« Ne murmurez pas non plus, comme quelques-uns ont murmuré et ont péri par le destructeur »
H. Rossier — Courtes méditations — n°9
ME 1922 p. 25-29
Les murmures sont toujours blâmables ; ils sont parfois odieux et attirent sur ceux qui les font entendre les plus terribles jugements de Dieu.
1° Un des cas, en apparence
les plus inoffensifs, est mentionné au chap. 7 de l’évangile de Jean. Plusieurs
avaient cru en Lui et disaient entre eux : « Le Christ, quand il sera venu,
fera-t-il plus de miracles que celui-ci n’en a faits ? » Les pharisiens
entendirent la foule murmurant
ces
choses de Lui. Il n’y avait pas de mal, direz-vous, à ce que les foules se
communiquassent à voix basse l’impression favorable qu’elles avaient reçue de
la personne de Christ. C’est vrai, mais la crainte que ces hommes avaient des
principaux les empêchait de rendre à haute voix témoignage à Christ et de
réduire l’Ennemi au silence. Les pharisiens profitèrent de ce manque de courage moral
chez le peuple
pour se montrer ouvertement hostiles à Jésus.
2° Un cas fréquent de murmure
est celui qui est mentionné dans la parabole des ouvriers de la vigne au chap.
20 de Matthieu (v. 11). Ceux d’entre eux qui s’étaient engagés d’après un principe
légal : « tant d’heures d’ouvrage, tant de salaire », sont mécontents de
voir ceux de la onzième heure récompensés comme eux, parce qu’ils étaient
rétribués, non sur le principe de la loi, mais sur celui de la grâce souveraine
du maître de maison. Est-ce donc des Juifs, seuls propres justes, asservis à la
loi, que ce passage nous parle ? Beaucoup de chrétiens,
envoyés dans la vigne, travaillent sur le principe d’un
salaire convenu et ont de la jalousie contre ceux qui sont rétribués sur le
principe de la grâce. Tous ceux qui ont été recrutés sur ce dernier principe
reçoivent ce qui est juste
, (v. 7), non pas à leurs yeux, mais
à ceux du Maître. Ils acceptent leur salaire avec reconnaissance. Les seuls qui
murmurent sont ceux qui, engagés sur un pied légal, sont remplis de jalousie
envers ceux que la grâce favorise. Leur mécontentement va jusqu’à accuser le
Maître lui-même. Celui-ci répond avec calme à cette accusation, au lieu de
punir l’insolent : 1° Je ne te fais pas tort ; 2° Il y a eu accord
entre toi
et moi
(non pas vice-v
ersa
) pour un denier, journée légale de l’ouvrier ; puis, 3° Il
le renvoie avec ces paroles : « Prends ce qui est à toi
» et dit : 4° : Je veux
donner au dernier autant qu’à toi. C’est la volonté
de la grâce
; qu’as-tu à dire ? 5° Dieu n’est-il pas
libre de faire de ce qui lui
appartient
l’usage qu’il veut ? 6° Oses-tu voir du mal
et murmurer quand tu te trouves devant ma
bonté ?
Ainsi le chrétien légal, sans
s’en rendre compte, accuse Dieu, et murmure contre lui, parce qu’il se croit
supérieur aux autres. Il ne peut souffrir que ces derniers soient employés par
la grâce, sans aucun mérite de leur part. Il blâme la bonté
chez Dieu
et loue ses propres mérites
. Quelle aberration ! Mais ce
murmure n’attire pas encore sur lui la colère du Maître qui lui dit
simplement ; Va-t’en
. Toute relation avec ce propre juste
est interrompue pour laisser le champ libre à la grâce.
3° En Luc 5:30, les scribes
et les pharisiens murmurent contre les
disciples
de ce qu’ils mangent et boivent avec les publicains et les
pécheurs. Le Seigneur prend leur défense et répond
pour eux
. Quel
privilège ! Laissons dire le monde, nous Ses disciples ; le Seigneur
répondra pour nous. Ces adversaires, en s’adressant aux pauvres disciples,
s’adressent aux faibles, mais les voilà qui, au lieu de rencontrer ces
derniers, rencontrent inopinément le
Fort,
du moment qu’ils attaquent ses bien-aimés. Aucune indignation chez le
Seigneur ; il se borne à couvrir les siens et la confusion est pour leurs
adversaires.
En Jean 6:61, les disciples
murmurent à leur tour, mais
non pas contre leur Maître. Leur ignorance ne comprend ni la valeur de la mort
de leur Sauveur, ni la vie éternelle que cette mort leur apporte, ni, à bien
plus forte raison, la valeur de sa résurrection. Remarquez avec quelle grâce le
Seigneur les instruit ! C’est avec la même grâce qu’il supporte
l’ignorance des Juifs murmurant contre
lui
parce qu’il se faisait supérieur à Moise.
4° Phil. 2:14 ; 1 Pierre
4:9. Une certaine catégorie de murmures, chez les chrétiens, est tout
simplement l’expression de leur mécontentement d’avoir à subir certaines
obligations, ne fut-ce que l’exercice de l’hospitalité, ou certaines règles
morales qui s’imposent à leur volonté. Ces murmures sont le résultat de
l’indépendance, qui est le péché.
On
oublie que ces entraves que nous avons à subir sont ordonnées de Dieu et ne
fut-ce que pour mettre à l’épreuve notre confiance en Lui. Le murmure est, dans
ce cas, le mécontentement des voies de Dieu à notre égard et le désir de nous
en affranchir. Cela aussi est une chose que nous devrions juger sévèrement.
5° Nous trouvons enfin le
murmure mentionné par notre titre, en 1 Cor. 10:10. Ce murmure, chose affreuse,
est la révolte contre Dieu
. Est-il possible qu’une telle chose
puisse se produire chez un enfant de Dieu ? Nous dirions : Non
. Et cependant, au jour actuel,
combien de paroles sorties de la bouche des chrétiens ou de gens réputés tels,
qui, si elles ne sont pas une révolte ouverte, frisent du moins la
révolte ! « Si Dieu existe, disent-ils, peut-il supporter que de telles
atrocités se commettent ? » « Pourquoi Dieu qui aurait pu empêcher le mal,
ne l’empêche-t-il pas ? » Paroles blasphématoires, dont ne se doutent même
pas ceux qui les prononcent ! Je réponds : Oui, Dieu existe et
supporte vos blasphèmes ! Veuillez m’expliquer pourquoi il ne vous a pas
pulvérisé, ici même, quand vous les profériez. Je dis que Dieu existe et la
preuve, c’est qu’il est patient envers
vous
, comme envers tous les
hommes, ne voulant pas que vous périssiez ! Murmurer contre Dieu !
C’est ce que fit Israël. Devant les obstacles qu’il va rencontrer au pays de
Canaan, le peuple accuse Dieu qui l’a comblé de tant de grâces, de l’avoir
conduit au désert pour l’y tuer
,
et
veut retourner en Égypte ! Ces murmures, hâtons-nous de le répéter, ne
peuvent être ceux des rachetés, des vrais enfants de Dieu, des élus, mais ne
pensez pas que ce soient uniquement ceux de ce peuple de cou roide, d’Israël,
que Dieu dut finalement rejeter de devant sa face ; l’apôtre a soin de
nous avertir du contraire en 1 Cor. 10. Ce sont les murmures de ceux qui font profession de christianisme
. Si tout le peuple qui avait murmuré
contre Dieu a dû tomber dans le désert, banni à tout jamais de la terre promise
(à l’exception de Josué et de Caleb), à combien plus forte raison devront
tomber ceux qui portent le nom de chrétiens et qui murmurent aujourd’hui :
« Dieu est un Dieu qui aime à faire le mal, qui aime à détruire les hommes. Il
aurait pu empêcher tout ce mal ; pourquoi ne l’a-t-il pas fait ? »
Quelques-uns d’entre eux vont jusqu’à rendre Dieu responsable de la chute du
premier homme ! Or que nous dit la Parole ? « La face de l’Éternel est
contre ceux qui font le mal », et « ses yeux sont trop purs pour voir le mal »
(Ps. 34:17 ; Hab. 1:13).
Ces hommes ont jadis péri par le destructeur. Aujourd’hui ces hommes, à moins qu’ils ne se repentent, périront de la même manière et l’accès au ciel leur sera fermé (Nomb. 14:2, 27, 29). Leur seule et unique ressource est en Celui qui peut se tenir avec l’encensoir entre les morts et les vivants (Nombr. 16:41) ; en Celui qui peut exercer la grâce sacerdotale d’Aaron en intercession pour le peuple coupable (Nomb. 17:10).
Repentez-vous donc. Aujourd’hui Dieu vous convie à la repentance !