EXPOSÉ et STRUCTURE DÉTAILLÉE du

LIVRE D’ÉSAÏE

par Henri Rossier


Tables des matières :

1 - Avant-propos

2 - PRÉFACE

3 - PREMIÈRE PARTIE — Chapitres 1 à 35

3.1 - PREMIÈRE DIVISION — Chapitres 1 à 12.

3.1.1 - Première série : chapitres 1 à 4

3.1.2 - Deuxième série : chapitres 5 et 6

3.1.3 - Troisième série : chapitres 7 à 9:7

3.1.4 - Quatrième série : chapitres 9:8 à 12.

3.2 - DEUXIÈME DIVISION — Chapitres 13 à 27

3.2.1 - Première série : chapitres 13 à 14:27.

3.2.2 - Deuxième série : chapitres 14:28 à ch. 17

3.2.3 - Troisième série : chapitre 18

3.2.4 - Quatrième série : chapitres 19 à 23

3.2.5 - Cinquième série : chapitres 24 à 27

3.3 - TROISIÈME DIVISION — Chapitres 28 à 35

3.3.1 - Chapitre 28

3.3.2 - Chapitre 29

3.3.3 - Chapitre 30

3.3.4 - Chapitre 31

3.3.5 - Chapitre 32

3.3.6 - Chapitre 33

3.3.7 - Chapitre 34

3.3.8 - Chapitre 35

4 - INTERMÈDE HISTORIQUE — Chapitres 36 à 39

5 - SECONDE PARTIE — Chapitres 40 à 66

5.1 - PREMIÈRE DIVISION — Chapitres 40 à 48

5.1.1 - Chapitre 40:1-11

5.1.2 - Chapitre 40:12-31

5.1.3 - Chapitre 41

5.1.4 - Chapitre 42

5.1.5 - Chapitre 43

5.1.6 - Chapitre 44

5.1.7 - Chapitre 45

5.1.8 - Chapitre 46

5.1.9 - Chapitre 47

5.1.10 - Chapitre 48

5.2 - Résume des chapitres 40 à 48, par J. N. D.

5.3 - DEUXIÈME DIVISION — Chapitres 49 à 57

5.3.1 - Chapitre 49

5.3.2 - Chapitre 50

5.3.3 - Chapitre 51

5.3.4 - Chapitre 52:1-12

5.3.5 - Chapitre 52:13-15 et 53

5.3.6 - Chapitre 54

5.3.7 - Chapitre 55

5.3.8 - Chapitre 56

5.3.9 - Chapitre 57

5.4 - TROISIÈME DIVISION — Chapitres 58 à 66

5.4.1 - Première série : chapitres 58 à 60

5.4.2 - Deuxième série : chapitres 61 à 64

5.4.3 - Troisième série : chapitres 65 et 66


[Nul n’était plus qualifié que H. Rossier, dont, entre beaucoup d’autres écrits dus à sa plume, les travaux sur les livres prophétiques ont été en bénédiction à tant de croyants, pour donner une exposition méthodique du plus important des prophètes. Il en avait préparé les matériaux dans les dernières années de sa longue carrière (1835-1928), mais n’avait pu procéder à la rédaction définitive. Les notes retrouvées dans ses carnets offrent un tel intérêt qu’il a paru bon de les publier, en ne se permettant que les retouches indispensables, sans tenter une mise au point que l’auteur seul aurait été à même d’effectuer. Tel quel, ce travail sera, nous en avons la confiance, d’une précieuse utilité au lecteur désireux d’entrer plus avant, avec le secours du Seigneur, dans l’intelligence de la prophétie (2 Pierre 1:19).] (Editeur)


1 - Avant-propos

Il ne s’agit pas d’autre chose, dans cet ouvrage, que de donner une vue aussi claire que possible de la prophétie d’Ésaïe et d’en faire comprendre la division de façon un peu détaillée, mais non pas d’en tirer les trésors infinis d’ordre spirituel et moral qui y sont contenus. Néanmoins cet exposé, en apparence sec et froid, a dans le fond une importance véritable, car aucune partie de la Parole de Dieu n’a été attaquée par les rationalistes plus que ce prophète, dans sa structure et dans sa forme. Ils l’ont disséqué jusqu’à ne pas lui laisser une portion intacte, ne voyant dans la première partie que transpositions dans l’ordre des chapitres, attribuant la deuxième partie à un autre auteur, qu’ils appellent le grand inconnu, ou au contraire la rapportant à au moins deux auteurs différents, etc (*).

(*) Il n’est pas sans intérêt de noter ici que le rouleau complet d’Ésaïe en hébreu, une des pièces les plus remarquables des « manuscrits de la mer Morte » découverts en 1947 dans la grotte d’Aïn-Feshka, près de Qumran, et qui date au moins du 1er  siècle avant J. C., donne de ce prophète un texte identique, à d’insignifiantes variantes près, au texte massorétique du 10° siècle après J. C., sur lequel ont été faites nos traductions modernes. Il ne présente aucun indice qui autorise à le répartir entre deux ou plusieurs livres d’auteurs différents. (Editeur)

Nous sommes convaincu que l’exposé pur et simple du sujet doit suffire pour prouver au chrétien qui désire étudier la prophétie sous l’enseignement de l’Esprit de Dieu combien ces assertions et ces attaques sont mal fondées, pour montrer l’ordre divin qui règne dans ce Livre comme dans toutes les parties de la Parole, enfin pour faire ressortir la puissance de l’inspiration de notre prophète. Cette inspiration rompt toutes les barrières que la raison humaine voudrait lui opposer et ne se laisse pas endiguer dans les misérables canaux qu’elle prétend lui creuser, mais comme un vaste fleuve elle se répand librement, fertilisant le sol partout où atteignent ses eaux.

Ajoutons qu’il n’y aura aucun profit à lire cet ouvrage sans lire et méditer au fur et à mesure chaque paragraphe du texte biblique. Comme nous n’avons jamais cessé de le faire, nous recommandons la traduction de J. N. Darby comme la meilleure, et cela d’autant plus que les divisions qu’elle indique pour Ésaïe, soit en chapitres soit en paragraphes, nous apparaissent comme les seules valables.


2 - PRÉFACE

Quelques remarques préliminaires sur l’objet de la prophétie ne seront pas inutiles.

Cet objet est multiple.

1.1° En premier lieu la prophétie prononce le jugement du mal sur ceux qui le produisent, et qu’elle condamne.

1.2° Elle est un encouragement pour les fidèles, ceux qui, au milieu de la ruine du peuple, constituent le Résidu. Elle montre à ce Résidu qu’à la suite de ces jugements il y aura restauration pour lui.

1.3° La prophétie est un appel à la repentance, car, si elle met en évidence le mal existant et si elle en annonce le jugement, celui-ci n’est pas encore exécuté.

1.4° La prophétie est la révélation du moyen que Dieu emploiera pour délivrer. Ce moyen se résume dans le seul nom de Christ. Toutes les voies de Dieu aboutissent à Lui.

1.5° La prophétie nourrit la foi en montrant dans la gloire du Messie le remède à tout mal.


Les prophètes prennent pour point de départ le fait qu’Israël est le peuple terrestre de Dieu, engagé envers Lui par l’alliance contractée en Sinaï, mais choisi et acquis avant cette alliance. Aussi rappellent-ils avant toute chose les exigences de la loi (cf. Ésaïe 1:16, 17), dans son esprit et dans sa lettre. Ils mettent en relief les manquements du peuple, dont l’infidélité rend plus éclatante encore la fidélité de l’Éternel à ses promesses, de sorte que la restauration est le fait de la grâce, de même que les jugements purificateurs qui amènent cette restauration.


Rappelons que les livres prophétiques se rangent en deux catégories. L’une comprend les prophètes qui ont parlé quand Israël était encore reconnu de Dieu, l’autre ceux qui ont été suscités quand il n’est plus reconnu comme son peuple. Dans la première catégorie, le grand ennemi est l’Assyrien, dans la seconde c’est Babylone, « tête d’or » de la domination des nations asservissant le peuple dont Dieu dit : « Lo-Ammi » (pas mon peuple).

A la première catégorie appartiennent Ésaïe, Jérémie, et parmi les petits prophètes Osée, Joël, Amos, Jonas, Michée, Nahum, Habakuk, Sophonie. À la seconde, Daniel, Abdias, Aggée, Zacharie, Malachie. Ézéchiel pourrait être considéré comme prenant place entre les deux.


Ésaïe, donc, a parlé quand l’Éternel reconnaissait encore son peuple. Mais son long ministère (60 ans environ, entre 760 et 700 ans avant J. C.) se déroule à l’époque où Dieu met fin au royaume d’Israël, alors que Juda subsistera encore plus d’un siècle.

Il est le plus ample des prophètes. Tous les grands sujets de la prophétie s’y trouvent : les jugements sur Israël et sur les nations, verges de Dieu mais orgueilleux oppresseurs du peuple qu’Il châtie par elles ; — le Résidu selon l’élection de la grâce (Rom. 11:5 ; 9:29) ; — la Rédemption ; — les délivrances ; le Messie ; — le règne millénaire, fruit de la grâce et du salut.


Comme nous le verrons, maints événements annoncés par le prophète ont eu lieu, tandis que d’autres sont encore à venir, mais les faits déjà arrivés ne sont après tout qu’un accomplissement partiel ; ils parlent à l’avance de l’aboutissement final des voies de Dieu, vers lequel il faut toujours regarder. Nous chercherons à indiquer cette relation entre la prophétie annoncée par Ésaïe et déjà accomplie, soit pour le prophète soit pour nous, — et la prophétie non encore accomplie. C’est là une des grandes difficultés de l’interprétation, mais elle disparaît entièrement quand on maintient qu’« aucune prophétie de l’Écriture ne s’interprète d’elle-même » (ou : n’est d’une interprétation particulière), selon 2 Pierre 1:20.

Ésaïe est pour nous l’illustration la plus éclatante de cette vérité. Tous les événements actuels sont pour ainsi dire entremêlés en apparence dans les événements futurs.


Le livre d’Ésaïe est formé de deux parties (chapitres 1 à 35 et chapitres 40 à 66) séparées par ce qu’on peut appeler un intermède historique (chapitres 36 à 39).

La première partie embrasse toute la prophétie des derniers jours quant à Israël et aux nations qui entrent en contact avec lui. Israël n’étant pas encore déclaré Lo-Ammi, c’est l’Assyrien qui est son ennemi en vue. Suscité le premier, l’Assyrien sera jugé en dernier, toutes les autres nations le seront avant lui. Cette première partie nous conduit à la bénédiction millénaire sous le règne du Messie.

C’est de ce dernier, de sa venue, de son sacrifice, de son règne en gloire, que traite la deuxième partie. L’Éternel entre en discussion avec Israël au sujet de ses péchés, l’idolâtrie d’abord, puis le rejet de ce Messie auquel Dieu donnera gloire et puissance. Par lui le peuple sera restauré et aura part à sa gloire, la bonté de l’Éternel le recevant finalement.

L’intermède des ch. 36 à 39 illustre, par les événements arrivés aux jours du prophète, la prophétie future dont ils fournissent pour ainsi dire le canevas en présentant l’attaque de l’Assyrien, sujet capital de la prophétie d’Ésaïe, point culminant du tumulte des rois de la terre contre l’Éternel et son Oint, suivi de la délivrance du Résidu.


3 - PREMIÈRE PARTIE — Chapitres 1 à 35

Cette première partie comprend elle-même 3 divisions :


1. chapitres 1 à 12 ;

2. chapitres 13 à 27

3. chapitres 28 à 35,


3.1 - PREMIÈRE DIVISION — Chapitres 1 à 12.

Nous trouvons là une histoire prophétique d’ensemble d’Israël, où la place prépondérante est donnée à l’attaque finale par l’Assyrien, terme des jugements nécessités par le péché du peuple, mais qui montre en même temps la formation d’un Résidu, sa délivrance par le Messie promis, et l’introduction du Règne de ce Messie.


3.1.1 - Première série : chapitres 1 à 4

Ces quatre chapitres servent de préface à tout le livre. On y voit le péché d’Israël, son jugement annoncé, son relèvement et sa gloire sous Christ, « le germe de l’Éternel » (4:2). Israël a oublié l’Éternel, s’est rebellé contre lui, de là le jugement. Cependant l’Éternel y garde un faible Résidu, futur noyau du peuple de Dieu sous le sceptre du Messie. La grâce triomphe : on remarquera en effet que, si la bénédiction est proposée à condition qu’il y ait repentance, de fait cette bénédiction est introduite par le jugement parce que la repentance du peuple, comme tel, n’a pas eu lieu.


3.1.1.1 - Chapitre 1

v. 1. Il s’agit dans cette prophétie de Juda et Jérusalem. Elle est prononcée sous quatre rois, dont trois (Ozias, Ézéchias, Jotham) ont « fait ce qui est droit aux yeux de l’Éternel » (2 Chron. 26:4; 27:2; 29:2) et un seul non (28:1) ; mais, bons ou mauvais, l’état de Juda et de Jérusalem sous leurs règnes n’a pas changé, comme le montre tout ce premier chapitre, et même la suite du prophète. Ce qui est dit ici s’adresse non aux rois seuls mais au peuple.


v. 2-9. Le prophète proclame l’amour de Dieu pour son peuple, et prend à témoins les cieux et la terre qu’Il a placé ce peuple dans la relation de fils avec Lui, dès sa naissance, jusqu’à sa pleine croissance. La seule réponse de leur part à cet amour a été la rébellion contre leur père et leur bienfaiteur (v. 2). Cependant ils sont encore appelés son peuple (v. 3), le lien n’est pas encore rompu comme dans d’autres prophètes, Lo-Ammi n’est pas encore prononcé. Cela donne un caractère particulier à cette grande prophétie : le peuple est censé pouvoir revenir encore.


Suivent les caractères du peuple infidèle (v. 3-5) : 1° la méconnaissance ou l’ignorance de leur relation avec l’Éternel ; des animaux sans intelligence reconnaissent leur maître, ne serait-ce que par la crèche, la nourriture qu’il leur dispense, mais Israël ? il ne connaît pas Dieu et ses bienfaits ; 2° la corruption qui les marque, quoique fils, portant Son nom (v. 4, cf. Deut. 21:18-21 ; 8:5) ; 3° l’abandon de l’Éternel et le mépris du Dieu saint, ils ont quitté la position dans laquelle Dieu les avait placés ; 4° la révolte toujours plus accentuée à mesure que Dieu les frappe.

Leur déplorable état se trouve résumé en quelques traits au v. 6 : le mal moral est complet, il n’y a plus rien à attendre d’eux, plus d’amélioration possible, tout est pourriture et il n’y a plus de remède pour panser les plaies.

En conséquence, le pays est dévasté (v. 7), Dieu les a livrés entre les mains des étrangers. La fille de Sion, Jérusalem, reste seule à tenir tête aux ennemis (v. 8), et il ne subsiste qu’un « bien petit résidu ». C’est à quoi se réduit le témoignage que Dieu avait confié à son peuple. Cela ne nous amène-t-il pas à nous demander : Et nous, sommes-nous encore un « bien petit résidu » ? Les croyants parmi eux sont de fait le peuple reconnu ; tout en s’identifiant avec la nation coupable et châtiée, ils confessent que Dieu a eu pitié de son peuple en laissant au milieu de lui ce faible reste dont ils font partie (v. 9 ; cf. Rom. 9:29).

On peut se demander à quel règne correspond cette description. Il semble que ce soit celui d’Ézéchias. En effet ce ne peut être celui d’Ozias, qui est toujours victorieux (2 Chron. 26). On pourrait penser à Jotham, car il est dit que « le peuple se corrompait encore » (27:2) mais on ne voit pas Juda dévasté sous ce règne. Il l’est sous Achaz (28), mais les v. 10-17 de notre chapitre peignent l’état du peuple sous le règne de quelque roi fidèle, en tout cas pas sous celui d’Achaz qui ferma le temple (28:24), alors qu’ici le peuple allie l’iniquité et la fête solennelle.


v. 10-17. Il y avait les formes religieuses, mais sans vie ni sainteté, aussi l’Éternel déclare haïr les choses mêmes qu’il avait ordonnées, parce que le coeur du peuple s’est éloigné de Lui. Leurs offrandes sont rendues plus haïssables en ce qu’elles prétendent honorer l’Éternel tout en leur associant l’iniquité. Ce que la loi exigeait d’eux c’était de cesser de mal faire et d’apprendre à bien faire, et avant toute chose à marcher dans l’amour du prochain (10:16, 17). Israël est appelé à se laver, se purifier en cessant de mal faire pour apprendre à bien faire. Il ne le peut ; alors l’Éternel le purifiera lui-même par le jugement (v. 25).


v. 18-20. Dieu attend que son peuple coupable plaide contre lui-même : il trouvera alors Dieu, son juge, plaidant pour lui, prenant sa cause en main, le lavant de toute iniquité ; mais c’est une chose terrible quand Dieu plaide contre les coupables (3:13). En attendant la loi leur offre l’alternative ou d’écouter ou de refuser Celui qui leur parle, avec ses conséquences (19:20).


v. 21-23. Ces versets considèrent l’état de Jérusalem qui s’est corrompue comme une prostituée, s’est tournée vers l’idolâtrie et vers l’injustice. La responsabilité des princes est mise en évidence, les rois ne sont pas exclus de ces accusations, quoique de fait un seul d’entre eux, Achaz, soit ici en cause. Ils font à l’égard de la veuve et de l’orphelin le contraire de ce que demande la loi.


v. 24-31. Aussi Jérusalem infidèle ne peut être rachetée que par le jugement. Le jugement sur la maison de Dieu est la première chose quand Dieu visite le mal. L’Éternel dit : « Je me vengerai de mes ennemis » en parlant d’Israël : quoi de plus terrible que le peuple de Dieu soit placé comme ennemi ! Cf. Héb. 10:27 ; 12.


Résumé du chapitre 1. — Annonce le jugement de Dieu sur ses adversaires, et ses adversaires et ses ennemis sont son peuple et la ville de Jérusalem. Sion sera rétablie, mais par le jugement. Mais au milieu des châtiments, l’Éternel laissera subsister un petit Résidu, noyau du peuple futur restauré, selon la fidélité de Dieu « Les siens qui reviennent » (27) seront épargnés, quand, à la fin, le jugement tombera sur le peuple, ils seront rachetés par la justice, Sion par le jugement.


3.1.1.2 - Chapitre 2.

Le peuple futur restauré est le centre de la bénédiction pour les nations. Les v. 1 à 5 donnent, après le jugement prononcé à la fin du ch. 1, une merveilleuse description de la Jérusalem milléniale et de la paix universelle. Au v. 5 on a un appel au Résidu de 1:9, auquel appartient cette bénédiction. « La loi sortira de Sion, et de Jérusalem la parole de l’Éternel. Et il jugera au milieu des nations ». Ce n’est pas là la conversion du monde et l’établissement du royaume par l’Evangile, cela n’a jamais eu et n’aura jamais lieu. Le jugement de Dieu accomplira cette oeuvre, permettra la gloire future de Jérusalem, devenue centre de bénédiction pour les nations, la paix sera enfin établie, on n’apprendra plus la guerre.


v. 6-11. Jusque là, le peuple sera abandonné de Dieu à cause de son luxe, de son idolâtrie et de son orgueil. Il s’est allié avec les nations en vue de la prospérité matérielle, et le résultat a été l’idolâtrie. Seul l’Éternel sera haut élevé quand, aux derniers jours, l’orgueil du peuple sera abaissé.


v. 12-21. Mais si Dieu juge son peuple, ne jugera-t-il pas le monde idolâtre ? Quand Il apparaîtra, l’Éternel anéantira non seulement l’orgueil de son peuple et son idolâtrie (6-11), mais tout l’orgueil de l’homme et des nations idolâtres quelles qu’elles soient. D’où la répétition de cette phrase : « l’Éternel seul sera élevé en ce jour-là » (v. 11, v. 17).


v. 22. Nous sommes amenés à la sentence finale : « Finissez-en avec l’homme ». Si Dieu en finit ainsi avec l’homme, nous devons en finir aussi.


Résumé du chapitre 2. — Dieu exaltera la maison de Jacob et Jérusalem, centre de la bénédiction aux derniers jours, mais en comparant Jérusalem avec ce qu’elle était et avec ce qu’elle sera, cette promesse ne peut s’accomplir que par le jugement. Et si le jugement de Dieu commence par son peuple, c’est la preuve qu’il s’exécutera sur les nations. Rien d’eux tous ne pourra subsister.


3.1.1.3 - Chapitres 3 à 4:1

Continue la description, en détail, des jugements qui tomberont sur Juda et Jérusalem coupables (v. 1; cf. 2:1).


v. 1-9. Avant toute autre chose, le soutien et l’appui leur manqueront : d’un côté, la disette dans ce qui soutient extérieurement la vie, d’autre part défaillance complète de tout appui moral. Ni force matérielle, ni sagesse, ni secours spirituels. Ceux qui domineront sur eux ne seront pas en âge de les conduire et de plus seront pleins d’outrecuidance envers ceux que leur âge qualifierait comme conseillers. L’état moral sera tel que même les moins considérés auxquels la dignité sera offerte la refuseront tant elle sera avilie. Ils ne sont pas les jouets d’événements dont ils ne seraient pas responsables, « ils ont fait venir le mal sur eux-mêmes ».


v. 10-12. Dieu sait faire néanmoins la distinction entre le juste et le méchant. Le premier verra le bien, le mal qu’a fait le second lui sera rétribué. On voit ici que les liens de l’Éternel avec son peuple ne sont pas entièrement rompus ; l’Éternel le reconnaît encore et l’avertit à l’égard de ses conducteurs qui le fourvoient (tel Achaz). Aussi :


v. 13-15. les princes qui les conduisent seront jugés et


v. 16-24. les femmes qui les gouvernent (cf. 12) auront un sort commun avec les filles de Sion. Leur futilité, leur amour de la parure et du luxe dans le vêtement feront place à l’abjection, à la flétrissure et au deuil.


v. 25, 26. Les hommes forts tombés par l’épée, Sion, représentée par ses portes, sera dans le deuil et la désolation.


4:1. L’abjection des femmes est telle qu’elles sont prêtes à payer quelque prix que ce soit pour que soit ôté leur opprobre (non mariées ou stériles).


Résumé de 3- 4:1. — Détail des jugements annoncés au ch. 2 sur le royaume de Juda, ses hommes et ses princes. Le juste (v. 10) — et combien les justes semblent peu nombreux dans la masse du peuple — seul verra du bien.


3.1.1.4 - Chapitre 4:2-6

Tous ces chapitres aboutissent à Christ. Enfin le Germe paraît. Jusqu’ici nous ne pouvions voir Christ que comme l’Éternel Juge. Maintenant il paraît comme homme, comme fruit de la terre, mais c’est en faveur non du peuple comme ensemble, mais des réchappés, du Résidu dont il est parlé en 1:9, et après le jugement exercé sur les infidèles, hommes et femmes, à Jérusalem. Chaque demeure en Sion sera alors un petit tabernacle, de même chaque assemblée du peuple, et comme au désert la nuée sera là pour les protéger, les éclairer et les conduire. Il y aura la protection de l’Éternel, une « couverture », sur toute la gloire qu’Il donnera à Jérusalem (v. 5). Les conséquences du mal ne seront pas encore ôtées (v. 6) mais là où Dieu habite on sera mis à l’abri d’elles. Tel sera l’effet de l’habitation du Messie avec son peuple.


Résumé de 4:2-6. — Enfin le Germe de l’Éternel paraît dans la personne de Christ. Il met tout en ordre et introduit la bénédiction finale.


3.1.2 - Deuxième série : chapitres 5 et 6

Ici commence le sujet propre du prophète, dont la préface n’est qu’un aperçu. Ces deux chapitres décrivent l’iniquité de l’ensemble du peuple comme vigne de l’Éternel, et les jugements qui fondront sur lui ; la vigne sera dévastée, mais un petit Résidu, dont Ésaïe est le type, sera sauvé, à travers la repentance et le jugement de soi.


3.1.2.1 - Chapitre 5

v. 1-7. L’Éternel juge sa vigne, c’est-à-dire Israël, sur le principe de ce qu’il a fait pour elle et du fruit qu’elle devrait rapporter après tant de soins. Rien n’avait manqué à ces soins, ils avaient été parfaits et complets, aussi sera-t-elle complètement détruite.

Six malheurs sont prononcés contre les différents caractères de l’iniquité :


Premier malheur : v. 8-10. Sur la convoitise et l’ardeur à acquérir et tout garder pour soi. Ce malheur est la diminution de la population et la disette.


Deuxième malheur : v. 11-17. Sur l’ivresse et les plaisirs du monde. Le malheur consiste en la captivité, la famine et la soif, enfin le sépulcre et le juste jugement.


Troisième malheur : v. 18, 19. Sur ceux qui font le mal sciemment au mépris de Dieu et de son jugement.


Quatrième malheur : v. 20. Sur ceux qui confondent le mal et le bien, la lumière et les ténèbres, la douceur et l’amertume,


Cinquième malheur : v. 21. Sur ceux qui ont une haute opinion d’eux-mêmes et de leur intelligence.


Sixième malheur : v. 22, 23. Sur ceux qui emploient leur énergie pour s’enivrer des choses du monde, qui se font les défenseurs du mal qui leur profite et qui noircissent ceux qui font le bien.


La colère de l’Éternel s’est embrasée contre eux et le jugement de Dieu les consumera ainsi que toute leur gloire (24).


Les « Malheurs » des versets 18 à 23 (troisième à sixième) consistent dans la colère de Dieu, le feu consumant du jugement tombant sur ces hommes et sur toute leur gloire (v. 24, 25). « La colère de l’Éternel s’est embrasée contre eux », et « pour tout cela » cette colère « ne s’est pas détournée et sa main est encore étendue » (voyez 9:12, 17, 21).


v. 26-30. Cette colère se donne cours dans l’invasion de l’Assyrien (cf. 10:5), « verge de ma colère ».


3.1.2.2 - Chapitre 6

Ce chapitre se relie au précédent par la mention d’un septième Malheur. Mais il s’agit d’un autre principe de jugement. Les Malheurs précédents sont prononcés sur ce qu’Israël a fait, étant déchu de la bénédiction première ; ici, le dernier Malheur est prononcé sur ce que l’homme, et le meilleur, est devant le Dieu saint. C’est le Malheur sur le moi (*). Au chapitre 5 ce sont les suites de la rébellion contre l’Éternel ; ici, qu’allait devenir l’homme, fût-il le moins coupable, fût-il un prophète, quand il rencontrerait Dieu ? Pourrait-il dire autre chose que : « Malheur à moi, car je suis perdu » ? De fait, c’est là la première en date des prophéties d’Ésaïe (**), et cela aussi a son importance capitale. Dès le début, l’homme est absolument condamné. Le Résidu même, dont Ésaïe est un type, ne mérite pas autre chose que la condamnation.

(*) Disons en passant que nous trouverons aux ch. 28 à 33 six autres « Malheurs » précédés, mais non suivis comme ici, d’un même septième, Malheur à moi (24:16). En Matthieu 23 le Seigneur profère sept Malheurs sur les conducteurs du peuple, mais suivis du « Béni soit… » du v. 39 prononcé par ce même peuple acclamant la grâce dans la personne du Sauveur, alors que ces conducteurs maudits le conduisaient à sa perte. Ces sept Malheurs remplaçaient les neuf bénédictions de Matt. 5 (neuf, trois fois la plénitude divine), dont les chefs n’avaient pas voulu.

(**) Dates des prophéties dans Ésaïe : 6:1 ; 7:8 ; 14:28 ; 20:1 ; 36:1.

Ce chapitre est en même temps le début d’une parenthèse qui se termine au chapitre 9:7. Au verset 12 de ce ch. 9, le prophète reprendra, comme nous le soulignons plus haut, la parole de 5:25 (« Pour tout cela… sa main est encore étendue » et la répète aux v. 17, 21 et 10:4). Outre sa transposition dans le but que nous avons indiqué, cette parenthèse nous présente le Messie, sa réjection par les Juifs, et la bénédiction sous son règne futur.

Après ces remarques générales, reprenons en détail cet intéressant chapitre.


v. 1-7. La vision est de la gloire du royaume de Christ sur la terre. Le trône n’est pas dans le ciel mais au-dessus de la terre. Seule la manifestation de cette gloire est dans le temple (le lieu saint, non le lieu très saint), sur la terre. Les séraphins sont dans le ciel au-dessus de lui. C’est Christ homme, exalté comme roi, chef de l’armée des cieux, adoré par les séraphins. Les créatures les plus élevées proclament la sainteté de Christ roi, le Dieu d’éternité, le Créateur. Les séraphins (litt. les brûlants qui volent) se couvrent la face. Et un homme serait appelé à voir Sa gloire, à face découverte ? Oui, mais il faut auparavant le « Malheur à moi » et le « je suis perdu ». Aussitôt toute impureté disparaît, même des lèvres du croyant, par le jugement dont le feu a consumé l’holocauste et ne peut plus avoir qu’à consumer toute iniquité chez le croyant. Il fallait qu’il eût conscience du feu du jugement sans en être atteint, car tout ce qu’il était avait été déjà consumé dans la victime sur l’autel.


v. 8-13. Maintenant le prophète est capable de dire, comme son Maître : « Me voici, envoie-moi », quand le Seigneur demande : « Qui enverrai-je ? ». Le message au peuple est que son endurcissement est un jugement de Dieu (Jean 12:37-41). Mais la foi peut dire : « Jusques à quand ? » (c’est le mot du Résidu dans les Psaumes), certaine que le Seigneur ne peut demeurer sur le jugement.

Alors trois choses sont révélées au prophète : 1° la désolation et la solitude actuelles, comme jugement de Dieu ; — 2° un « dixième » rentrant après la captivité, mais pour être brouté de nouveau ; — 3° enfin un tronc qui reste, une « semence sainte », le Résidu croyant, formant le noyau d’un peuple nouveau.

Ainsi la foi compte sur la fidélité de Dieu, et Dieu répond : Il y aura un Résidu. (J. N. D.)


3.1.3 - Troisième série : chapitres 7 à 9:7

Le chapitre 6 venait à point pour compléter le chapitre 5, mais il appartient tout autant à une Troisième partie qu’il introduit, et dont la date n’est plus la mort d’Ozias, mais saute par-dessus le règne de Jotham pour arriver aux jours du méchant Achaz.


3.1.3.1 - Chapitre 7

Le ch. 7 donne, en Achaz, un exemple de l’endurcissement qui doit atteindre le peuple comme jugement de Dieu (6:9, 10).


v. 1-9. La prophétie précédente se terminait sur la promesse d’une semence sainte, le vrai Résidu (basé sur le tronc d’Isaï), qui sera « le tronc » du peuple du Messie ; un événement prêt à se produire devient le motif d’une nouvelle prophétie. « Un résidu reviendra » (Shear Jashub), ce grand fait est comme enfanté par le prophète et l’accompagne partout. Il est à la base de tout ce qui va arriver. La Syrie et Israël veulent détruire la semence de David. Achaz ne mérite que cela, mais Dieu a en vue le Messie, Emmanuel, et annonce la destruction de ces deux ennemis de Juda au bout de 65 ans (v. 8).


v. 10-17. Dieu veut en donner confirmation à Achaz par le signe que celui-ci demandera. Mais Achaz a mis sa confiance en l’Assyrie, et il refuse sous prétexte de ne pas tenter l’Éternel, comme si l’Éternel, quand il fait une promesse, pouvait en revenir ou la voir annuler. Cette incrédulité lasse enfin la patience de Dieu, mais ne l’empêche nullement, Lui, de donner un signe dans la personne d’Emmanuel, le fils de la Vierge, donné comme un petit enfant dont Lui suit la croissance parmi les autres, nourri comme eux, jusqu’à l’âge de « savoir rejeter le mal et choisir le bien ». À lui se rattache le retour du Résidu (Shear Jashub) dans un temps futur (*). Mais Ésaïe va avoir un nouveau fils dont le nom signifie hâte du butin, promptitude du pillage. Avant que celui-là sache rejeter le mal et choisir le bien, Israël et la Syrie, Samarie et Damas, seront détruits. Mais celui auquel Achaz s’est confié pour amener ce résultat, et qui l’amènera en effet, selon les voies de Dieu, l’Assyrien, sera contre Juda la verge de la colère de Dieu.

(*) Il sera alors délivré non plus de Damas et Samarie, mais de l’Assyrien des derniers jours. Emmanuel est de tout temps l’espérance de ce Résidu, la base de l’accomplissement des promesses en sa faveur. C’est en vue de cet accomplissement que se déroulent tous les événements prophétiques, à commencer, peu après cette prophétie d’Ésaïe, par la défaite de Syrie et d’Israël, avant qu’un enfant en bas âge fût élevé. Cf. Lettre de JND, Messager Evangélique, 1891, p 69, 70, qui rapporte le v. 16 à Shear Jashub lui-même, le premier fils prophétique, alors que l’auteur y voit le second, celui de 8 :1-4. Il est clair que le sens général reste le même (Editeur).

Ainsi, nous avons jusqu’ici : l’assurance prophétique du retour d’un Résidu, la promesse de la venue du Messie, Dieu avec nous, mais une tribulation sans précédent tombant sur Juda. Cette tribulation trouve son expression dans l’Assyrien de la fin.


v. 18-25. Ici nous est dépeint ce temps de désolation amené par le conflit entre l’Égypte et l’Assyrie, le roi du Midi et le roi du Nord. Ce conflit ne laissera rien subsister de Juda, tout le pays ne sera que ronces et épines. Par l’Assyrien Juda sera réduit à l’état du petit enfant qui vient de naître (22), mais c’est dans cette condition qu’il pourra rencontrer Emmanuel.


3.1.3.2 - Chapitres 8:1-20

v. 1-4. Ces versets mettent en scène l’enfant prophétique annoncé en 7:16, dont le nom, Maher-Shalal-Hash-Baz, butin et pillage, signifie la dévastation des deux ennemis de Juda — Israël et la Syrie — par l’Égypte appelée par Achaz. Celui-ci semble avoir réussi dans son dessein incrédule, mais l’avenir, comme nous l’avons vu au chapitre 7, montrera la vanité des plans du roi. (Ne semble-t-il pas que tout ce qui se passe sous nos yeux annonce les mêmes jugements ?)


v. 5-8. En réalité c’est l’Éternel, et non Achaz, qui suscite immédiatement l’Assyrien contre les dix tribus jointes à la Syrie. Mais l’Assyrien, verge de l’Éternel contre Israël, le sera aussi contre Juda. Pour l’instant il passera outre, mais il remplira plus tard le pays d’Emmanuel annoncé en 8:14 comme le libérateur futur d’Israël. Cela reporte la prophétie jusqu’au temps de la fin.


v. 9-17. Maintenant Emmanuel annoncé devient la confiance du Résidu. Toutes les associations des peuples, et d’Israël incrédule avec eux, se termineront par le brisement des nations (9) et celui des maisons d’Israël et de Juda (14). C’est Emmanuel, le Dieu du Résidu, Dieu avec lui, qui mettra fin à tous les conseils de l’homme (10). Le Résidu (11), dans la personne du prophète, est préservé par la présence d’Emmanuel de marcher dans le chemin d’Achaz, de craindre les conjurations de Samarie et de Damas (12) et d’en former de nouvelles en faisant appel à l’Assyrie pour aider Juda contre celles-là. Ce qui produit ces vaines alliances, c’est le manque complet de confiance en l’Éternel. Lui seul doit être la crainte d’Israël et le salut du Résidu. Mais Lui, Emmanuel, sera auparavant « pour sanctuaire » au Résidu croyant, et « pour pierre d’achoppement et rocher de trébuchement aux deux maisons d’Israël » (Juda et Israël), « pour piège et pour lacet aux habitants de Jérusalem » (14). C’est ce qui est arrivé à la première venue de Christ ; beaucoup ont été enlacés. Les disciples ont été et seront gardés par la parole de Christ et ceux qui s’attendent à Lui pendant les jours de la colère de Dieu contre son peuple seront sauvés (Romains 9:33). C’est le Résidu de Juda.


v. 18-20. Ésaïe, type de Christ, parle. Les enfants du prophète sont là comme témoins, annonçant la préservation d’un Résidu de Juda, et le jugement de la masse du peuple. Les événements qu’ils préfigurent auront lieu. Mais en même temps le prophète touche aux événements actuels. Déjà cette prophétie a eu entièrement lieu pour l’Eglise ; le Seigneur se présente devant Dieu avec les enfants que Dieu lui a donnés, comme Il les place dans la même position de confiance que Lui-même (Hébreux 2:13, citant à la fois le verset 17 et le verset 18 de notre chapitre). Israël aussi, mais d’une tout autre manière, est un prodige devant Dieu pendant ce temps de son rejet. Il se montrera adonné, comme Saül réprouvé, aux évocateurs d’esprits, il ira aux morts pour les vivants. Le Résidu, lui, s’enquerra du Messie, il tiendra ferme la parole : la loi et le témoignage, auxquels ce Résidu de la fin reviendra, seront sa seule sauvegarde ; il ne peut y avoir d’aurore milléniale que par ce moyen.

Ainsi les deux enfants prophétiques sont le témoignage d’un côté du jugement, de l’autre de la restauration.


3.1.3.3 - Chapitre 8:21-9:7

Ces versets, qui constituent un appendice à cette Troisième série, nous montrent d’abord (21, 22) l’état de ceux qui n’appartiennent pas au Résidu croyant de la fin : l’affliction, la tribulation, les malédictions, sont la part de l’incrédulité contre Christ. Rien sur la terre que détresse, ténèbres, angoisse (voyez 5:30). Ils maudiront leur roi, sans doute l’Antichrist. Mais aux versets 1 à 7 du chapitre 9, un autre état est décrit. Il est question d’une obscurité qui ne sera pas, d’abord, équivalente à la détresse future qui sera sur la terre. Au commencement le Seigneur pesa légèrement sur Zabulon et Nephthali, et ce n’est que plus tard qu’il s’appesantit sur tout le pays. Vers la mer, au-delà du Jourdain, en Galilée, il y a eu un chemin, et au lieu d’obscurité une grande lumière a resplendi sur le peuple qui habitait dans les ténèbres et dans l’ombre de la mort, au lieu d’être laissé, comme cela arrivera plus tard, sans espoir dans leurs ténèbres, ce que dépeint 8:21, 22. La Galilée des nations a été le théâtre sur lequel se déploya cette grande lumière, lors de la première venue de Christ.

Emmanuel a maintenant paru, cette nation est arrivée à la lumière, c’est la joie de la moisson, c’est la victoire sur l’ennemi, c’est le jugement des nations qui asservissaient les fidèles. La victoire est remportée, ou plutôt elle le sera puisqu’« un enfant nous est né », le Fils est donné à ce Résidu, la nation n’en ayant pas voulu. « On appellera son nom : Merveilleux », etc. L’accroissement de son royaume sera sans fin, ce sera le règne de justice, le triomphe de l’Éternel.


Résumé de la Troisième série. — Le jugement de l’Assyrien est annoncé quand Juda aura cru trouver en lui une aide contre l’alliance d’Israël avec la Syrie. Mais l’Assyrien lui-même sera détruit, et l’apparition d’Emmanuel en est le gage certain. C’est lui qui délivrera le Résidu, qui le présentera devant Dieu comme les enfants que Dieu lui a donnés. Toutes les confédérations humaines et des nations seront brisées par Lui. L’ombre de la mort dans laquelle se trouve le peuple a été dissipée par Sa venue, mais la pleine délivrance du peuple ne sera opérée que lorsqu’Il aura acquis tous ses titres et institué un royaume de justice et de paix.


Le prophète annonce que l’Assyrien viendra et détruira Israël et la Syrie, puis Juda ; mais il annonce la présence de Christ, Emmanuel, preuve positive de la restauration du peuple, quand l’Assyrien futur envahira le pays. On a sa première venue en 8:11-17, et 9:1, 2. Il dit : Me voici, moi, etc., tandis que l’Éternel cache sa face à la maison de Jacob. Le Résidu l’aura à la fin dans sa gloire, rétablissant le peuple dans toute la jouissance des promesses.


3.1.4 - Quatrième série : chapitres 9:8 à 12.


Après la parenthèse de 6-9:7, le prophète reprend le cours des événements qui, de jugements en jugements dans lesquels « la colère de l’Éternel n’est pas encore détournée » et « sa main est encore étendue » (5:25, se reliant à 9:12, 17, 21; 10:4), aboutissent au jugement final introduisant le règne.


3.1.4.1 - Chapitres 9:8-10:4

Il s’agit d’Israël châtié.


9 : v. 8-12. Les dix tribus (Éphraïm, ou Samarie) sont jugées par la main de l’Assyrien, après l’avoir été par le moyen de la Syrie et des Philistins.


v. 13-17. Cela ne suffit pas. Il y aura jugement de leurs conducteurs, leurs princes et leurs faux prophètes, ceux sous lesquels on s’abrite et ceux sur lesquels on s’appuie. Le même jugement sera prononcé en 19:15 sur l’Égypte (cf. Apoc. 9:19).


v. 18-21. Mais encore cela ne suffit pas. Éphraïm, les tribus au-delà du Jourdain, et Juda, seront en proie aux dissensions intestines et se consumeront les uns les autres, « ils mangent chacun la chair de son bras ». (Comment ne pas songer ici aux avertissements donnés aux « frères » en Galates 5:13-15?)


10 : v. 1-4. Cela même ne suffit pas encore. Les juges ont opprimé les pauvres, il n’y a aucun recours pour ces oppresseurs coupables, au jour de la visitation. Et cependant la colère et les jugements de l’Éternel ne sont pas encore arrêtés.


3.1.4.2 - Chapitre 10:5-34.

Il arrivera pourtant un moment où « le Seigneur aura achevé son oeuvre contre la montagne de Sion et contre JérusaIem. » (v. 12) et où il visitera l’instrument même de ce jugement.


v. 5-11. En effet à son tour l’Assyrien, verge de la colère de l’Éternel contre son peuple, éprouvera cette colère. Son orgueil hautain en est la cause : il assimile les idoles des nations avec celles de Samarie et de Jérusalem, comme si ce n’était pas précisément à cause de leurs idoles que l’une et l’autre se trouvent sous la main de l’Éternel étendue en jugement.


v. 12-23. Cette oeuvre envers Israël achevée, l’Éternel remet en mémoire cet orgueil de l’Assyrien qui se vante de sa puissance et de sa sagesse et de son intelligence parce qu’il a subjugué les autres peuples. C’est la cognée se glorifiant contre celui qui s’en sert. C’est pourquoi l’Assyrien sera consumé quand l’Éternel, lumière d’Israël, paraîtra. En ce jour-là le Résidu d’Israël et les réchappés de Juda ne s’appuieront plus, comme l’a fait la masse infidèle, « sur celui qui les a frappés » (l’Assyrien), mais « sur l’Éternel, le Saint d’Israël, en vérité ». « Le Résidu reviendra » (allusion à Shear Jashub), lors de la « consomption décrétée » c’est-à-dire lors des derniers jugements, funestes au peuple apostat, qui précéderont le règne du Messie.


v. 24-34. C’est à ce Résidu en Sion que l’Éternel s’adresse pour le rassurer. « L’indignation et la colère » vont enfin être « accomplies », dans le jugement de l’Assyrien. Il est décrit ici tel qu’il a eu lieu sous Sankhérib, alors qu’il paraissait triompher, mais c’est en même temps l’image anticipée du jugement futur de l’Assyrien, à la fin des temps.


3.1.4.3 - Chapitres 11 et 12

Cette dernière subdivision nous présente le bonheur d’Israël sous le règne de Christ, après l’exécution de tous les jugements prédits au ch. 10.


11 : v. 1-10. L’apparition de Christ est annoncée, rejeton du tronc d’Isaï pour Israël, branche de ses racines pour les nations. Nouveau Salomon en sagesse et en intelligence, il ne faillira pas comme le premier : l’Esprit, dans sa plénitude, reposera sur lui. Il gouvernera son peuple en justice et en droiture, et ne laissera pas subsister le méchant sous son règne. Ce sera le règne de la justice et de la paix universelle, pendant le millénium. Il en sera ainsi non seulement pour Israël mais pour les nations, sur lesquelles sa domination s’étendra. Il les rassemblera et elles le rechercheront (v. 10; Rom. 15:12). Ce sera le repos de la gloire, comme Sophonie 3:17 est le repos de l’amour.


v. 11-16. C’est « en ce jour-là » et en vue de lui, que le Seigneur rassemblera Juda et les dix tribus d’entre toutes les nations. Il « mettra sa main encore une seconde fois pour acquérir le résidu de son peuple » : la première fois était l’Exode. Les deux maisons seront réconciliées et s’uniront pour dominer sur ceux qui les avaient asservies. Aux v. 15 et 16 nous trouvons les circonstances extérieures du retour des dix tribus. C’est ainsi qu’il sera mis fin au joug de l’Assyrien.


12. Nous avons ici le cantique de la dernière journée des tabernacles, préfiguré en Jean 7:37. Ce sont aussi les accents du cantique d’Apocalypse 15:3, 4. Ce n’est pas seulement le cantique de Sion, mais celui de « toute la terre ».


Résumé de la Quatrième série. — La colère continue sur Israël. L’instrument de cette colère est l’Assyrien, mais l’Assyrien lui-même sera jugé, à cause de son orgueil. Un résidu d’Israël reviendra, mais après les jugements. La destruction future de l’Assyrien, préfigurée par sa défaite sous Sankhérib, entraîne la libération du peuple. Christ, issu du tronc d’Isaï, est annoncé comme exécutant le jugement, mais afin d’établir la bénédiction millénaire, après le retour des dix tribus. Enfin est entonné l’Alléluia. C’est sur cette louange que se termine toute la première division de la Première partie d’Ésaïe.


N. B. — Remarquer quel immense rôle joue le Résidu dans tous ces chapitres. Il est directement question de lui en 1:9 (cf. Romains 9:29) ; 4:3; 6:13; 7:3; 10:20-23 (cf. Romains 9:27, 28).

Tout cela en rapport avec le Messie : 4:2; 5:1; 7:14 (cf. Matt. 1:23) ; 8:8, 14 (cf. 28:16; Rom. 9:33; 1 Pierre 2:8), 17 et 18 (Hébreux 2:13) ; 9:2 (cf. Matt. 4:15, 16) ; 6:7; 11:1; 10 (cf. Rom. 15:12).


3.2 - DEUXIÈME DIVISION — Chapitres 13 à 27

Ces chapitres annoncent le jugement des nations qui ont asservi Israël.


3.2.1 - Première série : chapitres 13 à 14:27.

L’oracle touchant Babylone.


3.2.1.1 - Chapitre 13

v. 1. Le sujet est Babylone, mais de fait la prophétie va beaucoup plus loin.


v. 2-8. Nous trouvons là la confusion des peuples, amenés à la fin, le « tumulte des royaumes des nations rassemblées … pour détruire tout le pays ». Tous entrent dans les portes des nobles. Les saints et les hommes forts de l’Éternel sont aussi rassemblés là pour assister au jour de sa colère. Devant ces nations qui viennent pour détruire le pays, le peuple apostat, si je comprends bien, est livré à la terreur (v. 7, 8). Ce premier paragraphe a pu avoir son accomplissement partiel (encore futur quand Ésaïe prophétisait), lorsque les Chaldéens ont envahi la Judée, mais l’accomplissement effectif et total est pour l’avenir, au « jour de l’Éternel ». Ésaïe prédit un événement prochain qui lui-même préfigure un événement futur bien autrement étendu ; c’est ce qui rend souvent obscure la prophétie. De fait la Babylone historique n’aura pas de part propre à ce conflit de la fin, mais la première Bête de l’Apocalypse (l’Empire romain), montée un temps par la chrétienté apostate (la Babylone prophétique), et qui sera la résurrection de la puissance latine, en sera un des grands acteurs sur la terre d’Israël. Le Résidu (les saints et les hommes forts) sera témoin de ces choses, appelé à se réjouir en la grandeur de l’Éternel.


v. 9-16. Le tableau se continue par la description du jour de l’Éternel qui vient. La terre est désolée, les autorités sont détruites, perdent leur lumière. La colère de l’Éternel s’étendra sur le monde, ce sera un carnage universel, auquel le peuple apostat n’échappera point, tandis que les saints et les hommes forts y assisteront : le peuple apostat assiste à l’écrasement de ses petits enfants, la foi du Résidu assiste à l’écrasement de ceux de Babylone (Ps. 137:9).


v. 17-22. La vision prophétique revient au jugement, historique et passé pour nous, prophétique et prochain pour Ésaïe, de Babylone par les Mèdes, mais qui nous a conduits (paragraphe précédent) au jugement de la fin qui aura pour théâtre de la terre d’Israël.


3.2.1.2 - Chapitre 14

v. 1, 2. De même, ici, le retour de Juda de la captivité de Babylone est le type historique (encore prophétique sous Ésaïe) du retour futur du peuple tout entier, Jacob, ou Israël, de la dispersion. Ces deux versets placent devant nous la plénitude des délivrances et des bénédictions du peuple de Dieu (sept).


v. 3-11. Israël est appelé à prononcer un « cantique sentencieux » sur la chute du roi de Babylone, quand, à la suite de la victoire de Christ, « toute la terre » délivrée sera « en repos et tranquille ». Le retour de la captivité d’autrefois n’a été qu’une très incomplète image de cela. Nous avons ici le pouvoir impérial de la fin, la quatrième bête de Daniel, mais qui, comme nous l’avons vu plus haut, peut, de par son alliance avec le pouvoir religieux (c’est sur elle qu’est assise la grande prostituée d’Apoc. 17), être appelée Babylone ; il ne faut pas oublier que le pouvoir impérial confié aux Gentils est aussi comparé à une statue dont Babylone est la tête d’or, mais qui forme un tout, debout dans son ensemble et brisé dans son ensemble.


v. 12-20. La confusion intentionnelle continue ici. L’on peut dire que toutes les puissances de la fin qui entrent en conflit avec le Messie, le vrai Roi, sont ici mêlées et confondues, sous le titre « l’oracle touchant Babylone » (13:1). Nous en avons déjà signalé le motif. Ce temps futur est comme considéré de loin, les détails qui le différencient sont vus comme ensemble. Un de ses éléments est l’Antichrist, qui appartient à cette scène. Son alliance avec la Bête romaine lui donne une place dans cet ensemble. Il est « l’astre brillant, fils de l’aurore », comme le roi de Tyr en Ézéchiel 28. Il est confondu en partie avec la Bête, confondu de même avec Babylone, car c’est d’elle qu’il est dit : « Est-ce ici l’homme qui faisait trembler la terre ?… Ses prisonniers, il ne les renvoyait pas chez eux » (v. 16, 17). Ce roi s’arroge ici tous les caractères et les prérogatives de Christ (v. 13, 14). C’est bien le faux Messie.


v. 21-23. On revient à la Babylone historique et à sa destruction finale et définitive.


v. 24-27. Exemple nouveau de la confusion voulue que nous trouvons dans ces deux chapitres. Il s’agit ici de l’Assyrien, du grand ennemi d’Israël dans le prophète Ésaïe. Le tableau de la confusion (Babel, Babylone) de la fin ne serait pas complet sans lui. C’est la destruction de l’Assyrien prophétique, non pas dans son pays comme le roi d’Assyrie au temps d’Ézéchias, mais sur les montagnes d’Israël, lorsque le peuple de l’Éternel aura été complètement délivré. Maintenant la main de l’Éternel n’est plus étendue contre Israël (voyez 10:4, etc.), mais contre toutes les nations (14:26, 27). De là ce tableau, où toutes les puissances de la fin sont pour ainsi dire réunies sous un même nom : Babylone, et confondues dans une subversion commune.


3.2.2 - Deuxième série : chapitres 14:28 à ch. 17

Il s’agit des nations immédiatement voisines d’Israël.


3.2.2.1 - Chapitre 14:28-32.

Annonce du jugement sur la Philistie, prophétie qui devait être réalisée prochainement, sous Ézéchias, fils d’Achaz (2 Rois 18:8), après que sous Achaz les Philistins avaient pillé Juda (2 Chroniques 28:18-20). Mais c’est aussi une prophétie future, qui sera accomplie quand l’Éternel aura fondé Sion et que les pauvres de son peuple y trouveront refuge.


3.2.2.2 - Chapitres 15 et 16

L’oracle sur Moab.


Au chapitre 15 est annoncé le jugement sur Moab. Par qui est-il exécuté ? Daniel 11:41 montre que Moab, de même qu’Édom et en partie Ammon, échappent au roi du Nord. J’incline à penser que Moab tombera entre les mains d’Israël victorieux sous le Messie. Jérémie 48 s’étend sur les châtiments de Moab. Voir aussi Amos 2:1-3, Sophonie 2:8, 9 et Ésaïe 25:10-12. Selon Ps. 60:8 et 108:9, Moab est anéanti par le Messie, mais Jérémie 48:47 nous apprend que les captifs de Moab seront rétablis à la fin des jours. C’est ce que nous allons voir au chapitre suivant.


3.2.2.3 - Chapitre 16

v. 1-5. Après avoir été atteint par un jugement terrible, Moab devient en un temps futur le refuge du Résidu de Juda lors de sa fuite sous l’Antichrist. Il cache les exilés, et ne découvre pas le fugitif. Aussi aura-t-il part aux bénédictions du trône de David (Jérémie 48:47). Ce refuge accordé au résidu de Juda a eu lieu historiquement sous Nébucadnetsar (Jérémie 40:11, 12), comme il aura lieu aux derniers jours lors de la grande tribulation.


v. 6-12. La désolation actuelle est le résultat de l’inexcusable orgueil de Moab. Mais, en raison de ce qui est rapporté dans les cinq premiers versets, il y a dans le coeur du prophète une pitié profonde à son sujet.


v. 13, 14. Il y a eu sous Ézéchias, à la suite de la prise de Samarie au bout de trois ans par l’Assyrien, un accomplissement de la prophétie d’Ésaïe contre Moab (2 Rois 18:9; Jérémie 48:16). Moab fut dévasté, sans qu’on voie par qui ; mais il lui est resté un petit Résidu prophétique, selon Jérémie 48:47.


3.2.2.4 - Chapitre 17

L’oracle touchant Damas.


v. 1-3. Nous sommes reportés là à la sentence que nous avons entendu prononcer au chapitre 7, sous Achaz, contre la Syrie, et en même temps contre Éphraïm. Son exécution est rapportée vis-à-vis de Damas en 2 Rois 16:9, d’Éphraïm en 2 Rois 17:5, 6. L’un subira le même sort que l’autre.

Cependant il y aura un résidu de la Syrie, comme il y aura, v. 4-6, un petit, insignifiant, Résidu d’Éphraïm.


v. 7-11. Du moment qu’il parle du Résidu d’Israël, le Prophète en montre la conversion. Cela eut lieu partiellement sous Joas, et, cent vingt-trois ans plus tard, sous Ézéchias (2 Chron. 24:5 et 30:11). Mais la chose va beaucoup plus loin ici : Israël rentrera dans sa terre, en reprendra possession, mais la plantera de « ceps étrangers », aussi retombera-t-il immédiatement sous le jugement.


v. 12-14. C’est ce qui donnera lieu au rassemblement des multitudes des peuples que nous avons vu, et verrons encore ; mais pour leur anéantissement final. Ce sera l’épouvante du temps du soir (Zacharie 14:7), mais c’est alors que l’espoir d’Israël commencera à renaître. « Avant le matin elles ne sont plus », car au matin même se lève le soleil de justice avec la santé dans ses ailes.


3.2.3 - Troisième série : chapitre 18

Ce remarquable chapitre est à mettre à part. Il donne une vue d’ensemble des rapports du peuple juif avec toutes les nations que nous avons vues rassemblées autour de lui pour le jugement, aux derniers jours, dans les derniers versets du chapitre 17.

La nation sera d’abord ramenée dans son pays par une puissance maritime qui n’a rien à faire avec l’Assyrie et l’Égypte (les fleuves de Cush, savoir l’Euphrate et le Nil). Les conseils de l’Éternel envers cette nation s’accomplissent ainsi, mais, comme elle rentre dans l’incrédulité, l’Éternel n’intervient pas. il regarde de sa demeure, comme un spectateur. Mais il ne peut être indifférent, à cause du Résidu dont il est tant parlé en Ésaïe. Il y a une faveur sur ce retour de la nation en considération de lui. Elle semble prospérer, pousser des rejetons. C’est comme une nuée de rosée dans la chaleur de la moisson, comme une chaleur sereine sur la verdure. Mais aucune action de l’Éternel envers son peuple ne se manifeste encore. Voyez 42:14 ; 57:11 ; Ézéchiel 16:42 ; Zacharie 9:8.

Avant la moisson où le bon grain, le Résidu, sera recueilli dans les greniers de l’Éternel, le jugement sera exécuté sur le peuple apostat, en même temps que sur les nations qui l’auront du reste ravagé (v. 5, 6). Après ce jugement (Apoc. 19:17, 18) le Résidu, le vrai peuple, sera offert en présent à l’Éternel qui régnera sur la montagne de Sion (66:20).


3.2.4 - Quatrième série : chapitres 19 à 23

Extension des jugements


3.2.4.1 - Chapitres 19 et 20. — Jugement sur l’Égypte.

Ch. 19, v. 1-10. Les jugements annoncés sont : 1° la guerre civile (v. 2) ; 2° la venue d’un roi dur et cruel (v. 4) ; 3° la famine par suite du dessèchement du Nil (v. 5-7) ainsi que la ruine des artisans et des commerçants (v. 8-10).


v. 11-15. La sagesse manque absolument chez les conseillers du Pharaon, cette sagesse si renommée de l’Égypte. Voyez v. 15 et 9:14.


v. 16-25. En ce jour-là (ce qui nous reporte aux jours de la fin), l’Égypte tremblera devant le jugement de Dieu. La terre de Juda sera pour l’Égypte une terreur (v. 17) ; il s’agit évidemment des événements qui accompagneront la restauration de Juda. En ce jour-là cinq villes parleront la langue de Canaan et reconnaîtront le Dieu d’Israël (l’une est Héliopolis) (v. 18). En ce jour-là le culte de l’Éternel sera établi au milieu de l’Égypte, et, à la frontière même, quelque chose de semblable à l’autel de Hed (Josué 22), en témoignage à l’Éternel. Car sous le joug de l’oppresseur ils crieront à l’Éternel qui leur enverra un Sauveur et un défenseur. Ils seront délivrés et connaîtront l’Eternel en ce jour-là, comme jadis le peuple d’Israël quand il fut délivré d’Égypte. Alors ils le serviront avec sacrifice, offrande, voeux. « Et l’Éternel frappera l’Égypte », pour la guérir (v. 22). Sera-ce par l’invasion et la domination assyriennes ? L’Assyrien y restera-t-il longtemps depuis le premier siège de Jérusalem, avant d’être détruit sur les montagnes de Judée ? On peut comprendre dans tout cela que l’Égypte sera à la fin des jours entre les mains d’un roi cruel (v. 4) et que toute sa sagesse sera anéantie avant l’attaque et l’oppression de l’Assyrien, mais que, sous l’effet de ses épreuves accumulées, le peuple égyptien se tournera enfin vers l’Éternel. Enfin, v. 22-25, l’Égypte délivrée, l’Assyrie délivrée de son maître l’Assyrien, et Israël délivré de son maître l’Antichrist, reconnaîtront la seigneurie de Christ et formeront une triade de nations bénies, comme le peuple, l’ouvrage et l’héritage de l’Éternel.

Ainsi, même si l’on peut voir dans ces versets quelque rapport avec un jugement historique, passé, de l’Égypte (voir chapitre suivant), ils nous montrent toute l’histoire de l’Égypte se terminant par la bénédiction milléniale.


Le ch. 20, lui, traite bien d’événements qui étaient encore prophétiques au temps d’Ésaïe mais qui sont maintenant accomplis ; il illustre le chapitre précédent, quant aux rapports entre Assyrie, Égypte et Israël.


v. 1-4. Sargon, roi d’Assyrie, envoie son général en chef contre Asdod de Philistie ( ?), en vue, peut-on penser, d’une attaque contre l’Égypte (*). Ésaïe annonce que trois ans après cette attaque le roi d’Assyrie emmènera captifs les prisonniers d’Égypte et d’Ethiopie, à la honte de l’Égypte. On peut se demander si le passage de 19:1-15 ne fait pas mention de la même invasion.

(*) Il peut s’agir de l’entreprise victorieuse d’Esar-haddon contre l’Égypte, que l’histoire rapporte (vers 670, sous Manassé roi de Juda). Mais déjà Sankhérib avait défait des troupes égyptiennes et éthiopiennes appelées au secours de la Philistie envahie, vers 703, donc sous Ézéchias, et après une campagne contre Mérodac-Baladan, roi de Babylone. — (Editeur).


v. 5 et 6. Israël est terrifié d’avoir mis sa confiance dans l’Égypte et l’Ethiopie, contre l’Assyrien, et dit : Comment échapperons-nous ?

Tout ce chapitre est donc de la prophétie accomplie historiquement et destinée à illustrer le chapitre 19.


3.2.4.2 - Chapitre 21

v. 1-10. Oracle touchant Babylone.


v. 1-9. Babylone est appelée le désert de la mer parce que son pays a été réduit en désert, malgré l’Euphrate, comme jadis l’Égypte malgré le Nil (19:5; cf. Jér. 51:43) (*).

(*) Rappelons que la Babylonie est un pays bas aboutissant à la mer (golfe Persique), mais de climat très sec, un désert où la vie est apportée par les fleuves seuls. (Éditeur)

L’événement prophétique alors prochain, savoir la chute de Babylone, est annoncé en rapport avec la délivrance d’Israël. C’est là ce qui lui donne son importance. Le prophète est appelé à établir une sentinelle. Il surveille les événements. Au v. 5 c’est le festin de Belshatsar, auquel des préparatifs guerriers (« fais le guet ») donnent une pleine mais fausse sécurité. La sentinelle du prophète voit arriver de la cavalerie, des cavaliers marchant deux à deux, des troupes qui se suivent, en nombre indéfini, d’ânes et de chameaux pour les bagages. Elle n’a qu’une vue restreinte, mais ce qui passe sous ses yeux est interminable : de jour, de nuit, sans cesse un char d’hommes, un couple de cavaliers ! Cela suffit. Babylone tombe sans combat.


v. 10. La sentinelle, l’esprit prophétique, met ces événements en rapport avec Israël, le blé battu, le fruit qui sortira du jugement qui l’a atteint.

Ces versets célèbrent donc la chute historique, alors encore future, de Babylone, en vue de l’accomplissement des desseins de Dieu à l’égard d’Israël.


v. 11, 12. Oracle touchant Duma (*).

(*) Ce nom s’applique à un peuple nomade voisin immédiat de l’Idumée ; peut-être le prophète l’identifie-t-il à celle-ci, bien que Duma soit dans l’Écriture un descendant d’Ismaël et non d’Ésaü (Genèse 25:14). (Éditeur)

D’Édom (Séhir) on se moque de ce que l’Esprit place une sentinelle prophétique. Le moqueur lui dit : « À quoi en est la nuit ? » Elle répond : « Le matin vient ». Ce qu’attend la foi est près de paraître, mais « aussi la nuit », pour l’incrédule et le moqueur. La certitude de ces choses ne te manquera pas si tu veux t’en enquérir. Mais en attendant « Revenez, venez… » La porte de la repentance vous est encore ouverte.


v. 13-17. Oracle contre l’Arabie (*).

(*) Il s’agit non de toute la péninsule que nous appelons ainsi mais de tribus arabes dans le nord de celle-ci. Kédar et Dedan en étaient, de même que Théma. Ces tribus pastorales étaient à l’aise (És. 60:7; Jér. 49:20). Dedan et Kédar étaient « en relation de commerce » avec Tyr (Ézéch. 27:20, 21). Voir aussi És. 42:11 ; Jér. 2:10; 49:28, 29). On place ordinairement l’oasis de Théma à quelque 400 km au sud-est du pays d’Édom. Tous étaient des Ismaélites (Genèse 25:3, 13, 15). (Éditeur)

Comme le jugement de la Philistie est annoncé (ch. 20) en un temps rapproché, ainsi celui de l’Arabie l’est dans l’espace encore plus court d’une année. Les Dédanites s’enfuiront devant l’ennemi qui les poursuit et seront secourus par les habitants du pays de Théma. Mais toute la gloire de Kédar a pris fin. Ce jugement prochain ne semble pas devoir être révoqué.

En somme, dans tous ces chapitres c’est le jugement prochain qui domine et non les événements de la fin ; il n’en est du reste que l’avant-coureur.


3.2.4.3 - Chapitre 22

Oracle touchant la vallée de vision.

C’est Jérusalem considérée, pensons-nous, comme l’objet des prophéties. Elle est assimilée aux Gentils sur lesquels tombe le jugement dans tous ces chapitres.


v. 1-4. Analogie avec la prise de Jérusalem par Babylone (Nébucadnetsar) sous Sédécias (2 Rois 25:1-7).


v. 5-11. (Voyez 2 Chron. 32:1-8; 2 Rois 20:20; És. 36-37). Analogie avec le siège de Jérusalem par l’Assyrien (Sankhérib) sous Ézéchias. En ce temps-là la ville fut gardée et délivrée à cause de la piété du roi. Allusion à l’invasion future de l’Assyrien, où les habitants de Jérusalem feront la même chose qu’Ézéchias, mais sans la foi de cet homme de Dieu.


v. 12-14. Au lieu de la délivrance de jadis, l’iniquité du peuple ne lui sera pas pardonnée.


v. 15-25. On voit ici la liaison entre les événements passés et les événements futurs. Même en supposant écrite cette prophétie aux jours d’Ézéchias, l’allusion à Babylone (v. 2-4), événement qui ne s’est passé que sous Sédécias, est en tout cas une prophétie, maintenant accomplie. De fait le cas d’Ézéchias auquel il est fait allusion est entièrement différent des v. 5-14, parce que Jérusalem subit ici le siège de l’Assyrien dans l’incrédulité et ne sera pas délivrée. L’allusion à Eliakim et à Shebna (voir 36:3, 11, 22) est symbolique, mais elle montre, avec les trois premiers paragraphes, comment la prophétie relie les événements futurs aux événements passés. Nous entrons ici en plein dans la prophétie de la fin. Shebna, l’intendant infidèle, ambitieux et orgueilleux, sera précipité de son élévation, condamné à mort, chassé, renversé, lui qui a cru s’élever contre son seigneur. C’est la destruction de l’Antichrist. À sa place, Eliakim, type de Christ, Celui qui a la clef de la maison de David. Christ devient le « clou fixé en un lieu sûr » (Esdras 9:8 ; Zach. 10:4). En ce temps-là, l’Antichrist qui paraissait, par la puissance de Satan, être ce clou, sera brisé, et tout avec lui.


Résumé du chapitre 22. — En rapport avec les sièges passés de Jérusalem, où dans l’un Jérusalem fut prise, dans l’autre délivrée, il y aura dans l’avenir deux événements analogues. Dans l’un la ville sera prise (Zach. 14:2) ; dans l’autre elle sera épargnée par l’apparition de l’Éternel pour son peuple et le jugement des nations qui entourent et assiègent Jérusalem.


3.2.4.4 - Chapitre 23

Oracle sur Tyr.


v. 1-5. La flotte de Tarsis (Méditerranée, Espagne ?) est dans la douleur du désespoir à cause de la destruction qui a atteint Tyr, et Sidon qui la fournissait. Tyr était le centre du commerce des nations, comme plus tard Carthage, colonie tyrienne (sans parler de Venise), puis Amsterdam, puis l’Angleterre. Tout le commerce maritime de Tyr n’a pas formé un peuple. L’Égypte fournissait sa prospérité à Tyr et la chute de cette ville ruine l’Égypte. Tout cela fait allusion à la destruction de Tyr par Nébucadnetsar (voyez Éz. 26-28). Cet oracle est historiquement accompli contre Tyr, mais ne sera pleinement accompli que dans la Babylone apocalyptique (Apoc. 18), quand tous les marchands et pilotes se lamenteront. Ne pas oublier que la Babylone apocalyptique a deux caractères, le caractère religieux et le caractère de prospérité mondaine et commerciale. Aussi le roi de Tyr devient la personnification de Satan et de l’Antichrist pour le temps de la fin. Tyr historique détruite par la Babylone historique devient à la fin un type de la Babylone apocalyptique, la chrétienté dans son aspect commerçant d’Apoc. 18.

En Ézéchiel 28 le roi de Tyr c’est en premier lieu l’homme, comme prince établi en Eden (v. 2, 13), devenant satanique par la tentation de Satan, qui le séduit par l’orgueil et l’intelligence (v. 9, 10). Il se fait Dieu et s’appuie sur sa sagesse et la grandeur de ses richesses et de sa puissance. Depuis le v. 11 le vrai roi de Tyr est bien encore l’homme représenté comme créature, image de Dieu en Eden, mais assimilé à Satan, le chérubin oint dans lequel l’iniquité a été trouvée. Satan était un chérubin dans la sainte montagne, Adam était la forme accomplie de la perfection et de la gloire humaine à l’image de Dieu en Eden. Le premier s’est emparé du second et l’a précipité dans le même jugement que lui. Le roi de Tyr est le type de l’Antichrist dans sa puissance commerciale. Il est le successeur direct de Satan. Le roi de Babylone et aussi l’Assyrie est de nouveau le type de l’Antichrist dans sa puissance morale (Lucifer), actionné par Satan. En somme tous ces caractères se rapportent au caractère initial de Satan.


v. 6-9. L’abaissement, et la destruction de Tyr se répète historiquement dans la destruction successive des puissances commerçantes, Venise, Amsterdam, Londres, etc., jusqu’à la destruction finale de Babylone commerçante.


v. 10-14. Nébucadnetsar est suscité contre Tyr, mais aussi contre Canaan, contre la puissance commerciale, et contre la puissance spirituelle. C’est ce qui aura lieu à la fin.


v. 15-17. Au bout de 70 ans Tyr est restaurée, comme Juda, mais, de même que lui, dans l’incrédulité et dans sa prostitution. Les motifs sont les mêmes que précédemment. Mais (v. 18) il arrivera un temps de restauration où, sous Christ, tout son commerce profitera aux saints et à leur gloire.


3.2.5 - Cinquième série : chapitres 24 à 27

Vers l’aurore


3.2.5.1 - Chapitre 24

Ce chapitre reprend le sujet du chapitre 22 ou plutôt le continue sous un autre aspect ; il est placé ici parce qu’Israël est délivré par le jugement des nations.


v. 1-12. « Une ruine. » Ces versets donnent le tableau d’une dévastation complète du pays (1-11) et de la ville (12). Le peuple apostat dont parlait le ch. 22, qui a « transgressé les lois, changé le statut, violé l’alliance éternelle » (v. 5) est consumé, entièrement vidé et entièrement pillé (v. 3). Jérusalem, la cité de désolation (v. 10) est ruinée et déserte. Tout cela a lieu par le rassemblement des nations au dernier jour.


v. 13-16. Mais il restera « au milieu du pays », dans cette débâcle, un tout petit Résidu (sujet capital dans Ésaïe) qui sera sauvé (v. 13, cf. 17:6). Nous trouvons ici ce Résidu dans sa condition finale ; partout, depuis l’Orient jusqu’à l’Occident, on dit : Gloire au juste ! Les épargnés de la dispersion d’Israël se joindront au Résidu de Juda pour glorifier le Juste, Christ dont ils portent le caractère. Le pays voit enfin leur retour véritable, et non plus dans l’incrédulité.


v. 16-20. Le prophète, en contemplant le jugement du peuple infidèle, dit : Malheur à moi. Ce jugement, qui est celui de la fin des temps, tombant sur les perfides, le peuple de l’Antichrist, « habitant du pays », l’atteint dans son coeur et ses affections, mais non dans sa conscience comme au ch. 6 quand il se trouvait devant Christ, le juge. Il sait qu’il ne peut y échapper, mais il sait aussi à qui recourir quand les fondements de la terre sont ébranlés (Ps. 11:3).


v. 21-23. L’Éternel répond en annonçant que son jugement s’étendra plus loin, jusqu’à la destruction de Satan et de ses armées chassées du ciel, à la destruction des rois de la terre. Nous avons là la description du jugement définitif des puissances du mal, afin d’inaugurer le règne merveilleux de Christ. Satan et son armée seront précipités du ciel, les rois de la terre seront jugés sur la terre (v. 21). Toutes ces puissances terrestres seront jugées plus tard une seconde fois, au jugement des morts, mais ici c’est le jugement des vivants, précédant le règne de Christ. Ce jugement sera à la honte de toutes les puissances établies de Dieu et devenues infidèles. Mais le Seigneur aura ses anciens sur la terre pour contempler sa gloire : ainsi la scène terrestre avec ses participants correspondra à la scène céleste décrite en Apocalypse 5.

Ainsi ce chapitre montre le jugement du peuple, le Résidu formé, le prophète prononçant le Malheur sur lui-même, et la réponse de l’Éternel en destruction de toute la puissance satanique pour inaugurer le règne glorieux de Christ.

On remarquera que depuis le v. 21 de ce chapitre il est question de ce qui arrivera « en ce jour-là » (voyez 25:9; 26:1; 27:1, 2, 12, 13).


3.2.5.2 - Chapitre 25

Un cantique commence à s’élever dans le pays de Juda.


v. 1-8. C’est le chant de louange du Résidu au sortir de la grande tribulation. Jérusalem va devenir le centre de bénédiction pour les peuples. Le Résidu célèbre l’accomplissement des conseils de son Dieu. Il a détruit toute ville puissante des nations, que ce soit Ninive ou Babylone, sans qu’elle soit jamais rebâtie. C’est pourquoi les nations (il semble qu’on doive interpréter ainsi « le peuple fort » du v. 3) glorifieront Dieu par les jugements qui fondront sur elles ; la cité qui restera des nations terribles (Assyrie, Égypte, Babylone) craindra l’Éternel après l’exécution de ces jugements. Le faible et pauvre Résidu (v. 4, 5) a été merveilleusement mis à l’abri dans la tempête et a trouvé dans l’Éternel refuge, abri, protection puissante contre laquelle est venu échouer tout l’effort de l’ennemi. Alors (v. 6) les nations seront bénies dans la bénédiction d’Israël ; alors elles verront (v. 7) ; alors la mort sera engloutie en victoire sur la terre (v. 8) — car, sauf le méchant, les hommes ne mourront plus pendant le règne millénaire — comme elle l’aura été en résurrection pour les saints célestes (1 Cor. 15:54) ; alors comme pour le ciel (Apoc. 21:4) les douleurs et l’affliction auront passé pour les habitants de la terre (v. 8), car une larme essuyée par Dieu ne reparaît pas ; alors, enfin, l’opprobre du peuple de Dieu sera ôté de dessus toute la terre.


v. 9-12. Remarquez que depuis le v. 1 il n’est question que de cantiques, qui se prolongent au chapitre 26. De même ici au v. 9 c’est la joie de la délivrance chez ceux qui se sont attendus à l’Éternel. L’attente du Résidu est exaucée, la main de l’Éternel reposera sur Sion : c’est le repos définitif. La montagne de Sion est établie comme centre de la puissance de Dieu, comme au v. 6 elle l’est comme centre de la bénédiction des nations. Devant cette puissance Moab, type de l’orgueil sans frein de l’homme pécheur, est abaissé dans la poussière.


3.2.5.3 - Chapitre 26

Le cantique chanté dans le pays de Juda. Il répond au cantique d’Apocalypse 5 et à celui d’Apocalypse 14. Tous ces chapitres offrent un parallèle constant entre les bénédictions terrestres du Résidu et les bénédictions célestes que nous possédons.


v. 1-6. « En ce jour-là » est chanté en Juda le cantique de la délivrance. Tandis que la cité des nations est en ruine et sera foulée aux pieds, la ville haut élevée, abaissée (v. 5), le Résidu a maintenant une « ville forte », fruit du salut. Il est appelé, la nation juste (il n’est plus question des impies en Sion) ; il entrera dans la ville forte à la suite du Roi de gloire (Psaume 24). La justice, la paix, la fidélité, la confiance, la caractérisent. Elle est fondée sur le Rocher des siècles.


v. 7-11. Remarquons que ce cantique n’est pas encore la pleine jouissance de la délivrance, mais l’inauguration de ce qu’elle va être. Les portes ne sont pas encore ouvertes, le pied du Résidu ne foule pas encore la cité des nations (v. 6). C’est encore la nuit (v. 9). Les jugements de Dieu sont encore sur la terre. Mais le Résidu a espéré en l’Éternel dans le chemin de ses jugements et son désir est après son nom et son mémorial : en sorte que pour lui le chemin des jugements sera fait pour le pousser d’autant plus vers l’espérance. Pour le monde il faut qu’il apprenne par les jugements ce qu’est la justice de Dieu. Le feu n’a pas encore dévoré les adversaires mais les habitants du monde vont enfin apprendre la justice, par les jugements dont ils n’ont pas tenu compte et qui comme un feu consumant vont les dévorer. La grâce ne peut faire connaître cette justice à ceux qui persévèrent dans le mal, méprisant la leçon qu’ils auraient dû apprendre, et vont au devant du feu dévorant.


v. 12-18. Tout cela est l’aube de la bénédiction, elle ne peut manquer : « Tu établiras la paix pour nous ». Dieu l’établit en vertu des oeuvres qu’il a opérées, et qu’il donne aux siens le droit d’appeler « nos oeuvres ». Par contre « les morts ne vivront pas » ; Dieu avait ramené la nation en Canaan quand elle était dans l’incrédulité ; alors sont venues les douleurs de l’enfantement (v. 17 et 18), la ruine subite (cf. 1 Thess. 5:3) ; mais le Résidu a invoqué Dieu au jour de la détresse, sous le châtiment, et Dieu répond à ces affligés. Si ce Résidu n’est plus composé que de quelques-uns, la nation est augmentée et se rassemble de tous les bouts de la terre. Il s’était épuisé en efforts inutiles pour assurer le salut du pays (v. 18), mais il fallait que la délivrance vînt uniquement de l’Éternel.


v. 19-21. Tandis que « les morts ne vivront pas » (v. 14), les morts de la nation apostate qui a été exterminée, et que les nations ennemies, les habitants du monde (v. 9) sont engloutis par les jugements, il est dit : « Tes morts vivront ». C’est la résurrection nationale du peuple, qu’on trouve en Ézéchiel 37 et en Daniel 12:2. Sa rosée est la rosée de l’aurore (v. 19; cf. Psaume 110:3). Ces versets sont la réponse de l’Éternel au Cantique de Juda, en même temps qu’ils donnent la date où ce cantique sera chanté. Le peuple est engagé, dans la certitude absolue que sa résurrection est à la porte et que le royaume va s’établir, à se cacher « pour un petit moment jusqu’à ce que l’indignation soit passée » (v. 20).

Tout ce chapitre, comme le suivant, a trait à ce qui se passera « en ce jour-là » : ce jour est une courte période, qui précède immédiatement l’établissement du règne. La fin des jugements est là, et le premier printemps de la grâce va apparaître.


3.2.5.4 - Chapitre 27

« En ce jour-là »


v. 1. « En ce jour-là » le serpent d’Égypte sera frappé (voir ch. 19:5, note) et définitivement anéanti. C’est le jugement de Satan qui avait exercé son action dans la confusion des peuples.


v. 2-6. Alors l’Éternel aura en Israël une vigne de vin pur (cf. ch. 5). Il la défendra contre tous les ennemis.


v. 6-11. Dès lors Israël tout entier prospérera. L’Éternel l’a châtié avec mesure. Son iniquité est ôtée par le jugement. Toute son idolâtrie est abolie. Le jugement sur la « ville forte » (Jérusalem coupable ?) et sur le peuple apostat est, par contre, sans miséricorde. Jusqu’aux femmes en Israël le condamneront et le jugeront sans miséricorde, et Dieu n’usera pas de grâce envers lui, quoiqu’Il soit l’auteur d’Israël (v. 11).


v. 12, 13. « En ce jour-là » enfin, et c’est là-dessus que se clôt tout ce qui est dit dans cette série remarquable de chapitres, aura lieu le rassemblement du vrai peuple d’Israël hors d’Égypte et d’Assyrie. Il viendra se prosterner devant l’Éternel en la montagne sainte, à Jérusalem.


3.3 - TROISIÈME DIVISION — Chapitres 28 à 35


Cette division pourrait s’intituler : l’Assyrien, ou encore la consommation des voies de Dieu en salut pour son peuple terrestre. Ce salut glorieux et définitif est opéré dans la destruction du terrible ennemi, mais après que le jugement nécessité par l’état de Juda et d’Éphraïm (les dix tribus) aura été complètement exécuté.

Aussi avons-nous, du chapitre 28 au chapitre 33, des « Malheurs » annoncés. Il y en a six. Ils font suite au « Malheur à moi » du chapitre 24, verset 16. Comme cela a été déjà noté, c’est le pendant du chapitre 5, où six « Malheurs » sont suivis du « Malheur à moi » du chapitre 6.

3.3.1 - Chapitre 28

v. 1-4. Premier Malheur. Ce premier Malheur annonce l’invasion d’Éphraïm, enivré d’orgueil, par l’Assyrien ; dans l’immédiat, c’est la prise de Samarie par Shalmanéser (dans la 6° année d’Ézéchias, en 721 avant J. C.) mais comme toujours le regard du prophète va plus loin.


v. 5, 6. Les bénédictions sont la suite et pour ainsi dire le correctif du jugement. Ces bénédictions sont pour le Résidu, comme toujours en Ésaïe, et ce Résidu est ici Juda. C’est en lui qu’en ce jour-là (qui est celui de la suppression d’Éphraïm) se réfugie le témoignage. 1° L’Éternel reluit sur ce Résidu, sur Juda comme reconnu par Lui. 2° Le jugement est confié à Juda, car il est le législateur (Gen. 49:10). 3° L’Éternel est sa force, quand, au lieu d’attirer la guerre sur lui Il la « refoule jusqu’à la porte ».


v. 7-13. Mais Juda aussi a suivi le chemin d’Éphraïm. Aussi la connaissance ne sera conférée ni au sacrificateur ni au prophète égarés, mais aux petits enfants, et « par des lèvres bégayantes et par une langue étrangère le Seigneur parlera à ce peuple » (cf. 1 Cor. 14:21), qui a refusé d’entendre quand le Seigneur annonçait le repos et le rafraîchissement. En refusant sa parole ils se sont rejetés sur les ordonnances qui les condamnent et qu’ils ne comprennent pas.


v. 14-22. Ce paragraphe passe de l’endurcissement de Juda lors de la venue de Christ au jugement prophétique du dernier jour et fait un tableau de l’invasion de Juda par l’Assyrien « en ce jour-là », jour futur où les hommes moqueurs gouverneront le peuple à Jérusalem. Ils se croiront en sécurité vis-à-vis de l’Assyrien (prophétique) parce qu’ils auront fait une alliance avec la mort et un pacte avec le shéol (sans doute avec la Bête romaine et l’Antichrist) contre cet Assyrien, « le fléau qui inonde » (voyez Habakuk 2:5).


v. 16. La seule ressource est Christ, la pierre de coin en Sion. Celui qui se fie à elle ne sera pas confus (Rom. 9:33; 10:11; 1 Pierre 2:6; Psaume 118:22; Ésaïe 8:14).


v. 17, 18. Le fléau qui inonde atteindra Jérusalem, malgré la fausse confiance de celle-ci. C’est la consomption décrétée (10:23), le dernier jugement de Dieu pour introduire le règne de justice de Christ.


v. 23-29. Enfin les voies de Dieu en jugement, quelque diverses qu’elles soient, aboutissent toujours à l’accomplissement de ses conseils de grâce. Il ne veut pas toujours battre le blé, « il le broie pour le pain ».


3.3.2 - Chapitre 29

v. 1-8. Deuxième Malheur. Ce deuxième Malheur est prononcé contre Jérusalem, la cité où David demeura, appelée ici Ariel, le lion de Dieu. Laissé à lui-même, cet Ariel est impuissant ; en dépit de ses alliances infidèles aussi bien que des bénédictions promises à David, il sera assiégé par l’Assyrien. Il s’agit bien ici de l’Assyrien de la fin, non de celui du temps d’Ézéchias, lequel n’éleva pas de terrasses contre Jérusalem (comparer le v. 3 avec 37:33). Le jugement contre Ariel l’amène à s’humilier dans la poussière. Mais pour Dieu Jérusalem demeure Ariel, c’est pourquoi Il la délivrera de toutes les nations qui se rassemblent autour d’elle et contre la montagne de Sion, y compris l’Assyrien. Au moment où elle semble devenir leur proie, où ils vont la dévorer et assouvir leur soif sur elle (v. 8), ils sont anéantis. Tout ceci a trait au deuxième siège de Jérusalem par l’Assyrien, tandis que 28:14-22 a trait au premier.


v. 9-14. Le prophète revient à l’état d’Israël qui a nécessité tous ces jugements. Ils ont rejeté le Messie, étant complètement ignorants des pensées de Dieu en grâce à leur égard, comme quelqu’un qui ne sait pas lire ; aussi la Parole leur a-t-elle été comme un livre scellé bien qu’ils aient suivi un commandement d’homme enseigné ; un voile est tombé sur leur coeur endurci (Romains 11:8). C’est le jugement de Dieu sur eux, mais quel jugement ! Dieu a substitué la croix à leur sagesse. Ainsi la colère de Dieu contre eux est devenue le moyen de leur salut (1 Cor. 1:18-21).


v. 15-17. Troisième Malheur. En peu de mots est défini l’état du peuple à la suite du rejet de Christ : c’est l’oubli de Dieu et l’incrédulité complète. Aussi le temps de la fin, où l’orgueil de l’homme sera abaissé, se hâte, afin de faire place à la bénédiction. En ce moment-là tout ce que l’homme a espéré sera anéanti, et ce qu’il a méprisé sera stable (cf. 32:15).


v. 18-24. En ce jour futur, le peuple aura des oreilles pour entendre les paroles du livre, et des yeux pour voir. La violence et la moquerie auront pris fin. L’intelligence et la soumission domineront chez les hommes. C’est ce qui est réalisé aujourd’hui chez tous ceux qui croient, et qui se réalisera dans l’avenir pour le peuple, après que l’endurcissement actuel aura pris fin.


Donc, du v. 9 au v. 24, nous avons le résultat moral ou de la réception ou du rejet de l’oeuvre de Christ.


3.3.3 - Chapitre 30

v. 1-17. Quatrième Malheur. — Il s’agit là d’une prophétie qui fut peut-être accomplie partiellement lors du siège de Jérusalem par Sankhérib (Ch. 36:6), mais qui le fut complètement cent dix ans après, quand, après la prise de Jérusalem par Babylone et le meurtre de Guédalia, le peuple de Juda s’enfuit en Égypte (voyez Jérémie 42 et 43). Un jugement terrible l’y atteignit.


v. 18-22. Mais l’Éternel usera à la fin (car c’est toujours ainsi qu’il finit) de grâce et de compassion envers son peuple. Il habitera de nouveau Jérusalem. Il attend « la voix du cri » de son peuple dans la détresse (v. 19) pour lui répondre aussitôt. Dans la tribulation, il sera donné au peuple des yeux pour voir ceux qui l’enseignent et des oreilles pour entendre la voix qui lui indique le chemin à suivre. À ce moment toutes les idoles seront rejetées avec dégoût.


v. 23-26. « En ce jour-là », c’est-à-dire « au jour du grand carnage, quand les tours s’écrouleront », s’ouvrira pour le peuple l’ère de la bénédiction millénaire.


v. 27-33. Le grand carnage des nations est décrit (27-28), mais pour les saints il y aura « un chant comme dans la nuit », c’est-à-dire avant l’établissement et la pleine délivrance, car la destruction de l’Assyrien (en même temps que de toutes les nations campées autour de Jérusalem) sera la joie du Résidu (29:30; comp. 1 Sam. 10:5). Le bruit de la tempête déchaînée contre l’ennemi ne parviendra pas à dominer le doux son de la flûte conduisant le Résidu à la montagne de Sion. Assur sera renversé et sa destruction sera accompagnée de joie et de cantiques (v. 32). Topheth, le lieu du jugement par le feu de la Géhenne (v. 33), est préparé pour lui ; il l’est aussi pour le roi, c’est-à-dire l’Antichrist, lequel est nommé ainsi par trois fois (ici, v. 33; au ch. 57, v. 9; et en Daniel 11:36).


3.3.4 - Chapitre 31

v. 1-3. Cinquième malheur. — Il est prononcé encore sur ceux qui descendent en Égypte. Au chapitre 30, ils y descendent pour établir des alliances (v. 1, 2), ici « pour avoir du secours ». Chercher de l’aide dans la sagesse de l’homme, dont l’Égypte est le type, est une folie. Est-ce l’Éternel qui est sage, ou l’homme ? L’Égypte sera anéantie avec tous ceux qui se fient à elle. C’est l’accomplissement final de Jérémie 42 : l’Égypte sera frappée alors non plus par Babylone, mais par l’Assyrien, le roi du Nord (Daniel 11:40).


v. 4-9. Si Ariel, le lion de Dieu, Jérusalem, a succombé, si le Deuxième Malheur a été prononcé contre lui, le vrai lion, celui « qui est de la tribu de Juda, la racine de David » (Apoc. 5:5), ne cédera pas devant leur multitude. Jérusalem n’a pu se protéger, mais lui la couvrira, il la protégera, la délivrera, l’épargnera, la sauvera. Un appel est adressé aux fils d’Israël pour qu’ils reviennent à Lui en abandonnant leurs idoles (30:22). La promesse est faite de la victoire sur l’Assyrien. L’Éternel seul sera l’instrument de sa chute. L’accomplissement prochain de cette prophétie d’Ésaïe est en 2 Rois 19:36 mais ce n’est que l’image de son accomplissement final, au dernier jour.


3.3.5 - Chapitre 32

Comme toujours, dans ces chapitres, la bénédiction suit le jugement. Au ch. 31 les hommes sont jugés, les sages sont anéantis, ceux qui cherchent conseil auprès d’eux périssent. Seul le lion de Juda demeure, seul il est sage et puissant ; il détruira l’Assyrien et préservera son peuple. Le voici comme le Roi qui régnera en justice.


v. 1-8. Il règne au milieu des princes, mais tout est de lui et par lui. « Il y aura un homme », un seul, Christ. Il sera la protection et l’abri dans la tourmente, la fraîcheur dans l’aridité. Lui ouvrira les yeux, les oreilles, le coeur et la bouche des siens. Sous lui l’homme vil sera reconnu comme tel. L’homme noble seul pourra se maintenir, c’est-à-dire celui qui au lieu de chercher ses propres intérêts cherche ceux de Jésus Christ.


v. 9-19. Les filles de Jérusalem sont appelées à s’humilier et à mener deuil. Le jugement allait venir, le palais allait être délaissé, la fertilité ferait place à la stérilité et au désert, puis il y aurait un changement de dispensation ! L’Esprit serait répandu d’en haut, le désert deviendrait un champ fertile, le champ fertile serait réputé une forêt. La droiture et la justice régneraient, la paix serait l’oeuvre de la justice, son travail le repos et la sécurité. Le peuple de l’Éternel habiterait en paix. Tout ce qui offre maintenant un abri et une sécurité parmi les hommes aura été anéanti avant ce moment (v. 15-19).

En un mot, c’est la bénédiction millénaire répandue d’en haut sur la terre, avec transformation de la nature et changement dans le coeur et dans les relations des hommes entre eux. Le Bienheureux du v. 20 se relie au v. 18: partout où se trouveront les conditions de croissance auront lieu les semailles et le labour. Ce Bienheureux est à sa place, après la dernière désolation de Jérusalem au v. 19.


3.3.6 - Chapitre 33

v. 1. Sixième Malheur. — Ce Malheur est sur l’Assyrien qui détruit sans avoir jamais été détruit. Quand les voies de Dieu envers Israël auront été accomplies par son moyen, alors lui-même sera détruit.


v. 2. Supplication du Résidu en vue d’Assur avant que le jugement soit exécuté. « Sois leur bras » : celui des nobles de Juda qui combattent pour le peuple. « Et notre salut » : celui de l’ensemble du Résidu.


v. 3, 4. Réponse au v. 2. Il s’agit ici de la défaite de toutes les nations rassemblées autour de Jérusalem, et particulièrement de l’Assyrien : « on se précipitera sur lui ».


v. 5, 6. Ce qui suivra la victoire : Que de choses l’Éternel est pour les siens. De leur côté une seule chose constituera leur trésor : la crainte de l’Éternel.


v. 7-13. Après l’Assyrien (v. 1), les nations rassemblées (v. 3), nous trouvons la Bête romaine qui rompt l’alliance (cf. Daniel 9:27), peut-être associée à l’Antichrist qui « n’a égard à personne » (v. 8, cf. Daniel 11:37). Puis (v. 7, 8) viennent les résultats de la rupture de l’alliance pour le pays d’Israël : c’est alors que par trois fois est prononcé le « Maintenant » divin, au moment même où tout semblait perdu (v. 10) ; l’Éternel a attendu jusque-là, le temps est venu d’intervenir, et Dieu fait connaître sa puissance dans le jugement de ses ennemis (v. 10-13).


v. 14-19. C’est ici Jérusalem au temps du second siège (cf. Zacharie 14:1-5). On y trouve les impies et les justes. Les uns sont consumés, alors que le Résidu sera épargné et « demeurera en haut ». Bien plus, il verra le roi dans sa beauté, tout près de lui et il ne verra plus le dernier ennemi, l’Assyrien. Toutes les ressources de l’homme seront trouvées sans valeur ; l’adversaire aura disparu, le Christ restera. Ce sera l’inauguration de son règne (cf. 10:24-28).


v. 20-24. Le Résidu fait appel à Dieu pour qu’il regarde Sion, la cité des assemblées solennelles. Ses yeux verront la paix de Jérusalem, son établissement certain comme tabernacle de Dieu car Christ juge, législateur et roi, sauvera son peuple. Les cordages de l’Assyrien sont relâchés, son vaisseau incapable désormais de voguer, l’ennemi est vaincu et l’iniquité du peuple qui demeure à Jérusalem est pardonnée.


3.3.7 - Chapitre 34

v. 1-4. C’est le dernier avertissement aux nations rassemblées. Y aura-t-il au dernier moment quelqu’un pour entendre ? « Car la colère de Dieu est sur toutes les nations, et sa fureur sur toutes leurs armées » réunies pour le combat dans la terre d’Israël. Mais Dieu ne s’en tient pas là (v. 4) : il y aura une convulsion générale qui précédera le règne. Voyez Apoc. 6:13, 14.


v. 5-8. Le carnage se fera en Édom, dont le jugement, à la différence de celui de tant d’autres nations, ne laissera pas un résidu. Pour lui il n’est pas de rémission, le jugement est total et définitif (voyez És. 63:1-6, et Abdias). L’Éternel frappe celui qui, sorti primitivement des mêmes reins que Jacob, à lui seul représentait et conduisait toute l’hostilité des peuples contre Sion (v. 8).


v. 9-16. De génération en génération Édom sera un désert où personne ne passera, le repaire de toutes les bêtes impures, mauvaises, nuisibles, de toute la création — le contraire d’Eden. Cela s’accomplira à la lettre.


3.3.8 - Chapitre 35

v. 1-4. En contraste avec Édom, détruit après avoir prospéré contre Israël, nous trouvons ici la Canaan future. Après la longue discipline, Israël connaît une vie nouvelle où tout est joie, louange, puissance, magnificence, et il verra la gloire de l’Éternel. En prévision de sa venue personnelle et de son salut, les croyants affermis sont exhortés à fortifier les mains lassées et à affermir les genoux défaillants des autres (voir Hébreux 12:12). Le salut du peuple terrestre a lieu par la venue de Christ en jugement, le nôtre par sa venue en grâce.


v. 5-10. Tout ce premier livre d’Ésaïe se termine par une magnifique description des bénédictions spirituelles du millénium. Il n’y aura plus d’apparence trompeuse de bénédiction (v. 7), tout sera réel. « Le chemin de la sainteté », le chemin de Christ, conduira les rachetés à Sion, dans la joie éternelle. Ainsi en est-il déjà spirituellement pour nous, mais ce qui est vrai pour nous le sera matériellement aussi pour Israël.


4 - INTERMÈDE HISTORIQUE — Chapitres 36 à 39

Nous nous en tiendrons à une exposition très courte de cette partie historique, en rapport avec la prophétie.

Ces chapitres peuvent à cet égard se résumer comme suit.

Ézéchias est une image du Résidu fidèle, préservant Jérusalem par sa présence. Il forme comme le rempart contre l’Assyrien et le tumulte de toutes les nations.

Il est aussi le vrai Roi selon le coeur de Dieu. Mais Christ est en même temps représenté par Eliakim, préposé sur la maison du roi, qui a la clef de David, qui ouvre une porte à son peuple, porte par laquelle il peut sortir, qui ferme et nul n’ouvre, pour mettre son peuple à l’abri de toute attaque de l’ennemi. La présence de Shebna, type de l’Antichrist, n’a aucune efficace quelconque contre le Résidu de Jérusalem quand le vrai Roi, le fils de David, est là au milieu d’eux.


Mais Ézéchias nous offre, d’autre part, le type de la résurrection de Christ d’entre les morts, résurrection sans laquelle il n’y aurait aucun espoir pour le peuple. C’est un Christ ressuscité qui donne au trône de David un prolongement de vie.

Cette guérison d’Ézéchias est aussi le type de la résurrection nationale du peuple, tiré du sein de sa détresse pour former sur la terre des vivants un peuple nouveau qui louera l’Éternel. Ézéchias, comme le Résidu, reconnaît que c’est l’Éternel qui a fait toutes ces choses, souffrances, angoisse, tribulation, détresse, et que tout cela était le fait de son amour, qui l’avait retiré de la fosse de destruction et avait « jeté tous ses péchés derrière son dos », parce qu’Il avait voulu le sauver (38:10-20).

Enfin, au chapitre 39, apparaît la Babylone historique, que l’infidélité du roi déchaîne comme ennemi futur sur tout le peuple. La parole prononcée contre le roi et contre la nation est reconnue bonne par Ézéchias (le Résidu) confessant sa culpabilité. Mais il y aura paix et stabilité aussi longtemps que dureront les jours d’Ézéchias, aussi longtemps que durera le règne du vrai Roi.

Il est nécessaire, et bien instructif, de voir cette différence entre Ézéchias comme roi selon le coeur de Dieu, et Ézéchias comme personnification du Résidu.


5 - SECONDE PARTIE — Chapitres 40 à 66

Nous trouvons là encore trois divisions :


1. chapitres 40 à 48

2. chapitres 49 à 57

3. chapitres 58 à 66.


5.1 - PREMIÈRE DIVISION — Chapitres 40 à 48

L’Éternel expose et justifie ses voies à l’égard de son peuple par l’intérieur, pour ainsi dire, en rapport avec un état moral qui doit être changé pour que ce peuple soit béni selon Dieu. De là ce que l’on a appelé la controverse de Dieu avec le peuple au sujet de cet état moral.

Elle a, dans ces chapitres 40 à 48, pour thème l’idolâtrie dont Israël s’est rendu coupable, et spécialement, après le jugement tombé sur les dix tribus, Juda et Jérusalem. La source en est Babylone, mère par excellence des idoles pour toute la terre.


5.1.1 - Chapitre 40:1-11

La consolation annoncée et offerte au peuple (*).

(*) Sur la consolation, voyez 12:1; 49:13; 51:3, 12, 19; 52:9; 66:11, 13. Cf. Luc 2:25; 2 Thess. 2:16.

En fait, à cause de son refus de Christ, elle sera future. Mais elle est donnée ici comme introduction à toute la seconde partie d’Ésaïe. Cette introduction est admirablement précédée et mise en valeur par l’intermède historique des ch. 36 à 39.


v. 1, 2. Ces deux versets proclament l’aboutissement de toutes les voies de Dieu envers Israël, que l’Éternel appelle maintenant son peuple. Le moment est venu de le consoler. Le temps de détresse, la grande tribulation, est considéré comme accompli, son iniquité est acquittée, un jugement double est tombé sur Jérusalem. La colère a eu son cours sur la ville, mais elle a eu bien davantage son cours sur Christ fait péché en vue d’acquitter l’iniquité de Jérusalem.


v. 3-5. Mais avant tout l’Éternel décrit la manière dont la consolation leur sera apportée. Une voix crie pour que l’on prépare le chemin du Seigneur. C’est Jean le Baptiseur, qui aurait pu être l’Elie qui devait venir, s’il avait été reçu, et qui aurait alors rétabli toutes choses. Quoique le peuple ait rejeté le précurseur, la gloire de l’Éternel sera révélée, et toute chair ensemble la verra, car le Dieu des promesses ne change pas.


v. 6-8. Mais cette gloire ne peut être établie qu’après le jugement absolu et définitif de l’homme, qui a rejeté Jean le Baptiseur et le Messie qu’il annonçait. Ce jugement est prononcé, « mais la Parole de notre Dieu demeure à toujours ».


v. 9-11. L’Evangile est proclamé aux villes de Juda par Jérusalem au coeur de laquelle (v. 2) Dieu a parlé. Le chrétien applique tout cela aux bénédictions actuelles, le prophète juif au temps futur. Les bonnes nouvelles sont la venue du Seigneur. Elle a trois caractères : Il vient avec puissance (2 Pierre 1:16) ; Il récompense la fidélité (1 Pierre 5:4; 2 Tim. 1:18) ; Il est le grand berger des brebis (Hébreux 13:20).


5.1.2 - Chapitre 40:12-31

Nous avons là la thèse générale qui sera repris jusqu’au chap. 48.


v. 12-17. Le prophète commence par établir qui et quel est le Seigneur Éternel dont il vient de parler. Il est le Créateur souverain. Toutes les nations sont moins que le néant et le vide devant Lui (Genèse 1:2).


v. 18-25. À qui donc le comparer ? Devant Lui l’homme est comme rien (cf. 6-8). D’où la condamnation absolue de l’idolâtrie de cet être de néant.


v. 26-31. C’est la conclusion de 12-25. La force est en Lui, Il voit tout et ne se lasse jamais. Mais (v. 29) Il communique la force pour s’élever, courir et marcher, et Il l’augmente quand elle existe.


5.1.3 - Chapitre 41

Ce chapitre commence par Cyrus, le destructeur des idoles des nations, et va jusqu’à la pleine délivrance.


v. 1-7. Le contraste est frappant avec 40:29-31. Les nations sont invitées à renouveler leur force pour paraître devant Dieu. Elles s’encouragent elles-mêmes les unes les autres à être fortes, en s’adressant à leurs idoles (5-7). Est-ce donc elles qui ont suscité un homme dont la justice accompagne les pas, ou est-ce l’Éternel ?


v. 8-20. Maintenant l’Éternel se tourne vers Israël. Quelle grâce dans ces versets, quand on les compare avec ce qui est dit aux nations dans les versets 1 à 7! Dieu a appelé Jacob comme son serviteur, Abraham comme son ami. Jacob n’est qu’un vermisseau, mais son aide et sa force sont dans l’Éternel, comme en 40:26-31, en l’Éternel qui l’a choisi et qui ne l’a pas rejeté. Aussi lui dit-il : « Ne crains point … ne craint point, moi je t’aiderai » (v. 10, 13, 14; 43:1, 5; 44:2, 8). C’est la réalisation de cette parole : « Consolez mon peuple » (40:1). Il se servira de son peuple pour subjuguer les nations (15, 16). Il y aura un renouvellement pour toute la terre d’Israël, une « régénération » dans tous les sens.


v. 21-29. Une sommation est adressée aux faux dieux eux-mêmes, de venir plaider leur cause. Peuvent-ils déclarer quel est l’homme qui viendra comme juge sur les nations et comme messager de bonnes nouvelles pour Jérusalem ? Dieu ne dit pas encore son nom, pour laisser la parole aux faux dieux ; Il ne le révélera que plus tard, en 44:28 et 45:1. Personne n’a pu répondre, même parmi le peuple. Ce messager était annoncé longtemps à l’avance. Or il n’y a eu chez eux ni conseiller, ni réponse. En sorte que tous, nations et peuple de Dieu, sont également néant.


5.1.4 - Chapitre 42

v. 1-4. Mais l’Éternel a un serviteur selon son coeur. Ce n’est pas celui (Cyrus) dont la justice accompagne les pas, et qui détruit les idoles (41:2), mais Celui que l’Éternel a appelé en justice (v. 6). Ce n’est pas non plus Israël, que l’Éternel avait choisi dès le commencement, ce pauvre vermisseau coupable qu’Il rétablira, auquel ses promesses ne peuvent manquer, et auquel Il dit à cause de l’élection comme de sa fidélité à ses promesses : « Tu es mon serviteur ». C’est Christ. Si tous les hommes se sont lassés (40:30), lui ne se lassera pas. Il est lui-même l’Éternel, qui ne se lasse pas, qui ne se hâte pas (40:28). C’est lui qui établit le juste jugement (v. 4). C’est lui qui apportera et mettra en lumière le juste jugement à l’égard des nations ; c’est lui qui l’apportera en faveur de la vérité. C’est lui dans lequel l’Éternel déclare avoir trouvé son plaisir (Matt. 3:17 et 17:5), et qui ne se borne pas à être comme Cyrus un instrument dont la justice accompagne les pas. C’est lui qui correspond en toutes choses au caractère de Jésus Christ, le Fils de David (Matt. 12:18-21).


v. 5-8. C’est lui dont l’Éternel tient la main pour le garder (cf. 41:13). C’est lui qui sera l’alliance du peuple et une lumière des nations. C’est lui le libérateur. Dieu ne donnera pas sa gloire à un autre ; lui seul revêtira cette gloire, car il est Dieu. Les images taillées seront devant lui plongées dans le mépris.


v. 9. Les « premières choses », savoir le Serviteur humilié, sont maintenant arrivées ; les « nouvelles choses », c’est Christ exerçant le jugement, mais pour délivrer le Résidu.


v. 10-18. Le cantique nouveau célèbre ces gloires nouvelles de Christ, et le Résidu qui en est l’objet les proclame (cf. Ps. 40:3). Tous les bouts de la terre sont appelés à célébrer la louange de l’Éternel. Depuis longtemps le serviteur de l’Éternel était resté tranquille, avait laissé le méchant triompher en apparence (18:4). Maintenant il fait entendre le cri du combat et de la victoire, pour délivrer et restaurer le Résidu selon que ce livre l’avait annoncé (v. 16, comp. 40:4). Ceux qui se sont confiés à leurs idoles, avec lesquelles le Seigneur a procès, seront couverts de honte.


v. 19-25. Ces versets nous présentent la condition dans laquelle se trouve Israël, le serviteur de 41:8, à cause de son péché. L’Éternel avait autrefois pris son plaisir en lui en le plaçant sous une loi de justice (v. 21), mais il a été aveugle et sourd, aussi l’Éternel l’a-t-il rejeté, livré aux ennemis, à cause de son infidélité. Au v. 24 le Résidu reconnaît la justice du jugement. Seul le vrai serviteur, celui de 42:1, subsiste dans toute sa perfection au milieu de ces ruines.


5.1.5 - Chapitre 43

v. 1-7. Mais c’est en vertu de l’oeuvre de ce vrai Serviteur qu’Israël, le premier serviteur, le serviteur coupable, pourra être rétabli. « Ne crains point, lui dit l’Éternel, je t’ai racheté, tu es à moi… » Ne crains point. Oh ! comme ces paroles résonnent délicieusement aux oreilles du Résidu après tant d’infidélité, d’idolâtrie et de jugement (41:10, 13, 14) ! La meilleure raison de ne pas craindre, c’est le prix qu’Il a payé pour lui (v. 1, 3). « Je t’ai appelé par ton nom. » Ne l’avait-Il pas fait, à cause d’Israël, à l’égard d’un moindre, de Cyrus (45:3, 4) ?


Au v. 2 nous avons l’histoire du Résidu passant par l’eau et par le feu sans être submergé ou consumé. Au v. 5 nous trouvons l’assurance : « Je suis avec toi », conséquence du rachat proclamé au v. 1. Jusqu’au v. 7 se continue l’histoire du retour du Résidu pour l’établissement d’un peuple millénial formé par Dieu et appelé de son nom.


v. 8-13. La résurrection morale du peuple est annoncée. Le Résidu est désormais constitué comme un corps de témoins de l’Éternel, unis au Serviteur, Christ, qu’Il a choisi (v. 10). Toutes ces bénédictions sont basées sur la rédemption d’Israël (v. 1, 3, 14, 25 et ch. 44:6, 22, 23). Mais nous trouvons en même temps un plaidoyer contre les idoles, maintenant abandonnées (v. 10, 13).


v. 14-21. C’est comme le rédempteur d’Israël qu’il a traité Babylone, patrie des faux dieux, comme il l’a fait jadis pour l’Égypte (16-18). Les v. 19-21 parlent d’un renouvellement, pour Israël (les 10 tribus ?), du voyage à travers le désert ; ce sera une chose nouvelle (v. 19) après la délivrance de jadis, soit de l’Égypte soit de Babylone. « J’ai formé ce peuple pour moi-même, ils raconteront ma louange », dit l’Éternel (v. 21).


v. 22-28. Mais comment Israël avait-il répondu aux délivrances de jadis ? Par des infidélités et rien que des infidélités. Sa seule ressource, son seul droit, c’est la rédemption, qui remplit ces chapitres, comme elle a été mentionnée dès le ch. 1, v. 18. L’Evangile est tout entier dans le v. 25: « C’est moi, c’est moi qui efface tes transgressions à cause de moi-même ; et je ne me souviendrai pas de tes péchés ».


5.1.6 - Chapitre 44

v. 1-5. L’Éternel s’adresse à Israël comme serviteur. Il peut être reconnu tel en vertu de la rédemption, après avoir été totalement éloigné de Dieu et placé sous le jugement à cause de son infidélité (42:19). Bien plus, il est identifié, aux yeux de Dieu, avec Christ, le vrai Serviteur. Il est dit de Christ au ch. 42:1: « Je mettrai mon Esprit sur Lui », et « mon élu » ; puis : « mon serviteur que j’ai choisi » (43:10). Et il est dit ici : « Israël, que j’ai choisi… ; toi, Jeshurun, que j’ai choisi » ; et : « je verserai mon Esprit sur ta semence ». Cela est dit à la fois de Jérusalem et d’Israël. Tous seront appelés du nom de Christ et du nom d’Israël. Combien est doux ce : « Ne crains pas, mon serviteur Jacob » !


v. 6-8. L’Éternel, Christ, Roi d’Israël, son Rédempteur, revendique de nouveau son titre, comme Il revendique toute science et toute puissance vis-à-vis des idoles. Il déclare aux oreilles d’Israël devenu son témoin : « Y a-t-il un Dieu hors moi ? »


v. 9-20. Folie et néant des idoles. Et c’est à quoi Israël avait été asservi, demandant au bois dont il se chauffait de le délivrer ! (Cf. Jérémie 10:1-10).


v. 21-28. En vertu de la rédemption, Israël, qui s’était asservi aux idoles, est maintenant appelé de ce beau nom de serviteur déjà proclamé au commencement du chapitre, et il est appelé à se souvenir de ces choses, d’où il était déchu dans le paragraphe précédent. Les transgressions sont maintenant effacées, et Dieu confirme envers Israël « la parole de son serviteur », Christ annonçant (v. 23) la restauration de Jérusalem et d’Israël, quand il dira : « Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur » (Matt. 23:39). Mais déjà un accomplissement partiel va avoir lieu en vue de l’accomplissement futur annoncé à Israël. Cet accomplissement temporaire a lieu par Cyrus, annoncé nominalement d’avance, une des preuves du néant de l’idolâtrie, et qui sera le berger de l’Éternel. Il accomplira tout le bon plaisir de l’Éternel sans être lui-même, comme Christ, l’objet du bon plaisir divin (42:1). Cet accomplissement du bon plaisir de Dieu par Cyrus est montré dans les passages suivants : 41:25; 44:28; 46:11; 48:14.


5.1.7 - Chapitre 45

v.1-7. L’Éternel, qui vient de parler de Cyrus, s’adresse à lui. Il l’a suscité comme son Oint (il n’est jamais appelé serviteur) pour détruire les idoles, et Babylone qui en est l’origine. Le v. 3 présente le dessein de Dieu à son égard, personnellement. Dieu veut que Cyrus le connaisse, comme ayant été appelé nominalement par Lui. Ce fait est bien approprié à Cyrus qui ne connaissait pas l’Éternel, qui était l’instrument inconscient des desseins de Dieu, mais à qui Dieu, qui se servait de lui et l’employait, s’intéressait. Aussi se révèle-t-il à lui comme le seul Dieu créateur. Il n’y en a pas d’autre. Il suffisait de croire cela et de le mettre en pratique, de savoir que toutes choses sont sorties de sa volonté, pour lui appartenir. « Je fais la prospérité et je crée le malheur » (v. 7) : peut-être est-ce dit en opposition avec la religion perse qui enseigne l’existence d’un dieu du bien et d’un dieu du mal.


v. 8-13. La bénédiction millénaire est réalisée en type par l’avènement de Cyrus. Par lui la justice germe et « les nuages la font ruisseler ». Mais les instruments inconscients que Dieu emploie n’ont aucun droit de contester avec Lui. Seul Dieu le suscite en justice, rend droites ses voies, et les destine à rebâtir Jérusalem et à libérer les captifs de Babylone.


v. 14-17. Le discours prophétique passe de Cyrus à Israël : la transition se fait au v. 14, quand les nations vaincues disent : « Certainement Dieu est au milieu de toi ; il n’y en a pas d’autre, point d’autre Dieu … » Elles le reconnaissent comme « le Dieu d’Israël, le sauveur ». Elles seront confuses de leurs idoles. Et penser qu’Israël les a adorées ! Quelle confusion ! Mais alors Israël sera sauvé, d’un salut éternel, et n’aura plus honte ni ne sera confus, aux siècles des siècles.


v. 18, 19. Dans tous ces versets Dieu insiste sur le fait qu’« il n’y en a pas d’autre » (v. 5, 14, 18, 22) (*) . Il est le Dieu créateur, et il montre comment la création a été ordonnée et la terre formée. Il est « l’Éternel parlant justice ». En fait, c’est Christ : tout ce chapitre est la revendication devant Cyrus et les nations du Dieu d’Israël, de Christ, comme seul Dieu, Créateur — ce que les nations auraient dû reconnaître (Rom. 1:20) et qu’elles reconnaîtront plus tard pour être sauvées.

(*) Cf. 46:9. En 47:8-10, c’est Babylone qui, dans son orgueil, s’est élevée contre Dieu et s’est mise à sa place ! et tout en parlant ainsi s’est avilie au culte des idoles après avoir commencé par le culte d’elle-même.

v. 20-25. Nous trouvons effectivement ici le caractère qu’aura la foi du Résidu des nations, car tout cela est un plaidoyer avec les nations auxquelles Cyrus, le seul d’entre elles qui eût l’idolâtrie en abomination, sert de type. Ce Résidu (les « réchappés des nations ») reconnaîtra le seul Dieu Créateur, Celui dont la Parole prononcée d’avance est certaine (Rom. 14:11), un Dieu juste et sauveur (v. 21). Elles se tourneront vers Lui pour être sauvées. C’est à Lui que les nations viendront (v. 24), c’est en Lui qu’Israël se glorifiera (v. 25).


5.1.8 - Chapitre 46

v. 1, 2. Un effet de la chute de Babylone est que les idoles chargées sur des bêtes de somme n’ont pu se sauver. Les hommes pas plus que le bétail n’ont pu sauver leur fardeau.


v. 3-11. Après avoir établi, devant le néant des faux dieux, qu’il n’y a pas d’autre Dieu que Lui, l’Éternel s’adresse maintenant à la maison de Jacob et leur dit : « Écoutez-moi ». C’est la grande parole qui domine tous les chapitres après celui-ci (cf. 46:3, 12; 48:1; 49:1; 51:1, 7). Lui seul a le droit d’être écouté. Les bêtes ni les hommes n’ont pu porter les idoles, ces dernières n’ont pu empêcher leurs adorateurs d’aller en captivité, mais Dieu a porté Israël avant même sa naissance. Il est le Même, Il n’a pas changé dès lors, et Il les portera jusqu’aux cheveux blancs. Il les chargera sur lui et les délivrera. Tout cela en contraste avec les faux dieux. Que peuvent-ils ? Quant à Dieu, Il s’affirme par Lui-même. Lui seul peut se révéler. Lui seul peut déclarer la fin dès le commencement. Lui seul peut faire naître ce qui n’existait pas. C’est ainsi qu’Il a appelé Cyrus, l’homme de son conseil, comme un oiseau de proie sur les nations (v. 11).


v. 12, 13. Et maintenant Dieu déclare l’accomplissement partiel de ses conseils par Cyrus, avant-goût de la bénédiction définitive pour Israël. La justice s’est approchée. Le Seigneur va mettre le salut en Sion, et sur Israël la gloire.


5.1.9 - Chapitre 47

v. 1-4. La ruine de Babylone est annoncée ; elle sera dépouillée et honteuse. Mais au milieu de cette ruine on entend un chant lointain, de toute beauté, parti de la terre d’Israël : c’est le v. 4. Plus de faux dieux, l’Éternel seul est reconnu ! Il est le Rédempteur tel qu’il s’est révélé dans tous ces chapitres. Il est l’Éternel des armées, le Saint d’Israël. La relation d’Israël avec lui est retrouvée.


v. 5-11. Le procès contre Babylone continue. Elle n’avait pas compris le but de Dieu, quand il livrait Israël en sa main. Elle s’était enorgueillie, disant : « Je serai maîtresse pour toujours » (v. 7). Bien plus, elle s’était élevée contre Dieu et avait déclaré être Dieu elle-même : « C’est moi, et il n’y en a pas d’autre ». Quelle profanation ! La mère des idoles, des abominations, parler ainsi ! Une telle pensée n’est autre chose que l’apostasie finale. La Babylone du passé reporte à la Babylone de la fin. Comme est venu « en un instant » le jugement sur Babylone, ainsi il viendra « en une seule heure » sur la Babylone apocalyptique (Apoc. 18:10), que ce soit la prospérité commerçante du monde chrétien, que ce soit son caractère d’apostasie idolâtre sous l’Antichrist.


v. 12-15. Tous ses sages, ses conseillers, ses devins, toute sa prétendue religion qui remplaçait Dieu par la fausse religion de l’homme, auront disparu en un moment.

Il faut noter le rôle que Babylone joue dans cette deuxième partie d’Ésaïe, en accord avec la prédiction du chapitre 39, tandis que la première partie est remplie de l’Assyrien. Du moment que le procès de l’idolâtrie commence, c’est Babylone qui est en vue.


5.1.10 - Chapitre 48

Après la charge de Babylone idolâtre au ch. 47, vient celle de Juda comme étant le seul qui reste encore de la maison de Jacob.


v. 1-8. En contraste avec Babylone, Juda se réclame du Dieu d’Israël, mais c’est une profession sans vérité ni justice. On prend le nom de la ville sainte et le nom de l’Éternel des armées. C’est une profession sans aucune réalité. Aussi Dieu les assimile-t-il à Babylone à laquelle Il avait annoncé sa prise par Cyrus avant même que ce dernier fût connu par son nom. Il a agi envers Jérusalem sur le même principe, afin que celle-ci ne dise pas : « Mon idole a fait et ordonné ces choses ». On voit ici Juda associant sans vergogne ses idoles à la profession du culte du vrai Dieu. N’en est-il pas de même de la chrétienté ? Est-elle meilleure que Juda ? Dès le début Israël était obstiné, de cou roide, perfide et transgresseur (Exode 32:9; 33:3 – 34:9). Ce qui rendait l’état d’Israël si grave c’est que dès le début l’idolâtrie marchait de pair avec la profession religieuse.


v. 9-16. Dieu déclare qu’il retient sa colère méritée, qu’il a trouvé le moyen de ne pas retrancher définitivement Israël. Il le purifiera au creuset de l’affliction (v. 10; Zach. 13:9; Ps. 66:10; Ézéch. 22:20-22). Ce sera le moyen de ne pas donner sa gloire à un autre (cf. 42:8). Par le fait de la purification par le creuset, ce misérable peuple se trouve ainsi le dépositaire, comme Christ lui-même, de la gloire de Dieu. Encore une fois Dieu mentionne Cyrus comme son témoin pour frapper et détruire l’idolâtrie. Il l’appelle même « celui que l’Éternel a aimé », dans le sens de lui confier une mission et de le faire jouir de sa faveur.


v. 17-19. Ici s’exprime la douleur de Celui qui a tant aimé ce peuple. C’est comme la douleur de Jésus pleurant sur Jérusalem, en Luc 19:41-44 et Matthieu 23:37-39, comme dans ce dernier passage, Dieu s’adresse à ce peuple infidèle comme son Rédempteur. Mais il y aura un Résidu formé au milieu de l’épreuve et des jugements. L’Éternel le rachètera et lui montrera à travers les jugements le chemin où il doit marcher, tandis que le gros de la nation sera retranché et détruit de devant Lui.


v. 20-21. Le rachat d’Israël étant opéré et le coeur de ce peuple ramené à Dieu par la repentance, voici ce qui reste à faire : sortir de Babylone avec une voix de chant de joie, déclarer être l’objet de la rédemption, considérer le monde à travers lequel Dieu nous conduit comme un désert, mais où l’on jouit de toute la faveur de Dieu.


v. 22. En contraste avec cette position bénie, « il n’y a pas de paix, dit l’Éternel, pour les méchants ». Cf. 57:21 et Ps. 37:37.


5.2 - Résume des chapitres 40 à 48, par J. N. D.


Sujet : l’Éternel seul Dieu — Israël peuple élu et serviteur formé pour sa louange — Babylone et l’idolâtrie, oppresseur d’Israël — Cyrus leur libérateur actuel mais type d’une délivrance future par Christ lui-même et qui agira justement, ne donnant aucune paix au méchant, sinon il ne serait pas juste. L’Éternel et Israël sont mis en contraste avec l’idolâtrie (n’est-ce pas aussi l’Apocalypse ?). Cyrus est l’instrument de bénédiction actuel, mais l’Éternel qui a jugé Israël pour son péché le bénira maintenant en vue de Sa propre gloire.

Après avoir proclamé ce jugement général et son résultat, le prophète va introduire d’une manière plus distincte et plus détaillée Christ et la relation d’Israël avec Lui.


5.3 - DEUXIÈME DIVISION — Chapitres 49 à 57


Controverse de Dieu avec les Juifs au sujet du rejet de son Fils.


5.3.1 - Chapitre 49

v. 1-4. Au chapitre 48:12 Dieu disait : « Écoute-moi, Israël ». Ici, c’est Israël qui dit : « Écoutez-moi, îles, et soyez attentives, peuplades lointaines », — vous les nations. Il fait le tableau de ce qu’il est selon les conseils de Dieu. Il a été « appelé dès le ventre ». S’il s’agit de Christ, vrai Israël, Dieu l’a « formé dès le ventre » (v. 5), mais dans un cas comme dans l’autre Dieu identifie dans ses conseils Israël avec Christ. Il s’agit maintenant du peuple. Dieu lui dit : « Tu es mon serviteur, Israël, en qui je me glorifierai ». Cette identification d’Israël serviteur avec Christ est déjà notée en 41:8 et 42:1-9. Mais voici au v. 4 que tous ces conseils sont frustrés quand paraît le Messie, Christ, le vrai Israël, le vrai serviteur. Il est obligé de dire : « J’ai (durement) travaillé en vain » (nous, chrétiens, nous sommes exhortés à ne pas faire comme Israël, à ne pas avoir reçu la grâce de Dieu en vain, 2 Cor. 6:1). « Toutefois, ajoute-t-il, mon jugement est par devers l’Éternel, et mon oeuvre par devers mon Dieu ». C’est son Dieu qui l’apprécie, c’est son Dieu qui juge de son oeuvre. Il s’en remet entièrement, malgré le néant apparent de son effort, à l’appréciation de Dieu pour lequel comme serviteur il a entrepris cette oeuvre.


v. 5-6. Maintenant l’Éternel parle (mais aussi Christ en même temps, montrant ainsi que Dieu et Christ serviteur, homme, sont identiques, dans une même pensée). Christ dit : Quoiqu’il n’y ait aucun résultat apparent de mon oeuvre, l’Éternel m’appréciera et me glorifiera pour l’avoir faite, ayant eu ma force en Dieu pour la faire. Cela lui suffit pleinement, en dehors de tout résultat de son service. Mais l’Éternel lui dit : Ton service envers le Résidu d’Israël est peu de chose, « je te donnerai aussi pour être une lumière des nations, pour être mon salut jusqu’au bout de la terre » (v. 6). C’est le ministère de Paul (Actes 13:47) pour un appel céleste des nations, mais ce sera aussi pleinement réalisé sur la terre dans le millénium.


v. 7-13. Comme Christ serviteur sera la lumière des nations (v. 6), il sera aussi (après avoir été, comme homme, méprisé, abhorré, après avoir été serviteur de ceux qui dominent), secouru de Dieu au jour du salut pour être une alliance du peuple et ramener les tribus des bouts de la terre. Ce sera le jour où l’Éternel consolera son peuple (v. 13), car lors de la mission du précurseur (40:1), il a refusé d’être consolé. Cette consolation ne se trouvera pour Israël que dans la restauration finale.


v. 14-21. Le Seigneur console Sion et répond à son découragement en lui montrant que les fils qu’elle a eus lorsqu’elle était privée d’enfants et que Lui était devenu lumière des nations lui diront encore : Fais-moi place. Il s’agit ici du caractère futur qu’auront les nations milléniales envers Israël. Qui avait donc élevé ces fils quand Sion était laissée seule ?


v. 22-26. Mais ces nations mêmes deviendront, avec leurs rois, les pères nourriciers du peuple lors de sa réintégration dans son pays comme peuple de l’Éternel. Israël sera enlevé à l’homme fort, (à Satan ?) qui s’était emparé de lui. L’Éternel jugera leurs ennemis, et le monde entier saura que le Puissant de Jacob est le Sauveur et le Rédempteur de son peuple, caractère qu’Il prend dans tous ces chapitres.


5.3.2 - Chapitre 50

v. 1. Et maintenant le Seigneur adresse des questions à son peuple. En premier lieu : Pourquoi votre mère a-t-elle été renvoyée ? Dieu avait le droit de rompre son alliance si la nation ne lui plaisait pas (Deut. 24:1) ; mais non, c’est Israël qui avait rompu le lien par l’adultère. Dieu avait-il des créanciers qu’il dût satisfaire en leur vendant Israël ? Non, c’est leurs péchés qui les avaient rendus esclaves de Satan. Tout le mal vient donc de l’homme.


v. 2-3. Mais les choses étant telles, Dieu était venu, avait appelé. Comment avaient-ils répondu ? Personne. Leur silence était combien méprisant pour le Dieu d’amour dont ils avaient vu les merveilles en Égypte. Dieu était venu pour les chercher, et il n’avait trouvé personne…


v. 4-11. Mais que dis-je ? Dieu avait trouvé quelqu’un : un homme, un homme auquel il avait « donné la langue des savants pour soutenir par une parole celui qui est las » (cf. 40:29), le pauvre Résidu de son choix. Lui est devenu le modèle du vrai Résidu. Réveillé chaque matin pour écouter, pour être enseigné comme le Résidu, l’Éternel lui a ouvert l’oreille pour entendre et obéir. Il a volontairement supporté les injures de la part des hommes. Il a compté absolument sur l’aide et le secours de l’Éternel. Il est allé jusqu’au bout, dressant résolument sa face quand il allait pour rencontrer l’opprobre. C’est pourquoi il a pu dire : « Mais le Seigneur l’Éternel m’aidera : c’est pourquoi je ne serai pas confondu ; c’est pourquoi j’ai dressé ma face comme un caillou, et je sais que je ne serai pas confus. Celui qui me justifie est proche : qui contestera avec moi ? — tenons-nous là ensemble. Qui plaidera contre moi en jugement ? — qu’il s’approche de moi ». Il donne ainsi un modèle au Résidu pour dire la même chose, et à nous aussi (Rom. 8:33-39). Tout ce passage contient l’humiliation de Christ, sa place de dépendance en contraste avec sa divinité et sa toute puissance (v. 2-3), et en même temps le modèle parfait qu’Il en laisse aux siens, au Résidu selon Dieu. Le ch. 53 lui, parle de l’expiation.


v. 10-11. Nous trouvons ici les premiers mots de la série des « Écoutez-moi » qui se termine à 51:8. Le Résidu caractérisé par la crainte de l’Éternel (c’est en effet son trait distinctif) est exhorté à se confier en son nom et à s’appuyer sur lui, comme l’a fait le serviteur dont nous venons d’avoir le portrait. Qu’il se confie dans le nom de l’Éternel, ce pauvre Résidu qui marche dans les ténèbres et n’a pas de lumière, et qui le confesse humblement, mais qui craint l’Éternel et qui fait attention à la voix de son Serviteur (42:1 ; 49:5). Il contraste avec ceux qui après avoir allumé un feu croient y voir, et qui en seront dévorés, ayant allumé eux-mêmes leur jugement.


5.3.3 - Chapitre 51

Depuis le v. 10 du chapitre 50 jusqu’au v. 8 du 51 nous avons l’oeuvre qui précède dans le coeur du Résidu, enseigné par le parfait serviteur comme modèle, la reconnaissance du Messie autrefois rejeté (ch. 53).


v. 1-3. « Écoutez-moi » : c’est le Serviteur qui parle (50:10). Comme Résidu ils sont un petit nombre, sans lumière, mais ils poursuivent la justice, étant remplis du désir de l’acquérir. Le Serviteur les exhorte à considérer Abraham dont ils sont les vrais enfants. Il était seul quand il a été appelé. N’est-ce pas aussi leur condition actuelle ? Cependant comme lui ils seront multipliés. L’Éternel n’a-t-il pas promis qu’Il consolerait son peuple, et Sion ? Les voilà rattachés à Jésus. Réduits à l’état de désert, ils retrouveront Eden, le paradis, la joie, les louanges et les cantiques.


v. 4-6. Un second appel à écouter est adressé au Résidu par le Serviteur modèle. Il établira son jugement pour une lumière des peuples, selon 49:6. Sa justice n’est pas encore arrivée, elle est proche, de même son salut qui est sorti et aura bientôt atteint son but. Il annonce que les nations, et non pas seulement ces quelques-uns du Résidu, s’attendront à Son intervention. Les cieux et la terre disparaîtront, selon 2 Pierre 3:10, les « hommes qui habitent sur la terre », selon Apocalypse, mourront, mais son salut et sa justice dureront éternellement. Voyez encore v. 8 et 56:1.


v. 7-8. Le dernier « Écoutez-moi ». Le Résidu est enfin sorti de la période de préparation. Il connaît la justice, et la loi est dans son coeur (voyez Hébreux 8:10-11). Ils connaissent le Serviteur qui les exhorte à ne pas craindre l’opprobre, ni les outrages des hommes ; ne les a-t-il pas traversés, Lui (50:6) ? Leurs ennemis seront la proie des vers, mais alors sa justice et son salut ne seront plus en chemin, ils seront établis à toujours.

Maintenant, du v. 9 à 52:6, nous trouvons une seconde série d’appels caractérisée par ces mots : « Réveille-toi ».


v. 9-16. Le Résidu étant désormais pleinement formé, s’adresse avec une entière confiance à l’Éternel. Il peut faire appel à sa puissance et dire : « Réveille-toi, réveille-toi ». Il retourne à la délivrance d’autrefois, quand Dieu fit sortir son peuple d’Égypte. C’est pour lui le gage assuré que le Résidu reviendra à Sion, quand « une joie éternelle sera sur leur tête », parole caractéristique de la bénédiction millénaire (35:10). Enfin le peuple sera consolé. C’est ainsi que l’Éternel répond à l’appel du Résidu. Au ch. 50:1, si Israël avait écouté, à la venue du Messie, le temps étant accompli, l’Éternel aurait ordonné la consolation. Au 49:13, à la rentrée de tous les rachetés d’Israël la consolation que l’Éternel accorde à son peuple sera proclamée. Au 51:3 nous trouvons la consolation de Sion, au 51:12 la consolation du Résidu.

Ce dernier a-t-il à craindre en traversant la tribulation ? Nullement ; il peut compter sur l’Éternel qui a mis ses paroles dans la bouche de son Serviteur, Celui qu’Il a protégé, par lequel Il a établi les cieux et la terre et par lequel Il dit à Sion : « Tu es mon peuple » (v. 16).


v. 17-23. C’est maintenant l’Éternel qui dit à Jérusalem : « Réveille-toi, lève-toi ». Le moment de la résurrection de la ville bien-aimée est arrivé. Il lui rappelle toutes ses infidélités qui l’ont obligé à lui faire boire la coupe d’étourdissement. Mais maintenant Dieu plaide la cause de son peuple, comme il le lui avait proposé en 1:18-20. Mais de quelle manière la consolera-t-il ? En mettant cette coupe d’étourdissement dans la main de ceux qui affligent Jérusalem (Zach. 12:2).


5.3.4 - Chapitre 52:1-12

v. 1-6. Un troisième « Réveille-toi » est adressé à Sion. Il y a ici une gradation. Au 51:9 le Résidu demandait au bras de l’Éternel de se revêtir de force ; ici Sion est appelée à se revêtir de sa propre force. Le terme pour « force » est oz, c’est-à-dire la force qui est en Dieu. Tels sont ses vêtements de parure. Elle est la ville sainte, où l’impur n’entre pas (cf. Apoc. 21:27), dans laquelle Dieu habite. Dieu lui rappelle son infidélité. Elle s’est vendue au monde sans en rien retirer. L’Éternel la rachètera sans argent, par pure grâce. En ce jour-là le peuple de l’Éternel connaîtra le nom de son Sauveur, il entendra ces paroles de sa bouche : « Me voici ». Cette parole est, comme pour nous chrétiens, la terminaison de tout, le comble de la bénédiction.


v. 7-12. Nous avons vu que depuis le chapitre 40 l’Éternel est le Consolateur, le Sauveur, le Rédempteur. Toute la bénédiction contenue dans ce chapitre et les précédents en découle. C’est pour Israël la grâce absolue, car ils s’étaient vendus pour rien. Nous trouvons dans les versets 6, 7, 8, la triple bénédiction qui résulte de cette oeuvre pour Israël : « Me voici » — « ton Dieu règne » — « elles verront face à face » (cf. Apoc. 22:4). Mais qu’ils sont beaux les pieds de celui qui apporte ces bonnes nouvelles (Rom. 10:15). Ils annoncent la paix, le bonheur, le salut. Le Seigneur emploie le Résidu, ses messagers, pour annoncer ces choses à Sion ; ils sont ses sentinelles, toujours en éveil pour guetter le moment qui ne tardera pas à arriver. L’heure de la restauration de Sion a vraiment sonné. Tous les bouts de la terre vont voir le salut du Dieu d’Israël. La consolation annoncée en 51:12, 19, est maintenant venue. Comme dans tous les chapitres précédents nous trouvons ici le rachat et le salut.


Aux v. 11 et 12 vient l’appel à sortir de Babylone. Sortir ; c’est ce que la foi fait toujours (Gen. 12:1; Actes 7:3; Héb. 11:8; 13:13; Ex. 33:7). Ici il s’agit de Babylone (cf. 48:20, 21; Jér. 50:8; 51:6, 45), et c’est aussi l’appel adressé à nous chrétiens : 2 Cor. 6:17; Apoc. 18:4. Ceux qui portent les vases de l’Éternel, les Lévites fils de Kehath, doivent sortir, comme cela a eu lieu peu après sous Cyrus (Esdras 1:7, 11), comme cela aura lieu à la fin et qui nous touche encore plus, nous chrétiens, que le Résidu d’Israël. En contraste avec la sortie d’Égypte, mais plutôt identifiée avec le retour sous Cyrus, cette sortie future ne se fera pas avec précipitation (v. 12).


5.3.5 - Chapitre 52:13-15 et 53

Nous rentrons ici dans la pensée de Dieu quant à Christ serviteur, en contraste avec Israël serviteur (*). Noter le très important entretien entre divers interlocuteurs dans ce passage : 52:13-15, Dieu parle ; 53:1, le prophète parle ; 2-6, le Résidu parle ; 7-9, Dieu parle ; 10-11, le prophète, peut-être Israël, parle ; 11-12, Dieu parle.

(*) Sur Christ serviteur, 42:1; 49:5; 53:11. Sur Israël serviteur, répétons : 41:8, 9; 42:19; 43:10; 44:1, 2, 21; 45:4; 49:3; 54:17. Mais Nébucadnetsar est aussi appelé serviteur (Jér. 27:6), tandis que Cyrus est appelé le Berger, l’oint, l’homme du conseil de Dieu, l’appui.

52 : v. 13-15. Le contraste est saisissant entre l’humiliation du Serviteur, de l’homme de souffrances d’autrefois, et son exaltation future aux yeux de tous ceux qui dominent (voyez 49:7), mais contraste aussi entre son rejet, inconnu et souffrant au milieu de son peuple, et son acceptation de la part des nations, par l’Evangile (Rom. 15:21).


53 : v. 1-3. La parole prophétique à son égard n’a trouvé que des incrédules et ces choses ont été cachées aux yeux des hommes (v. 1; Rom. 10:16). Il est la racine et la postérité de David, et Il se présente comme portant dans sa personne les conséquences de l’infidélité de la maison de David (v. 2), bien plus, comme l’objet du mépris de ceux qu’Il venait sauver (v. 3). L’homme de douleurs ne rencontre que haine, mépris, souffrance, de leur part. Mais voici qu’enfin le Résidu ayant les yeux ouverts reconnaît son péché dans une humiliation profonde : « Nous n’avons eu pour lui aucune estime ».


v. 4-12. Bien plus, ce Résidu comprend une seconde chose, — le but de Dieu en l’envoyant. Ce but était l’amour. Ils comprennent l’amour, l’amour en Christ, l’amour en Dieu. Leurs iniquités avaient attiré le coeur d’un Dieu sauveur. Ils voient le moyen par lequel Il les guérissait dans sa vie (Matt. 8:17) et par lequel Il les a guéris dans sa mort. Quel contraste entre leur chemin, que chacun a suivi comme des brebis errantes (v. 6) et son chemin à Lui (v. 7) ! Son silence était le résultat d’une profonde et absolue détermination de se livrer en obéissance, pour la gloire de Dieu (v. 7; Lam. 3:28; Ps. 38:13-15).

Aussi son sacrifice a porté une conséquence immédiate. Il a été avec le riche dans sa mort (v. 9). Maintenant le prophète (ou le Résidu qu’il représente) considère le résultat de son sacrifice. S’il plut à Dieu, s’il convenait, comme répondant à la volonté divine, de le meurtrir, il jouira enfin pleinement du travail de son âme, quand Il se reposera dans son amour (Soph. 3:17).


Les v. 11 et 12 reviennent aux conséquences merveilleuses du sacrifice et de la mort de Christ (compté comme transgresseur en mourant pour les trangresseurs) en faveur du Résidu.


Nous ne pouvons entrer dans le détail de ce merveilleux chapitre que dans la mesure de son application immédiate au Résidu d’Israël.


5.3.6 - Chapitre 54

v. 1-10. Jérusalem est appelée à se réjouir, à éclater en chants de triomphe. Cela est basé, comme tous ces chapitres et spécialement le chapitre 53, sur la rédemption. Dieu s’appelle maintenant « ton Rédempteur, l’Éternel » (v. 8). Stérile, désolée, abandonnée, tout cela a pris fin. Jérusalem se voit maintenant des enfants nés pendant son abandon (49:18-21), beaucoup plus nombreux que lorsqu’elle n’était pas rejetée. Maintenant Jérusalem est devenue la Jérusalem d’en haut, c’est-à-dire fondée sur la grâce et non sur la loi. Elle est devenue notre mère, à nous pris d’entre les nations et établis non sur la loi mais comme elle sur la grâce divine (Galates 4:24-27). Jérusalem est appelée maintenant à élargir le lieu de sa tente, comme cela lui était prédit en 33:20. Cette épouse de la jeunesse (v. 6; Jérémie 2:2) que Dieu avait méprisée, il va la rassembler avec de grandes compassions. L’abandon n’a duré qu’un moment, la bonté sur elle sera éternelle, l’alliance de paix avec elle ne sera pas ébranlée.


v. 11-17. Ces versets célèbrent la gloire terrestre de Jérusalem, correspondant à la gloire céleste de l’Eglise, nouvelle Jérusalem (Apoc. 21:18-21). La paix et la justice la caractérisent désormais. Toutes les nations assemblées contre elle seront détruites. Nous sommes amenés ainsi, comme dans les Psaumes, au seuil du millénium, à l’aube des bénédictions, mais qui sont encore promises.


5.3.7 - Chapitre 55

Les chapitres 55 et 56 sont, à la suite de l’oeuvre rédemptrice présentée en 53 et 54, l’appel de l’Evangile à toute âme, mais dans le sens de la loi, comme le Résidu aura à le recevoir. Il suppose toujours une certaine capacité de l’homme. De fait l’Evangile de la grâce absolue dit aussi : Venez, mais produit par la foi ce qu’il demande. Ici, c’est : Venez, écoutez (v. 1-3), cherchez, invoquez (v. 6), abandonnez, retournez (v. 7), gardez, pratiquez (56:1).


v. 1-3. Ceux que Dieu appelle ainsi ont deux caractères : ils ont soif et ils n’ont pas d’argent. Ils n’ont pas le moyen d’acquérir ce dont pourtant ils ont un pressant besoin. Les eaux auxquelles ils sont conviés (v. 1) sont celles du Rocher frappé (Ex. 17:6), le vin et le lait représentent ce qui donne la joie et une nourriture complète par la Parole de Dieu (Ps. 104:15; 1 Pierre 2:2). Jusqu’ici l’homme a cru pouvoir acquérir le pain, ce qui soutient son coeur (Ps. 104:15) et par ses moyens et son travail.

Le « Écoutez-moi » s’adresse (v. 2, 3) maintenant non plus au Résidu comme au chapitre 51, mais à tous, car c’est pour tous que la prophétie a été donnée. S’ils entendent, la nouvelle alliance est pour eux, les grâces assurées de David (Ps. 89:33-39 ; Actes 13:34), ces grâces fondées sur la mort et la résurrection de Christ.


v. 4, 5. Dieu déclare qu’il a donné toute puissance sur les nations à Christ. C’est en vertu de cela que « tu (probablement le Messie) appelleras une nation que tu n’as pas connue », alors qu’il avait été envoyé aux brebis perdues d’Israël ; une nation qui ne le connaît pas accourra vers lui, à cause de Dieu qui a glorifié le Fils de David, le Messie.


v. 6-13. L’appel de l’Evangile continue, s’adressant à tous, pendant qu’on peut trouver le Sauveur. C’est le pur évangile, un pardon abondant promis à quiconque s’adresse à Lui. La Parole de Dieu est ce qui apporte toutes ces bénédictions (v. 11). Elle apporte la joie et la paix, accompagnées des prospérités millénaires, au lieu des malédictions, fruit de l’infidélité du peuple.


5.3.8 - Chapitre 56

Les chapitres 55 à 57 se relient proprement à tout l’ordre de pensées commençant au chapitre 49 et interrompu au 52:12 pour parler, en 52:13 à 53, de l’oeuvre expiatoire pour tous et non (53:11, 12) pour Israël seulement, puis, au chapitre 54, présenter le résultat béni de cette oeuvre pour Israël-Résidu. Viennent alors ces chapitres 55 à 57, avec, d’abord, l’appel à tous ceux qui ont soif, comme en Jean 7:37; si cet appel qui présente aux âmes Christ et la Parole (55) est écouté, il aura son résultat assuré pour tous mais particulièrement pour Israël en bénédiction millénaire. Il s’agit donc d’écouter et de recevoir. Nous reprenons le fil avec le chapitre 56.


v. 1-8. D’abord, comme en 51:5, 6, 8, le salut est près de venir, la justice révélée pour le Résidu (v. 1, 2), mais de plus les étrangers ont leur place s’ils s’attachent à l’Éternel, à sa montagne sainte et au temple (v. 7), devenu une maison de prières pour tous les peuples. De même, les eunuques, privés de toute postérité, trouveront la bénédictine, car si leur nom ne peut être transmis à d’autres, il ne peut non plus être retranché, il sera éternel (v. 3-5). Les exilés d’Israël seront ainsi complétés par les nations (v. 6-8).


v. 9-12. Mais Dieu revient aux conducteurs du peuple, les accusant de chercher chacun leur propre chemin, tandis que les convertis ont reconnu l’horreur de leur propre chemin (53:6) dont ils ont été délivrés en voyant Christ chargé de leur iniquité. Ici, ces pauvres bergers qui comptent sur un lendemain où ils puissent assouvir leurs convoitises sont voués à la ruine ; chiens muets quand il s’agit des intérêts des âmes, chiens voraces pour les dévorer, ils seront dévorés eux-mêmes (Zach. 11:3).


5.3.9 - Chapitre 57

v. 1, 2. La condition des justes sous le régime de ces mauvais bergers (56:9-12) est ici dépeinte. Mais cette condition est une grâce. Les justes sont recueillis avant que le jugement arrive. Tels seront les croyants du Résidu sous l’Antichrist, tels sont les chrétiens qui délogent dans le jour actuel. Ils entrent dans la paix et le repos, comme résultat de leur justice pratique. Leur mort n’est nullement un jugement. Cela est d’autant plus important à proclamer si l’on pense à l’Écrit d’Ézéchias (38:10-20).


v. 3-9. Condamnation du peuple idolâtre des temps de la fin, sectateur de l’Antichrist, du Roi (cf. 30:33) qu’il a reconnu comme oint et auquel il a rendu hommage.


v. 10-14. L’accusation contre le peuple apostat continue. Il n’a nullement pris à coeur de se souvenir de l’Éternel. Celui-ci gardait le silence en signe de désapprobation et d’attente (cf. 18:4), et ce peuple n’y a pas vu un sujet de crainte. Ceux qu’il avait rassemblés, envoyant ses messagers au loin (v. 9), ne pourront délivrer ces coupables au jour du jugement, mais (v. 13) comme nous l’avons vu en 56:7, quiconque même d’entre les nations se confiera en Lui héritera de la montagne sainte. Le moment est arrivé où enfin le chemin sera aplani et préparé pour un peuple bien disposé (40:3,4).


v. 15-20. Nous voici revenus à la bénédiction finale sous le règne glorieux du Messie, l’Oint de l’Éternel. Il habite en haut, dans « le lieu haut élevé et saint », mais il habite aussi « avec celui qui est abattu et d’un esprit contrit, pour revivifier l’esprit de ceux qui sont contrits, et pour revivifier le coeur de ceux qui sont abattus ». Ce sont ceux du Résidu. Ils vivaient sur le même pied que les iniques (v. 17, 18) mais l’Éternel a eu pitié d’eux, et ils se sont repentis. La consolation du chapitre 40 est maintenant acquise pour tous ceux qui sont dans ces conditions.

Il y en a qui restent. Ils sont éprouvés par le deuil, humiliés. Ils jugent en quoi ils ont marché dans le chemin de leur coeur. Le résultat est infiniment béni : guérison, direction, consolation, louange, fruit des lèvres, paix, paix, avant qu’on entre dans le repos.

Les méchants, eux, sont toujours agités, et ils vomissent l’écume de leurs infamies. Dieu répète, comme en 48:22 : « Il n’y a pas de paix pour les méchants » (v. 21). C’est ainsi que se termine leur sort, sans rémission possible (Ps. 37:38).


5.4 - TROISIÈME DIVISION — Chapitres 58 à 66


Dans cette conclusion de tout le livre est montrée la glorieuse élévation des pensées et des voies de Dieu (55:8), avec, pour aboutissement, « l’année de la faveur de l’Éternel et le jour de la vengeance de notre Dieu » (61:2).


5.4.1 - Première série : chapitres 58 à 60

5.4.1.1 - Chapitre 58

v. 1-3. Le prophète est maintenant appelé de Dieu à déclarer ouvertement et comme une dernière fois au peuple leur transgression. Elle consiste, chose plus grave que tout le reste, en une profession, affirmée comme si le mal n’existait pas. Ils sont tous étonnés qu’ayant pris plaisir « à connaître les voies de Dieu », et « demandé les ordonnances de la justice », Dieu n’écoute pas. Trouver du « plaisir à s’approcher de Dieu » et chercher son propre plaisir et son propre intérêt peut fort bien s’allier ensemble.


v. 3-7. Il en est de même du jeûne. Il y a un jeûne selon l’homme et un jeûne selon Dieu. Le jeûne selon l’homme admet en même temps les contestations, les querelles, les méchancetés et la recherche de son plaisir ; le jeûne selon Dieu est un jour où l’homme afflige son âme. Le vrai jeûne, celui que Dieu a choisi, consiste à rompre avec l’iniquité et à se délivrer de tout joug, à pratiquer la charité, à donner aide aux affligés ; c’est la compassion et la libéralité.


v. 8-12. Les conséquences d’un vrai jeûne se réaliseront pour le Résidu en lumière, en justice, en exaucement ; l’Éternel conduira, rassasiera, fera prospérer spirituellement, restaurera et bénira le fidèle et sa famille.


V. 13, 14. Outre le jeûne, une seconde chose caractérise le Résidu, c’est l’observation du sabbat, selon la pensée de Dieu. Il se séparera entièrement des professants qui dans ce saint jour font leur plaisir ; il y trouve ses délices parce qu’il trouve ses délices en l’Elernel qui l’a institué pour signe de l’alliance avec son peuple.


5.4.1.2 - Chapitre 59

v. 1-8. Dieu n’a pas changé (v. 1), mais nous avons au v. 2 dans les iniquités de l’homme le principe de la rupture de toute relation entre lui et Dieu. Les v. 3 à 5 donnent le détail, en douze points, des iniquités du peuple coupable ; aux v. 5 et 6 nous trouvons ce qu’ils enfantent et ce dont ils cherchent à se couvrir ; aux v. 7 et 8 leur marche, leurs pensées, leurs voies ; c’est le terrible tableau rappelé en Rom. 3:16, 17.


v. 9-15. Les ténèbres en sont la conséquence (9, 10). Le peuple est livré au désespoir. Il n’y a point de salut. Mais (v. 12-15) la foi reconnaît que l’homme ne peut attendre autre chose que la colère de Dieu.


v. 16-21. Et voici le motif final de cette colère (v. 16) : le rejet de Christ. Désormais « il n’y a personne, » pour intercéder, le seul intercesseur possible a été crucifié (cf. 63:5; 66:4). Mais, quant à Celui qui a été rejeté, son bras l’a sauvé et sa justice l’a soutenu. Alors (v. 17-20) Christ se présente comme Juge d’une part, comme Sauveur de l’autre, en faveur de ceux qui se repentent. Il devient Lui-même chef d’une nouvelle semence (v. 21) : toutes les promesses s’accomplissent en Lui (Rom. 11:26).


Ainsi, dans ce chapitre, l’Éternel commence par présenter au peuple son état (v. 1-8) ; le Résidu le reconnaît dans l’humiliation (v. 9-15) ; alors l’Éternel intervient, tout seul, en délivrance et en jugement, et traite une alliance perpétuelle avec le Résidu.


5.4.1.3 - Chapitre 60

Sion et Jérusalem sont rétablies, comme centre millénial des nations. La chose aurait eu lieu, sans la parenthèse de l’Eglise, si le Messie avait été reçu, au moment où commence l’évangile de Luc.


v. 1-7. Sion s’est réveillée (cf. 51:17), elle va se lever et resplendir, la gloire de l’Éternel s’étant levée sur elle (cf. Apoc. 21:23). Tandis que le peuple coupable attendait la lumière et n’avait que ténèbres (59:9), et que les ténèbres qui couvraient Israël étaient tombées sur les nations, maintenant Israël resplendit, la gloire de l’Éternel étant vue sur lui, et lui devenant lumière pour les nations. Il en sera de même de l’Eglise, nouvelle Jérusalem, à la fin : « la gloire de Dieu l’a illuminée », et « les nations marcheront par sa lumière ». Jérusalem sera le centre de toutes les richesses des peuples qui « annonceront avec joie les louanges de l’Éternel ».


v. 8-14. Le peuple, comme les colombes volant vers leurs colombiers, sera ramené par les nations apportant toutes leurs richesses avec elles. Elles bâtiront les murs de Jérusalem. Ses portes seront continuellement ouvertes, comme le seront celles de la nouvelle Jérusalem (Apoc. 21:25). Toute la gloire du Liban (voir 41:19) viendra vers elle pour orner le temple. Ceux dont les pères avaient opprimé Jérusalem l’appellent « la ville de l’Éternel, la Sion du Saint d’Israël ».


v. 15-22. Une description est donnée des bénédictions spirituelles futures qui seront la part de Jérusalem. Comme dans toute la deuxième partie d’Ésaïe tout dépend du fait que l’Éternel est le Sauveur et le Rédempteur d’Israël, Lui le Puissant de Jacob (v. 16). Jérusalem appellera ses murs Salut et ses portes, Louange (v. 18). Le soleil ne sera plus sa lumière, de jour, car l’Éternel sera sa lumière à toujours (v. 19; Apoc. 21 :23). Il est visible dans tout ce chapitre qu’Ésaïe va fréquemment un peu au-delà du millénium, ou plutôt un peu au-dessus des bénédictions terrestres. Le peuple sera un peuple de justes et possédera le pays à toujours.


5.4.2 - Deuxième série : chapitres 61 à 64

Du chapitre 61 au chapitre 64 nous avons des entretiens de communion entre Christ et Jérusalem-Sion.


5.4.2.1 - Chapitre 61

v. 1-3. Tel fut le commencement du ministère de grâce de Christ à Nazareth. S’il avait été reçu, le « jour de la vengeance de notre Dieu » (v. 2) n’aurait pas eu besoin d’être proclamé. Mais maintenant ce dernier point se réalise en même temps que tous les autres pour la délivrance du Résidu. Aujourd’hui cette écriture est accomplie tout entière. Il y a une plénitude de bénédiction apportée par Christ au pauvre Résidu qui a le coeur brisé. L’année de la faveur de l’Éternel, préfigurée par l’année du Jubilé, commence. Ceux qui mènent deuil sont enfin consolés ; notez que tout est consolation depuis le chapitre 49, dans cette deuxième partie d’Ésaïe, selon la préface du chapitre 40. Trois choses sont données à celui qui mène deuil : l’ornement, l’huile de joie, un vêtement de louange. Christ apporte ici à Jérusalem la pleine réalisation de son espérance, et bien au-delà de l’espérance même, selon la promesse de 42:6, 7. Enfin le moment est venu où, en vertu de ce que la main de l’Éternel est sur l’homme de sa droite, Il peut visiter le provin qu’Il avait fortifié pour Lui-même (Ps. 80:15, 17).


v. 4-9. Maintenant l’Éternel va faire avec son peuple une alliance éternelle (v. 8) ; les étrangers seront leurs esclaves et travailleront pour eux.


v. 10-11. Sion répond et exprime sa joie et sa louange. Elle est désormais revêtue de vêtements de salut et couverte de la robe de la justice, elle est désormais ornée de ses joyaux pour recevoir son fiancé paré du turban du souverain sacrificateur.


5.4.2.2 - Chapitres 62-63:1-6

v. 1-5. Christ confirme les paroles de Sion. Il ne se reposera pas qu’il n’ait fait éclater la justice et le salut de sa bien-aimée. Son nouveau nom sera invoqué sur elle (à bien plus forte raison sur son Eglise, Apoc. 3:12).

Les fiançailles de Sion avec son Dieu seront proclamées, le pays sera désormais marié à l’Éternel (v. 4).


v. 6-9. Les gardiens établis par Lui sur les murailles de Jérusalem feront constamment se ressouvenir l’Éternel de ses promesses et de son serment, jusqu’à ce que le moment de leur accomplissement soit venu. Jérusalem peut compter sur le serment de l’Éternel pour ne plus jamais être asservie à ses ennemis.


v. 10-12. C’est Jérusalem elle-même qui fraye le chemin au peuple nouveau, et cela parce que le salut est d’abord arrivé pour elle, par la venue de Christ. Il y a gradation dans ce chapitre : v. 1-5, Christ promet ; 6-9, le temps est proche, les sentinelles crient jour et nuit ; 10-12, derniers préparatifs pour recevoir le peuple. « Voici, ton salut vient ».


63:1-6. Un dialogue s’établit entre Jérusalem et Christ libérateur, concernant la façon dont s’opérera la délivrance.


a) Jérusalem le voit arriver d’Édom, de Botsra (34:5-8). C’est en effet là qu’aura lieu le carnage des nations qui délivrera Jérusalem (v. 1).


b) Christ répond (v. 1) : C’est moi. Il parle en jugement, mais ce jugement est le salut avec puissance.


c) Jérusalem reprend la parole : Pourquoi ce sang qui te couvre, comme le vin celui qui foule la cuve (Apoc. 14:19, 20) ?


d) Christ répond : J’ai agi moi tout seul. Le jour de ma vengeance était là, et c’était l’année de mes rachetés (l’année sabbatique). Personne n’était avec moi (v. 5). N’en a-t-il pas été de même à sa première venue (50:2) ? De même à la croix (Psaume 22:11; Ps. 69:20). De même en intercession (59:16).


5.4.2.3 - Chapitre 63:7-19

v. 7-10. Maintenant le Résidu parle. La grâce a comblé sa coupe. Il récapitule les sympathies de Christ, tout ce qu’il y avait dans son coeur pour eux, son oeuvre comme Rédempteur et ses délivrances, mais aussi les rébellions d’Israël. Il a été obligé de combattre contre eux.


v. 11-14. Mais, contraint ainsi à se changer pour eux en ennemi, Il s’est souvenu de ses grâces passées, de son oeuvre d’autrefois.


v. 15-19. C’est pourquoi le Résidu fait appel à ses compassions. Israël comme peuple les ignore, mais l’Éternel est pour eux un Père et un Rédempteur. C’est ce dernier caractère qui, nous l’avons vu, domine dans tous ces chapitres.


5.4.2.4 - Chapitre 64

L’entretien continue.


v. 1-7. L’appel du Résidu à la puissance et à la miséricorde de Christ devant l’effort des nations, commencé en 63:15, se poursuit. Il dit : « Jamais on n’a entendu, sauf toi, ô Dieu » … Dieu ne lui a pas encore révélé par son Esprit ce qu’Il a préparé pour celui qui s’attend à Lui, pour ceux qui L’aiment (1 Cor. 2:9). En vertu de son ignorance de ce que Dieu a préparé pour lui, le Résidu est amené à passer entièrement condamnation sur lui-même. (On peut voir en suivant les chapitres précédents comment la lumière se fait graduellement devant sa conscience). Si Christ n’a trouvé personne, le Résidu reconnaît lui-même qu’il n’y a personne qui invoque son nom ou qui se réveille.


v. 8-12. Mais il a une seule raison pour Lui dire : « Ne sois pas extrêmement courroucé » : c’est le libre choix de Sa grâce. « Tu es notre père » (cf. 63:16), et « nous sommes ton peuple » (v. 9), malgré tout.


5.4.3 - Troisième série : chapitres 65 et 66

Désormais l’Éternel seul parle. Il a le dernier mot, et Il clôt à la fois la controverse avec son peuple et la révélation prophétique.


5.4.3.1 - Chapitre 65

v. 1-7. C’est en effet maintenant l’Éternel qui répond. Il montre à la fois ce qu’a été le peuple coupable et idolâtre qui tombe sous un jugement sans merci, et comment son infidélité a ouvert l’écluse à la grâce envers les nations (cf. v. 1 et Rom. 10:20; v. 2 et Rom. 10:21).


v. 8-12. Cependant un Résidu sera sauvé au milieu du jugement de ceux qui ont abandonné l’Éternel et ne seront pas retournés de leur idolâtrie ; Dieu revient sur cette idolâtrie, comme en 40-48. Le moût sortira du pressoir, la grappe sera jetée dehors.


v. 13-16. Le contraste est total entre les serviteurs de l’Éternel (« mes serviteurs », c’est-à-dire le Résidu) et le peuple infidèle. Israël comme peuple serviteur avait été infidèle, Christ serviteur a pris sa place ; la postérité de Christ, rachetée, ne consiste que dans ces « serviteurs ». Tout sera pour eux bonheur, joie, rassasiement, actions de grâces, alors que pour les autres (« vous ») il n’y aura que douleur, hurlements, condamnation à mort, et que leur nom sera « comme imprécation à mes élus ». Les serviteurs seront appelés d’un autre nom (v. 15) ; c’est par le Dieu de vérité qu’on se bénira et par le Dieu de vérité qu’on jurera dans le pays.

Tout cela aura lieu, peut-on penser, quand Christ s’assiéra sur le trône de sa gloire ; tout n’est pas fini en effet, ni pour le peuple ni pour les nations, avec le jugement guerrier : il ne faut pas oublier, dans le jugement définitif, ce trône judiciaire gouvernemental (Matthieu 25:31).


v. 17. La création de nouveaux cieux et d’une nouvelle terre est annoncée, en relation avec les bénédictions promises au Résidu dans le pays. Comme nous l’avons déjà souligné, en Ésaïe les bénédictions vont un peu au-delà et plus haut que le millénium (2 Pierre 3:13).


v. 18-25. À Dieu le dernier mot : or ce dernier mot est grâce et gloire après l’exécution du jugement. Ici, après avoir parlé de la création de nouveaux cieux et d’une nouvelle terre (v. 17), il crée Jérusalem pour être une jubilation et une joie. La durée du millénium sera celle de la vie de l’homme. Il n’y aura pas de vieillard qui n’ait pas accompli ses jours. Celui qui mourra âgé de cent ans sera un jeune homme, et ce sera parce qu’il aura péché qu’il mourra à cet âge. Il n’y aura pas de petits enfants de peu de jours, c’est-à-dire dont la vie soit raccourcie à cet âge. La description de la vie humaine est suivie au v. 25 de celle de la vie animale pendant le millénium. « On ne fera pas de tort, et on ne détruira pas sur toute ma montagne sainte, dit l’Éternel. »


5.4.3.2 - Chapitre 66

v. 1-4. Dieu déclare que désormais il ne regarde pas à un culte extérieur, et ne demande pas à son peuple de lui bâtir une maison. Il touche ainsi à la vérité de la nouvelle Jérusalem où il n’y a pas de temple, quoiqu’il y en ait un dans la Jérusalem créée de Dieu (65:18; Ézéchiel 40:2; 48:35; 40-47:12). Ce que Dieu a toujours voulu c’est l’état du coeur, et la dépendance (v. 2), c’est là qu’il peut habiter, dans le coeur (cf. 57:15).


v. 3, 4. Toute forme extérieure à laquelle on ramènerait le culte est exécration pour Dieu depuis le rejet de Christ, quand Dieu a « crié, et il n’y a eu personne qui répondît » (v. 4) Cf. 50:2; 65:12.


v. 5. Ceux qui tremblent à sa Parole (cf. v. 2) sont ceux auxquels la parole de Dieu s’adresse. Cette parole, au lieu de les effrayer, les rassure, car tous ceux qui les haïssaient seront confus.


v. 6. Voilà ce que devient la maison bâtie par ceux qui ont rejeté leur Sauveur. Tout sera détruit.


v. 7-9. Avant la détresse de Jérusalem celle-ci avait enfanté l’« enfant mâle », Christ. Quand elle a été en travail (la détresse), elle a enfanté des fils. Est-ce possible ? oui, c’est le Résidu (non pas les nations).


v. 10-14. Le Résidu consolé se réjouit avec et à cause de Jérusalem. La gloire des nations viendra sur elle, et le Résidu lui sera apporté, « consolé », consolé dans Jérusalem, par l’Éternel lui-même. C’est la réalisation finale de ce dont il est parlé en 40:1, et qui est tant de fois mentionné depuis.


v. 15-17. Mais auparavant le jugement terrible est tombé sur Jérusalem apostate. « Car l’Éternel entrera en jugement avec toute chair, par le feu, et par son épée ; et les tués de l’Éternel seront en grand nombre » (v. 16).


v. 18-21. Quant à l’Éternel, il a toujours devant lui les actes et les pensées du Résidu de Jérusalem. Il enverra les réchappés d’entre eux (car il sera resté des fidèles à Jérusalem sous l’Antichrist, tels les deux témoins d’Apoc. 11) vers les nations comme évangélistes du royaume, afin qu’elles viennent à Jérusalem pour voir la gloire du Messie. Le signe que l’Éternel mettra au milieu d’eux (v. 19) c’est, sans doute, qu’ils auront vu le Seigneur en personne, avec ses pieds sur la montagne des Oliviers (Zach. 14:4). Ils pourront dire aux nations : Nous l’avons vu, — nous avons vu sa gloire, et ils la raconteront. Les nations prendront les frères du Messie et les amèneront à la sainte montagne, et verront elles-mêmes Sa gloire. C’est la scène de Matt. 25:31. Celles qui n’auront pas ce caractère vis-à-vis des frères du Roi rencontreront un jugement individuel. Ce retour des rachetés (cf. 49:12) sera une offrande comme celle des fils d’Israël quand ils l’apportent dans un vase pur à la maison de l’Éternel (18:7). L’Éternel prendra de ces réchappés pour sacrificateurs, pour Lévites. Ce sera le moment où les Urim et les Thummim seront à l’homme de la bonté de l’Éternel (Deut. 33:8).


v. 22-24. La semence et le nom du vrai Israël dureront autant que les nouveaux cieux et la nouvelle terre de 65:17. Désormais le sort des bons et des méchants sera fixé d’une manière absolue : pour les uns dans le culte ininterrompu de l’Éternel, pour les autres, les rebelles de la nation, dans l’éternité de tourments de la géhenne (Marc 9:44).