Revêtez-vous de l’armure complète de Dieu (Éph. 6:11)
Henri Rossier
Les sous-titres ont été ajoutés par Bibliquest
Table des matières
1 - Le combat chrétien : ce qu’il est et ce qu’il n’est pas
2.1 - Agents invisibles de Satan
2.2 - Satan agissant de façon occulte
2.3 - Agents visibles de Satan
2.4 - Les agents de Christ, visibles et invisibles
3 - Les divers buts de l’Ennemi
5 - Le combat selon les diverses épîtres autres que Éphésiens
5.2 - 1 Thessaloniciens 5:4-10.
6.1 - Le rôle de l’armure et comment on s’en sert
6.2 - L’Ennemi et sa stratégie — Tenir ferme
6.3 - Les pièces de l’armure selon David
6.4 - Les pièces de l’armure selon Éphésiens 6
6.4.1.6 - Récapitulé sur les armes défensives
6.4.2.1 - L’épée — 6° pièce de l’armure
6.4.2.2 - La prière — 7° pièce de l’armure
Le combat chrétien occupe, dans la parole de Dieu, une place considérable. Tout l’Ancien Testament est rempli de guerres qui sont, il est vrai, une « lutte contre le sang et la chair » (Éph. 6:12), mais qui « arrivèrent comme types de ce qui nous concerne » (1 Cor. 10:6). Le Nouveau Testament ne traite jamais de nos guerres qu’au point de vue spirituel.
La guerre, le combat, la lutte, ont pour but de nous défendre contre l’ennemi, de conquérir, de gagner du terrain, de nous maintenir et de résister, de délivrer les autres, enfin de juger et de châtier les méchants et les rebelles. Dans le Nouveau Testament, ce dernier cas, c’est-à-dire le jugement guerrier, ne revient proprement qu’à Christ, et cela dans un temps futur, ce qui met d’autant plus en relief notre privilège d’être actuellement sous l’économie de la grâce. Sans doute, les chrétiens seront associés avec Christ, dans l’avenir, pour le jugement du monde et même pour celui des anges (1 Cor. 6:2-3), mais cela n’aura lieu que lorsque l’économie [ou dispensation] de la grâce sera remplacée par le règne de la justice et par l’économie de la gloire.
Le combat chrétien est
toujours une lutte spirituelle contre un ennemi du dehors, sauf toutefois dans
le cas d’une lutte contre soi-même. Mais cette dernière diffère, du tout au
tout, de l’idée que l’on s’en fait communément dans le christianisme
professant. L’on y voit, en effet, les doutes de l’incrédulité, l’incertitude
du salut, le manque de confiance dans les promesses de Dieu, ou de foi à l’autorité
de la Parole, taxées de combat chrétien
. Jamais un état pareil n’est appelé
de ce nom, dans l’Écriture. Un seul combat, celui contre nous-mêmes y est
mentionné, mais il est plutôt un
antagonisme
, celui de
l’Esprit qui demeure en nous, contre la volonté de la chair qui est en nous
(Gal. 5:16-18). La Parole nous enseigne qu’il y a, dans le chrétien, deux
principes, la chair et l’Esprit, outre son moi
. Ces principes agissent
dans deux directions opposées l’une à l’autre ; seulement le chrétien est caractérisé
par l’Esprit de Christ qui
demeure en lui et par lequel il vit ; tandis que, bien qu’ayant encore la
chair en lui, il est considéré comme entièrement affranchi de sa domination.
Sans doute la chair est là, et restera toujours opposée à l’Esprit ; mais
« l’Esprit convoite contre la chair, afin
que moi je ne pratique pas les choses que je voudrais
». Si donc nous vivons par l’Esprit,
et tel est le cas de chaque chrétien, sommes-nous excusables de ne pas marcher
par l’Esprit ? La victoire sur la chair en nous est considérée, dans le
passage que nous venons de citer, comme une nécessité de la présence de
l’Esprit qui nous met en liberté, nous ôtant toute obligation de suivre la
chair ou de nous laisser dominer par elle.
Tout autre combat, celui par
exemple, que nous décrit le chap. 7 aux Romains, n’est qu’une lutte sans issue
d’une âme croyante sous la loi, avec elle-même : elle possède la vie, mais
sans l’Esprit qui met en liberté. Possédant deux natures, l’ancienne et la
nouvelle, l’homme de Rom. 7 est toujours esclave de l’ancienne. Il veut le bien
et fait toujours le mal. Finalement, réduit au désespoir, il arrive, après tant
de désolantes expériences, au plein affranchissement, non par
le combat
, mais par la connaissance de l’oeuvre parfaite de Christ qui l’a
délivré à toujours. Aussi peut-il
dire : « Il n’y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont
dans le Christ Jésus, car la loi de l’Esprit de vie dans le Christ Jésus m’a
affranchi de la loi du péché et de la mort » (Rom. 7:8).
Le combat de Rom. 7 est donc,
non pas une victoire, mais, une défaite
continuelle
jusqu’au moment où l’âme apprend enfin qu’un autre
a vaincu pour elle. La nouvelle
nature en nous est incapable d’échapper à l’esclavage de la chair, aussi
longtemps qu’elle ne possède pas l’Esprit comme puissance de sa vie nouvelle.
Il est vrai cependant, que le chrétien, après avoir été placé par Christ dans
la liberté de l’Esprit, est en danger d’être de nouveau retenu sous un joug de
servitude (Gal. 5:1) ; aussi est-il exhorté à tenir ferme
sur les positions qui lui ont été
acquises par l’oeuvre de Christ, afin de ne pas redevenir
esclave de la loi et du péché.
Après avoir dit ce qu’est le
combat chrétien et ce qu’il n’est pas, considérons quel est l’Adversaire que
nous avons à combattre. Cet adversaire est Satan
. Il emploie contre nous
des agents divers, visibles
et invisibles
.
Ses agents invisibles
:
les principautés et les autorités
, la puissance spirituelle de
méchanceté qui est dans les lieux célestes (Éph. 6:12), sont d’abord les anges
que Satan a entraînés dans sa rébellion. Ces anges tombés ont des « chefs » qui
exercent leur influence sur les dominateurs du monde pour contrecarrer par eux
les desseins de Dieu envers son peuple, tandis que d’autres « chefs » angéliques,
tels que Micaël, l’archange, agissent sous les ordres de Christ, pour leur
résister et entraver leurs desseins auprès des mêmes dominateurs (Dan. 10).
De plus, Satan lui-même agit
d’une manière occulte
, se déguisant même en ange de lumière (2 Cor.
11:14) pour mieux tromper les hommes. Il est « le chef de l’autorité de l’air »
(Éph. 2:2). Cette autorité est l’esprit du monde que Satan domine et dirige à
son gré, soit par ses séductions, soit par ses intimidations, soit par la haine
qu’il souffle au coeur des hommes contre Dieu, ou qu’il attise en les poussant
les uns contre les autres. Puissance effrayante, mais qui ne sera bientôt qu’un
fétu de paille devant le Dieu de paix
quand il brisera Satan sous nos pieds ! (Rom. 16:20)
Mais Satan a des agents visibles
,
appelés aussi « les principautés et les autorités
». Établies, à
l’origine, par Dieu sur la terre, et tenant leur autorité de Lui, elles avaient
été revêtues par Lui de dignité et de pouvoir au milieu des hommes (Tite
3:1) ; mais elles sont devenues la proie de Satan qui les dirige à son
gré, quoique Dieu ait, malgré elles, la haute main sur leurs décisions
.
Elles appartiennent aux ténèbres dans lesquelles le monde est plongé, et y
exercent leur action. Malgré leur éloignement de Dieu, le chrétien doit les
reconnaître comme provenant de Lui dans leur caractère primitif
, ce qui
lui permet, en faisant abstraction de leur état actuel, de prier et
d’intercéder pour elles. Ces principautés et ces autorités, le diable, devenu
leur chef, se sert d’elles pour faire la guerre à Christ. Elles sont sous
l’influence de la puissance spirituelle de méchanceté que Satan possède et qui
est « dans les lieux célestes », d’où l’Adversaire n’a pas encore été expulsé
[Apoc. 12:9]. Maintenant Dieu a déjà dépouillé, manifesté dans son vrai jour
cette puissance spirituelle, les principautés et autorités sataniques qui sont
dans les lieux célestes et a triomphé d’elles à la croix (Col. 2:15).
En opposition avec Satan,
Christ a aussi ses agents et ses instruments visibles
et invisibles
.
Mais tout d’abord il a, comme homme ressuscité d’entre les morts et assis à la
droite de Dieu dans les lieux célestes, la suprématie sur eux tous. Il est
au-dessus de toute principauté et autorité
dans les lieux
célestes ; chérubins, séraphins, archanges, tout ce qui est revêtu de
dignité et domine dans les armées du ciel lui est soumis. Il est au-dessus de
tout nom
que portent les hommes sur la terre. Les principautés et
autorités de Christ ont un caractère diamétralement opposé à celles de
Satan : les premières sont dans le ciel et du ciel, celles de l’Ennemi
sont des ténèbres et dans les ténèbres, et du monde et dans le monde (Éph. 1:20,
21).
Nous retrouvons, quant à
Christ, la même pensée en Col. 1:16. Ce passage nous présente Jésus comme le
Créateur de toutes choses, dans les cieux et sur la terre, choses visibles
ou invisibles
. Les choses visibles sont les trônes
et les seigneuries
sur la terre. C’est Lui qui
établit les empires et qui confie la seigneurie aux hommes qu’il a choisis pour
cela. Les choses invisibles sont ici les principautés
et les autorités
célestes établies de Dieu (Éph. 3:10). Toutefois nous avons vu que primitivement
Dieu en a aussi établi sur la terre, et que, si Satan s’en est emparé, Dieu les
maintient encore et s’en sert pour retenir l’anarchie finale, car toutes ces
choses « ont été créées par lui et pour lui ».
En Col. 2:10, on voit que les
principautés
et autorités
sont des êtres célestes, revêtus de ces
dignités, mais aussi des hommes auxquels rien ne manque devant Dieu et qui
forment le corps dont il est la tête.
Ainsi, du côté de Dieu, le terme « principautés et autorités » s’applique aux anges, aux élus dans leur position céleste, et aussi aux dignités terrestres à leur origine, dignités dont Satan s’empare pour en faire ses instruments contre Christ, mais que le Seigneur reconnaît parce qu’il les a établies et dont Il se sert contre leur gré pour accomplir ses desseins.
Pour terminer le sujet des « dignités » établies de Dieu et soumises à Christ, citons encore, deux passages :
Dans le premier, 1 Cor.
15:24, nous contemplons la fin
de toute autorité, pour que toutes choses
soient finalement assujetties à Dieu. Le Seigneur remettra le royaume à Dieu,
le Père, quand il aura « aboli toute principauté
et toute autorité
,
et toute puissance
». Toute
dignité dont peuvent être revêtus des
êtres célestes ou terrestres
sera mise de côté, annulée devant
l’autorité du seul Seigneur
; mais lui-même remettra cette autorité
entre les mains de son Père. Il règnera jusqu’à ce qu’il ait mis tous ses ennemis
sous ses pieds, hommes, esprit satanique, mort même, dont Satan a la puissance.
Mais cela va plus loin : même les autorités qui ne se sont pas détournées
de Lui seront annulées. Ainsi toutes choses lui seront assujetties, mais pour
que finalement le Fils, comme homme
, soit assujetti à Dieu qui lui a
assujetti toutes choses.
Dans le second passage, 1
Pierre 3:22, « anges
, autorités
et puissances
lui sont
soumis », depuis qu’il est à la droite de Dieu. Toutes, bons ou mauvais anges,
autorités célestes ou terrestres, puissances établies de Dieu, alors même,
qu’elles seraient tombées sous l’influence de Satan, lui sont soumises
du fait de son exaltation. Elles sont obligées de reconnaître sa puissance et
ses droits sur elles. Il ne s’agit pas ici d’obéissance
, mais de l’impossibilité où elles
sont toutes de lui résister.
Mais à part tous les agents
invisibles dont le Seigneur dispose, il a dans ce monde des hommes
, l’armée
visible
de ses rachetés pour livrer combat à l’Ennemi. C’est à elle
qu’incombe avant tout la responsabilité d’entrer dans la lutte. Ces combattants
sont appelés à revêtir l’armure complète de Dieu. Le sixième chapitre de l’épître aux Éphésiens nous
entretient en particulier d’eux et de leurs armes.
Si maintenant nous
considérons les divers buts
de
l’Ennemi dans la guerre qu’il fait à Christ et à son peuple, nous les trouvons
illustrés par l’histoire d’Israël depuis sa sortie d’Égypte jusqu’à son entrée
en Canaan.
Le premier but de Satan est
de garder à tout prix les hommes, ses victimes, en esclavage et sous sa
domination. Quand il voit qu’il n’y peut réussir et que, par la puissance de
Dieu, ses esclaves sont près de lui échapper, il les poursuit, comme le
Pharaon, type de l’Adversaire, avec toute son armée, pour les saisir et
recouvrer sur eux l’empire qui lui échappe. C’est ici que commence le combat,
mais ce combat n’est pas confié au peuple
; c’est l’affaire de l’Éternel tout
seul. Il ne demande à Israël que la foi
:
« L’Éternel combattra pour vous, et vous, vous demeurerez tranquilles ». Ce sera Lui
qui « précipitera dans la mer le cheval et celui qui le montait » (Ex. 14 ;
15).
Une fois échappé à
l’esclavage et entré dans le désert, Israël rencontre Amalek, l’Ennemi sous une
autre forme, et avec un autre but, celui de mettre obstacle au voyage du désert
et d’empêcher le peuple d’arriver à son
héritage
.
Après la traversée du
Jourdain, l’Ennemi dresse devant le peuple de Dieu un obstacle formidable, la
ville de Jéricho. Son but est de l’empêcher d’entrer
dans son héritage.
Enfin, les murailles de cette
forteresse étant tombées devant les armes de la foi, Israël trouve devant lui
tous les rois de Canaan conjurés pour l’empêcher, soit de prendre possession de son héritage,
soit de maintenir
et de compléter
cette possession.
C’est à ce quatrième événement que font surtout allusion les exhortations du chap. 6 de l’épître aux Éphésiens. Cette épître, assimilée tout entière d’une manière si remarquable au livre de Josué, nous montre le chrétien introduit dans les lieux célestes pour y jouir de toutes les bénédictions de son héritage, mais, ces bénédictions, Satan cherche à les lui enlever et c’est pour les réaliser, les maintenir et les conserver, que le croyant doit livrer bataille aux « puissances spirituelles qui sont dans les lieux célestes », après avoir revêtu l’armure complète de Dieu.
Le combat dont nous venons de
parler doit faire le sujet spécial de notre méditation, mais il est nécessaire
de remarquer que là ne se borne pas notre lutte. Le chrétien a des frères captifs
et il lui faut combattre
pour les délivrer. Tel était le combat d’Abraham dont le chap. 14 de la Genèse
nous entretient. Avec quelques hommes le patriarche poursuit les quatre rois,
remporte la victoire et délivre son frère Lot devenu leur prisonnier. Ce combat
pourrait n’avoir pour objet, comme dans le cas d’Abraham, que de délivrer un
seul
de nos frères, captif du
monde, et de l’amener à la liberté des enfants de Dieu. Souvenons-nous que
cette victoire obtient une grande récompense de la part de notre Melchisédec.
Mais nous pouvons avoir aussi à combattre seuls pour la délivrance de tout
le
peuple de Dieu,
comme Jonathan
contre le poste des Philistins, dont la défaite amena la délivrance de tout
Israël.
Le combat chrétien a encore
un autre but qui nous est présenté en type au premier chapitre de Josué. Les
Rubénites, les Gadites et la demi-tribu de Manassé avaient reçu leur part dans
le pays (il est vrai, au delà du Jourdain) et l’Éternel leur avait donné « du
repos », mais ils ne devaient pas s’arrêter là. Il leur fallait passer armés devant leurs frères
pour les aider
jusqu’à ce que l’Éternel eût
aussi donné du repos à ceux-ci. C’est ainsi qu’une partie de l’Assemblée de
Dieu est appelée à prêter main forte à l’autre jusqu’à ce que cette dernière
soit arrivée par le combat à la jouissance des privilèges que les premiers
possèdent déjà.
Enfin et il vaudrait mieux
dire : tout d’abord
, le
combat chrétien est le « combat de
l’Évangile
». Si, quant
à nous-mêmes, nous n’eûmes rien à faire, qu’à croire
à l’amour et à la puissance de Dieu pour échapper à
l’esclavage de Satan, il est d’autres pauvres pécheurs retenus dans les liens
qui nous enlaçaient autrefois. Nous avons à combattre l’Ennemi pour atteindre
leur conscience et les amener à se confier, comme nous, dans le Dieu Sauveur.
Tel était le combat des Philippiens. Ils « tenaient ferme dans un seul et même
esprit, combattant ensemble d’une âme avec
la foi de l’Évangile
et n’étant
en rien épouvantés par les adversaires ». De son côté, l’apôtre livrait seul ce
combat (2 Tim. 2:9-10), ou bien y associait d’autres croyants avec lui (Phil.
1:27, 28, 30 ; 4:3 ; 2 Tim. 1:8 ; 2:3). Cette lutte fait partie
du « bon combat de la foi » (1 Tim. 6:12 ; 2 Tim. 4:7).
Les armes du combat pour
l’Évangile sont offensives
. Elles sont la Parole et la prière,
sur lesquelles nous reviendrons plus tard.
Occupons-nous maintenant du combat, tel qu’il nous est décrit dans l’épître aux Éphésiens.
Nous avons affaire avant tout
aux « artifices du diable
». Ceux-ci
sont bien plus dangereux pour nos âmes que ses violences.
La principale de ses ruses est de nous faire redescendre dans l’atmosphère du monde dont il est le Chef et qu’il domine à son gré. En agissant ainsi, il réussit à avoir prise sur nous, car le monde est un vaste système social, politique et religieux dont Satan est le Prince et dont Dieu est absent. Nous entrons à chaque instant en contact avec ce système que nous devrions traverser comme étrangers, et de là à nous y associer il n’y a qu’un pas à faire.
Le moyen employé par l’Ennemi pour nous priver de la jouissance du pays céleste sera toujours de nous intercepter le ciel et de cacher Christ à notre vue en rabaissant notre christianisme à la terre et en l’accommodant au monde.
Une autre des manoeuvres perfides du « chef de l’autorité de l’air » consiste en fausses doctrines qu’il répand parmi les chrétiens et par lesquelles il ruine leur espérance céleste. On en trouve de nombreux exemples dans les épîtres de Paul.
En 1 Cor. 15:12, les faux docteurs disaient « qu’il n’y avait pas de résurrection de morts ». C’était la vieille erreur des Sadducéens. Cette doctrine qui amenait fatalement les âmes à nier la résurrection de Christ, les privait de la jouissance du pays céleste que cette résurrection nous a acquise.
En 2 Tim. 2:18, Hyménée et
Philète enseignaient que la résurrection avait déjà eu lieu, doctrine néfaste
qui établissait pour l’éternité
l’Église, ou la famille de Dieu, sur
la terre
.
En 2 Thess. 2:2, les
séducteurs annonçaient que le jour du Seigneur était là
et, en
transportant ainsi le chrétien au milieu de la scène future du jugement, ils
lui enlevaient l’espérance de la venue de Christ qui aurait dû précéder ce jour
pour introduire les rachetés dans le ciel
.
Lorsque Satan ne réussit pas à détourner les enfants de Dieu par de fausses doctrines, il n’est pas à bout de ses ressources et possède des moyens plus vulgaires, plus terre à terre, de dérober le ciel à nos yeux et à nos coeurs. Il nous persuade souvent que le christianisme consiste, avant tout, à nous bien conduire, à ne nous mêler que modérément aux distractions du monde, à partager ses oeuvres charitables, à remplir ce qu’il appelle ses devoirs religieux. De cette manière, les chrétiens, tout en menant une vie correcte, mais qui ne leur attirera jamais la haine du monde, rabaissent leur christianisme du ciel sur la terre. Ils ont perdu la qualité de combattants et se sont si bien accommodés à cette condition, qu’il faut souvent des circonstances exceptionnelles, telles que leur lit de mort, pour que l’on découvre en eux quelques traces de la vie céleste.
Dans cet état d’abaissement
spirituel, l’Ennemi n’a pas de peine à associer complètement ses victimes avec
le milieu dans lequel elles se trouvent et à leur faire aimer le monde
et ses convoitises. Leur christianisme terrestre
est ainsi devenu un christianisme mondain
. N’ayant pour but que les
bénédictions terrestres, si précieuses du reste et si importantes, que Dieu
accorde à la piété et négligeant « la promesse de la vie à venir », ils se sont
laissé peu à peu attirer, comme « le juste Lot » par les délices du péché et ne
sont souvent sauvés que « comme à travers le feu ».
Nous sommes appelés, pour échapper à ces artifices, à user de vigilance et de sobriété et à employer pour les combattre toutes les armes que Dieu nous fournit.
C’est ici que nous entrons dans le sujet qui forme la titre de cet écrit, mais avant de l’aborder dans l’épître aux Éphésiens, il nous importe de passer en revue un certain nombre d’autres passages qui traitent du même sujet.
(*) Ayant traité ce passage autre part (Messager Évangélique 1912, pages 310 et 327) nous nous bornons ici à quelques remarques supplémentaires.
« Et encore ceci :
connaissant le temps, que c’est déjà l’heure de nous réveiller du sommeil, car
maintenant le salut est plus près de nous que lorsque nous avons cru : la
nuit est fort avancée et le jour s’est approché ; rejetons donc les
oeuvres des ténèbres et revêtons les armes de
la lumière.
Conduisons-nous honnêtement comme de jour, non point
en orgies, ni en ivrogneries ; non point en impudicités, ni en
débauches ; non point en querelles ni en envie. Mais revêtez le Seigneur
Jésus-Christ, et ne prenez pas soin de la chair pour satisfaire à ses
convoitises ».
Ce passage considère la nuit
de ce monde, caractérisée par l’absence du Christ « la lumière du monde », comme
très avancée. Le jour est près de paraître. Ce jour est le salut
, encore
futur, qui est plus près de nous que lorsque nous avons cru. Ce salut, nous
l’atteindrons à la venue de Celui que nous attendons comme Sauveur
. Il nous
faut donc nous réveiller du sommeil. Ce dernier n’est pas précisément qualifié
comme une chose mauvaise en soi, voyez 1 Thess. 5:7 et Éph. 5:14, mais plutôt
comme l’influence du milieu dans lequel on se trouve. Aussi n’est-il pas parlé
de notre
sommeil, mais du fait que la nuit, consacrée au sommeil, est
déjà près de finir. Il est temps de n’avoir en vue autre chose que le lever du
jour, le salut. En prévision de cet événement, nous avons deux devoirs à
remplir : le premier est de rejeter les oeuvres des ténèbres, comme un
vêtement de nuit dont on se dépouille. Quand nous vivons au milieu des
ténèbres, nous ne sommes pas à l’abri de leurs oeuvres. Nos pensées et notre
activité sont en danger de revêtir plus ou moins les caractères du milieu dans
lequel nous vivons. Voilà ce que nous avons d’abord à secouer loin de nous pour
revêtir, en second lieu, les armes
de la lumière.
C’est le vêtement du jour. Ce vêtement est celui d’un
guerrier. Le jour doit nous trouver déjà en armes, dans une attitude qui soit
en accord avec lui et en opposition complète avec les ténèbres et leurs
oeuvres. Quand il rencontre les armes de la lumière, Satan ne peut rien
entreprendre contre celui qui les porte. Elles impriment à notre conduite un
cachet d’honnêteté qui est en accord avec la jour auquel nous appartenons. La
lumière revêtue par nous est une arme
contre
toutes les oeuvres de ténèbres par lesquelles Satan cherche à déconsidérer la
conduite chrétienne. De fait, revêtir les armes de la lumière, c’est revêtir
pratiquement le Seigneur Jésus Christ (v. 14). C’est de cette manière que,
depuis Son départ, nous sommes devenus « la lumière du monde » (Matth. 5:14).
« Mais vous, frères, vous
n’êtes pas dans les ténèbres, en sorte que le jour vous surprenne comme un
voleur ; car vous êtes tous des fils de la lumière et des fils du
jour ; nous ne sommes pas de la nuit, ni des ténèbres. Ainsi donc ne
dormons pas comme les autres, mais veillons et soyons sobres ; car ceux
qui dorment, dorment la nuit, et ceux qui s’enivrent, s’enivrent la nuit ;
mais nous qui sommes du jour, soyons sobres, revêtant la cuirasse de
la foi et de l’amour
, et pour casque l’espérance du salut
; car Dieu ne nous a pas destinés à la colère, mais à
l’acquisition du salut par notre Seigneur Jésus Christ, qui est mort pour nous,
afin que, soit que nous veillions, soit que nous dormions, nous vivions
ensemble avec Lui ».
Nous trouvons ici une pensée
quelque peu différente de celle que nous venons de voir en Rom. 13. Ici le
chrétien n’est pas dans les ténèbres et n’a pas de contact avec la nuit, aussi
l’apparition du jour du Seigneur ne peut pas le surprendre comme un voleur. Il
est donc exhorté à ne pas dormir comme les
autres
qui n’ont ni connaissance de Christ, ni espérance (voyez 4:13 ;
5:6). Deux choses caractérisent ces « autres » : le sommeil et l’ivresse,
qui appartiennent à la nuit. Ils ont l’inconscience du danger dans lequel ils
se trouvent, inconscience qui caractérise leur état de mort morale. De plus,
ils s’enivrent par la satisfaction des convoitises qui les asservissent à Satan
et leur font perdre tout sentiment de leur responsabilité envers Dieu. En
présence de ces ténèbres, l’enfant de Dieu, fils de la lumière et fils du jour,
est exhorté à être sobre
. Il doit garder sa pleine clarté et
liberté d’esprit, fruit de l’absence des convoitises qui entraînent et
asservissent le monde et font de lui la proie de Satan. Cela le met
nécessairement en lutte avec les choses par lesquelles l’ennemi cherche à
l’attirer. Cette lutte est une lutte défensive.
Par elle le chrétien est gardé de tomber dans les pièges qui lui sont
tendus. Il n’a ici que deux
pièces
d’armure, mais elles lui suffisent parfaitement. Ce qu’elles
représentent : la foi, l’amour et l’espérance, caractérise au premier
chapitre de cette épître (v. 3) l’activité et la vie pratique du chrétien.
Comme armure, ces vertus caractérisent le combat.
Dans la lutte qu’un
adversaire plein de ruses a entreprise contre le croyant, il cherche à
l’atteindre en deux endroits vulnérables. Il peut s’emparer du coeur,
siège des affections, et lui
infliger de mortelles blessures. Il nous faut donc mettre notre coeur à l’abri
derrière une cuirasse composée de ces deux choses : la foi et l’amour.
Nous garantissons notre coeur des coups de l’Adversaire, d’abord par la foi
, par les yeux de l’âme attachés à Christ, car la foi nous donne
toujours comme objet cette personne bénie. L’amour
est le second caractère de la cuirasse. Il est ici la confiance que nous
sommes aimés. La foi nous donne Christ comme objet, l’amour le fait habiter
dans nos coeurs. Toutes les flèches de Satan ne peuvent atteindre une félicité
pareille. Irais-je abandonner un objet aussi parfait, aussi excellent, une
joie, une jouissance de Lui aussi élevée, pour les boissons enivrantes et
empoisonnées que le monde vient m’offrir ?
Mais s’il ne peut atteindre
le coeur, Satan cherchera à atteindre la tête
, siège des pensées, pour la détourner de son objet. Le casque, l’espérance
, garde nos pensées entièrement attachées à Christ, comme Celui
dont nous attendons la venue. La réalisation de notre espérance sera l’acquisition du salut
. Cette dernière nous est assurée,
puisque c’est à elle que Dieu nous a destinés, et non à la colère. Le dessein
de Dieu à notre égard s’accomplira. Actuellement la colère est derrière nous,
car elle s’est épuisée à la croix en tombant sur l’Agneau de Dieu ; mais
l’espérance est devant nous et ce salut qu’elle nous assure nous allons
l’acquérir, car il ne pourra jamais nous être enlevé.
Aucune flèche de Satan ne
peut atteindre de semblables réalités. Elles sont basées sur l’oeuvre de Christ
« qui est mort pour nous afin que, soit que
nous veillions, soit que nous dormions
, nous vivions ensemble avec Lui ». Nous avons cela maintenant
en Lui. Les mots : « nous
vivions ensemble avec Lui » unissent aujourd’hui dans une vie commune avec lui
les saints vivants et les saints délogés, comme ils seront unis, ressuscités et
transmués, dans un jour futur à la venue du Seigneur.
« Soyez sobres, veillez ;
votre adversaire, le diable, comme un lion rugissant, rôde autour de vous,
cherchant qui il pourra dévorer. Résistez-lui, étant fermes dans la foi
».
Nous retrouvons ici l’exhortation contenue dans les passages précédents. Devant les assauts de l’ennemi, deux conditions morales sont nécessaires, sans lesquelles le chrétien ne peut remporter la victoire : « Soyez sobres, veillez ». Ne pas s’enivrer, ne pas dormir, sont des qualités purement négatives, mais Dieu les veut positives chez les siens. On pourrait boire modérément sans s’enivrer ; être sobre va beaucoup plus loin. La sobriété est la qualité d’un homme qui, par caractère, n’aime pas les boissons enivrantes. On pourrait, sans dormir profondément, ne pas être assez éveillé pour éviter de se laisser surprendre. Ce passage ne nous entretient pas des ruses et séductions de Satan, si dangereuses, parce qu’elles nous environnent de toutes parts, guettant le côté faible de notre défense ; mais nous y trouvons le dernier effort de l’ennemi pour nous épouvanter. Il en fut de même de notre Sauveur qui, au commencement de son ministère rencontra tous les artifices du diable, puis, à la fin, en Gethsémané, le lion rugissant qui cherchait à le dévorer. Au désert, il fut vainqueur par la simple soumission à la Parole ; à Gethsémané par l’entière soumission à la volonté de Dieu. Aussi fut-il sauvé hors de la mort, quand le lion croyait lui avoir broyé les os.
On ne trouve dans ce passage
qu’une seule arme, la cuirasse de la foi
, mais pleinement suffisante pour
anéantir tout l’effort de l’ennemi : « Résistez-lui, étant fermes dans la foi
». Nous trouvons la même exhortation dans l’épître de Jacques
(4:7) : « Soumettez-vous à Dieu (c’est l’obéissance de la foi
) ;
résistez au diable (c’est le bouclier de la foi
), et il s’enfuira loin
de vous ». Quelle place unique, immense, est donnée ici à la foi
!
Cette seule arme défensive suffit pour mettre en fuite l’ennemi le plus
formidable.
« Prends ta part des
souffrances comme un bon soldat
de
Jésus Christ. Nul homme qui va à la guerre ne s’embarrasse dans les affaires de
la vie, afin qu’il plaise à celui qui l’a enrôlé pour la guerre ; de même,
si quelqu’un combat dans la lice [= l’arène, ou le stade], il n’est pas couronné s’il n’a pas combattu selon les lois ».
Les souffrances mentionnées
ici sont « les souffrances de l’Évangile » (1:8). Ce qui caractérise un bon
soldat de Jésus Christ, c’est de prendre sa part de ces
souffrances. On ne peut aller à la guerre en « s’embarrassant des affaires de
cette vie ». Elles sont considérées dans ce passage, non comme une boisson
enivrante, mais comme un encombrement, comme une entrave à notre marche, comme
un fardeau qui empêche le libre usage de nos armes. Ce qui nous fait déposer ce
fardeau, c’est le désir de plaire
au
Chef aimé et respecté qui nous a enrôlés pour la guerre. L’amour
est le
véritable motif qui nous fait « rejeter tout fardeau, et le péché qui nous
enveloppe si aisément » (Hébr. 12:1).
Nous trouvons ensuite les lois
de la lutte, car ensuite il ne s’agit plus du combat en bataille rangée, mais
du combat dans la lice
. Les chrétiens sont donnés en spectacle
au
monde. Il s’agit de remporter le prix
. On ne peut le faire qu’en se
soumettant aux lois établies
.
Il faut donc, non seulement un coeur libre de fardeaux, mais encore
l’observation rigoureuse de la volonté divine. Pour vaincre, nous ne devons ni
enfreindre cette volonté, ni la devancer, ni nous donner des lois à nous-mêmes,
mais combattre patiemment et consciencieusement selon les directions de Dieu,
consignées dans sa Parole, jusqu’à ce que nous ayons remporté le prix de l’effort.
Ici le soldat est pourvu de
son armure, mais Satan cherche à le retarder par un bagage inutile. Il est
préservé d’une défaite par l’affection pour son Chef. En 1 Pierre 5, nous avons
vu la foi, ici l’amour
, en 1 Thess. 4, les deux ensemble.
« Car en marchant dans la
chair nous ne combattons pas selon la chair ; car les armes de notre
guerre ne sont pas charnelles, mais puissantes par Dieu pour la destruction des
forteresses
, détruisant les raisonnements et toute hauteur qui s’élève contre la
connaissance de Dieu, et amenant toute pensée captive à l’obéissance du
Christ et étant prêt à tirer vengeance de toute désobéissance ».
Ce passage nous décrit le
combat de l’apôtre. Accusé de marcher selon la chair, il montre que ses armes
de guerre n’étaient pas charnelles, mais que leur puissance était spirituelle,
venant de Dieu, d’abord pour détruire toute hauteur qui s’élevait contre la
connaissance de Dieu, ensuite pour amener les âmes captives à Christ, enfin,
pour tirer vengeance des désobéissants. Ce dernier cas relevait du pouvoir
exceptionnel confié à l’apôtre inspiré, car Dieu dit : « À moi
la
vengeance ; moi je rendrai, dit le Seigneur » (Rom. 12:19).
L’expression : « la destruction des forteresses » fait penser à Jéricho, et
nous renseigne sur la qualité des armes dont l’apôtre se servait. C’étaient des
armes offensives, mais purement spirituelles. D’abord la foi en la parole
de Dieu
qui fit faire au peuple pendant
sept jours le tour de la ville et sept fois encore le septième jour, pour que
la patience
eût son oeuvre parfaite.
Le combat de l’apôtre était donc le combat de la foi contre l’obstacle que
Satan mettait sur son chemin. L’obstacle était effrayant, mais non pas aux yeux
de la foi. Les trompettes du témoignage
servaient
aussi d’armes à Israël ; enfin la présence
de Christ
— l’arche — au milieu
du peuple était le gage infaillible d’une puissance à laquelle rien ne pouvait
résister. Telles étaient les armes de l’apôtre. En opposant la puissance de
Dieu à celle de l’ennemi, il amenait les âmes captives
à l’obéissance du Christ.
« Nous recommandant comme
serviteurs de Dieu… par la parole de la vérité, par la puissance de Dieu, par
les armes de justice
de la
main droite et de la main gauche ».
Ici nous rencontrons de nouveau
les armes dont l’apôtre se servait dans le combat. Il avait la parole de Dieu,
mais quel effet aurait-elle produit, sans la puissance de Dieu ? Pour
pouvoir faire usage de cette puissance, l’apôtre avait des armes
personnelles : « les armes de justice de la main droite et de la main
gauche », c’est-à-dire l’épée
et le bouclier
, armes
offensive et défensive, qui sont appelées des armes de justice
. La justice
est ici la justice pratique. Notre combat offensif ou défensif ne peut avoir
aucun résultat sans la justice qui est l’absence de péché dans notre conduite
et dans nos voies. Il nous faut une bonne conscience pour entreprendre la
lutte, sinon la puissance de Dieu nous manquera. Une conscience pure rencontre
toujours la puissance de Dieu pour faire l’application de la Parole.
« Car la parole de Dieu est
vivante et opérante, et plus pénétrante qu’aucune épée à deux tranchants
, et atteignant jusqu’à la division
de l’âme et de l’esprit, des jointures et des moelles ; et elle discerne
les pensées et les intentions du coeur ».
Nous trouvons dans ce
passage, comme nous le verrons en Éph. 6, la parole de Dieu, arme offensive de
l’Esprit, pareille à une épée à deux tranchants, mais ici l’épée n’est pas
employée pour combattre un ennemi extérieur, elle est tournée contre
nous-mêmes, ou plutôt, c’est notre vieil homme qui est l’ennemi. Cette image
nous reporte en quelque mesure à Gal. 5:16-17 dont nous avons parlé
précédemment. La Parole nous sonde et nous transperce afin que nous apprenions
à discerner en nous
ce qui est de la
chair et ce qui est de l’Esprit, et que nous soyons en état de nous juger
nous-mêmes. Ce jugement est douloureux et pénible, mais l’âme, une fois « connue
et sondée », ayant goûté les bénédictions qui suivent le jugement d’elle-même,
n’a plus qu’un désir, c’est que l’action sanctifiante de la Parole se continue
envers elle jusqu’au bout de la traversée du désert. « Sonde-moi, ô Dieu !
et connais mon coeur ; éprouve-moi, et connais mes pensées. Et regarde
s’il y a en moi quelque voie de chagrin, et conduis-moi dans la voie éternelle »
(Ps. 139:23-24).
« Or quiconque combat dans
l’arène vit de régime en toutes choses ; eux donc, afin de recevoir une
couronne corruptible ; mais nous, afin d’en recevoir une incorruptible.
Moi donc… je combats
ainsi, non comme battant l’air ; mais je
mortifie mon corps et je l’asservis, de peur qu’après avoir prêché à d’autres,
je ne sois moi-même réprouvé ».
C’est encore dans le sens de Gal. 5 et d’Hébr. 4 qu’à lieu ici le combat chrétien. Pour vaincre l’Ennemi du dehors, il nous faut une lutte réelle avec nous-mêmes, sans hypocrisie ou faux semblant. Pour que le combat avec Satan soit efficace, je dois commencer par la mortification de mon corps, me tenant continuellement pour mort au péché, mais pour vivant à Dieu ; car c’est un danger terrible de prêcher, d’annoncer la Parole, sans l’état pratique qui y correspond.
Ayant passé en revue les principaux passages qui nous parlent des armes du chrétien, nous abordons enfin le chapitre des Éphésiens qui, d’une manière beaucoup plus détaillée que tout autre, va nous entretenir des diverses pièces de cette armure de Dieu que le croyant doit revêtir.
« Au reste, mes frères,
fortifiez-vous dans le Seigneur et dans la puissance de sa force ;
revêtez-vous de l’armure complète de Dieu, afin que vous puissiez tenir ferme
contre les artifices du diable. Car notre lutte n’est pas contre le sang et la
chair, mais contre les principautés, contre les autorités, contre les dominateurs
de ces ténèbres, contre la puissance spirituelle de méchanceté qui est dans les
lieux célestes. C’est pourquoi prenez
l’armure complète de Dieu
, afin que, au mauvais jour, vous
puissiez résister, et, après avoir tout surmonté tenir ferme. Tenez donc ferme,
ayant ceint vos reins de la vérité, et ayant revêtu la cuirasse de la justice,
et ayant chaussé vos pieds de la préparation de l’Évangile de paix ; par
dessus tout, prenant le bouclier de la foi, par lequel vous pourrez éteindre
tous les dards enflammés du Méchant. Prenez aussi le casque du salut, et l’épée
de l’Esprit qui est la parole de Dieu ; priant par toutes sortes de
prières et de supplications, en tout temps, par l’Esprit, et veillant à cela
avec toute persévérance et des supplications pour tous les saints, et pour moi,
afin qu’il me soit donné de parler à bouche ouverte, pour donner à connaître
avec hardiesse le mystère de l’Évangile, pour lequel je suis un ambassadeur lié
de chaînes, afin que j’use de hardiesse en lui, ainsi qu’il faut que je parle ».
Nous avons dit plus haut que,
dans l’épître aux Éphésiens, l’armure est destinée avant tout à nous introduire
et à nous maintenir, par le combat contre Satan, dans la possession et la
jouissance de notre héritage céleste et de toutes les bénédictions qui s’y
rattachent. Cet héritage nous est acquis par l’oeuvre de Christ et nous le
possédons en Lui. C’est la Canaan céleste et toutes ses richesses, dont cette
épître nous a si abondamment entretenus. Le but de Satan, dans sa révolte
contre Dieu, est de nous chasser
de
notre place dans les lieux célestes et de nous enlever ainsi la jouissance de
tout ce qu’ils contiennent ; le but de Dieu (toute cette épître le
montre), est de nous y établir
. Aussi la fin des l’épître nous
signale les dangers auxquels nous sommes exposés..
Pour surmonter et vaincre
notre terrible ennemi, une chose nous est nécessaire : la force
: « Au reste, mes frères, fortifiez-vous dans le Seigneur et dans
la puissance de sa force ». Cette force nous ne la trouvons pas en nous, mais
dans le Seigneur : « Bienheureux l’homme dont la force est en toi… ils
marchent de force en force » (Ps. 84:5, 7). Ce n’est pas tout de connaître la
grâce, sans laquelle nous ne pourrions jamais être amenés à Dieu, ni introduits
dans les bénédictions célestes, ni préservés de chute ; mais il nous faut
encore de la force pour le combat. Nous, chrétiens, nous devons la chercher, et
Dieu la donne gratuitement à qui la lui demande. Elle est toujours à notre
disposition et consiste en une armure que nous trouvons, toute préparée, à
l’arsenal de Dieu. Pour nous permettre de remporter la victoire, cette armure
doit être complète
. C’est une panoplie
; le
chrétien doit être armé de toutes pièces. C’est en outre une armure de Dieu
; elle lui appartient ; Lui seul peut la donner.
Présentons ici quelques axiomes qui trouveront leur développement dans les pages suivantes.
1° Il faut avoir revêtu
l’armure avant
le combat. Elle sera
insuffisante si nous la revêtons au cours de la lutte, car il y manquera
toujours quelque pièce.
2° Les pièces de l’armure
doivent être prises dans un certain ordre
et pour les prendre dans cet ordre il faut les connaître et être
familiarisé avec elles.
3° L’armure est avant tout un
état pratique de l’âme
; il est extrêmement important de le
savoir et d’en être convaincu. Elle n’a rien de théorique. On pourrait
expliquer en détail la forme et l’usage de toutes les pièces de l’armure sans
que cette savante théorie servît à quoi que ce soit pour vaincre.
4° Ce qui produit en nous l’état pratique dont nous parlons, c’est, comme nous le verrons, LA PAROLE.
5° Après avoir été formés
par elle, et munis de toutes les
grâces qu’elle peut nous communiquer, nous pouvons saisir CETTE MÊME PAROLE
comme l’épée
de l’Esprit pour attaquer et vaincre l’Ennemi. Elle devient,
unie à la prière
, l’arme offensive
, après
nous avoir fourni nos armes défensives.
Aux v. 11-12, nous trouvons
les caractères de la dangereuse puissance que nous avons à combattre. Elle a
pour premier caractère ses artifices,
ses
ruses pour tromper, pour dresser des embûches, pour mettre en défaut, pour
aveugler sur ses intentions en prenant des déguisements divers, pour se glisser
en espion dans l’armée de Dieu, afin de la surprendre, quand, faute de
surveillance, la défense a été négligée. Ces ruses nous obligent dès l’abord à
démasquer l’Ennemi et à le signaler sous son vrai nom : LE DIABLE.
Mais notre adversaire a
d’autres moyens à sa disposition que des ruses. À certains moments, nous avons
affaire à son attaque brusquée
. Tout à coup, il se démasque. Toute
son armée, conduite par ses chefs, est réunie contre nous. L’attaque a lieu la
nuit. Les principautés, les autorités, les dominateurs de ces ténèbres, Satan
lui-même, qui n’est pas encore chassé des lieux célestes et y déploie librement
son rôle d’accusateur, tous dirigent le choc, auquel il nous faut résister à tout prix
. Dans la « grande guerre » (*) qui s’est terminée par la victoire, les bons
généraux ne cessaient de le répéter à leurs troupes. Il en est de même dans
notre combat spirituel.
(*) Note Bibliquest : « grande guerre » = première guerre mondiale.
Mais pour vaincre, il faut
avoir revêtu l’armure avant le mauvais
jour
. La faculté de s’en
servir et d’en connaître les parties ne s’acquiert pas, avons-nous dit, pendant
la bataille. À quoi servirait
une arme, même quand on l’aurait entre ses mains, si l’on ne savait pas s’en
servir ?
« Et, après
avoir tout surmonté, tenir ferme
». Conquérir les positions de l’ennemi exige
l’effort et l’énergie ; mais il
faut s’y maintenir
, passer
en un instant de l’offensive à la défensive, afin de ne pas reperdre les
positions conquises. La jouissance
des
conquêtes les plus élevées de la Canaan céleste, de notre position en Christ, de
notre communion avec le Père et avec le Fils, peut être reperdue en un instant.
Il nous faut tenir ferme ces conquêtes.
Le v. 14 répète
l’exhortation : « Tenez donc ferme
», car on ne peut assez insister sur ce point. Chaque pièce de
notre armure doit entrer en jeu, à son tour, pour maintenir notre position. La
victoire nous sera ainsi définitivement assurée
, car le moment arrivera où le combat
prendra fin. Seulement, ne nous berçons d’aucune illusion : il durera
jusqu’au jour où nous célèbrerons la victoire dans les lieux célestes, à tout
jamais délivrés de la puissance spirituelle de méchanceté qui s’y trouve
maintenant.
Le chant de victoire finale
de David « au jour où l’Éternel l’eut délivré de la main de tous ses ennemis et
de la main de Saül », le principal d’entre eux, est bien à sa place ici, car il
y est parlé de victoire finale et les pièces de l’armure y sont mentionnées,
comme avant concouru à ce magnifique et définitif triomphe. Écoutez
plutôt : « Quant à Dieu, sa voie est parfaite ; la Parole
de l’Éternel est affinée ; il est
un bouclier
à tous ceux qui se confient en lui. Car qui est Dieu, hormis
l’Éternel, — et qui est un rocher, si ce n’est notre Dieu, le Dieu qui me ceint
de force
et qui rend ma voie
parfaite ? qui rend mes pieds
pareils à ceux
des biches, et qui me fait tenir debout sur mes lieux élevés ; qui
enseigne mes mains à combattre,
et mes bras
bandent un arc
d’airain
. Et tu m’as donné
le bouclier
de ton salut, et ta
droite m’a soutenu, et ta débonnaireté m’a agrandi. Tu as mis au large mes pas
sous moi, et les chevilles de mes pieds
n’ont
pas chancelé. J’ai poursuivi mes ennemis et je les ai atteints ; et je ne
m’en suis pas retourné que je ne les aie consumés. Je les ai transpercés
et ils n’ont pu se relever ;
ils sont tombés sous mes pieds. Et tu m’as ceint
de force pour le combat ; tu as courbé sous moi ceux qui s’élevaient
contre moi. Et tu as fait que mes ennemis m’ont tourné le dos ; et ceux
qui me haïssaient, je les ai détruits. Ils criaient, et il n’y a point de
Sauveur ; ils criaient à l’Éternel, et il ne leur a pas répondu. Et je les
ai brisés menu, comme la poussière devant le vent ; je les ai jetés loin
comme la boue des rues » (Ps. 18:30-42 ; 2 Sam. 22:31-43).
Repassons donc, avec le roi prophète, toutes les pièces de l’armure, telles que le sixième chapitre des Éphésiens nous les décrit.
Remarquons d’abord deux
catégories d’armes en premier lieu les armes
défensives
qui nous permettent de résister à l’Ennemi. Ce sont : la ceinture
, la cuirasse
, la chaussure
, le bouclier
et le casque.
En second lieu, les armes offensives
. Ce sont : l’épée
et la prière.
Ces armes sont au nombre de sept
, chiffre qui indique toujours dans l’Écriture la plénitude
spirituelle et divine à l’oeuvre
pour le bien dans les choses d’ici-bas. (*)
(*) En parlant ainsi nous
n’oublions pas que ce nombre indique parfois dans l’Écriture une plénitude spirituelle mauvaise et employée pour le mal par
la puissance satanique. Voyez : Le
langage symbolique de l’Apocalypse,
par H. R., page 8.
« Ayant vos reins ceints de la vérité ».
Nous l’avons dit plus haut : L’armure est un état pratique ; et ce qui nous forme à cet état, c’est la Parole de Dieu.
La ceinture est la vérité.
La vérité est la Parole
de Dieu
, comme le Seigneur le dit en Jean 17:17 : « Ta Parole est
la vérité ». Il faut s’appliquer la vérité avant de s’en servir contre les
autres.
La Parole est appliquée comme
ceinture aux reins.
Les reins sont ce
qu’il y a de plus profond, de plus caché dans l’homme : ses pensées, ses
sentiments, sa conscience ; ce que l’apôtre Pierre appelle son
entendement : « Ceignant les reins de votre entendement et étant sobres » (1
Pierre 1:13). Ceindre les reins de notre entendement signifie donc la
préparation spirituelle de notre « homme intérieur » par la Parole, à l’acte
d’être sobres dans toute notre conduite. Cette ceinture, la Parole de vérité,
nous donne la force
pour la lutte,
selon qu’il est écrit : « Elle ceint ses reins de force » (Prov. 31:17), et
encore : « Le Dieu qui me ceint de force » (Ps. 18:32).
Dans notre passage nos reins
doivent être ceints pour le combat
, et nous devons puiser dans la
Parole de vérité la force nécessaire pour résister aux artifices de
l’Ennemi ; mais d’autres passages nous apprennent que nous avons besoin de
cette même ceinture pour notre marche (Ex. 12:11) ; pour notre service
journalier (Luc 12:35) ; pour le service sacerdotal devant Dieu (Lév.
16:4) ; pour le service prophétique (Matt. 3:4 ; 2 Rois 1:8). Dans
tous ces services, il faut que la Parole de vérité, en nous faisant juger tout
ce qui est de la chair, fortifie nos pensées, nos sentiments, nos affections,
affermisse l’homme intérieur tout entier, en apportant la révélation de Christ
à son coeur et à sa conscience. La Parole de vérité découvre et juge en nous
tout ce qui n’est pas de Christ, nous le fait rejeter, et apporte, en échange,
à notre âme la connaissance de cette personne bénie : dans sa grâce et son
amour, pour nous réjouir — dans sa puissance et son autorité, pour nous
affermir et nous former à l’obéissance. Ainsi la Parole de vérité découvre en
nous tout ce qui est incompatible avec la vie divine et elle nous forme pour en
réaliser la puissance. Autrement dit, elle juge la chair et façonne l’homme
intérieur pour le combat, la marche et le service.
« Être ceints de la vérité » est donc de toute importance. C’est la première pièce de l’armure qu’il nous faut revêtir avant toutes les autres. Intérieurement, tout doit être en règle quant à nos affections, afin qu’elles soient attachées à Christ seul, que rien d’étranger à la vie de Dieu, rien de conforme à la vie du monde, ne vienne s’y mêler. Ainsi notre état spirituel sera bon ; Christ occupera dans notre coeur la place qui lui est due ; tout ce qui lui est étranger sera jugé et abandonné. L’âme, jouissant des choses excellentes, ne sera plus attirée vers les convoitises par lesquelles Satan cherche à la vaincre. Elle y résistera, la sainte Parole lui ayant découvert tout ce qui est incompatible avec Christ et le nouvel homme.
Combien donc il cet important de rester toujours en contact intime avec la Vérité : avec la Parole de Dieu ! Toutes nos chutes et nos défaites devant l’Ennemi ont leur point de départ dans la négligence de la Parole, négligence qui ne tarde pas à nous rendre indifférents à son égard, à ne plus la méditer, et nous livre enfin sans force aux entreprises de l’Ennemi. En pareil cas, le vieil homme n’est pas jugé, le coeur reste sec et sans intérêt pour Christ, la puissance spirituelle fait défaut, l’Ennemi, plus fort que nous, a le dessus, et nous succombons honteusement dans une lutte où la victoire nous était assurée !
« Les reins ceints de la
vérité » sont donc un état pratique et
subjectif
de notre âme, sous l’action de la Parole, et nous allons voir
qu’il en est de même pour tout ce que nous avons appelé les armes défensives
du chrétien.
« Ayant revêtu la cuirasse de la justice ».
Cette tournure de phrase qui
revient fréquemment dans les écrits de Paul ne signifie pas « la cuirasse qui
appartient à la justice », mais : « la justice comme cuirasse », c’est-à-dire
que cette cuirasse est la justice elle-même. Il s’agit ici, comme en maint
autre passage, non pas de la justice parfaite, immuable, que le chrétien possède
devant Dieu, car cette justice est Christ lui-même ; mais il est question
de justice pratique
. Nous pouvons définir cette justice
comme étant l’absence de péché dans nos
voies
; ainsi nous
trouvons au Ps. 23 : « Il restaure mon âme ; il me conduit dans des
sentiers de justice
, à cause de son nom ». Ces sentiers,
le péché n’y entre pas, car ils ont été tracés pour la brebis par le Berger qui
y a marché devant elle.
La justice pratique se manifeste dans notre conduite envers Dieu, envers les hommes, et envers nous-mêmes. Dans tous ces rapports, le chrétien fidèle évite de pécher. Comment Satan pourrait-il vaincre celui qui ne bronche pas ? (Phil. 1:10). Ce dernier a une bonne conscience devant Dieu et devant les hommes ; non pas qu’il soit sans péché, mais sa conscience étant toujours en éveil, il juge et confesse devant Dieu chaque péché qu’il commet, afin d’en être purifié, et l’Ennemi ne peut avoir de prise sur lui. La bonne conscience dont nous parlons ici n’est pas la conscience « rendue parfaite à perpétuité » par le sang de Christ qui l’a purifiée, en sorte que « nous n’ayons plus aucune conscience de péchés » devant Dieu (Hébr. 10:3, 14, 17, 22) ; non, c’est une conscience sans reproche, nous rendant capables de combattre l’Ennemi et de lui résister. Elle caractérisait toute la conduite de l’apôtre Paul (cf. 2 Cor. 1:12 ; 1 Tim. 1:5, 19, etc.). Il pouvait dire : « Je m’exerce à avoir toujours une conscience sans reproche devant Dieu et devant les hommes » ; et : « Je me suis conduit en toute bonne conscience devant Dieu jusqu’à ce jour » (Actes 24:16 ; 23:1).
Dans toutes ces choses Jésus
est notre modèle parfait. Comme la justice pratique l’a caractérisé dès le
début de son ministère (Matth. 3:15) et l’a accompagné jusqu’au bout de sa
carrière (Luc 23:47), elle l’accompagnera encore lorsque, comme fils de
l’homme, il livrera le combat final et remportera la victoire : « Son
bras », est-il dit, « le sauva, et sa justice le soutint. Et il revêtit la
justice comme une cuirasse
, et mit un casque de salut sur sa tête » (És.
59:16, 17). La cuirasse garantit notre coeur
, comme nous le disions plus
haut en citant 1 Thess. 5:4-10. Satan ne peut nous atteindre et nous blesser
aux sources de la vie quand nous lui opposons des coeurs réfractaires aux
convoitises et aux souillures du monde, des coeurs trouvant leurs délices dans
la parole de Dieu et leur plaisir dans tous ceux qui sont de Lui. Nous avons
donc ici un état pratique et personnel comme dans la ceinture. Cette justice
pratique trouve, dans la Parole de Dieu, sa règle et la force qui la produit,
car la cuirasse, comme la ceinture, suppose la force pour résister à l’assaut
de l’Ennemi.
« Ayant chaussé vos pieds de la préparation de l’Évangile de paix ».
Nous trouvons dans ce passage
la paix dans la marche
, paix
à laquelle la connaissance de l’Évangile nous prépare. L’Évangile nous rend
humbles en nous apportant la révélation de notre état de perdition et de la
grâce gratuite de Dieu à notre égard. Ayant reçu cet Évangile par la foi, nous
avons la paix avec Dieu et l’assurance que rien ne nous séparera désormais de
sa faveur. Tout est en règle entre notre âme et Lui. Quand nous avons trouvé la
paix pour nous-mêmes, toute notre marche s’en ressent. Cette partie de l’armure
nous porte vers les hommes, non pour leur faire la guerre et les combattre,
mais pour leur apporter la paix que notre âme a reçue par l’Évangile.
Dans ces fonctions, nous
rencontrons l’Ennemi qui veut garder son empire sur les âmes et cherche à les
maintenir dans un état de guerre contre Dieu. Ceints de la ceinture, protégés
par la cuirasse, nous allons à lui, mais nous ne craignons pas de proclamer
hautement la paix. La paix que nous apportons nous engage nécessairement dans
le conflit avec Satan, seulement nous savons que le Dieu de paix
le brisera bientôt sous nos pieds.
Dans la pratique il nous faut prendre garde, pour gagner à Christ les âmes des pécheurs, de ne pas nous présenter à eux avec des discussions qui les aigrissent, mais de leur apporter ce qu’ils ne possèdent pas, la paix de la conscience et du coeur dans la connaissance de Jésus, la paix dont Il jouit lui-même et qu’il nous a laissée et donnée, en nous quittant, de sorte que nous pouvons l’offrir à d’autres. La chaussure est donc un état pratique de notre âme apporté par la parole de Christ et qui se révèle dans notre marche. Un tel état résiste à tous les artifices de Satan qui n’a jamais procuré aux hommes que le contraire de la paix. Seul le chrétien la connaît, peut y marcher et la présenter à d’autres.
« Par-dessus tout, prenant le bouclier de la foi, par lequel vous pourrez éteindre tous les dards enflammés du méchant ».
« Par dessus tout » : En
effet, parmi toutes nos armes défensives, aucune ne surpasse en valeur le bouclier de la foi
. C’est par la foi
que nous sommes sauvés, justifiés, que nous avons la paix avec Dieu et une
pleine assurance devant Lui ; par elle nous avons accès à sa faveur ;
par elle nous réalisons les choses qui ne se voient point ; par elle
Christ est devenu l’objet de nos coeurs et de notre espérance.
Dieu, parlant à Abraham, se
fait connaître à lui comme son bouclier
, comme Celui qui le mettait à l’abri
des flèches de l’Ennemi (Gen. 15:1). Les moyens par lesquels le monde cherche à
échapper aux javelots de Satan, ne pourront jamais l’en mettre à l’abri. « Sur
les montagnes de Guilboa fut jeté comme une chose souillée, le bouclier
des hommes forts, le bouclier de Saül,
comme s’il n’eût pas été oint d’huile ». Saül, malgré sa couronne, sa valeur et
sa dignité, dut laisser tomber à terre son bouclier dans la défaite (2 Sam.
1:21). Mais « l’Éternel est un bouclier
pour
tous ceux qui se confient en Lui » (Ps. 18:30). « Toi, notre bouclier
! »
« L’Éternel Dieu est un soleil et un bouclier
! » C’est ainsi que s’exprime le roi
David.
Pour nous le bouclier est celui
de la foi
, de la confiance en ce que Dieu EST
. Telle est la foi, en effet. Elle
n’a aucune confiance en l’homme, en ce que nous
sommes
. Cette confiance-là
ne pourrait être que le bouclier de Saül présageant une ruine définitive,
tandis que la foi met toute sa confiance en Dieu. Satan peut-il atteindre
Dieu ? La seule chose qu’il puisse faire, c’est de produire dans nos âmes
la méfiance à son égard. Il en fut ainsi de nos premiers parents ; une
seule pensée de méfiance fit d’eux la proie de l’Ennemi qui avait juré leur
perte. Les flèches que le Méchant tire contre nous ont pour but de nous faire
douter de la bonté et de la puissance de Dieu. Ce qui perdit Adam dans le
Paradis, perdit aussi Israël dans le désert. Ce peuple douta de Dieu :
Dieu pourrait-il nous donner de l’eau, du pain, de la chair à manger ?
Mais tous les dards enflammés du Méchant, destinés à allumer dans nos coeurs la
défiance et le doute quant à l’amour et à la fidélité de Dieu tomberont
toujours devant l’assurance en Lui, que la foi nous donne. « Abraham ne forma
point de doute sur la promesse de Dieu par l’incrédulité, mais il fut fortifié
dans la foi, donnant gloire à Dieu, et étant pleinement persuadé que ce qu’il a
promis, il est puissant aussi pour l’accomplir » (Rom. 4:20-21).
C’est par la parole de Dieu que la foi est apportée dans nos coeurs ; par cette même Parole elle y est entretenue.
Remarquez que la confiance en
Dieu croit ou diminue en proportion de la confiance en nous-mêmes. Il faut que
notre confiance ait un objet en dehors de nous, une personne divine, puissante
et parfaite, sur laquelle nous puissions absolument compter et c’est ce que
nous avons en Christ. Le Méchant qui veut nous tourmenter et nous mettre à sa
merci, possède des dards enflammés qui brûlent tout ce qu’ils touchent. Sur une
seule personne, ils n’ont aucune prise et tombent à terre ; ils sont
consumés par eux-mêmes, devant la foi en Christ. La vipère, suscitée pour tuer
Paul, devint la proie du feu, sur un simple mouvement de la main de l’apôtre.
La puissance de celui-ci contre elle résidait dans sa foi. Ne laissons jamais
tomber le bouclier de la foi, la confiance absolue en ce que Dieu est
!
« Prenez aussi le casque du salut ».
Si le bouclier de la foi est
la confiance en ce que Dieu est
, le casque du salut (*) est la confiance en ce que Dieu A FAIT.
(*)
On a remarqué qu’ici le mot salut
signifie ce qui sauve
plutôt que le
salut en lui-même.
Cette expression se retrouve en Luc 2:3 ;
3:6 ; Act. 28:28.
En Ésaïe 58:17, Christ homme
met un casque de salut sur sa tête pour remporter la victoire finale. Ce casque
est la pleine confiance dans la délivrance que l’Éternel opèrera
en sa faveur. Ici c’est la jouissance actuelle du salut opéré
pour nous par Christ. En 1 Thess.
5:8, que nous avons examiné plus haut (voyez point 5.2), le casque est l’espérance du salut
, la certitude d’une délivrance qui
est encore à venir. Nous lisons au Ps. 140:7 : « L’Éternel, le Seigneur,
est la force de mon salut
; tu as couvert ma tête
au jour des armes ». La puissance de notre délivrance
est Christ, le Seigneur lui-même. Notre tête, au jour du combat est couverte,
comme d’un casque, de la conscience que cette délivrance est assurée,
puisqu’elle dépend uniquement de la force qui est en Lui.
L’âme, pleine de la joie que lui apporte l’oeuvre accomplie à la croix — oeuvre dont les résultats s’étendent au passé, au présent et à l’avenir — est préservée de ce qui pourrait lui faire perdre courage devant l’attaque de Satan. Celui-ci cherche à nous enlever notre assurance pour provoquer notre défaite. Cette assurance garantit notre tête, le centre même de notre vie et de notre activité, gardée ainsi de se porter sur d’autres objets que sur Christ seul.
Arrêtons-nous un instant, avant de considérer nos armes offensives contre l’Ennemi.
Jusqu’ici toutes
les pièces de l’armure se
rapportaient à l’état de notre âme
. Elles supposaient
qu’intérieurement tout est en ordre 1° quant à nos affections, 2° quant à nos
péchés, 3° quant à notre marche, 4° quant à notre foi, 5° quant à la certitude
de notre salut devant Dieu.
La Parole de Dieu
est ce qui agit en nous en vue de ces résultats.
Elle a une vertu formatrice
pour le
chrétien. Nous disons : « le chrétien » ; en effet, elle ne peut avoir
la même action sur une âme qui n’a pas reçu, par la foi, Jésus comme Sauveur,
car il faut, avant tout, que la Parole ait produit la repentance et la foi à
salut dans le coeur et la conscience du pécheur.
Jusqu’ici, toutes les pièces
de l’armure correspondent à ce qui nous est présenté dans l’épître à Tite,
comme étant le produit de l’enseignement de la grâce : « Nous enseignant
que, reniant l’impiété et les convoitises mondaines, nous vivions, dans le
présent siècle, sobrement
, et justement
, et pieusement
, attendant la bienheureuse espérance
et l’apparition de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur Jésus Christ »
(Tite 3:12-13). Aucune de ces choses n’appartient aux enfants du monde. Ce
qu’il leur faut c’est de recevoir « le salut apporté par la grâce » (Tite 3:11).
« L’enseignement » ne commence qu’après cela. Dans ces pièces de l’armure tout se
rapporte à la vie pratique du chrétien
.
Considérons maintenant nos armes offensives, celles qui ne servent pas seulement à résister et à tenir ferme contre les attaques de l’Ennemi, mais à combattre et à remporter la victoire en surmontant tous les obstacles. Ces armes sont au nombre de deux.
« Prenez l’épée de l’Esprit qui est la parole de Dieu ».
Ayant été formés par la Parole pour résister à l’Ennemi, nous avons maintenant à saisir cette même Parole, comme épée, pour le forcer à abandonner la partie.
Il est important de remarquer
que les chrétiens n’obtiennent aucun effet réel de la Parole, ne peuvent
remporter par elle aucune victoire et en connaîtront à peine l’usage, s’ils
n’ont pas fait l’expérience de son efficace sur eux-mêmes, et si elle ne les a
pas formés individuellement pour résister aux séductions de Satan. Il faut
avoir fait des expériences intérieures et personnelles de la puissance de la
Parole pour pouvoir s’en servir en faveur des autres. Les fleuves d’eau vive ne
coulent de nos entrailles que lorsque, ayant eu soif nous-mêmes, nous sommes
venus à Jésus pour boire. Il en est de même dans la première épître de
Jean : « Je vous ai écrit, jeunes gens, parce que vous êtes forts et que la
parole de Dieu demeure en vous, et que vous avez vaincu le Méchant ». Les jeunes
gens sont forts
: ils se sont « fortifiés dans le
Seigneur et dans la puissance de sa force ». La parole de Dieu demeure
en eux
: ils ont pris les pièces défensives de l’armure, et subi
l’effet durable
de la Parole dans
leur coeur, avant
de prendre l’épée.
Ensuite ils ont vaincu le Méchant
:
c’est l’épée, l’arme offensive, qui suit la préparation personnelle. Cette même
préparation intérieure est
exprimée au chap. 3 de notre épître (v. 16)
par ces mots : « Fortifiés en puissance par son Esprit, quant à
l’homme intérieur ; de sorte que le Christ habite par la foi dans vos
coeurs ». Et l’on voit ensuite (v. 18-19) que, de cette puissante action de
l’Esprit en nous, dépendent nos plus hautes jouissances quant à la possession
du pays de la promesse et quant à la connaissance de Christ, de son amour et de
ses gloires.
Le chap. 4 de l’épître aux Hébreux, v. 12, nous montre que cette épée est la parole de Dieu. Après qu’elle a exercé son action dans notre coeur, comme nous l’avons déjà vu dans ce passage, pour nous apprendre à nous juger entièrement, nous pouvons la saisir comme arme pour atteindre la conscience des autres. Elle est l’épée de l’Esprit. L’Esprit seul peut lui donner tout son tranchant et la faire pénétrer dans les coeurs comme elle est entrée dans le nôtre. C’est par elle que nous pouvons mettre à nu les desseins de Satan que nous n’ignorons pas, en sorte que les « simples » soient gardés de ses attaques. C’est par elle enfin que nous pouvons réduire à néant les subtilités et les mensonges mis en avant pour nous empêcher de maintenir nos positions dans les lieux célestes ou d’en conquérir de nouvelles.
Mais du moment que nous prenons l’épée, le combat pour l’Évangile, comme nous allons le voir au sujet de la seconde arme offensive, ne peut pas être exclu. Répétons cependant que le combat de l’épître aux Éphésiens a pour but principal d’assurer aux chrétiens la possession et la jouissance de leur héritage céleste.
« Priant par toutes sortes de prières et de supplications, en tout temps, par l’Esprit, et veillant à cela avec toute persévérance et des supplications pour tous les saints, et pour moi, afin qu’il me soit donné de parler à bouche ouverte pour donner à connaître avec hardiesse le mystère de l’Évangile, pour lequel je suis un ambassadeur chargé de chaînes, afin que j’use de hardiesse en lui, ainsi qu’il faut que je parle ».
Comme le bouclier est
l’expression de la foi
, la prière est l’expression de la dépendance
. Comme la Parole est l’épée de l’Esprit
agissant au
dehors en puissance contre l’Ennemi, la prière est l’expression de l’Esprit
en nous
, montant à Dieu par
notre moyen, pour obtenir des résultats que Lui seul peut produire. La prière a
toutes sortes de formes, depuis la simple demande jusqu’aux supplications les
plus instantes. C’étaient les formes que revêtaient les prières de notre
Sauveur bien-aimé lui-même, jusqu’à les offrir « avec de grands cris et avec
larmes » en Gethsémané. Daniel prenait la même attitude, quand il combattait en
faveur de son peuple. Il dit : « Et je tournai ma face vers le Seigneur
Dieu, pour le rechercher par la prière et la supplication, dans le jeûne et le
sac et la cendre » (Dan. 9:3). En parcourant les Psaumes, nous y trouvons toutes
les nuances et toutes les formes de la prière, et, de fait, ce livre pourrait
en grande partie être intitulé de ce nom. Phil. 4:6 nous dit les mêmes
choses : « Ne vous inquiétez de rien, mais, en toutes choses, exposez vos
requêtes à Dieu par des prières et des supplications avec des actions de
grâces ». Seulement, dans ce cas, la prière a pour sujet nos besoins personnels,
tandis que, dans l’épître aux Éphésiens, elle est destinée à soutenir les
saints, « tous les saints », dans la lutte, de même que Paul leur capitaine, sous
les ordres du Chef suprême qui est Christ. Paul avait besoin de hardiesse dans
l’Évangile, et la prière, arme de l’Esprit, était à la disposition de tous les
saints pour demander qu’il fût fortifié dans le combat.
Pensons-nous assez à la
valeur de cette arme ? En usons-nous suffisamment ? Par elle nous
pouvons combattre avec
les serviteurs
du Seigneur et pour
eux (Rom. 15:30). C’était ainsi que Paul combattait
pour les Colossiens. Épaphras faisait de même (Col. 2:1 ; 4:12). La prière
faisait certainement partie du combat des soeurs qui étaient associées avec
l’apôtre, car la prière est inséparable du combat de l’Évangile (Phil. 4:3).
La prière est donc avec l’épée une arme offensive par excellence. Les deux piliers du christianisme ne sont-ils pas la Parole et la prière, la Parole, témoignage vis-à-vis du monde et qui s’adresse à lui, la prière qui s’adresse à Dieu seul.