par Henri Rossier
1.1 - Communion avec la PERSONNE de Christ
1.2 - Communion avec Christ dans les résultats de Son oeuvre
1.3 - Communion avec Christ dans la louange
1.4 - Communion avec Christ dans la prière
1.5 - Communion avec Christ dans la marche
1.6 - Communion avec Christ dans le service et dans le témoignage
1.7 - Communion des souffrances de Christ
2 - LA COMMUNION DANS LES PSAUMES
3.1 - PSAUME 2 : Notre association avec Christ dans son Règne
3.2 - PSAUME 8 : Notre association avec le Fils de l’homme dans sa domination universelle
3.3 - PSAUME 16 : Notre association avec Christ dans le service
3.4 - PSAUME 22: 21-22 : Notre association avec Christ ressuscité
3.5 - PSAUME 23 : Le Berger et la brebis
3.6 - PSAUME 32 : Comment retrouver la Communion perdue ?
3.7 - PSAUME 40 : Communion entre le Fils et le Père. Communion des rachetés avec le Fils
3.8 - PSAUME 41: 1-3 : Communion avec un Christ souffrant
3.9 - PSAUME 45 : Association avec le Christ triomphateur et Roi. Union avec l’Époux
3.10 - PSAUME 63 : La joie de la Communion
3.12 - PSAUME 87 : Communion de pensées entre Christ et les siens au sujet de la Cité de Dieu
3.13 - PSAUME 91 : Communion avec Christ, second Adam
3.14 - PSAUMES 102 et 103 : Communion avec Christ dans les résultats de son oeuvre
3.15 - PSAUME 110 : Communion avec Christ glorifié
3.16 - PSAUMES 132 à 134 : Communion avec Christ, vrai David, vrai Aaron, vrai Melchisédec.
3.17 - PSAUME 145 : Communion de Christ et des siens dans la louange.
Qu’est-ce, pour le chrétien, que la Communion ? C’est, tout
d’abord, une part commune
« avec le
Père et avec son Fils Jésus Christ », fruit de notre association avec eux (1
Jean 1: 3).
Ainsi Christ nous a révélé le Père, afin que nous ayons part avec lui, le Fils, à l’amour du Père, comme ses enfants bien-aimés ; le Père nous a révélé son Fils, et, par son sacrifice, nous a donné part avec lui, le Père, dans l’Objet de ses délices, et nous associe avec Christ dans tous les résultats de son oeuvre.
Mais, avoir part et association avec Christ n’est qu’un côté de
la Communion. Cette part, tous les croyants, qu’ils la connaissent ou non, la
possèdent. Ils sont associés à Christ, dans toutes ses relations avec
Dieu : comme Fils de Dieu, né dans ce monde (selon le Psaume 2: 7), comme
Héritier, comme Roi, comme Sacrificateur, comme Homme ressuscité et assis à la
droite de Dieu — ils sont tous élus en
Lui,
pour être saints et irréprochables devant Dieu, en amour ; tous sont
morts, crucifiés, ensevelis, vivifiés, ressuscités avec Lui ; tous, en Lui,
sont justifiés, adoptés,
agréables à Dieu, assis dans les lieux célestes, unis en Un Seul Corps avec Lui ;
tous sont nommés ses frères,
son Épouse.
Quoiqu’il soit profondément triste de ne pas connaître ces
choses, et que les chrétiens soient infiniment coupables de les ignorer, elles
sont la part de tous les rachetés, qu’ils
le sachent ou non.
Mais la Communion va beaucoup plus loin que cette part et cette
association. Elle est une communauté de pensées, d’affections, elle est un même
coeur, un même sentiment pour les mêmes objets. Elle est, en un mot, la jouissance en commun
de la personne ou
de l’oeuvre à laquelle on a part.
Cette communion est pour nous la source d’une joie accomplie
(1 Jean 1: 4), d’une joie
à laquelle il ne manque rien et qui est à la portée de tous les croyants. Nous
nous réjouissons avec le Père et le Fils de leurs pensées à l’égard l’un de
l’autre, de toutes les perfections qu’ils trouvent l’un dans l’autre, et de
leurs pensées à notre égard. On trouve l’expression de la Communion entre le
Père et le Fils dans le 17° chapitre de Jean. Là nous apprenons que tout ce qui
est au Père est au Fils, que tout ce qui est au Fils est au Père, que le Père
et le Fils sont un, le Père en lui, et lui dans le Père — mais, en même temps,
chose merveilleuse, que Jésus associe ses disciples avec lui dans cette
Communion, afin, dit-il, « qu’eux aussi soient un en nous, moi en eux, toi en
moi, afin qu’ils soient consommés en un » — sanctifiés comme Lui, envoyés comme
Lui dans le monde, séparés du monde comme Lui, aimés comme Lui, partageant sa
propre gloire — en un mot, objets des délices du Père et du Fils, objets de
toute l’activité de leur amour.
L’amour
est, en effet,
l’expression la plus élevée de la Communion : il y a réciprocité d’amour, d’un
amour commun à Dieu et à nous qui, nés de Lui, possédons Sa nature. Sans doute,
cet amour est infiniment et incommensurablement plus élevé du côté du Père et
du Fils que du nôtre, car Dieu EST amour, ce que nous ne
sommes pas ; et de plus, nous sommes ici-bas des êtres limités, faibles,
faillibles, imparfaits. Seulement, dans le ciel, notre amour s’exprimera d’une
manière digne de Dieu (ce qui n’est pas le cas dans notre condition actuelle)
tout en n’étant, même alors, que le produit
de l’amour souverain qui nous a communiqué la nature divine et nous a donné
le droit d’être enfants de Dieu.
La Communion d’amour entre Christ et ses rachetés a son expression la plus douce dans les rapports entre
l’Église et Lui, entre l’Épouse et l’Époux. Trois passages du Cantique des
cantiques nous montrent l’amour de l’Épouse d’une manière très touchante et qui
dénote une certaine gradation dans ses sentiments. — Elle dit, au chap. 2: v.
16: « Mon bien-aimé est à moi, et je suis à lui ». Elle pense, en premier lieu, à
ce qu’elle possède : « Il est à moi
».
Rien de plus légitime, mais l’amour de l’Époux pour elle n’occupe pas le
premier rang. — Au chap. 6: 3, elle dit : « Je suis à mon bien-aimé, et mon
bien-aimé est à moi ». Ce qu’elle est pour son bien-aimé a maintenant la
première place dans son coeur. Elle connaît son propre état, et combien peu
elle mérite un tel amour, elle qui n’a point gardé sa propre vigne (Cant. 1:
6) ; cependant elle lui appartient ! Objet indigne d’une telle affection, elle en
est profondément touchée. — Au chap. 7: 10, ne pensant plus qu’à ce qu’elle est
pour Lui,
elle dit : « Je suis à mon
bien-aimé et son désir se porte vers moi ». « Son désir se porte vers moi ! »
Y a-t-il rien d’étonnant à ce que son désir, à elle, se porte vers Celui qui
est parfait en grâce et en beauté ? Mais que Lui la désire et considère sa
possession comme le comble de Ses voeux serait capable de la déconcerter, si
elle ne savait pas que rien ne pourra jamais changer Son amour. — Il l’a
découverte comme une perle de grand prix, quand il n’y avait rien en elle qui
la rendît désirable, quand elle était noire et brûlée du soleil (1: 6). Combien
de fois dans le Cantique
il lui dit : Tu es belle !
(1: 15; 4: 1, 7; 6: 4, 10;
7: 1, 6), et en parle même à d’autres (5: 9; 6: 1) ; alors qu’elle ne lui dit
qu’une seule fois
: « Tu es beau
, mon bien-aimé » (1: 16). Cela
marque bien, n’est-ce pas, la différence entre son amour et le nôtre !
Mais s’il y a Communion d’amour entre l’Épouse et l’Époux,
quelle peut donc être la Communion entre le Père et le Fils unique dans son
sein, entre le Fils, devenu homme, et le Père ? « Je demeure », dit-il « dans Son
amour ». Aucune intelligence ne pourra jamais sonder de telles profondeurs de
Communion. Or cette Communion d’amour n’existe pas seulement pour le Père et le Fils
, mais aussi pour nous ;
toutefois en ce qui nous concerne, elle est conditionnelle
et nous pouvons la troubler ou l’interrompre. C’est pourquoi le Seigneur dit :
« Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés ; demeurez
dans mon amour » (Jean 15: 9), et : « Si
quelqu’un m’aime
, il
gardera ma parole, et mon Père l’aimera
;
et nous viendrons à lui, et nous ferons notre
demeure
chez lui » (Jean 14: 23). Notre Communion d’amour avec eux est donc
conditionnelle.
En ce qui nous concerne, la jouissance de la Communion est individuelle
ou collective
. La Communion collective est son caractère le plus
élevé, car c’est d’elle que découlent la louange,
l’adoration, le culte en commun des enfants de Dieu. Les apôtres, auxquels la
part commune qu’ils avaient avec Christ avait été directement révélée, la
faisaient connaître aux croyants, afin que ces derniers pussent avoir Communion
avec eux, les apôtres (1 Jean 1: 3), et jouir avec eux des relations intimes
qui existent entre le Père, le Fils et les rachetés.
Or si cette joie de la Communion avec le Père et le Fils
existait entre les apôtres et les fidèles, elle existait aussi nécessairement
pour les fidèles entre eux : Ils avaient « Communion les uns avec les autres
». (1 Jean 1: 7) Tous pouvaient jouir
ensemble, en vertu de la position bénie dans laquelle l’oeuvre de Christ les
avait placés, de leurs relations communes avec le Père et le Fils.
Il est de toute importance de ne pas oublier que le Saint
Esprit, comme personne divine, a toujours
part à la Communion
et en est inséparable. Aussi est-elle appelée la
« Communion du Saint Esprit » (2 Cor. 13: 13). C’est lui qui nous révèle Christ,
qui nous fait connaître que nous sommes en Lui, et Lui en nous, qui nous
introduit dans la Communion du Père et du Fils, qui nous enseigne, qui prend
les choses de Christ et nous les apporte, qui nous conduit dans toute la
vérité.
Cette action du Saint Esprit en nous est liée elle-même à la Parole de Dieu
qui est employée par
l’Esprit pour produire et entretenir la Communion, comme elle avait été
employée par lui, pour produire la nouvelle naissance (Jean 3: 5). La Parole
nous parle de Christ ; nous révèle, dans le ciel, Celui même qui nous a révélé
le Père ; nous le fait connaître sur la terre, et nous associe à Lui, dans notre
marche et notre témoignage. Appliquée par l’Esprit à l’âme du croyant, celui-ci
reçoit la Parole et elle devient son plus cher trésor. Elle lui fait connaître
l’oeuvre de Christ et ses merveilleuses conséquences. Le chrétien y trouve ses
délices, comme le Père et le Fils trouvent leurs délices à la lui donner. Notre
âme s’en nourrit, en vit, car c’est une Parole
vivante
. Elle nous met, par l’Esprit, en communication directe avec Dieu et
avec Christ. Elle nous révèle les choses profondes de Dieu, et, écrite dans le
coeur, elle s’applique à l’humble marche de chaque jour, comme on le voit tout
le long du Psaume 119.
Le monde
est
absolument étranger à la Communion. Il n’a aucune part, ni au Père (sauf en
tant que Dieu Créateur : Éph. 4: 6), ni au Fils, ni à son oeuvre, ni à la foi
qui s’approprie cette oeuvre, ni au Saint Esprit qui nous en fait jouir.
La Communion doit être dans ce monde le but principal
de tout chrétien, car l’activité de ce dernier, son
service, les fruits qu’il porte (Jean 15: 4), en un mot, sa vie tout entière,
tirent d’elle leur force.
C’est la Communion, qui nous préserve des chutes, des erreurs
quant à la marche et à la doctrine ; c’est elle qui nous maintient dans une
vraie séparation du monde et de ses principes, et nous garde dans la paix et la
joie ici-bas. La Communion est la source
la plus profonde du Christianisme pratique.
Combien il est à désirer que
nous la cultivions sans cesse comme notre trésor le plus précieux !
La Communion est, avant toutes choses, la Communion avec une personne
et cette personne est le Fils de Dieu.
Aussi est-il dit : « Dieu,
par qui vous avez été appelés à la
Communion de son Fils
Jésus Christ, notre Seigneur, est fidèle » (1 Cor. 1:
9). Sans Lui, nous ne pourrions avoir aucune Communion avec le Père ; aussi nous
dit-il : « Qui m’a vu, a vu le Père » ; « Nul ne vient au Père que par moi » ; et
encore : « Mon Père et votre Père, mon Dieu et votre Dieu ». Mais cette relation
est établie par sa mort et sa résurrection, sans lesquelles nous ne pourrions
avoir aucune part avec le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ, ni avec
Jésus Christ lui-même. Il est donc l’objet que le Saint Esprit place, avant
tout autre, devant nos yeux, et quel objet n’est-il pas, lui, le Sauveur,
l’Agneau, l’Époux de son Église, la Tête de son corps, le Premier-né entre
plusieurs frères, le Chef de la famille sacerdotale, le Pasteur des brebis, le
Seigneur, le Roi ! L’avoir, le posséder, le connaître, c’est être placé au
centre même des bénédictions éternelles. En
Lui Dieu s’est révélé à nous ; par
Lui
nous sommes amenés à Dieu ; Lui
maintient
la Communion entre nos âmes et Dieu, et la restaure quand nous l’avons perdue.
Cependant ce n’est pas seulement avec la personne de Christ
qu’est notre Communion : elle est aussi la part et la jouissance que nous avons
avec Lui dans les Résultats de son
oeuvre.
Il a, déjà maintenant, achevé l’oeuvre que le Père lui a donnée à
faire. Quant aux relations qu’il a établies entre nous et le Père, il est
arrivé au bout de son travail ; son but est pleinement atteint, en sorte qu’il
peut avoir Sa joie accomplie en nous. Il ne lui reste plus qu’à nous introduire
dans sa propre gloire ; alors il jouira du fruit du travail de son âme ; il en
sera pleinement satisfait, et nous partagerons sa joie. Réjouissez-vous avec moi,
dit, en Luc 15, Christ, le
Berger ; réjouissez-vous avec moi,
dit
la femme (le Saint Esprit) ; il fallait se
réjouir,
dit le Père, en y invitant toute sa maison, quand le fils prodigue
est retrouvé. Il nous a non seulement rachetés, mais amenés à Dieu selon sa
propre perfection et celle de l’oeuvre qu’Il a accomplie pour nous sauver.
Comme il est Lui-même justifié du péché et sanctifié, nous le sommes par lui et
avec lui ; comme il est ressuscité et assis à la droite de Dieu, nous sommes
ressuscités avec Lui et assis en Lui ; comme il est glorifié, nous le sommes en
Lui : « Ceux qu’il a justifiés, il les a aussi glorifiés ». Il nous a
introduits avec Lui dans la lumière immaculée de la présence de Dieu !
La Communion avec sa personne, implique donc la Communion avec
Lui dans les résultats de son oeuvre, parce que nous y avons part, étant amenés
devant Dieu dans la perfection qui appartient à Christ et qu’il nous a acquise
au prix de sa mort sur la croix. C’est pourquoi il est dit : « La coupe de
bénédiction que nous bénissons, n’est-elle pas la Communion du sang du Christ ?
Le pain que nous rompons, n’est-il
pas la Communion du corps du Christ ?
(1 Cor. 10: 16).
La Communion avec Christ dans la participation aux résultats de
son oeuvre a pour conséquence la Communion
avec Lui dans la louange
. Il dit : « Je te louerai au milieu de l’Assemblée ».
Ici, la louange, commune à lui et aux siens, s’adresse à Dieu. Le Père veut de
tels adorateurs. Cette louange a pour sujet la délivrance que Dieu a opérée
pour Christ et que Christ a opérée pour nous. Le Père est l’objet de cette
louange. De même, l’Agneau, en Apoc. 5, est présenté aux saints célestes, comme
l’objet de leur louange commune et de leur joie. Lui-même trouvera sa joie à
avoir, devant lui, le fruit de son travail d’amour : « Il se réjouira avec joie à
ton sujet ; il se reposera dans son amour ; il s’égayera en toi avec chant de triomphe
». (Soph. 3: 17).
La réponse à nos prières est aussi le résultat de la Communion,
selon ce que dit le Seigneur : « Si vous demeurez en moi (demeurer
signifie toujours : Être en communion
) et que mes paroles demeurent en vous, vous demanderez ce que vous voudrez et il
vous sera fait
». Il est lui-même le modèle de la Communion dans la prière,
car il pouvait dire : « Je te rends grâces de ce que tu m’as entendu ; or, moi je
savais que tu m’entends toujours » (Jean 11: 41-42). La volonté d’un coeur
entièrement d’accord avec la pensée de Dieu présente la demande, et la réponse
suit immédiatement : le Saint Esprit est à la fois l’agent pour formuler la
prière et apporter la réponse directe, souvent sans intermédiaire. Mais cette
réponse peut aussi nous être apportée par l’intermédiaire de la parole de Dieu,
appliquée à notre âme par l’Esprit, et venant répondre au besoin que nous avons
exprimé. Ces choses appartiennent à nos expériences journalières.
Mais il arrive fréquemment, et cela est d’une rencontre habituelle dans les Psaumes, qu’une prière, tout en étant un acte de foi, n’est pas une prière de Communion. Il en est ainsi de tous les cris de détresse que l’on entend dans les Psaumes et les Prophètes. Ils ne sont pas plus les expressions de la Communion que le cri suprême de notre Sauveur bien-aimé sur la croix, alors que, pour nous racheter, il était abandonné de Dieu, toute communion étant interrompue. Aussi disait-il : « Mon Dieu, je crie de jour, mais tu ne réponds point, et de nuit, et il n’y a point de repos pour moi ! »
Les formes de la Communion dont nous avons parlé jusqu’ici, bien
que se manifestant sur la terre, développent leur activité dans les lieux
célestes, mais il est certains côtés de la Communion qui ont leur activité ici-bas :
Il y a une Communion dans la marche : Christ en a été ici-bas le
modèle parfait et nous sommes appelés à y participer avec lui. « Celui qui dit demeurer
en Lui (c’est la Communion)
doit lui-même aussi marcher comme Lui a
marché
» (1 Jean 2: 6). Énoch, Abraham, ont marché avec Dieu ;
maintenant c’est Christ homme, dans Sa marche
ici-bas, qui se présente comme notre modèle. Nous sommes appelés ses compagnons,
et aucun terme ne peut,
mieux que celui-là, présenter la Communion dans la marche (*). Nous sommes aussi appelés ses Amis,
et combien aussi ce terme
s’applique à la Communion ! L’ami est celui pour lequel on se dévoue, qui nous
dit tous ses secrets (Jean 15: 15), auquel nous disons tous les nôtres ; celui
dans lequel nous avons une confiance implicite et qui a la même confiance en
nous, celui qui non seulement s’enquiert de nos affaires, mais nous entretient
des siennes.
(*) Les termes : marcher avec Lui, et : le suivre, offrent le même degré de Communion, seulement dans le premier cas, il y a plus d’intimité, dans le second, plus de dépendance.
Quant au service,
nous
sommes ses collaborateurs. Pareils à Lui, nous sommes appelés à être, au milieu
de nos frères, comme celui qui sert. Comme il nous lave les pieds, nous devons
nous les laver les uns aux autres, pouvant être ainsi des instruments pour
rétablir nos frères dans la Communion perdue. Cette sphère du service est aussi
vaste que possible : elle n’est pas confinée à la famille de Dieu, mais s’étend
au monde entier : « Comme tu m’as envoyé dans le monde, moi aussi je les ai
envoyés dans le monde » (Jean 17: 18). Nous attendons, comme Lui, la joie
proposée au serviteur. En nous abaissant comme Lui, nous lèverons haut la tête
comme Lui.
Quant au témoignage,
au
milieu d’un monde où notre Sauveur est méconnu, rejeté, étranger et pèlerin, il
est (hélas ! ne devons-nous pas plutôt dire : « devrait être ») le même que le
sien, le même que celui du Saint Esprit. N’a-t-il pas dit : « Celui-là rendra
témoignage de moi ; et vous aussi vous rendrez témoignage » ?
Le témoignage implique nécessairement la souffrance. C’est
pourquoi l’apôtre Paul désirait connaître la Communion de ses souffrances
(Phil. 3: 10). C’est aussi pourquoi
l’apôtre Jean pouvait dire qu’il avait part,
avec ses frères, à la tribulation et à la patience de Jésus Christ
(Apoc.
1: 9). Et Lui peut dire à son Église : « Tu as gardé la parole de ma patience
(Apoc. 3: 10). Souffrir avec
Lui est inséparable de notre Communion et de notre joie (Actes 5: 41).
Toutes les formes de la Communion (en tant du moins qu’elles ne
comprennent ni la révélation du Père, ni la participation aux choses célestes,
qui appartiennent exclusivement au Nouveau Testament), nous les rencontrons,
dans l’Ancien Testament, comme étant la part des fidèles. Les Psaumes
nous les présentent d’une
manière très complète, sauf qu’elles ne dépassent jamais le sens restreint des
relations de Christ avec Israël sur la terre. C’est ainsi que, même dans ces
relations juives, nous le rencontrons comme Époux (Ps. 45) ; comme la Tête, le
Souverain Sacrificateur et le Chef de famille (Ps. 135) ; comme le Cep, le vrai
Israël (Ps. 80) ; comme le Fils de l’homme (Ps. 8) ; comme le Fils de Dieu (Ps.
2 ; 102), et l’homme ressuscité (Ps. 22 ; 110), comme le Berger (Ps.
23) ; sans parler de sa Royauté qui est l’un des sujets habituels des Psaumes. Il
remplit tout l’Ancien Testament de sa personne. — La loi ne l’avait-elle pas
déjà présenté en type comme étant, Lui
seul,
le vrai tabernacle, l’arche, le propitiatoire, le voile, l’autel,
l’agneau, ainsi que tous les sacrifices ?
Partout où la personne du
Seigneur
est présentée dans les Psaumes, elle leur communique immédiatement un caractère
remarquable de Communion. On y trouve, comme nulle autre part dans la Parole de
Dieu, l’expression d’une communauté d’affection, de pensées, de joie, de
jouissance, de louanges, entre Dieu et Christ, Communion à laquelle, toujours
, le Résidu prend part.
Telle est, dans un grand nombre de Psaumes, l’origine de ces
délicieux entretiens entre le croyant et Dieu, entre le croyant et Christ, de
ces dialogues d’amour entre Dieu et Christ, et dont les croyants sont le sujet.
Les Psaumes dialogués
sont d’habitude
les plus élevés dans la série des Psaumes et nous donnent
l’avant-goût des entretiens célestes ; c’est pourquoi nous avons souvent donné à
ceux-ci le titre restreint de « Psaumes de Communion » sans les séparer cependant
de ceux où la Communion s’exprime plutôt d’une manière individuelle.
Quelques passages des Prophètes, tels que le chap. 53 d’Ésaïe, ont le même caractère. Si nous nous étendons surtout dans ces pages, sur les Psaumes dialogués, la Communion individuelle avec Christ, quant à la marche, au témoignage, aux souffrances, occupe dans ce livre une place beaucoup trop considérable pour qu’il nous soit possible de la passer sous silence.
Le Saint Esprit, comme nous l’avons déjà remarqué, est toujours indispensable à la Communion. Nous l’entendons continuellement parler dans les Psaumes par l’intermédiaire d’hommes inspirés. C’est par Lui que nous sont transmises les paroles de l’Éternel ou les paroles de Christ. C’est Lui qui présente à Dieu les pensées, les désirs, les louanges du Psalmiste qui sont prophétiquement celles du Résidu.
Dans les Psaumes dialogués on ne trouve souvent que deux interlocuteurs, mais jamais plus de quatre : l’Éternel, le Messie, le Saint Esprit (soit seul, soit qu’il emploie prophétiquement les expériences du Psalmiste) et le Résidu (ou le fidèle individuel) parlant par l’Esprit (*). Le monde n’a jamais aucune part à ces entretiens. Les rachetés eux-mêmes, êtres faibles et imparfaits, ne peuvent entrer dans la jouissance de leurs relations avec Christ que par l’Esprit, et non par leurs sentiments, ou leur intelligence, aussi voyons-nous partout dans les Psaumes, l’Esprit de Christ dans le Résidu, ayant à la fois l’intelligence et la jouissance de la pensée divine. Cela revient à dire qu’il y a, dans les Psaumes dont nous parlons, Communion parfaite entre l’Éternel, le Messie et l’Esprit qui exprime cette Communion dans les fidèles.
(*) De même nous rencontrons, sous l’économie de la grâce, Dieu le Père, Dieu le Fils, et le Saint Esprit parlant de la part du Père et du Fils, ou s’exprimant, soit par l’Assemblée, soit par chaque racheté.
Les Psaumes de Communion sont donc nécessairement les plus élevés parmi les Psaumes : ils nous présentent les perfections de Christ. Cela ne signifie nullement que, dans les autres Psaumes, nous n’entendions pas l’Esprit parler par la bouche des fidèles du Résidu. Christ partage leurs souffrances et les porte devant Dieu par son Esprit qui crie, se confie, espère et dit : « Jusques à quand », exprimant tout cela d’une manière parfaite. Dieu répond à cette expression du coeur de Christ. Le Résidu y prend part d’une manière intelligente et loue Dieu de tout ce qu’Il accomplira en sa faveur. La plupart des Psaumes sont ainsi les demandes de l’âme affligée à Dieu, avec la certitude de recevoir une fois la réponse, Dieu ayant pour agréables les prières de l’Esprit de Christ. D’autres sont des méditations de l’âme solitaire, d’autres des instructions, d’autres encore des récapitulations des voies de Dieu envers son peuple, etc. On trouve aussi continuellement dans les Psaumes des avertissements solennels aux méchants et les jugements de Dieu sur eux, mais tout cela n’est pas la Communion.
D’autre part, comme nous l’avons déjà dit, la louange actuelle et éternelle ne peut être séparée de la Communion et rentre nécessairement dans notre sujet, mais, comme il serait impossible de le présenter dans toute son étendue, nous ne nous arrêterons pas longuement sur les Psaumes d’Alléluia.
Avant de terminer ces pages préliminaires, nous désirons placer sur les consciences une vérité éminemment pratique : Cet écrit n’aurait aucune utilité s’il ne nous faisait pas faire un retour sur nous-mêmes et ne nous portait pas à nous demander à quel degré nos âmes sont en Communion avec le Seigneur.
N’oublions pas que, si rien n’est plus élevé
que la Communion, rien aussi n’est plus fragile.
Un souffle l’ébranle, une mauvaise pensée, un
mouvement de propre volonté, dont nous avons à peine conscience, la détruit. Sans
parler de nos actes répréhensibles,
comment
Dieu aurait-il Communion avec un seul désir
coupable ? Combien donc il importe que nous veillions continuellement sur
nous-mêmes afin de défendre l’accès de nos coeurs à quoi que ce soit qui
pourrait détruire ici-bas cette Communion, laquelle sera, dans le ciel, notre
éternelle jouissance et la puissance de notre louange éternelle.
Jacob ne trouva la Communion avec Dieu à Béthel qu’après avoir enterré ses idoles sous le térébinthe de Sichem. Jusque-là, sa longue vie s’était passée sans Communion véritable avec l’Éternel, quoiqu’il eût la précieuse certitude de Lui appartenir. Nous aussi, faisons comme Jacob !
Cette fragilité de la Communion doit-elle nous faire perdre
courage et nous amener à renoncer au désir de la réaliser d’une manière
ininterrompue ? Céder à une telle pensée serait des plus coupable ; ce serait céder à Satan, car il sait que nous devenons sa proie
lorsque nous consentons à l’affaiblissement de nos liens spirituels avec le
Seigneur. Or Jésus ne veut-il pas que notre joie soit accomplie dès ici-bas ?
(Jean 15: 11; 16: 24; 17:
13; 1 Jean 1: 4).
Si nous avons
eu le malheur de perdre cette précieuse Communion, n’oublions pas que notre
ressource parfaite est dans l’office
d’Avocat de notre Sauveur bien-aimé
. Il n’attend pas que nous ayons recours
à cet office, pour l’exercer en notre faveur. S’il attendait que nous lui en
eussions exprimé le désir, toute notre vie pourrait s’écouler sans la
jouissance de rapports intimes avec le Père et avec Lui. Ses fonctions d’Avocat
s’exercent à notre insu, même avant que nous ayons commis la faute, comme ce
fut le cas de Simon Pierre. C’est un office constant.
« Nous avons
(non pas : nous aurons
après avoir péché) un Avocat
auprès du Père, Jésus Christ, le Juste ». Nous réalisons son intervention,
lorsque nous le voyons s’abaisser pour nous laver les pieds par la Parole. Sans
ce lavage des pieds, quelque humiliant qu’il fût pour l’apôtre Pierre de voir
le Seigneur de gloire obligé de s’abaisser ainsi, ce pauvre disciple n’aurait
pu avoir « de part
(c’est-à-dire de
Communion) avec Lui
»,
dans la place glorieuse qu’il occupait
alors en figure,
et qu’il occupe
actuellement dans le ciel. Il en est de même pour nous. Sans notre Avocat, la
Communion interrompue ne pourrait jamais être retrouvée. Mais souvenons-nous
que le chemin pour la retrouver promptement est la confession journalière ou
immédiate de nos péchés devant notre Père. Celui-ci, fidèle
aux promesses qu’il nous a faites, et juste
envers Jésus Christ, notre Avocat, qui se tient toujours
devant Lui, nous pardonnera nos péchés et nous purifiera de toute iniquité, par
lesquels notre Communion avec Lui avait été interrompue (1 Jean, 1: 9).
Astreindre le Seigneur à nous laver les pieds devrait toujours
nous humilier profondément, et combien cela nous est profitable ! Mais soyons
attentifs à ne pas obliger notre Avocat de prendre cette attitude. Nous avons
cette Communion : ne la perdons
pas ; et si, pour notre malheur et par notre faute, nous l’avions perdue,
hâtons-nous de confesser nos péchés : nous
avons un Avocat !
Que ces pages, cher lecteur, contribuent à vous faire chérir la
Communion avec lui, et vous rendent attentif à toute menace de la perdre.
Puissiez-vous vous écrier, avec la brebis, dont nous suivrons les traces au Ps.
23 : Tu restaures
mon âme ; tu me
conduis dans des sentiers de justice,
à
cause de ton nom !
Celui qui écrit ces lignes sent vivement qu’il vaut mieux jouir
de la communion que d’en parler. La conserver
doit être notre but
principal.
Résumons en quelques mots ce que nous venons de présenter : La Communion est la jouissance intime de la part que nous avons avec le Père et le Fils. Son expression parfaite et absolue se trouve dans la Communion entre le Père et le Fils. La Communion est encore la jouissance de toute la faveur de Dieu qui repose sur nous, la jouissance de son amour infini qui nous est révélé en Christ, celle de l’amour de Christ qui surpasse toute intelligence. La Communion est aussi la source de toute notre activité chrétienne, de notre force dans la marche et le témoignage, de notre puissance dans le ministère.
Sur le point d’aborder la manière dont la Communion s’exprime
dans les Psaumes, une chose nous frappe : Nous ne trouvons la pleine expression
de la Communion que dans les Psaumes qui nous révèlent sa Personne
, ce que Christ était comme homme ici-bas, ce qu’il est
comme homme à la droite de Dieu, ce qu’il sera quand il apparaîtra dans sa
gloire. Tous les Psaumes qui expriment simplement les besoins, les aspirations,
les désirs, les espérances de l’âme, quelque imprégnés qu’ils soient d’une foi
touchante et d’une parfaite confiance en Dieu, tous les Psaumes qui sont le cri
de l’âme vers Dieu, dans les angoisses, les tribulations et la détresse — et un
grand nombre de Psaumes a ce caractère — sont exclus de ces considérations.
Cependant, même en formulant cette restriction, nous ne devons pas oublier que
la Communion ne trouve généralement toute
son expression que dans le Nouveau Testament. Dans les Psaumes nous voyons ce
que Christ est pour Dieu, dans le Nouveau Testament, ce à quoi il nous associe,
nous, ses rachetés. Quand les Psaumes parlent d’association avec Lui, c’est
toujours au point de vue juif, mais il nous arrivera souvent, dans la suite de
cet écrit, de parler des associations juives en les appliquant aux associations
chrétiennes.
Si la Personne de Christ doit être présentée à nos âmes pour
qu’elles jouissent de la Communion, n’oublions pas que cette personne nous est
présentée en premier lieu sur la croix ;
car
c’est là que fut accomplie l’oeuvre qui est le
point de départ de toute Communion
.
Les Psaumes dont nous allons nous occuper appartiennent, avons-nous dit, à la catégorie la plus élevée des Psaumes. Ils sont semblables aux sommets, couverts d’une neige immaculée, que nous voyons émerger au-dessus de la chaîne de nos Alpes ; ils dépassent tous ceux qui contiennent les confessions, les cris, les soupirs, les désirs et les espérances exhalées par les fidèles devant l’Éternel.
Ajoutons en terminant que l’exposition que nous allons faire des
Psaumes de cette catégorie n’a nullement l’intention de les comprendre tous
, ni de donner un enseignement suivi
quant à leur contenu (d’autres l’ont fait beaucoup mieux que nous ne saurions
jamais le faire), mais a pour but de montrer en quoi la Communion consiste, et
quels en sont les résultats. Le Nouveau Testament seul nous révèle
l’association des croyants avec Christ dans
le ciel,
aussi nous faudra-t-il plus d’une fois y recourir pour déduire de
tel Psaume qui ne nous parle que de
Christ seul
, la Communion des saints
avec
Lui. Il nous arrivera souvent aussi d’appliquer au Père et au Fils ce que les
Psaumes nous disent de l’Éternel et de son Oint, et au Résidu chrétien ce
qu’ils disent du Résidu juif.
Dans ce Psaume, la Communion s’exprime d’une manière merveilleuse. Dieu le Père et son Esprit sont d’accord pour célébrer les mérites de Christ, rejeté de tous, ainsi que la part excellente qui doit lui échoir. Le croyant entre si complètement dans leur pensée, qu’il voudrait voir les hommes se soumettre de coeur à Celui qui va être établi Seigneur, Roi et Juge, et les y exhorte (v. 10-12).
Les deux premiers versets sont les paroles prophétiques de l’Esprit de Dieu.
Elles se sont
réalisées une première fois à la croix, quand « Hérode, et Ponce Pilate, avec
les nations, et les peuples d’Israël » se sont assemblés pour se débarrasser de
l’Oint de l’Éternel, de son saint Serviteur Jésus (Actes 4: 27). Le Calvaire a
présenté un tableau restreint
de
cette ligue des rois et des nations contre Christ, mais, comme toutes les
prophéties, cette révolte universelle ne sera pleinement réalisée qu’au temps
de la fin. Alors, à la face des nations irritées, liguées contre Lui, le
Seigneur, au lieu, comme jadis, de subir leurs outrages, sera oint Roi sur
Sion, et sa colère, annoncée dans ce Psaume, s’embrasera contre ses
adversaires. Ce rassemblement des nations à la fin des jours aura pour but de
rompre le joug du Seigneur, prêt à peser sur elles et dont la menace leur sera
insupportable, alors qu’elles ont toléré, sans révolte, le joug affreux de la
Bête romaine et de l’Antichrist. Cette révolte ne devant trouver son expression
complète qu’aux derniers temps, les mots du verset 3: « Rompons leurs liens, et
jetons loin de nous leurs cordes », ne sont pas mentionnés dans la citation que
les Actes font de ce passage.
Dans les versets 4 à 6, le Saint Esprit rapporte les paroles
mêmes du Père
quand il s’agit de
Celui qui fait ses délices : « Et moi, j’ai oint mon Roi sur Sion, la montagne de
ma sainteté » (v. 6). Il ne laisse à personne le soin d’exprimer ses propres
pensées au sujet de son Fils. Il proclame son triomphe et en frappe au visage
ses ennemis dont il tourne en dérision la folie. Quelle satisfaction pour son
coeur de voir le Fils entrer dans son règne, exerçant enfin, sur un monde qui
l’avait rejeté, sa suprématie et son autorité, après avoir attendu si longtemps
le jour où l’Éternel le sacrerait Roi sur Sion et ferait de Lui le chef du gouvernement
de la terre. Nous verrons plus tard (Ps. 110) qu’avant ce moment-là Dieu l’a
placé à sa droite comme Chef du gouvernement céleste.
Aux versets 7 à 9, le
Seigneur
prend la parole : Il raconte « le décret », ce conseil de Dieu que
toute la haine des hommes n’a fait qu’accomplir, comme il est dit : « Pour faire
toutes les choses que ta main et ton conseil avaient à l’avance déterminé
devoir être faites » (Actes 4: 28). Quelle valeur a, pour le coeur de Christ, ce
que son Père a fait pour lui ! Comme il apprécie la parole sortie de sa bouche,
et dont lui-même, le fils de l’homme, a vécu ! Avec quel amour il en parle ! « Je
raconterai le décret. L’Éternel m’a dit : Tu es mon Fils ; aujourd’hui je t’ai
engendré » (v. 7). Cet homme, né de femme, rejeté dès sa naissance, petit enfant
relégué dans une étable, Dieu déclare qu’il est son Fils ; les anges le
célèbrent. Rien de plus grand que cet être pauvre, faible et sans défense, que
Satan pense anéantir ! « Demande-moi, et je te donnerai les nations pour
héritage, et, pour ta possession, les bouts de la terre ; tu les briseras avec
un sceptre de fer ; comme un vase de potier tu les mettras en pièces » (v. 8-9).
Le Fils, avec une soumission parfaite, accepte la place d’humiliation qui lui
est assignée par la volonté de Dieu, garde les commandements de son Père et
demeure dans son amour, se nourrit de cet aliment, glorifie le Père sur la
terre, et s’attend à Lui pour être souverainement élevé. Dans une parfaite
dépendance il attend le moment où Dieu lui dira : « Demande-moi » et où il sera
établi Roi sur toute la terre.
Mais le Nouveau Testament nous apprend qu’il associera
son Église à son Règne, quand
il lui donnera autorité sur les nations et qu’elle les paîtra avec une verge de
fer, comme sont brisés les vases de poterie, selon que Lui aussi a reçu de son
Père (Apoc. 2: 27). Or, remarquez-le, ce qui, dans ce passage, marque notre
Communion avec Lui dans son Règne
est complètement omis dans notre Psaume. Nous verrons d’autres exemples de ce
fait, car dès qu’il s’agit de l’Église, l’Ancien Testament ne peut en aborder
les privilèges. Israël n’aura pas une part égale à la nôtre. Il ne régnera pas avec
Christ, mais sera le peuple de
bonne volonté sur
lequel le Seigneur
régnera avec son Église, en même temps qu’Il dominera avec elle sur les
nations. C’est ainsi que nous aurons Communion avec Lui dans son Royaume.
Mais notre Communion avec Lui se montre encore d’une autre
manière dans ce Psaume. Jouissant des paroles
adressées au Fils par le Père, les croyants sont pressés d’aller annoncer aux
hommes, comme certaines, les choses qui vont arriver. Ce sera « l’Évangile du Royaume
» quand les messagers du
Résidu juif l’iront proclamer parmi les chefs des nations : « Servez l’Éternel
avec crainte et réjouissez-vous avec tremblement » (v. 11). Pour nous,
chrétiens, cet Évangile est aujourd’hui l’Évangile de la grâce,
que nous annonçons avant que Jésus nous associe, dans
son Royaume, à son « sceptre de fer ». Notre appel est : Tenez-vous devant le Fils
pour lui obéir, avec la crainte qui lui est due, avec le tremblement qui vous
convient devant Dieu, mais avec joie, si vous réalisez que l’oeuvre de la croix
vous donne accès devant Lui en grâce.
Notre appel est encore, comme le sera celui du Résidu juif : « Baisez le Fils, de peur qu’il ne s’irrite et que vous ne périssiez dans le chemin, quand sa colère s’embrasera tant soit peu » (v. 12). Il mérite toute affection ; soumettez-vous à Lui, dans une crainte affectueuse, car aujourd’hui il est un Sauveur pour vous. Le sera-t-il demain ? Si sa colère s’embrase tant soit peu, il sera trop tard. Le bonheur est « pour ceux qui se confient en Lui ».
Ces derniers versets de notre Psaume nous apprennent donc que la
Communion avec Jésus est la source et le point de départ de l’activité évangélique.
Au verset 1 de ce Psaume, le Résidu contemple la puissance
majestueuse de l’Éternel, car c’est bien le Résidu, et non pas, comme ailleurs,
l’Esprit seul, qui parle ici, disant : « Éternel, notre
Seigneur, que ton nom est magnifique par toute la terre ; tu
as mis ta Majesté au-dessus des cieux ». L’Éternel, ce Seigneur du Résidu, est le Christ.
Les yeux des fidèles
parcourent la terre et y lisent le nom du Fils de l’homme écrit en tout lieu,
un nom magnifique que les hommes se répètent à l’envi les uns aux autres ; ces
mêmes yeux contemplent le ciel de la création, et voient le Fils de l’homme
trônant dans le Paradis de Dieu au-dessus
des cieux, ouvrage de sa main
. Il est présenté dans sa Majesté, comme l’ayant
mise lui-même
au-dessus des cieux.
Cela rappelle la parole que nous trouvons en Héb. 1: « Ayant fait, par lui-même,
la purification des
péchés, Il s’est assis
à la droite de
la Majesté dans les hauts lieux ».
Mais qui le louera dans le jour de sa gloire ? A sa naissance, l’ange du Seigneur, avec la multitude de l’armée céleste, avait proclamé d’avance l’arrivée du jour annoncé dans notre Psaume : « Gloire à Dieu dans les lieux très-hauts, et sur la terre paix, et bon plaisir dans les hommes » (Luc 2: 14). Quand il entra comme Roi de paix à Jérusalem, les foules, anticipant, par l’Esprit prophétique, le moment dont il est parlé ici, s’écrièrent : « Paix au ciel et gloire dans les lieux très-hauts » (Luc 19: 38), car le temps n’était pas encore venu pour proclamer la paix et la gloire sur la terre, mais le temps était tout proche pour les proclamer dans les lieux très-hauts, où il allait monter en vertu de sa résurrection. Si la foule s’était tue, les pierres même auraient crié, car Dieu voulait montrer d’avance à tous, prophétiquement, quelle serait la part de Jésus dans le monde à venir, comme il l’avait révélée aux disciples sur la montagne de la transfiguration.
Mais qui le louera, au jour de sa domination universelle comme fils de l’homme ? Ce ne seront pas les anges, mais de petits enfants : « Par la bouche des petits enfants et de ceux qui tètent, tu as fondé ta force, à cause de tes adversaires, afin de réduire au silence l’ennemi et le vengeur » (v. 2). Dieu veut réduire à néant toute prétention humaine devant une telle gloire. La louange du fils de l’homme doit retourner aux nourrissons et aux petits enfants ; sa force ne sera fondée que sur eux, car il faut être né de nouveau pour entrer dans son royaume.
Dans les versets 4 à 8, ce n’est plus le Résidu comme ensemble,
mais chaque saint individuellement,
qui
célèbre la gloire du Fils de l’homme. Devant les merveilles de la création,
l’esprit ne peut comprendre que les cieux avec leurs myriades d’astres aient
été faits pour l’homme mortel (Énosh), placé sous la sentence de mort à cause
de la chute, ni même
pour le fils de
l’homme (Adam) non tombé et encore innocent. Mais, par l’Esprit,
nous recevons la solution de cette énigme. Toute la
création n’est, dans la pensée de Dieu, que le piédestal sur lequel il placera
le second Adam,
parce que, par la
passion de la mort, lui, le Fils de Dieu devenu homme, a été fait un peu
moindre que les anges, et qu’il est devenu homme pour pouvoir
mourir et accomplir les conseils de Dieu dans la
Rédemption.
Ici, les yeux du croyant voient Christ dans le passé, dans le
présent, et dans l’avenir : dans le passé, « les cieux sont l’ouvrage de ses
doigts » ; c’est par lui que toutes choses ont été créées — dans le présent,
après avoir été fait un peu moindre que les anges, il est couronné de gloire et
d’honneur à la droite de Dieu — dans l’avenir, toutes choses sont mises sous ses pieds.
C’est ici que le Nouveau Testament intervient pour nous révéler
ce que ni l’Ancien Testament ni les Psaumes ne pouvaient connaître, notre association avec Lui
, le Fils de
l’homme, comme son Assemblée. Nous savons que nous avons part et jouissance
avec Lui dans tout ce que Dieu lui a donné en vertu de son oeuvre. Nous
partagerons sa gloire, comme il a partagé notre humiliation en se chargeant de
nos péchés. Si Dieu a mis toutes choses sous ses pieds, il l’a aussi « donné
comme Chef sur toutes choses
à
l’Assemblée qui est son corps, la plénitude de Celui qui remplit tout en tous »
(Éph. 1: 22). Comme nous l’avons déjà vu au Psaume 2, cette union et la
Communion de l’Église avec Lui sont entièrement omises au Psaume 8, qui met en
avant sa gloire personnelle seule.
Si Dieu l’a ressuscité d’entre les morts, Lui, les prémices, nous serons certainement ressuscités à sa venue, et, comme Dieu mettra toutes choses sous ses pieds (jusqu’au dernier ennemi, la mort, qui sera abolie), nous serons établis avec Lui, revêtus d’immortalité, au-dessus de toutes choses ; la mort sera, pour nous, engloutie en victoire (1 Cor. 15: 27, 54), et le Dieu de paix lui-même brisera Satan sous nos pieds.
En Phil. 3: 21, Christ, qui a « le pouvoir de s’assujettir toutes choses », usera de ce pouvoir, à Sa venue, pour nous rendre conformes au corps de Sa gloire.
En Héb. 2: 8-10, s’il a souffert, c’est afin « d’amener plusieurs fils à la gloire », en attendant que toutes choses lui soient assujetties.
De toute manière, nous avons donc part avec Lui, dans les résultats glorieux de son oeuvre et nous pouvons célébrer avec une joie parfaite Celui qui, après avoir été fait un peu moindre que les anges, a daigné nous associer avec Lui-même, bien au-dessus de ces « esprits administrateurs », afin que nous jouissions avec lui de sa gloire comme Fils de l’homme !
À la lumière du Nouveau Testament, le Psaume 2 nous a présenté notre association avec Christ dans son règne et le Psaume 8 notre association intime avec le fils de l’homme quand toutes choses lui seront assujetties. Au Psaume 16 nous voyons Christ, le parfait serviteur, venant lui-même s’associer à ceux qui, sous l’action de l’Esprit de Dieu, se repentent et confessent leurs péchés devant Dieu. Ce sont ceux qu’il appelle « les saints qui sont sur la terre et les excellents ». Il ne peut s’associer à rien de ce qui est de la chair, car là n’habite aucun bien et jamais la sainteté ne peut s’associer au mal ; mais toute oeuvre de Dieu dans le coeur est bonne, digne de Celui qui l’a produite, quels que soient les développements qu’Il lui donnera dans la suite ; et le Seigneur peut s’associer pleinement à une telle oeuvre. Les pauvres pécheurs qui se repentent sont pour lui les excellents de la terre, et quand il les voit descendre dans l’humiliation, par la confession de leurs péchés, jusqu’au baptême de la repentance, il y descend avec eux (*).
(*) Le Psaume 2 présente Christ, fils de Dieu, fils de David, Messie et Roi, comme l’Évangile de Matthieu — le Psaume 8, Christ, fils de l’homme, comme l’Évangile de Luc — le Psaume 16 Christ, serviteur, comme l’Évangile de Marc.
D’un autre côté, ce Psaume exprime la Communion parfaite avec Dieu
qui remplit le coeur de Christ
quand il se présente dans ce monde comme Serviteur : « Il n’est pas venu pour
être servi, mais pour servir » (Marc 10: 45). La seconde partie de ce passage :
« et pour donner sa vie en rançon pour plusieurs » n’est pas mentionnée au Psaume
16 (elle est réalisée au Ps. 22) tandis que chaque détail concourt ici au
portrait achevé qui nous est fait du parfait serviteur. Dans l’oeuvre de la
Rédemption, Christ est resté parfaitement isolé ; c’est la seule place où toute
association avec Lui nous soit impossible, quoique nous ayons, comme nous le
verrons plus tard, Communion avec Lui dans tous les résultats de son oeuvre.
Au Ps. 16, notre Communion
avec lui, dans le service
, peut être complète. Si, d’une part, en présence
du chemin inimitable du parfait Serviteur, chemin dont rien ne réussit à le
détourner, nous ne pouvons que nous prosterner en adoration ; d’autre part, il
nous a laissé le modèle de notre service. Sans doute, la copie n’atteindra
jamais le modèle, mais nous pouvons en étudier les traits pour servir Dieu
d’une manière qui lui soit agréable, et reproduire le caractère de Jésus devant
le monde. Le Seigneur lui-même veut que notre association avec lui dans le
service soit complète : « Si, dit-il, quelqu’un me sert, qu’il me suive ; et là où
je serai, moi, là aussi sera mon serviteur : si quelqu’un me sert, le Père
l’honorera » (Jean 12: 26).
Reprenons, avec plus de détail, le précieux enseignement de ce Psaume.
« Garde-moi, ô Dieu, car je me confie en toi » (v. 1). Ce mot : « Je
me confie en toi », est l’expression de toute la vie personnelle de Christ
serviteur, ici-bas. Le chap. 2 de l’épître aux Hébreux (v. 12-13) fait
ressortir ce caractère d’une manière admirable. Après nous avoir associés à
lui, en vertu de sa résurrection, d’abord dans ses propres relations
avec Dieu, le Père ; puis, comme son Assemblée dans la louange
(selon le Ps. 22), il nous
associe encore avec lui dans le témoignage
selon la parole d’Ésaïe 8: 18: « Me voici, moi, et les enfants que Dieu m’a
donnés ». Mais, entre la louange et le témoignage, il dit : « Je me confierai en
Lui », selon Ésaïe 8: 17 et le verset 1 de notre Psaume (Voyez Héb. 2: 11-13).
Ici, ce n’est ni du Culte, ni du témoignage, mais de son service individuel
qu’il est question. Est-il besoin d’ajouter que
sa vie individuelle tout entière, et non pas son service seulement, se résumait
dans cette parole ?
L’expression « Je me confierai en Lui », revient continuellement dans les Psaumes, au sujet de toutes les circonstances de la vie du Résidu qui a pris Christ pour modèle (*).
(*) Le mot se confier est une des expressions tout à fait caractéristiques des Psaumes. Il est désigné en Hébreu par trois mots : Chasah (le mot de notre verset 1), chercher refuge et protection en vue des dangers, des ennemis dont on est entouré, de l’avenir menaçant. Ce terme caractéristique (quand il s’agit de chercher protection et refuge auprès de l’Éternel) revient 24 fois dans les Psaumes et 5 fois dans tout le reste de l’Ancien Testament. — Le second mot : Chakah, beaucoup moins usité, ne se trouve que 2 fois dans les Psaumes et est cité d’après les 70 en Hébr. 2: 13, comme traduction d’Ésaïe 8: 17. Il a un sens très général : S’attendre à l’Éternel, mettre sa confiance en Lui. — Le troisième mot : Batach, très usité, revient fréquemment dans les Psaumes. Il signifie : mettre sa confiance, s’appuyer sur l’Éternel ou sur ce qui est de Lui, en contraste constant avec tout ce en quoi l’homme se confie.
Les fidèles traversent les angoisses et la détresse, des dangers de toute sorte ; ils sont entourés d’ennemis ; la haine, les outrages, les calomnies, pleuvent sur eux, la mort les menace continuellement. Christ a partagé toutes ces angoisses ; il s’est confié en Dieu et a été gardé ; il a pu dire : « Même ma chair reposera en assurance ; tu n’abandonneras pas mon âme au shéol ; tu me feras connaître le chemin de la vie ». C’est par cette confiance parfaite qu’il est devenu le Serviteur modèle pour tous ceux qui le suivent et qui trouvent, comme Lui, dans ce chemin, la source d’une joie accomplie : « C’est pourquoi mon coeur se réjouit et mon âme s’égaie » (v. 9).
Le verset 1 nous montre que la confiance en Dieu exclut absolument toute confiance en nous-mêmes. Christ ne serait pas le parfait serviteur, s’il n’avait pas dit : « Garde-moi, ô Dieu ». C’est là un des traits de sa perfection, comme homme ; mais, pour nous, le sentiment de notre imperfection nous fait nous exprimer ainsi. Notre infirmité produit chez nous le besoin d’être gardés, tandis que la perfection même de la position que Christ venait prendre en grâce, le faisait parler ainsi.
Aux versets 2 et 3 le Résidu, ou plutôt l’Esprit de Dieu dans le
Résidu, s’adresse maintenant à Lui : « Tu as dit à l’Éternel : Tu es le Seigneur,
ma bonté ne s’élève pas jusqu’à toi. Tu as dit aux saints qui sont sur la
terre, et aux excellents : En eux sont toutes mes délices ». Comme homme, la
bonté du serviteur ne s’élève pas jusqu’à son Maître qu’il reconnaît comme
Seigneur. Merveilleuse parole, dans la bouche de Christ ! « Pourquoi, dit-il,
m’appelles-tu bon ? Nul n’est bon, sinon un seul, Dieu » (Marc 10: 18). Il prend
la place d’un homme dépendant de la bonté divine pour être gardé. Il ne veut
pas se garder par sa propre bonté, en laquelle, certes, il aurait plein droit
de se confier, mais alors, où serait sa position d’homme dépendant ou de
serviteur ? Il ne fait pas comme a fait le premier Adam qui a « regardé comme un
objet à ravir d’être égal à Dieu », mais « il s’anéantit lui-même, prenant la forme d’esclave,
étant fait à la
ressemblance des hommes ; et étant trouvé en figure comme un homme, il s’est abaissé lui-même,
étant devenu obéissant
jusqu’à la mort, et à la mort de la croix ». Cet abaissement volontaire du Fils
faisait les délices du Père, comme ceux qui étaient abaissés sous la
repentance, au baptême de Jean, faisaient les délices du Fils. Aussi les cieux
s’ouvrent, à ce moment même, sur Lui, et l’Esprit vient sceller cette
perfection et lui donner le droit de baptiser de l’Esprit Saint (Jean 1: 33).
Ces deux caractères de sa perfection comme serviteur : se confier en Lui, et s’associer, coûte que coûte, à ceux qui, faisant le premier pas dans le chemin de la foi, sont pour lui « les saints et les excellents de la terre » — attirent à Jésus cette déclaration du Père : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai trouvé mon plaisir ».
« En eux sont toutes mes délices ». Si, pour Christ, se rendre au baptême de Jean était un degré d’abaissement que la croix seule pouvait dépasser, c’était aussi l’expression la plus exquise d’un amour que la croix seule a fait éclater dans sa plénitude, d’un amour descendu ici-bas pour servir Dieu et les hommes, et ne trouvant à se reposer que là où la grâce avait jeté sa première semence dans le coeur de misérables pécheurs.
Le Résidu s’étant, par l’Esprit, adressé à Christ aux v. 2 et 3,
c’est lui maintenant qui reprend la parole au v. 4. Tournant les yeux, non plus
vers Dieu,
non plus vers les saints,
mais vers le monde
, il n’y trouve que ténèbres et
éloignement de Dieu, un spectacle rebutant pour le serviteur de l’Éternel. Ils
« courent après un autre Maître » (en effet, l’Antichrist les asservira) ; leurs
sacrifices sont en horreur au serviteur de l’Éternel ; leurs noms ne passeront
pas sur ses lèvres. Le monde lui est ainsi complètement étranger ; il vit, à son
égard, dans un Nazaréat absolu, dans une entière séparation pour Dieu.
Quel contraste, quand il parle de l’Éternel ! (v.
5-6) Il est le vrai serviteur, le vrai lévite, n’ayant pour lui-même aucune
portion ici-bas. Sa part, son héritage, son lot, c’est l’Éternel lui-même
(Jos. 13: 33). Avec Lui, il est au-dessus des
dangers, des difficultés, des ennemis ; aucun orage ne peut l’ébranler. Qui
dirait, à voir ce chemin si uni, si paisible, si plein de joie, qu’il passe
au-dessus des abîmes, qu’il traverse les flots de la mer en fureur, qu’il
descend vers la croix, toujours plus bas, jusqu’au jugement, jusqu’à l’abandon
de Dieu et à la mort ?
Son coeur se réjouit. Comment donc ? Se réjouir en présence du
sépulcre ? Oui : « Ma chair reposera en assurance ». Se réjouir en présence
du shéol, séjour des âmes après la mort ? Oui : « Tu n’abandonneras pas mon âme au
Shéol ». Se réjouir en présence de la mort du corps et de la décomposition qui
attend nécessairement l’homme mortel ? Oui : « Tu ne permettras pas que ton Saint
voie la corruption ! » — En face de toutes ces épouvantes, il ne connaît qu’un
chemin. Celui de la mort, direz-vous ? Non : celui de la vie,
celui qui, à travers la mort, le conduit devant la face de
Dieu, le conduit à sa droite, dans la pleine jouissance d’une Communion sans limite
avec son Père. C’est ce qui est appelé « la joie qui était devant lui » (Héb. 12:
2). C’est aussi la nôtre, car sa joie est notre joie. Nous pouvons la goûter
dès maintenant, comme il la goûtait lui, dans son service ici-bas. Il ne dit
pas : « Ta face sera
»,
mais « Ta face est
un rassasiement de joie ». Elle l’était pour lui dans ce monde,
comme elle l’est
maintenant pour lui dans le ciel. Il nous a laissé ce précieux héritage actuel
et éternel, la Communion avec lui dans le service et la joie accomplie d’une
Communion parfaite avec Dieu !
Parmi les Psaumes de Communion en est-il beaucoup de semblables
à celui-ci ? Dieu, nous appelant à la Communion de son Fils Jésus Christ, et lui
nous introduisant dans la Communion de son Père ! Mais, ne l’oublions pas, il nous
faut la lumière du Nouveau Testament, pour comprendre, dans ce Psaume, notre
association avec Christ dans le service, dans la séparation du monde, dans le
dévouement pour Dieu, dans la supériorité sur les circonstances, dans la pleine
assurance d’un avenir glorieux au delà de la mort, dans la joie parfaite que
donne actuellement la contemplation de la face du Père, dans les plaisirs
célestes, en attendant que ces choses soient pleinement réalisées dans la
gloire. Oui, le Nouveau Testament seul nous révèle ce que c’est que d’être associés à sa joie
: « Je vous ai dit ces
choses afin que ma joie soit en vous, et que votre joie soit accomplie ». « Je
dis ces choses dans le monde, afin qu’ils aient ma joie
accomplie en eux-mêmes » (Jean 15: 11; 17: 13). Il en est de
même quant à la séparation du monde. Si nous le voyons, seul Nazaréen, seul
Lévite, au Ps. 16, nous l’entendons dire dans le Nouveau Testament : « Le monde
les a haïs, parce qu’ils ne sont pas du monde, comme moi
, je ne suis pas du monde » (Jean 17: 14, 16). Et comme son
Dieu lui a fait connaître le chemin de la vie, nous connaissons ce chemin en Lui
qui est le chemin, la vérité et
la vie, et qui nous a amenés au Père, afin que là où il est, nous y soyons
aussi avec Lui (Jean 17:24).
Ce Psaume offre le contraste absolu entre la nuit et le jour,
entre la mort et la résurrection de Christ. Nous y trouvons d’abord la scène de
la croix, dont aucune partie de l’Ancien Testament ne donne une description aussi
émouvante. Jésus est seul ; personne ne pense à lui ; le monde, conduit par
Satan, le rejette et lui inflige le plus ignominieux supplice. Il est abandonné
de tous, même de ses disciples ; les heures de ténèbres l’enveloppent et
envahissent son âme. Il est fait péché, maudit, abandonné de Dieu. — Il subit
toutes ces profondeurs de souffrances, parce que, dans son amour, Dieu avait
décidé de nous sauver.
À cette oeuvre unique, nous n’avons aucune part, sinon par nos péchés. Nous pouvons y croire, mais nous ne pouvons la comprendre, l’amour de Dieu qui choisit des êtres souillés, perdus, ses ennemis, pour les introduire dans Sa gloire, étant en effet incompréhensible.
Dès que la résurrection de Christ a lieu (v. 21), tout change.
Son Dieu qui ne lui a pas répondu quand il criait de jour et de nuit, lui
« répond d’entre les cornes des buffles ». Il va le chercher dans la mort, après
que son sang précieux a été répandu ; seulement alors il exauce ses grands cris,
ses larmes, ses prières et ses supplications, en le sauvant hors de la mort
par la résurrection.
Cette délivrance donne à Jésus, de la part de Dieu, une famille,
des frères
, alors qu’auparavant il
était absolument seul. Maintenant il leur annonce le nom du Père et ils
deviennent les enfants de Dieu (Jean 20: 17). Nous avons ainsi la Communion la
plus complète avec le Père et le Fils qui se puisse concevoir, la jouissance
merveilleuse de l’amour du Fils, que nous entourons désormais comme ses frères,
et celle de l’amour du Père, relation dans laquelle Jésus nous place, comme
étant celle dont Il jouit lui-même.
Nous trouvons une seconde bénédiction comme fruit de sa résurrection : « Je te louerai au milieu de l’Assemblée ». La perspective que ces deux versets nous ouvrent est certainement la plus étendue et la plus élevée que l’Ancien Testament nous présente.
Les chrétiens intelligents sont familiers avec la forme du Culte
qui a pour objet l’Agneau
immolé au
chap. 5 de l’Apocalypse. Là, tous les saints glorifiés sont réunis autour du
trône dont le centre est occupé par l’Agneau. Il y a communion parfaite des
saints, les uns avec les autres, dans la louange qui s’élève autour de Lui, et
se répercute à l’infini parmi les myriades d’anges et dans la création tout
entière. Mais cette scène merveilleuse diffère de celle que nous trouvons au
Ps. 22. Le Père
y est l’objet de
l’adoration et c’est Christ lui-même, l’homme ressuscité, qui entonne la
louange, lui qui a pu mesurer, dans toute sa profondeur, l’abandon de Dieu, et
dans toute sa hauteur, un salut qui, le tirant des ténèbres du sépulcre, l’a
élevé à la pleine lumière de la présence de son Père.
Il loue, mais au milieu de
l’Assemblée
, associant tous ses frères avec Lui dans la jouissance de la
présence du Père. L’heure des vrais adorateurs en Esprit et en vérité est venue
à la suite de la résurrection de Christ. Cette heure est annoncée ici
prophétiquement ; elle l’est de la même manière en Jean 4: 23, quoiqu’elle fût
alors toute proche. Cependant « elle est
maintenant
», ajoute le Seigneur au même verset, car tout ce qui la
constituait était déjà mis en pleine lumière : Le Père était connu, l’Esprit
était révélé, la vérité était venue, dans la personne de Christ. Ainsi, en Jean
4, les vrais adorateurs étaient encore à venir, mais l’objet, la substance, la
puissance de l’adoration étaient là dans la personne du Seigneur. Au Ps. 22,
Jésus n’est donc pas plus qu’en Jean 4 l’objet de l’adoration, parce qu’il loue
lui-même et nous associe à lui dans un Cantique dont sa délivrance, qui est notre
délivrance, est l’objet. Ce Cantique,
c’est Lui qui en est l’auteur, car un homme ressuscité d’entre les morts
pouvait seul le concevoir dans toute sa réalité.
Telle est notre part actuelle quand nous louons le Père dans
l’Assemblée. Lorsque cette louange est véritable, c’est Christ, se tenant au
milieu de nous, qui, par son Esprit, la fait éclore sur nos lèvres. C’est
disons-nous, notre part actuelle ; toutefois ce Psaume, malgré son élévation, ne
dépasse pas les limites de la Communion que l’Ancien Testament peut nous
révéler. La notion de l’Assemblée
ne
comprend ici, nous n’en doutons pas, que les éléments juifs réunis lors de la
Pentecôte, avant
que Juifs et
Gentils, mystère entièrement caché aux saints de l’ancienne alliance,
formassent l’Église par leur union en un seul corps. Cependant ce premier
commencement juif de l’Assemblée occupe ici une place unique dans l’Ancien
Testament, place qui n’est mentionnée nulle autre part, mais dont la mention était nécessaire pour présenter les résultats de
l’oeuvre de la croix dans une étendue qui fût digne d’un pareil sacrifice.
Nous possédons pleinement aujourd’hui cette Communion de Christ et de l’Assemblée dans la louange. Le Ps. 145 nous présentera quelques détails nouveaux qui s’y rapportent. Mais quel privilège de connaître la délivrance, telle que Christ l’a connue et réalisée ; de louer avec lui le Père qui nous a procuré cette délivrance en ressuscitant son Bien-aimé après l’avoir livré pour nous ; quel privilège d’être les objets de ses desseins d’amour, qui sont d’amener plusieurs enfants dans la gloire, en les associant avec son Fils !
Le Résidu juif jouira plus tard de bénédictions semblables, quoique beaucoup moins élevées, lorsque le Christ dira : « De toi vient ma louange dans la grande congrégation. Je paierai mes voeux devant ceux qui le craignent » (v. 25). La grande congrégation était pour Israël la fête des Tabernacles ; elle aura sa réalité dans le Millénium, tandis que, succédant à la Pâque (v. 1-20), la fête de la Pentecôte (v. 22) a déjà eu lieu pour nous par la descente du Saint Esprit qui fait de nous des adorateurs en Esprit et en vérité. Quelque chose peut-il être comparé à la Communion avec Christ, dans la louange du Père ?
Cette association avec Lui dans le Culte est un des traits les plus élevés de la Communion. Jésus se place au milieu des saints, réunis en son nom pour adorer, et, quelque honteuse que soit la ruine de l’Église dans le jour actuel, ce privilège inappréciable n’est pas perdu, et appartient à ceux, ne fussent-ils que deux ou trois, qui se rassemblent autour de Lui.
Comme nous l’avons vu au Psaume 22, l’oeuvre accomplie à la croix est le point de départ de nos relations avec le Père et avec le Fils, ainsi que de la louange, dont Christ est le Chef au milieu des siens ; mais la croix est aussi le point de départ de toutes les heureuses expériences du Psaume 23.
Nul homme ne peut faire ces expériences s’il n’est pas sauvé, et le monde les ignore complètement ; elles n’appartiennent qu’à celui qui, par la foi, s’est approprié l’oeuvre de Christ. Il faut avoir été une brebis perdue et retrouvée par le bon Berger, pour pouvoir lui appartenir et le suivre.
La brebis connaît dès lors le chemin qui aboutit à la maison du
Père, mais il faut qu’elle y soit conduite, soutenue et encouragée par un guide
auquel la route soit familière, qui en connaisse les difficultés, les dangers
et les ressources. C’est en cela que consistent les multiples fonctions du
Berger. Dirigée par lui, la brebis ne craint aucun mal. Elle sait que son
guide, ayant fait lui-même toutes les expériences de ce chemin qu’il connaît
personnellement, est absolument qualifié pour l’y conduire. C’est dans le fait
qu’il l’a parcouru pour nous que consiste notre association avec lui dans la marche
. Nous y avons Communion avec lui
, parce que notre
chemin n’est pas autre que celui qu’il a suivi lui-même ; cependant nous ne
pouvons arriver au bout du voyage et atteindre le but, qu’en dépendant
habituellement du Berger qui nous conduit. Notre unique ressource consiste à
suivre Celui qui est « capable de nous
sauver jusqu’au bout
».
Le mot « Suis-moi » est le premier que Jésus adresse à ses
disciples (Matt. 4: 19). Par cette parole vivante il produit la volonté et
communique la force de marcher après lui, avec lui et comme lui. Telle est la
vocation des brebis dans ce monde. Mais de quelle sollicitude il les entoure !
Il se place à leur tête pour leur montrer le chemin ; il marche derrière elles
pour les défendre, et à côté d’elles pour les rassembler et les encourager. La
brebis peut dire : Il me mène
; tu es avec
moi ; la bonté et la gratuité me suivront
.
Le Berger sait quelle doit être leur nourriture et ce qui les désaltère. Lui-même a trouvé, au milieu du désert, un aliment que personne ne connaissait : la volonté de son Père (Jean 4: 34). S’agit-il du « chemin de justice », du « chemin de la sombre vallée », du « chemin de la vie », il les a tous parcourus.
Le Psaume 16 offre une analogie remarquable avec celui-ci ;
seulement le premier nous présente Christ, dans la perfection de son service ;
le second, dans la perfection de sa marche
,
et conduisant ses brebis dans le chemin qu’il a suivi lui-même. La Communion
avec Lui, dans les lieux célestes, est plus élevée, sans doute, car nous y
avons part à toutes ses relations et à toutes ses gloires, mais, n’oublions pas
que notre marche ici-bas, comme brebis du bon Berger, est la seule chose que le monde voie,
car il ne peut connaître « notre
vie cachée avec Christ en Dieu » ; cette marche est donc notre témoignage public
devant les hommes, témoignage qui a leur salut pour but.
Le Psaume 23 est l’heureuse méditation de la brebis sur les
ressources dont son Berger dispose. Elle s’émerveille de ses tendres soins ;
elle ne manque de rien
. Comme il
connaît bien le lieu de l’abondante nourriture qui réparera ses forces, le chemin
des sources rafraîchissantes, auxquelles lui-même a puisé dans son voyage à
travers le désert ! (Ps. 110: 7). La brebis se presse contre lui, à mesure que
la course devient plus fatigante ; il la restaure ; son amour trouve pour elle
des sentiers qu’il connaît et qui lui sont familiers, où le péché n’est jamais entré
. C’est ce que signifie le mot : « des
sentiers de justice ». Partout, même dans l’obscurité la plus profonde, il est
avec elle et la brebis a le bonheur de sentir
Sa présence, quoiqu’elle ne se
manifeste pas à la vue, mais seulement par le bâton et la houlette du bon
Berger.
Il y a deux étapes
dans ce long et pénible voyage : à chacune d’elles, la brebis reprend sa course,
fortifiée et rafraîchie. Toutes deux sont caractérisées par le repos
et la nourriture
. La première étape est le repos dans de verts pâturages
où la brebis se nourrit et se désaltère. C’est le repos du ciel et la
nourriture du ciel dans le désert. Après cette étape la course est longue,
comme le fut celle du prophète Élie, jusqu’à Horeb, la montagne de Dieu, mais
elle est nécessaire. Que de renoncements elle comporte ! Que d’expériences de
notre faiblesse devant le mal ! Que de dangers manifestes, ou qui nous guettent
dans l’ombre !
Aussi le Berger a soin de pourvoir à une seconde étape. C’est
encore le repos, mais d’autant plus précieux que la brebis est plus
expérimentée et a beaucoup plus conscience de la force et du nombre des ennemis
qui en veulent à sa vie. Mais combien aussi le repas est plus varié ! C’est une
table dressée où l’on peut s’asseoir sans hâte, jouissant de mets exquis et
divers : (*) « Mes taureaux et mes bêtes
grasses sont tués, et tout est prêt » (Matt. 22: 4). Les mets de cette table
sont une communion plus intime avec le Seigneur, une jouissance plus grande de
la valeur de son sacrifice, à mesure qu’approche le terme du voyage. La boisson
est encore la Communion, une coupe de bénédiction que nous bénissons. L’onction
d’huile sur la tête, le don du Saint Esprit, rend la brebis capable d’entrer
dans ces choses et d’en jouir. Elle peut dire : Ma coupe est comble ! De toute
manière, il y a, lors de la seconde étape, un progrès dans la jouissance. Il ne
s’agit plus seulement de la jouissance individuelle des choses célestes, mais
d’une jouissance collective,
telle
qu’une table dressée peut l’offrir. La Communion des saints est bien plus
appréciée vers la fin du voyage qu’au commencement. Voyez encore l’intimité des
rapports de la brebis avec le Berger, qui va en augmentant, à mesure que le
chemin s’allonge. La brebis commence par dire : « Il
», et finit par dire : « Tu
».
Cette intimité personnelle avec Lui vaut mieux que même la connaissance si
précieuse des ressources qui sont en Lui.
(*) La tentative d’assimiler la table, la coupe et l’huile à la pratique des bergers syriens est un véritable contresens. C’est perdre, en vue de satisfaire une logique mesquine, le sens vrai et profond de ce Psaume.
L’attitude du Berger à l’égard de ses brebis varie selon les
circonstances et leur fournit l’occasion d’éprouver davantage sa tendre sollicitude
et son inlassable vigilance. Ne vaut-il pas la peine d’avoir fait un voyage
prolongé en sa compagnie, pour apprendre à le mieux
connaître ? Devant tous les aspects du monde que la brebis doit traverser, le
Berger se montre constamment à la hauteur des difficultés et des circonstances.
S’agit-il du désert,
il ouvre à la
brebis les greniers célestes ; s’agit-il d’un monde souillé par le péché,
rempli de tentations pour un pauvre
être ignorant et inexpérimenté, le Berger conduit la brebis dans des sentiers
qu’il connaît bien pour les avoir parcourus, et où le péché ne peut trouver
d’occasion pour la séduire et lui faire déshonorer le nom de son guide.
S’agit-il du monde, couvert des sombres voiles de la mort et du deuil,
la brebis est en compagnie de Celui qui l’a
traversé « en pleurant et l’âme dans le jeûne », qui a été plongé dans ces
ténèbres, mais en est sorti victorieux, et triomphateur de la mort. « Je suis avec toi
pour te sauver et pour te
délivrer, dit l’Éternel » (Jér. 15: 20). S’agit-il enfin du monde ennemi,
c’est Lui qui combat pour nous
et nous engage à nous tenir tranquilles (Ex. 14: 14).
N’est-il pas vrai que la brebis a raison de s’écrier « L’Éternel est mon Berger, je ne manquerai de rien » ?
Ce Psaume dépeint le travail de conscience qui a lieu chez un
saint, en vue de lui faire retrouver la Communion avec Dieu. Ce travail amène
le croyant à confesser son péché et la réponse à cette confession lui est
donnée par la croix : « Si nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste
pour nous pardonner nos péchés et nous purifier de toute iniquité », et « Le sang
de Jésus Christ, son Fils, nous purifie de tout péché » (1 Jean 1: 9, 7). En
effet, la Communion, de même que le salut, est basée sur l’oeuvre de Christ.
Pour être sauvé, il faut le sang de Christ
versé pour nous, et si, étant sauvé, l’on a péché, il faut remonter à la source
de purification première, non pour retrouver le salut, mais pour retrouver la
Communion perdue, la liberté et la joie des relations avec Dieu, qu’on avait
négligées par une légèreté coupable et par manque de vigilance. Tel était, dans
ce Psaume, le cas de David, lors de son péché à l’égard d’Urie. (*)
(*) Nous ne citons pas le Ps. 51 qui a beaucoup moins affaire à la Communion que celui-ci.
Tant que la conscience n’a pas été purifiée et que l’âme n’est
pas restaurée, elle est profondément malheureuse : elle rugit tout le jour et
n’a aucune force ; « sa vigueur s’est changée en une sécheresse d’été ». La
discipline de Dieu ne quitte pas un instant le coupable. Quelle grâce qu’il en
soit ainsi ! Alors l’âme se décide à faire connaître à Dieu son péché ; et,
venant à Lui par la repentance, elle trouve le pardon. Ce dernier est basé sur
l’oeuvre de Christ qui a fait une fois
la
propitiation pour nos péchés et nous représente continuellement devant Dieu, en
sorte que Dieu lui doit
à Lui, le
Juste, le pardon de nos péchés et peut nous ramener à la Communion que nous avions perdue. Alors l’âme humiliée comprend que Dieu est fidèle
à ses promesses envers ceux qu’Il
a justifiés et juste
envers Christ
qui a accompli l’oeuvre de la purification pour nous (1 Jean 1: 9). La
Communion est ainsi rétablie, mais, sans la confession de nos péchés il serait
impossible de la retrouver jamais.
C’est en vertu du fait que Christ s’est identifié avec nous sous
le péché et le jugement (comp. les versets 3, 4, 7 de notre Psaume avec les
versets 1, 2, 25 du Ps. 22) que l’âme paraît devant Dieu pardonnée ; son péché
est couvert ; Dieu ne le lui impute pas ; il ne s’en souvient plus, et tient pour
juste celui qui s’approche de Lui, mais qui s’approche sans fraude,
ne cherchant pas à rien cacher à son Père, lui
confessant, comme le fils prodigue, toute sa faute, et trouvant auprès de Lui
mille fois plus qu’il n’osait espérer : la joie sans mélange
de celui pour qui la question du péché a été réglée à
jamais entre Christ et Dieu (v. 7).
Ce que nous disons ici fait comprendre les traits de
ressemblance entre un pécheur
pardonné
et un saint
pardonné, lors même que
la différence entre eux soit immense. Dans le premier cas, le pécheur était
entièrement séparé de Dieu, sans aucun point de contact avec Lui ; dans le
second les relations avec Dieu existent, mais la jouissance
de ces relations manque entièrement et assimile moralement
le croyant à un pécheur.
Maintenant l’âme a profité, par grâce, du temps où l’on peut trouver Dieu comme un Dieu propice (v. 6) au lieu d’aller au-devant de jugements nouveaux, d’un « déluge de grandes eaux ».
Cependant le fait que le péché est aboli pour « l’homme pieux » ne signifie pas qu’il n’ait pas à prier, à s’approcher continuellement du trône de la grâce afin de recevoir grâce et secours pour le moment opportun. C’est précisément sa négligence à cultiver ces rapports habituels avec Dieu qui avait été la cause de sa chute. Il sait maintenant par expérience combien la Communion est facilement perdue et revient à la prière pour ne pas la laisser s’interrompre (v. 6).
Dans les deux premiers versets, comme cela se rencontre si
fréquemment dans les Psaumes, c’est le Saint
Esprit
qui célèbre le résultat de l’oeuvre de Christ, en l’appliquant au
croyant. Au verset 5 le croyant lui-même peut dire à Dieu : Voilà ce que tu es
pour moi ; tu as pardonné ! Heureuse condition de l’âme qui peut exprimer de
nouveau sa Communion avec le Dieu Sauveur, avec le Fils par lequel le pardon
lui est acquis. Alors elle ajoute : « Tu es mon asile, tu me gardes de détresse ;
tu m’entoures des chants de triomphe de la délivrance » (v. 7). Quelle joie ! quelle restauration, maintenant que le poids de la misère
passée est ôté ! Combien ces tristes expériences ont été salutaires, alors que,
sans doute, il eût mieux valu ne les jamais faire ; mais par elles la réalité de
la délivrance est désormais mieux connue. L’affranchissement peut être appris dans le secret entre l’âme et Dieu,
et
les pieds sont ainsi gardés de chute : heureuse condition, dans laquelle l’âme,
avec peut-être moins d’expérience, garde plus de virginité d’impressions et de
fraîcheur ; mais il a fallu des chutes pour qu’un Abraham, un Moïse, un David,
un Élie, un Simon Pierre, apprissent à se connaître et à jouir de l’étendue de
leur délivrance.
Ce n’est pas tout. Dieu
lui-même
(v. 8) prend maintenant la parole pour affirmer à son enfant qu’il
est l’objet de tout son intérêt. Il a non seulement pourvu à son entier
relèvement, mais il dit : « Je t’instruirai, et je t’enseignerai le chemin où tu
dois marcher ; je te conseillerai, ayant mon oeil sur toi ». Je m’occuperai de ta
marche, comme je me suis occupé de ton relèvement. Précieuse assurance ! Je
t’enseignerai, et maintenant que tu jouis de ma Communion, tu n’as besoin que
d’un signe de mon oeil pour que ta marche corresponde à la relation parfaite
dont tu jouis. Je réponds : Hélas ! cette Communion est
si facilement interrompue ! Un acte de propre volonté de ma part la détruit !
Dans ce cas, dit le Père, je serai obligé de te corriger, de te discipliner :
« Ne soyez pas comme le cheval, comme le mulet, qui n’ont pas d’intelligence,
dont l’ornement est la bride et le mors, pour les refréner, quand ils ne veulent pas
s’approcher de toi » (v. 9).
Être conduit avec la bride et le mors, c’est l’être par des circonstances
extérieures, suscitées par la Providence divine, quand notre volonté
s’oppose à celle de Dieu. Il
faut, dans ce cas, qu’elle soit bridée et matée pour que nous retrouvions la
proximité de Dieu, sinon nous restons éloignés de Lui.
La Communion est le fruit de cette proximité ; pour qu’elle ait lieu il faut
qu’aucun acte de propre volonté ne vienne s’interposer entre notre âme et Lui.
Nous trouvons dans ce Psaume, comme dans beaucoup d’autres qui
ont la Communion pour base : l° Le Saint Esprit parlant à l’âme. Il lui expose
comment elle peut retrouver la Communion perdue (v. 1-2). 2° L’âme disant à
Dieu de quelle manière (par le besoin, la repentance et la confession) elle a
trouvé le chemin de la restauration. 3° Dieu lui répondant pour lui donner des
assurances nouvelles, non seulement quant à sa position devant Lui, mais quant
à sa marche ; et aussi pour l’avertir de ses voies en discipline afin qu’elle
puisse retrouver la Communion, dès que, par l’exercice de sa propre volonté,
elle a eu le malheur de la perdre. 4° Le croyant, exprimant le contraste entre
le sort du méchant et la grâce dont est environné celui qui se confie en l’Éternel
(v. 10). 5° Enfin un appel général de l’Esprit à se réjouir en l’Éternel, —
pour nous, en Christ — : « Réjouissez-vous en l’Éternel, et égayez-vous, justes !
et jetez des cris de joie, vous tous qui êtes droits de coeur !
» (v.
11). C’est « la joie accomplie » des justes dans la Communion avec Christ, joie
qui sera pleinement réalisée dans la louange éternelle !
Ce Psaume est caractérisé par l’expression, absolue et parfaite,
de la Communion entre le Fils et le Père : « Au sacrifice et à l’offrande du
gâteau tu n’as pas pris plaisir : tu m’as creusé des oreilles (ou : tu m’as formé
un corps) ; tu n’as pas demandé d’holocauste, ni de sacrifice pour le péché.
Alors j’ai dit : Voici, je viens : il est écrit de moi dans le rouleau du
livre. C’est mes délices, ô mon Dieu, de
faire ce qui est ton bon plaisir,
et ta loi est au dedans de mes
entrailles » (v. 6-8).
« Voici, je viens pour faire ta volonté » ; telle est la pensée de
Christ, pensée qui était éternellement dans son coeur, comme Fils unique dans
le sein du Père, et qui a été réalisée par sa venue, comme Fils de l’homme,
dans ce monde. Il s’y présente et dit : « Je viens ». Tout le système des
offrandes de la loi, mis à l’épreuve, avait été démontré incapable de répondre
aux exigences de la justice, de la sainteté et de l’amour de Dieu. Il n’y
avait, dans ces offrandes, qu’un acte
remémoratif
de péchés (Héb. 10: 3). Or Dieu ne pouvait prendre plaisir à ce
qui plaçait continuellement le péché sous ses yeux. Alors Christ dit : « Je
viens » ; il accomplit ce qui était de toute éternité la pensée de Dieu : La
pensée du Fils est fondue, pour ainsi dire, dans celle du Père, de manière à ne
former qu’une pensée unique. Tel a été Christ, venant dans ce monde : « Mon
aliment, dit-il, est de faire la volonté de Celui qui m’a envoyé » (Jean 4: 34).
« Je ne cherche point ma volonté, mais la volonté de Celui qui m’a envoyé » (Jean
5: 30). « Je suis descendu du ciel, non pour faire ma volonté, mais la volonté
de Celui qui m’a envoyé » (Jean 6: 38). Il y a identification complète de pensée
et d’activité entre le Fils et le Père. « Le Père est en moi », et moi en Lui.
« Qui m’a vu, a vu le Père » (Jean 14: 9, 10). « Quelque chose que le Père fasse,
le Fils le fait aussi » (Jean 5: 19).
Pas de Communion plus absolue que de n’avoir point d’autre volonté que celle du Père. C’est la confiance du Fils dans un amour parfait, la confiance d’un coeur qui trouve ses délices à être offert en sacrifice pour accomplir les voies d’amour de Dieu envers de pauvres pécheurs perdus. La Communion s’exprime par le renoncement à toute volonté quelconque pour faire la volonté d’un autre.
Le Seigneur se présente ici comme Celui dont il est écrit au
rouleau du livre des conseils de Dieu, au rouleau d’éternité où Dieu avait
consigné ses desseins. Qu’est-ce donc qui y est écrit ? Lui-même,
le Fils dont le nom remplit ce livre, et sans lequel
aucune des pensées de Dieu ne peut avoir son accomplissement. Cette volonté est
la manifestation complète, à notre égard, de l’amour d’un Dieu qui veut voir
ses créatures partageant sa joie, jouissant de son amour, associées à sa
gloire. « Faire Sa volonté », c’est la Communion la plus complète de dessein et
d’amour entre le Père et le Fils, à laquelle répond, du côté du Fils, la plus
complète obéissance. Mais il fallait, pour cela, le sacrifice du Fils de
l’amour du Père, du Fils unique dans son
sein,
mot qui exprime, à lui tout seul, ce que c’est que la Communion de
l’amour. Alors il dit : « Je viens ». Il s’offre lui-même et Dieu le rend propre à
ce sacrifice en lui formant un corps.
La loi de Dieu, la pensée dont elle est l’expression, était « au dedans de ses entrailles ». Il était au milieu des hommes comme l’arche, à l’intérieur de laquelle toute la pensée d’amour qui est « la somme de la loi » était cachée, de telle manière que l’arche la contenait toute seule (2 Chr. 5: 10). Les chérubins prosternés sur le propitiatoire considéraient cet ineffable mystère. Un seul désir, un seul but, un seul objet, l’accomplissement de la volonté d’amour de son Dieu, remplissait le coeur de Christ. Cette obéissance parfaite à la volonté de Dieu ne peut, en effet, se séparer de l’amour. On a dit : « Aimer c’est agir » et, dans un sens, l’on n’a pas tort, mais, combien plutôt devrait-on dire : « Aimer c’est obéir, et obéir c’est aimer ! »
Le voici donc, un homme n’ayant qu’une seule volonté, celle du
Père ; le voici, se donnant lui-même, parce que Dieu veut le donner — et cette
volonté d’amour où le conduit-elle ? Au puits
fangeux !
Comment donc ! Une chose pareille a-t-elle
jamais pu se produire ! Oui, elle était possible, parce que l’amour sans limite
du Père pour le Fils, du Fils pour le Père, voulait se communiquer
, sauver, amener dans sa Communion, des misérables
comme nous ! Le Fils éternel a consenti à s’anéantir, à être un ver et non pas
un homme, à être fait péché, pour nous donner part, avec Lui
, à l’amour de Dieu ! Le Père éternel a consenti à donner
son Fils unique, afin que nous, des êtres qui périssions, nous eussions la vie
éternelle, une vie, une nature, capables de jouir de Lui et de contenir à
jamais les choses ineffables qui ne sont pas du domaine de l’homme.
Jésus trouvait cette volonté agréable
.
Il dit : « C’est mes délices de faire ce qui est ton bon plaisir » ; comme il dit
en un autre endroit : « Je te loue, ô Père… Oui, Père, car c’est ce que tu as
trouvé bon devant toi » (Matt. 11: 26). Et il entre seul
dans ce bourbier, jusqu’à dire : « Mes iniquités m’ont atteint,
et je ne puis les regarder » ; il s’identifie avec notre péché, en porte l’inexorable
jugement, et seulement quand tout est terminé, quand le sacrifice est consommé,
Dieu répond à sa confiance et à son attente patiente en le ressuscitant d’entre
les morts.
C’est alors que commence notre
histoire nouvelle : « S’il livre son âme en sacrifice pour le péché, il verra une semence
» (Ésaïe 53: 10).
Notre ancienne histoire est close : « Je suis crucifié avec Christ » ; la nouvelle
débute : « Nous avons été vivifiés, ressuscités ensemble avec Lui ». Désormais
nous lui appartenons, nous sommes de Lui
,
« sa semence ». Nous lui sommes associés et le premier résultat de cette
association, c’est que nous sommes capables de « faire la volonté de Dieu » (1
Jean 2: 17). Nous sommes transformés par le renouvellement de notre entendement
pour discerner maintenant ce qu’Il connaissait de toute éternité, mais a
réalisé, comme homme, en venant dans ce monde, que « la volonté de Dieu est
bonne, agréable et parfaite » (Rom. 12: 2). Nous sommes appelés à être parfaits
et accomplis dans toute la volonté de Dieu, comme lui (Col. 4: 12) ; et, comme
lui, après avoir fait cette volonté, et attendu patiemment, nous recevrons les
choses promises (Héb. 10: 36). Désormais nous avons Communion avec Lui dans l’obéissance
.
Notre Psaume présente encore
d’autres traits de la Communion avec Christ, ressuscité d’entre les
morts : Il dit : Tu as mis « dans ma bouche un Cantique nouveau, la louange
de notre Dieu » (v. 3). Dans l’Ancien Testament, le Cantique nouveau est
toujours celui qui accompagne l’entrée triomphale de Christ dans son règne et
l’établissement de ce règne sur la terre (Ps. 33: 3; 40: 3; 96: 1; 98: 1; 144:
9; 149: 1; Ésaïe 42: 10). On ne le rencontre dans le Nouveau Testament que deux
fois, mais avec un sens plus étendu. En Apoc. 5: 9, le Cantique nouveau célèbre
dans le ciel
tous les résultats de la
Rédemption par l’Agneau immolé, victoire qui donne aux saints le règne, soit
dans le ciel, soit sur la terre, et fait d’eux une famille royale de
sacrificateurs. — Le second passage, Apoc. 14: 3, introduit le Cantique nouveau
en rapport avec le triomphe sur la puissance du mal, qui donnera au Résidu de
Juda l’entrée dans les bénédictions du règne de Christ sur la terre.
Cette association avec Lui, dans la louange de son règne, est donc aussi la nôtre.
« Tu as multiplié, toi, Éternel, mon
Dieu, tes oeuvres merveilleuses et tes pensées envers nous ;
on ne peut les arranger devant
toi. Si je veux les déclarer et les dire, — elles sont trop nombreuses pour les
raconter » (v. 5). Ici nous trouvons encore l’association des saints avec lui,
dans les bénédictions sans nombre qui sont la part de ses rachetés. Pour le
Résidu d’Israël, ce seront des bénédictions terrestres ; pour nous, ce sont des
bénédictions célestes.
Dieu les a
multipliées envers nous
comme envers Lui.
Elles ont et auront pour résultat
une louange perpétuelle : « Que tous ceux qui te cherchent s’égayent et se
réjouissent en toi ; que ceux qui aiment ton salut disent continuellement :
Magnifié soit l’Éternel ! »
Ce Psaume nous présente un côté très précieux de la Communion.
On y lit : « Bienheureux
celui qui
comprend le pauvre
». Ce n’est pas,
comme au Ps. 40: v. 4: « Bienheureux
l’homme
qui a mis en l’Éternel sa confiance » et qui connaît la résurrection de Christ,
comme répondant à cette confiance. Il s’agit au contraire ici d’un homme qui
contemple et apprécie, dans son humiliation, Celui qui disait au v. 17 du
Psaume précédent : « Et moi, je suis affligé et pauvre ». Jésus s’est dépouillé lui-même
de toute sa
gloire, quand il est venu ici-bas servir et souffrir ; mais, de plus, il s’est laissé dépouiller
de toutes ses
prérogatives comme Messie : il a été « comme une brebis muette devant ceux qui la
tondent » afin de pouvoir accomplir son oeuvre de salut.
« Comprendre le pauvre », c’est apprécier avec une intelligence
donnée de Dieu, les perfections de Christ méprisé et humilié, objet de moquerie
et d’outrages, puis atteint par nos iniquités qu’il a faites siennes (40: 12).
Comprendre le pauvre, c’est nous occuper de cet amour qui lui a fait prendre
une forme d’esclave, et l’a fait s’appauvrir, afin que par sa pauvreté
nous fussions enrichis ; qui l’a
fait quitter la scène de ce monde « n’ayant rien », afin de glorifier le Dieu que
nous avions déshonoré et de nous sauver. « Comprendre le pauvre » c’est avoir
Communion avec lui, dans sa faiblesse
et
ses souffrances
(*) (Rom. 8: 17).
(*) Le mot hébreu employé ici pour « pauvre » est dal, faible, souffrant, et non pas, comme au vers. 17 du Psaume précédent, ani, c’est-à-dire opprimé.
Comprendre le pauvre, ce n’est pas le considérer alors que,
l’ayant fait remonter du bourbier fangeux, Dieu a établi ses pieds sur le roc,
en résurrection, mais tel qu’il était quand l’amour l’a fait descendre de
souffrance en souffrance pour trouver, au bout de sa course, le Calvaire où il
fut crucifié en faiblesse.
C’est
aussi, sans doute, comprendre sa plainte : « Et moi, je suis affligé et pauvre »,
mais accompagnée de la certitude que, dans cet état, le Seigneur ne manque pas
de penser à lui et viendra le délivrer.
La fin de ce Psaume depuis le verset 4, s’occupe des circonstances du Résidu qui ne sont pas notre sujet actuel, mais ce qui nous importe ici, c’est que « la Communion de ses souffrances » (Phil. 3: 10 ; 1 Pierre 4: 13) est un privilège spécial dont doivent se glorifier tous ceux qui connaissent notre adorable Sauveur.
« Bienheureux
celui qui
comprend le pauvre ! » Combien de fois les Psaumes répètent le mot : « Bienheureux ! (*) Mais ce « Bienheureux » -ci, ne
dépasse-t-il pas tous les autres ? Comprendre Jésus, l’homme abaissé, l’homme de
douleurs et sachant ce que c’est que la langueur ; s’asseoir avec lui, fatigué
du chemin, au puits de Sichar ; traverser avec lui un monde où, pauvre étranger,
il n’a pas où reposer sa tête ; nous associer avec lui en prenant notre part des
outrages de ceux qui le haïssent ; passer ici-bas, inconnus des hommes comme
lui, mais, comme lui, bien connus de Dieu, et pouvoir dire avec joie : Que me
manque-t-il ? N’ai-je pas le privilège, en toutes ces choses, d’être le disciple
d’un tel Maître ? Mais si nous sommes associés avec Lui dans ses souffrances,
nous partagerons avec Lui les résultats de son abaissement : « Si nous souffrons
avec Lui », nous serons aussi glorifiés avec Lui ! (Rom. 8 :17).
(*) Il revient 25 fois dans les Psaumes et 17 fois dans tout le reste de l’Ancien Testament.
Le Christ avait dit au Psaume 40: 17: « Tu es mon secours, et Celui qui me délivre ». Maintenant le Saint Esprit, qui prend si souvent la parole au début des Psaumes, dit à celui qui comprend le pauvre : « Au mauvais jour, l’Éternel le délivrera » (41: 1). Dieu, nous dit l’Esprit, a fait cela pour Christ ; il fera de même pour ceux qui ont répondu à ses pensées en s’identifiant avec les souffrances de son Bien-aimé.
Les versets 2 et 3 nous parlent des bénédictions spéciales qui
seront la part du Résidu, quand il aura reconnu la valeur de Celui que le
peuple avait méprisé et rejeté : « L’Éternel le gardera et le conservera en vie :
il sera rendu heureux sur la terre, et tu ne le livreras point à l’animosité de
ses ennemis. L’Éternel le soutiendra sur un lit de langueur. Tu transformeras
tout son lit, quand il sera malade ». Ces promesses appartiennent aussi, dans une mesure,
à ceux qui,
aujourd’hui, lui ont été agréables en suivant le chemin du « pauvre ». Elles font
partie, comme nous le voyons dans la première épître de Pierre, de Son
gouvernement en faveur de ceux qui se sont associés aux souffrances de Christ.
Remarquez enfin combien l’Esprit de Dieu s’intéresse aux
croyants, intercède pour eux et exprime la pensée de Dieu à leur égard. Il dit
de « celui qui comprend le pauvre » : « L’Éternel
le délivrera », « l’Éternel
le
gardera », puis, s’adressant à Dieu lui-même, il ajoute : « Tu
ne le livreras pas à l’animosité de ses ennemis ». Il dit encore :
« L’Éternel
le soutiendra », puis de
nouveau : « Tu
transformeras tout son
lit, quand il sera malade ». L’Esprit se porte garant de ce que Dieu fera pour
ceux qui se sont identifiés
avec un
Christ faible et souffrant.
Ce Psaume est en contraste avec le Ps. 41. Dans ce dernier, le
croyant « comprend le pauvre
» ; il
célèbre ici le Roi dans sa beauté
(És.
33: 17), comme Triomphateur, comme fils de l’homme, comme fils de Dieu, comme
Époux. Il nous semble entendre les accents du nouveau Cantique
dont il est si souvent fait mention dans le livre
des Psaumes. Notre coeur bouillonne, l’Esprit nous enseigne à composer, à
mettre nos pensées en ordre au sujet du Roi ; notre bouche ne peut garder le
silence ; la louange coule majestueusement comme un fleuve dans son lit ; elle
court aussi comme la plume diligente d’un écrivain habile, qui ne s’arrête
point et va droit au but, à l’exaltation du « Bien-aimé
»,
car c’est de
lui que ce Psaume est le Cantique.
La beauté
(v. 2) de
cet homme victorieux et triomphant consiste avant tout dans la grâce répandue sur ses lèvres
— sa magnificence
est le fruit de la débonnaireté
et de la justice
dont il a fait preuve pendant sa
vie d’humiliation ici-bas (v. 2-4).
L’Esprit reconnaît comme Dieu le Fils de l’homme élevé à la royauté
éternelle (v. 6-7) (« Ton trône, ô Dieu
EST pour toujours et à
perpétuité ») et proclame la droiture de son règne. Dieu lui-même, par ce même
Esprit s’appelle son Dieu,
et déclare
que cet homme
EST DIEU. Jamais la déité du
Fils de l’homme, entrant dans son royaume, n’a été déclarée d’une manière plus
absolue.
Mais, chose merveilleuse, ses rachetés ont part avec Lui et
jouissent avec Lui de la gloire de son royaume. Son Dieu qui, au baptême de
Jean, l’avait oint, comme homme, du Saint Esprit pour son ministère public,
l’oint maintenant d’une huile de joie,
la
joie du Saint Esprit, en lui associant des compagnons,
qu’il s’est acquis par son oeuvre et qui partagent sa joie. Sans doute la
sienne restera toujours au-dessus
de
la nôtre, comme il reste Lui-même au-dessus de nous, tout en faisant de nous
ses compagnons (association qui s’applique dans les Psaumes aux fidèles du
Résidu juif futur, mais s’applique aujourd’hui à nous) et cependant notre joie
sera, parfaite. Sa
joie à Lui sera
d’avoir sauvé des créatures, autrefois souillées et misérables, maintenant
rendues dignes, par son sang, de partager avec Lui la gloire de son règne : « Il
verra du fruit du travail de son âme et sera satisfait ». Notre
joie sera d’en avoir été rendus dignes, et d’être devenus les
objets dans lesquels Lui
sera admiré,
mais non pas d’avoir été les agents de son triomphe, car c’est Lui tout seul
qui en est l’auteur. Sa joie
sera le triomphe de son amour à notre égard : Je me réjouirai, dit-il, avec joie
à ton sujet ; je me reposerai dans mon amour ; je m’égayerai en toi avec chant de
triomphe (Soph. 3: 17). Si, par le Saint Esprit, nous partageons sa joie, nous
n’en avons jamais la source en nous : « Toutes
nos sources sont en Lui
».
Les versets 8 à 15 nous montrent une relation plus intime encore,
celle de l’Épouse avec l’Époux. Il est enjoint à l’Épouse d’oublier toutes ses
relations nationales et de famille, quelque précieuses qu’elles puissent être,
pour appartenir à son Époux : « Oublie ton peuple et la maison de ton père ».
N’a-t-il pas lui-même abandonné les plus précieux liens selon la chair, sa
parenté juive, pour être joint à l’Église ? « C’est pour cela que l’homme
laissera son père et sa mère, et sera joint à sa femme ; et les deux seront une
seule chair. Ce mystère est grand ; mais moi je parle relativement à Christ et à l’Assemblée
».
(Éph. 5: 31-32). « Qui est ma mère,
dit-il, et qui sont mes frères ? » (Matt 12: 48). L’Église connaît ce qu’est la
sainteté pratique, une séparation complète pour Dieu, ce qu’est la soumission
et la dépendance, en apprenant à connaître l’homme qui en a été le modèle
parfait. Il ne s’agit plus pour elle de ce patriotisme dont parlent tant,
hélas ! les chrétiens de nos jours, et qui n’exista
jamais pour Lui ; il ne s’agit plus de propre volonté et d’indépendance :
lui-même n’en avait aucune. Cette position de dépendance
de l’Épouse constitue sa beauté aux yeux de son Époux :
« Le Roi désirera ta beauté
»,
comme la grâce
constitue la beauté de Christ aux yeux de Dieu et des
hommes (v.2).
« Il est ton Seigneur, adore-le
»
(v. 11). Ici encore nous voyons la supériorité de l’Époux sur celle dont il
fait sa femme, comme nous avons vit la supériorité du Roi sur ses compagnons.
L’Époux qu’elle aime est son Seigneur
et
l’adoration
est la seule attitude qui
lui convienne, lorsque le cortège qui l’accompagne rencontre le cortège de
l’Époux, venant au devant d’elle pour l’amener dans le palais du Roi.
Il y a donc Communion entre Christ et son Église dans la jouissance de leurs mutuelles perfections, mais ses perfections à Lui, lui appartiennent en propre, tandis que nous ne sommes et ne serons jamais que le reflet de sa propre gloire.
Combien la communion avec l’Époux est précieuse pour l’Église ! Rien ne pourrait jamais la remplacer. Elle est notre part dès aujourd’hui. Cultivons-la chaque jour soigneusement : elle ne s’acquiert que par notre sanctification. Elle sera notre trésor ineffable pour l’éternité !
Ce Psaume est l’expression de la Communion individuelle
de l’âme avec Dieu. Il ne s’agit pas ici
d’un échange de pensées avec Lui, au sujet de Christ, mais uniquement de ce
fait-ci : une âme, privée de tout ici-bas, même des bénédictions qu’elle avait
trouvées autrefois dans la Communion des saints, une âme complètement isolée et
sans ressources dans un monde qui n’est pour elle qu’un désert, peut-elle
trouver une Communion sans nuage avec Dieu dans le ciel ? La réponse ne se fait
pas attendre.
La puissance de l’Esprit de Dieu, goûtée au milieu de
l’Assemblée et qui avait été autrefois la joie du fidèle peut manquer. Le
croyant l’avait jadis bien connue et appréciée, quand il allait avec la foule,
et s’avançait en leur compagnie, « avec une voix de triomphe et de louange,
jusqu’à la maison de Dieu — une multitude en fête » (Ps. 42: 4). Maintenant, quand
tout lui manque, même cette ressource, la Communion des saints, il se réfugie dans le coeur de son Dieu
: « Ta bonté est meilleure que la vie ». Sa bonté, ce côté-là de sa gloire (car,
comme, dans le cas de Moïse, en Ex. 33: 18-19, la bonté
de Dieu est la réponse excellente donnée au saint qui désire
voir la force et la gloire de Dieu), ce côté, disons-nous, ne nous manque
jamais. Son amour est infiniment plus précieux a
l’âme, et mieux goûté, quand la force que l’on aurait souhaité voir (v.2),
ainsi que toute ressource extérieure, font défaut. « Nous nous glorifions en Dieu
»,
est-il dit en Rom. 5: 11. La jouissance de, ce qu’Il est en Lui-même
: Le roi se réjouira en Dieu
(v. 11), est le degré le plus
élevé de la Communion, degré qui est la part du plus isolé des hommes et dont
nous avons l’exemple parfait dans l’homme Christ Jésus.
Remarquez que, pour ce croyant solitaire, tout est joie,
une joie qui s’exprime par la louange : « Mes lèvres
te loueront » (v. 3). « Ma bouche te louera avec des lèvres qui chantent de joie »
(v. 5 « À l’ombre de tes ailes je chanterai de joie » (v. 7).
En apparence le fidèle a tout perdu, en réalité il a tout
trouvé : il a trouvé Dieu,
Lui, Lui
seul, et l’intimité la plus étroite avec Lui. Voyez les tu
et les toi
qui, d’un
bout à l’autre, remplissent ce Psaume.
Le coeur qui semblait si isolé est venu boire à la source d’eau vive, et des fleuves coulent de lui ; il s’est assis à la table divine, et s’y rassasie de la moelle et de la graisse du froment, d’un Christ ressuscité et glorifié, nourriture de la maison de Dieu, dont le fidèle est extérieurement banni. Au moment où elle semble privée de tout, l’âme est plus riche, plus comblée que jamais. Combien de fois on l’entend dire dans les Psaumes : « Nous serons rassasiés du bien de ta maison, de ton saint temple ». « Nourri de la moelle du froment, rassasié du miel du rocher ». Elle connaît « le ruisseau plein d’eau qui réjouit la ville de Dieu » (Ps. 65: 4, 9 ; 81: 16 ; 46: 4).
Tout ce que Dieu est pour nous se concentre dans la personne de
Christ. Si nous sommes fidèles, aucun obstacle, aucune difficulté du chemin, ne
pourra nous enlever cette jouissance. La solitude, les nuits sans sommeil, les
souffrances, l’attente au milieu des ténèbres, les longues veilles (v. 6) qui
font soupirer après le chant du coq et les premières lueurs de l’aube, tout
cela est une source nouvelle de joie, le moyen, ô Seigneur, dit l’âme
solitaire, de méditer de
TOI !
Oui, ta bonté est meilleure que la vie ; mais, pendant les jours de mon pèlerinage, je désire avoir une Communion toujours plus intime avec toi, en suivant le chemin que tes pieds ont frayé : « Mon âme s’attache à toi pour te suivre » (v. 8), pour communier avec toi dans les sentiers unis, dans les sentiers de justice. Entouré, loin du sanctuaire, des dangers menaçants du lieu désolé, là encore je ne trouve que joie ! Tel Énoch, marchant solitaire avec Dieu, aux jours menaçants du déluge.
Mais, si je pense à moi, je ne me découvre aucune force pour conserver la Communion avec toi dans le chemin qui reste à parcourir. Comment la maintiendrai-je ? « Ta droite me soutient ! » (v. 8). Ainsi je marcherai de force en force, car ma force est en toi.
Merveilleux privilège que celui d’un chrétien, quand il réalise
ces choses au milieu d’épreuves qui l’isolent ! Si tout est désert et ténèbres
autour de Lui, tout est lumière et joie dans la compagnie de Celui qui a dit :
Bien que je les aie dispersés par les pays, je serai pour eux « comme un petit sanctuaire
dans les pays
où ils sont venus » (Ézéch. 11: 16). Tout est force pour le fidèle, car il est
dit : « La joie de l’Éternel est votre force » (Néhémie 8: 10).
Les bénédictions du sanctuaire
sont bien souvent mentionnées dans les Psaumes et nous les avons
rencontrées plus d’une fois au cours de ces méditations. Au Ps. 27,
l’habitation dans le sanctuaire donne à l’âme une sécurité parfaite,
l’élève au-dessus des circonstances adverses, la
place sur un rocher inébranlable, la remplit de cantiques à la louange de Dieu.
Au Ps. 63, quand l’accès du sanctuaire semble fermé, l’âme trouve, dans la
présence de Christ, le petit sanctuaire où elle se réfugie et qui la remplit de
joie
. Au Ps. 73 que nous avons omis à
dessein, le sanctuaire est le lieu qui donne l’intelligence.
Là le fidèle reçoit la communication des pensées
divines quant au monde, quant à lui-même et quant à Dieu. Dans le Psaume que
nous abordons en ce moment, le sanctuaire est le lieu des affections,
aussi y trouvons-nous à un haut degré l’expression de
la Communion.
C’est dans « les aimables demeures de l’Éternel », et dans ses
parvis qu’on rencontre le Dieu vivant,
un
Christ ressuscité (Matt. 16: 16; Apoc. 1: 18; Rom. 1: 4) ; et les autels
de Dieu, « l’Agneau qui est là
comme immolé ». C’est là, en effet, que l’âme apprend à connaître et à apprécier
tous les aspects de la croix de Christ, de ce seul sacrifice, représenté sous
la loi par les divers sacrifices (« tes autels ») du Lévitique. C’est là qu’elle
trouve un parfait repos, un repos de Communion, dont elle jouit avec Dieu
lui-même ; c’est autour de l’Agneau immolé que se rassemblent et se concentrent,
comme dans un nid paisible, toutes les affections de la famille de Dieu. Plus
d’anxiétés, plus d’agitations, semblables à celles des hirondelles qui volent
çà et là, en quête de quelque moucheron qui leur échappe ; le coeur a trouvé son
centre béni, paix, repos, nourriture et chants joyeux. Le bonheur et la louange
accompagnent ce repos : « Bienheureux
ceux
qui habitent dans ta maison ; ils te loueront
incessamment
» (v. 4).
Mais là est aussi le bonheur de la force : « Bienheureux
l’homme dont la force
est en toi, et ceux dans le coeur desquels sont les chemins frayés » (v. 5).
La jouissance de l’amour, savouré aux autels de Dieu, est le point de départ du
fidèle pour accomplir son pèlerinage dans ce monde. Un tel voyage exige de la
force, mais l’âme qui jouit de la Communion du Seigneur ne cherche cette force
qu’en Lui. Ainsi pourvue, elle se met en route, à travers bien des vicissitudes
et des lieux arides, pour se rendre à la maison de Dieu. Elle a déjà joui de
cette maison, comme d’une chose présente,
avant de faire l’expérience des difficultés du chemin, mais elle ne se
contente pas d’une jouissance imparfaite ; elle veut atteindre la pleine réalité
des choses après lesquelles elle languit et soupire (v. 2). Elle veut habiter
dans la maison de l’Éternel « tous les jours de sa vie » (Ps. 27: 4) avec une louange incessante
que rien
n’interrompra désormais (v. 4). Combien cette louange sera supérieure à nos
cantiques incomplets, à nos chants qui se sont à peine élevés, que déjà ils
retombent à terre au lieu de monter vers le ciel !
Dans le chemin qui conduit à la maison de Dieu, le chrétien fait
l’expérience des bénédictions du voyage. Sa
force est en Dieu
; il la puise dans une Communion habituelle avec Lui, et
ainsi, à chaque pas qu’il fait, il acquiert une force nouvelle : « Il marche de force en force
». Il ne s’agit pas ici
d’accumuler des forces pour en disposer ensuite à son gré, quand on penserait
en avoir besoin, accumulation qui exclurait la nécessité d’une Communion
ininterrompue, — mais il s’agit d’une force fournie par la source elle-même, à
mesure que le fidèle fait un nouveau pas dans le sentier, de sorte qu’il ne
puisse jamais se passer de l’impulsion première qui la lui communique.
N’oublions pas que deux choses détruisent notre Communion,
entravent notre marche, nous ôtent toute force. Ces deux choses sont l’orgueil
et les convoitises, et se résument en un seul mot : le monde
. Il arrive souvent dans la vie chrétienne qu’après avoir joui
d’une saison de force dans notre marche, nous éprouvons un temps d’arrêt
accompagné d’une faiblesse qui ressemble au sommeil et parfois à la mort. Les
chrétiens (ils sont nombreux) qui n’ont jamais joui réellement du bonheur de
l’homme dont la force est en Lui,
se
préoccupent assez peu de cette faiblesse et de ce sommeil parce qu’ils
constituent leur état normal
et que
les « choses excellentes » les ont toujours laissés plus ou moins indifférents. Ou
bien ils cherchent à combattre cet état par une activité fébrile qui leur donne
l’illusion de la force,
mais surtout
les empêche de se rendre compte d’une pauvreté spirituelle dont ils auraient eu
conscience, en cherchant, dans le recueillement, la présence de Dieu. Ceux
d’entre eux qui, en des temps plus heureux, ont goûté cette force, éprouvent un
vrai malaise et souvent du tourment de l’avoir perdue. S’ils ont affaire à
Dieu, ils s’enquerront auprès de Lui des causes de cet état dont souvent ils ne
peuvent se rendre compte d’eux-mêmes. La réponse ne se fera pas attendre et les
amènera toujours à reconnaître le manque de Communion comme cause de cette
faiblesse, et la mondanité, sous une forme ou sous une autre, comme ayant
interrompu cette Communion. Jugeons notre mondanité et nous retrouverons la
force. Souvent, au lieu d’exercer ce jugement complet de nous-mêmes, nous
voudrions y apporter des atténuations. Nous continuons ainsi à marcher en
avant, gardant de la fraude dans nos coeurs, nous donnant une apparence de
force, déployant une activité extérieure qui ne nous trompe pas nous-mêmes,
comme c’est le cas pour les indifférents, mais donne le change aux autres,
et nous engage souvent dans
des chemins d’hypocrisie où le péché nous guette et qui nous mènent à des
chutes et à la ruine morale ! Qu’il est donc vrai de dire : « Bienheureux l’homme
dont la force est en toi !
»
Cela nous amène à constater que la fréquentation du sanctuaire
est le point de départ de toute force. Au Ps. 63, l’âme, rassasiée de moelle et
de graisse, dit : « Ta droite
me
soutient ». Au Ps. 73, quand elle est entrée dans les sanctuaires de Dieu, elle
dit : « Tu m’as tenu par la main droite,
tu
me conduiras par ton conseil ».
« Bienheureux ceux dans le coeur desquels sont les chemins
frayés » (v. 5). Le chemin frayé est le chemin du désert, chemin qui passe à
travers le pays « non semé » (Jér. 2: 2), où Israël avait suivi l’Éternel, son
Époux, à la sortie d’Égypte (Ésaïe 11: 16). Ce lieu « où il n’y avait pas de
chemin » en avait cependant un qui était tracé par les pieds des sacrificateurs,
portant l’arche, type de Christ. Tels sont les chemins frayés ; les croyants y
sont placés dans la dépendance continuelle du Seigneur, aussi leur coeur y
est-il attaché. Ce sont les seuls chemins qui conduisent au pays de la promesse
(Jér. 31: 21), les seuls qui aboutissent à la maison de Dieu (És. 35: 8-10).
Ces chemins frayés, combien de peines et de douleurs ils ont causées à notre
Guide bien-aimé ! Seront-ils, pour nous, exempts d’épreuves ? Pourrions-nous désirer
qu’ils le soient ? La perte que nous éprouverions s’ils n’avaient pas ce
caractère douloureux serait incalculable. Dieu, grâces lui en soient rendues, a
soin qu’il n’en soit pas ainsi pour ses bien-aimés. La vallée de Baca s’étend,
à perte de vue, devant eux. Elle est le lieu des larmes, comme elle est, sous
un autre aspect, la « vallée de l’ombre de la mort » ; mais bienheureux qui s’y
engage avec la force qui est en Dieu.
Les
épreuves deviennent une source rafraîchissante pour nous et pour d’autres. Les
larmes des semailles précèdent la pluie fertilisante qui apportera en son temps
une moisson de bénédictions pour tous. La connaissance des ressources qui sont
en Christ, celle de l’amour du Père, rafraîchit et réjouit le coeur du pèlerin.
Le Psaume 63 nous a montré la Communion entretenue par
l’isolement ; nous la voyons ici, augmentée par les difficultés du chemin ;
mais, quand « nous paraîtrons devant Dieu en Sion », elle ne sera plus graduelle,
ni ne courra le danger d’être interrompue. « Vois », dit le fidèle, quand, ayant
atteint le but du voyage, il est introduit en la présence de Dieu ; « Vois et
regarde la face de ton Oint ». Le moi
a
entièrement disparu, caché aux yeux de Dieu, par un objet unique, l’Oint sur la
face duquel resplendit Sa gloire. Dieu est un soleil
— on est dans la pleine lumière ; Dieu est un bouclier
et nous met éternellement à
l’abri des assauts de l’Ennemi. Alors on le connaît comme « donnant la grâce et
la gloire » (v. 11). Il y a, dans ce lieu béni, une connaissance parfaite, non
seulement de ce qu’Il est,
mais de ce
qu’Il donne ;
et le terme d’une marche
fidèle accomplie dans la Communion du Seigneur est une plénitude de
bénédictions célestes et éternelles.
Ce Psaume est donc, d’une manière toute particulière, un Psaume de Communion : de la Communion avec Dieu, exprimée individuellement, soit dans la jouissance actuelle de tous les biens du sanctuaire, soit dans le chemin qui y conduit, soit enfin dans la jouissance future de la gloire. Le croyant est arrivé, en pensée et en espérance, au bout du voyage, dans la maison du Père. De fait il n’y est pas, mais il en jouit par anticipation. Le verset 12: « Bienheureux l’homme que se confie en toi », exprime le sentiment de Christ et de son disciple en traversant la scène de ce monde, et le verset 1 : « Combien sont aimables tes demeures ! » le résultat de toutes les expériences de ce Psaume.
Le sujet de ce Psaume attire à la fois les pensées de Christ et
celles de son peuple. Ce sujet est la cité bien-aimée, la Jérusalem terrestre
au jour de sa gloire future. Pour nous chrétiens, ces paroles ont aussi leur
application à la nouvelle Jérusalem qui descend du ciel d’auprès de Dieu, à
l’Assemblée du Dieu vivant, à la Cité dans laquelle Christ demeurera à
toujours, et nous avec Lui. N’oublions pas que l’Église est considérée tantôt
comme l’Épouse, dans ses relations d’amour et d’unité avec son Époux, tantôt
comme la cité céleste. En cette qualité, elle est le domicile de tous les saints glorifiés,
et, vue sous cet aspect,
le Seigneur l’aime. Comme il a aimé Jérusalem pour être ici-bas le lieu de son
trône, c’est dans la cité céleste qu’il montrera sa gloire et habitera
éternellement.
Au verset 1, comme nous l’avons déjà vu plus d’une fois,
l’Esprit parle et proclame le caractère de l’oeuvre de Dieu qui a posé le
fondement solide de Sa cité « dans les
montagnes de sainteté
».
Cette
parole est comme le résumé de tout ce qui va suivre. L’oeuvre est divine ; Dieu
l’a établie, lui qui a posé le fondement de Sion. Identifiée avec Jérusalem,
Sion est à la fois ici la montagne de la grâce
et celle de la sainteté,
c’est-à-dire
d’une vraie mise à part pour Dieu (2: 6; 3: 4). Ce que Dieu fonde a toujours
ce caractère : sa sainteté est
inséparable de sa grâce. La grâce sans la sainteté serait un outrage au nom de
Dieu ; ce serait admettre que le Dieu qui fait grâce pourrait laisser subsister
le péché et la souillure en sa présence. Déception fatale pour l’homme qui, se
prévalant de la grâce, se croirait libre de faire le mal, et tomberait ainsi
sous le juste jugement de Dieu. D’autre part, la sainteté sans la grâce ne sera
pas autre chose que la condamnation éternelle de l’homme.
Fondée sur la grâce et la sainteté, Sion est à la fois
inébranlable, comme tout ce que Dieu établit, et purifiée de tout mal pour lui
appartenir en propre. Si tel sera le caractère de la Jérusalem terrestre, à
bien plus forte raison le sera-t-il de la Jérusalem céleste. C’est en vue de
réaliser ici-bas le caractère de cette cité qu’il est dit : « Le solide fondement
de Dieu demeure », reposant d’une part sur la grâce
de Dieu qui connaît ceux qui sont siens, d’autre part sur la sainteté pratique :
« Qu’il se retire de
l’iniquité, quiconque prononce le nom du Seigneur » (2 Tim. 2: 19). C’est d’elle
que parle le chap. 12 de l’épître aux Hébreux : « Vous êtes venus à la montagne
de Sion et à la cité du Dieu vivant, la Jérusalem céleste » (v. 22). Cette cité
est consacrée à Dieu lui-même qui en est « l’Architecte et le Créateur » (Héb. 11:
10). Dans cette cité, rien qui ne vienne de Lui ; c’est pourquoi il l’aime
. Nous pouvons aussi appliquer à la
Jérusalem céleste ce qui nous est dit au Ps. 132, de la Jérusalem, terrestre
millénaire : « L’Éternel a choisi
Sion,
il l’a désirée
pour être son habitation.
C’est ici mon repos à perpétuité ; ici j’habiterai, car je l’ai désirée » (v.
13-14).
Au verset 2, l’Esprit passe, pour ainsi dire, la parole à l’Éternel : « L’Éternel aime les portes de Sion, plus que toutes les demeures de Jacob ». Il aime les portes de Sion, les portes par lesquelles on entre dans la cité (Apoc. 21: 25, 27), les portes aussi dans lesquelles il établira le siège de son juste gouvernement (Job 29: 7; Jér. 38: 7; Amos 5: 15). C’est en Sion qu’est l’arche, le marchepied de ses pieds ; car c’est là que David, le roi de grâce, avait trouvé des demeures pour le Puissant de Jacob (Ps. 132: 5).
Les diverses demeures de l’Éternel en Israël n’étaient que
provisoires et ne furent jamais sa
demeure aimée
, ni le lieu de son repos. Dieu avait habité à Silo (Juges 18:
31; 1. Sam. 1: 3; 4: 3; 14: 3; Ps. 78: 60), à Beth-Shemesh (1 Sam. 6: 14), à
Kiriath-Jéarim, dans la maison d’Abinadab (1 Sam. 7: 1) ; dans la maison
d’Obed-Édom, Guitthien (2 Sam. 6: 11) ; sur le haut lieu de Gabaon (1 Chron. 21:
29 ; 2 Chron. 1: 3, 5) ; mais c’est à l’aire d’Ornan, Jébusien, où la grâce
s’était affirmée quand elle avait rencontré la sainteté de Dieu en jugement,
qu’Il veut demeurer à perpétuité. Aussi il « abandonna la demeure de Silo, la
tente où il avait habité parmi les hommes ; il méprisa la tente de Joseph et ne
choisit pas la tribu d’Éphraïm, mais il choisit la tribu de Juda, la montagne
de Sion qu’il aima » (Ps. 78: 60, 67, 68).
De même Christ aime son Église, la cité où il habitera, où les
saints ont déjà leur droit de bourgeoisie, mais où ils habiteront avec Lui
, ayant une part commune dans
l’objet de sa dilection. De même aussi l’homme de foi attache plus d’importance
à l’Église, cité de Dieu, qu’à tout ce que les hommes
ont fondé. N’y puisons-nous pas tous une sérieuse instruction ? Aimons-nous
davantage les demeures de Jacob, que la sainte cité de Dieu ? Lui préférons-nous
nos
sectes, nos
partis, nos
églises,
demeures où la présence du Seigneur a pu jadis être momentanément
réalisée, toutes ces tentes de Jacob ou d’Éphraïm qui
a supporté le mélange du nom de Dieu avec les idoles ? Hélas ! Ces tentes que
Dieu a abandonnées ont, aujourd’hui, plus de valeur pour les chrétiens que la
chère Assemblée de Christ, dont, même en un temps de ruine et de totale
dispersion, il dit : « Je suis au milieu de ces deux ou trois ».
L’Esprit, me semble-t-il, parle au verset 3 par la bouche du
Résidu : « Des choses glorieuses
sont
dites de toi, cité de Dieu ». Cette cité n’est pas seulement le lieu de sa
grâce, de sa sainteté, et l’objet de son amour, mais elle sera le porteur de Sa
gloire ! « Quand l’Éternel bâtira Sion, il paraîtra dans Sa gloire » (Ps. 102:
16). Comment en serait-il autrement, puisque Dieu lui-même y habitera ? Elle est
la cité de Dieu
, car le « trône de
Dieu et de l’Agneau sera en elle » (Apoc. 22: 3). « Le Seigneur, Dieu, le
Tout-Puissant et l’Agneau en sont le temple, et l’Agneau est sa lampe » (Apoc.
21: 22, 23).
Au verset 4, Sion elle-même prend la parole : « Je ferai mention
de Rahab et de Babylone à ceux qui me connaissent ; voici la Philistie, et Tyr,
avec l’Éthiopie : Celui-ci était né là ». Jérusalem peut parler à ceux qui la
connaissent et qui peuvent l’entendre et la comprendre. Ce que le monde prône
et estime si haut, les contrées et les villes des Pharaons, des Philistins, de
l’Éthiopie, Babylone et Tyr, toutes ensemble, peuvent-elles avoir de l’attrait
pour ceux qui connaissent la cité de Dieu ? Que le monde, étranger à ce que Dieu estime, à Sa grâce et à Sa gloire, vante,
chacun à l’envi, sa grande nation, sa grande capitale et exalte ses grands
hommes ; y a-t-il de grands hommes pour ceux qui connaissent Sion et le Dieu qui
y habite ? Le Christ est le même, hier, aujourd’hui et éternellement ; eux, on
les nomme, on en fait mention comme appartenant au passé, à l’histoire : « Celui-ci
était
né là » (*).
Que reste-t-il d’eux ? « Comme un songe, quand on s’éveille, tu mépriseras,
Seigneur, leur image, lorsque tu t’éveilleras » (Ps. 73: 20). Toute cette gloire
est passée
; ces hommes ont eu leur
jour et leur part ici-bas ; ils sont tous ensemble « couchés dans le shéol »,
attendant le jour du jugement de Dieu. « Les morts ne vivront pas, les trépassés
ne se relèveront pas ; car tu les as visités, et tu les as exterminés, et tu as
détruit toute mémoire d’eux » (Ésaïe 26: 14).
(*) En présence d’un grand nombre de versions, et partant, d’explications différentes, dont plusieurs trahissent l’inintelligence du caractère prophétique des Psaumes, je propose l’interprétation ci-dessus, appuyée sur la Version anglaise, sur la Revised Version et sur l’intelligente Version de J. N. Darby. Toutes traduisent au v. 4 : « Celui-ci était né là ».
Au verset 5, l’Esprit donne la réplique à Jérusalem : « Et de Sion
il sera dit : « Celui-ci et celui-là sont
nés
en elle ; et le Très-Haut, lui, l’établira ». Quel contraste avec les
autres cités ! Sion est le lieu de naissance des bien-aimés de l’Éternel.
Celui-ci et celui-là, ces « hommes forts de David » que Dieu enregistre, sont
comptés comme nés en elle. Ils ont leur droit de cité
à Jérusalem. Si nous parlons de la Jérusalem céleste, elle comprend
et reçoit tous ceux dont l’origine et la bourgeoisie sont dans le ciel et non
sur la terre ; c’est là qu’ils seront à toujours. Quant à la Jérusalem
millénaire, le souvenir de ses hommes de foi y reste, et cette cité elle-même
sera établie
, comme jadis la
symbolique colonne de Jakin (Il établira) devant le temple de Salomon.
« Quand l’Éternel enregistrera les peuples, il comptera : Celui-ci
est né là » (v. 6). L’Esprit
prophétique continue à parler pour l’Éternel et nous fait connaître ce qu’Il
dira quand il enregistrera les nations. Jérusalem, établie par le Très-Haut (v.
5) (titre de Dieu dans le millénium) deviendra le centre de bénédiction pour
tous les peuples. L’Éternel, le Dieu d’Israël, dira : « Celui-ci (l’homme de ma
droite) est né là ». C’est ce qui donne, avant toutes choses, sa valeur à cette
cité de Dieu. Cela ne signifie pas qu’elle soit la cité où il est venu au
monde, mais elle est la cité du Fils de David, la ville du grand Roi, la ville
de la royauté de Christ. Les yeux de tous les peuples seront tournés vers le
Messie, en Sion ; de Lui seul ils attendront leurs bénédictions.
Au verset 7, le Résidu parle lui-même : « Et en chantant et en
dansant : Toutes mes
sources sont en
toi ! » (*) Un peuple, uni désormais, regarde
vers son Chef, vers Celui qui est « né là », s’apprête à lui faire escorte avec
des chantres et des joueurs de flûte, avec des cantiques et des danses, à son
entrée triomphale dans son héritage, et s’écrie : « Toutes mes
sources sont en toi ! » La source de ses louanges, la source de
sa joie, de sa force, la source de son salut, la source de son Unité comme
peuple de Dieu, la source de toutes ses bénédictions et de toutes ses gloires,
il l’a trouvée dans cette personne adorable. Israël, le peuple élu, la trouvera
en Lui dans la Jérusalem terrestre où Il réside et cette source abreuvera
éternellement les saints et la Jérusalem céleste où Il habite.
(*) Il vaut mieux, pour l’intelligence du texte, supprimer les mots ajoutés : « ils diront ».
À Lui l’escorte sainte, entrant par les portiques,
Dans les temples d’azur, aux dômes de cristal,
En foule, avec les luths, les danses, les cantiques,
Comme des fils de Roi dans leur palais natal !
Pour résumer ce Psaume, je l’intitulerais la Communion de Christ et des siens, par le Saint Esprit, au sujet de la Cité glorieuse, dépositaire et habitation de toutes Ses grâces et de toutes Ses gloires, Sa demeure et celle de tous ses rachetés.
Cet admirable Psaume exprime le plus haut degré de la Communion,
car il nous parle de Christ, de Christ
seul.
Tout autre objet disparaît devant Lui ; même les bénédictions
infinies qui nous sont acquises par son oeuvre ne sont pas mentionnées. Lui
apprécie l’Éternel ; Dieu l’apprécie ; les fidèles sont admis à l’apprécier par
l’Esprit. Il ne pense, en aucune manière, à Lui-même, mais à Dieu, pour mettre
en Lui sa confiance et toute son affection. S’il pense à l’homme, c’est pour
rétablir lui-même par son obéissance, comme second Adam, les relations avec
Dieu que l’homme avait outrageusement rompues en déshonorant Celui-ci par son
péché.
L’Esprit ne parle que de
Lui ;
Dieu ne parle que de
Lui ; Lui ne
parle qu’à
Dieu ; les fidèles ne
parlent qu’à
Lui et de
Lui-même. Tous trouvent leurs délices
en Lui, comme Lui trouve ses délices en Dieu !
Ce Psaume ne contient aucune louange proprement dite, mais tous
les coeurs sont remplis d’admiration en méditant sur les perfections de cet
homme, car, remarquez-le bien, ce n’est pas de sa gloire, comme Fils de Dieu,
qu’il s’agit ici (d’autres Psaumes nous la présentent), mais de son caractère
comme Fils de l’homme, abaissé et humilié. Comme tel, il se borne à dire une seule parole
(v. 2), mais cette
parole attire sur Lui les bénédictions éternelles !
Dans la « Prière de Moïse, homme de Dieu », au Psaume précédent
(Ps. 90), l’homme, premier Adam, nous est présenté, dès sa désobéissance
initiale, comme asservi au péché et à toutes ses conséquences (v. 2-6). Il
retourne à la poussière ; le jugement l’emporte comme un torrent ; il est comme
un songe au matin ; à peine il commence à fleurir, qu’il est déjà fauché et
flétri. Son sort est bien pire encore lorsque sa responsabilité est mise à
l’épreuve sous la loi.
Sa
transgression attire sur lui, comme un feu consumant, la colère de Dieu et les
terreurs de son courroux (v. 7-11). Le jugement inexorable le trouvera, dans
l’avenir, et déjà, dans ce monde, il n’atteint pas même à la mesure raccourcie
de ses jours…
Mais voici qu’au Psaume 91 un homme, un second Adam, un second
Israël, se présente, auquel, sur la foi de cette parole du Psaume précédent :
« Seigneur, tu as été notre demeure de génération en génération », est laissée,
par l’Esprit, la décision de la demeure dont il fera choix. Sera-ce le Très-Haut
et sa demeure secrète dans le ciel ?
(Dieu prend ce titre qui
rappelle sa suprématie absolue, en rapport avec le gouvernement futur du
monde). Sera-ce le Tout-Puissant et la protection qu’Il accorde sur la terre ?
(Ce titre qu’Il prend, en
rapport avec les Patriarches, rappelle sa puissance souveraine, mise au service
de pauvres étrangers et voyageurs sans défense). Que va répondre cet homme ?
« J’ai dit de l’Éternel : Il est ma confiance et mon lieu fort ;
il est mon Dieu
, je me confierai en
Lui » (v. 2). Il choisit pour son Dieu
(Élohim, le Dieu Créateur, auquel l’homme a désobéi), l’Éternel
(Jéhovah, le Dieu d’Israël, dont le peuple a transgressé
la loi, qu’il a offensé et qui, dans sa grande colère,
cache sa face à la maison de Jacob). C’est ce Dieu-là, déshonoré par l’homme,
que Christ, recommençant l’histoire tout entière de l’homme, vient glorifier
par une dépendance et une confiance absolues. Lui seul pouvait le faire comme
second Adam, et comme le vrai Cep, le seul Israël que Dieu pût reconnaître, car
c’était de Lui qu’il avait dit par le prophète : « J’ai appelé mon Fils hors
d’Égypte ». Dans ce court deuxième verset, le Seigneur refuse d’attendre le
règne du Très-Haut, pour en recevoir les bénédictions dans les cieux et sur la
terre millénaire ; il choisit le nom de Jéhovah, l’Éternel, pour restaurer Sa gloire
et Son prestige, et pour relever ce Nom, livré à l’opprobre par son peuple
conduit par Satan. Il dit : « Il est mon
Dieu », ce qu’Israël ne pouvait plus dire ; il dit : « Je me confierai en Lui », mot
qui, comme nous l’avons déjà vu, résume toute sa carrière ici-bas. Il se confie
dans le Dieu qu’Israël, abusant de sa confiance, a offensé, et qui montrera
certainement sa colère contre le mal ! Telle est sa confiance envers Dieu ! mais aussi, quelle ressource pour Israël infidèle ! En
prenant cette place, Christ, grâce merveilleuse ! assume
nécessairement toute la responsabilité, toutes les conséquences de la conduite
d’Israël. Si la colère de Dieu doit tomber sur ce peuple, comment ne
tomberait-elle pas sur celui qui le représente ? Mais rien ne l’arrête ; Il revendique,
à tout prix, la gloire de son Dieu, sa sainteté, sa justice, ses jugements. Il choisit
librement cette place. Il ne
sera, ni mis à l’abri dans le ciel par le Très-Haut, ni mis à couvert sur la
terre par le Tout-Puissant. Ce n’est pas sous ces caractères-là, que son Dieu a
été déshonoré. Qu’importent les conséquences : il faut que l’Éternel, le Dieu
d’Israël, soit glorifié à tout prix !
Aux versets 3 à 8, l’Esprit de Dieu lui répond, se portant, pour
ainsi dire, garant pour l’Éternel. Il lui reconnaît le droit, en vertu de son
obéissance, de posséder toutes les grâces dont Israël aurait joui, s’il avait
suivi le même chemin. « Il te couvrira de ses plumes » : Combien souvent le
Seigneur aurait voulu remplir ce rôle à l’égard d’Israël, comme une poule qui cache
ses poussins sous ses ailes, et celui-ci ne l’avait pas voulu !
L’Éternel déclare ici à Christ qu’il a conquis cette
place pour lui-même, mais, conséquence admirable, l’ancien Israël, aujourd’hui
coupable, sera mis en Lui, le nouvel Israël, à l’abri pour l’avenir ! Cependant
rien de ce qui atteindra ce peuple infidèle et révolté ne pourra atteindre
désormais l’homme de la droite de Dieu. Quand mille tomberaient à son côté et
dix mille à sa droite, Lui, restera indemne au milieu du carnage et verra le jugement
s’abattre sur les méchants. Ces versets sont l’assurance de la parfaite
sécurité dans laquelle l’Éternel gardera son Élu, seul homme qui l’ait honoré
par une confiance humble et absolue.
Cette assurance, donnée par l’Esprit de Dieu, a-t-elle eu son accomplissement ? An contraire ! L’iniquité l’a atteint et environné ; c’est Lui qui a subi la colère divine, Lui qui n’a pas été épargné, tandis que 10000 coupables triomphaient et le perçaient de leurs flèches !
Dieu pourrait-il avoir menti, et cet homme, le vrai, Israël,
avoir mal placé sa confiance ? Non, certes, mais il fallait que les desseins de
grâce de Dieu envers ce peuple méchant, trouvassent leur accomplissement.
« N’était-il pas avantageux qu’un seul homme mourût pour le peuple et que la
nation entière ne pérît pas ? » Telle est la réponse, mais ce Psaume ne la donne pas.
D’autres Psaumes nous entretiennent
de l’oeuvre substitutive de Christ, tandis que ce Psaume n’a pas l’oeuvre
de Christ en vue, mais sa personne
et les conséquences qu’elle
retirera de son obéissance. Pour lui, toutes ces bénédictions sont encore
futures, mais Il attend, assis à la droite de Dieu dans le ciel, qu’elles
deviennent sa part, quand il prendra possession de son royaume sur la terre.
Aux versets 9 à 13 un nouvel interlocuteur survient. C’est un peuple juste,
affectionné à Celui qui a
souffert de la part des méchants, un peuple saint, un nouvel Israël issu du
nouveau cep que l’Éternel a planté ; peuple, rendu intelligent par l’Esprit, et
en parfait accord, en pleine Communion, avec les pensées de Dieu au sujet du
Christ. Ce Résidu croyant regarde aussi en avant vers la gloire millénaire qui
sera la part du Messie. Ces fidèles ont maintenant eux-mêmes l’Éternel pour
leur refuge, mais en un temps où le Très-Haut
revendique ses droits au gouvernement de la terre : « Parce que toi, tu as
mis l’Éternel, mon refuge, le Très-Haut,
pour
ta demeure ». Ce temps est encore à venir, mais ils sont en pleine Communion
avec l’Esprit qui lui parle. L’Esprit avait dit, en parlant de l’Éternel : « Il
te délivrera, Il
te couvrira… » le Résidu, en Communion avec l’Esprit, s’écrie :
« Il
commandera à ses anges à ton
sujet… ».
Oui, Il sera gardé ; les anges seront Ses serviteurs pour le
porter sur leurs mains, en sorte que ses pieds ne soient pas même froissés par
le contact d’une des pierres de la route. Satan avait jadis employé ce passage
pour faire sortir Jésus de la dépendance en l’engageant à mettre en question si
Dieu l’aiderait ou non ; mais lui, confiant en Ses promesses, attendait le
moment de Dieu et refusa d’user de la bénédiction promise, car il voulait
accomplir son ministère et son sacrifice. Il avait devant lui les souffrances,
le rejet, l’abandon, la mort sous la colère divine, toutes choses qui
contredisaient cette parole. Il ne doutait pas un instant, ne mettait pas même
en question, si Dieu accomplirait ses promesses ; il ne tentait
pas le Seigneur, son Dieu, mais s’appuyait sur la parole de
l’Éternel qui se réalisera contre toute apparence. Ses pieds saints, blessés à
chaque pierre du chemin, percés de clous, ses pieds qui ont suivi sans une
seule hésitation la voie douloureuse de la sainteté parfaite et ont été les
objets de l’outrage des hommes, seront confiés aux soins tendres et délicats
des anges ; ces pieds, dont le talon fut brisé par le serpent, fouleront le
serpent lui-même, marcheront sur le lion et sur l’aspic, sans un effort, par un
seul acte de puissance divine et souveraine ! (v. 13).
Le moment arrivera, disent ici les fidèles, où toutes les puissances spirituelles qui se sont élevées contre toi, ne seront que le chemin où passeront tes pieds ! Ils anticipent, en considérant la perfection de cet homme, l’abolition complète du mal, quand son jour à Lui, sera venu.
Aux versets 14 à 16, Dieu lui-même veut avoir le dernier mot
dans l’appréciation de son Bien-aimé. Il ne lui parle pas ici, mais il parle de Lui.
L’Esprit lui parle ; le
Résidu lui parle, mais l’Éternel proclame, afin que tous l’entendent, ce que
Lui, l’Éternel, fera pour l’homme qui « a mis son affection sur Lui ». Si, en vue
d’accomplir la Rédemption, Dieu n’a pas répondu à son cri et l’a abandonné, il le délivrera,
en vertu de l’affection
qu’il a placée sur l’Éternel. Aussi Jésus a-t-il pu dire : « Tu m’as répondu
d’entre les cornes des buffles ». Ici l’Éternel répète deux fois : « Je le
délivrerai ». Cette délivrance est accomplie aujourd’hui : Dieu l’a élevé à sa
droite et l’a mis « en une haute retraite », parce qu’il a connu Son nom
(v. 14). Il s’agit de Son nom en
rapport avec Israël, car ici, pas plus qu’en d’autres Psaumes, il n’est fait
mention de ses relations beaucoup plus élevées avec le Père.
« Dans la détresse, je serai avec lui ». Dans la « grande
tribulation » que le Résidu fidèle d’Israël aura à traverser, il ne sera pas
abandonné, dans ce sens que tous ceux dont Christ est venu
prendre la place seront délivrés comme lui. La réponse finale sera la gloire :
« Je le délivrerai et le
glorifierai » (v. 15), quand il entrera dans son règne. Enfin (v. 16), il sera
rassasié de longs jours et Dieu lui fera voir son salut, c’est-à-dire le plein
et glorieux résultat de son obéissance.
Je le demande, pourrions-nous trouver autre part un exemple plus élevé de la Communion ? Tous les regards du ciel, tous les regards de la terre, sont concentrés sur cet objet unique. Terre et ciel s’entre-répondent pour se communiquer l’un à l’autre leurs pensées au sujet de ses perfections. Les anges le contemplent, empressés à le servir. Et ces perfections se résument dans « la confiance » de l’homme parfait, comme elles se résumaient au Ps. 16 dans « l’obéissance » du parfait serviteur.
Le Psaume 22 est le Psaume de l’expiation
; le Ps. 102 celui de la substitution.
Le résultat de l’expiation est la résurrection de Christ
(22 : 21) et, en vertu d’elle, la Communion de « ses frères » avec Lui dans
toutes ses propres relations avec Dieu son Père. Le résultat de la substitution
est la déclaration que cet homme retranché est Lui-même le Dieu d’éternité, et
que ceux auxquels il s’était substitué sont établis définitivement devant Dieu
dans une justice parfaite : Il est immuable
(102: 27), et ses serviteurs demeurent
(v. 28).
Dans le Ps. 102, la substitution n’est pas proprement l’oeuvre
de la croix, bien qu’elle aboutisse à la croix lorsque Christ est retranché à
la moitié de ses jours. Ce Psaume nous montre plutôt Christ, venant ici-bas,
comme second Adam, prendre la place du premier homme pour être élevé bien haut
comme lui (v. 10), puis, comme lui, « jeté en bas » par l’indignation et la
colère de Dieu, alors que seul il avait le droit, perdu par le premier Adam,
d’être maintenu dans sa dignité originelle. Le commencement de ce Psaume est en
tout point le contre-pied du Ps. 91 où Christ abaissé est élevé à la gloire
comme homme, tandis qu’ici Christ élevé comme homme est jeté dans la poussière.
Ce n’est qu’après cela que Dieu lui-même le
déclare Dieu
et l’institue auteur d’un salut éternel pour tous ceux qui lui
obéissent.
Homme parfait, nous le voyons ici méprisé, solitaire, objet d’animadversion et de répulsion pour le monde entier ; mais en outre, il est devenu sec comme l’herbe, assimilé à l’homme pécheur et transgresseur et traité comme tel (Ps. 102: 4; 103: 15; 90: 5, 6; 37: 2; 92: 7; És. 40: 6) ; il s’en va comme l’ombre qui s’allonge ; il est retranché à la moitié de ses jours (102: 11, 24; 109 : 23; 144: 4) ; il est, en un mot, traité comme le premier homme en chute, dont il vient prendre la place afin de le sortir de l’abîme où il était tombé, comme il est dit : « Si un est mort pour tous, tous donc sont morts ». Alors, ayant subi toutes les conséquences de la désobéissance d’Adam, il est déclaré Fils de Dieu, justifié, établi pour l’éternité comme centre de la gloire divine.
Grâce à cet abaissement, à la merveilleuse substitution où son
amour l’a conduit, nous sommes introduits dans toutes les bénédictions qui
appartiennent désormais à notre substitut. La colère de Dieu s’est abattue sur
lui, afin qu’elle fût à toujours détournée de nos têtes (102: 10; 103: 9).
Alors Dieu le justifie pleinement et nous justifie. Désormais nos péchés ne
pourront jamais nous rejoindre (103: 10, 12). Si Lui demeure à jamais (102:
27), sa bonté est à jamais sur nous (103: 17). Nous pouvons, du fond du coeur,
bénir l’Éternel et son saint nom : Il a effacé toutes nos iniquités, il a
racheté notre vie de la fosse, il ne nous a pas rendu selon nos péchés, car il
les a visités sur Christ et les a éloignés de nous comme l’Orient de
l’Occident. Mais pour que nous puissions parler ainsi, Christ a traversé ces
choses, il a fait sien
notre état,
dans toutes ses conséquences et sa terrible réalité. Du même coup il a mis fin
à toute notre histoire et inauguré, dans sa personne, l’histoire et les
bénédictions du nouvel homme.
Nous avons donc Communion avec Lui, dans tous les résultats de son oeuvre, comme le Père a Communion avec Lui dans ce qu’Il a entrepris. En nous déclarant que cet homme, retranché à la moitié de ses jours, est le Dieu béni éternellement, il nous donne une sécurité égale a la sienne.
Aussi, dès maintenant, nous pouvons célébrer la valeur et les
résultats de cet abaissement ; nous les célébrerons à toujours lorsqu’il sera
l’objet (103: 19-22) de la louange universelle, et avant tout de la nôtre
. Nous commençons à entonner cette louange au
premier verset de ce Psaume : « Mon âme, bénis l’Éternel ! » et le dernier mot
nous appartient au dernier
verset : « Mon âme, bénis l’Éternel ! » (v. 1, 22). Quel
privilège ! La bénédiction, dans la bouche de ses rachetés, a plus de valeur
pour son coeur que celle des anges, que celle des armées de l’Éternel, que
celle de toutes ses oeuvres !
Nous trouvons dans ce Psaume la confirmation d’une vérité
générale. Dès qu’il s’agit de Christ, dans sa gloire céleste
, l’Ancien Testament ne peut mentionner notre association
avec Lui dans cette position. L’habitation dans les lieux célestes est réservée
à l’Église et aux saints glorifiés. Les Psaumes qui nous ont occupés nous ont
offert maint exemple de cette vérité. Dans leur expression la plus élevée, ils
ne nous ont jamais conduits au delà de la jouissance de bénédictions sur la terre
(voyez Ps. 22 : 22). C’est ainsi
qu’au Ps. 110, tout ce qui concerne l’union de l’Église avec Christ dans le
ciel est omis,
et les bénédictions
qui y sont mentionnées ne sont que celles du Résidu d’Israël, peuple nouveau,
héritier, sur la terre, du royaume millénaire futur.
Ajoutons toutefois que si, dans les Psaumes, l’héritage céleste
de l’Église est omis, cette omission a pour résultat de faire ressortir
d’autant plus la personne
même de
Christ et les gloires qui lui appartiennent en propre. Il occupe ici toute la
scène ; les regards ne rencontrent que Lui et sont obligés de se fixer sur ce
seul objet, comme sur le foyer même de la lumière. Est-il besoin de rappeler le
Psaume 91 qui offre le même exemple et le Psaume 16 dont Christ serviteur est
le sujet unique ?
Si maintenant nous ouvrons le Nouveau Testament, nous y trouvons ce Ps. 110 cité 21 fois (bien plus souvent qu’aucun autre), pour décrire la Communion de l’Église et des saints associés avec Christ dans les lieux célestes.
Nous allons revenir en détail sur ce fait qui est proprement notre sujet en abordant ce Psaume, mais n’oublions pas que la Communion ne peut s’établir, que si le Seigneur est le seul objet de nos coeurs et de nos pensées. Aussi commencerons-nous, tout d’abord, à ne nous occuper que de Lui seul, tel que ce Psaume nous le présente.
1° Le Ps. 110
est un Psaume que nous appellerions central,
comme le 22. Dans ce dernier nous voyons Christ seul
sur la croix jusqu’au moment où il est « délivré d’entre les
cornes des buffles » ; ici, nous le voyons seul
à la droite de la Majesté dans les hauts lieux. Il n’est plus, comme au Ps.
41: « le pauvre », avec lequel l’âme a Communion ici-bas et qu’elle peut suivre
pas à pas dans sa carrière d’abaissement et de service ; au contraire, nous le
voyons couronné de gloire et d’honneur, et placé au siège même de la puissance.
Mais cette place glorieuse est la conséquence
de son humiliation :
au Ps. 109 qui précède celui-ci, l’Esprit a soin de
nous le faire remarquer. Nous y voyons le méchant persécuter l’affligé et le
pauvre (l’opprimé, ani)
et celui qui
a le coeur brisé pour le faire mourir (v. 16). Ce dernier lui-même, dit : « Je
suis affligé et pauvre (opprimé, ani),
et
mon coeur est blessé au dedans de moi » (v. 22). Enfin le Psaume se termine (v.
31) par l’assurance que l’Éternel « s’est tenu à la droite du pauvre
(nécessiteux, ebyon)
pour le sauver
de ceux qui jugeaient son âme ».
Remarquons aussi la structure de ce Psaume, particulière à ceux
que nous avons appelés « Psaumes de Communion ». Plusieurs interlocuteurs s’y
entre-répondent au sujet d’une seule personne : le Christ. C’est d’abord
David, proclamant par l’Esprit prophétique, l’exaltation de Christ, son
Seigneur, dans le ciel (v. 1) ; puis, le même Esprit prophétique parlant pour
l’Éternel afin d’annoncer au Christ sa domination sur Ses ennemis et
l’établissement de son règne sur un peuple fidèle, créé pour la gloire de son
royaume (v. 2-3). Ensuite nous entendons l’Éternel dire de lui : « L’Éternel a
juré, et il ne se repentira point : Tu es sacrificateur pour toujours selon
l’ordre de Melchisédec » (v. 4). Aux versets 5-6, le Résidu fidèle s’adresse à
Dieu lui-même, voit Jésus à sa droite (« Le Seigneur à ta
droite »), et annonce le jugement des nations qui précédera son
règne sur la terre. Enfin, au verset 7, l’Esprit reporte nos yeux vers le passé
pour contempler sa carrière de dévouement comme Envoyé
de l’Éternel, carrière qui eut pour résultat son exaltation
à la droite de Dieu, dont parle le premier verset.
Cet entretien est délicieux pour le coeur. Tous s’y associent, sauf Celui qui en est le seul objet. Il attire les regards et les pensées de Dieu, de l’Esprit et des rachetés au bout de cette perspective grandiose où resplendit sa gloire magnifique sur le trône de son Père.
Reprenons ce sujet en détail. Le pauvre, le nécessiteux, à la droite duquel,
pendant sa vie, le
Seigneur s’est tenu,
quand tous les
hommes étaient contre lui (109: 31), Il l’a fait maintenant asseoir à sa droite,
couronné de gloire
et d’honneur parce qu’il a enduré la passion de la mort (Héb. 2: 9). Telle est
sa récompense personnelle, mais sa séance sur le trône de son Père n’est encore
qu’une place d’attente. Il sera assis sur son propre trône et c’est alors que
Dieu lui-même mettra ses ennemis pour le marche-pied de ses pieds. Au Ps. 8,
toute la création est mise sous ses pieds et le nom du second Adam est
magnifique par toute la terre
; ici,
l’homme rejeté, le pauvre, est assis dans
le ciel,
attendant l’accomplissement de la promesse qui lui a été faite.
Ce n’est pas tout : ce fils de David est Seigneur de David et le
roi prophète annonce par l’Esprit, qui seul peut le lui enseigner, ce que Dieu
va faire pour son Fils. Qu’il est précieux, comme David, de s’occuper de
Christ, sans aucune pensée de soi-même, sinon pour se proclamer son esclave. Le
grand Roi d’Israël dit en parlant de Christ : « Mon Seigneur
»,
comme en
une autre occasion, lui l’homme haut placé, l’oint du Dieu de Jacob, déclare
que c’est Christ qui est le juste dominateur parmi les hommes, comme la lumière
d’un matin sans nuages quand le soleil se lève (2 Sam. 23 :1-4).
Cette présentation exclusive de la personne de Christ a lieu moins souvent peut-être dans les épîtres du Nouveau Testament que dans l’Ancien, parce que, dans le Nouveau, l’union intime de l’Église, du corps avec la Tête, nous est révélée. Cependant Phil. 2: 6-11 en offre un exemple. Ce passage a pour but de fixer nos pensées sur Christ seul et d’insister sur ce résultat pratique que, pour participer à sa gloire, il nous faut avoir la même pensée que Lui, dans son abaissement, et prendre, comme lui, la dernière place, afin que, le moment venu, le maître de maison nous dise : « Ami, monte plus haut » (Luc 14: 10).
Ce Psaume nous montre en outre que, pour nous, la connaissance du Père dépend de celle du Fils : « Nul, dit-il, ne vient au Père que par moi » (Jean 14: 6, 9). Nul ne connaît le Père, « si ce n’est le Fils, et celui a qui le Fils voudra le révéler » (Luc 10: 22). Aussi ces quelques versets, tout remplis de Christ, le sont aussi de la connaissance de Dieu. C’est « le Seigneur, l’Éternel », qui fait asseoir à sa droite le Seigneur de David, qui met ses ennemis sous ses pieds, qui envoie de Sion la verge de sa force, qui lui donne comme récompense un peuple de franche volonté (cf. Cant. 6: 12), qui le déclare, avec serment, sacrificateur éternellement selon l’ordre de Melchisédec.
C’est ainsi que, placé devant Sa gloire et voyant sa tête élevée au-dessus de tout, le croyant porte ses regards vers le Père pour converser avec Lui, ayant une entière Communion de pensées au sujet de Son Bien-aimé et se réjouissant de Ses conseils quant à Christ (Éph. 1: 9, 10).
2° En
examinant ce Psaume au point de vue de la révélation de Christ à Israël, nous
trouvons d’abord au Ps. 109 : v. 31, un premier fait, son rejet par le
peuple ameuté contre lui, pour lui ôter la vie ; puis, au Ps. 110: v. 7, un
second fait, son passage sur la terre envoyé
pour une mission où il a fait preuve d’une obéissance et d’une dépendance
parfaites. Au v. 1 de ce même Psaume, nous trouvons la gloire en réponse au
peuple qui l’a rejeté et comme récompense de sa mission, car il ne faut pas
oublier que les paroles initiales des Psaumes sont d’habitude le résultat de
leur contenu.
Les conséquences terrestres de son élévation à la droite de Dieu sont : l° qu’Il sera Roi et Seigneur sur la terre et qu’Il aura un peuple de franche volonté au jour de sa puissance ; 2° qu’Il sera sacrificateur pour toujours, selon l’ordre de Melchisédec, bénissant (comme ce roi le fit jadis pour Abraham) son peuple nouveau de la part du Très-Haut, et bénissant le Très-Haut de la part de ce peuple ; 3° qu’Il sera vainqueur, triomphateur et juge, brisant définitivement, au jour de sa colère, toutes les puissances qui s’élèvent contre lui.
Ces trois caractères sont futurs
pour Israël et appartiennent à l’histoire prophétique de ce peuple, tandis que
les deux premiers sont actuels
pour
nous chrétiens, qui sommes déjà son peuple, un peuple de franche volonté et qui
l’avons dans le ciel comme souverain Sacrificateur. Le troisième caractère est
futur pour nous comme pour Israël, et ne nous touche qu’en ce que, par le
jugement de ses ennemis, auquel il associera ses rachetés, il établira sur la
terre Son règne que son Église partagera avec Lui.
Au v. 2, le Résidu fidèle se réjouit de voir, pareille à la verge de la force de Moïse pour abattre les Égyptiens, la verge de la puissance de Christ, envoyée de Sion, siège de la royauté, pour établir sa domination au milieu de ses ennemis. Désormais son peuple nouveau ne sera plus un peuple de col roide, comme au jour où Jésus était dénué de tout, opprimé et méprisé au milieu d’Israël. Pendant ce règne glorieux, assis comme sacrificateur sur son trône, il n’y sera pas seulement « Roi de justice », et « Roi de paix », mais il sera le canal unique de communications réciproques entre le ciel et la terre.
En dernier lieu, les fidèles du Résidu reportent leurs regards vers le passé, quand « ils n’avaient pour lui aucune estime ». Ils aiment à le contempler maintenant tel qu’il était autrefois, comme Envoyé de Dieu, dans sa mission de grâce, dans sa course d’humble humanité dépendante, entièrement vouée au service du Père, et certes, ces caractères ne sont pas les moindres de ses gloires. Tel Élie, au torrent de Kérith, dépendant de Dieu seul, pour s’acquitter de sa mission ; tels les compagnons de Gédéon, buvant du torrent par le chemin avant de délivrer Israël du joug de Madian ; tel aussi, le Résidu prophétique d’Israël lui-même, quand, ayant acquis la connaissance de son Messie, il suivra ses traces et « marchera vers des torrents d’eau par un chemin droit » (Jér. 31: 9).
Combien tous ces caractères de Christ, même à ne les prendre que strictement au point de vue d’Israël (mais nous allons voir l’étendue qu’ils ont pour nous) sont élevés ! Quel privilège d’être appelé à les connaître et à les contempler ! Christ, sous toutes ses faces diverses, est l’objet du croyant qui a part à ce Christ, et jouit de Lui. C’est la Communion !
3° Combien toutefois notre Communion avec le Père et avec le Fils est supérieure à celle-là ! Aussi, comme nous l’avons dit, le Nouveau Testament cite continuellement ce Psaume pour nous parler de la Communion chrétienne dans le ciel. Considérons quelques-uns de ces passages :
Marc 16: 19 nous indique l’époque où eut lieu en réalité le fait mentionné dans le premier verset, fait encore futur pour le roi prophète. « Le Seigneur donc, après leur avoir parlé, fut élevé en haut dans le ciel, et s’assit à la droite de Dieu ». Avant cette époque, la Communion avec un Christ céleste ne pouvait être inaugurée. Dans l’Évangile de Marc, c’est comme serviteur ; en Luc, comme fils de l’homme (Luc 22: 69) ; en Jean 20: 17, comme Fils du Père ; et au premier verset de notre Psaume comme serviteur et Fils de Dieu, qu’il va s’asseoir à Sa droite. Le Nouveau Testament nous introduit dans la Communion d’un Christ céleste, manifesté sous tous ces caractères.
En Actes 2: 33-35, notre verset 1 est employé pour montrer aux
Juifs que Dieu a fait
Seigneur et
Christ le Jésus qu’ils ont crucifié, mais que son élévation à la droite de Dieu
a eu pour conséquence le don du Saint Esprit : et c’est par l’Esprit que nous
entrons en communion avec Christ dans le ciel, comme il est dit : « En ce
jour-là, vous connaîtrez que moi je suis en mon Père, et vous en moi, et moi en
vous » (Jean 14: 20).
1 Cor. 15: 25 cite ce même passage pour montrer que le règne de Christ ne sera terminé que lorsque tous ses ennemis auront été mis sous ses pieds, mais 2 Cor. 3: 18 nous montre qu’en attendant nous pouvons, par l’Esprit, contempler la gloire du Seigneur sans voile, chose inconnue au saint le plus avancé de l’ancienne alliance. Cette contemplation agit en nous pour nous transformer à sa ressemblance et nous faire être ici-bas une lettre de Christ devant le monde, heureux résultat de notre Communion avec Lui (2 Cor. 3: 2, 3, 18).
Éphésiens 1: 20-22 nous présente une très précieuse application
de notre passage : « Dieu l’a fait asseoir à sa droite dans les lieux célestes,
au-dessus de toute principauté, et autorité, et puissance, et domination, et
au-dessus de tout nom qui se nomme, non seulement dans ce siècle, mais aussi
dans celui qui est à venir ; et il a
assujetti toutes choses sous ses pieds, et il l’a donné pour être Chef sur
toutes choses à l’Assemblée, qui est son corps, la plénitude de Celui qui
remplit tout en tous
».
Une vérité
pareille ne pouvait, en aucune manière, être révélée aux saints de l’Ancien
Testament : l’Assemblée, unie par le Saint Esprit à Christ ressuscité, comme le
corps est uni indissolublement à la Tête, à la Tête glorieuse dans le ciel. Ce
même Christ attend, non seulement jusqu’à ce que Dieu ait mis ses ennemis sous
ses pieds ou lui ait assujetti toute la création, mais tout, absolument tout,
lui est assujetti, et l’Église partagera cette domination universelle avec
lui ! En attendant, nous sommes
assis « ensemble dans les lieux célestes » en
lui (Éph. 2 : 6).
L’épître aux Hébreux fait
continuellement usage de notre Psaume. En Héb. 1: 3, la séance de Christ à la
droite de Dieu, est la preuve du parfait accomplissement de l’oeuvre par
laquelle nous sommes purifiés. Au verset 13 du même chapitre, ce passage est
cité pour montrer qu’il est non seulement Dieu
comme au Ps. 45, Éternel Créateur, comme au Ps. 102, mais Fils. Au chap. 8
il est assis à la droite de Dieu comme souverain sacrificateur selon l’ordre de
Melchisédec, le Saint Esprit unissant le verset 1 de notre Psaume avec le
verset 4. C’est en cette qualité qu’il est ministre du vrai tabernacle, du
sanctuaire céleste, qu’il sympathise avec nos infirmités, nous donne pleine
liberté pour nous approcher du trône de la grâce, nous procure du secours pour
le moment opportun et sauve jusqu’au bout
ceux qui s’approchent de Dieu par lui (Héb. 7: 25), choses inconnues aux
saints de l’ancienne alliance.
Au chap. 10: 13, il s’est assis à perpétuité à la droite de Dieu, en témoignage de l’oeuvre qu’il a accomplie. Aussi sa séance à la droite de Dieu nous fait connaître, chose inconnue sous la loi, la perfection absolue de son oeuvre pour nous.
Au chap. 12: 2, il est assis à la droite du trône de Dieu, comme Chef et Consommateur de la foi, nous donnant, en tout ceci, Communion, ou part et jouissance, avec Lui-même.
En Col. 3: 1, il est assis à la droite de Dieu et notre vie est cachée avec Lui en Dieu
.
Nous participons actuellement à Sa vie
et,
quand il sera manifesté, nous le serons avec Lui en gloire.
Peut-il y avoir une Communion plus parfaite, pour le temps
et l’éternité ?
En Apoc. 3: 21, comme il s’est assis avec son Père sur son trône,
il nous fera asseoir avec lui-même sur son propre trône. En Apoc. 4 et 5, tous
les saints glorifiés, assis sur leurs trônes, font partie de cet ensemble
symbolique appelé le trône,
dont le
centre est occupé par l’Agneau immolé.
Nous pourrions multiplier les citations, surtout au sujet de la
sacrificature de Christ, mentionnée au v. 4, mais celles que nous avons faites
suffisent pour montrer que si le Ps. 110 nous présente Christ occupant seul
la place de suprématie comme homme
ressuscité dans le ciel, le Nouveau Testament donne aux croyants l’association
céleste la plus complète et la plus étendue avec Christ, dans sa séance à la
droite de Dieu. S’il y est assis, nous y sommes assis en Lui ; s’il règne, nous
régnerons avec Lui ; s’il est Roi et Sacrificateur sur son trône, nous sommes
Rois et Sacrificateurs avec lui ; et si, redescendant de ces hauteurs sur la
terre, nous le rencontrons « buvant du torrent dans le chemin » comme Envoyé du
Père, là encore il nous associe avec Lui, car il dit : « Comme tu m’as envoyé
dans le monde, moi aussi je les ai envoyés dans le monde » (Jean 17: 18).
Nous avons déjà considéré ces Psaumes dans un autre écrit (*) ; en sorte qu’il n’est pas nécessaire d’y revenir en détail.
(*) L’histoire prophétique des derniers jours et les Cantiques des degrés, par H. R.
Au Ps. 132, l’Éternel se souvient de toutes les afflictions de
son Oint, lequel n’avait eu qu’une pensée : Glorifier Dieu en cherchant un lieu
de repos pour l’arche, trône de l’Éternel au milieu de son peuple. Ce lieu de
repos, David l’avait trouvé en Sion, la montagne de la grâce royale. En vertu
de ses afflictions, Dieu l’établit à perpétuité sur son trône, en la personne
du vrai
Salomon ; car c’est en une
seule personne, Christ, que l’on trouve réunis les caractères typiques de ces
deux hommes. Dieu répond aux désirs et aux souffrances du Roi de grâce en le
consacrant Roi de gloire. Alors régnera une harmonie complète entre Lui, ses
saints et ses sacrificateurs. Tout ce que Sion représente : l’habitation de
Dieu, le repos éternel, le lieu de la bonté et de la grâce, de la joie et de la
louange, de la puissance et de la victoire, le lieu de la royauté et de la
sacrificature, sera en accord parfait avec le caractère de Celui qui régnera à
Jérusalem durant les siècles millénaires.
Il en sera de même de la Jérusalem céleste. Elle sera le lieu de
la Communion éternelle
. Christ l’a
choisie, l’a désirée pour être son habitation, son Assemblée ; Il aura là une
sacrificature royale dont les louanges et la joie seront accomplies et
s’élèveront au niveau de la gloire du Seigneur ; tous les saints y seront
rassemblés ; Christ y sera pleinement satisfait dans les siens (És. 53: 11),
comme les siens le seront en Lui ; le Père y aura ses délices dans son Fils,
comme Celui-ci les aura dans les fils des hommes !
Le Ps. 133 nous présente la Communion
des saints, les uns avec les autres
: « Voici, qu’il est bon et qu’il est
agréable que des frères habitent unis ensemble ! » Cette Communion ne peut
avoir lieu sans la Communion avec le Souverain sacrificateur, chef de la
famille sacerdotale : « C’est comme l’huile précieuse répandue sur la tête
d’Aaron » (v. 2). Nous sommes une sainte sacrificature unie avec son Chef,
Christ, type d’Aaron
, par l’huile
précieuse du Saint Esprit. De Lui, comme de l’Hermon, descend la rosée céleste sur les montagnes de Sion
, sur ceux qui
sont fermement établis par grâce dans des rapports éternels avec Lui, leur
Chef.
Au Ps. 134, Christ est Souverain Sacrificateur selon l’ordre de Melchisédec
. Par cette
sacrificature, les saints qui se tiennent toujours dans la maison de l’Éternel
le bénissent, et par elle aussi ils sont bénis de la part de l’Éternel qui a
fait les cieux et la terre. Il en est de même pour nous : Par Christ, nous
sommes les bénis du Père, et par Christ nous le bénirons à perpétuité. Cette
bénédiction, étant éternelle, ne peut jamais être dépassée.
Les Psaumes 135 et 136 expriment la louange universelle. Cette louange sera aussi la nôtre. Tout ce que Jésus a fait pour nous, et tout ce qu’Il est à la gloire de Dieu, sera à toujours le sujet de notre joie.
Nous assistons ici à une scène de louanges qui va, s’étendant
jusqu’aux dernières limites du monde habité. Christ, représenté par David, en
est le Chef. Lui, l’Oint de l’Éternel, le Roi, exalte son Dieu comme Celui qui
est Lui-même le Roi
. Nous l’avons
aussi vu, au Ps. 110, Lui, le Seigneur de David, dépendant de Dieu comme de son
Seigneur
. Dieu, de son côté, l’exalte
comme Dieu (45: 7; 102: 27). C’est donc Christ homme, qui parle ici par la
bouche du Roi prophète. Cette louange a le caractère si souvent rencontré dans
les Psaumes, d’une louange millénaire. Elle a un cachet éternel : trois fois ce
Psaume répète les mots : « À toujours et à perpétuité » (v. 1, 2, 21).
Mais l’homme, Christ Jésus, n’est pas seul à louer. Si, d’une
part, il dit : « Je
t’exalterai ; je
bénirai ton nom ; je
te bénirai ; je louerai ton nom » ; et encore : « Je
parlerai de la magnificence glorieuse
de ta Majesté et de tes actes merveilleux » (v. 5), il ajoute d’autre part : « Ils
diront la force de tes actes
terribles ; ils
feront jaillir la
mémoire de ta grande bonté ; ils
chanteront hautement ta justice » (v. 6, 7). Nous apprenons au v. 10 que ces
« ils » sont les saints de l’Éternel
,
réunis autour de lui, l’Oint de l’Éternel.
Voici donc un Psaume de Communion dans la louange. C’est comme la réalisation parfaite, de part et d’autre, de ce qui est dit au Ps. 35: 18; « Je te célébrerai dans la grande congrégation ; je te louerai au milieu d’un grand peuple ». (Voyez aussi Psaume 22: 25; 40: 9, 10).
Mais cette louange dépasse le cercle immédiat de l’Assemblée des
saints et gagne les régions les plus éloignées. Si le Christ dit : « Ma bouche
dira la louange de l’Éternel »,
il ajoute : « Que toute
chair bénisse
son saint Nom » (v. 21). Il y aura accord, pour la louange millénaire, entre
Christ, son peuple, et les nations sur la terre. « Les actes puissants et la
magnificence du royaume de Dieu sont ainsi donnés à connaître aux fils de l’homme
», c’est-à-dire à la race
humaine tout entière.
Cette louange, comme nous l’avons vu au Ps. 22, a déjà été
inaugurée pour nous, par la résurrection de Christ et la formation de
l’Assemblée lors de la descente du Saint Esprit à la Pentecôte. Au chap. 4 de
l’Évangile de Jean, le Seigneur dit : « L’heure vient, et elle est maintenant
, que les vrais adorateurs
adoreront le Père en Esprit et en vérité » (v. 23). Cette heure était maintenant
, car les éléments dont elle
était composée : la révélation du Père, la vérité dans le Fils et la présence du
Saint Esprit, étaient en Christ lui-même au moment où il parlait, mais cette
heure allait venir
, en vertu de son
oeuvre, pour communiquer aux siens les mêmes caractères. Il fallait pour cela
être né de Dieu, avoir reçu le Saint Esprit et pouvoir s’approcher de Dieu en
vérité ; or celle heure est venue maintenant pour nous ; elle est notre part actuelle
comme adorateurs. Dans un
avenir prochain, comme nous le voyons au chap. 5 de l’Apocalypse, la scène sera
tout autrement étendue et élevée. Nous n’aurons plus Christ louant sur la terre
au milieu de l’Assemblée ; ce ne seront pas non plus les louanges générales
qu’il dirigera sur la terre, dans la période millénaire, comme on le voit dans
notre Psaume ; mais ce sera la louange céleste, universelle, s’adressant à
l’Agneau qui est au milieu du trône. Là il sera le centre de la louange, mais
non d’une louange entonnée par Lui. Tous les saints glorifiés dans le ciel, lui
étant semblables, le loueront d’un même coeur et d’une même bouche. Alors ce ne
sera pas « toute chair » qui s’y joindra, comme dans le Millénium sur la terre,
mais les myriades d’anges dans le ciel, et la Création tout entière, jusque
dans les profondeurs de la terre et de la mer (Apoc. 5: 13).
Le Ps. 145, tout en ne sortant pas de la sphère. terrestre, est donc un exemple magnifique de Communion dans la louange. Voici quels en sont les sujets :
D’abord la grandeur
insondable
de Dieu, ses actes
puissants
et merveilleux, la Magnificence
glorieuse de sa Majesté
; puissance inséparable de sa grande bonté et de sa
justice (v. 3-7).
Ensuite sa grâce
et sa
miséricorde
, sa bonté
envers tous, ses compassions
. Y a-t-il rien de plus
tendre que son coeur ? Ici encore, toute cette grâce est inséparable de sa
puissance et de la magnificence glorieuse de son royaume (v. 8-13).
Enfin toutes les preuves qu’Il donne de ce qui remplit son coeur
envers de pauvres, faibles êtres que nous sommes : Il soutient, relève, nourrit, rassasie
; ses voies sont des sentiers de
justice
; il est près
de tous ceux qui l’invoquent ; il garde
tous ceux qui l’aiment (v. 14-20).
Ne croirait-on pas entendre parler ici la brebis du Ps. 23 ? Or Christ lui-même
a suivi ce chemin, ayant l’Éternel pour son Berger ; c’est pourquoi il peut
s’associer dans la louange à ceux qui l’ont, Lui-même,
pour leur Berger.
Nous rencontrons donc ici tous les sujets de louanges, qu’il
s’agisse du Dieu Très-Haut, Souverain et Tout-Puissant ; des manifestations
diverses de ce qu’Il est en amour ; et enfin de tous ses actes et de toutes ses
voies de grâce envers les siens. Dès
maintenant
ces sujets sont les nôtres.
Faisant suite à ce Cantique, nous avons les cinq Psaumes
d’Alléluia de la fin, mais le Ps. 145 en conduit pour ainsi dire le choeur,
parce qu’on y entend la voix de Christ lui-même donnant le ton
aux saints dans la Communion avec Lui pour la
louange.
Ces Psaumes d’Alléluia sont les louanges du Résidu sauvé (146),
celles de Jérusalem (147), puis celles des cieux et de la terre (148), ensuite
le Cantique nouveau d’Israël (149), enfin la louange finale dans le Saint Lieu,
avec tous les instruments de
musique du temple, la louange dans le firmament
de sa force,
la louange de tout ce
qui respire !
C’est à la louange éternelle que tout
aboutit pour les rachetés !
De près, de loin, partout, sans trêve,
Monte à Lui le chant solennel,
Vagues sonores que soulève
Le grand souffle de l’Éternel,
Brûlantes actions de grâces,
Hymnes aux échos prodigieux
Répercutés dans les espaces
Incommensurables des cieux !