H. Rossier — Courtes méditations — n°10
ME 1922 p. 37-39
Nous ne serons jamais conformes
à Jésus ici-bas. Il nous faut
attendre sa venue pour que « le corps de notre abaissement soit transformé
en la conformité du corps de sa gloire
». Alors, par la transformation de nos corps, nous aurons
atteint cette conformité (Phil. 3:21). Et ce ne sont pas seulement nos corps
qui seront conformes à son corps glorieux, mais nous sommes prédestinés à être conformes à l’image du Fils de Dieu,
comme
faisant partie d’une famille qu’il appelle ses frères, et dont il est le
premier-né (Rom. 8:29).
Il est cependant une chose
qui peut être toujours réalisée pour nous, dans ce monde : c’est d’être rendus conformes à sa mort.
Nous pouvons
être appelés à mourir comme Lui et dans ce cas ce sera le moyen de parvenir
comme Lui à la résurrection d’entre les morts (Phil. 3:10).
Il y a d’autre part un objet
auquel il nous est, hélas ! toujours facile de nous conformer,
parce que nous avons la chair en nous : cet objet
est le monde, aussi sommes-nous exhortés, par le passage qui est en tête de
cette méditation, à ne pas nous conformer
à ce siècle
(Rom. 12:2), ni non plus, comme il est dit autre part, « à nos convoitises d’autrefois
pendant
notre ignorance » (1 Pierre 1:14). Avec quelle facilité nous glissons sur cette
pente !
Répétons-le donc : Il
n’y a pas pour nous de conformité
possible
avec Christ ici-bas. Cela réduit à néant les prétentions qu’ont certains
chrétiens d’atteindre la perfection dans ce monde, doctrine insensée qui
suppose la perfection dans la chair ! La parole de Dieu ne nous dit-elle
pas : « Quand ce qui est parfait sera
venu,
ce qui est en partie aura sa fin » ? Et encore : « Maintenant
je connais en partie, alors
je
connaîtrai à fond comme aussi j’ai été connu » (1 Cor. 13:10, 12).
Mais s’il n’y a pas pour nous
de conformité morale ou corporelle avec Christ ici-bas, il peut y avoir, grâce
à Dieu, une transformation morale.
Cette
transformation est graduelle,
comme
nous le voyons en 2 Cor. 3:18, où il est dit que « nous sommes transformés
à la même image de gloire en gloire
» ; mais elle ne se produit
jamais que lorsque l’âme du chrétien, sous l’influence puissante du Saint
Esprit, contemple « à face découverte, la gloire du Seigneur ». Cette
transformation est produite par « le renouvellement de l’entendement » (Rom.
12:2), renouvellement qui a lieu par l’Esprit (Tite 3:5). C’est par lui que
nous éprouvons ou discernons la volonté
de
Dieu.
Ayant été délivrés, par le
fait que nous sommes morts avec Christ, de la volonté de la chair qui n’est
autre chose que « le péché », nous pouvons maintenant présenter nos corps,
dépouillés de cette volonté, en sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu, et
nous en disposons dans ce but. Par le renouvellement de notre entendement, nous
apprenons à goûter et à apprécier une toute autre volonté que la nôtre, celle de Dieu.
Dans ces conditions nous ne serons jamais en danger de prendre notre volonté pour celle de Dieu. Un homme d’état renommé, croyant, mais absolument aveuglé sur le jugement que Dieu portait sur lui, disait : « La volonté de Dieu est la grandeur de mon pays et toute mon activité consiste à accomplir cette volonté ». Le malheureux produisit la ruine complète de sa patrie, parce qu’il décorait sa propre volonté du nom de volonté de Dieu.
Tout autre est le discernement
de la volonté de Dieu ; il n’a lieu que lorsque la question de notre
volonté a été définitivement
réglée et jugée, aussi pouvons-nous dire que le discernement de la volonté de
Dieu a lieu dans la mesure où nous nous tenons pour morts au péché. Au reste,
cette volonté de Dieu, discernée et éprouvée dans le coeur, fait notre joie et
notre force. Tout ce que Dieu fait est désormais bon
pour nous,
parce que Dieu le veut ; et si Dieu le veut, celui qui a été transformé,
trouve cette volonté agréable
. Il ne pense pas à ce dont cette volonté
le prive, mais il sait qu’elle est agréable à l’Amour divin
dont il
est lui-même l’objet. Alors il peut dire : En vérité, cette volonté est parfaite.
Bien-aimés ! n’ayons
affaire qu’à la volonté de Dieu seule et nos coeurs seront toujours remplis de
bonheur et de paix !
La transformation
dont nous parlons peut encore dépasser les limites
d’une transformation morale. Sous la puissante efficace du Saint Esprit, un
Étienne est transformé en la similitude des pensées de Christ ici-bas, tandis
que son visage porte déjà les traits d’un ange qui voit la face de Dieu. De
même les disciples, ces gens « illettrés et du commun », portaient sur leurs
traits et dans leur langage une ressemblance avec Jésus parce qu’ils avaient
été avec Lui (Actes 4:13).