LE VIEUX PROPHÈTE DE BÉTHEL — 1 Rois 13

[Sommaire : Application de cet épisode ancien : Par la grâce de Dieu, de grandes vérités concernant Christ et l’Église sont révélées dans la parole de Dieu et ont été redécouvertes. Le diable fait tous ses efforts pour annuler la Parole de Dieu ; à défaut d’y arriver, il cherche à entraîner les témoins dans de fausses associations, d’abord en offrant toutes sortes d’avantages, ensuite et à défaut en utilisant des chrétiens plus âgés qui sont eux-mêmes dans une fausse position et entrainent en séduisant les plus jeunes. Nous échapperons aux ruses de l’Ennemi seulement par une ferme obéissance à la parole de Dieu]


Table des matières :

1 - Premier article : Scripture Truth – ME 1984 p.85

2 - Second article : Hamilton Smith – ME 1984 p.120


1 - Premier article : Scripture Truth – ME1984 p.85

Le chapitre 13 du premier livre des Rois relate une histoire aussi solennelle qu’étrange. Jéroboam avait élevé des temples idolâtres à Béthel et à Dan, et tout en ayant établi des sacrificateurs pour ces hauts lieux, nous le trouvons dans ce chapitre qui offre l’encens sur l’autel de Béthel. Il y avait bien, comme nous l’apprenons au verset 11, « un certain vieux prophète » qui habitait Béthel, mais sans doute n’était-il pas dans une assez bonne condition spirituelle pour que Dieu parle par lui. En tout cas il ne nous est pas dit qu’il eût élevé quelque protestation contre le faux culte qui venait d’être établi dans le lieu même où Dieu s’était autrefois révélé à Jacob. Aussi est-ce un homme de Dieu de Juda qui fut envoyé du royaume voisin pour crier contre cet autel. Ce n’est pas souvent que l’Écriture parle d’un objet inanimé interpellé ainsi. « Autel, autel », dit-il, « ainsi dit l’Éternel : Voici, un fils naîtra à la maison de David, … il offrira sur toi les sacrificateurs des hauts lieux qui font fumer l’encens sur toi, et on brûlera sur toi des ossements d’hommes ». On trouverait peut-être un parallèle avec les paroles de Jérémie : « Terre, terre, écoute les paroles de l’Éternel », ou celles d’Ézéchiel : « Montagnes d’Israël, écoutez la parole de l’Éternel Dieu ». Il est clair que dans ces exemples, de même que lorsque le Seigneur adressait des reproches aux villes favorisées où il avait travaillé, la parole vise les habitants de la terre, les adorateurs d’idoles sur les montagnes, et le peuple, qui tous avaient refusé d’écouter quand Dieu parlait. Ici, pareillement, Jéroboam reconnaissait que les paroles adressées à l’autel étaient un reproche pour lui-même.

À cette occasion Dieu donna à Jéroboam un signe que la prophétie serait accomplie : l’autel fut fendu et la cendre répandue. Mais cela n’eut lieu qu’après que le roi idolâtre eut étendu sa main en commandant que l’on saisisse l’homme de Dieu. Et immédiatement la main « sécha, et il ne put la ramener à lui ».

Nous trouvons souvent que Dieu donne des signes quand une nouvelle ère commence, de sorte que les hommes ne sont pas laissés dans l’ignorance quant à la volonté et au propos de Dieu : ainsi, quand Israël quitta l’Égypte, et qu’il entra en Canaan. Les temps du ministère du Seigneur et ceux des apôtres furent semblablement caractérisés par des signes et des miracles notoires. Dieu avait parlé à Jéroboam par son serviteur Akhija, mais Jéroboam n’avait pas écouté, et maintenant Dieu lui donne un autre avertissement qu’il confirme par un signe indiscutable de la volonté divine.

En général la réaction des impies à l’égard d’un messager de Dieu est l’hostilité ouverte et la persécution ; nous le voyons dans le livre des Actes. Jéroboam, lui, fut effrayé quand la puissance de Dieu le frappa physiquement, et il changea aussitôt d’attitude, demandant à l’homme de Dieu d’implorer l’Éternel « son Dieu », afin que sa main lui fût rendue. N’est-ce pas typique de l’inconséquence de la nature humaine ? Les hommes profitent volontiers de la clémence de Dieu tout en refusant d’obéir à sa parole. L’homme de Dieu pria, et la main fut rétablie.

Quand l’ennemi n’a pas réussi par l’opposition ouverte, il se tourne souvent vers l’affabilité des manières et la flatterie. Nous trouvons cela dans le livre de Néhémie : les ennemis du peuple de Dieu, « très mécontents de ce qu’un homme fût venu pour chercher le bien des fils d’Israël », n’avaient pas réussi à arrêter le travail de reconstruction de la muraille par la moquerie et l’opposition ouverte. Alors ils lui dirent : « Viens, rencontrons-nous ensemble dans les villages de la vallée d’Ono », mais Néhémie ne se laissa pas tromper par l’apparent désir d’une coopération. Ainsi Jéroboam, voyant échouer sa tentative d’arrêter l’homme de Dieu, emploie une manière plus subtile pour rendre inopérant son ministère. Les Écritures nous disent que nous n’ignorons pas les desseins de Satan, et cependant le peuple de Dieu se compromet constamment en se plaçant sous le patronage du monde, et son témoignage est rendu sans effet, tel celui de Lot à Sodome.

« Viens avec moi », dit Jéroboam, « et rafraîchis-toi et je te donnerai un présent ». Mais quelle récompense de la part du prince du monde peut se comparer à celle qui attend dans le ciel le croyant qui cherche à marcher dans ce monde comme son Seigneur y a marché, en étranger et en voyageur ? L’homme de Dieu venu de Juda avait été préalablement mis en garde, et il rejeta avec fidélité l’offre de l’hospitalité du roi. « Quand tu me donnerais la moitié de ta maison, je n’irais pas avec toi, et je ne mangerai pas de pain et je ne boirai pas d’eau dans ce lieu ».

C’était là le langage qu’avait tenu Abram, quand, après qu’il eut délivré Lot, il s’était entendu proposer par le roi de Sodome : « Donne-moi les personnes, et prends les biens pour toi ». « J’ai levé ma main vers l’Éternel, le Dieu Très-Haut », avait-il dit, « si, de tout ce qui est à toi, je prends quoi que ce soit, depuis un fil jusqu’à une courroie de sandale, « afin que tu ne dises pas : Moi j’ai enrichi Abram ». Rien d’étonnant à ce que l’Éternel lui dît alors : « Ne crains pas, Abram, je suis ton bouclier et ta très grande récompense ». Les récompenses de ce monde ne comptent guère pour le croyant qui possède toutes choses en Christ.

C’est ainsi que l’homme de Dieu, obéissant à la parole de Dieu, s’en retourne par un autre chemin. Il aurait été heureux que le récit se termine là. Mais Dieu ne nous cache pas les faiblesses et les manquements des hommes qu’il a choisis pour le servir. Il y a là de l’encouragement pour ceux qui ne réalisent que trop leur propre incapacité. Voici donc une autre ruse de l’ennemi. Le verset 14 de notre chapitre nous montre l’homme de Dieu fatigué, peut-être par un long voyage, comme aussi par les circonstances de Béthel, et qui décide de prendre quelque repos avant de regagner son pays. Or « ce n’est pas ici un lieu de repos », prenons-y garde. Les disciples dans le jardin de Gethsémané étaient accablés de sommeil et furent incapables de prier comme cela leur avait été enjoint afin de ne pas tomber en tentation. « Malheur à ceux qui sont à leur aise en Sion ». Le combat continue et nous avons besoin de veiller pour prier, et d’être revêtus de l’armure de Dieu pour tenir ferme au mauvais jour.

Que dire du vieux prophète qui habitait à Béthel ? Ses fils vinrent et lui racontèrent tout ce que l’homme de Dieu avait dit et fait ce jour-là. Qu’est-ce qui le pousse à faire seller l’âne et aller chercher cet homme de Dieu hors de la ville ? Peut-être un désir sincère de communion, ou celui de montrer une hospitalité selon Dieu ; mais il est possible aussi qu’il ait été jaloux en constatant que Dieu s’était passé de lui, pour faire porter son message par quelqu’un probablement plus jeune, et venant d’ailleurs. Éli avait dû faire une expérience semblable quand l’Éternel avait confié au jeune Samuel un message que le vieillard n’était pas en état de recevoir ; mais dans son cas nous voyons une humilité bien à sa place : « C’est l’Éternel, qu’il fasse ce qui est bon à ses yeux ! » Ce peut être une expérience humiliante pour un frère âgé, surtout s’il n’est pas libre vis-à-vis du Seigneur, que le Seigneur emploie un serviteur plus jeune pour faire connaître sa volonté, mais tout est bien si le message est reçu dans un esprit d’humilité et d’obéissance.

Le vieux prophète, à la différence d’Éli, non seulement insiste pour vaincre la résolution de l’homme de Dieu venu de Juda, mais va jusqu’à prétendre qu’un ange lui a parlé, révoquant le commandement explicite donné précédemment par Dieu. Ses paroles, « je suis prophète comme toi », suggèrent un orgueil spirituel en abomination pour Dieu ; elles rappellent les premiers mots qui nous soient rapportés de l’ennemi : « Quoi, Dieu a dit ? » Si l’homme de Dieu venu de Juda avait réfléchi, il aurait vu que la parole qui lui avait été adressée ne pouvait pas être changée. Dieu ne peut mentir, ni revenir sur sa parole. Comme l’apôtre le dit aux Galates : « Quand nous-mêmes, ou quand un ange venu du ciel vous évangéliserait outre ce que nous vous avons évangélisé, qu’il soit anathème ». Il est bon pour les jeunes chrétiens de mettre à l’épreuve par la parole de Dieu tout ce qu’ils entendent ; ainsi faisaient les Béréens. D’autre part les chrétiens âgés ne sauraient être trop attentifs à ne pas décourager les petits enfants en Christ, et à ne pas les détourner en enseignant quoi que ce soit qui les écarterait de la Parole de Dieu.

Pendant qu’ils étaient à table ensemble, la parole de l’Éternel vint au prophète qui avait ramené l’homme de Dieu, et cette fois il ne pouvait y avoir d’erreur sur l’authenticité du message. « Parce que tu as été rebelle à la parole de l’Éternel, …ton cadavre n’entrera pas dans le sépulcre de tes pères ». Le vieux prophète ne dit pas un mot de son propre péché d’avoir détourné l’autre du chemin de l’obéissance. Il délivre son message solennel, rappelant à l’homme de Dieu le commandement formel que Dieu lui-même lui avait donné. Il ne manque pas aujourd’hui d’âmes qui se trouvent sur un mauvais chemin parce que de faux docteurs les y ont conduites, mais, s’il est vrai que ces conducteurs amassent sur eux-mêmes le jugement, ceux qui se sont laissé entraîner sont responsables de marcher dans l’obéissance à la parole qu’ils ont reçue de Dieu lui-même. Persévérer dans un mauvais chemin aura inévitablement sa désastreuse rétribution.

La parole dite par le vieux prophète eut son accomplissement. Le lion tua sur son chemin l’homme de Dieu désobéissant, mais fut empêché de dévorer son cadavre et d’attaquer l’âne.

Quand le vieux prophète apprit ce qui était arrivé, on ne voit pas qu’il ait eu un mot de remords ou de repentance pour la part qu’il avait prise dans ces tristes événements. Il dit simplement : « C’est l’homme de Dieu qui a été rebelle à la parole de l’Éternel, et l’Éternel l’a livré au lion qui l’a déchiré, selon la parole de l’Éternel qu’il lui avait dite ». C’était très bien de ramener le cadavre et d’enterrer l’homme de Dieu dans son propre sépulcre, en se lamentant : « Hélas, mon frère ! » ; il pouvait bien reconnaître que la parole dite par cet homme de Dieu serait sûrement accomplie. Mais n’a-t-il donc pas pensé qu’il était responsable de la mort tragique de cet homme, de la désobéissance duquel il parlait si facilement ? Les chrétiens âgés auraient profit à tirer leçon de cette histoire. Combien facilement nous pouvons être cause qu’un autre fasse naufrage quant à la foi ! Il nous arrive de condamner tel jeune frère ou telle jeune sœur, alors qu’il serait plus sage de nous examiner nous-mêmes pour voir si nous n’avons pas quelque responsabilité dans leur cas. Et assurément nous avons tous à prendre leçon de la triste fin de l’homme de Dieu, pour ne pas nous laisser priver de ce que nous avons appris de Christ, et tenir ferme ce que nous avons, afin que personne ne prenne notre couronne.

Le chapitre se clôt en montrant que l’avertissement donné à Jéroboam par l’homme de Dieu venu de Juda, et qui avait été confirmé par des signes frappants, a été malheureusement sans résultat. « Après ces choses, Jéroboam ne revint pas de sa mauvaise voie ». De sorte que rien ne put empêcher le jugement de Dieu sur lui et sur sa maison, « pour la détruire de dessus la face de la terre ». Il est solennel de recevoir de Dieu un message spécial et de ne pas y prendre garde. Rappelons-nous Hébreux 3:12, 13: « Prenez garde, frères, qu’il n’y ait en quelqu’un de vous un méchant cœur d’incrédulité, en ce qu’il abandonne le Dieu vivant ; mais exhortez-vous l’un l’autre chaque jour, aussi longtemps qu’il est dit : aujourd’hui ».


2 - Second article : Hamilton Smith – ME 1984 p.120

LE VIEUX PROPHÈTE DE BÉTHEL (1 Rois, 13:11-32)

Dieu venait de susciter un témoin contre le mal effrayant dans lequel le roi Jéroboam avait entraîné son peuple, en érigeant un veau d’or à Béthel et un autre à Dan, et sacrifiant sur l’autel placé devant chacun d’eux. Il fait sortir un homme de Dieu de Juda et l’envoie à Béthel pour condamner la méchanceté de Jéroboam. « Par la parole de l’Éternel », cet homme de Dieu fut instruit du mal à Béthel. Il apprit que ce mal était si odieux à l’Éternel que le jour arriverait bientôt où Dieu l’amènerait en jugement. Il fut particulièrement mis en garde de ne pas affaiblir son témoignage en s’associant au mal. Il devait délivrer son message, en donner un signe et puis se retirer. Mais il lui était défendu de manger ou de boire à Béthel et de retourner par le chemin par lequel il était venu. Il ne devait avoir aucune relation avec la position fausse de ceux qui, tout en professant être le peuple de Dieu, marchaient dans la désobéissance à la parole de l’Éternel.

L’homme de Dieu délivre son message avec une grande fidélité et donne le signe de ce qui doit arriver. Le roi courroucé commande à ses serviteurs de se saisir de l’homme de Dieu. Celui-ci se tait devant les menaces et intercède en grâce quand Dieu frappe l’homme par lequel il est menacé. Il résiste ensuite à l’offre de récompense du roi et, en obéissance à la parole de l’Éternel, il refuse de manger et de boire à Béthel.

En tout cela l’homme de Dieu s’acquitte fidèlement de sa mission, et malgré tout aussi dans un esprit de grâce, tout en refusant avec fermeté d’être entraîné dans une association avec le mal.

Mais, si nous considérons la fin de cette histoire instructive, nous voyons que la fidélité à la parole du Seigneur est à nouveau mise à l’épreuve plus tard et de façon plus sévère. La dernière partie de ce récit est introduite par des paroles pleines de signification : « Et un certain vieux prophète habitait Béthel » (v. 11). Dans ce lieu coupable, siège de l’idolâtrie, où l’homme de Dieu était envoyé pour dénoncer le mal et où l’Éternel avait dit qu’il ne devait pas y manger — dans un tel endroit voilà qu’un frère prophète avait trouvé bon d’habiter. Il s’agissait véritablement d’un prophète et qui était conscient du mal, mais, demeurant dans une association fausse, il était non seulement incapable de témoigner contre ce mal, mais de fait le cautionnait de sa présence.

C’est par l’intermédiaire d’un « frère » et d’un « prophète » que l’obéissance de l’homme de Dieu est maintenant mise à l’épreuve. Dure épreuve, car non seulement ce vieillard pouvait alléguer être un prophète, mais il pouvait faire valoir aussi l’expérience de l’âge. De plus il fait preuve d’une hospitalité pleine d’empressement envers un frère fatigué et affamé. « Viens avec moi à la maison », dit-il, « et mange du pain ». Il prétend surtout qu’un ange lui a communiqué « la parole de l’Éternel », à savoir l’ordre de ramener chez lui l’homme de Dieu. « Il lui mentait ».

Refuser une telle invitation, ne serait-ce pas un manque d’égards envers un frère prophète, un manque de respect pour la vieillesse, de l’ingratitude pour l’hospitalité qui était offerte de si bon cœur ? Par-dessus tout, cela donnerait l’impression de méconnaître la parole de Dieu transmise par un ange. Pourtant la suite de l’histoire montre clairement que, derrière tous les motifs spécieux que la raison pouvait invoquer, il y avait l’effort de l’Ennemi pour anéantir la parole de l’Éternel en entraînant l’homme de Dieu dans une fausse association.

Comment l’homme de Dieu agit-il en présence de cette forte mais subtile tentation ? Hélas ! apparemment en tenant compte de tous ces éléments : respect de la vieillesse, égards pour l’amitié de ce condisciple, prétexte de l’obéissance à la parole de l’Éternel, bien que cette parole du vieux prophète contredise les premières instructions personnelles que Dieu lui avait données. En désobéissant, il se laisse entraîner dans la fausse association de celui qui l’invitait. Un vieux prophète peut, hélas, devenir un trompeur et séduire quelqu’un de façon qu’il ne soit plus ni fidèle ni obéissant.

On voit combien est grave cette désobéissance à la parole de Dieu. Tout d’abord, en retournant pour manger et boire avec le vieux prophète à Béthel, l’homme de Dieu cautionne une association que la parole de Dieu condamne.

Ensuite, il annule son propre témoignage en cautionnant le mal même contre lequel il était envoyé pour en témoigner.

Nous pouvons nous demander ce qui aurait pu empêcher l’homme de Dieu de tomber dans ce piège. Ses propres paroles donnent la réponse, car il confesse : « Il m’a été dit par la parole de l’Éternel : tu n’y mangeras pas de pain, et tu n’y boiras pas d’eau ; tu ne retourneras pas, en t’en allant, par le chemin par lequel tu es venu ». Évidemment alors sa sauvegarde devant tous les efforts pour l’entraîner aurait été une obéissance ferme à la parole de Dieu. En rapport avec cette scène, on a dit à juste titre : « Toutes les fois que Dieu nous a fait connaître Sa volonté, il ne nous est pas permis d’admettre une influence postérieure qui la mette en question, et cela même si cette dernière peut prendre la forme de la parole de Dieu… Dans tous les cas notre responsabilité est d’obéir à ce que Dieu a dit ».

Si l’œil de l’homme de Dieu avait été simple, n’aurait-il pas discerné la raison pour laquelle la parole de Dieu lui interdisait si fermement de s’associer avec le vieux prophète ? Il aurait pu se poser une question : comment se faisait-il — au moment où Dieu voulait dénoncer le mal à Béthel — qu’Il ait été obligé d’envoyer un prophète de Juda, alors qu’il y en avait déjà un à Béthel même ? Est-ce que ce fait ne suffit pas à nous montrer que ce vieux prophète de Béthel n’était pas lui-même séparé du mal et n’était donc pas un vase à honneur, propre à l’usage du maître ?

Étant dans une fausse position, le vieux prophète était prêt à aller loin pour amener l’homme de Dieu à cautionner son infidélité en s’y associant. Hélas ! l’homme de Dieu tomba dans le piège et détruisit son propre témoignage en s’associant avec quelqu’un qui, tout en reconnaissant le mal, le supportait encore.

Ainsi donc, comme il a été dit à juste titre de cet homme de Dieu : « Il est inaccessible à la tentation lorsqu’elle se présente sous la forme du mal évident, mais il tombe lorsqu’il est tenté par l’apparence du bien. L’invitation d’un frère, sa situation et sa réputation ont plus de poids pour lui que la parole de Dieu. Il désobéit à Dieu et se fie à un mensonge de la part de son frère… Il triomphe de l’hostilité du monde extérieur, mais il est séduit par quelqu’un du dedans et tombe dans l’infidélité ». En s’abstenant de manger et de boire avec le roi, il prend parti pour Dieu contre le mal. En retournant pour manger et boire avec le vieux prophète, il prend parti pour le mal en s’y associant.

La dernière partie de l’histoire (v. 20 à 32) montre clairement que Dieu n’est pas indifférent à l’infidélité du vieux prophète, ni à l’échec de l’homme de Dieu. Selon les voies du gouvernement de Dieu, tous deux sont passibles de son châtiment. Le vieux prophète est avec raison puni dans la mesure où Dieu le contraint à dévoiler sa propre duplicité en prononçant un jugement sur l’homme de Dieu. Quant à l’homme de Dieu, il doit apprendre que, s’il a accordé plus de valeur à la parole de son frère qu’à la parole de Dieu, celui-là même par qui il a été amené à désobéir sera l’instrument dans la main de Dieu pour mettre son péché en évidence.

La sévérité du jugement qui atteint l’homme de Dieu montre clairement combien Dieu ressent sa désobéissance. L’Éternel avait donné à l’homme de Dieu beaucoup de lumière quant au mal à Béthel et à l’horreur qu’Il en avait. Dieu l’avait honoré en l’employant comme témoin contre le mal. Il l’avait pleinement mis en garde de ne pas être pris dans une fausse association. En dépit de la lumière, du privilège et de l’avertissement, il se laisse entraîner dans une telle compagnie, avec comme résultat — en dépit de sa fidélité et de sa hardiesse antérieure — une carrière terminée sur terre en tant que témoin de Dieu. C’est une chose grave que de faire peu de cas de la parole de Dieu et du péché en présence de la lumière.

Néanmoins, il nous est permis de voir que, si le Dieu saint doit châtier son peuple pour son infidélité, il n’est cependant pas injuste pour oublier les œuvres d’amour qui ont été manifestées à l’égard de son nom. Ainsi, 350 ans après ces événements, lorsque Josias propage la parole de l’Éternel et qu’il brûle les os des sacrificateurs idolâtres, il épargne le sépulcre où reposent l’homme de Dieu de Juda et le vieux prophète de Béthel.

Par son infidélité, le peuple de Dieu n’échappe pas à son châtiment ; mais, par la fidélité de Dieu, il échappe au jugement qui atteint le monde (2 Rois 23:15-18).

En essayant de tirer profit des leçons de cette histoire frappante, nous ferions bien de nous souvenir de trois faits :

Premièrement, à l’époque à laquelle nous vivons, il y a eu, par la grâce de Dieu, une nouvelle découverte des grandes vérités concernant Christ et l’Église, telles qu’elles sont révélées dans la parole de Dieu.

Deuxièmement, à la lumière de cette nouvelle découverte de la vérité, beaucoup ont eu les yeux ouverts pour se rendre compte de l’aveuglement de la chrétienté.

Troisièmement, avec nos yeux ouverts pour nous rendre compte de la perte de la vérité, nous avons aussi été éclairés par l’Esprit de Dieu en ce qui concerne la position du croyant au milieu de la corruption de la chrétienté. Nous avons appris que la connaissance de la vérité, d’une part, et la corruption de la chrétienté, d’autre part, nous font un devoir de nous séparer. Ne pas le faire correspond à un reniement de la vérité et tombe sous le jugement de Dieu.

La chrétienté s’est organisée en un certain nombre de systèmes et de dénominations qui forment une religion établie sur la terre, ayant des structures humaines. Des prédicateurs se prétendent les intermédiaires entre le peuple et Dieu. C’est une religion qui convient à l’homme dans la chair. Tel était autrefois le judaïsme et telle est la chrétienté qui en est sortie. Dieu appelle ce système « le camp », et les vrais croyants sont exhortés à « sortir vers Lui hors du camp, portant son opprobre » (Héb. 13:13).

De plus, nous lisons que tous ceux qui invoquent le nom du Seigneur ont à se retirer de l’iniquité, que nous devons nous purifier « des vases à déshonneur » (2 Tim. 2:19-22).

La parole de Dieu montre très clairement qu’aux jours de ruine, la séparation à laquelle nous avons été appelés est à la fois d’ordre ecclésiastique et d’ordre personnel. Hélas ! il peut y avoir un aspect sans l’autre. Nous pouvons être vraiment séparés du mal religieux et pourtant manquer quant à notre propre sainteté personnelle. Ou bien il se peut qu’il y ait un bon témoignage, comme dans l’église de Sardes où quelques noms n’avaient pas souillé leurs vêtements, mais aucune séparation d’avec un système religieux condamné et sans vie. Une séparation pour Christ réunit les deux choses à la fois. Et comme à l’époque de l’homme de Dieu de Juda, ainsi en est-il à notre époque : la puissance de notre témoignage sera proportionnelle à la réalité de notre séparation.

Cela étant, ceux qui sont sortis hors du camp vers Christ feront, comme l’homme de Dieu, l’expérience que tous les efforts de l’Ennemi vont se mobiliser contre eux, pour ruiner leur témoignage en les conduisant une fois encore vers des associations condamnées par la parole de Dieu. Pour arriver à ses fins, le diable emploie aujourd’hui les mêmes procédés que ceux par lesquels il a réussi à faire tomber jadis cet homme de Dieu. Tout d’abord, il cherchera à nous enlacer dans de fausses associations par le moyen de quelque avantage offert par le monde, de la même manière qu’il a essayé de séduire l’homme de Dieu en l’incitant, par le moyen des récompenses du roi, à désobéir à la parole de Dieu. Ensuite, n’ayant pas réussi à nous faire broncher par ce moyen, il s’efforcera de le faire par le procédé beaucoup plus subtil d’un ami chrétien qui se trouve dans une fausse position. Beaucoup, comme l’homme de Dieu de notre récit, sauront rejeter avec fermeté le premier piège et tomberont dans le second. Nous sommes capables de voir qu’une association est condamnée par la parole de Dieu, dans le cas où il n’y a pas de chrétiens qui en font partie. Par contre la question pourrait se poser : ne pouvons-nous pas nous joindre à telle compagnie dans laquelle se trouvent d’authentiques chrétiens ? Mais si Dieu nous appelle à sortir du camp sans tenir compte du fait que quelques croyants y restent, peut-il être juste de retourner au camp sous prétexte que d’autres y sont ?

Pourtant l’attrait du retour dans le camp peut se présenter avec force et sous de beaux aspects. L’amour fraternel, de vieilles amitiés, le désir d’aider le peuple du Seigneur, et de raffermir les choses qui demeurent, sont autant de motifs qui peuvent être mis en avant pour retourner dans des associations condamnées par la parole de Dieu. De plus, nous avons la chair en nous et parfois l’attrait du camp peut flatter la vanité et la suffisance du cœur naturel. Mais ne fermons pas les yeux sur le fait que le frère qui cherche à nous détourner a aussi la chair en lui. Et, comme ce fut le cas pour le vieux prophète de Béthel, il peut chercher à nous entraîner dans une association mauvaise, avec le vil motif de chercher à se justifier lui-même de sa fausse position.

Le fait que nous ayons quitté des associations condamnées par la parole de Dieu est en lui-même un témoignage contre elles. Retourner, c’est annuler notre témoignage et, en principe, reconstruire les choses que nous avons détruites.

De plus nous pouvons bien nous demander si un frère, en retournant dans une telle association, aide véritablement les chrétiens qui s’y trouvent. Les délivrera-t-il de leur fausse position ? Il est évident que l’homme de Dieu, en mangeant et en buvant à Béthel malgré la parole de Dieu, n’aida pas le vieux prophète et ne le délivra nullement de sa fausse position.

En outre, en nous liant dans ce genre d’associations, ne sommes-nous pas en danger non seulement de détruire notre témoignage contre le mal, mais aussi, comme l’homme de Dieu de Juda, de mettre un point final à notre carrière en tant que témoins de la vérité ?

Ce ne peut être qu’en marchant dans une ferme obéissance à la parole de Dieu que nous échapperons aux ruses de l’Ennemi pour nous attirer dans une fausse position. Alors faisons en sorte que la parole de Dieu ait son autorité absolue sur nos âmes. Contentons-nous de marcher à l’écart dans l’ombre et soyons satisfaits si le Seigneur peut dire de nous : « Tu as peu de force, et tu as gardé ma parole, et tu n’as pas renié mon nom » (Apoc. 3:8).