H. Rossier — Courtes méditations — n°17
ME 1922 p. 153-156
Ceux qui ont compris la
pensée de Dieu pour les temps de la fin, ont le privilège de pouvoir réaliser jusqu’au
bout
ce que le Seigneur attend de ses témoins, car il ne sera pas suscité
de témoignage nouveau jusqu’à la venue du Seigneur.
Cette réalisation de la
pensée de Dieu et de Christ, nous la trouvons exprimée dans les épîtres à
Philadelphie et à Laodicée. Dans la première, il s’agit d’un témoignage
collectif
très faible, car sa faiblesse coïncide avec la ruine de l’Église
professante (Sardes) sortie de la Réformation. Dans la seconde, il s’agit d’un témoignage
individuel
, le seul qui semble subsister encore quand l’Assemblée responsable
est sur le point d’être vomie de la bouche de Christ.
Le témoignage collectif
actuel est accompagné de l’aveu public que l’on possède peu de force, mais
aussi de la conviction qu’Il est notre Boaz (« En lui est la force »), Lui qui a
le pouvoir absolu d’ouvrir et de fermer. Mais ce témoignage consiste d’abord à
ne pas renier le nom de Celui qui dit : Je suis le Saint
; à
répondre, par une vraie séparation du monde, au caractère du Seigneur qui est
et a toujours été le Saint
, séparé pour Dieu de tout mal. Ce témoignage
consiste en second lieu à garder la parole du Seigneur, à la garder dans toute
son intégrité, comme étant la vérité même, le caractère de Celui qui est la
Parole faite chair, révélé entièrement dans les Saintes Écritures.
Il n’est point difficile de réaliser ces choses collectivement, ne serait-on que deux ou trois pour le faire. On trouve dans cette réalisation des liens heureux d’amour entre frères exprimés par le nom de Philadelphie, et découlant du sentiment de l’amour de Christ. Ces liens sont étrangers à ceux qui ne possèdent pas les deux choses que Jésus loue en Philadelphie : Garder sa Parole et ne pas renier son nom. Le sentiment de la ruine pousse en même temps ces âmes à attendre le Seigneur et Celui-ci leur confirme la promesse qu’Il vient bientôt.
Philadelphie ne serait pas Philadelphie, c’est à-dire l’amour fraternel uni à peu de force, si l’on devait s’attendre à voir le nombre des chrétiens, attachés à la Parole et séparés du monde, s’augmenter beaucoup et devenir un puissant témoignage au temps de la fin. Cependant, si le témoignage philadelphien était plus fidèle on pourrait voir, avant l’enlèvement de l’Église, un plus grand nombre d’enfants de Dieu garder « la parole de la patience de Christ » et s’écrier : « Viens ! Amen, viens Seigneur Jésus ! »
Le témoignage individuel
devient toujours plus pressant à mesure que le temps de la fin approche. Ce
témoignage est, à le considérer de près, le même témoignage que Philadelphie a
rendu collectivement. Le croyant individuel jouit de la communion avec le
Seigneur, mais il a le privilège de faire une connaissance encore plus intime
de Christ que Philadelphie ne l’a fait comme assemblée. Il comprend mieux ce
qu’est l’Amen
(Apoc. 3:14). Ne trouvant plus dans l’Église aucune
réalisation de la pensée de Christ, il est rejeté uniquement sur Celui qui est,
lui seul, la pleine révélation et le plein accomplissement de toutes les
promesses de Dieu relatives au salut, au St-Esprit, à la vie éternelle, à
l’héritage. Quand le fidèle serait laissé seul au milieu d’un monde apostat lui
manquera-t-il rien, s’il a l’Amen
?
Vous direz que la ruine du
témoignage de Dieu dans ce monde doit le remplir de découragement ?
Non ; car si vous étiez tout seul à avoir « entendu sa voix » (v. 20) un
autre témoin resterait encore. Ce témoin, c’est Lui
. Même mon témoignage
individuel isolé pourrait venir à manquer (bien que je sois certain que le
Seigneur ne se laissera jamais sans témoignage, au milieu de la pire apostasie)
que lui demeurerait le témoin fidèle
. Et de plus, il est le témoin
véritable
. Il s’est manifesté à Philadelphie comme « le Véritable »,
pleinement révélé dans la parole de Dieu qui est la vérité, comme Lui-même est
la vérité. Ici, il se manifeste à l’âme individuellement, quand la parole de
Dieu est abandonnée, comme Celui dont le témoignage peut être connu par cette
même Parole.
Que tu es heureux, pauvre témoin isolé de Laodicée ! ton témoignage, c’est Christ qui le représente, et ce témoignage, tu peux le connaître tout entier dans la Parole, sans qu’il y manque rien ! Es-tu moins puissant, toi, parce que tu es seul ? Non, puisque le Témoin fidèle et véritable est avec toi, qu’il entre chez toi, s’assied à ta table, est en communion avec toi et t’invite à sa communion ! (v. 20).
Nouvelle grâce ! il est
encore « le commencement de la création de Dieu
». Quand tout ce qui est
de l’ancienne création s’est moralement effondré, lui est le commencement de
celle de Dieu
, d’une nouvelle création basée sur sa résurrection d’entre
les morts. Te voilà, pauvre isolé, introduit dans cet ordre de choses tout
nouveau, tout spirituel et céleste, peuplé des milliers de myriades dont il est
le Chef ! Regrettes-tu la faillite de l’ancienne création ? Cette
création disparaîtra entièrement, consumée par le feu inexorable du jugement,
elle passera avec un bruit sifflant de tempête. La nouvelle création seule
subsistera. Elle a son commencement en Christ, et ce commencement n’aura
point de fin à jamais
!