AUTELS de l’Écriture

Hamilton Smith

Outline of sound words, vol. 92 / Stem Publishing


1 - [Signification et utilité des autels]

2 - Les autels de la Genèse

2.1 - L’autel de Noé — Gen. 8:20

2.2 - Les autels d’Abraham

2.2.1 - [Autel de Sichem — Gen. 12:7]

2.2.2 - [Autel à l’orient de Béthel — Gen. 12:8]

2.2.3 - [Autel de Hébron — Gen. 13:18]

2.2.4 - [Autel de Morija/Jéhova-Jiré — Gen. 22]

2.3 - L’autel d’Isaac — Gen. 26:25

2.4 - Les autels de Jacob

2.4.1 - [Autel de Sichem : El-Élohé-Israël — Gen. 33:20]

2.4.2 - [Autel de Béthel : El-Beth-El — Gen. 35:7]

3 - Les autels de l’Exode

3.1 - L’autel Jéhovah-Nissi (l’Éternel ma bannière) — Exode 17

3.2 - Un autel de terre — Exode 20

3.3 - Un autel de pierre — Exode 20

3.4 - L’autel de Moïse au pied de la montagne du Sinaï — Exode 24

3.5 - L’autel d’airain — Exode 27

3.6 - L’autel d’or — Exode 30

3.7 - L’autel d’Aaron — Exode 32

3.8 - [Résumé sur les autels de l’Exode]

4 - Quelques autels de l’Écriture

4.1 - Les autels de Balaam — Nombres 22-24

4.2 - L’autel d’Ébal — Deut. 27 et Josué 8

4.3 - L’autel de Ed — le « témoin » Josué 22

4.4 - Les autels de Gédéon

4.4.1 - [Premier autel : l’Éternel de paix — Juges 6:24]

4.4.2 - [Deuxième autel : obéissance de la foi — Juges 6:28]

4.5 - L’autel de Manoah — Juges 13

4.6 - L’autel de Mitspa — Juges 21

4.7 - L’autel de David — 2 Sam. 24

4.8 - L’autel d’Élie — 1 Rois 18

4.9 - « Nous avons un autel » — Hébreux 13


1 - [Signification et utilité des autels]

Dans l’Écriture, un autel indique le fait de s’approcher de Dieu, ou la communion avec Lui, et l’autel était souvent un lieu de sacrifice, ce qui nous enseigne que s’approcher de Dieu et avoir communion avec Lui sont basés sur le seul grand sacrifice de Christ, vers lequel tous les sacrifices de l’Ancien Testament dirigent les regards.

Avant qu’il soit question d’un quelconque autel, s’approcher de Dieu se faisait par un sacrifice selon ce que montre l’offrande d’Abel, qui fut agréable à Dieu par l’efficace des victimes innocentes mortes à sa place.


2 - Les autels de la Genèse

2.1 - L’autel de Noé — Gen. 8:20

L’Écriture ne dit pas grand-chose des hommes ayant vécu avant le déluge, sauf ce qui est dit d’Hénoc : il « marcha avec Dieu » (Gen. 5:24), et l’auteur de l’épître aux Hébreux ajoute qu’« avant son enlèvement, il reçut ce témoignage d’avoir plu à Dieu » (Héb. 11:5). En marchant avec Dieu, Hénoc/Enoch avait communion avec Dieu, bien qu’aucun autel ne soit mentionné avant le déluge. Lorsque Noé sortit de l’arche sur la terre renouvelée, il « bâtit un autel à l’Éternel ; il prit de toutes les bêtes pures et de tous les oiseaux purs, et il offrit des holocaustes sur l’autel » (Gen. 8:20).

L’autel de Noé était un autel de sacrifice, et il est une introduction aux nombreux holocaustes de l’Ancien Testament, offrandes qui évoquent la bonne odeur de la mort de Christ pour Son Dieu et Père. La terre renouvelée a débuté sur la base de sacrifices, tout comme le sera, dans les jours à venir, la terre millénaire, où les nations vivront après avoir traversé les jugements de Dieu, et où Christ sera Roi des rois et Seigneur des seigneurs avec Son centre terrestre à Jérusalem, au milieu de Son peuple Israël.


2.2 - Les autels d’Abraham

2.2.1 - [Autel de Sichem — Gen. 12:7]

L’Écriture n’indique pas que Noé ait fait usage de son autel après avoir offert ses sacrifices à sa sortie de l’arche, ni qu’il ait bâti un autre autel pour maintenir la communion avec Dieu. Il en va différemment avec Abraham. Il n’avait pas d’autel à Ur des Chaldéens, mais après l’appel de Dieu, après être entré dans le pays vers lequel Dieu l’avait dirigé, il bâtit un autel pour la première fois. Ce premier autel fut dressé après qu’il eut traversé le pays et que Dieu lui fut apparu pour la deuxième fois. Il ne pouvait pas avoir communion avec Dieu à Ur ni à Charan ; mais une fois arrivé là où Dieu l’avait appelé, il put dresser son autel pour avoir communion avec Dieu en rapport avec Son appel souverain de grâce.

La communion d’Abraham se faisait dans un cadre hostile, car « le Cananéen était alors dans le pays » (Gen. 12:7), mais dans ce pays, il y avait un lieu où Dieu lui était apparu et lui avait dit : « Je donnerai ce pays à ta semence ». S’appuyant sur la promesse de Dieu, Abraham bâtit son autel à Sichem, jusqu’au chêne de Moré. Sichem signifie « épaule », et Moré signifie « enseignant », ce qui nous apprend certainement que le saint de Dieu était arrivé au lieu où il s’appuyait sur la force de l’épaule de Dieu et où il était enseigné de Dieu.


2.2.2 - [Autel à l’orient de Béthel — Gen. 12:8]

Après avoir quitté Sichem, Abraham alla « vers la montagne, à l’orient de Béthel, et il dressa sa tente, ayant Béthel à l’occident et Aï à l’orient ; il bâtit là un autel à l’Éternel, et il invoqua le nom de l’Éternel » (Gen. 12:8). Pour Abraham, son autel était le moyen de communion avec l’Éternel qui lui était apparu, et s’il se déplaçait ailleurs sur son chemin de pèlerin, sa sécurité et sa joie dépendaient de la présence de l’Éternel avec lui. Le pèlerin plante sa tente, le saint de Dieu bâtit son autel, et là il invoque le nom de l’Éternel, manifestant ainsi sa dépendance à l’égard de Celui qui l’avait appelé.

La montagne, lieu élevé, était au-dessus des influences du monde environnant ; avec Béthel à l’ouest, l’autel d’Abraham garde devant nous la vérité de la maison de Dieu ; de l’autre côté se trouvait Aï, qui signifie « un monceau », ce qui place devant nous la réalisation que le monde à travers lequel nous passons n’est qu’une ruine aux yeux de Dieu, et c’est aussi ce qu’il sera certainement quand Dieu en aura fini avec lui dans le jugement. Combien il est bon que les pèlerins de Dieu aient toujours devant eux le fait que ce monde est un monde jugé, comme le Seigneur l’a dit en Jean 16:11, et que Dieu a Sa propre maison comme un témoignage pour Lui-même (1 Tim. 3:15) au milieu des ruines de ce monde.

Lorsque la famine vint sur Canaan, Abraham, au lieu de s’appuyer sur Dieu comme il l’avait fait jusqu’alors, quitta le pays auquel il avait été appelé et descendit en Égypte. Le pèlerin de Dieu s’éloigna de sa vraie place, de la terre à laquelle Dieu l’avait appelé, si bien que nous ne sommes pas surpris qu’il n’ait pas eu d’autel, pas de communion avec Dieu en Égypte, mais plutôt de la honte et du déshonneur, même si cela fut accompagné des richesses de ce monde. Combien il est bon de voir Abraham revenir au point de départ, « au lieu où était l’autel qu’il y avait fait auparavant ; et Abraham invoqua là le Nom de l’Éternel » (Gen. 13,4).


2.2.3 - [Autel de Hébron — Gen. 13:18]

Après que Lot eut choisi la plaine de Sodome et se soit séparé d’Abraham, l’Éternel apparut à nouveau à Abraham, lui renouvelant Sa promesse et lui disant : « Parcours le pays en long et en large, car je te le donnerai » (Gen. 13:17). Obéissant à la parole de Dieu, Abraham « leva sa tente, et vint habiter auprès des chênes de Mamré, qui est Hébron, et y bâtit un autel à l’Éternel ». Mamré signifie « vigueur » et Hébron signifie « compagnie ». Il y a de la force et de la vigueur pour ceux qui maintiennent la communion avec l’Éternel, et dans cette communion ils ont Sa compagnie, tandis que la séparation du monde les prive de la compagnie de ceux qui recherchent les choses du monde.


2.2.4 - [Autel de Morija/Jéhova-Jiré — Gen. 22]

Dans les passages de l’Écriture considérés, il n’est pas parlé de sacrifices sur les autels de Sichem, de Béthel et d’Hébron, mais ils indiquent la communion avec l’Éternel et la dépendance à Son égard. — C’est un autre caractère d’autel qu’Abraham a bâti sur le mont Morija, où Dieu lui avait dit : « Prends ton fils, ton fils unique, Isaac, celui que tu aimes, et va au pays de Morija ; et là offre-le en holocauste sur l’une des montagnes que je te dirai » (Gen. 22:2).

Combien est précieuse l’obéissance que Abraham montra dans cette affaire ; en effet, Abraham « se leva de bon matin, bâta son âne, prit avec lui deux de ses jeunes gens et Isaac, son fils ; et il fendit le bois pour l’holocauste, se leva et s’en alla au lieu que Dieu lui avait indiqué ». Il ne tarda pas, pas un seul jour, mais se leva de bonne heure pour accomplir la volonté de Dieu. La longueur du trajet ne le découragea pas non plus, même s’il ne vit le lieu de l’autel que le troisième jour, et encore de loin.

La confiance en Dieu du patriarche brille autant que son obéissance, car il dit aux jeunes gens : « Restez ici avec l’âne ; et moi et le garçon, nous irons là-bas, nous adorerons, et nous reviendrons vers vous ». Il était persuadé que le jeune homme reviendrait avec lui, même s’il ne pouvait pas comprendre tout ce qui l’attendait ; l’auteur de l’épître aux Hébreux interprète cela pour nous en disant qu’Abraham a estimé « que Dieu pouvait le ressusciter d’entre les morts, d’où aussi il le reçut en figure » (Héb. 11:19).

L’obéissance d’Abraham est mise à l’épreuve, car Dieu lui permet de lier son fils, de le placer sur l’autel et de lever sa main avec le couteau, avant de l’appeler du haut du ciel : « Abraham, Abraham… Ne pose pas ta main sur l’enfant, et ne lui fais rien ; car je sais maintenant que tu crains Dieu, et que tu ne m’as pas refusé ton fils, ton fils unique ». La foi, qui engendre l’obéissance et la confiance en Dieu, fait d’Abraham le père des croyants, la crainte de Dieu l’emportant sur toute autre considération qui aurait pu surgir dans son esprit.

Il y a aussi un enseignement sous forme de type dans ce merveilleux autel. Le consentement du père à sacrifier son fils unique, est une image de l’amour souverain de Dieu qui « n’a pas épargné Son propre Fils, mais L’a livré pour nous tous » (Rom. 8:32). Combien son fils unique était cher à Abraham, ce fils sur qui reposaient toutes les promesses ; mais le grand amour pour Isaac ne fait que mettre en évidence la grandeur du sacrifice, tout comme l’amour infini de Dieu pour Son Fils unique mesure le don qu’Il a fait pour nous donner la vie éternelle.

Voyez aussi la douce soumission d’Isaac, qui dit : « Voici le feu et le bois ; mais où est l’agneau pour l’holocauste ? » Après avoir reçu la réponse : « Mon fils, Dieu se pourvoira fournira de l’agneau pour l’holocauste », ils « s’en allèrent les deux ensemble ». Le Fils de Dieu connaissait parfaitement tout ce qui L’attendait, et Il est allé jusqu’à la croix en communion constante avec Son Père, non pas pour être épargné comme Isaac, mais pour être l’holocauste qui a pleinement glorifié le Père, et pour même être le sacrifice pour le péché — sacrifice établissant le fondement de l’accomplissement de toute la volonté de Dieu, et apportant une bénédiction infinie et éternelle à ceux qui ont la foi d’Abraham.

Après que l’Éternel fut intervenu pour fournir un substitut à Isaac dans le bélier pris dans le buisson, Abraham appela l’endroit Jehovah-Jiré, ce qui signifie « l’Éternel y pourvoira ». Abraham avait dit à Isaac : « Dieu se pourvoira de l’agneau pour l’holocauste », et sa foi avait été exaucée. C’est alors que l’Éternel renouvela la promesse faite à Abraham, en la confirmant par un serment. Combien de choses nous sont présentées sur la merveilleuse grâce de Dieu, et sur la foi de Son serviteur à Jéhovah-Jiré.


2.3 - L’autel d’Isaac — Gen. 26:25

Isaac était un homme de foi selon Hébreux 11:20, même s’il n’a pas eu la même énergie de foi que celle qui caractérisait Abraham, son père. Lorsque la famine s’abattit sur Canaan, Isaac se rendit au pays des Philistins (Gen. 26:1), et l’Éternel lui apparut, lui interdisant de descendre en Égypte. Il sema à Guérar, et la récolte qu’il obtint de l’Éternel fut abondante ; sa prospérité excita la jalousie des Philistins. En quittant la ville, Isaac dressa sa tente dans la vallée de Guérar, et recreusa les puits que son père avait creusés avant lui ; mais les gens du lieu contestèrent, et il abandonna le puits qu’il avait creusé. Il en fut de même à Sitna ; mais à Rehoboth, il n’y eut pas de querelle, et Isaac dit : « L’Éternel nous a donné de l’espace, et nous fructifierons dans le pays » (26:22).

Lorsque Isaac arriva à Beër-Shéba, l’Éternel lui apparut de nouveau, lui disant de ne pas craindre, et lui renouvelant la promesse faite à son père Abraham de bénédiction et d’accroissement (Gen. 26:24). C’est alors qu’Isaac bâtit son autel et invoqua le nom de l’Éternel (26:25). Chez les Philistins, il bénéficia de la protection de l’Éternel et de l’accroissement de ses biens matériels, mais il n’y eut pas d’autel, car la communion avec Dieu devait se faire sur le chemin de la séparation et du pèlerinage auquel il avait été appelé en tant que fils de son père Abraham. Nous ne pouvons invoquer correctement le nom du Seigneur qu’en marchant sur le chemin de Sa volonté.

Abraham avait déjà donné à ce lieu le nom de Beër-Shéba, à cause du serment entre lui et Abimélec, dont les serviteurs lui avaient enlevé violemment un puits d’eau (Gen. 21:31-32) ; mais le nom est donné à nouveau quand Abimélec vient de Guérar pour conclure une alliance avec Isaac, parce qu’il avait vu que l’Éternel était avec Isaac (Gen. 26:33).


2.4 - Les autels de Jacob

Alors que Jacob était encore chez Laban, l’ange de l’Éternel lui apparut en songe, disant : « Je suis le Dieu de Béthel… lève-toi, quitte ce pays, et retourne au pays de ta parenté » (Gen. 31:13). Répondant à l’appel divin, Jacob se mit en route pour le pays de la promesse, mais il connut de nombreuses péripéties en chemin. Laban le suivit, mais Dieu parla à Laban avant qu’il atteigne Jacob, l’avertissant de faire attention à ce qu’il dirait à Jacob. Les anges de Dieu rencontrèrent Jacob, et Dieu lui-même vint à lui avant qu’il rencontre Ésaü, son frère. Jacob quitta Ésaü et arriva à Sichem ; il y dressa sa tente et acheta un champ.


2.4.1 - [Autel de Sichem : El-Élohé-Israël — Gen. 33:20]

À Sichem, Jacob avait manifestement l’intention de s’établir, car après avoir acheté son champ, il construisit un autel et l’appela El-Élohé-Israël (Gen. 33:20), ce qui signifie « Dieu, le Dieu d’Israël ». Les intentions de Jacob étaient bonnes, mais il semble évident qu’il n’était pas encore totalement entré dans les pensées de Dieu. C’est de Béthel que Dieu lui avait parlé alors qu’il était encore à Padan-Aram, car n’avait-il pas dit : « Je suis le Dieu de Béthel » ? (Gen. 31:13).

La triste histoire de Genèse 34 est, pour nous, un avertissement des douleurs qui peuvent résulter de rester en retrait du propos de Dieu pour nous Ses saints. Dieu a permis à Son cher serviteur de passer par des épreuves et des tests afin d’apprendre de Ses voies envers lui. Après avoir permis à Jacob d’apprendre les leçons de Sichem, « Dieu dit à Jacob : Lève-toi, monte à Béthel, et habite là ; tu y feras un autel au Dieu qui t’est apparu lorsque tu t’enfuyais de devant la face d’Ésaü, ton frère » (Gen. 35:1). Aussitôt, Jacob réalise de nouveau qu’il a à faire à un Dieu saint, et il dit à sa famille : « Ôtez les dieux étrangers qui sont au milieu de vous ; et purifiez-vous, et changez de vêtements » (35:2).

Bien que Jacob ait eu son autel à Sichem, beaucoup de choses étaient encore tolérées que le Dieu de Béthel ne pouvait pas permettre, et cela explique certainement la discipline solennelle et triste qui atteignit la maison de Jacob selon Gen. 34. Il y avait une apparence extérieure de communion avec Dieu dans l’autel d’El-Élohé-Israël, mais le Dieu d’Israël ne pouvait pas tolérer l’idolâtrie qui était manifestement dans la maison de Jacob, et qu’il connaissait. Dieu avait permis que de la honte et du déshonneur entrent dans la maison de Jacob, et ses fils avaient cherché à y remédier d’une manière charnelle, ce qui n’avait eu pour effet que d’effrayer Jacob (34:30). Dieu dut intervenir pour indiquer à son serviteur le chemin de la séparation du mal et de la bénédiction divine (35:1).


2.4.2 - [Autel de Béthel : El-Beth-El — Gen. 35:7]

Tout ce qui déshonorait Dieu ayant été mis à l’écart, caché par Jacob sous le chêne près de Sichem, le patriarche et sa famille montent à Béthel, comme Dieu l’avait commandé. Dieu mit Sa terreur sur les villes voisines de Sichem, de sorte que Jacob et sa maison ne furent pas molestés par ceux qui auraient voulu leur faire du mal (35:2-5). Arrivé à Béthel, Jacob bâtit l’autel que Dieu lui avait demandé, et il appela le lieu El-Beth-El, ce qui signifie « Dieu de la maison de Dieu ». Le patriarche était maintenant entré dans les pensées de Dieu à son égard, ce dont Il lui avait parlé si longtemps auparavant, quand, fuyant la colère de son frère, il avait fait le vœu suivant : « Si Dieu est avec moi… et que je revienne en paix dans la maison de mon père, alors l’Éternel sera mon Dieu ; et cette pierre, que j’ai dressée en stèle, sera la maison de Dieu » (Gen. 28:20-22). Combien il est bon que l’âme entre dans le dessein de Dieu, et agisse en accord avec celui-ci.


3 - Les autels de l’Exode

Les autels de l’Exode, comme les autels de la Genèse, ont leur enseignement spécifique pour les saints de Dieu d’aujourd’hui. Tous les autels de la Genèse ont été dressés par des saints de Dieu à titre individuel, et sont largement liés aux expériences qu’ils avaient vécues. Noé a construit son autel en relation avec la terre renouvelée, sacrifiant des holocaustes au Dieu qui l’avait amené, lui et sa maison, sain et sauf à travers les eaux du jugement. Les autels d’Abraham sont liés à son histoire, sauf celui lié au sacrifice, et sur lequel Isaac a été lié. Tous les autres autels d’Abraham, comme ceux d’Isaac et de Jacob, signifient qu’ils étaient en relation avec Dieu et dans Sa dépendance.


3.1 - L’autel Jéhovah-Nissi (l’Éternel ma bannière) — Exode 17

Lorsqu’Amalek vint combattre Israël, Moïse ordonna à Josué de choisir des hommes pour la bataille, mais quant à lui, il se rendit au sommet de la colline pour intercéder auprès de Dieu. Il savait parfaitement que l’issue du conflit dépendait de l’Éternel (= Jéhovah) et qu’il était plus important d’être devant Dieu que de disposer de forces puissantes pour affronter l’ennemi. Il n’est fait mention d’aucune parole adressée à l’Éternel, mais l’attitude de Moïse était manifeste du fait de ses mains levées. C’était un signe qu’il regardait vers Dieu pour avoir la victoire ; l’Éternel reconnut cela, car lorsque les mains de Moïse étaient levées, Israël l’emportait, mais lorsqu’elles baissaient, Amalek l’emportait.

Moïse avait emmené Aaron et Hur avec lui dans le lieu d’intercession, et pris aussi la verge de Dieu. La verge qui avait ouvert la voie à travers la mer Rouge, et qui avait été exhibée devant le Pharaon comme la verge de l’autorité et de la puissance de Dieu, signifiait que Moïse dépendait de la puissance de Dieu dans ce conflit. Moïse, contrairement à Celui qui intercède pour nous dans le ciel et dont les mains ne se lassent jamais, avait besoin du soutien du sacrificateur de Dieu et de Hur, dont le nom signifie « libre » ou « noble ». Moïse, Aaron et Hur constituent ensemble une faible préfiguration de Celui qui intercède pour Ses saints pendant notre temps de lutte ici-bas, et c’est Son intercession qui nous assure la victoire.

Après la victoire d’Israël, « l’Éternel dit à Moïse : Écris ceci pour mémorial dans un livre, et fais-le entendre aux oreilles de Josué ; car je ferai disparaître de dessous les cieux le souvenir d’Amalek » (Ex. 17:14). Dieu avait veillé pendant tout ce temps ; les ennemis d’Israël étaient Ses ennemis, mais Il voulait toujours que Son peuple dépende de Lui. Amalek, l’ennemi invétéré de Dieu et de Son peuple, sera finalement éliminé (17:14), mais l’Éternel aurait la guerre avec lui de génération en génération (Ex. 17:16). Toute la haine du monde contre Dieu et Son peuple s’est pleinement exprimée contre le Fils de Dieu, mais Lui a vaincu le monde, et dans la nature divine et par la foi en Dieu, nous aussi nous pouvons être victorieux du monde (1 Jean 5:4-5).

De génération en génération, les saints se trouvent en conflit avec un monde persécuteur et séducteur, mais nous avons l’Éternel comme bannière (ou enseigne), Jéhovah-Nissi (« l’Éternel ma bannière ») est toujours déployé par les saints de Dieu, et, étant forts en l’Éternel et dans la puissance de sa force, nous n’avons pas à craindre Amalek dans le désert, ni les ennemis dans le pays. Amalek n’avait pas seulement défié Israël, mais aussi l’Éternel, le Dieu d’Israël. Le peuple de Dieu ne devait pas non plus oublier qu’Amalek avait frappé les faibles et ceux qui se tenaient en arrière lorsqu’Israël était « faible et fatigué » (Deut. 25:17-19). Le monde d’aujourd’hui est toujours un système qui a la haine de Dieu et de Son peuple, et qui ne craint pas Dieu.


3.2 - Un autel de terre — Exode 20

Après que la loi eut été donnée, selon les paroles d’Exode 20, Israël fut averti de ne pas se faire des dieux d’argent et d’or. L’Éternel dit à Moïse : « Tu me feras un autel de terre, et tu sacrifieras dessus tes holocaustes… En tout lieu où Je mettrai la mémoire de mon nom, je viendrai à toi… » (Ex. 20:24). Ils pouvaient être tentés de copier les autels des païens, même s’ils n’adoraient pas leurs dieux ; et l’imitation de leurs autels pouvait facilement conduire à suivre leur culte idolâtre.

Lorsque le tabernacle fut construit, il y eut les autels pour l’adoration de Dieu, mais même avant la construction du tabernacle, il y avait la possibilité de sacrifier au Dieu vivant. Les sacrifices sur les autels parlaient tous à Dieu du grand sacrifice unique qui glorifierait Dieu ; mais en s’approchant de Dieu, Israël devait marquer dans ses autels de terre ce qu’ils étaient en eux-mêmes, car ils n’étaient que poussière, comme le dit le psalmiste : « Car il sait de quoi nous sommes formés, il se souvient que nous sommes poussière » (Ps. 103:14). L’homme naturel est assez vaniteux pour s’exalter en présence de Dieu, en rendant culte devant Lui, mais Dieu voudrait que tout homme se souvienne de ce qu’il est réellement devant Lui.

Quelle tristesse quand le roi Achaz, s’étant rendu à Damas et y ayant admiré l’autel d’un dieu païen, en construisit un semblable (2 Rois 16:10-14), et pécha ainsi contre le Dieu d’Israël. À l’inverse, quand Naaman le Syrien fut purifié de sa lèpre par la puissance du Dieu d’Israël, il dit à Élisée : « Qu’on donne, je te prie, de cette terre à ton serviteur la charge de deux mulets. Car ton serviteur n’offrira plus d’holocaustes ni de sacrifices à d’autres dieux, mais seulement à l’Eternel » (2 Rois 5:17). Naaman avait appris son néant en se plongeant dans les eaux du Jourdain, et il voulait la charge de deux mulets de terre d’Israël pour sacrifier dessus au Dieu d’Israël.


3.3 - Un autel de pierre — Exode 20

Dans le verset suivant (v.25) d’Exode 20 il est écrit : « Et si tu Me fais un autel de pierre, tu ne le bâtiras pas de pierres taillées, car si tu lèves dessus ton outil, tu le profaneras ». Dieu établit clairement que les œuvres de l’homme n’ont pas place pour s’approcher de Lui, selon la doctrine exposée dans le Nouveau Testament. En écrivant aux saints à Éphèse, Paul dit : « Car vous êtes sauvés par la grâce, par la foi ; et cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu ; non pas sur le principe des œuvres, afin que personne ne se glorifie » (Éph. 2:8-9). Paul dit très clairement dans d’autres passages de l’Écriture, tels que Romains 4:1-7 et Tite 3:5, que la bénédiction de Dieu ne s’obtient pas par une quelconque œuvre de l’homme, mais par la bonté et l’amour souverains de Dieu. Telle est donc la leçon que nous devons tirer de l’interdiction d’utiliser des pierres taillées pour l’autel.

Le dernier verset d’Exode 20 dit : « Tu ne monteras pas non plus à mon autel par des marches (des degrés), afin que ta nudité n’y soit pas découverte ». Il n’y a rien de plus répréhensible que le fait que l’homme cherche à s’élever dans les choses de Dieu, et en particulier en ce qui concerne le culte rendu à Dieu. Ceux qui tentent de le faire ne font que s’exposer dans leur honte devant l’œil de Dieu, et aux yeux de ceux qui ont quelque peu le sens de la grandeur de Celui que nous adorons en esprit et en vérité. À Corinthe, il y en avait qui, en parlant en langues, cherchaient leur propre gloire (1 Cor. 13:1), utilisant leurs dons comme des marches ou degrés sur l’autel pour leur propre exaltation devant les hommes.


3.4 - L’autel de Moïse au pied de la montagne du Sinaï — Exode 24

Ce fut un moment très solennel dans l’histoire d’Israël lorsqu’après avoir entendu « toutes les paroles de l’Éternel et toutes les ordonnances », tout le peuple répondit d’une seule voix : « Toutes les paroles que l’Éternel a dites, nous les ferons » (Ex. 24:3). Ils s’étaient engagés à observer toute la loi, sans se rendre compte de leur incapacité totale à le faire. Après avoir écrit toutes les paroles de l’Éternel, Moïse « bâtit un autel au pied de la montagne et dressa douze stèles pour les douze tribus d’Israël » (24:4). Sur cet autel, les jeunes gens envoyés par Moïse « offrirent des holocaustes et sacrifièrent des taureaux à l’Éternel en sacrifice de prospérités » (24:5).

La moitié du sang des sacrifices fut aspergée sur l’autel, et l’autre moitié fut mise dans des bassins, et après que le peuple eut répété : « Tout ce que l’Éternel a dit nous le ferons, et nous écouterons (ou serons obéissants)… Moïse prit le sang, en fit aspersion sur le peuple, et dit : Voici le sang de l’alliance que l’Éternel a faite avec vous selon toutes ces paroles » (24:6-8). Il était déjà grave pour eux de promettre d’obéir aux paroles de la loi, mais combien plus grave de se lier par une alliance de mort pour observer toute la loi.

Après leur péché au pied du Sinaï, quand ils adorèrent le veau d’or, les personnes ayant une réelle intelligence ont dû considérer rétrospectivement l’autel élevé par Moïse comme un autel de jugement, car il n’y avait pas seulement des bénédictions promises à ceux qui observaient la loi, mais la malédiction et la mort pour ceux qui l’enfreignaient. Cependant, il est heureux de comprendre que les sacrifices sur l’autel au pied de la montagne du Sinaï visaient Christ qui, par Sa mort, rachèterait Son peuple de la malédiction de la loi sous laquelle se trouvaient tous ceux qui étaient sur le terrain de la loi devant Dieu (Gal. 3:13).


3.5 - L’autel d’airain — Exode 27

Lorsque Dieu a mis en place le système du tabernacle, l’autel d’airain avait une fonction très importante, car c’est sur lui que les holocaustes et les sacrifices de prospérités étaient offerts à l’Éternel. En effet, il est souvent appelé l’autel des holocaustes, – l’holocauste continuel, les sacrifices du matin et du soir étant offerts sur cet autel, en plus de toutes les autres offrandes prescrites et des offrandes volontaires. Bien qu’il n’y avait pas d’approche effective de Dieu sous le système de la loi, la voie d’accès à la présence de Dieu y était présentée en type, et, en entrant dans l’enceinte générale du tabernacle, la première chose que l’on rencontrait était l’autel des holocaustes (Ex. 27:1-8 ; 40:29).

Être accepté par Dieu ou Lui être rendu agréable se faisait par l’intermédiaire de l’holocauste, celui qui offrait posant sa main sur la tête de la victime, qui était égorgée et offerte entièrement sur l’autel pour rendre agréable celui qui l’offrait. La signification de ce type nous est donnée par Éphésiens 5:2 : « Christ nous a aimés, et s’est livré lui-même pour nous, comme offrande et sacrifice à Dieu, en parfum de bonne odeur ».

Dans le sacrifice de prospérités, auquel participaient celui qui offrait et la famille sacerdotale, il était offert sur l’autel la part de l’Éternel, à savoir toute l’excellence intérieure de la victime. On y faisait fumer la part de l’Éternel dans l’offrande, qui contenait tout l’encens.

On faisait également fumer la graisse du sacrifice pour le péché sur l’autel des holocaustes, même celle des sacrifices brûlés hors du camp (Lév. 4:8-10), car Dieu ne veut jamais que nous oubliions que Celui qui a souffert pour nos péchés était intrinsèquement saint, et que tout ce qu’Il était dans Ses pensées intérieures, Ses désirs et Ses sentiments intérieurs, Lui était infiniment agréable, y compris quand Il a été fait péché.

Il était fait aspersion du sang de l’holocauste sur l’autel tout autour, en témoignage universel du fait que le seul moyen d’approcher Dieu est l’œuvre de la rédemption accomplie par Son propre Fils. Le sang du sacrifice de prospérités était également aspergé sur l’autel, mais le sang du sacrifice pour le péché était placé sur les cornes de l’autel et versé au pied de l’autel. Les cornes représentent la puissance, mais l’autel n’aurait été d’aucune utilité sans le sang, et tout le fondement de nos relations avec Dieu repose sur la rédemption.


3.6 - L’autel d’or — Exode 30

Comme pour l’autel des holocaustes, la forme et les dimensions de l’autel d’or furent donnés très minutieusement par Dieu à Moïse (Ex. 30), rien n’étant laissé à l’imagination de l’homme, car les pensées de l’homme n’ont leur place ni dans la manière de s’approcher de Dieu, ni dans le culte qui Lui est rendu. L’encens composé, prescrit par Dieu dans ce chapitre (Ex. 30:34-38), devait fumer sur l’autel chaque matin lorsque le sacrificateur allumait les lampes (30:7), car Dieu voulait toujours avoir devant Lui, dans l’adoration, le caractère précieux de Christ dans toute la bonne odeur qui Le caractérise en tant qu’Homme devant Lui.

Dans le tabernacle, l’encens était le service du souverain sacrificateur, ce qui représente sans doute le ministère actuel de Christ, notre grand souverain sacrificateur, qui maintient pour Dieu l’adoration de Son peuple. Quand le système du temple fut institué, d’autres sacrificateurs furent chargés de faire fumer l’encens, comme nous le voyons en Luc 1:9, où « selon la coutume de la sacrificature », le père de Jean le Baptiseur « était chargé de faire fumer l’encens lorsqu’il entrait dans le temple du Seigneur ». Notre privilège, en tant que sacrificateurs de Dieu, n’est pas seulement d’entrer dans le lieu saint, mais d’entrer dans le lieu très-saint, par le sang de Jésus, et c’est là que nous adorons devant la face de Dieu.

Une fois par an, l’autel d’or recevait sur ses cornes le sang du sacrifice pour le péché, le jour des propitiations, montrant bien que toute adoration vers Dieu découle de l’œuvre accomplie par Son Fils sur la croix, lorsqu’Il Son précieux sang a été versé pour glorifier Dieu, et nous amener devant Lui en tant que famille d’adorateurs.


3.7 - L’autel d’Aaron — Exode 32

Peu de temps après s’être engagé à observer la loi, Israël a manifesté son incapacité à la respecter : en fabriquant le veau d’or, ils ont enfreint le premier commandement : « Tu n’auras pas d’autres dieux devant ma face » (Ex. 20:3). Quelle tristesse de trouver Aaron lui-même à la tête de cette fabrication d’idole. Il y avait une profession de culte à l’Éternel dans tout cela, car après qu’Aaron eut bâti son autel devant le veau d’or, il dit : « Demain, une fête à l’Éternel » (Ex. 32:5).

Malgré la tentative d’Aaron de donner un autre visage au culte idolâtre, il était impossible de nier son vrai caractère. Tout commença avec le retard de Moïse sur la montagne avec Dieu. Le peuple n’avait pas une vrai foi en Dieu, bien que Sa gloire ait été vue dans la colonne de nuée et la colonne de feu ; ils voulaient quelque chose de toujours tangible et visible devant eux, et ils dirent à Aaron : « Lève-toi, fais-nous un dieu (ou des dieux) qui marchent devant nous ; car ce Moïse, cet homme qui nous a fait monter du pays d’Égypte, nous ne savons pas ce qu’il est devenu » (Ex. 32:1).

Il n’y avait pas un mot sur l’Éternel qui les avait fait monter d’Égypte : Il n’était plus du tout dans leurs pensées, lesquelles étaient dès lors dirigées sur leurs sacrifices au veau d’or, le manger, le boire et ensuite jouer. Cet autel idolâtre, fait pour un veau d’or, joint à une prétention d’adorer l’Éternel, fit tomber sur Israël le juste jugement d’un Dieu saint et jaloux.


3.8 - [Résumé sur les autels de l’Exode]

Le premier autel de Moïse était un mémorial de ce que l’Éternel avait fait contre Amalek ; mais tous les autres autels considérés étaient destinés au culte et au service de Dieu, sauf celui d’Aaron, qui montrait ce qu’est l’homme dans ses pensées, même lorsqu’il a joui d’une faveur spéciale devant Dieu.


4 - Quelques autels de l’Écriture

L’examen des Écritures montre que de nombreux autels mentionnés ont été bâtis pour des sacrifices, comme l’autel de Noé et les autels des holocaustes dans le tabernacle et le temple. Certains autels, comme ceux des patriarches Abraham, Isaac et Jacob, étaient destinés à montrer qu’ils étaient en communion avec Dieu, et qu’ils comptaient sur Lui pour leur protection. D’autres, comme celui de Jéhovah-Nissi, commémoraient une circonstance particulière, tandis que les autels d’or du tabernacle et du temple étaient destinés à faire fumer l’encens de bonne odeur pour l’adoration de l’Éternel, le Dieu d’Israël.


4.1 - Les autels de Balaam — Nombres 22-24

Il n’est pas évident de dire ce qui était réellement dans l’esprit de Balaam lorsqu’il dit à Balak de lui bâtir sept autels et de lui préparer sept taureaux et sept béliers (Nombres 23:1, 14, 29), car s’il dit à Dieu : « J’ai préparé sept autels, et j’ai offert un taureau et un bélier sur chaque autel » (23:4), il ne dit pas qu’il les avait préparés pour Lui. En effet, bien qu’il ait dit : « Peut-être l’Éternel viendra-t-il à ma rencontre » (23:3), et que Dieu soit venu à sa rencontre, il est évident, d’après Nombres 24:1, qu’il n’était pas allé à la rencontre de l’Éternel, car il est dit qu’« il n’alla pas, comme d’autres fois, à la rencontre des enchantements ». Il allait en réalité à la rencontre de démons familiers, mais Dieu est intervenu pour faire dire à Balaam Sa parole.

Balaam avait déjà participé aux sacrifices païens de Balak (Nombres 22:40) et n’avait aucun désir de rencontrer le Dieu d’Israël. Quel que soit le but poursuivi par Balaam en élevant ses autels, il devait apprendre qu’aucun sacrifice ne pouvait faire changer Dieu d’avis, car « Dieu n’est pas un homme pour mentir, ni un fils d’homme pour se repentir » (Nombres 23:19). Dieu pouvait tenir compte d’Israël en tant que Son peuple élu, tout à fait indépendamment de ce qu’ils étaient en eux-mêmes, de sorte qu’il est dit qu’« Il n’a pas vu d’iniquité en Jacob, ni d’injustice en Israël ». Dieu les a considérés à la lumière de Son dessein. Tous les autels et tous les sacrifices, qu’ils soient dressés à l’Éternel ou au démon familier de Balaam, ne pouvaient altérer le dessein de Dieu de bénir ceux qu’Il avait choisis.


4.2 - L’autel d’Ébal — Deut. 27 et Josué 8

Avant de quitter la scène de ses travaux, Moïse commanda au peuple de bâtir un autel de pierres entières sur le mont Ébal, de l’autre côté du Jourdain (Deut. 27:4). Aucun outil ne devait être levé sur les pierres, car le travail de l’homme ne peut jamais le rendre acceptable ni agréable devant Dieu. Les pierres indiquaient sans aucun doute ce que les tribus d’Israël étaient aux yeux de Dieu, en tant que Son œuvre, tout comme les croyants au Seigneur Jésus sont considérés dans les Écritures comme des pierres vivantes, l’œuvre de Dieu (1 Pierre 2:5).

Israël devait offrir des holocaustes et des sacrifices de prospérités sur cet autel, et se réjouir devant l’Éternel. Toutes les paroles de la loi devaient être écrites sur les pierres, car Israël était encore sur le terrain de la loi devant Dieu. Ce que Moïse avait commandé fut fidèlement exécuté par Josué (Deut. 27:4-7 ; Josué 8:30-32). Toutes les paroles de la loi, les bénédictions et les malédictions, furent lues au peuple, mais on n’y trouve aucune parole de réjouissance devant l’Éternel. Comment pouvait-il y avoir aucune vraie réjouissance alors qu’on leur lisait les malédictions de la loi ? L’autel d’Ébal témoignait de l’asservissement d’Israël à une loi qu’ils étaient incapables de respecter et dont ils ne pouvaient pas se libérer. Seul ce qui était indiqué dans les sacrifices, la mort de Christ, pouvait les libérer de cette servitude (Rom. 7:4 ; Gal. 5:1) ; ce qui était écrit contre le peuple de Dieu a été « cloué à la croix » (Col. 2:14).


4.3 - L’autel de Ed — le « témoin » Josué 22

Les guerriers des deux tribus et demie qui avaient choisi leur héritage à l’est du Jourdain, avaient fidèlement accompli leur promesse de combattre avec leurs frères pour la possession du pays de Canaan, et ils étaient retourné dans leurs foyers ; mais, en arrivant au Jourdain, ils se rendirent compte que le fleuve les séparait de leurs frères, et ils craignirent qu’à l’avenir ils ne soient plus reconnus comme appartenant à Israël ; alors ils bâtirent « un autel auprès du Jourdain, un autel de grande apparence » (Josué 22:10).

Dans un premier temps, les autres tribus considèrent leur acte comme une rébellion contre l’Éternel, et eurent peur que le jugement divin les atteigne à cause de ce nouvel autel. Phinées et dix princes d’Israël furent envoyés pour s’enquérir de l’affaire et parlèrent fidèlement à leurs frères en qualifiant cet autel « d’autel outre l’autel de l’Éternel notre Dieu » (22:19). Ils leur offrirent une possession là où se trouvait le tabernacle de l’Éternel, si leur portion était impure. Ils leur rappelèrent également le péché d’Acan, qui avait entraîné le jugement contre toute la nation.

Après qu’ils eurent expliqué les craintes qu’ils avaient eues, et qu’ils dirent que l’autel n’était pas pour les sacrifices, mais seulement pour témoigner de leur appartenance à Israël, l’explication fut acceptée, et les frères se séparèrent en paix. Les craintes des deux tribus et demie ne se seraient jamais manifestées si elles n’avaient pas décidé de rester à l’est du Jourdain, de s’arrêter en deçà du dessein de Dieu pour Son peuple ; elles n’auraient pas non plus généré les craintes et les exercices de leurs frères, qui se rappelaient les jugements solennels qui s’étaient abattus auparavant sur la nation à cause du péché de quelques-uns en Israël. L’autel de Ed, qui signifie « témoin », restait le témoin de l’appartenance des deux tribus et demie à Israël, quoiqu’il disait en même temps que les riches pâturages les empêchaient d’avoir leur part à côté du tabernacle de l’Éternel.


4.4 - Les autels de Gédéon

4.4.1 - [Premier autel : l’Éternel de paix — Juges 6:24]

À cause de l’idolâtrie d’Israël, Dieu avait permis aux Madianites d’opprimer Israël, avec l’aide des Amalékites, les anciens ennemis d’Israël, qui, avec d’autres, détruisaient les produits du pays. C’est pendant que Gédéon battait le blé en secret qu’un ange de l’Éternel lui apparut, lui annonçant que, lui, allait délivrer Israël de l’oppression des Madianites (Juges 6).

Après avoir présenté son offrande, que l’ange de l’Éternel accepta, Gédéon eut peur, mais l’Éternel lui dit : « Paix te soi, ne crains pas, tu ne mourras pas » (Juges 6:23). C’est alors que Gédéon construisit un autel à l’Éternel et l’appela « Jehovah-shalom », ce qui signifie « L’Éternel est la paix ». Il avait appris la paix que l’Éternel donne dans les moments de peur et de trouble, la paix qui soutient Son serviteur envoyé par Lui pour faire Sa volonté. C’était un autel pour commémorer cette merveilleuse circonstance où il avait vu l’ange de l’Éternel, qui lui avait parlé de paix.

Comme Gédéon, nous avons entendu le Seigneur nous parler de paix, comme Il l’a dit à Ses disciples : « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix » (Jean 14:27). Toute crainte a été chassée de nos cœurs, et Celui qui a fait la paix par le sang de Sa croix nous a fait entrer dans la plus riche des bénédictions célestes, nous donnant la vie éternelle que la mort ne peut toucher.


4.4.2 - [Deuxième autel : obéissance de la foi — Juges 6:28]

L’Éternel commanda alors à son serviteur de renverser l’autel de Baal, de bâtir un autel à l’Éternel et de sacrifier sur Son autel « le second taureau de son père » (Juges 6:26). Après avoir obéi à la parole de l’Éternel, et avoir été fortifié par des signes de la part de Dieu pour soutenir sa faible foi, Gédéon fut en mesure d’aller accomplir l’œuvre pour laquelle l’Éternel l’avait appelé. Ce deuxième autel exprime l’obéissance du serviteur de Dieu, l’obéissance de la foi, même si sa foi était faible et nécessitait des signes particuliers pour la fortifier.


4.5 - L’autel de Manoah — Juges 13

Quand Manoah entendit sa femme parler de l’homme de Dieu qui lui était apparu et qui avait parlé de l’enfant qu’elle concevrait, il eut foi en l’Éternel quant à ce message, car il « implora l’Éternel, et dit : « Ah ! Seigneur, que l’homme de Dieu que tu as envoyé vienne encore vers nous, je te prie, et qu’il nous enseigne ce que nous devons faire au garçon qui va naître » (Juges 13:8). En réponse à cette demande, l’ange de l’Éternel apparut de nouveau et confirma à Manoah que l’enfant qui allait naître serait un nazaréen dès le sein de sa mère.

Désireux de recevoir son divin messager, Manoah lui propose de lui offrir un chevreau à manger, mais cela lui est refusé ; l’étranger dit : « Si tu veux offrir un holocauste, tu l’offriras à l’Éternel ». Ne sachant pas qu’il s’agissait de l’Ange de l’Éternel, Manoah lui demanda Son nom, afin de pouvoir L’honorer à la naissance de l’enfant, et la réponse fut : « Pourquoi demandes-tu mon nom ? Il est merveilleux ». Ce n’était rien de moins que l’une des théophanies (apparitions humaines de l’Éternel) de l’Ancien Testament, l’Éternel étant présent sous une apparence angélique.

Tandis que Manoah offrait à l’Éternel un holocauste et une offrande de gâteau sur un rocher, le couple dévoué assista à des actions merveilleuses de l’Éternel ; ils virent d’abord l’Ange s’élever dans la flamme de leur offrande depuis l’autel. Le rocher sur lequel ils avaient placé leurs offrandes est accepté comme autel par l’Éternel (13:20). Comme Gédéon, Manoah pensa mourir pour avoir vu l’ange de l’Éternel, mais sa femme fit preuve d’une intelligence remarquable en disant que l’acceptation de leurs offrandes et la bonne nouvelle de l’ange montraient clairement que l’Éternel ne les tuerait pas. Nous pouvons apprendre beaucoup de la grandeur de l’Éternel, de Sa grâce et de Sa gloire à partir de cet autel, ainsi que de la foi, de la piété et de l’intelligence manifestées par Manoah et sa femme.


4.6 - L’autel de Mitspa — Juges 21

Le péché des fils de Benjamin était grave aux yeux de l’Éternel et des autres tribus d’Israël, et le massacre qui eut lieu fut le gouvernement de Dieu sur la nation pour le mal qui existait parmi eux. Cependant, Israël rechercha la face de l’Éternel dans cette affaire ; Phinées, le petit-fils d’Aaron, qui s’était distingué en d’autres occasions, se tenait devant l’arche de l’alliance pour interroger l’Éternel (Juges 20:27-28). Après que le terrible jugement soit tombé sur eux, « le peuple se leva de bonne heure, bâtit là un autel, et offrit des holocaustes et des sacrifices de prospérités » (Juges 21:4).

Cet autel fut construit en un temps de profonde douleur, car « le peuple vint à Béthel (maison de Dieu), et ils y demeurèrent là jusqu’au soir devant Dieu ; et ils élevèrent leur voix et pleurèrent amèrement » (Juges 21:2). Les offrandes d’un peuple brisé devant Lui étaient sans aucun doute très acceptables devant l’Éternel. Son jugement sur Benjamin en particulier, et aussi sur le reste de la nation, eut un effet très béni en les amenant en pleurs dans la présence de Dieu. Ce fut cependant une occasion très solennelle et douloureuse, car le serment qu’ils avaient fait signifiait de nouveaux massacres. Le bas état de la nation est exposé dans cette affaire, et le juste gouvernement de la maison de Dieu est révélé, avec des résultats solennels, mais bénis.


4.7 - L’autel de David — 2 Sam. 24

Lorsque David envoya Joab faire le recensement des enfants d’Israël, Joab lui-même, chef de l’armée, savait que David avait tort, et il chercha à le dissuader d’agir ainsi. Joab n’était pas un homme qui vivait près de l’Éternel, mais il était naturellement rusé, et David aurait dû se rendre compte que lorsqu’un homme comme Joab savait que sa démarche était mauvaise, c’est qu’elle devait être mauvaise. Quand Israël était dénombré, tout homme devait donner une rançon d’un demi-sicle d’argent, « afin qu’il n’y ait pas de plaie parmi eux, lorsque tu les dénombreras » (Ex. 30:12) ; et il semblerait que la rançon n’ait pas été payée (le peuple n’avait peut-être pas l’argent pour payer, ou n’était peut-être pas disposé à le faire).

Mis dans l’obligation de choisir entre la famine, la fuite devant ses ennemis ou la peste, David choisit de tomber entre les mains de l’Éternel, sachant que « ses compassions sont grandes » (24:14). Mais le jugement devait tomber sur Israël pour justifier la parole de Dieu, et lorsque l’ange destructeur vint à Jérusalem pour la détruire, « l’Éternel se repentit du mal, et dit à l’ange qui détruisait le peuple : C’est assez, retire ta main » (2 Sam. 24:16). L’ange destructeur se trouvait près de l’aire de battage d’Arauna, le Jébusien, lorsque sa main fut arrêtée, et Gad, le prophète, vint trouver David « et lui dit : Monte, dresse un autel à l’Éternel dans l’aire de battage d’Arauna ».

L’autel et les offrandes de David étaient destinés à faire cesser la plaie, mais l’aire d’Arauna, ou Ornan le Jébusien, était le lieu où le temple de l’Éternel fut construit par Salomon, et où l’autel des holocaustes et l’autel d’or furent dressés pour le culte de l’Éternel, le Dieu d’Israël. Cet autel nous rappelle donc la miséricorde souveraine de Dieu envers Son peuple, le Dieu qui se souvient de la miséricorde dans le jugement, et qui a choisi le lieu où Sa miséricorde s’est manifestée pour être Sa demeure au milieu de Son peuple (2 Sam. 24:21 ; 2 Chr. 3:1).


4.8 - L’autel d’Élie — 1 Rois 18

Lorsque Élie rassembla Israël sur le mont Carmel, il construisit son autel, « l’autel de l’Éternel qui avait été renversé », avec « douze pierres, selon le nombre des tribus des fils de Jacob » (1 Rois 18:30-31). Sa mission était de ramener Israël à l’Éternel, et il commença par rassembler le peuple et réparer l’autel, reconnaissant qu’il y avait douze tribus, même si le royaume était divisé à l’époque. Comme Élie, nous devons considérer le peuple de Dieu comme Dieu le voit, c’est-à-dire, dans le cas de l’Église, dans l’unité du corps de Christ.

Dieu répondit à la foi de Son serviteur, car l’holocauste qui se trouvait sur l’autel qu’il avait construit au nom de l’Éternel fut consumé par un feu venu du ciel, un feu qui consuma le bois, les pierres, la poussière et lécha l’eau qui avait été abondamment versée sur l’holocauste. Cette merveilleuse intervention de l’Éternel fit que le peuple tomba sur leur faces et s’écria : « L’Éternel, c’est Lui qui est Dieu ! L’Éternel, c’est Lui qui est Dieu ! ». L’autel d’Élie nous enseigne donc l’intervention de Dieu pour la restauration de Son peuple.


4.9 - « Nous avons un autel » — Hébreux 13

Pour montrer la supériorité du christianisme sur le judaïsme, l’auteur de l’épître aux Hébreux oppose souvent les deux systèmes, et au ch. 13, il écrit : « Nous avons un autel dont ceux qui servent le tabernacle n’ont pas le droit de manger » (Héb. 13:10). En tant que chrétiens, nous sommes en communion avec Dieu par la mort de Christ, une communion que le judaïsme ne peut pas avoir, car il a rejeté le Christ de Dieu, et son système a été mis de côté dans cette mort même. Notre place devant Dieu est dans la rédemption assurée par le précieux sang de Christ, préfigurée par le sang porté dans le lieu très-saint au jour des propitiations.

Ceux qui servaient le tabernacle, les sacrificateurs juifs, pouvaient manger les sacrifices ordinaires pour le péché offerts par le peuple, mais ils n’avaient pas le droit de manger les sacrifices pour le péché du jour des propitiations. Tout cela montrait clairement que le système de la loi du judaïsme ne permettait pas de s’approcher de la présence de Dieu, ni d’avoir une véritable communion avec Lui. Maintenant que Christ a fait l’œuvre pour la gloire de Dieu en assurant la rédemption, nous avons une pleine liberté pour entrer dans Sa présence pour L’adorer et pour être en communion avec Lui.

Le jour des propitiations, les sacrifices pour le péché étaient brûlés « hors du camp », ce qui préfigurait que Christ mourrait hors de la porte de Jérusalem, avec toutes ses cérémonies et son système religieux. C’est la place que les hommes les plus religieux de ce monde ont donnée au Fils de Dieu, une place de rejet, d’opprobre et de honte ; et tous ceux qui sont fidèles à Christ sont exhortés à se séparer de tout ce qui a rejeté le Seigneur Jésus. Si les Juifs qui embrassaient le christianisme prenaient place en dehors du camp du judaïsme (alors que c’est un système qui, à l’origine, était divinement établi), le vrai chrétien ne doit-il pas se trouver en dehors des camps d’imitation de la chrétienté, qui ne sont que des organisations religieuses humaines ?