paroles : Une biche lâchée !
Affranchis de tous les liens d’iniquité, de perversité et de fraude qui se
trouveront au milieu du peuple même dans la sainte ville, leur marche légère,
ferme, obéissante, humble, dépendante, sera entièrement à la gloire du roi.
Leurs paroles seront belles lorsqu’ils se lamenteront sur leurs fautes, sur
celles de la nation et sur le meurtre de leur Messie, celui que la nation a
percé. Divin Sauveur ! qui comprendra la joie de
ton cœur lorsque ton peuple de franche volonté se tournera vers toi ?
Quand ils mèneront deuil et se lamenteront sur toi comme on se lamente sur un
fils unique, ce seront de belles paroles que celles qui sortiront de leurs
bouches.
Enfin nous contemplons le divin Joseph
sous les traits de
celui qui a été mis à part de ses frères. Il est né d’Israël selon la chair et
il en est le seul rameau qui ait porté du fruit, et quelle abondance de fruits !
C’est du reste de lui que provient tout le fruit que Dieu a pu récolter chez
les siens. De moi provient ton fruit, nous dit-il dans le prophète (Os. 14:8).
La bénédiction qui provient de lui dépasse de beaucoup les limites de la terre
d’Israël : ses rameaux poussent par-dessus la muraille dont cette nation
avait été entourée et vont jusqu’aux extrémités de la terre. Cette pensée est
un grand sujet de joie pour nous, gens des nations, qui étions sans Christ,
sans droit de cité en Israël, étrangers aux alliances de la promesse, qui n’avions
pas d’espérance et qui étions sans Dieu dans le monde. Mais parlons plutôt de
la joie du cœur de Dieu en considérant les fruits produits à sa gloire par
cette branche merveilleuse. Quelle récolte pour lui tant parmi les Juifs que
parmi les nations ! Lorsque le Seigneur était ici-bas, il a été rejeté :
les archers l’ont provoqué amèrement et l’ont haï. Les puissants de la terre,
conduits par Satan, dans leur haine profonde, se sont ligués contre lui et l’ont
percé. Malgré cela, il est demeuré ferme et rien ne l’a arrêté dans son œuvre d’amour.
Dans une entière dépendance et une entière obéissance il a achevé l’œuvre que
le Père lui avait donnée à faire. Puissant Berger ! Il est venu chercher
sa brebis perdue, il a mis sa vie pour elle, il la porte sur ses épaules bien joyeux… Histoire
connue depuis longtemps, mais histoire toujours nouvelle qu’on ne se lasse pas
d’entendre. Le Saint Esprit, longtemps avant sa venue dans le monde, a voulu
nous dire quelques mots de ce fidèle Berger. Le cœur de Dieu ne pouvait laisser
caché ce qui devait faire la joie de tant de brebis égarées. Ceux qui
bâtissaient n’ont rien vu en lui de désirable, ils l’ont estimé comme une
pierre de nulle valeur qu’ils ont jetée hors du chantier. Pourtant elle est
choisie et précieuse auprès de Dieu ; et, pour ceux qui ont goûté combien
le Seigneur est bon, elle a du prix, et quel prix ! C’est la maîtresse
pierre du coin…
Il nous faut passer, le sujet est vaste. Une fois de plus nous
constatons que chacune des paroles de notre Dieu est un infini, et que toutes
ses paroles convergent vers cette glorieuse personne dont le nom est Merveilleux
. Chers lecteurs,
fixons les yeux sur lui, contemplons-le ; toute sa personne est désirable ;
c’est lui qui est le béni
. Lorsqu’il habite par la foi dans nos
cœurs, nous sommes au centre de l’infini. Ouvrons le livre de l’Apocalypse, aux
chap. 4 et 5 ; là, Jean entre dans le ciel. Il voit, il entend, et tout ce
qu’il voit reflète la gloire de Christ et tout ce qu’il entend proclame sa
gloire : dans le ciel, et sur la terre, et au-dessous de la terre, et sur
la mer, toutes les choses qui y sont, disent : « À celui qui est
assis sur le trône et à l’Agneau » : La terre, les cieux, il remplit
tout ! La vie, le pain de vie, tout nous vient de lui. Jusque dans les
profondeurs de l’éternité toutes les bénédictions seront sur sa tête ; et
toutes les bénédictions découleront de sa personne adorable ; comme la
rosée de l’Hermon, qui descend sur les montagnes de Sion. C’est là que l’Éternel
a commandé la vie et la bénédiction pour l’éternité. Lorsque le temps ne sera
plus, ce psaume 133, auquel nous venons de faire allusion, sera réalisé dans sa
plénitude et tous les serviteurs du Seigneur le béniront à jamais. Pourtant
quand il est venu dans le monde, le monde ne l’a pas connu, et les siens ne l’ont
pas reçu : mis à part de ses frères, il a été maltraité, rejeté, haï :
« Nous ne voulons pas que celui-ci règne sur nous ». Quelle sera la
componction qui remplira les cœurs lorsque les Juifs verront celui qu’ils ont
percé ! Alors toutes les tribus de la terre se lamenteront à cause de lui.
Benjamin
, le frère
de Joseph, lui est intimement associé. Nous voyons en lui le Messie venant en
puissance exercer le jugement contre ses ennemis. Nul ne pourra lui résister
lorsqu’il viendra en puissance comme un loup qui déchire. Alors, il partagera
le butin avec les forts, parce qu’il aura livré son âme à la mort, nous dit le
prophète.
Cette page est donc, ainsi que nous l’avons déjà fait remarquer en commençant, une prophétie qui nous fait connaître les grandes lignes de toute l’histoire d’Israël et ce qui concerne son Messie, celui que le peuple a rejeté. Puissions-nous mettre plus de diligence pour nous enquérir des choses qui le concernent. Tout ce qui peut nous faire connaître quelque chose de sa gloire, tout ce qui peut nous attacher à celui en qui nous sommes bénis de toutes bénédictions spirituelles dans les lieux célestes, devrait être précieux à nos cœurs par-dessus toutes choses. Il vient régner, et nous régnerons avec lui. Si Jacob adorait, appuyé sur le bout de son bâton, nous avons des motifs encore plus puissants que lui pour le faire.
M.E. 1933 p. 233, 261
Les dernières paroles de Moïse, de même que celles de Jacob, sont une bénédiction prononcée sur le peuple de Dieu. Précieuse pensée : ce que Dieu s’est proposé, la fin de toutes ses voies et de ses dispensations envers les siens, c’est de les bénir. Il peut leur faire traverser les grandes eaux de l’affliction, il peut leur faire faire un long voyage dans le désert, afin qu’ils apprennent à connaître ce qui est dans leurs cœurs ; il peut les faire entrer dans la fournaise de l’affliction afin de les purifier comme on affine l’or ; la fin qu’il s’est proposée dès le commencement est la bénédiction excellente qu’il veut répandre richement sur ceux dont il s’occupe. Il a béni la fin de Job plus que son commencement ; et le livre des Psaumes, qui contient tant de cris de détresse, qui exprime tant de souffrances, se termine par la bénédiction du peuple et les Alléluias de cœurs qui débordent de joie.
Les bénédictions de Moïse ne présentent pas le même caractère que celles de Jacob. Celles de Jacob sont d’un caractère prophétique et nous donnent les grandes lignes de l’histoire du peuple d’Israël ; tandis que Moïse (Deut. 33) est pour ainsi dire le canal par lequel Jéhovah bénit son peuple, un peuple qui est en relation avec lui et qui entre en possession de son héritage. En lisant l’Ancien Testament, nous avons à nous souvenir que les choses qui ont été écrites auparavant ont été écrites pour notre instruction, afin que, par la patience et la consolation des Écritures, nous ayons espérance. Considérons donc ce chap. 33 du Deutéronome, non au point de vue d’Israël, si précieux que ce sujet puisse être, mais dans ce que nous pouvons en retirer pour ce qui nous concerne, nous qui avons une plus grande et plus précieuse espérance qu’Israël béni sur la terre.
Premièrement nous remarquons que ce n’est pas Moïse, le
législateur
, qui prononce ces bénédictions, mais c’est Moïse, l’homme de
Dieu
, celui qui a appris à connaître le cœur de Dieu, qui parle. Ce Moïse,
après l’affaire du veau d’or, a dit à l’Éternel : « Fais-moi voir, je
te prie, ta gloire » ; alors l’Éternel a fait passer devant lui toute
sa miséricorde, sa grande bonté, sa vérité et son pardon, en vertu desquels
Dieu peut bénir. Sur le principe de la loi, l’homme ne peut recevoir que la
condamnation. Mais c’est Dieu qui, dans sa grande miséricorde, a trouvé dans
les profondeurs de son cœur le moyen merveilleux par lequel il bénira ceux que
la loi ne faisait que condamner.
Moïse bénit avant sa mort
. La mort de l’homme de Dieu, quelle
chose ! La mort de Moïse était, en quelque sorte, une conséquence des
fautes du peuple. Mais le contraste est grand entre la mort de Moïse et celle
de Christ. Christ a revendiqué la gloire de Dieu en présence des fautes du
peuple et est mort sous les conséquences de ces fautes. Moïse n’a pas su
sanctifier l’Éternel au désert et a dû mourir à cause de cela sans entrer dans
le pays. Néanmoins ces mots : « avant sa mort » sont propres à
toucher nos cœurs et nous font penser à Celui qui, avant d’aller à la croix,
ouvrait devant les yeux des disciples toutes les richesses du cœur de Dieu et
tous les résultats de sa mort, tels que nous les voyons dans les chapitres bien
connus 13 à 17 de l’évangile de Jean.
La première bénédiction dont Moïse parle, c’est le don de la loi, qui est l’héritage de toute la congrégation de Jacob. Si cette bénédiction était grande du temps de Moïse, la nôtre ne l’est pas moins maintenant que nous possédons l’entière révélation des pensées de Dieu. Savons-nous apprécier à sa valeur un tel héritage, et de quelle manière en jouissons-nous ? Quelle belle description nous est faite du don de cette parole dans le v. 2 de notre chapitre : « L’Éternel est venu de Sinaï et il s’est levé pour eux de Séhir ; il a resplendi de la montagne de Paran et est venu des saintes myriades ; de sa droite sortit une loi de feu pour eux ». Ne nous semble-t-il pas, en lisant ce verset, que nous voyons le jour qui se lève et le soleil qui apparaît ? Il s’est levé, il a resplendi, une loi de feu. C’est la parole qui fait briller sur nous sa lumière, qui resplendit dans nos cœurs et qui, de même que le feu, nous éclaire et aussi consume tout ce qui est de la chair en nous. Oui, le Seigneur aime toutes les tribus de son peuple, il aime tous les siens ; il les tient dans sa main. Pourrions-nous être à une meilleure place ? Cela fait penser à ces paroles bien connues du Nouveau Testament : « Personne ne les ravira de ma main. Mon Père qui me les a données, est plus grand que tous, et personne ne peut les ravir de la main de mon Père ». Non seulement ses saints sont dans sa main, mais aussi, ils ont le privilège de se tenir à ses pieds, et là ils reçoivent ses paroles. Nous entrevoyons ici ce que l’Évangile nous fait connaître d’une manière encore plus intime : la bonne part que Marie avait choisie et qui ne lui a pas été ôtée. Maintenant que tout croule ici-bas, que nul d’entre nous, chers lecteurs, n’oublie cette part précieuse entre toutes ; sachons l’apprécier, elle est toujours à la disposition de la foi. Là, nous jouissons de la paix, nous apprenons à connaître les richesses insondables du Christ, là, nous apprenons à servir dans le calme au milieu d’une chrétienté agitée.
Maintenant, autre chose concernant la parole : elle est une
loi que le Seigneur a commandée
. Peut-être quelqu’un va-t-il protester
et dire : Nous ne sommes pas sous la loi, mais sous la grâce. Nous sommes
pleinement d’accord, mais le fait d’être sous la grâce est-il une raison pour
désobéir ? Ne nous faisons pas d’illusion, nous ne pouvons négliger
impunément aucun des enseignements de la parole de notre Dieu : elle fait
loi, règle absolue pour toute âme pieuse. L’obéissance d’un enfant est plus
réelle que celle d’un esclave. Nous avons été élus pour l’obéissance tout aussi
bien que pour l’aspersion du sang de Jésus Christ (1 Pier.
1:2). Cette loi est l’héritage de la congrégation de Jacob, des objets de la
grâce de Dieu ; c’est ce que nous rappelle ce nom de Jacob. Ici, Moïse est
présenté comme Roi au milieu d’un peuple droit et juste. Il devient une image
de Christ, le roi, au milieu des siens. Son autorité est reconnue de ceux qui
gardent sa parole, ceux-ci sont heureux d’être ainsi réunis autour de lui. Les
princes sont ceux qui conduisent le peuple à la victoire ; ici, ils le
réunissent autour du Roi. Tout vrai ministère doit avoir pour but d’amener les
âmes près de Christ ; c’est là le vrai secret de la bénédiction dans tous
les temps.
Après la bénédiction qui est la part de tout le peuple, nous
avons celle de chacune des tribus d’Israël sauf une, celle de Siméon. Ce
dernier a été caractérisé par la violence (Gen. 49:5).
Il est une image de l’homme dans la chair qui ne peut en aucune manière hériter
de la bénédiction divine. Le premier qui est mentionné est Ruben
. « Que
Ruben vive et ne meure pas, et que ses hommes soient en petit nombre ».
Ruben méritait donc la mort, mais : « qu’il vive », nous dit le
Dieu Sauveur. C’est l’histoire merveilleuse de la grâce de Dieu qui épargne un
résidu et lui donne la vie. Posséder la vie, la vie éternelle, la vie en
abondance, quelle bénédiction inappréciable au-delà de toute expression. De
fait elle est la porte d’entrée dans toutes les bénédictions dont Dieu se plaît
à enrichir des coupables. « Que ses hommes soient en petit nombre »,
comme le résidu d’Israël épargné en grâce à la fin. Quand le nombre des fils d’Israël
seraient comme le sable de la mer, un résidu seul sera
sauvé. La foi n’est pas de tous. Vivre, être sauvé par grâce, sont les
premières bénédictions dont jouit un coupable qui accepte le salut ; mais
il y en a bien d’autres !
« Et ceci pour Juda
. Et il dit : Éternel, écoute la
voix de Juda, et amène-le à son peuple ; qu’il combatte de ses mains pour
lui, et sois-lui en aide contre ses ennemis ». Juda est premièrement
caractérisé par la prière en faveur du peuple dispersé, des dix tribus. Juda
rentré le premier et jouissant déjà de la bénédiction apportée par la présence
du Messie combattra pour le peuple qui sera ramené, car la bénédiction ne sera
complète, parfaite, que lorsque les douze tribus seront réunies dans la terre promise,
sous le glorieux sceptre de Christ. Il y a là pour nous un enseignement bien
important. Les saints aujourd’hui sont dispersés un peu partout. N’avons-nous
pas à combattre pour eux par nos prières, et ne pas avoir de repos avant qu’ils
soient tous réunis autour de Celui qui sera le centre béni du rassemblement des
rachetés pour l’éternité ? Quelle joie remplira les cœurs lorsqu’ils
seront tous autour de lui ! Alors nous donnerons gloire à Celui qui est
mort pour rassembler en un les enfants de Dieu dispersés. Dans ce jour-là la
joie sera complète, parfaite, éternelle.
Lévi
. Dans Ruben nous avons donc la vie, dans Juda le
rassemblement, dans Lévi nous avons une autre bénédiction : le service.
Lévi, autrefois, avait été associé à son frère Siméon pour faire le mal ;
il nous est dit : « Siméon et Lévi sont frères, leurs glaives ont été
des instruments de violence ». Maintenant nous retrouvons ici Lévi
recevant la sacrificature éternelle du peuple de Dieu ; sacrificature sur
la terre, bien entendu. Nous pouvons peut-être nous demander pourquoi une telle
différence entre ces deux frères qui de fait ne valaient pas mieux l’un que l’autre.
Dans Siméon nous ne voyons aucun retour de cœur vers l’Éternel, pas même
lorsque Joseph, avec une sagesse divine, le fait mettre en prison en Égypte
pendant que ses frères pouvaient remonter vers leur père. Au contraire, dans l’affaire
du veau d’or, lorsque le peuple était tombé dans le désordre et le péché, Moïse
se tint à la porte du camp, et dit : « À moi, quiconque est pour l’Éternel ».
Alors tous les fils de Lévi se sont rassemblés vers lui. Et, sans se soucier
des liens de la chair et du sang, ils mettent au service de l’Éternel cette
épée, qui autrefois, dans leurs mains, avait été employée pour faire le mal ;
et voici qu’ils frappent les coupables, revendiquant, dans un saint zèle, la
gloire du Dieu d’Israël qui avait été livrée à l’opprobre par l’idolâtrie du
peuple. Ils ont gardé les paroles de l’Éternel, dit Moïse, et cela quoiqu’il
pût leur en coûter. Les relations de la chair n’existaient pas pour eux dans un
tel moment ; seule la sainteté de l’Éternel était en jeu pour eux. « Il
a dit de son père : Je ne l’ai point vu, et il n’a pas reconnu ses frères,
et n’a pas connu ses fils ». En récompense d’une telle fidélité, l’Éternel
lui confie un service. Ce service présente trois caractères bien distincts :
1° Ils enseignaient les ordonnances de l’Éternel et sa loi à Israël : un
ministère dans la parole. 2° Ils mettaient l’encens sous les narines de l’Éternel.
Le v. 2 du psaume 141 nous fera connaître quel est ce service : « Que
ma prière vienne devant toi comme l’encens, l’élévation de mes mains, comme l’offrande
du soir ». C’est le service de la prière, de l’intercession. 3° Ils
mettaient l’holocauste sur l’autel de l’Éternel, rappelant ainsi devant Dieu l’excellence
du sacrifice de Christ qui monte devant lui comme un parfum d’agréable odeur :
un service d’adorateur. Pour accomplir un tel service, tout lui vient de « l’Homme
de la bonté de Dieu », de celui qui a été éprouvé, et de quelle manière !
Quel homme merveilleux ; en sa présence Moïse disparaît comme les étoiles
au ciel lorsque le soleil se lève. Cher lecteur, je vous laisse méditer
vous-même sur ce qui nous est dit ici de lui, sur ce qu’il est pour ceux qui le
servent. Les lumières et les perfections sont en lui ; c’est en lui qu’est
la force pour accomplir notre service ; nos œuvres qui sont entachées d’infirmités
et de faiblesse sont agréables en lui. Nos ennemis ? C’est lui qui leur
brise les reins, qui les anéantit. Tout nous vient de
lui, même le privilège et la capacité de le servir. « N’ayant rien en
nous, nous avons tout en lui », dit un cantique.
Maintenant une chose encore plus précieuse que le service, si
précieux que soit ce service : le repos
. Nous le trouvons en Benjamin
,
le bien-aimé de l’Éternel : il jouira de son amour, il habitera en
assurance auprès de lui
. Où trouver une place plus précieuse ? jouir de ce qu’il y a dans son cœur ; couverts par lui,
comme d’un bouclier ; être sur les puissantes épaules du divin Berger !
Vraiment nous ne pourrions pas désirer une place plus précieuse.
Toutes ces bénédictions nous amènent nécessairement au divin Joseph
. En lui il y a une
accumulation de bénédictions toutes plus précieuses les unes que les autres ;
n’est-il pas digne de toutes ? Nous avons à nous souvenir que nous lui
sommes associés pour le temps et pour l’éternité : ce qui appartient à l’époux
est aussi la part de l’épouse. Voyons donc un peu ce que nous possédons avec
lui. « Son pays soit béni par l’Éternel de ce qu’il y a de plus précieux
au ciel ». Il semble que nous voyons ici, pour autant que l’Ancien
Testament pouvait nous le faire connaître, ce que l’épître aux Éphésiens nous
révèle si richement : « Bénis de toutes bénédictions dans les lieux
célestes en Christ ». Ici nous ne sommes plus sur la terre, bénis de ce qu’il
y a au ciel, mais c’est bénis dans les lieux célestes eux-mêmes. Que désirer de
plus ? Que pouvait-il nous donner de mieux ? La rosée est la
bénédiction qui vient du ciel et qui descend sur la terre durant la nuit. C’est
l’image de la bénédiction dont nous pouvons jouir maintenant, pendant que nous
sommes dans les lieux bas et ténébreux de ce pauvre monde. Partout nous
trouvons l’excellence de la personne du Seigneur. « Si je monte aux cieux,
tu y es ; si je me couche au shéol, t’y voilà », disait le psalmiste.
« Venez, voyez le lieu où le Seigneur gisait », disait le messager
céleste. Il a été mis dans la poussière de la mort. Qui dira
jamais toute la bénédiction qui découle du fait qu’Il est descendu dans le
puits de la destruction ? Après avoir dirigé nos yeux en bas, là où il y
aurait tant de choses à considérer, le Saint Esprit nous invite à regarder en
haut et à y contempler la même personne qui y est comme la source de toute
lumière et toute vie, lui qui, soleil de justice, apporte la santé dans ses
ailes et va illuminer tout l’univers par les rayons de sa gloire. C’est lui
qui, à travers tous les temps et les saisons de l’histoire de ce monde, a été
et sera toujours la source de toutes bénédictions et de tous les fruits que
Dieu a pu trouver dans les siens, de même que le soleil donne vie et croissance
à tout ce qui germe du sol. Maintenant le v. 15 nous transporte dans les temps
les plus reculés, et même là où le temps n’existait pas encore, et sur les
lieux les plus élevés. Là encore, avant l’histoire du monde, il était, divin
Joseph, le plus précieux objet de la joie du ciel. Enfin, dans ce beau règne de
justice qui va s’établir, et dans lequel la connaissance de l’Éternel remplira
la terre comme le fond de la mer est recouvert par les eaux, il sera encore le
béni ; son nom sera à toujours, son nom se perpétuera devant le soleil, et
on se bénira en lui : toutes les nations le diront bienheureux. Béni soit
le nom de sa gloire, à toujours et que toute la terre soit pleine de sa gloire !
Amen ! oui, amen !
Après cela nous le trouvons dans le buisson, lorsqu’il venait sauver un peuple qui, de fait, ne valait pas mieux que ce buisson d’épines bon seulement pour le feu du jugement. Alors il a été rejeté, mis à part de ses frères, ils n’ont rien voulu de lui. Il a été magnifique dans sa marche au milieu d’un monde égaré par Satan, parmi un peuple révolté contre Dieu et marchant selon ses propres pensées. Il était comme le taureau qui, dans toute la force de sa jeunesse, va devant lui d’une manière calme, patiente, ferme, majestueuse, et que rien n’arrête. Bientôt il reviendra, dans toute sa puissance, pour exécuter le jugement contre ses adversaires. Il les transpercera de la même manière que le buffle qui jamais ne manque de sa corne pointue, celui contre lequel il est en fureur. « Ceins ton épée sur ton côté, homme vaillant, dans ta majesté et ta magnificence ; et, prospérant dans ta magnificence, mène en avant ton char, à cause de la vérité et de la débonnaireté et de la justice ; et ta droite t’enseignera des choses terribles. Tes flèches sont aiguës dans le cœur des ennemis du Roi », nous dit le psalmiste.
Alors il établira son trône à toujours et à perpétuité et
régnera sur les milliers et les myriades de son peuple. Ce sont les myriades d’Éphraïm
,
et ce sont les milliers de Manassé
. Temps heureux ! Il y aura de la
joie en entrant et en sortant : « Réjouis-toi, Zabulon
, en ta
sortie ; et toi, Issacar
, dans tes tentes ! ».
Les cœurs déborderont d’une reconnaissance infinie ; et Israël, centre de
la bénédiction de toute la terre, invitera toutes les nations à venir à la
montagne, le lieu où l’on est près de Dieu au dessus de la terre, pour adorer
et pour offrir des sacrifices de justice au Dieu d’Israël. Dans cet heureux
temps afflueront l’abondance des biens apportés par les nations et les
richesses sans fin du peuple lui-même, dont ils jouiront à souhait.
Alors comme pour Gad
, l’Éternel élargira les limites du
peuple qui habitera en sécurité, tous ses ennemis étant détruits devant lui.
Dans Gad nous avons la première partie du pays, car là était réservée la part
du législateur, Moïse ayant été enterré dans le territoire de Gad. Le souvenir
de la mort du libérateur devait nécessairement être précieux au cœur de tout
Israélite pieux. Chers rachetés du Seigneur, vous pour lesquels Christ est
mort, quel cas faites-vous du souvenir que le Sauveur vous a laissé de sa mort ?
Comment, jusqu’à ce jour, avez-vous répondu au désir de son cœur ? Pour
vous le souvenir qu’il a laissé pour le temps de son absence est-il la première
partie de votre héritage ?
Dan
est un jeune lion, dans toute la force et la vigueur
de sa jeunesse ; il s’élance de Basan, le lieu
où le peuple a remporté ses premières victoires et a reçu les premiers lots de
son héritage, pour aller au delà du Jourdain prendre possession de lots plus
excellents encore, là où l’on est comme Nephthali
,
rassasié de faveurs et comblé de la bénédiction de l’Éternel. Ce sont des
trésors inestimables que ceux que notre Dieu met à la disposition de la foi. De
quel côté que nous nous tournions, à l’occident, au midi, partout ce sont des
bénédictions excellentes.
Enfin Aser
est béni dans sa famille et agréable à ses frères. Que le
Seigneur veuille aussi bénir nos familles ; que notre marche soit toujours
conduite par l’Esprit Saint dont l’huile est une figure. Qu’elle soit toujours
un sujet de joie pour nos frères et pour le cœur du Seigneur.
Pour terminer nous trouvons le repos, la sécurité à toujours. Nul ne saurait troubler celui qui est à l’abri derrière une porte dont les verrous sont de fer et d’airain. Repos éternel, parfait, dont nous jouissons déjà par la foi en marchant sur les traces de Celui qui a dit : « Suis-moi ». Bientôt nous en jouirons dans la perfection au sein des bénédictions qui nous ont été acquises à grand prix lorsque Christ est descendu pour nous dans les profondeurs de la mort.
Après avoir parlé de chacune des tribus, Moïse revient à la bénédiction qui est la part de tout le peuple. Quel peuple bienheureux ! C’est le Dieu fort, le grand Dieu des cieux et de la terre, qui est venu des cieux pour le délivrer. C’est lui en qui la foi a su se réfugier dans tous les siècles, trouvant en lui une demeure, et quelle demeure : Dieu lui-même ! Celui qui de ses bras puissants et éternels soutient les mondes dans l’espace, veut bien nous porter, chasser les ennemis devant nous et nous introduire dans le lot de notre héritage. Là les eaux de la grâce nous désaltéreront à jamais, le pain du ciel nous rassasiera à souhait et la joie de la communion remplira Son cœur et le nôtre. Toutes les bénédictions des cieux seront répandues sur tous les saints. Oui, Israël sera heureux sur la terre, mais bien plus heureux encore seront ceux qui ont leur part dans les cieux. Sauvés, non de l’Égypte, mais du monde ; arrachés, non à la puissance du Pharaon, mais à celle de Satan ; protégés par Dieu lui-même et triomphants de tous nos ennemis, nous porterons nos pas dans les lieux élevés, dans le ciel même, dans la maison du Père. Là nous aurons toute une éternité pour apprendre à connaître les bénédictions dont nous savons si peu jouir et dans lesquelles nous entrons si difficilement. Ce sont les hauteurs des cieux. Qu’en savons-nous ?