par H. Rossier
Table des matières
Siméon Pierre, esclave et apôtre de Jésus Christ, à ceux qui ont reçu en
partage une foi de pareil prix avec nous, par la justice de notre Dieu et
Sauveur Jésus Christ : Que la grâce et la paix vous soient multipliées
dans la connaissance de Dieu et de Jésus notre Seigneur
(v. 1, 2).
Ce qui caractérise en premier
lieu l’apôtre Pierre dans cette épître, c’est son titre d’esclave
de
Jésus Christ. Jésus Christ l’a acquis et il lui appartient en propre ; il
n’a d’obligation que vis-à-vis de Celui qui est son Maître ; c’est en sa
qualité d’esclave qu’il exerce ses fonctions d’apôtre. Tel est du reste le
titre que prennent si souvent avec joie les serviteurs que le Seigneur emploie
à son oeuvre (Rom. 1:1 ; Phil. 1:1 ; Tite 1:1 ; Jacq. 1:1 ;
Jude 1 ; Apoc. 1:1). Un esclave n’appartient à nul autre qu’à son Maître,
qui seul a le droit de se servir de lui et de lui commander. Cette heureuse
conviction donne à toute notre vie un cachet de simplicité qui nous rend
étrangers aux mille objets par lesquels le monde cherche à s’emparer de nous.
L’on peut constater que les deux épîtres de Pierre qui se font pendant, pour ainsi dire, sont adressées aux mêmes personnes (3:1, 2). — La première décrit le gouvernement de Dieu envers les siens, la seconde le gouvernement de Dieu envers le monde, deux sujets d’un intérêt capital pour les chrétiens.
Une troisième constatation s’impose à nous à la lecture des deux épîtres de Pierre et, en général, de toutes les épîtres adressées à des saints sortis du judaïsme, comme par exemple l’épître aux Hébreux (Chap. 13) et en partie, du moins, l’épître de Jacques. Il semble que l’Esprit veut faire ressortir que les principes moraux de notre conduite envers les hommes, peu importe que ce soit avec ou sans la loi, restent invariables et ne sont pas modifiés par le milieu dans lequel ils sont énoncés. Il y a des relations de famille, des obligations envers des pouvoirs constitués, des devoirs à l’égard de tous les hommes, humbles ou haut placés, qui ne sont nullement influencés par les diverses économies sous lesquelles ils sont mentionnés, et qui restent invariables en tout temps, le caractère du Dieu auquel nous avons affaire étant lui-même invariable. Nous aurons plus d’une fois l’occasion, dans le courant de cette étude, de faire ressortir ce fait.
Les chrétiens auxquels Pierre
s’adresse avaient, dit-il, « reçu en
partage une foi de pareil prix avec nous »
(Pierre et les apôtres) alors
qu’ils ne la demandaient pas. Cette foi
est l’ensemble des bénédictions chrétiennes données à la foi.
À ce sujet, il
est utile de faire une remarque ; nous en avons deux exemples ici et nous
en trouvons maint autre au cours de ces deux épîtres. Les expressions employées
par Pierre ne correspondent pas nécessairement, sans toutefois les contredire,
aux mêmes expressions que l’on rencontre dans les écrits de Paul. Notre plus
grande familiarité avec les épîtres de ce dernier nous porterait plutôt à voir
« les choses difficiles à comprendre » (2 Pierre 3:16) dans les épîtres de
Pierre, que dans celles, si souvent méditées, de l’apôtre Paul.
Comment avaient-ils obtenu
cette foi ? « Par la
justice
de notre Dieu et Sauveur Jésus Christ ».
Sa justice est ici sa fidélité immuable à ses promesses.
Voilà
qui était bien fait pour toucher le coeur de ces chrétiens qui, sortis du
judaïsme, pouvaient penser avoir fait une perte à l’égard des promesses de Dieu
adressées à Israël. Ils apprenaient maintenant que, sur le terrain nouveau
qu’ils occupaient, les promesses de leur Dieu et Sauveur ne pourraient jamais
subir l’ombre d’un changement.
Nous trouvons ici comme dans
la première épître : « Grâce et paix vous soient multipliées », mais ce
n’est qu’ici que nous apprenons ce qui les multiplie : La pleine
connaissance des trésors infinis
que ces deux noms renferment : Dieu et Jésus devenu « notre Seigneur » (cf.
Jude 2).
Comme sa divine puissance nous a donné tout ce qui regarde la vie et la
piété, par la connaissance de Celui qui nous a appelés par la gloire et par la
vertu, par lesquelles il nous a donné les très grandes et précieuses promesses,
afin que par elles vous participiez de la nature divine, ayant échappé à la
corruption qui est dans le monde par la convoitise…
(v. 3-4).
Un premier fait, c’est que
nous, chrétiens, nous sommes devenus les dépositaires et les possesseurs de
tout ce qui constitue la vie
chrétienne
et la piété,
c’est-à-dire les
rapports de l’âme avec Dieu. Nous voilà donc transportés par la grâce, de notre
existence d’autrefois en la chair, dans un domaine spirituel auquel notre état
précédent n’avait aucune part. Ce qui règne dans ce domaine c’est la personne
du Sauveur et celle de Dieu comme notre père. Par quel moyen sommes-nous
devenus possesseurs de ces choses dont aucune ne nous manque ? Par la
pleine et réelle connaissance de Christ. Dieu nous a appelés, par gloire
et par vertu,
à atteindre le but qu’il a placé devant nous. Comme nous
l’avons déjà vu dans la première épître de Pierre, il s’agit ici d’un but
céleste, la gloire, à atteindre et non pas d’être transportés, par notre union
avec un Christ ressuscité, dans la jouissance actuelle de cette gloire. La vie
d’Abraham fut un exemple de ces choses. Le Dieu de gloire
lui apparut
lorsqu’il était en Mésopotamie et lui dit : Sors de ton pays et de ta
parenté et viens au pays que je te montrerai (Actes 7:2-4). Abraham écouta cet
appel et, s’il n’y répondit pas immédiatement selon ce que Dieu attendait de
lui, Dieu tint compte de la foi dont son serviteur avait fait preuve. De la
part de Dieu la gloire tout entière était offerte à Abraham comme une
possession future, de la part d’Abraham la vertu
, c’est-à-dire le
courage moral qui ne tient compte d’aucun obstacle pour atteindre le but
proposé, ne fut pas à la hauteur de ce qu’il aurait dû être. Ce n’est que par
de longues et douloureuses expériences qu’Abraham arriva dans la suite à ne
tenir compte de rien pourvu qu’il atteignît le but proposé ; c’est ce qui
caractérise le Seigneur, avant tout, comme homme ici-bas, et à sa suite son
fidèle serviteur Paul (Phil. 3:11-14). Cette vertu, le monde se fait souvent
l’illusion de la posséder. Il ne tiendra peut-être pas compte des obstacles
placés sur son chemin, pourvu qu’il arrive aux fins de son ambition, à la
satisfaction de son orgueil, et quand enfin il sera arrivé au but qu’il s’est
proposé, et qui ne saurait jamais être la gloire céleste, il se trouvera qu’il
n’aura récolté que la malédiction et le jugement. La vertu
dont il est
question ici est un fruit de l’appel de Dieu ; elle est déposée dans le
coeur à la suite de la foi, mais, comme nous l’avons dit, même un homme de foi peut
lui opposer des obstacles et retarder ainsi (comme le fit Abraham), la pleine
prise de possession des bénédictions célestes.
C’est par la gloire
et
par la vertu
que Dieu nous a donné « les très grandes et précieuses
promesses », non pas des promesses d’héritage et de bénédictions juives et
terrestres. Ces promesses-là, quelque valeur qu’elles aient, ne sont ni très
grandes, ni sans prix ; tandis que les promesses actuelles se lient aux
choses célestes et divines. Et, en effet, en les saisissant nous « participons
de la nature divine ». Nous voilà donc, n’ayant la gloire qu’en espérance, mais
possédant une nature divine capable de saisir ces choses et d’en jouir à
l’avance ; ayant la gloire devant nous et, dans nos coeurs, la puissance
pour l’atteindre. Mais afin de l’atteindre sûrement, une chose encore est
nécessaire : « ayant échappé à la corruption qui est dans le monde par
la convoitise
» (v. 4).
La convoitise est ce qui
caractérise proprement le monde en même temps que « l’orgueil de la vie ». La
convoitise s’adresse aux sens
et à la vue
; C’est pourquoi
Jean l’appelle « la convoitise de la chair et la convoitise des yeux » (1 Jean
2:16). Dès qu’elle a trouvé le chemin du coeur et s’en est emparée, la
corruption l’accompagne ; l’esprit du monde domine, l’homme est devenu un
pauvre esclave de ses passions ; ces deux choses excellentes, la gloire
et la vertu
, ont perdu toute leur puissance, et la pauvre âme captive
est retombée sous le joug du prince de ce monde. Au lieu de la vertu
elle a pour part ici-bas la souillure du monde ; au lieu de l’espérance de
la gloire elle n’a en haut qu’un ciel vide, un ciel sans Christ, avec une
incapacité absolue d’atteindre les choses célestes !
Pour cette même raison
aussi, y apportant tout empressement, joignez à votre foi, la vertu ; et à
la vertu, la connaissance ; et à la connaissance, la tempérance ; et
à la tempérance, la patience ; et à la patience, la piété ; et à la
piété, l’affection fraternelle ; et à l’affection fraternelle, l’amour ;
car, si ces choses sont
en vous et y abondent, elles font que vous ne
serez pas oisifs ni stériles pour ce qui regarde la connaissance de notre
Seigneur Jésus Christ
(v. 5-8).
Ce n’est pas tout : les
chrétiens avaient besoin d’être exhortés à se conduire d’une manière digne du
Seigneur pendant le temps de leur pèlerinage vers la gloire. Ce n’était pas
tout de posséder les bénédictions chrétiennes données à la foi ; il
fallait, comme les perles d’un collier, les ajouter l’une à l’autre, sinon
elles restaient sans fruit. C’est à cela que répond le v. 5. Notre foi,
c’est une part avec Christ, sans le voir, sans être
personnellement avec Lui, là où Il est ; c’est la maison du Père en
perspective, c’est la perfection personnelle future, c’est la gloire future et
la louange ininterrompue, c’est la jouissance sans nuage de l’amour
parfait !
Toutes ces choses sont à
nous ; nous les possédons, non pas ici comme une part actuelle, mais en espérance.
Nous ne les avons pas
atteintes, et cependant elles sont à nous. C’est comme l’a dit le v. 4, par la
gloire promise, par la vertu qui va l’atteindre, que nous sont données les très grandes et précieuses promesses.
Par
elles nous avons la nature divine
et
avons échappé à la convoitise et à la corruption du monde. La question qui se
pose maintenant est celle-ci : En
jouissons-nous
? Or, pour
en jouir, il nous faut les ajouter
les
unes aux autres, dans un ordre précieux et immuable.
Nous avons, en effet, bien
d’autres choses à développer que la gloire
qui nous attire au ciel et la vertu
qui
nous y pousse. Entre ces deux choses, nous avons à reproduire tout le caractère
de Christ homme ici-bas, caractère qui a sa suprême expression dans l’amour.
Toutes ces choses dépendent
pour nous l’une de l’autre ; Christ les possédait toutes à la fois.
À notre foi qui discerne ces choses nous devons ajouter la vertu (v. 5) qui les saisit, qui s’en empare, qui ne les lâche pas, qui en réalise la valeur comme de choses présentes, en sorte que, lorsque nous les aurons atteintes, elles nous soient aussi familières dans leur réalité, qu’elles nous étaient familières lorsque nous courions vers elles. Nous sommes exhortés à mettre tout empressement à joindre ces choses l’une à l’autre.
Le courage moral, pour
atteindre le but proposé, serait inefficace si nous n’avions pas la connaissance
des objets qui constituent
ce but : « Dieu et Jésus notre Seigneur » (v. 2). Il nous faut être
familiers avec ces personnes divines ; sentir et comprendre leur prix et
leur caractère, pour développer l’énergie par laquelle nous désirons les atteindre.
Si ces objets sont de médiocre valeur pour nos âmes, l’effort pour les saisir
sera mou et languissant.
« Et à la connaissance la tempérance
». La connaissance est entravée et amoindrie lorsque les choses
enivrantes du monde ont un accès dans nos coeurs et y prennent une place. Il y
a une sobriété
(1 Thess. 5:6, 8) qui nous fait passer à côté de
ces choses sans qu’elles nous tentent, ou excitent chez nous le désir de les
posséder. Bien plus, nous savons que, si nous ne résistons pas à la tentation
d’y goûter, elles nous enivrent et que nous perdons ainsi la force pour la
marche ou pour le combat. Nous désirons, avant toutes choses, garder nos forces
en entier pour saisir le but et en prendre une entière possession.
« Et à la tempérance la patience
». La tempérance n’est pas une affaire d’un jour, mais de toute
une vie. Abandonnez-la un jour et tout est à recommencer le lendemain. C’est
pourquoi la patience se prive jour après jour, sans se lasser, des choses qui
enivrent. Les difficultés surgissent. Relâche-toi, me dit-on, dans cette
surveillance de toi-même. Donne-toi, ne fût-ce qu’un jour de répit. Si j’écoute
cette voix, tout mon effort est aussitôt perdu. Sans doute la foi (Dieu et
Christ) demeure immuable, mais la vertu
a
fait naufrage.
« Et à la patience la piété
». La piété est cet état de l’âme qui n’a que Dieu en vue et ce
qui peut Lui
plaire. Ce qui peut nous
plaire, est non avenu. Dieu a la première et la seule place. Toutes les
facultés de l’âme sont occupées à le servir et à lui être agréables.
« Et à la piété l’affection fraternelle
». Lorsque le coeur est dirigé vers
Dieu et n’a de pensée que de lui plaire, il est impossible qu’il ne se sente
pas intimement lié aux frères, à tous ceux que Dieu porte sur son coeur comme
Il nous y porte lui-même.
« Et à l’affection fraternelle
l’amour
». Tel est le mot dans lequel tout
se résume : L’amour de Dieu manifesté en Christ, en qui
tout ce que Dieu est aboutit pour toujours ! Quand l’âme a atteint la
connaissance et la jouissance de l’amour ici-bas, il ne reste rien à ajouter,
sinon d’avoir enfin atteint le but ; car, comme dans la première épître,
le croyant marche dans ce monde n’ayant encore nulle possession
des choses célestes, mais en jouissant par
l’espérance ; et traversant le monde en n’y cherchant rien, en n’y voulant
et n’y trouvant rien, sinon atteindre Christ et le connaître davantage à mesure
que la route s’allonge.
(v. 8). — Le résultat de tout
ce déploiement de vertu,
c’est que
nous ne serons pas oisifs (sans activité), ni stériles (sans porter de fruit)
pour ce qui regarde la connaissance
de
notre Seigneur Jésus Christ. Nous aurons appris pratiquement à le connaître
comme le Dieu des promesses immuables ; nous aurons renoncé à tout ce qui
pourrait nous retenir ou nous enivrer sur le chemin qui nous conduit à
Lui ; nous marcherons sans nous lasser, jusqu’au moment, marqué par Dieu,
où nous aurons atteint le but ; et, en attendant ce moment, c’est à Lui
que tendront toutes nos pensées, aux frères que tendra l’amour de nos âmes, et
en Christ qui est l’amour même, que nous aurons atteint l’amour !
Car celui en qui ces choses ne se trouvent pas est aveugle, et ne voit pas
loin, ayant oublié la purification de ses péchés d’autrefois. C’est pourquoi,
frères, étudiez-vous d’autant plus à affermir votre appel et votre élection,
car en faisant ces choses vous ne faillirez jamais ; car ainsi l’entrée
dans le royaume éternel de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ vous sera
richement donnée
(vers. 9-11).
Si ces choses ne se trouvent
pas dans notre âme, combien notre état moral sera misérable ! Aveugles,
incapables de discerner les choses célestes, traversant un désert moral, ayant
oublié la purification de nos péchés, obtenue jadis par la grâce ! Ces
choses étant ainsi, nous devons d’autant plus nous étudier à affermir ce qui
est à la base de toute notre félicité : notre appel
et notre élection
(cf
1 Pierre 1:2). Ne nous viennent-ils pas de la libre grâce de Dieu qui n’a
cherché que dans son amour un motif de nous acquérir pour Lui-même ? Du
moment que nous avons ajouté les unes aux autres les choses mentionnées dans
les versets 5 à 8, notre vocation et notre élection acquièrent une tout autre
valeur ; elles deviennent une base solide et inébranlable pour nos âmes.
En faisant ces choses, c’est-à-dire en les ajoutant l’une à l’autre, nous ne
faillirons jamais, c’est-à-dire nous serons pour toujours exempts de chute.
C’est ainsi que cette seconde
épître nous enseigne, ce que la première épître ne faisait pas, la manière dont
nous pouvons atteindre sûrement les choses invisibles ; car ainsi
« l’entrée dans le royaume éternel de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ
nous sera richement
donnée ».
Ce royaume éternel appartient
à tous les appelés et à tous les élus. Jamais il ne leur sera fermé, mais
combien de différences pour ceux qui y ont part ! Les uns quittent ce
monde dans le doute que jamais le « royaume éternel » leur soit ouvert. Ils ont
vécu pour jouir du monde et des choses de la terre. Il faut quitter toutes ces
choses pour entrer où ? Leur espérance n’a jamais saisi l’au-delà. Est-ce
que leur incrédulité, leurs doutes et leurs angoisses changeront rien au plan
de Dieu à leur égard ? Certes non ; mais la porte ne leur est pas
largement ouverte ; tout au contraire ! J’ai dit souvent en citant ce
passage : Il y a une riche
entrée
dans le « royaume éternel » et une chiche
entrée.
Cette dernière est celle où souvent, jusqu’au dernier moment, les âmes de
chrétiens doutent d’être reçues ou se lamentent de ne l’être pas ; où on
les entendra dire : « Le ciel est de plomb pour moi, sans un rayon de
lumière ! » Cet état d’âme est beaucoup plus fréquent qu’on ne le croit.
Ils sont relativement rares, les chrétiens qui quittent ce monde, n’y ayant
rien cherché, ni voulu, pour aborder le royaume éternel de notre Seigneur et
Sauveur Jésus Christ, où ils auront une riche entrée quand ils en franchiront
les portes !
C’est pourquoi je m’appliquerai à vous faire souvenir toujours de ces
choses, quoique vous les connaissiez et que vous soyez affermis dans la vérité
présente. Mais j’estime qu’il est juste, tant que je suis dans cette tente, de
vous réveiller en rappelant ces choses à votre mémoire, sachant que le moment
de déposer ma tente s’approche rapidement, comme aussi notre Seigneur Jésus
Christ me l’a montré ; mais je m’étudierai à ce qu’après mon départ vous
puissiez aussi en tout temps vous rappeler ces choses
(v. 12-15).
L’apôtre avait à coeur de rappeler ces choses aux chrétiens auxquels s’adressaient ses épîtres. Il n’avait plus que peu de temps à rester parmi eux, et il allait leur laisser dans ses épîtres un témoignage permanent des vérités que le Seigneur lui avait confiées à leur égard.
Nous profitons de ce passage
pour faire ressortir un détail particulièrement intéressant des écrits de
l’apôtre Pierre. Toutes les scènes concernant les gloires futures de Christ,
auxquelles il a personnellement assisté, toutes les souffrances actuelles de
son Sauveur bien-aimé, dont il a été, pour sa profonde humiliation, le témoin
oculaire ; toutes les exhortations, les répréhensions, les encouragements qui
lui ont été personnellement adressés, ont laissé des traces ineffaçables dans
son coeur et ont porté des fruits bénis dans sa vie. C’est ainsi que dans notre
passage il peut dire : « Sachant que le moment de déposer ma tente
s’approche rapidement, comme aussi notre Seigneur Jésus Christ me l’a montré »
(v. 14). L’apôtre pouvait calculer la date de cet événement d’après son âge,
car il était « devenu vieux ». Même la forme
de son martyre, le Seigneur ne la lui avait pas cachée, mais ce qui lui
importait avant tout c’est que les disciples du Seigneur fussent réveillés et
pussent en tout temps se rappeler ces choses. Elles n’avaient pas seulement un
effet momentané, leur importance était permanente, comme celle de toute
la parole de Dieu.
Il n’est pas jusqu’aux
mots : « Toi, suis
-moi
» en Jean 21:22, qui n’aient trouvé leur place dans ces épîtres. La première
n’est-elle pas contenue tout entière, comme nous l’avons vu, dans cette
parole : « L’obéissance de
Jésus
Christ
».
Bien plus, son propre
reniement du Sauveur, qu’il aimait de toute son âme, mais sans jamais s’être
jugé lui-même, l’a rempli d’une telle horreur de ce péché, qu’il peut dire, en
s’adressant au peuple : « Vous avez renié le Saint et le Juste
»
(Actes 3:14).
« Pais mes agneaux. Pais
mes brebis
», lui dit Jésus lors de sa restauration. Telle est la base de
l’exhortation de Pierre aux anciens dans sa première épître (5:1-4).
Mais il est des scènes tout entières qui ont imprimé leur cachet indélébile sur l’âme de l’apôtre. À la révélation qui lui fut faite que Jésus était « le Christ, le Fils du Dieu vivant », le Seigneur lui révéla que sur ce Roc il bâtirait son Assemblée et que lui-même serait une pierre vivante dans cet édifice. C’est entièrement sur cette révélation qu’est bâtie, comme nous l’avons vu, l’exhortation contenue dans la première épître (2:4-10).
Nous allons aborder la
seconde scène, celle de la transfiguration, mais avant toutes choses, signalons
ce point capital que les souffrances de Christ sous tous leurs aspects divers,
et telles qu’un témoin oculaire pouvait seul les avoir traversées en les
faisant siennes
de la manière la plus intime, remplissent toute la
seconde partie de la première épître.
Car ce n’est pas en
suivant des fables ingénieusement imaginées, que nous vous avons fait connaître
la puissance et la venue de notre Seigneur Jésus Christ, mais comme ayant été
témoins oculaires de sa majesté. Car il reçut de Dieu le Père honneur et
gloire, lorsqu’une telle voix lui fut adressée par la gloire magnifique :
« Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai trouvé mon plaisir ». Et nous,
nous entendîmes cette voix venue du ciel, étant avec lui sur la sainte montagne
(v. 16-18).
L’apôtre avait à faire
connaître à ces chrétiens la puissance
et la venue
de notre
Seigneur Jésus Christ et il en avait, par une grâce spéciale, été le témoin
oculaire. Il ne s’agit pas ici de Sa venue pour enlever les saints, sujet
auquel il ne fait qu’une allusion passagère au v. 19 et qui ne fait pas partie
du ministère spécial de l’apôtre Pierre, mais il est question de sa venue en
puissance pour établir son « royaume éternel », un royaume inébranlable. Les
trois disciples avaient été choisis pour le voir et connaître de quoi il se
composait. Ce n’était pas non plus le royaume terrestre millénaire juif,
d’autant plus que leur foi les en séparait, le règne de justice institué par le
jugement de tous les ennemis du Messie, un royaume à la fois de paix et de
justice sur la terre ; c’était un règne de gloire et de communion dans le
ciel, un règne où seront manifestées dans le secret de la maison du Père, dans
la nuée, les plus secrètes pensées du Père à l’égard du Fils, la place unique
que Celui-ci occupe dans son coeur. Pierre avait été témoin oculaire de ces
choses. À ses yeux s’était déployée la majesté
de Celui qu’il avait suivi
dans son humilité ici-bas. Il l’avait vu recevoir de Dieu le Père
, honneur
(à l’encontre du déshonneur que les hommes avaient accumulé sur lui) et gloire
(à l’encontre de son humiliation ici-bas) quand, du sein de la gloire magnifique
,
avait été proclamé le bon plaisir du Père en lui et la place unique, future et
céleste qui serait la sienne. Pierre et ses compagnons avaient entendu cette voix
venue du ciel étant avec Lui sur la sainte montagne. Rien n’avait manqué à ce
témoignage.
Et nous avons la parole
prophétique rendue plus ferme, à laquelle vous faites bien d’être attentifs,
comme à une lampe qui brille dans un lieu obscur
, jusqu’à ce que le jour ait
commencé à luire et que l’étoile du matin se soit levée dans vos coeurs
(v. 19).
De cette manière la « parole
prophétique » était rendue plus ferme pour les saints auxquels Pierre
s’adressait. Cette vision des disciples avait confirmé tout ce que les
prophètes avaient annoncé, le condensant, pour ainsi dire, dans un tableau
unique où chaque chose était située à sa place. L’apôtre ne dit pas que la
prophétie fût le point capital de ce que la Parole leur annonçait, car il y
avait des choses plus élevées et plus précieuses encore que le royaume ou « la
puissance et la venue ». Seulement la prophétie qui les annonçait était rendue
plus ferme par cette vision. Elle était une lampe,
comme toute prophétie (et non pas une étoile) qui illuminait le lieu
obscur, qui faisait comprendre et ressortir les ténèbres et éclairait le
sentier du chrétien afin qu’il pût se mettre en garde contre leurs pièges.
Cette lampe prophétique n’était certes pas indifférente et la transfiguration
la rendait plus distincte, mais il y avait une autre lumière que la lampe
prophétique, une lumière émanant d’un astre, de Christ lui-même comme étoile du
matin. Ce n’était pas la lampe, ce n’était pas même le soleil de justice du
royaume futur, c’était l’étoile du matin, une lumière de grâce pure émanant de
Lui seul, la lumière de l’amour, la lumière d’un Christ qui vient recueillir
les siens ! Cette lumière, en contraste avec la lampe, était celle qui
annonce le jour prêt à luire, l’avant-coureur de ce jour, l’étoile du matin levée dans leurs coeurs.
Ces chrétiens
ne l’avaient pas plus que tout le reste, mais leurs coeurs
l’avaient, car ils possédaient toutes leurs
bénédictions sans les toucher de la main.
L’étoile du matin, dans leurs coeurs, était la révélation donnée à Paul pour les croyants, donnée aussi à Jean dans l’Apocalypse, donnée ici à Pierre, la grande vérité qui fait palpiter d’espérance les âmes de tous les saints. Elle appartenait aussi à ces chrétiens qui n’avaient rien d’autre que l’espérance qui s’attache à Christ pour être fermement soutenus et encouragés dans leur précieuse foi.
Sachant ceci premièrement, qu’aucune prophétie de l’Écriture ne
s’interprète elle-même. Car la prophétie n’est jamais venue par la volonté de
l’homme, mais de saints hommes de Dieu ont parlé, étant poussés par l’Esprit
Saint
(v.
20-21).
Ce sujet prophétique capital
pour le ministère de Pierre : la puissance
et la venue
de notre Seigneur Jésus Christ, sujet en même temps si
important pour les chrétiens auxquels il écrit, amène l’apôtre à dire :
« Sachant ceci, premièrement, qu’aucune prophétie de l’Écriture ne s’interprète
elle-même ». Il est à noter que l’apôtre n’exclut aucune
prophétie contenue dans la Parole écrite. À ce sujet nous
transcrirons la note suivante qui nous semble donner l’interprétation claire et
complète de ce passage : « Aucune prophétie de l’Écriture n’est d’une interprétation particulière,
c’est-à-dire
ne s’explique par sa propre
signification,
comme une sentence humaine ; elle doit être comprise
par et selon l’Esprit qui l’a dictée. La « prophétie
» est, ainsi que je l’entends, le sens de la prophétie, la chose que la
prophétie avait en vue.
Or, ce sens de la prophétie (la prophétie
), on
ne le trouve pas par une interprétation humaine d’un passage isolé qui a sa
propre signification, sa propre solution et son propre sens, comme si un homme
l’exprimait ; car la prophétie
est
une partie de la pensée de Dieu exprimée en parole, selon que de saints hommes, poussés par l’Esprit Saint ont parlé.
L’apôtre,
par la « prophétie de l’Écriture
», entend la chose prophétisée,
sans perdre l’idée du passage qui l’exprime ».
Cela n’avait donc rien à
faire avec la volonté de l’homme, indiquant les conséquences d’un événement
présent, dans un avenir plus ou moins éloigné, ou, comme on le voit tous les
jours dans les journaux, les faits futurs que les faits actuels permettent à la
raison de l’homme qui réfléchit de diagnostiquer. Mais c’était l’Esprit Saint
qui parlait par la bouche des saints
hommes de Dieu.
Or il y a eu aussi de faux prophètes parmi le peuple, comme aussi il y aura
parmi vous de faux docteurs qui introduiront furtivement des sectes de perdition,
reniant aussi le Maître qui les a achetés, faisant venir sur eux-mêmes une
prompte destruction ; et plusieurs suivront leurs excès : et à cause
d’eux la voie de la vérité sera blasphémée ; et, par cupidité, ils feront
trafic de vous avec des paroles artificieuses ; mais leur jugement, dès
longtemps, ne demeure pas oisif, et leur destruction ne sommeille pas
(v. 1-3).
La seconde partie de l’épître
que nous abordons avec ce chapitre, traite, comme nous l’avons déjà remarqué,
du gouvernement du monde chrétien
en
opposition avec le gouvernement de la
maison de Dieu,
présenté dans la première épître.
En contraste avec les « saints hommes de Dieu » dont il vient de parler, l’apôtre annonce qu’il y aura parmi les chrétiens de faux docteurs, comme il y eut jadis de faux prophètes parmi le peuple juif. Pour en donner un exemple, il suffit de mentionner l’histoire de 1 Rois 22. Nous ne citons pas Balaam qui, d’une part ne faisait pas partie du peuple, et d’autre part n’est pas appelé un faux prophète, mais un prophète.
À ces faux prophètes,
l’apôtre oppose les faux docteurs des débuts du christianisme se présentant au
milieu des fidèles et introduisant furtivement des « sectes de perdition ». Ces
sectes de perdition pullulent aujourd’hui dans la chrétienté professante, comme
elles firent autrefois leurs ravages parmi les chrétiens sortis du judaïsme.
Leur caractère était de s’attaquer à la personne même du Sauveur. Ils reniaient
Christ, le Maître qui les avait achetés
(non
pas rachetés)
et avait étendu sa
puissance sur eux pour prendre possession d’eux comme faisant partie de son
peuple. Ces gens-là seraient voués à une « prompte destruction ». Je ne doute pas
qu’après le départ des apôtres les choses ne se soient passées ainsi au milieu
de ces juifs professant le christianisme. Il se trouvait parmi eux des
docteurs, portant le nom de chrétiens, qui reniaient Christ comme étant Fils de
Dieu ; leur nombre a-t-il diminué aujourd’hui ? Le grand point, c’est
que leur jugement comme corrompant la vérité ne se fera pas attendre.
Car, si Dieu n’a pas épargné les anges qui ont péché, mais, les ayant
précipités dans l’abîme, les a livrés pour être gardés dans des chaînes
d’obscurité pour le jugement ; — et s’il n’a pas épargné l’ancien monde,
mais a préservé Noé, lui huitième, prédicateur de justice, faisant venir le
déluge sur un monde d’impies ; — et si, réduisant en cendres les villes de
Sodome et de Gomorrhe, il les a condamnées par une totale subversion, les
établissant pour être un exemple à ceux qui vivraient dans l’impiété…
(v. 4-6).
Tout ce passage fait
ressortir la justice du gouvernement de Dieu envers les méchants. Il commence
par les anges qui n’ont pas gardé leur origine (comp. Gen. 6:2 et Jude v.
6) ; il la montre ensuite lors du déluge, dont il a déjà parlé dans sa
première épître (3:20). Noé était un « prédicateur de justice », en contraste
avec le monde impie ; il annonçait la justice de Dieu en jugement. Le
troisième exemple nous le voyons en Sodome et Gomorrhe, dont Dieu fait un
exemple pour ceux qui vivent dans l’impiété. De ces trois exemples, deux, les
anges et les hommes, n’ont pas « gardé leur origine », le troisième, lors du
déluge, comprend la méchanceté
incurable de l’homme et l’impiété
qui ne tient aucun compte des relations de l’homme avec Dieu.
Et s’il a délivré le juste
Lot, accablé par la conduite débauchée de ces hommes pervers, (car ce juste qui
habitait parmi eux, les voyant et les entendant, tourmentait de jour en jour
son âme juste à cause de leurs actions iniques),
— (v. 7-8).
L’Esprit cite ici le cas de
Lot, l’appelant le juste
Lot qui tourmentait son âme juste
. Dieu
tient compte de la justice que sa grâce avait donnée à Lot et qui prime toute
autre chose, alors même que ce juste ait dû porter ici-bas, jusqu’au bout, le
jugement terrible de son entraînement vers le monde, — et de la convoitise des
yeux qui lui fit préférer les choses visibles à la communion secrète avec le
Seigneur.
Le Seigneur sait délivrer
de la tentation les hommes pieux, et réserver les injustes pour le jour du
jugement, pour être punis
(v. 9).
L’apôtre insiste sur le cas
de Lot, parce que, à travers tous ses tristes manquements, il tenait compte de
la sainteté
de Dieu qu’il connaissait, tandis que les injustes sont
réservés pour le jugement. N’oublions pas que si Abraham et Lot ont été amenés,
par la grâce de Dieu, par la foi, au même résultat, celui d’attendre avec
certitude une meilleure patrie qui ne fera jamais défaut à ceux qui ont cru, il
n’y a cependant aucune comparaison possible entre ces deux hommes quant à la
jouissance des choses célestes. Abraham se tenait sur la montagne avec
l’Éternel, jouissant d’une communion ininterrompue avec lui, capable
d’intercéder pour les pécheurs et de venir en aide à ses frères. Abraham avait
l’oreille de Dieu, si j’ose m’exprimer ainsi. Lot, sans communion avec le
Seigneur, « tourmentait de jour en jour son âme juste » à cause des actions
iniques des hommes qui l’entouraient.
De pareils exemples n’appartiennent pas seulement aux temps d’autrefois ; nous les voyons se répéter continuellement dans les jours que nous traversons. Une vie occupée des intérêts de la terre, alors même que l’on a la conscience d’appartenir au Seigneur, imprime à la piété un cachet de souffrance. L’âme est plus occupée du tort fait au Seigneur par l’incrédulité ambiante que des privilèges merveilleux dont elle pourrait jouir en vivant dans un milieu qu’elle sait lui appartenir en propre et qui va devenir pour elle « le royaume éternel de notre Seigneur Jésus Christ ». D’un côté l’âme tourmentée chaque jour par la vue du mal, de l’autre côté l’âme élevée par la foi au-dessus de cette atmosphère empoisonnée, et jouissant de l’avant-goût des choses éternelles, tels sont les traits qui caractérisent aussi bien les chrétiens d’aujourd’hui que ceux du temps de l’apôtre Pierre.
Mais spécialement ceux qui
suivent la chair dans la convoitise de l’impureté et qui méprisent la
domination. Gens audacieux, adonnés à leur sens, ils ne tremblent pas en
injuriant les dignités, tandis que les anges, plus grands en force et en
puissance, ne portent pas contre elles de jugement injurieux devant le
Seigneur. Mais ceux-ci, comme des bêtes sans raison, purement animales, nées
pour être prises et détruites
, parlant injurieusement dans les choses qu’ils
ignorent, périront aussi dans leur propre corruption, recevant la récompense de
l’iniquité
(v. 10-13).
L’apôtre résume sous deux chefs les causes du jugement de ces hommes : 1° Ils suivent la chair dans la convoitise de l’impureté. Or combien ce fait est fréquent et, dirai-je, journalier, dans les rapports religieux entre les hommes ; 2° ils méprisent la domination et ne tremblent pas en injuriant les dignités. C’est ce dernier point sur lequel (v. 11-12) l’apôtre insiste maintenant. Jude, parlant d’un temps postérieur, dit les mêmes choses et, en plusieurs cas, dans les mêmes termes. (*) Il est remarquable de voir avec quelle indignation la corruption de la fin est stigmatisée dans ces deux épîtres. Il semble même que ces deux choses : la corruption morale et le mépris de l’autorité sont haïes de Dieu au même degré. Ce dernier point n’est-il pas ce qu’on trouve aujourd’hui dans les états qui, comme la Russie, devancent pour ainsi dire la décomposition morale des derniers jours ?
(*) Ne pensant pas revenir sur ce sujet, nous renvoyons le lecteur au traité intitulé : « L’Épître de Jude ou les derniers jours de la Chrétienté » par H. R.
Ceux-ci, dit l’apôtre, « périront dans leur propre corruption ». Quel sort ! Porter, jusque dans les tourments d’au-delà, la corruption dans laquelle on s’était vautré et qui s’attache, avec tous ses dégoûts et toute son horreur, à la chair ressuscitée, à travers les temps éternels, où seul subsistera l’amer et éternel dégoût de toutes les choses que l’on avait trouvées désirables sur la terre !
Estimant plaisir les voluptés d’un jour ; — des taches et des
souillures, s’abandonnant aux délices de leurs propres tromperies tout en
faisant des festins avec vous ; ayant les yeux pleins d’adultère, et ne
cessant jamais de pécher ; amorçant les âmes mal affermies, ayant le coeur
exercé à la cupidité, enfants de malédiction
(v. 13,14).
Ils avaient estimé plaisir les voluptés d’un jour ; que sera leur réveil pour l’éternité quand il n’y aura plus de voluptés à goûter et que tout ce qu’on aura désiré et poursuivi, vous fera horreur ! Avec cela ces hommes font des festins avec les croyants et trouvent leurs délices à les tromper, apportant, dans le commerce avec eux, leurs yeux pleins d’adultère et amorçant les âmes mal affermies qu’ils réussissent à induire en tentation.
Ayant laissé le droit chemin, ils se sont égarés, ayant suivi le chemin de
Balaam, fils de Bosor, qui aima le salaire d’iniquité ; mais il fut repris
de sa propre désobéissance : une bête de somme muette, parlant d’une voix
d’homme, réprima la folie du prophète
(v. 15-16).
Leur chemin est l’abandon du
droit chemin ; ils se sont égarés. Tel était Balaam, fils de Bosor. Il est
dit de lui, non qu’il fût un faux
prophète,
mais un prophète atteint de folie.
Ce
qui le caractérisait, c’est 1° qu’il aima le salaire d’iniquité ;
2° qu’il marcha dans la désobéissance
, 3° que sa folie fut réprimée avec une voix d’homme par une
bête de somme muette.
Ce sont des fontaines sans eau et des nuages poussés par la tempête, des
gens à qui l’obscurité des ténèbres est réservée pour toujours ; car, en
prononçant d’orgueilleux discours de vanité, ils amorcent par les convoitises
de la chair, par leurs impudicités, ceux qui avaient depuis peu échappé à ceux
qui vivent dans l’erreur ; — leur promettant la liberté, eux qui sont
esclaves de la corruption ; car on est esclave de celui par qui on est
vaincu
(v.
17-19).
Qu’y a-t-il de plus inutile
que des fontaines sans eau ? de plus décevant que des nuages, poussés par
la tempête qui les disperse et les anéantit ? Quel sort plus terrible que
d’être plongé pour toujours
dans
l’obscurité des ténèbres ? Le verset 18 nous parle de l’action de ces
hommes sur ceux qui avaient depuis peu
échappé
à ceux qui vivent dans l’erreur. Ce n’est pas à des croyants expérimentés que
ces gens s’adressent, sachant qu’ils y perdraient leurs peines, mais aux
novices, en sorte que, tentés par les convoitises, ils succombent. Les
convoitises de la chair, les impudicités jouent un très grand rôle dans les
séductions de ces hommes impies. Ils promettent la liberté à ceux qu’ils séduisent,
tandis qu’eux-mêmes sont esclaves de la corruption qui les a vaincus et
asservis !
Car, si, après avoir échappé aux souillures du monde par la connaissance du
Seigneur et Sauveur Jésus Christ, étant de nouveau enlacés, ils sont vaincus
par elles, leur dernière condition est pire que la première ; car il leur
eût mieux valu n’avoir pas connu la voie de la justice, que de se détourner,
après l’avoir connue, du saint commandement qui leur avait été donné ;
mais ce que dit le proverbe véritable leur est arrivé : Le chien est
retourné à ce qu’il avait vomi lui-même, et la truie lavée, à se vautrer au
bourbier
(v.
21-22).
Ces paroles s’adressent à
ceux qui, parmi ces chrétiens juifs, avaient eu, comme en Héb. 6:4-6, la
connaissance du Seigneur et Sauveur Jésus Christ et avaient, par ce fait,
échappé aux souillures du monde. Rien, en effet, n’exerce une influence plus
bénie sur l’âme attirée vers la vérité, que de se trouver en contact, même
extérieur, avec Celui qui représente la pureté parfaite. Ils échappent de cette
manière, ne fût-ce que momentanément, à l’influence de la corruption ambiante.
Les choses excellentes, telles que la « participation à l’Esprit Saint » ne leur
sont point étrangères, mais ensuite ils retombent sous un joug dont ils
n’avaient été délivrés que d’intention, et leur dernière condition est pire que
celle où, enlacés par ces souillures, ils étaient encore ignorants de la
purification. Il leur eût mieux valu n’avoir pas connu un chemin dont le péché
est absent (chemin que connaissent les rachetés de Jésus Christ) que de se
détourner après avoir connu la voie du « saint
commandement
» :
« Soyez
saints, car moi je suis saint ».
Il y avait donc eu, chez ces disciples, la connaissance de la sainteté en quittant l’impureté, il y avait eu un commandement qui les mettait à l’abri, une obéissance momentanée et la jouissance qu’elle apporte à l’âme, puis ils avaient prêté l’oreille au mal et au péché, croyant obtenir ainsi la liberté, et étaient redevenus esclaves de l’impureté plus qu’auparavant. Leur sort était pire. Leur état naturel n’avait pas été changé par la connaissance et même la jouissance de choses meilleures. Il en est de même du chien retournant à son vomissement, ou de la truie trouvant plus de délices à se vautrer dans le bourbier, qu’à être lavée de ses souillures.
Tout cela soulève une sainte indignation chez l’apôtre, quand il compare toute cette souillure, à caractère essentiellement judaïque, avec le prix, l’éclat, la sainteté pratique que l’oeuvre du Seigneur et Sauveur Jésus Christ apportait aux croyants. Jude applique ces mêmes vérités aux nations ; mais, chez l’un comme chez l’autre, l’horreur du mal va croissant à mesure que se dessinent les temps de la fin.
Je vous écris déjà, bien-aimés, cette seconde lettre ; et, dans l’une
et dans l’autre, je réveille votre pure intelligence, en rappelant ces choses à
votre mémoire, afin que vous vous souveniez des paroles qui ont été dites à
l’avance par les saints prophètes, et du commandement du Seigneur et Sauveur
par vos apôtres
(v. 1, 2).
L’apôtre a pour but de
réveiller la pure
intelligence des
saints, une intelligence qui vient de Dieu, en leur rappelant ces choses par
ses deux épîtres. Ce n’est pas une révélation nouvelle qu’il leur donne, mais
il leur rappelle les choses que les saints
prophètes
de l’Ancien Testament leur avaient dites d’avance au sujet des
temps de la fin ainsi que le saint
commandement
que le Seigneur et Sauveur leur avait donné par ses apôtres,
en vue des derniers temps, afin
qu’ils fussent sur leurs gardes en présence des temps périlleux de la fin.
Ainsi prophètes et apôtres étaient parfaitement d’accord sur le caractère des
derniers jours que nous traversons, tandis que c’est précisément le contraire
qui est annoncé dans la chrétienté d’aujourd’hui. Pauvre monde trompé par
l’ennemi, et prêtant l’oreille à toutes les voix qui lui annoncent une
amélioration graduelle de l’état actuel des choses, et de l’état des hommes au
milieu de ces circonstances.
Sachant tout d’abord ceci, qu’aux derniers jours des moqueurs viendront,
marchant dans la moquerie selon leurs propres convoitises et disant : Où
est la promesse de sa venue ? Car, depuis que les pères se sont endormis,
toutes choses demeurent au même état dès le commencement de la création
(v. 3, 4).
Ce qui caractérisait avant
tout le monde des derniers jours,
c’était
la moquerie.
Ces gens marchaient,
selon leurs propres convoitises, dans la moquerie, disant : Où est la
promesse de Sa venue ? La moquerie n’est pas l’attaque, sous forme de
plaisanterie, des vérités divines ; mais, du moment que la Parole était laissée de côté,
ce que
suppose ce terme de « moquerie » , où était la preuve de la promesse de sa
venue ? Il n’y en avait aucune. La moquerie est tout simplement l’abandon
de la Parole. Elle avait pour origine le fait que les hommes ne voulaient pas
abandonner leurs convoitises. Comment pourraient-ils les maintenir, si le monde
courait à sa perte ?
Si la venue du Seigneur était réelle, la fin devait, en effet, être proche. Mais cette venue était-elle réelle ? En faisant abstraction de la Bible, les choses avaient-elles changé dès le commencement de la création ? Que disait la science ? Ne prouvait-elle pas, affirmaient ces moqueurs, qu’aucun cataclysme général n’avait eu lieu depuis le commencement de la création ? Mais
ils ignorent volontairement ceci, que, par la parole de Dieu, des cieux
subsistaient jadis, et une terre tirée des eaux et subsistant au milieu des
eaux, par lesquelles le monde d’alors fut détruit, étant submergé par de l’eau.
Mais les cieux et la terre de maintenant sont réservés par sa Parole pour le
feu, gardés pour le jour du jugement et de la destruction des hommes impies
(v. 5-7).
Leur ignorance volontaire
était que, selon la parole de Dieu, le monde subsistait autrefois tiré des eaux
et que le déluge arriva, submergeant toutes choses, dès que l’équilibre des
éléments fut rompu. Mais un nouveau cataclysme est suspendu sur le monde. Les
cieux et la terre actuels sont réservés pour le feu
selon la Parole à laquelle ces gens ne croient pas. Tel sera le
jugement sous lequel ces hommes impies, qui se sont moqués de Dieu, devront
périr.
Mais n’ignorez pas cette chose, bien-aimés, c’est qu’un jour est devant le
Seigneur comme mille ans, et mille ans comme un jour. Le Seigneur ne tarde pas
pour ce qui concerne la promesse, comme quelques-uns estiment qu’il y a du
retardement ; mais il est patient envers vous, ne voulant pas qu’aucun
périsse, mais que tous viennent à la repentance
(v. 8, 9).
Quant au temps où ces choses
auront lieu, il ne faut pas oublier que, devant le Seigneur, le temps ne compte
pas. Quant aux promesses faites aux siens, Dieu ne tarde pas, mais il est plein
de patience envers le monde et nous, ses rachetés, nous pouvons partager sa
patience, car il ne veut pas
qu’aucun
périsse, mais que tous
arrivent à la
repentance. Voilà pourquoi il attend.
Or le jour du Seigneur viendra comme un voleur ; et, dans ce jour-là,
les cieux passeront avec un bruit sifflant, et les éléments embrasés seront
dissous, et la terre et les oeuvres qui sont en elle seront brûlées entièrement
(v.
10).
Les gens dont l’apôtre parle
se moquaient de la promesse de sa venue
autant,
sans doute, pour ce qui concernait les saints, car ils parlaient des pères
qui s’étaient endormis (v. 4) ,
que pour ce qui concernait le monde. Ils niaient la venue du Seigneur pour ses
bien-aimés, et niaient aussi sa venue en jugement sur le monde. Or c’est ce
second acte qui constitue le sujet spécial de la second épître de Pierre. Mais,
dit l’apôtre, le jour du Seigneur,
ce
second acte de sa venue, quand il viendra, non plus pour enlever les saints à
sa rencontre, mais quand il viendra avec eux pour exercer le jugement sur le
monde, ce jour, dit-il, viendra comme un voleur. Cela est déclaré quant au
protestantisme dégénéré en Apoc. 3:3. C’est le jugement des vivants décrit en
Apoc. 19:11-18.
Seulement, quand l’apôtre aborde le
sujet du jugement, il étend cet événement jusqu’au moment où, après le
millénium, dont il ne dit pas même un mot ici, les cieux passeront avec un
bruit sifflant et les éléments embrasés seront dissous, et la terre et les
oeuvres qui sont en elle seront brûlées entièrement. Rien ne restera de toutes
les oeuvres que les hommes ont accumulées sur la terre, espérant sans doute
qu’il en survivrait quelque témoignage durable. Rien ! car le jugement
atteindra le tout. Comme explication de cette omission complète du millénium
dans ce passage, il est bon de rappeler que ce sujet a été traité en détail
comme une révélation spéciale faite à l’apôtre, dans le premier chapitre de cette
épître où l’apôtre montre aux chrétiens, auxquels il s’adresse, avec quel soin
il leur avait fait connaître, comme témoin oculaire, la puissance et la venue de notre Seigneur Jésus Christ
. Il était ainsi d’autant plus
autorisé à rejoindre dans notre passage la venue
du Seigneur avec le jour
du
Seigneur.
Toutes ces choses devant donc se dissoudre, quelles gens devriez-vous être
en sainte conduite et en piété, attendant et hâtant la venue du jour de Dieu, à
cause duquel les cieux en feu seront dissous et les éléments embrasés se
fondront
(v.
11-12).
Après avoir fait mention de
ces moqueurs incrédules, l’apôtre se tourne maintenant vers les saints auxquels
cette épître est adressée. Quel effet, leur dit-il, doit produire sur vous le
fait que toutes choses doivent se dissoudre ? Cette vérité n’aura-t-elle
pas d’influence sur vous (comme aussi sur nous tous) en produisant chez vous
une conduite sainte et la piété, deux choses sur lesquelles les deux épîtres de
Pierre insistent en représentant le chrétien comme n’ayant rien dans ce monde,
et marchant vers l’avenir éternel qu’il n’atteindra que lorsque Jésus sera
manifesté. C’est ainsi, dit l’apôtre, que vous êtes appelés à attendre et à
hâter la venue du jour de Dieu.
Entre la venue du Seigneur et le jour de Dieu,
il n’y a pour vous aucun intervalle. À Sa venue vous serez entrés enfin dans la
pleine réalisation des choses invisibles. Ce qui pour vous jusqu’ici n’était
qu’un salut d’âmes, sera devenu la jouissance et l’entrée en possession d’un
présent éternel !
C’est pour amener ce jour
de Dieu
, ce temps
éternellement présent, que les éléments embrasés se fondront ; le règne de
mille ans n’étant qu’un intermède merveilleux destiné à établir le royaume de
Christ et l’exécution absolue de toutes les promesses. C’est à ces temps
éternels que vous êtes, que nous sommes tous destinés ; c’est pour les
hâter que nous tous avons à marcher comme appartenant au jour de Dieu.
Mais, selon sa promesse,
nous attendons de nouveaux cieux et une nouvelle terre, dans
lesquels la
justice habite
(v. 13).
Dieu nous a fait une promesse
qui ne peut nous tromper. À ces temps éternels appartiennent de nouveaux cieux
et une nouvelle terre (non pas une terre millénaire nettoyée) que nous
attendons et dans lesquels la justice habite
. Cette justice régnera pendant le
règne de mille ans ; pour nous elle habitera dans l’éternité ; pour
Dieu dont l’existence est au-dessus de toutes ces choses, elle habite dans le
temps éternel. En ce temps tout correspondra parfaitement à toutes les exigences
de la sainteté de Dieu, à l’absence absolue de péché, au caractère du Dieu
éternel !
C’est pourquoi, bien-aimés, en attendant ces choses, étudiez-vous à être
trouvés sans tache et irréprochables devant lui, en paix
(v. 14).
La conséquence pour nous,
c’est que, attendant que toutes choses doivent se dissoudre et aspirant aux
choses définitives, nous devons être trouvés en accord avec elles : sans
tache
: pureté parfaite ;
irréprochables
: communion parfaite ; en
paix
: sans qu’une
question puisse être soulevée entre nous et Dieu. Combien nous sommes éloignés
d’une telle perfection pratique, et cependant Dieu l’attend de nous, et nous y
encourage. Aussi j’aime cette expression : « Étudiez-vous à être trouvés
».
Arrivés au but, supporterons-nous que Dieu admette en Sa présence ce qui
ne serait pas parfait et ne correspondrait pas de tout point à son
caractère ?
Et estimez que la patience de notre Seigneur est salut, comme notre
bien-aimé frère Paul aussi vous a écrit selon la sagesse qui lui a été donnée,
ainsi qu’il le fait aussi dans toutes ses lettres, où il parle de ces choses,
parmi lesquelles il y en a de difficiles à comprendre, que les ignorants et les
mal affermis tordent, comme aussi les autres écritures, à leur propre
destruction
(v. 15-16).
Telle
est donc notre condition pratique devant une apparence de retardement. La
parole de Dieu tout entière prononce
à nos oreilles et dans nos coeurs ce mot : salut
, et cela est
d’autant plus remarquable que cette épître nous parle avec une sainte
indignation du caractère des méchants de la fin. Nous nous réjouissons donc
d’être en pleine communion avec la pensée du Seigneur. Ici l’apôtre exprime la
même communion de pensées sur ce sujet avec le « bien-aimé frère Paul ». Ce
dernier avait écrit aux Hébreux, à ces mêmes croyants, selon la sagesse qui lui
était donnée et ses écrits en général contenaient des choses difficiles à
comprendre, tordues par les ignorants et les mal affermis, à leur propre
destruction, comme ils le faisaient avec les autres Ecritures. Ainsi les écrits
de Paul faisaient partie des Écritures, mais il y en avait aussi d’autres
,
telles que les Évangiles, les Actes, Jacques, Jude, Jean et l’Apocalypse. Ce
passage a d’autant plus d’importance qu’il réduit à néant toutes les idées
rationalistes sur le prétendu antagonisme entre les deux apôtres Pierre et
Paul.
Vous donc, bien-aimés, sachant ces choses à l’avance, prenez garde, de peur
qu’étant entraînés par l’erreur des pervers, vous ne veniez à déchoir de votre
propre fermeté ; mais croissez dans la grâce et dans la connaissance de
notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ. À Lui la gloire, et maintenant et
jusqu’au jour d’éternité ! Amen
(v. 17, 18).
Les croyants, sachant ces
choses, sont exhortés, à leur tour, à n’être pas entraînés par l’erreur des
pervers et à ne pas perdre la fermeté qui les avait caractérisés jusqu’alors.
Le moyen de résister et de ne pas rester stationnaires, car la station est déjà
un recul, c’était de croître dans deux directions : l° dans la grâce, 2°
dans la connaissance de cette chose merveilleuse : la personne
de notre Seigneur et Sauveur Jésus
Christ. C’était ce que David lui-même avait désiré : « J’ai demandé une
chose à l’Éternel, je la rechercherai : c’est que j’habite dans la maison
de l’Éternel, tous les jours de ma vie, pour voir la beauté de l’Éternel,
et pour m’enquérir diligemment de lui dans son
temple » (Ps. 27:4). L’apôtre termine par cette précieuse doxologie : « À
Lui la gloire, et maintenant et jusqu’au jour d’éternité. Amen ! »
introduisant ainsi ses frères bien-aimés dans la jouissance des choses éternelles !