REMARQUES sur la PREMIÈRE ÉPÎTRE de PIERRE

par H. Rossier


Table des matières :

1 - CHAPITRE 1

2 - CHAPITRE 2

3 - CHAPITRE 3

4 - CHAPITRE 4

5 - CHAPITRE 5


1 - CHAPITRE 1

Pierre, apôtre de Jésus Christ, à ceux de la dispersion, du Pont, de la Galatie, de la Cappadoce, de l’Asie et de la Bithynie, qui séjournent parmi les nations, élus selon la préconnaissance de Dieu le Père, en sainteté de l’Esprit, pour l’obéissance et l’aspersion du sang de Jésus Christ. Que la grâce et la paix vous soient multipliées (v. 1, 2).

Il est intéressant de constater que l’apôtre Pierre adresse son épître aux chrétiens sortis du judaïsme dans les provinces mêmes où l’apôtre Paul commença l’exercice de sa mission. Ce fait nous parle du jugement définitif de Dieu sous lequel Israël était placé dorénavant, tandis que la grâce se tournait vers les nations ; mais il nous parle aussi de cette même grâce envers le peuple coupable, grâce qui, malgré tout, amenait un pauvre et faible résidu d’entre eux à Christ pour avoir part aux bénédictions dont les nations jouissaient désormais. On comprend d’autant mieux le contraste entre la doctrine de Pierre et celle de Paul, tout en voyant que l’une comme l’autre est d’origine absolument divine. C’est ce que nous allons chercher à démontrer.

Et d’abord il y a une opposition du tout au tout entre la foi d’un juif asservi à la loi et celle d’un juif converti au christianisme. Les deux versets que nous venons de lire le prouvent surabondamment. Les trois personnes de la divinité, Dieu le Père, le Saint Esprit et Jésus Christ le Sauveur, inconnus au peuple juif dans leur caractère propre, sont cités ici comme formant la base sur laquelle la foi de ces croyants est édifiée. Cette foi elle-même a son point de départ, non pas comme celle d’Israël dans l’élection d’Abraham, mais dans la préconnaissance de Dieu le Père. Il faut remonter à l’éternité pour en découvrir l’origine et là encore nous ne pouvons la découvrir, puisqu’elle plonge dans l’infini. Cette préconnaissance a ses racines dans l’amour, car c’est Dieu le Père qui la possède. Elle s’est manifestée dans l’élection et il est arrivé un moment où la réalité de cette élection a éclaté aux yeux des saints. C’est ce qui faisait dire à Paul, écrivant aux Thessaloniciens : « SACHANT, frères aimés de Dieu, votre élection » (1 Thess. 1:4). Comment pouvait-il le savoir ? Par les fruits que le Saint Esprit leur faisait porter. Mais avant même que ces fruits, visibles à tous, soient produits, il y a une action préliminaire du Saint Esprit pour sanctifier, c’est-à-dire pour mettre à part, les élus en vue du témoignage auquel ils sont appelés. Cette action est multiple. Qu’elle consiste en épreuves, en pertes, en maladies, en coups subits, en appels arrivant au moment favorable, etc., etc. ; l’âme est, à un moment donné, isolée de cette manière, obligée de prêter l’oreille pour entendre le son doux et subtil de la grâce, qu’elle n’aurait pas entendu sans cette intervention divine. Voilà ce qui est exprimé par ces mots  : En sainteté de l’Esprit. Celui qui a pu assister à l’action sanctifiante du Saint Esprit et en a vu les effets, peut dire alors comme l’apôtre : « Sachant, frères aimés de Dieu, votre élection ».

Ayant assisté pour ainsi dire aux conseils de Dieu et à tout son travail préliminaire dans les saints, nous sommes informés du but auquel ce travail devait aboutir. Ce but est double dans cette épître ; il est résumé par ces mots : Élus… pour l’obéissance et l’aspersion du sang de Jésus Christ.

« Élus pour l’obéissance de Jésus Christ » (*). Dieu veut avoir sur la terre un peuple qui suive les traces de l’homme parfait. Toute la vie de Christ ici-bas se résume dans ce seul mot : Obéir à Dieu. « Voici, dit-il, je viens pour faire, ô Dieu, ta volonté ». Il a réalisé cette obéissance jusque dans l’agonie de Gethsémané en disant : Que ce ne soit pas ma volonté, mais la tienne qui soit faite (Luc 22:42) et encore quand son âme était troublée devant l’heure de l’abandon : Père, glorifie ton nom ! (Jean 12:28).

Mais notre passage nous présente un second but de l’élection : pour l’aspersion du sang de Jésus Christ. C’était à quoi les Hébreux étaient venus. Vous êtes venus, leur dit l’apôtre, au sang d’aspersion qui parle mieux qu’Abel (Héb. 12:24). Il s’agit ici de l’aspersion de sang dont étaient purifiées toutes choses sous la loi (Lév. 16:14 ; Héb. 11:28). Impossible d’entrer dans le chemin de l’obéissance de Christ sans avoir été purifiés par son sang. Il ne s’agit pas ici du rachat, du pardon, du salut, mais d’être rendus participants de la pureté de Christ devant Dieu pour pouvoir obéir comme lui. Or nous sommes mis à part par l’aspersion du sang de Christ sans laquelle aucune obéissance, semblable à la sienne, ne serait possible.

(*) « De Jésus Christ » se rapporte à obéissance aussi bien qu’à aspersion du sang.

En contraste avec l’élection de ces chrétiens sortis du judaïsme, voyons ce que l’apôtre Paul nous dit du choix des nations. Le passage de 2 Thessaloniciens est particulièrement instructif sous ce rapport : « Mais nous devons toujours rendre grâces à Dieu pour vous, frères aimés du Seigneur, de ce que Dieu vous a choisis dès le commencement pour le SALUT dans la sainteté de l’Esprit et dans la foi de la vérité, à quoi il vous a appelés par notre évangile pour que vous obteniez la gloire de notre Seigneur Jésus Christ (2 Thess. 2:13, 14).

Ces croyants étaient des frères aimés du Seigneur. L’amour de Christ était à la base de tout ce qui avait été fait à leur égard. Dieu les avait choisis dès le commencement. Quel était ce commencement, sinon celui où la Parole était déjà, (Jean 1:1) un commencement qui nous plonge dans l’éternité infinie ? Au moment où tout était encore à créer, ces Thessaloniciens étaient déjà les objets du choix de Dieu ; et en vue de quoi ? Pour le salut. Le salut était l’objet que Dieu s’était proposé pour eux, en opposition à l’homme de péché qui s’était voué lui-même à la perdition et y avait entraîné ceux qui n’avaient pas « reçu l’amour de la vérité pour être sauvés »,qui n’en avaient pas voulu.

Qu’est-ce donc que ce salut ? Il est d’abord l’absolue délivrance du péché et de toutes ses conséquences. Avant que le péché eût été introduit dans le monde, Dieu y avait déjà pourvu ; et quand Satan semblait avoir gagné la partie, tous ses desseins étaient déjà réduits d’avance à néant. Dieu avait décidé d’abolir toutes les conséquences du péché : la mort, la colère de Dieu, le jugement, en sorte que, délivrés de cet affreux esclavage, les rachetés pussent jouir, en pleine liberté devant Dieu, de la vie, de la faveur de Dieu, de la gloire ! — Mais le salut est en second lieu l’introduction dans la lumière parfaite de la présence de Dieu, selon la pleine acceptation de Christ. Cela ne pouvait avoir lieu que si d’abord Christ avait pris ma place, et ensuite m’avait donné la sienne.

Voilà ce que signifie ce terme : le salut. Mais, pour me le donner, il a fallu d’abord une intervention de l’Esprit de Dieu qui nous a choisis pour le salut dans la sainteté de l’Esprit. Dieu nous a mis à part en nous confiant aux soins du Saint Esprit dès notre apparition dans le monde. C’est la même pensée qui est exprimée en 1 Pierre 1:2, par ces mots : « En sainteté de l’Esprit » et, comme nous l’avons vu à propos de ce passage, les moyens de mise à part avant la conversion sont infiniment variés. L’épître aux Corinthiens s’exprime à ce sujet, par un seul mot : « Vous avez été sanctifiés » (1 Cor. 6:11).

Telle est donc la première action de Dieu envers nous. Sous cette action, la vérité nous est présentée. La vérité, exprimée en trois mots, c’est ce que je suis, ce que Dieu pense de moi, et ce qu’Il est pour moi. Amené en présence de la vérité, je l’accepte et cette acceptation est la foi. Je n’y suis pour rien ; c’est entièrement l’oeuvre de Dieu. Nous sommes sauvés « par grâce, par la foi ; cela ne vient pas de nous, c’est le don de Dieu ». Comment ce grand salut nous est-il apporté ? Comment avons-nous été appelés ? Par l’Évangile (2 Thess. 2:14). Le dixième chapitre de l’épître aux Romains, v. 14, 15, nous montre de quelle manière cela s’opère… Le résultat final de toute cette oeuvre est de nous faire obtenir la gloire de notre Seigneur Jésus Christ comme cela nous est montré dans cet admirable passage de 2 Thessaloniciens 2. On ne peut aller plus loin !

C’est ici que les deux caractères des épîtres de Pierre et de Paul ressortent d’une manière frappante. Le premier, Pierre, introduit le chrétien sur la terre pour y suivre le chemin d’obéissance de l’Homme parfait, chemin qui conduit à la gloire, et pour lequel le sang de Christ le qualifie. Le second, Paul, annonce un salut si complet par la foi, qu’en vertu de ce salut le chrétien obtient la gloire, et cette gloire est la même que celle de notre Seigneur Jésus Christ !

Que la grâce et la paix vous soient multipliées, nous dit l’apôtre Pierre. Pour suivre cet humble chemin d’obéissance ici-bas, nous avons encore plus besoin de la faveur spéciale et des relations sans nuage de nos âmes avec Dieu, que pour entrer dans la jouissance de notre position céleste !

Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ, qui, selon sa grande miséricorde, nous a régénérés pour une espérance vivante par la résurrection de Jésus Christ d’entre les morts, pour un héritage incorruptible, sans souillure, immarcescible, conservé dans les cieux pour vous, qui êtes gardés par la puissance de Dieu par la foi, pour un salut qui est prêt à être révélé au dernier temps (v. 3-5).

Le changement opéré chez les chrétiens auxquels s’adressait l’apôtre n’avait d’autre motif que la miséricorde de Dieu le Père. Ils étaient régénérés, engendrés de nouveau. Ce n’était en aucune manière une amélioration de leur ancien état dans la chair, mais une nature entièrement nouvelle qui leur était communiquée par Dieu lui-même. Nous voyons, au v. 23 de ce chapitre, quel était l’agent de cette vie nouvelle : « la vivante et permanente Parole de Dieu ». Combien il est important d’insister là-dessus de nos jours, où Satan poursuit son oeuvre de désagrégation dans le monde en niant la valeur immuable de cette Parole pour les âmes. Cette nouvelle naissance, avons-nous dit, n’avait pas d’autre motif que « Sa grande miséricorde ». Elle avait pour but de leur apporter « une espérance vivante par la résurrection de Jésus Christ d’entre les morts » ; mais remarquez qu’elle ne leur apportait aucune part terrestre. Ces chrétiens n’entraient par la foi en possession de quoi que ce fût ici-bas. Il en sera autrement des croyants juifs dans les jours prophétiques, mais alors comme actuellement l’espérance juive ne sera pas vivante. Elle tient et tiendra aux choses actuelles et terrestres qui entourent le croyant et qui seront détruites à la fin. L’espérance chrétienne appartient à une vie et à une région toutes nouvelles. Elle est attachée aux choses célestes et c’est dans ces choses que ces chrétiens sortis du judaïsme étaient introduits par « la résurrection de Jésus Christ d’entre les morts ». Leur espérance était céleste ; leur héritage n’avait plus rien à faire avec la possession d’avantages terrestres et corruptibles ; il était entièrement céleste. Il ne pouvait se souiller, il ne pouvait se flétrir. Pendant le peu d’instants où Dieu avait autrefois confié l’héritage terrestre à Israël, il s’était, comme une fleur entr’ouverte, déjà fané au bout d’un jour. Quant à l’héritage céleste, sa pureté complète, l’impossibilité d’y introduire quelque souillure, ou de le voir prendre fin, le caractérisent. Bien plus, le chrétien ne peut le perdre ; il est conservé par Dieu lui-même dans les cieux pour nous. Vous direz : Cela est vrai, mais peut-être moi, je ne serai pas conservé pour y entrer. Bien au contraire ; s’il m’est conservé, moi, je suis gardé pour en prendre possession plus tard.

Qui êtes gardés par la puissance de Dieu par la foi, pour un salut qui est prêt à être révélé au dernier temps (v. 5).

Tout est donc absolument certain pour le chrétien, quel qu’il soit. Son héritage lui est conservé, lui-même est gardé, pour la délivrance finale qui reste encore à être révélée, mais le sera au dernier temps. Cette puissance de Dieu nous garde pour ce moment-là en même temps que, de notre part, la foi qu’Il nous a donnée nous garde. La foi arrive toujours à ses fins. Elle est « l’assurance des choses qu’on espère, et la conviction de celles qu’on ne voit pas ». Nous sommes gardés, et de quelle manière merveilleuse, pour entrer en possession de cet héritage ! L’apôtre lui donne ce nom : un salut, parce qu’il écrit à des chrétiens sortis du judaïsme. La délivrance, pour eux, n’est pas encore révélée ; il leur faut attendre pour cela « le dernier temps » , mais elle est toute prête à l’être. Dès que le dernier temps aura paru, ce salut sera révélé, c’est-à-dire la pleine et définitive délivrance : tous les résultats éternels et glorieux de l’oeuvre de Christ.

En quoi vous vous réjouissez, tout en étant affligés maintenant pour un peu de temps par diverses tentations, si cela est nécessaire, afin que l’épreuve de votre foi, bien plus précieuse que celle de l’or qui périt et qui toutefois est éprouvé par le feu, soit trouvée tourner à louange, et à gloire, et à honneur, dans la révélation de Jésus Christ (v. 6, 7).

Comment ne pas être rempli de joie en pensant à ce salut, à cette délivrance future, qui se résume en un seul mot : la gloire ? Mais ces chrétiens ne devaient pas oublier que le temps actuel, quoiqu’il fût court désormais, était un temps où ils avaient à être affligés par diverses tentations. Ces tentations ne nous sont pas présentées ici avec le sens de Jacques 1:13-15, mais comme des épreuves envoyées de Dieu dans un but de grâce afin de porter des fruits pour Sa gloire. De ces épreuves, quand elles se présentent, le chrétien peut toujours dire : « Cela est nécessaire ». Jamais Dieu ne nous dispensera une tentation qui ne le soit pas. C’est un grand point et nos coeurs sont affermis au milieu dés difficultés, quelles qu’elles soient, par la pensée qu’elles nous sont nécessaires pour notre bien et pour le triomphe final de la grâce sur l’ennemi de nos âmes. Mais bien plus, ces tentations sont l’épreuve de la foi que Dieu nous a donnée. Comment Dieu, si elle vient de Lui, ne l’éprouverait-il pas et ne triompherait-il pas en l’éprouvant ? Cette épreuve de notre foi sera trouvée tourner à louange, à gloire et à honneur dans la révélation de Jésus Christ par les fruits glorieux qu’elle portera pour lui en nous faisant les compagnons de sa gloire.

Lequel, quoique vous ne l’ayez pas vu, vous aimez ; et, croyant en lui, quoique maintenant vous ne le voyiez pas, vous vous réjouissez d’une joie ineffable et glorieuse, recevant la fin de votre foi, le salut des âmes (v. 8, 9).

Le Christ qui va être révélé et devenir centre de gloire et de bénédictions, ces chrétiens ne l’avaient pas encore vu, mais ils l’aimaient sans le voir et c’était en contraste avec toutes les espérances juives. Leur affection était attirée vers un Christ invisible ; la foi qu’ils avaient reçue les remplissait de joie, quoique maintenant ils ne le vissent pas encore. Cette joie ne pouvait être exprimée par des paroles et avait le caractère et l’avant-goût des bénédictions célestes et glorieuses. Ces chrétiens, quoiqu’ils n’entrassent en possession de rien, ne vissent et ne touchassent rien, recevaient cependant la fin de leur foi, non pas à l’état de gloire et de possession tangible, mais comme une chose actuelle qui comprenait à elle seule toute la gloire céleste en espérance : Le salut des âmes, ou « un salut d’âmes » en contraste avec les délivrances temporelles sur lesquelles les Juifs étaient habitués à compter.

Arrêtons-nous un moment sur cette vérité, d’autant plus qu’elle est le thème capital des épîtres de Pierre et qu’il est de toute importance de la saisir, parce qu’elle caractérise tout un côté de notre christianisme, en contraste, mais sans les contredire en rien, avec les enseignements de l’apôtre Paul. Ce dernier présente la croix comme le point de départ des chrétiens. C’est là que son vieil homme a été crucifié avec Christ. C’est dans la résurrection de Christ qu’il est devenu un homme nouveau, uni avec Christ, participant de sa vie de résurrection et pouvant dire : « Je ne vis plus, moi, mais Christ vit en moi ». Possédant cette vie de résurrection qui est la vie de Christ lui-même, le chrétien se trouve là où Christ se trouve, dans les lieux célestes. Sa vie est cachée avec le Christ en Dieu en attendant que Christ soit manifesté et qu’il soit manifesté avec Lui en gloire. Dans cette espérance, il jouit des choses célestes comme lui appartenant. S’il est encore laissé sur la terre, c’est comme un luminaire céleste destiné à éclairer autour de lui, et sa responsabilité est de montrer dans toute sa marche la personne et le milieu auxquels il est uni pour toujours. Il n’en est pas ainsi de l’enseignement de l’apôtre Pierre :

Il nous présente le chrétien régénéré, possédant à sa conversion une vie toute nouvelle, une vie divine, et laissé dans ce monde pour y reproduire le caractère de Christ homme. Dieu prend soin, par les épreuves, qu’il soit rendu capable de ce témoignage et il l’encourage en plaçant devant le chrétien une espérance d’autant plus assurée qu’il possède « le salut de son âme » comme une chose actuelle, mais qui lui assure d’une manière absolue la possession future de la gloire. Sauf donc le salut de son âme, le chrétien n’a rien dans ce monde qu’une espérance, n’y possède aucun héritage terrestre, ne possède pas davantage un héritage céleste, quoiqu’il sache que cet héritage est conservé pour lui, ne possède pas non plus la délivrance finale, quoiqu’il en attende la révélation au dernier temps. Cependant son bonheur est complet : Il aime celui qu’il ne voit point ; sa joie ne peut être exprimée par la parole, car le salut de son âme est une chose actuelle et qu’aucune puissance ennemie ne pourra jamais lui arracher. Malheureux chrétien, direz-vous : La terre est un désert pour lui, où la seule chose qui lui soit demandée soit l’obéissance, sans même qu’une récompense lui soit promise ; le ciel est une contrée dont il n’a pas pris possession, bien qu’il soit, il est vrai, certain de le posséder un jour. Bien au contraire, dirons-nous : heureux chrétien ! Sa course ici-bas le conduit au but ; ce but est un héritage assuré ; le Seigneur lui-même l’y recevra ; sa foi s’approprie toutes ces choses comme des réalités éternelles ! Sa joie n’a pas de bornes dans l’attente de cette délivrance ! Elle est glorieuse et pourtant il ne possède pas la gloire !

Duquel salut les prophètes qui ont prophétisé de la grâce qui vous était destinée, se sont informés et enquis avec soin, recherchant quel temps, ou quelle sorte de temps l’Esprit de Christ qui était en eux indiquait, rendant par avance témoignage des souffrances qui devaient être la part de Christ et des gloires qui suivraient ; et il leur fut révélé que ce n’était pas pour eux-mêmes, mais pour vous, qu’ils administraient ces choses, qui vous sont maintenant annoncées par ceux qui vous ont annoncé la bonne nouvelle par l’Esprit Saint envoyé du ciel, dans lesquelles des anges désirent de regarder de près (v. 10-12).

Ce salut d’âmes actuel, produit de la rédemption, les prophètes juifs qui avaient annoncé la grâce qui leur appartiendrait à eux, croyants juifs d’aujourd’hui, dans un temps alors futur, ces prophètes avaient consacré tous leurs soins à s’en enquérir. Ils prophétisaient « par l’Esprit de Christ qui était en eux » ; sentence importante, parce qu’elle nous montre que c’est le même Esprit qui agit au milieu de l’apparente contradiction entre les principes des différentes économies. Cet Esprit n’avait pas encore été « envoyé du ciel » , comme il le fut au jour de la Pentecôte, mais, dans les prophètes, il rendait, en ces temps reculés, témoignage par avance des souffrances futures de Christ et des gloires qui en seraient la suite. Il fut révélé à ces prophètes de l’ancienne alliance qu’ils n’administraient pas ces choses pour eux-mêmes, mais pour les chrétiens sortis du judaïsme, auxquels Pierre écrivait. Or les apôtres, continuateurs des prophètes de jadis, leur avaient annoncé maintenant l’Évangile par le même Esprit que celui des prophètes, sauf, différence essentielle, que cet Esprit était envoyé du ciel par un Christ monté, en résurrection, à la droite de Dieu.

Les apôtres reliaient donc les chrétiens juifs auxquels ils s’adressaient, aux croyants d’autrefois dont les prophètes avaient les mêmes révélations qu’eux-mêmes, les apôtres, sauf, cela va sans dire, la plénitude de la révélation appartenant au temps de la fin. Les deux grands sujets du témoignage des prophètes, aussi bien que des apôtres, étaient les souffrances de Christ et les gloires qui suivraient, mais, dans le premier cas comme événements futurs, dans le second comme événements accomplis pour l’éternité.

Il est important de noter ici que Pierre passe entièrement sous silence la révélation de l’Église, corps de Christ et Épouse de l’Agneau, vérité dont l’Ancien Testament ne contient nulle trace, si ce n’est en figure ou comme type. Cette omission facilite dans une grande mesure la distinction entre le témoignage individuel du chrétien dans les écrits de ces deux apôtres. Mais, même en dehors de l’Église, « des anges désirent de regarder de près » les immenses privilèges qui nous appartiennent, à nous que le péché avait séparés de Dieu.

C’est pourquoi, ayant ceint les reins de votre entendement et étant sobres, espérez parfaitement dans la grâce qui vous sera apportée à la révélation de Jésus Christ, comme des enfants d’obéissance, ne vous conformant pas à vos convoitises d’autrefois pendant votre ignorance ; mais, comme Celui qui vous a appelés est saint, vous aussi soyez saints dans toute votre conduite ; parce qu’il est écrit : « Soyez saints, car moi je suis saint » (v. 13-16).

Depuis le v. 13 nous avons les exhortations qui découlent des vérités proclamées dans les versets 1 à 12 de ce chapitre. En somme, toutes les exhortations de cette épître ne sont pas autre chose que l’exposé de l’obéissance, de la marche, de la conduite de Christ (v. 2, 15), et par conséquent de la nôtre. Toute l’épître nous parle des souffrances de Christ dans ce chemin, et des gloires qui en ont été la suite, et nous engage dans les mêmes souffrances, mais avec l’espérance de gloires que nous n’avons pas encore atteintes comme Lui. Ces croyants juifs sont exhortés d’abord à « ceindre les reins de leur entendement » : La vérité, la Parole, est en Éph. 6 la ceinture de nos reins pour le combat ; ici elle est la ceinture de notre entendement pour la marche. Dans les deux cas cette ceinture nous est indispensable. Une seconde exhortation c’est : « étant sobres ». Si nous nous laissons entraîner par les choses du monde qui enivrent l’âme, nous perdons la force pour marcher dans l’obéissance, car cette dernière nous sépare toujours de ce que le monde pourrait nous offrir. Dans cet état, avec les reins ceints et la sobriété, nous sommes capables d’espérer parfaitement, alors même que nous ne l’avons pas encore atteinte, la faveur qui nous sera apportée à la révélation de Jésus Christ. Cette grâce est une chose toujours présente devant nous parce qu’elle est réalisée par la foi, et rien ne peut l’ébranler dans nos coeurs. Elle nous sera apportée à la révélation de Jésus Christ. Ce n’est pas ainsi que l’apôtre Paul la considère quand il dit que nous avons trouvé accès, par la foi, à cette grâce ou faveur dans laquelle nous sommes, mais elle est aussi parfaite dans un cas que dans l’autre. La ceinture de nos reins et la sobriété nous rendent capables de considérer cette révélation de Jésus Christ non seulement avec tranquillité, mais avec une surabondance de joie.

v. 14. Nous avons déjà insisté au verset 2 de ce chapitre sur le rôle capital de l’obéissance dans la vie des élus. Dans ce verset, les saints sont exhortés à être des « enfants d’obéissance » et, au verset 22, elle est le moyen de « purifier nos âmes ». Les « enfants d’obéissance » sont gardés des convoitises d’autrefois pendant leur ignorance. Obéir, c’est faire la volonté de Dieu, et comment cette dernière pourrait-elle nous conduire dans le chemin des convoitises ? Elles sont les choses qui appartenaient à notre vie de jadis, passée dans l’ignorance des pensées de Dieu, et n’ont rien à faire avec notre connaissance actuelle de Celui sur lequel nos yeux sont maintenant fixés.

v. 15. Quel est donc le caractère de Christ, de Celui qui nous a appelés, après nous avoir élus ? (v. 2). Celui qui nous a appelés est saint, séparé de tout mal ; donc nous devons l’être aussi si nous voulons marcher à Sa suite. Car il s’agit, dans tout ce passage, de notre marche, de notre conduite et c’est à cela que reviennent toutes les exhortations de cette épître. La sainteté est une exigence primordiale du caractère de Dieu qui veut nous associer avec Lui-même (Lév. 19:2). Impossible de lui être associés sans porter ce caractère ; aussi dit-il : « Soyez saints, car moi je suis saint ».

Et si vous invoquez comme Père Celui qui, sans acception de personnes, juge selon l’oeuvre de chacun, conduisez-vous avec crainte pendant le temps de votre séjour ici-bas, sachant que vous avez été rachetés de votre vaine conduite qui vous avait été enseignée par vos pères, non par des choses corruptibles, de l’argent ou de l’or, mais par le sang précieux de Christ, comme d’un agneau sans défaut et sans tache (v. 17-19).

N’oublions pas que nous avons non seulement affaire à Christ comme à Celui qui nous a appelés, mais à Dieu que nous invoquons comme Père. Sans doute, ce Père n’est pas pour nous un Juge, mais, selon qu’il est dit ici, il « juge selon l’oeuvre de chacun ». Il ne fait aucune acception de personnes ; il apprécie toutes choses sans aucune partialité envers ses enfants. Tels sont les principes du gouvernement de Dieu à l’égard de tous les hommes. Notre Père est Dieu et l’un ne peut être séparé de l’autre. C’est ce sentiment qui domine notre conduite : « Conduisez-vous avec crainte pendant le temps de votre séjour ici-bas ». Dans le temps éternel qui suivra ce séjour, il n’y aura plus, de notre part, que la jouissance absolue de l’amour du Père, sans crainte de lui déplaire, comme il n’y aura non plus de sa part aucun jugement quelconque de ses enfants, amenés alors à la perfection.

Mais (v. 18) , il y a un second motif à notre conduite. Ce n’est pas seulement que nous avons affaire au Saint et au Dieu qui, tout en étant Père, veut être craint. Ce second motif, c’est que nous avons été rachetés à un prix d’une valeur infinie : par le sang précieux de Christ. Ces chrétiens avaient été délivrés, par le sang de Christ, de quoi ? De tout ce qui faisait autrefois leur gloire comme Juifs et qui leur avait été enseigné par leurs pères. Or ce que leurs pères leur enseignaient était une vaine conduite, car il est impossible au pécheur, juif ou gentil, sans la rédemption, d’avoir une conduite qui n’aboutisse pas au jugement éternel. Ils avaient donc été rachetés de cette conduite passée pour être introduits dans une conduite toute nouvelle, celle de Christ homme ici-bas. À la base de ce rachat, il n’y avait aucun élément corruptible, comme pour le rachat de l’Israélite, ni argent, ni or, ni aucune autre offrande, mais le sang précieux de l’Agneau sans défaut et sans tache, préfiguré jadis en type par l’agneau pascal.

Préconnu dès avant la fondation du monde, mais manifesté à la fin des temps pour vous, qui, par lui, croyez en Dieu qui l’a ressuscité d’entre les morts et lui a donné la gloire, en sorte que votre foi et votre espérance fussent en Dieu (v. 20, 21).

Cet Agneau avait été préconnu bien avant le rachat d’Égypte, car c’était avant la fondation du monde. Il en était de même pour ces chrétiens sortis du judaïsme, comme nous l’avons vu au v. 2 de ce chapitre. Quelle chose merveilleuse que d’être les objets des conseils éternels de Dieu et cela aussi complètement que le Sauveur lui-même. Mais ce n’était qu’à la fin des temps qu’Il avait été manifesté pour ces chrétiens juifs, car tout ce passage ne s’adresse ici qu’à eux. C’était pour eux que cette oeuvre immense avait été accomplie. C’était par Lui qu’ils croyaient en Dieu, sans lequel cette oeuvre n’aurait pu avoir lieu ; Lui qui, en récompense du sacrifice de son Fils, l’avait ressuscité d’entre les morts et l’avait introduit dans la gloire, en sorte que leur foi et leur espérance fussent en Dieu. Le Père et le Fils étaient également intéressés à l’oeuvre de leur salut, le Fils par son sang, le Père par la résurrection et la gloire, en sorte que Dieu fût l’auteur de l’oeuvre, et que la foi de ces Hébreux et leur espérance eussent un fondement commun. L’apôtre part ici de la résurrection de Christ et de la gloire que Dieu lui a donnée, mais ne considère pas ceux auxquels il parle comme ressuscités avec Christ et assis avec Lui dans les lieux célestes. Eux, ayant un Christ céleste comme objet de foi et d’espérance, sont tenus de marcher ici-bas comme Lui y a marché.

Ayant purifié vos âmes par l’obéissance à la vérité, pour que vous ayez une affection fraternelle sans hypocrisie, aimez-vous l’un l’autre ardemment, d’un coeur pur, vous qui êtes régénérés, non par une semence corruptible, mais par une semence incorruptible, par la vivante et permanente parole de Dieu : parce que « toute chair est comme l’herbe, et toute sa gloire comme la fleur de l’herbe : l’herbe a séché et sa fleur est tombée, mais la parole du Seigneur demeure éternellement ». Or c’est cette parole qui vous a été annoncée (v. 22-25).

Ce qui devait caractériser ces chrétiens, c’était la même marche que Christ, « l’obéissance à la vérité » ; la vérité, la pensée de Dieu, ayant des droits absolus sur notre coeur. Ainsi en était-il de l’homme parfait, du Christ Jésus, mais Lui n’avait pas besoin, comme nous, que l’obéissance à la vérité purifiât son âme. La vérité le gouvernait ; n’était-il pas lui-même « le chemin, la vérité et la vie » ? Quant à nous, cette obéissance à la vérité purifie nos ânes et les empêche de se porter sur des objets contraires à la sainteté de Dieu. La conséquence en est que tout objet étranger au caractère de Dieu est banni du coeur. Or le caractère de Dieu est l’amour et nous réalisons cet amour en portant notre affection sur les frères, sur ceux que Dieu aime. Chez le chrétien, conséquent avec son caractère, cette affection est réelle, sans hypocrisie, ne se donnant pas des apparences qui ne correspondent pas à la réalité. Elle a de l’ardeur et part de coeurs d’où la souillure n’a pas de place. La chose était d’autant plus importante à dire que ces chrétiens se trouvaient transportés hors des coutumes étroites et des intérêts égoïstes du judaïsme, dans le large amour chrétien.

Quelle différence, en effet (v. 23), entre leur position actuelle et leur état précédent ! Comme Juifs, la semence dont ils étaient issus était corruptible. Ils appartenaient à un peuple pécheur et condamné par le fait de son origine terrestre et pécheresse. Mais désormais ils n’avaient plus rien à faire avec leur nature d’autrefois. C’était une nouvelle naissance et la semence qui l’avait produite était vivante et permanente, c’est-à-dire demeurant éternellement : la Parole de Dieu. Quant à la semence corruptible, il n’en restera rien ! Toute chair est comme l’herbe ; elle disparaît comme la fleur de l’herbe qui brille un moment, puis sèche et tombe et n’est bonne que pour le feu. Il en est ainsi de l’homme ; et, chose merveilleuse, il en fut ainsi du Christ venant en grâce prendre la place de l’homme pour le sauver (voyez Ps. 102:4, 11 ; 103:15, 16 ; És. 40:6-8 ; Jacq. 1:11).

La Parole qui leur avait été annoncée demeure éternellement. C’était à elle qu’ils devaient rester attachés. C’est aussi la seule sauvegarde pour nous, en des jours où Satan a réussi à mettre cette Parole en doute, à en affaiblir la portée aux yeux et dans le coeur des chrétiens, jusqu’au moment où il la déclarera hautement puérile et sans valeur.

Remarquons, en terminant ce chapitre que, dès le début de cette épître, l’Esprit en fait ressortir le caractère éminemment pratique. Il s’agit pour un peuple de pèlerins qui tire son origine d’un Christ ressuscité et glorifié, de réaliser, dans toute sa marche ici-bas, son caractère de peuple sauvé, en dehors de tous les principes du judaïsme qui voudraient le rattacher à une religion terrestre.

2 - CHAPITRE 2

Rejetant donc toute malice et toute fraude, et l’hypocrisie, et l’envie, et toutes médisances, désirez ardemment, comme des enfants nouveau-nés, le pur lait intellectuel, afin que vous croissiez par lui à salut, si toutefois vous avez goûté que le Seigneur est bon (v. 1-3).

Nous avons vu, au chap. 1:2, que l’obéissance de Christ était ce pourquoi les chrétiens auxquels Pierre s’adressait avaient été élus. Au v. 22 de ce même chapitre, « l’obéissance à la vérité » formait la base de toute leur vie pratique. Aux chap. 1:23 et 2:2, l’apôtre continue le même sujet en montrant que l’obéissance chrétienne s’alimente à la Parole de Dieu. Ces chrétiens étaient des enfants nouveau-nés. Toutes leurs connaissances judaïques ne jouaient aucun rôle dans la connaissance qu’ils avaient acquise jusqu’à ce jour. Au contraire, ils devaient rejeter tout ce qui les avait caractérisés dans le passé et qui n’avait aucune part dans leur vie nouvelle : « Rejetant toute malice et toute fraude, et l’hypocrisie, et l’envie, et toutes médisances ». Ils ne devaient désirer ardemment qu’une chose, la Parole, le « pur lait intellectuel », la pure et complète nourriture des enfants qui viennent de naître. La nouvelle naissance est ici le début normal de la croissance ; il n’est pas question, comme en Héb. 5:11, 12, de ce qu’ils étaient devenus, ayant rétrogradé, au lieu d’avancer vers l’état d’hommes faits (Héb. 5:14 ; 6:1) ; mais de ce qu’ils étaient à la suite de leur élection. Cette parole n’était pas un recueil d’ordonnances inefficaces, mais « le pur lait intellectuel » contenant tout l’ensemble de la vérité, sans aucun mélange, sans aucun élément étranger. Pas un seul passage dans cette Parole parfaite qui ne nourrisse l’âme de choses divinement excellentes. Par elle on croît à salut, c’est-à-dire dans la connaissance de ce que le salut comporte, la seule chose, dans l’épître de Pierre, que l’âme d’un chrétien, pèlerin et voyageur ici-bas possède, comme une divine réalité (1:9). Pour croître à salut par ce lait intellectuel, une seule chose est indispensable : Il faut avoir « goûté que le Seigneur est bon » ; il faut que le coeur et les affections soient engagés à Sa suite. Dès que j’ai trouvé bonnes sur la terre d’autres choses que Lui, je ne puis plus croître à salut et mon développement spirituel est nécessairement arrêté.

Duquel vous approchant comme d’une pierre vivante, rejetée par les hommes, mais choisie et précieuse auprès de Dieu, vous-mêmes aussi, comme des pierres vivantes, êtes édifiés une maison spirituelle, une sainte sacrificature, pour offrir des sacrifices spirituels, agréables à Dieu par Jésus Christ. Parce qu’on trouve dans l’Écriture :« Voici, je pose en Sion une maîtresse pierre de coin, élue, précieuse ; et celui qui croit en elle ne sera point confus ». C’est donc pour vous qui croyez, qu’elle a ce prix ; mais pour les désobéissants, « la pierre que ceux qui bâtissaient ont rejetée, celle-là est devenue la maîtresse pierre du coin », « et une pierre d’achoppement et un rocher de chute », lesquels heurtent contre la Parole, étant désobéissants, à quoi aussi ils ont été destinés (v. 4-8).

Mais voici une nouvelle fonction enseignée par l’apôtre à ces chrétiens sortis du judaïsme pour appartenir à Christ et à son salut. Ils avaient ici-bas une place en rapport avec Christ et la maison de Dieu. Christ est la pierre vivante que les hommes ont rejetée (Matt. 21:42, 44 ; Ps. 118:22, 23). Elle broiera celui sur lequel elle tombera ; mais nous (ces chrétiens juifs en particulier), loin d’être associés aux hommes qui l’ont rejetée, nous l’avons, par la grâce, considérée comme choisie et précieuse auprès de Dieu et nous nous sommes approchés d’elle. En elle, la Pierre vivante, nous avons trouvé la vie et sommes ainsi devenus nous-mêmes des pierres vivantes. Nous avons maintenant le bonheur de faire partie de la maison spirituelle qu’il construit. Cette maison est une maison sacerdotale dont la sacrificature juive est le type. Il s’agit ici de l’Église, maison de Dieu, telle qu’elle fut révélée à Pierre lui-même au chapitre 16 de Matthieu. C’était une vérité toute nouvelle, basée sur la révélation du Fils du Dieu vivant et qui substituait désormais l’Assemblée de Christ, composée de pierres vivantes, à un peuple selon la chair qui, comme tel, ne pouvait subsister devant Dieu. La fonction de cette sainte sacrificature est d’offrir des sacrifices spirituels agréables à Dieu par Jésus Christ. Quelle joie pour ces croyants, sortis du judaïsme, de se voir immédiatement élevés aux plus hautes fonctions que leur religion pouvait imaginer ; et, bien plus que cela, de ne pas faire partie d’une sacrificature périssable, offrant des sacrifices charnels, mais d’une sacrificature spirituelle, offrant des louanges agréables à Dieu par Jésus Christ ! Cela leur donnait ici-bas une qualité qui surpassait, comme le ciel surpassait la terre, tout ce que le judaïsme le plus élevé avait jamais pu concevoir.

Cette maîtresse pierre du coin était posée en Sion, la montagne de la grâce et non en Sinaï la montagne de la loi. Elle était un sûr fondement pour tous ceux qui croyaient en elle (Ésaïe 28:16). Ceux qui la rejetaient sont nommés « les désobéissants » en contradiction avec le caractère des croyants que nous avons fait ressortir dès le commencement de cette épître. Cette désobéissance se montrait alors comme aujourd’hui et telle qu’elle se montrera jusqu’à la fin : « Ils heurtent contre la Parole, étant désobéissants, à quoi aussi ils ont été destinés ». Toutes les objections actuelles à l’autorité des Écritures doivent être cherchées dans l’esprit de désobéissance qui ne veut pas se soumettre à Dieu et qui en portera, hélas ! les éternelles conséquences.

Mais vous, vous êtes une race élue, une sacrificature royale, une nation sainte, un peuple acquis, pour que vous annonciez les vertus de Celui qui vous a appelés des ténèbres à sa merveilleuse lumière ; vous qui autrefois n’étiez pas un peuple, mais qui maintenant êtes le peuple de Dieu ; vous qui n’aviez pas obtenu miséricorde, mais qui maintenant avez obtenu miséricorde (v. 9, 10).

En contraste avec ces désobéissants, l’apôtre rend témoignage aux chrétiens auxquels il adresse son épître. Il place devant eux ce que la grâce avait fait pour eux et dans quel but Dieu les avait appelés. D’abord la grâce les avait revêtus de quatre caractères exposés dans ce qui nous a été présenté dès le début du premier chapitre. 1° Ils étaient une race élue selon la préconnaissance de Dieu le Père (cf. 1:2) ; 2° ils étaient une sacrificature royale, dépassant la sainte sacrificature du verset 5 ; une sacrificature qui partageait la royauté avec le souverain sacrificateur à sa tête ; 3° ils étaient une nation sainte ; à quoi le peuple, placé sous le régime de la loi, avait perdu tout droit à jamais. L’Éternel ne leur avait-il pas dit à la montage du Sinaï : « Si vous écoutez attentivement ma voix et si vous gardez mon alliance, vous m’appartiendrez en propre d’entre tous les peuples… et vous me serez un royaume de sacrificateurs, et une nation sainte ». Et le peuple n’avait-il pas répondu : « Tout ce que l’Éternel a dit, nous le ferons » ? (Ex. 19:5-8). Mais maintenant, sous le régime de la grâce et de l’élection, ils recevaient ces titres que la loi n’avait jamais pu leur acquérir.

Enfin, 4°, ils étaient un peuple acquis, ce qu’ils ne pouvaient être sous la loi où ils avaient été déclarés Lo Ammi (pas mon peuple) et Lo Rukhama (elle n’a pas obtenu miséricorde) (Osée 1:6, 9), tandis que, sous la grâce, il est dit : « Dites à vos frères : Ammi ! et à vos soeurs : Rukhama ! » (Osée 2:1).

Or le but pour lequel Dieu les avait acquis était pour qu’ils annonçassent les vertus de Celui qui les avait « appelés des ténèbres à sa merveilleuse lumière ». Comme ces mots caractérisent ce qu’était ce peuple sous la loi ! Tous les privilèges qui leur avaient été accordés n’avaient fait qu’épaissir les ténèbres dans lesquelles le péché les avait plongés. Mais maintenant Dieu les avait appelés « à sa merveilleuse lumière » ; merveilleuse, en effet, puisqu’elle plaçait l’homme sans trace de péché dans la sainte présence d’un Dieu qui a dit : « Je ne me souviendrai plus jamais de leurs péchés ni de leurs iniquités » (Héb. 8:12).

Bien-aimés, je vous exhorte, comme forains et étrangers, à vous abstenir des convoitises charnelles, lesquelles font la guerre à l’âme, ayant une conduite honnête parmi les nations, afin que, quant aux choses dans lesquelles ils médisent de vous comme de gens qui font le mal, ils glorifient Dieu au jour de la visitation, à cause de vos bonnes oeuvres qu’ils observent (v. 11, 12).

L’exhortation de l’apôtre porte d’abord sur les rapports de ces chrétiens avec les nations au milieu desquelles ils étaient dispersés. Séparés de leur peuple selon la chair, ils étaient comme des gens du dehors au milieu des nations et celles-ci les considéraient comme des étrangers. De fait, ils n’appartenaient désormais ni aux uns, ni aux autres. Quel devait donc être leur témoignage ? L’abstention complète des convoitises charnelles que ni les Juifs, ni les nations, à cause de la chair qui était en eux, n’étaient capables de répudier. Ces convoitises « font la guerre à l’âme ». La chose était d’autant plus urgente pour eux que, comme nous l’avons vu (1:9), ils ne possédaient du salut que « le salut des âmes » , et que, si leur âme succombait à la convoitise, leur témoignage chrétien était réduit à néant aux yeux des hommes. Il fallait donc qu’ils eussent « une conduite honnête parmi les nations », une conduite ayant un but avoué, connu de tous les hommes, et n’ayant en vue que le bien. Si les nations qui les entouraient, médisaient d’eux, eu égard à cette marche et à la direction pure de leur conduite, et les accusaient de faire le mal (et ces accusations contre les chrétiens honnêtes et conséquents dans leur marche n’ont pas varié depuis lors), il arriverait un jour où leurs accusateurs, visités eux-mêmes en grâce par le Seigneur, rendraient gloire à Dieu en se souvenant des bonnes oeuvres qui avaient éclaté devant leurs yeux par la conduite de ces fidèles témoins, qu’ils avaient eu la méchanceté de calomnier.

Soyez donc soumis à tout ordre humain pour l’amour du Seigneur, soit au roi comme étant au-dessus de tous, soit aux gouverneurs comme à ceux qui sont envoyés de sa part pour punir ceux qui font le mal et pour louer ceux qui font le bien ; car c’est ici la volonté de Dieu, qu’en faisant le bien vous fermiez la bouche à l’ignorance des hommes dépourvus de sens, comme libres, et non comme ayant la liberté pour voile de la méchanceté, mais comme esclaves de Dieu. Honorez tous les hommes ; aimez tous les frères ; craignez Dieu ; honorez le roi (v. 13-17).

Nous avons vu que le témoignage de ces chrétiens les sortait entièrement des idées, des principes, des habitudes juives, mais, étant tout aussi étrangers aux habitudes des nations, comme on le voit aux versets 11 et 12, on aurait pu penser qu’ils seraient encouragés à braver l’ordre et le gouvernement des hommes. Il n’en était rien. Ils devaient être soumis à tout ordre humain pour l’amour du Seigneur. Leur amour reconnaissait en Christ non seulement le Sauveur, mais le Seigneur, et l’amour pour Lui réglait tous leurs rapports avec les hommes, selon l’ordre du gouvernement de Dieu. D’abord ils devaient être soumis au roi comme ayant la suprême dignité dans ce monde et la primauté sur tous ; puis aux gouverneurs comme envoyés par l’autorité pour punir les méchants et louer ceux qui font le bien. Mais, objectera-t-on, si, au lieu de les louer, ils les persécutent ? Cela ne change rien à nos obligations envers Dieu. Nous n’avons qu’à faire le bien pour fermer la bouche des hommes. Leur caractère est d’être dépourvus de sens et de ne pas savoir distinguer entre le bien et le mal : « Si j’ai mal parlé, dit le Seigneur, rends témoignage du mal ; mais si j’ai bien parlé, pourquoi me frappes-tu ? » (Jean 18:23). Cette soumission à l’autorité n’a rien à faire avec une lâcheté servile ; au contraire, nous sommes libres et nullement asservis aux hommes. Notre liberté ne favorise en aucune manière la méchanceté, ni ne lui sert de voile, mais elle fait de nous des esclaves de Dieu qui savent que toutes les choses excellentes sont comprises dans cet esclavage. Ainsi notre vie tout entière revient à « l’obéissance de Christ », règle absolue de la vie chrétienne dans cette épître.

Notre attitude vis-à-vis des autorités se résume ainsi : Honorez tous les hommes et non seulement ceux des nations quand l’occasion s’en présente ; aimez tous les frères, comme cela a déjà été présenté au v. 22 du chap. 1 ; craignez Dieu, attitude qui est toujours dirigée par le désir de l’honorer et de lui être agréable ainsi que par la crainte de Lui déplaire — enfin : honorez le roi dont la dignité représente Dieu ici-bas.

Vous, domestiques, soyez soumis en toute crainte à vos maîtres, non seulement à ceux qui sont bons et doux, mais aussi à ceux qui sont fâcheux ; car c’est une chose digne de louange, si quelqu’un, par conscience envers Dieu, supporte des afflictions, souffrant injustement. Car quelle gloire y a-t-il, si, souffletés pour avoir mal fait, vous l’endurez ? mais si, en faisant le bien, vous souffrez, et que vous l’enduriez, cela est digne de louange devant Dieu, car c’est à cela que vous avez été appelés ; car aussi Christ a souffert pour vous, vous laissant un modèle, afin que vous suiviez ses traces, « lui qui n’a pas commis de péché, et dans la bouche duquel il n’a pas été trouvé de fraude » ; qui, lorsqu’on l’outrageait, ne rendait pas d’outrage, quand il souffrait, ne menaçait pas, mais se remettait à Celui qui juge justement ; qui lui-même a porté nos péchés en son corps sur le bois, afin qu’étant morts aux péchés, nous vivions à la justice ; « par la meurtrissure duquel vous avez été guéris ». ; car vous étiez errants comme des brebis, mais maintenant vous êtes retournés au berger et au surveillant de vos âmes (v. 18-25).

Dans ce qui précède, l’apôtre avait traité (v. 11, 12) de leur conduite personnelle parmi les nations, puis (v. 13-17) de leur conduite vis-à-vis des autorités, des hommes en général, et de Dieu lui-même comme témoignage. Après s’être adressé à tous en insistant auprès d’eux sur la crainte de Dieu, il entre dans la question des relations domestiques : serviteurs, femmes, maris (v. 18 ; 3:7). Il adresse ses premières exhortations aux plus humbles, à ceux qui sont asservis, soit comme esclaves, soit comme simples serviteurs. La crainte de Dieu se montrera chez eux en tout premier lieu dans la soumission à leurs maîtres en toute crainte. Et c’est ici, chose précieuse, qu’il développe davantage le caractère de Christ pour leur être en encouragement. Les domestiques voient Dieu à travers leur maître ; et cela est d’autant plus important à relever que les maîtres peuvent être fâcheux (v. 18). Or c’est une grâce spéciale de supporter des afflictions par conscience envers Dieu, quand ces souffrances sont injustes. La grande affaire n’est pas de souffrir, mais de souffrir en faisant le bien. Cela est un sujet de gloire et de louange devant Dieu, car c’est le chemin de Christ. Être serviteur, faire le bien, souffrir parce qu’on le fait, n’est-ce pas son chemin à lui ? Aussi ce chemin est digne de louange devant Dieu, car, dit-il ; c’est à cela que nous avons été appelés, c’est-à-dire au chemin de Christ.

Or notez que toute l’épître roule sur cette vérité ; en sorte que si je cherche quel doit être mon chemin dans ce monde, la réponse est simplement : Christ. — Christ obéissant, Christ soumis, Christ faisant le bien, Christ souffrant parce qu’il le fait. Nous avons fait ressortir jusqu’ici que le premier caractère de la marche chrétienne est l’obéissance de Jésus Christ, mais, commençant au v. 19 de ce chap. 2, l’apôtre nous montre, jusqu’à la fin de l’épître, que la souffrance est inséparable de l’obéissance et qu’elle est pour nous un sujet de gloire parce qu’elle a caractérisé jusqu’au bout notre Sauveur bien-aimé dans son chemin de fidélité et dans son chemin d’amour (*). C’est, par conséquent, à cela que nous avons été appelés. Christ n’a-t-il pas souffert pour nous, et c’était le salut, mais en même temps il est un modèle qui nous a été donné pour le suivre. D’abord donc Victime inimitable, ensuite Modèle, et qu’apprenons-nous à cette école ? Ce modèle est parfait. Lui seul (v. 22) n’a pas commis de péché et il n’y avait que parfaite droiture dans chaque parole de sa bouche. C’est comme Serviteur qu’il est traité dans tout le passage en question (És. 52:13), et comme Celui en qui il n’y avait pas de fraude (És. 53:9). La perfection de la souffrance était de souffrir pour ceux qui l’outrageaient et de marcher, à travers tout jusqu’à la croix (v. 24) où il a porté nos péchés, afin qu’en ayant fini avec les péchés par la mort, nous puissions désormais « vivre à la justice » , avoir une vie qui n’ait plus que la justice en vue, c’est-à-dire selon l’Ancien Testament, l’absence complète de péché dans nos voies. Cette justice se montre dans notre caractère journalier de serviteurs. C’est par ses meurtrissures que nous sommes guéris (És. 53:5). Tel était le résultat de ses souffrances pour ces Juifs devenus chrétiens. Ils étaient comme des brebis errantes, sans pasteur ; Lui était venu pour les rassembler, en se donnant Lui-même pour eux. Maintenant, en devenant chrétiens, ils étaient retournés au Berger et au Surveillant de leurs âmes. Pierre, surveillant lui-même, pouvait bien en parler, lui qui avait entendu de la bouche de Christ, ces paroles : Pais mes brebis !

(*) Depuis le chapitre 2:19 à la fin de l’épître la souffrance est mentionnée quinze fois.

3 - CHAPITRE 3

Pareillement vous, femmes, soyez soumises à vos propres maris, afin que, si même il y en a qui n’obéissent pas à la Parole, ils soient gagnés sans la Parole, par la conduite de leurs femmes, ayant observé la pureté de votre conduite dans la crainte, — vous, dont la parure ne doit pas être une parure extérieure qui consiste à avoir les cheveux tressés et à être paré d’or et habillé de beaux vêtements, mais l’homme caché du coeur, dans l’incorruptibilité d’un esprit doux et paisible qui est d’un grand prix devant Dieu ; car c’est ainsi que jadis se paraient aussi les saintes femmes qui espéraient en Dieu, étant soumises à leurs propres maris, comme Sara obéissait à Abraham, l’appelant seigneur, de laquelle vous êtes devenues les enfants, en faisant le bien et en ne craignant aucune frayeur (v. 1-6).

Nous avons vu plus haut que l’apôtre met une importance particulière à la conduite (2:12), mais surtout ici, où le témoignage public confié à la femme ne consiste pas dans ce qu’elle peut avoir à dire, ni dans sa parure, mais dans l’homme caché du coeur. Ces femmes auxquelles l’apôtre s’adressait pouvaient être liées à des maris juifs sur lesquels la Parole de Christ n’avait encore eu aucune influence, de là ce qui est dit ici : « S’il y en a qui n’obéissent pas à la Parole » (v. 1). Or nous avons vu que ce qui distinguait le christianisme du judaïsme c’était précisément cette obéissance appelée en 1:2 l’obéissance de Jésus Christ. En admettant chez le mari cette incrédulité et cet état de désobéissance quant à Christ, la femme pouvait être tentée de le convaincre en lui parlant, de raisonner avec son mari pour le gagner à la vérité ; mais la femme devait être convaincue que son mari pouvait être converti et gagné par sa conduite à elle, sans la parole, et parce qu’il avait devant les yeux une conduite pure, exempte des souillures du monde, et dirigée par la crainte de Dieu (2:17). Ce qui devait distinguer la femme chrétienne, ce n’était pas une parure semblable à celle que le monde recherche, mais une parure incorruptible, non du corps, mais de l’esprit, caractérisée par la douceur et la paix qui, devant Dieu, est d’un grand prix. C’était le caractère des saintes femmes d’autrefois. Leur habitude était la soumission à leurs maris ; elles avaient l’exemple de Sara, dont, tout en étant chrétiennes, elles étaient devenues les enfants et ne craignaient rien, en faisant le bien. Faire le bien », cela ne caractérise-t-il pas la conduite de Christ au même degré que l’obéissance ? (3:6 ; 2:20 ; Act. 10,38).

Pareillement, vous, maris, demeurez avec elles selon la connaissance, comme avec un vase plus faible, c’est-à-dire féminin, leur portant honneur comme étant aussi ensemble héritiers de la grâce de la vie, pour que vos prières ne soient pas interrompues (v. 7).

L’apôtre s’adresse maintenant aux maris chrétiens de femmes chrétiennes. Le mari chrétien doit demeurer avec sa femme selon la connaissance, partageant avec elle les intérêts de Dieu et de Christ, ne la méprisant aucunement, mais tenant compte que le vase féminin n’a pas la résistance du masculin, et doit être traité avec ménagement. Seulement la femme ne doit en aucune manière être traitée avec mépris. Il faut lui porter honneur. N’ont-ils pas, maris et femmes, un héritage commun, où l’un n’est pas plus privilégié que l’autre ? Nos prières communes seraient interrompues si le mari avait un domaine dans lequel il pourrait seul entrer et auquel sa femme serait étrangère.

Enfin, soyez tous d’un même sentiment, sympathiques, fraternels, compatissants, humbles, ne rendant pas mal pour mal, ou outrage pour outrage, mais au contraire bénissant, parce que vous avez été appelés à ceci, c’est que vous héritiez de la bénédiction ; « car celui qui veut aimer la vie et voir d’heureux jours, qu’il garde sa langue de mal, et ses lèvres, de proférer la fraude ; qu’il se détourne du mal et qu’il fasse le bien ; qu’il recherche la paix et qu’il la poursuive ; car les yeux du Seigneur sont sur les justes et ses oreilles sont tournées vers leurs supplications ; mais la face du Seigneur est contre ceux qui font le mal » (versets 8-12).

Maintenant l’apôtre les comprend tous indistinctement dans une commune catégorie, celle de la famille chrétienne. Le tableau qu’il nous présente nous arrête pour ainsi dire à chaque mot et, tout en citant longuement l’Ancien Testament, fait ressortir, comme nous allons le voir, l’impossibilité pour le peuple juif de reproduire un tel tableau.

Soyez tous d’un même sentiment. C’est la réalisation pratique de l’amour qui ne peut découvrir chez nos frères aucune occasion à divergence et coupe court à toute dispute. Sympathiques. L’attachement à Christ seul peut nous porter à aider le plus petit d’entre ses frères (Matt. 25:38-40). Fraternels. Ce sentiment est plus intime encore. Mes frères me sont chers, à la fois parce qu’ils sont de la famille de Christ et parce que je fais partie de la même famille. Compatissants. Employant la grâce à venir en aide à ceux qui souffrent et ne méritent peut-être même aucun secours. Humbles. La miséricorde n’est pas employée à me faire valoir. La communion avec le Seigneur m’a montré à moi-même ce que je suis et c’est sans effort que j’ai pu prendre la dernière place. Ne rendant pas mal pour mal, ou outrage pour outrage, mais au contraire bénissant. L’esprit de vengeance est absolument étranger au coeur. Ceux qui nous veulent du mal ne reçoivent en échange que bénédiction, car notre héritage est la bénédiction, comme au v. 7 il était la grâce de la vie. Un tel héritage n’a aucune place réservée pour le mal. L’héritage occupe une grande place dans les épîtres de Pierre parce que, comme nous l’avons déjà dit, la seule bénédiction actuelle est le salut de son âme et qu’il n’a, ni sur la terre, ni dans le ciel, l’entrée en possession de bénédictions présentes. Nous sommes régénérés pour cet héritage futur (chap. 1:4). ; nous sommes appelés à hériter de la bénédiction (3:9) , de la grâce de la vie (3:7). Le passage du Psaume 34:12-16 cité ensuite est de toute importance pour nous. Il nous enseigne à garder notre langue du mal, si nous voulons aimer la vie et voir d’heureux jours ; à nous détourner du mal et à faire le bien, la première de ces conditions ne suffisant pas ; à rechercher la paix et, si elle fuit, à la poursuivre pour l’atteindre. Puis il nous montre que les yeux du Seigneur sont sur les justes ; que ses oreilles les entendent ; que sa face est contre ceux qui font le mal.

Tout se résume à faire le bien, ce que le Seigneur, allant de lieu en lieu, selon la parole de Pierre à Corneille, faisait toujours (Actes 10:38). Et, de fait, toute l’exhortation de l’apôtre dans cette épître, se résume à ceci : « Suivre Christ ici-bas ».

La citation du Psaume 34 est d’autant plus frappante qu’il n’y est parlé que de Christ et du Résidu fidèle qui suit ses traces. La nation juive, comme telle, n’a aucune part quelconque à ces bénédictions. J’ai intitulé ce Psaume : « un Psaume de Christ » (voyez v. 4, 6, 8, 11, 19, 20, 21), mais il est aussi un Psaume du Résidu fidèle marchant sur ses traces (voyez 5, 7, 9, 15, 22). Combien cette citation est à sa place ici où il est montré que les chrétiens seuls sont capables de suivre ici-bas la marche, la conduite et les caractères du Sauveur !

Et qui est-ce qui vous fera du mal, si vous êtes devenus les imitateurs de Celui qui est bon ? Mais, si même vous souffrez pour la justice, vous êtes bienheureux ; « et ne craignez pas leurs craintes, et ne soyez pas troublés, mais sanctifiez le Seigneur, le Christ dans vos coeurs » ; et soyez toujours prêts à répondre, mais avec douceur et crainte, à quiconque vous demande raison de l’espérance qui est en vous, ayant une bonne conscience, afin que, quant aux choses dans lesquelles ils médisent de vous comme de gens qui font le mal, ceux qui calomnient votre bonne conduite en Christ, soient confus (v. 13-16).

Comme nous venons de le dire : « Suivre Christ ici-bas », telle est la pensée qui a poursuivi l’apôtre Pierre, ce cher serviteur de Dieu, tout le long de sa carrière. Le Seigneur ne lui avait-il pas dit avant de le quitter : « Toi, suis-moi » (Jean 21:22). Et combien cette exhortation est à sa place dans une épître pleine du pèlerinage chrétien et qui qualifie le croyant de forain et d’étranger ! Lui était Celui qui est bon ; qui pourrait nous faire du mal si nous l’imitons ? Mais, de fait, Lui a souffert et souffert pour la justice, c’est-à-dire pour maintenir, par l’absence absolue du péché, le caractère de Dieu vis-à-vis d’un monde injuste. Si nous devons suivre ce chemin, nous en plaindrons-nous ? C’est le chemin de Christ ; estimons-nous bienheureux de le suivre ! Craindrions-nous de souffrir ainsi ? En aucune façon ! Le prophète Ésaïe n’a-t-il pas dit : « Ne craignez pas leurs craintes, et ne soyez pas troublés ; mais sanctifiez le Seigneur, le Christ, dans vos coeurs » (És. 8:12, 13). Dieu est avec nous ; eux seront brisés. Mon secret, c’est que Lui soit ma seule ressource. Cette attitude (v. 15) me rend libre de répondre à tous ceux qui me demandent raison de mon espérance, mais je dois le faire « avec douceur et crainte ». Je n’ai pas à prendre vis-à-vis de ce monde hostile une tournure agressive. C’est ce qu’ont fait plus d’une fois ceux qui connaissent la vérité, sans se connaître eux-mêmes. Le monde les traite d’orgueilleux et non sans raison ; cela ne convient pas à un serviteur. En outre, nous avons à montrer la crainte de Dieu dans nos paroles et en toutes choses, tandis qu’il nous est dit (v. 14) que nous n’avons pas à craindre leurs craintes.

Combien cette pensée : la crainte, remplit notre texte ! Elle caractérise la femme chrétienne (v. 2, 6). Elle est à la base de toutes les perfections des versets 8 à 13. Au v. 14, elle est la source de l’absence complète de crainte du monde. Cette réponse avec douceur et crainte quand on nous interroge sur notre espérance peut couvrir de confusion ceux qui « calomnient notre bonne conduite en Christ » (car la conduite chrétienne est toujours le grand sujet présenté ici par l’apôtre) et peut les amener à découvrir le mensonge de ceux qui médisent de nous comme de gens qui font le mal. De cette manière les Juifs chrétiens auxquels cette épître est adressée étaient différenciés, vis-à-vis de tous, des membres non convertis de leur nation.

Car il vaut mieux, si la volonté de Dieu le voulait, souffrir en faisant le bien, qu’en faisant le mal ; car aussi Christ a souffert une fois pour les péchés, le juste pour les injustes, afin qu’il nous amenât à Dieu, ayant été mis à mort en chair, mais vivifié par l’Esprit (chapitre 3:17, 18).

Il peut convenir à la volonté de Dieu que nous souffrions, mais souffrirons-nous pour avoir bien fait ou mal fait ? Dans le dernier cas, notre souffrance peut être ordonnée de Dieu comme discipline ; dans le premier cas, elle nous donne communion avec la marche de Christ ici-bas. Cette marche de Christ l’a amené à souffrir une fois pour les péchés (*) (sans parler d’une vie où chaque pas était une souffrance) lui juste (tel est son caractère absolu) pour les injustes (tel est notre caractère tout aussi absolu) afin qu’il nous amenât à Dieu. Nous avons ici le but de toutes ses souffrances.

(*) L’apôtre Pierre ne parle jamais, comme Paul, du péché comme état, mais des péchés comme actes.

Il nous est donné de pouvoir souffrir pour faire le bien ; Lui aussi l’a fait dans sa perfection absolue ; mais Lui seul pouvait souffrir pour nous réconcilier avec Dieu, pour que nous devinssions des enfants de Dieu. Son oeuvre en notre faveur a deux côtés : 1° Il a été mis à mort en chair ; il a passé à travers l’absolue condamnation qui nous était due pour nos péchés et qui ne pouvait se terminer que par la mort. Mais il a passé de l’autre côté de la condamnation ; il a été vivifié par l’Esprit. L’Esprit a trouvé cet homme dans la mort et lui a rendu la vie, une vie à jamais triomphante de la mort et des péchés !

Par lequel (Esprit) aussi étant allé, il a prêché aux esprits qui sont en prison, qui ont été autrefois désobéissants, quand la patience de Dieu attendait dans les jours de Noé, tandis que l’arche se construisait, dans laquelle un petit nombre, savoir huit personnes, furent sauvées à travers l’eau (v. 19, 20).

Comme nous avons vu, au v. 18, le rôle de l’Esprit dans la résurrection de Christ, nous le voyons au début du jugement de la création d’alors, et de son renouvellement par les eaux du déluge. C’était par l’Esprit que Christ était allé jadis avertir les incrédules qui, selon le caractère de toute cette épître, sont appelés les désobéissants, et que Dieu avait supportés avec patience jusque là. L’Esprit qui parlait à ces incrédules par le moyen de Noé pour les sauver du désastre final, était le même Esprit qui avait proclamé le salut accompli par la résurrection de Christ d’entre les morts. Dieu avait montré jadis toute sa patience envers le monde d’alors, mais il arrive un moment où la patience prend fin. L’arche que Noé et ses fils avaient mis tant d’années à construire, telle était la prédication de Noé. Elle « condamnait le monde » sans avoir besoin de paroles pour s’expliquer et ce qui semblait une folie aux yeux des incrédules fut ce qui sauva le patriarche et sa famille à travers les eaux de la mort. Ces hommes pouvaient être sauvés par la foi de la même manière que nous ; maintenant ils sont des « esprits en prison ». Dépouillés de leurs corps, ils sont retenus dans le hadès, dans le « grand gouffre infranchissable fermement établi » entre les croyants et les incrédules, en attendant le jugement du grand jour. La génération croyante de Seth avait été retirée à temps du désastre. Seules huit personnes avaient été sauvées, mais en passant à travers la mort que l’eau, dans la Parole, représente toujours, tout en signifiant aussi la vie dans laquelle la mort introduit le croyant. Il en était de même de ceux auxquels cette épître s’adresse. Ils étaient sortis par grâce de la masse de ceux qui ne croyaient pas, pour appartenir à une génération nouvelle, à la veille même du jugement qui allait atteindre la nation juive incrédule.

Or cet antitype vous sauve aussi maintenant, c’est-à-dire le baptême, non le dépouillement de la saleté de la chair, mais la demande à Dieu d’une bonne conscience, par la résurrection de Jésus Christ, qui est à la droite de Dieu (étant allé au ciel), anges, et autorités, et puissances lui étant soumis (v. 21, 22).

Tout cela était une figure. D’abord le salut de quelques-uns reste toujours une vérité capitale comme au temps du déluge, vérité d’autant plus importante que ces chrétiens étaient à la veille de voir l’effondrement de leur nation sous le jugement. Ensuite l’apôtre insiste sur la vérité capitale qu’on n’est sauvé qu’à travers l’eau. Ou bien l’eau, la mort, nous engloutit, ou bien elle nous sauve quand nous avons l’arche pour refuge. Mais cette même figure, l’eau de la mort, nous sauve aussi maintenant. Combien cela était important à présenter à ces Juifs devenus chrétiens ! Ils étaient sortis du judaïsme par le baptême qui était en figure ce qui avait sauvé Noé et les siens : Si un Juif n’était pas baptisé, il n’était pas sauvé du tout. C’est pourquoi l’apôtre dit : vous sauve (non pas nous sauve). Il ajoute : vous sauve maintenant, faisant allusion au déluge de jadis. Les Juifs avaient aussi une eau de purification, mais elle ne les dépouillait que de la saleté de la chair, tandis que le baptême chrétien était une tout autre chose. Dans le baptême, qui signifie la mort de Christ, l’homme demande d’avoir une bonne conscience, en étant sauvé, à travers la mort, par la résurrection de Celui avec lequel il a traversé la mort. C’était le cas au déluge. L’arche, un Christ qui a traversé la mort, porte en résurrection à l’autre bord ceux qui ont trouvé leur refuge en Lui. Comme l’arche, sur le mont Ararat, notre Arche s’est arrêtée en haut. L’oeuvre est complète ; je puis avoir une bonne conscience. Dieu ne se souvient plus de mes péchés et celui qui me donne cette bonne conscience est au ciel. Je n’y suis pas maintenant, selon la doctrine de l’apôtre Pierre, quoique ayant l’heureuse et complète certitude que l’oeuvre qui m’y donnera accès est accomplie pour toujours. Celui qui m’a acquis cette part, est à la droite de Dieu, ayant anges, autorités et puissances sous ses pieds. C’est là que m’introduit le baptême chrétien !

4 - CHAPITRE 4

Christ donc ayant souffert pour nous dans la chair, vous aussi, armez-vous de cette même pensée, que celui qui a souffert dans la chair s’est reposé du péché, pour ne plus vivre le reste de son temps dans la chair pour les convoitises des hommes, mais pour la volonté de Dieu. Car il nous suffit d’avoir accompli, dans le temps déjà écoulé, la volonté des nations, alors que nous marchions dans la débauche, les convoitises, l’ivrognerie, les excès dans le manger et le boire et les criminelles idolâtries, en quoi ils trouvent étrange que vous ne couriez pas avec eux dans le même bourbier de corruption, vous disant des injures ; et ils rendront compte à Celui qui est prêt à juger les vivants et les morts. Car c’est pour cela qu’il a été évangélisé à ceux aussi qui sont morts, afin qu’ils fussent jugés, selon les hommes, quant à la chair ; et qu’ils vécussent, selon Dieu, quant à l’Esprit (v. 1-6).

Après la digression des versets 19 à 22 du chapitre 3, l’apôtre revient au fait, mentionné au v. 18, que Christ a été mis à mort en chair, mais vivifié par l’Esprit. La première vérité donc à laquelle notre verset 1 se rattache, c’est que Christ a souffert une fois pour les péchés, lui juste pour les injustes, afin de nous amener à Dieu, ayant été mis à mort en chair. Christ a donc souffert pour nous dans la chair, jusqu’à la mort, mais nous avons à nous armer de cette pensée que celui qui a souffert dans la chair s’est reposé du péché. Ce principe est vrai pour Christ et pour nous. Ce qui n’est vrai que pour Christ, c’est qu’il a souffert pour nos péchés et s’en est reposé après s’en être chargé dans sa chair, sans trace de péché. Ce qui est vrai pour nous, c’est que la souffrance dans la chair à laquelle le péché s’attache étant terminée, nous en avons fini avec le péché. Les souffrances sont pour nous un moyen de délivrance du péché qui sera dans notre chair jusqu’au bout, mais qui ne s’attaquera pas de préférence à un homme trop absorbé par ses souffrances pour être tenté de chercher sa distraction dans le péché. Dans ce sens nous nous en sommes reposés, tandis que Christ s’en est reposé en l’abolissant pour d’autres. Le verset 2 nous prouve que c’est bien là le sens du passage. Le repos ne peut être que partiel pour nous, mais il sera d’autant plus complet que la souffrance nous amène à ne plus vivre le reste de notre temps dans la chair, pour les convoitises auxquelles les hommes sont liés par Satan. Nous comprenons, puisque, à la suite de la souffrance, cet ennemi ne peut plus nous séduire, comme par le passé, que nous devons obéir à une autre volonté que la sienne, à celle de Dieu. Quelle heureuse condition pour le chrétien que celle des souffrances !

Ne suffit-il pas d’avoir suivi dans le temps passé (toute l’histoire d’Israël le prouve), la volonté des nations au lieu de celle de Dieu, et voudrions-nous recommencer ? Remarquez qu’il ne parle pas ici de suivre la volonté du peuple juif incrédule, mais celle des nations qui les entouraient avec toute leur débauche. Les nations, voyant que ces chrétiens s’étaient séparés du judaïsme, pouvaient se faire illusion en pensant que ces convertis allaient marcher avec elles. Elles trouvaient étrange leur abstention de ces mauvaises moeurs et les injuriaient. De cette manière, ils souffraient de tous côtés. C’est ainsi que, de plus en plus, la question des souffrances du chrétien est mise en lumière dans cette épître. Mais ceux des nations auraient à rendre compte, devant le Dieu juge, de leurs injures proférées contre les chrétiens. Vivants ou morts, lors de l’apparition du Seigneur ou devant le grand trône blanc, ils auront affaire au jugement divin. Mais l’apôtre revient à ce qu’il a dit précédemment. Lors du déluge, ceux qui ont péri dans ce jugement avaient été évangélisés par les quelques-uns que la grâce avait épargnés. Là leur sort avait été fixé, car il y avait pour eux cette alternative : ou le jugement attiré sur les hommes par leur condition dans la chair, ou bien la vie selon Dieu par l’Esprit d’un Christ mort et ressuscité.

Mais la fin de toutes choses s’est approchée ; soyez donc sobres, et veillez pour prier ; mais, avant toutes choses, ayant entre vous un amour fervent, car l’amour couvre une multitude de péchés ; étant hospitaliers les uns envers les autres, sans murmures. Suivant que chacun de vous a reçu quelque don de grâce, employez-le les uns pour les autres, comme bons dispensateurs de la grâce variée de Dieu. Si quelqu’un parle, qu’il le fasse comme oracle de Dieu ; si quelqu’un sert, qu’il serve comme par la force que Dieu fournit, afin qu’en toutes choses Dieu soit glorifié par Jésus Christ, à qui est la gloire et la puissance, aux siècles des siècles ! Amen (v. 7-11).

La mention du déluge conduit l’apôtre à annoncer un événement bien autrement important et tragique que celui-là : « La fin de toutes choses s’est approchée ». Quelle attitude doivent avoir les chrétiens devant l’imminence de cet événement  ? Être sobres. Éviter tout enivrement des choses du monde dont une partie vient d’être décrite aux versets 3 et 4. De toutes ces choses qui doivent se dissoudre et dont l’apôtre déclare dans sa seconde épître qu’il ne restera rien, même des choses les plus aimables, les plus nobles et les plus attractives en apparence, vaut-il la peine de se préoccuper, si rien n’en pourra subsister ? Le sommeil spirituel, fruit de la mondanité, est ce qui nous expose le plus au danger d’être séduits par ces choses : Veillons donc. Mais à quoi doivent s’employer nos veilles ? Aux prières. L’objet que la prière met constamment devant nos yeux, ce ne sont pas seulement nos besoins, c’est avant tout Dieu lui-même, c’est la personne du Seigneur Jésus, notre Sauveur bien-aimé. La prière est donc un moyen d’échapper aux attractions du monde. Mais il y a un remède préventif plus important encore, c’est la pratique de l’amour : « Avant toutes choses, ayant entre vous un amour fervent » : l’amour entre les frères. Heureuse position ! D’un côté une vie d’intimité avec Dieu, de l’autre la pratique de l’amour. Et pourquoi ce dernier ? L’amour nous garde ; l’amour couvre la multitude des péchés de nos frères, comme il recouvre de leur part les nôtres. N’est-ce pas ce que l’amour de Christ a fait envers nous ? Nous trouvons cette même pensée en Jacques 5:20.

L’amour se montre de bien des manières dans la pratique : l’hospitalité mutuelle, l’absence de plainte d’être dérangé ou mis à contribution en exerçant cette hospitalité. Remarquez cette entrée dans le détail de la vie pratique qu’on retrouve si largement à la fin de l’épître aux Hébreux (chap. 13:2, etc).. Il y avait sans doute une cause spéciale à ces exhortations : les frères hébreux étaient pauvres, ayant été dépouillés de leurs biens, et l’on voit dans les épîtres de Paul à quel degré ! Tout cela touchait à leurs relations d’amour les uns envers les autres.

Il en est de même des dons de grâce reçus au milieu des saints. Ils doivent être « employés par eux les uns pour les autres ». La grâce est variée, mais nous en sommes les dispensateurs. Nous avons donc à prendre garde comment et pour qui nous l’employons.

Au v. 11, l’apôtre continue à entrer dans les détails du service. Il ne faut pas que celui qui parle, parle de lui-même ou pour lui-même. S’il en était ainsi, il ferait mille fois mieux de se taire. Quelle leçon pour ceux que Dieu appelle à prêcher ! C’est Dieu qui doit parler par notre bouche. Il n’est pas question ici d’inspiration, mais d’une action de l’Esprit de Dieu, complètement indépendante des facilités ou des talents humains. Tel était l’apôtre Paul, en dehors de l’inspiration (1 Cor. 2:1-5).

Même dans le service, nos propres forces naturelles ne sont rien. Il faut que ce soit « la force que Dieu fournit » qui soit à la base de toute notre activité pour le Seigneur. Il y a donc deux choses dans ce domaine : la Parole et le Service. Cela met l’homme entièrement de côté. De cette manière seulement Dieu est glorifié en toutes choses par Jésus Christ qui est dans le ciel, mais que ses serviteurs représentent ici-bas. Cette exhortation rappelle en abrégé celle de Rom. 12:9-21.

Après ces paroles, nous trouvons ce que les hommes appellent une doxologie, ou « discours de gloire ». Le coeur, saisi par la puissance de ce qu’il vient de présenter, remonte en accents de louanges vers Celui qui en est la source et se perd dans la contemplation de ses gloires éternelles : « À Jésus Christ est la gloire et la puissance, aux siècles des siècles. Amen ! » Combien il est à désirer que nos coeurs, s’oubliant eux-mêmes, soient plus souvent emportés par la contemplation d’un tel objet ! Outre cet exemple, le Nouveau Testament nous en présente d’autres. Le premier en Rom. 11:36 : « Car de Lui, et par Lui, et pour Lui, sont toutes choses ! À Lui soit la gloire éternellement ! Amen ». — Le second en Éph. 3:20, 21 : « Or, à Celui qui peut faire infiniment plus que tout ce que nous demandons ou pensons, selon la puissance qui opère en nous, à Lui gloire dans l’assemblée dans le Christ Jésus, pour toutes les générations du siècle des siècles ! Amen ». Le troisième en Apoc. 1:6 : « À Lui la gloire et la force aux siècles des siècles ! Amen ». Le quatrième est en 1 Pierre 5:11 : « À Lui la gloire et la puissance, aux siècles des siècles ! Amen ». C’est par cette louange glorieuse que se terminent dans l’Ancien Testament les quatre premiers livres des Psaumes qui ont porté nos pensées vers les souffrances de Christ et vers les gloires qui devaient les suivre. Voici ces passages :

« Béni soit l’Éternel, le Dieu d’Israël, de l’éternité jusqu’en éternité ! Amen, oui, Amen ! » (Ps. 41:13).

« Béni soit l’Éternel, Dieu, le Dieu d’Israël, qui seul fait des choses merveilleuses ! Et béni soit le nom de sa gloire, à toujours ; et que toute la terre soit pleine de sa gloire ! Amen ! oui, Amen ! (Ps. 72:18, 19).

« Béni soit l’Éternel, pour toujours ! Amen, oui, Amen ! m (Ps. 89:52).

« Béni soit l’Éternel, le Dieu d’Israël, de l’éternité jusqu’en éternité ! et que tout le peuple dise : Amen ! Louez Jah ! » (Ps. 106:48).

Bien-aimés, ne trouvez pas étrange le feu ardent qui est au milieu de vous, qui est venu sur vous pour votre épreuve, comme s’il vous arrivait quelque chose d’extraordinaire ; mais en tant que vous avez part aux souffrances de Christ, réjouissez-vous, afin qu’aussi, à la révélation de sa gloire, vous vous réjouissiez avec transport. Si vous êtes insultés pour le nom de Christ, vous êtes bienheureux, car l’Esprit de gloire et de Dieu repose sur vous : [de leur part, il est blasphémé, mais quant à vous, glorifié]. Mais que nul de vous ne souffre comme meurtrier, ou voleur, ou comme faisant le mal, ou s’ingérant dans les affaires d’autrui ; mais si quelqu’un souffre comme chrétien, qu’il n’en ait pas honte, mais qu’il glorifie Dieu en ce nom (chap. 4:12-16).

L’apôtre revient aux souffrances qu’il considère dans cette épître sous toutes leurs faces. Ici, elles sont envisagées comme le feu ardent de l’épreuve. Ils n’avaient pas à les tenir comme une chose extraordinaire, car ils ne devaient pas oublier qu’elles étaient pour eux une part aux souffrances de Christ. On pouvait donc trouver ces deux choses dans les mêmes souffrances : l’épreuve et la communion des souffrances de Christ. Ces chrétiens pouvaient donc se réjouir tant qu’elles avaient ce dernier caractère ; mais quelle sera leur joie, quels seront leurs transports quand eux, son peuple, auront atteint la révélation de Sa gloire ! Remarquez que cette révélation, ils ne l’avaient pas plus atteinte que le salut qui, dans cette épître, reste un salut d’âmes, comme au chap. 1. Mais, loin de nous estimer pauvres et dénués de tout, cela nous suffit, notre avenir étant parfaitement assuré. Si nous avons des souffrances maintenant, nous avons la certitude de transports de joie quand la gloire sera manifestée !

Insultés pour ce nom précieux et magnifique, nous sommes bienheureux. On voit que le bonheur n’est nullement troublé par le fait que la souffrance est une épreuve. La souffrance pour Christ est une source de bonheur spéciale, car elle est la preuve que l’Esprit de gloire et de Dieu repose sur nous.

On peut envisager, ce qui est tout autre chose, la souffrance comme une punition de nos mauvaises actions. L’apôtre en cite quatre exemples dont le dernier, quelque peu différencié des premiers, est qualifié de ce terme : « s’ingérer dans les affaires d’autrui ». C’est le caractère d’un homme qui prétend avoir un droit de contrôle sur les affaires privées des autres qui ne le regardent en rien. Un caractère pareil est haïssable et dénote une appréciation charnelle de la dignité chrétienne, absolument étrangère à l’humilité et à la grâce.

L’apôtre oppose à de telles prétentions nos souffrances comme chrétiens. Il n’y a que deux autres cas où le chrétien soit revêtu de ce titre (Act. 11:26 ; 26:28). Doit-il en avoir honte ? Bien au contraire. C’est la gloire de Dieu que nous soyons appelés à le glorifier dans ce nom merveilleux !

Car le temps est venu de commencer le jugement par la maison de Dieu ; mais s’il commence premièrement par nous, quelle sera la fin de ceux qui n’obéissent pas à l’évangile de Dieu ? Et si le juste est sauvé difficilement, où paraîtra l’impie et le pécheur ?

Que ceux donc aussi qui souffrent selon la volonté de Dieu, remettent leurs âmes en faisant le bien, à un fidèle Créateur (v. 17-19).

N’oublions pas, en nous occupant des souffrances, qu’elles sont aussi la preuve du jugement qui tombe en premier lieu sur la maison de Dieu. L’apôtre ajoute ici cette pensée du jugement sur nous qui l’a déjà occupé. Mais quelle sera la fin de ceux qui désobéissent à l’Évangile de Dieu ? L’obéissance ou la désobéissance sont toujours ce qui caractérise dans cette épître le chrétien ou le monde. Et si le juste, chrétien juif auquel il parle, est sauvé difficilement, comme le sera le Résidu futur d’Israël dans la grande tribulation, où paraîtra l’impie et le pécheur ? Voilà le cycle complet des souffrances parcouru dans cette épître : Souffrances de Christ en rédemption, en sympathie, en vertu de sa perfection absolue ; souffrances endurées par ceux qui le suivent, mais aussi comme épreuve et comme discipline ; souffrances tombant enfin sur les impies et les pécheurs.

Il faut donc que les chrétiens qui souffrent, de quelque manière que ce soit, selon la volonté de Dieu, lui remettent leurs âmes comme à un Dieu fidèle qui, dès le commencement, a ordonné toutes choses, en sorte qu’elles nous amènent finalement à ressembler à Christ dans toute notre marche. Cette marche se résumait pour Christ et doit se résumer pour nous par deux seules paroles : « Il a passé de lieu en lieu, faisant du bien » et : « Il a souffert ».

5 - CHAPITRE 5

J’exhorte les anciens qui sont parmi vous, moi qui suis ancien avec eux, et témoin des souffrances de Christ, qui aussi ai part à la gloire qui va être révélée : paissez le troupeau de Dieu qui est avec vous, le surveillant, non point par contrainte, mais volontairement, ni pour un gain honteux, mais de bon gré, ni comme dominant sur des héritages, mais en étant les modèles du troupeau ; et quand le souverain pasteur sera manifesté, vous recevrez la couronne inflétrissable de gloire (v. 1-4).

La pensée de souffrir en faisant le bien conduit l’apôtre à s’adresser (chapitre 5:1) à ceux qui, parmi eux, avaient le soin de paître le troupeau. Pierre était en communion spéciale avec eux, lui que le Seigneur lui-même avait désigné pour cet office. Il y avait, dans ces assemblées de la dispersion, sorties du judaïsme et ayant échangé leur nom contre celui de chrétiens (4:16) des anciens. On ne voit pas qu’ils fussent spécialement nommés ou institués ; ils étaient parmi le troupeau et l’apôtre était ancien avec eux. Il les exhorte à s’acquitter de leurs fonctions envers le troupeau qui était avec eux. Il ne dit pas : « sur lequel vous êtes établis ». Ce qui caractérisait Pierre comme ancien avec eux, c’étaient deux choses : la première qu’il était « témoin des souffrances de Christ », la seconde, qu’il avait « part à la gloire qui allait être révélée ». Ce n’était pas proprement ce qui le qualifiait comme apôtre. Comme tel il avait commencé, ainsi que tous les apôtres, au baptême de Jean et avait vu le Seigneur monter au ciel (Act. 1:22). Mais ce qui le plaçait à la tête des anciens, c’est qu’il était témoin des souffrances de Christ et pouvait embrasser ce sujet tout entier, et qu’il pouvait parler de la gloire future avant même qu’elle fût révélée. Cette pensée est d’accord avec tout le contenu de l’épître. La gloire ne leur appartenait pas encore, elle ne leur serait révélée que plus tard, en sorte qu’ils ne possédaient rien de fait que les souffrances et l’espérance.

Le troupeau était avec les anciens, non pas eux avec le troupeau. Cela leur assignait leur place et leur importance relative, le troupeau étant plus important que les surveillants du troupeau. Mais eux, les anciens, ne devaient pas surveiller par contrainte. Le danger n’était pas ici ce qu’il est devenu dans les assemblées des nations : de s’attribuer une place à part au-dessus du troupeau, triste caractéristique de tout clergé, mais de considérer leur tâche comme imposée et non volontaire, et de perdre ainsi le bénéfice de libre dévouement pour le Seigneur et son troupeau. Pierre avait appris cela pour lui-même quand, humilié et restauré, il avait reçu le soin du troupeau comme signe de confiance spéciale du Seigneur qui le lui donnait à paître.

Il pouvait y avoir, dans le coeur de ces anciens, d’autres sentiments que celui de la contrainte. Ils pouvaient remplir leurs fonctions pour le gain. Le gain est qualifié ici de honteux (voyez Tite 1:11) et le sera toujours quand il sera, non pas seulement le but, mais un motif quelconque du service. Les choses honteuses doivent nous faire rougir et nous voiler la face, tant elles sont incompatibles avec le service du Seigneur. Je n’entends nullement dire ici : incompatibles avec les droits du chrétien dans ce service. La troisième chose est ce que Pierre appelle : « dominer sur des héritages ». Il veut dire : Comme des hommes dominant sur les héritages qui leur appartiennent, en considérant les saints comme leur possession. Au lieu de cette attitude, les anciens devaient être les modèles du troupeau, lui donnant l’exemple d’une vie de soumission, d’obéissance, de sainteté, de confiance, qualités qui distinguent des brebis accoutumées à suivre, non pas les anciens, mais le souverain Berger qui les conduit. Tout cela nous est dit en vue de la manifestation future du Souverain pasteur. L’ancien lui-même se contente de servir le troupeau sans récompense immédiate, mais porte les yeux en avant vers le moment de la manifestation future de Christ. Lui-même n’est qu’un pasteur, avec beaucoup d’autres, auxquels des couronnes et des récompenses seront données ; mais sa récompense sera une couronne qui n’est pas assimilable aux couronnes temporelles, car rien ne pourra jamais lui ravir cet ornement glorieux qui ne se flétrira jamais !

Pareillement, vous, jeunes gens, soyez soumis aux anciens ; et tous, les uns à l’égard des autres, soyez revêtus d’humilité ; car Dieu résiste aux orgueilleux, mais il donne la grâce aux humbles. Humiliez-vous donc sous la puissante main de Dieu, afin qu’il vous élève quand le temps sera venu, rejetant sur lui tout votre souci, car il a soin de vous (v. 5-7).

L’apôtre s’adresse maintenant aux jeunes gens qui, sous la conduite des anciens, constituent le troupeau. Ils doivent être soumis aux anciens qui (v. 3) ne doivent pas les dominer. Une telle habitude mutuelle nous garde dans l’humilité (Prov. 3:34), et c’est notre seule attitude dans ce monde. La main qui est sur nous est puissante (Jacq. 4:6). Notre part, ici-bas, est de le reconnaître, de n’aspirer à aucune autre place, avant que le temps ne soit venu, mais il viendra. Tout cela, en rapport avec la pensée capitale de l’épître. En attendant, nous marchons en avant chargés de soucis vers un but que nous n’avons pas atteint. Quel fardeau, direz-vous ! Mais non, bien au contraire, entièrement libres de tout souci, puisqu’Il nous autorise à le rejeter tout entier sur Lui. Quelle liberté ! Nous avons la conscience qu’Il a soin de nous, et nous sommes remplis d’une espérance qui ne peut nous tromper !

Soyez sobres, veillez ; votre adversaire, le diable, comme un lion rugissant, rôde autour de vous, cherchant qui il pourra dévorer. Résistez-lui, étant fermes dans la foi, sachant que les mêmes souffrances s’accomplissent dans vos frères qui sont dans le monde. Mais le Dieu de toute grâce, qui vous a appelés à sa gloire éternelle dans le Christ Jésus, lorsque vous aurez souffert un peu de temps, vous rendra lui-même accomplis, vous affermira, vous fortifiera et vous établira sur un fondement inébranlable. À Lui la gloire et la puissance, aux siècles des siècles ! Amen (v. 8-11).

« Soyez sobres, veillez ! » Que de choses dans ces deux mots ! Ne les retrouve-t-on pas continuellement dans les épîtres, et particulièrement dans celle-ci ? Sobres : ne pas nous laisser enivrer par les attraits du monde qui nous entoure. Si nous goûtons à ce que le monde nous offre, la juste appréciation des choses de Dieu, de la Parole, de la personne de Christ, nous manquera. Nos coeurs sont ouverts à toutes les tentations ; nous avons prêté l’oreille aux insinuations du serpent, toujours prêt à nous séduire. Mais notre adversaire a d’autres armes à sa disposition. Il cherche à dévorer. Notre Sauveur bien-aimé eut affaire au commencement de sa carrière avec le serpent, à la fin, avec le lion rugissant qui ne put, ni le séduire, ni l’épouvanter.

Ce que nous avons à faire, c’est : Résistez-lui  ! Le vainqueur de Satan est avec nous ; il a combattu pour nous ; mais notre combat est basé sur sa victoire. Notre foi nous assure que cette victoire est déjà remportée et ainsi nous sommes plus que vainqueurs dans Celui qui nous a aimés. « Sachant que les mêmes souffrances s’accomplissent dans vos frères qui sont dans le monde ». On voit ici que le combat avec l’Adversaire appartient à ce groupe si nombreux de souffrances qui attendent le chrétien dans son pèlerinage. Ces souffrances « s’accomplissent dans nos frères qui sont dans le monde ». Pierre se représente ces chrétiens juifs comme étant près d’arriver au terme de la course, tandis que leurs frères n’en sont pas encore là, mais traversent le combat et ce qui y appartient, alors qu’eux sont sur le point d’entrer dans le repos. Il les a pour ainsi dire suivis pas à pas jusqu’au repos définitif. On voit qu’il considère ces chrétiens comme n’ayant plus à souffrir qu’un peu de temps. Le Dieu de grâce les a appelés à sa gloire éternelle dans le Christ Jésus, mais jusque-là Pierre ne suppose pas que résister à Satan puisse être autre chose qu’une souffrance. Seulement, jusqu’à ce qu’ils aient atteint cette gloire, le Seigneur fera bien des choses à leur égard : 1° Il les rendra Lui-même accomplis. Lui seul peut faire cette oeuvre ; Dieu les rendra semblables à Christ en tout point. Selon Paul, nous sommes accomplis en Lui ; selon Pierre nous atteindrons la perfection au bout du voyage ; elle est devant nous comme but à atteindre. 2° Il les affermira, ils pourront tenir ferme. 3° Ils les fortifiera. Alors, il ne s’agira plus de marcher de force en force. La force sera complète. 4° Il les établira sur un fondement inébranlable. Ils auront enfin atteint Celui en qui il ne peut y avoir d’insécurité, de changement, d’ébranlement quelconque, le Rocher des siècles, sur lequel ces pauvres pèlerins seront désormais établis pour l’éternité.

Devant un tel tableau de gloire future où nous aurons enfin atteint le but parfait dans la personne de Christ, la doxologie sort de nouveau abondante pour s’épanouir dans l’éternité. « À Lui la gloire et la puissance, aux siècles des siècles ! Amen » (cf. 4:11).

Je vous ai écrit brièvement par Silvain, qui est un frère fidèle, comme je le pense, vous exhortant et attestant que cette grâce dans laquelle vous êtes est la vraie grâce de Dieu. Celle qui est élue avec vous à Babylone, vous salue, et Marc, mon fils. Saluez-vous les uns les autres par un baiser d’amour. Paix soit à vous tous qui êtes en Christ ! (v. 12-14).

Pour l’apôtre, cette lettre serait plutôt brève par son sujet que par ses dimensions : Obéir, suivre la marche chrétienne, faire le bien et souffrir en suivant les traces de Christ dans un monde où nous ne possédons rien ; avancer vers le ciel sans y rien avoir, comme part actuelle, qu’une espérance ; suivre Jésus, plein de confiance, sans l’avoir atteint, tel est son sujet.

Silvain portait cette lettre et ces exhortations qui attestaient que la grâce dans laquelle se trouvait ce Résidu souffrant, pauvre, méprisé, était la vraie grâce de Dieu ! Quelle assurance les paroles de l’apôtre devaient communiquer à ces témoins persécutés ! Surtout qu’ils n’allassent pas retourner en arrière, puisqu’ils possédaient la vraie grâce de Dieu, celle dans laquelle toute la pensée du Dieu de vérité et d’amour se trouvait résumée ! Ils n’avaient qu’à continuer, ils allaient atteindre cette grâce elle-même dans la personne du Sauveur ! — La femme élue de Pierre les saluait ainsi que son fils Marc. Quelle communion entre eux tous, les dispersés ! Paix à vous tous qui êtes en Christ ! C’est la première fois que cette locution, si familière à l’apôtre Paul, soit mentionnée pour désigner ces chrétiens. Toute l’épître se termine par la paix.