Seconde épître de Pierre : LE GOUVERNEMENT DE DIEU :

Le gouvernement de Dieu envers le monde


HAMILTON SMITH


(Le gouvernement de Dieu envers sa maison — Première épître de Pierre)


TABLE DES MATIÈRES


1 - Introduction

2 - La vie et la piété (Chap. 1)

3 - Faux docteurs et sectes de perdition (Chap. 2)

4 - Les moqueurs et le matérialisme (Chap. 3)


1 - Introduction

Dans sa seconde épître, l’apôtre Pierre, conduit par l’Esprit de Dieu, prédit dans un langage très simple l’évolution désastreuse de la profession chrétienne. Et non seulement il nous avertit de la corruption qui caractérisera la chrétienté des jours de la fin, mais il place devant nous pour nous encourager, la vie de piété pratique par laquelle seule nous pourrons échapper à la corruption et obtenir une riche entrée dans le royaume éternel de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ.

Les divisions de l’épître sont très marquées :

Premièrement, le chapitre 1 nous indique les abondantes ressources que Dieu donne au croyant pour qu’il puisse mener une vie de piété, avec devant lui l’assurance du royaume de gloire auquel cette vie conduit.

Deuxièmement, le chapitre 2, en contraste avec la vie de piété, nous met en garde contre les faux docteurs qui se lèveront dans le cercle chrétien, enseignant des doctrines hérétiques pour saper le christianisme, et introduisant l’iniquité et la mondanité qui ont caractérisé la chrétienté au cours des siècles.

Troisièmement, le chapitre 3 nous met en garde contre les moqueurs qui surgiront dans les derniers jours de la chrétienté et qui nieront, par le matérialisme le plus grossier, la venue de Christ. Le jugement de Dieu suivra.

2 - La vie et la piété (Chap. 1)

La première partie de l’épître traite de deux grands sujets. D’abord la vie de piété pratique qui permettra au croyant d’échapper à la corruption qui est dans le monde par la convoitise. Puis la certitude du royaume de Christ auquel conduit une vie de piété.

Il est de toute importance pour les croyants, jeunes et plus âgés, de reconnaître sans équivoque quelle est la véritable sauvegarde contre la corruption de la chrétienté. Elle réside non pas simplement dans une vie de grande activité extérieure, ni davantage dans les efforts pour combattre le mal, mais dans une vie de piété vécue dans la communion avec les Personnes divines, et dans la jouissance des choses divines.


v. 1,2 Les deux premiers versets nous apprennent que l’apôtre écrit expressément à ceux qui ont reçu en partage « une foi de pareil prix » avec les apôtres. Il ne s’adresse pas à des pécheurs ou à de simples professants, mais à des croyants au milieu de la profession. La « foi de pareil prix » est la foi du christianisme, en contraste avec le judaïsme auquel ces croyants avaient été rattachés. Cette « foi de pareil prix » est venue à nous dans une justice parfaite ; et Dieu peut agir en justice par notre Sauveur Jésus Christ.

L’apôtre souhaite que la grâce et la paix nous soient multipliées « dans la connaissance de Dieu et de Jésus notre Seigneur ». La grâce nous permettant d’échapper à la corruption de la chrétienté ne nous viendra pas de la simple connaissance du mal ; nous la trouverons dans la connaissance de Dieu et de tout ce que nous possédons en lui. La paix dont nous avons besoin au milieu de l’iniquité ne résultera pas de nos efforts pour combattre et écraser l’iniquité ; nous l’aurons en demeurant près de Jésus « notre Seigneur », celui à qui nous devons obéissance. Les brebis s’enfuient loin de l’étranger, parce qu’elles connaissent la voix du Berger. « Elles ne suivront point un étranger », non parce qu’elles connaissent tous ses mauvais desseins, mais parce qu’elles « ne connaissent pas la voix des étrangers ».


v. 3, 4 Le croyant peut échapper à la corruption du monde, placé sous la puissance de Satan, parce que la « divine puissance » nous a donné « tout ce qui regarde la vie et la piété ». Il nous est aussi rappelé que ce « tout ce qui regarde », nécessaire pour vivre une vie pratique de piété, est lié à « la connaissance de celui qui nous a appelés par la gloire et par la vertu ». Nous avons été appelés par l’attraction puissante de la gloire qui est placée devant nous, et par la vertu, ou courage spirituel, qui nous rend capables de vaincre l’Ennemi alors que nous cheminons vers la gloire. La gloire qui est devant nous est considérée ici comme atteinte dans l’énergie spirituelle d’une vie de piété pratique.


En relation avec cet appel à la gloire, Dieu nous a donné les « très grandes et précieuses promesses ». L’appel et les promesses vont toujours de pair. Si Dieu appelle, c’est pour quelque bénédiction en vue. Plus loin dans l’épître, l’apôtre parle de ces promesses, la promesse de la venue du Seigneur, et la très grande promesse concernant les « nouveaux cieux et une nouvelle terre » (3:4, 13). Ayant ces grandes et précieuses promesses en vue, nous avons devant nous ce que Dieu a devant lui, et ainsi, nous participons de la nature divine. Nous contemplons une scène où l’amour et la sainteté seront manifestés, en contraste avec la convoitise et l’iniquité de la scène présente. Nous participons de la nature divine en haïssant le mal de cette scène et en nous réjouissant dans la scène à venir de sainteté, d’amour et de joie. Nous échappons par là à la corruption qui est dans le monde par la convoitise.

Dans ces versets, l’apôtre ne s’attarde pas sur le fait important que nous avons la vie — écrivant à des croyants, cela ne se justifie guère — mais il insiste sur la grande importance de vivre la vie que nous possédons. Tout croyant a une vie nouvelle, mais examinons notre coeur et demandons-nous si nous nous contentons de savoir que nous avons cette vie ou si nous cherchons à la vivre. Le fait d’avoir la vie, si béni soit-il, ne nous permettra pas, en lui-même, d’échapper à la corruption de ce monde. Pour être préservés de la convoitise et de l’iniquité, il nous faut vivre la vie de piété pratique.


v. 5-7 Dans ces versets, l’apôtre énumère les qualités qui distinguent cette vie de piété. C’est une vie caractérisée par la foi, la vertu, la connaissance, la tempérance, la patience, la piété, l’affection fraternelle et l’amour.

La première grande qualité de cette vie triomphante est la foi ; aussi l’apôtre Jean peut dire : « C’est ici la victoire qui a vaincu le monde, savoir notre foi ». De plus, la foi doit avoir un objet, et Jean poursuit en nous indiquant cet objet, car il dit : « Qui est celui qui est victorieux du monde, sinon celui qui croit que Jésus est le Fils de Dieu ? » (1 Jean 5:4, 5). De même, l’apôtre Paul peut dire : « Ce que je vis maintenant dans la chair, je le vis dans la foi, la foi au Fils de Dieu, qui m’a aimé et qui s’est livré lui-même pour moi » (Gal. 2:20). La foi se détourne de tout ce qui est de la vue et des sens et regarde à Jésus, assurée qu’il sait « toutes choses » à mon égard, et que lui seul peut me garder (Jean 21:17).

Deuxièmement, à notre foi, il nous faudra joindre la vertu, ou le courage spirituel, et l’énergie (comme le mot l’implique). Cette énergie morale nous permettra de refuser l’activité de la chair en nous, et de résister au diable au-dehors. Vivre pratiquement une vie de piété dans un monde tel que celui où nous sommes, demandera de l’énergie spirituelle pour se renoncer à soi-même, refuser le monde et résister à Satan.

Troisièmement, outre la vertu, nous aurons besoin de la connaissance, pour acquérir la sagesse divine qui nous guidera dans toute notre conduite pratique. Sans la connaissance de Dieu et de sa pensée, révélée dans sa Parole, notre énergie même risque de nous conduire dans des sentiers de volonté propre.

Quatrièmement, la connaissance peut enfler ; aussi avec la connaissance, il nous faut la tempérance ou la retenue. Sans celle-ci, la connaissance peut nous servir à nous exalter.

Cinquièmement, à la retenue, par laquelle nous pratiquons le contrôle de nous-mêmes, nous devons joindre la patience à l’égard des autres. Sans cette patience, la tempérance par laquelle nous nous contenons peut conduire à de l’irritation envers ceux qui ont moins de retenue.

Sixièmement, notre patience doit s’exercer de concert avec la piété, ou la crainte de Dieu, sinon elle risque de dégénérer en compromis avec le mal. La piété suppose une marche en communion avec Dieu, notre vie étant ainsi vécue selon Lui et sous sa direction. Sachons recevoir comme venant de Dieu les diverses circonstances de la vie qui mettent à l’épreuve notre piété, celles qui sont avantageuses et celles qui sont adverses, et apportons-les lui.

Septièmement, avec la piété qui considère ce qui est dû à Dieu, nous devons veiller à ne pas oublier l’affection fraternelle, ou ce qui est dû à notre frère. La piété fera que nos affections se manifesteront à l’égard de ceux qui, étant des enfants de Dieu, sont nos frères et soeurs.

Enfin, à l’affection fraternelle, nous devons joindre l’amour — l’amour divin — sinon il se limitera à nos frères, au lieu de se déverser dans toute l’étendue de l’amour de Dieu sur tout le monde environnant. En outre, l’affection fraternelle peut facilement se transformer en partialité et en simple affection humaine. Quelqu’un a dit : « Si je suis dirigé par l’amour divin, j’aime tous mes frères ; je les aime parce qu’ils appartiennent à Christ ; il n’y a pas de partialité. J’aurai davantage de joie avec un frère spirituel ; mais je m’occuperai de mon frère faible avec un amour qui s’élèvera au-dessus de sa faiblesse et en tiendra compte avec de tendres égards ». L’affection fraternelle fait de notre frère l’objet principal. « L’amour » est un sentiment plus profond, et a Dieu devant lui ; nous lisons : « Par ceci nous savons que nous aimons les enfants de Dieu, c’est quand nous aimons Dieu et que nous gardons ses commandements ».


v. 8, 9 Dans ces versets, l’apôtre place devant nous d’une part les effets bénis résultant de la possession de ces qualités, et d’autre part, les conséquences sérieuses de leur absence pour celui qui ne les manifeste pas. Une vie portant ces caractères est une vie pleine et abondante, selon le désir du Seigneur que ses brebis n’aient pas seulement la vie, mais qu’elles l’aient en abondance (Jean 10:10 ) . Nous ne serons alors pas oisifs et stériles pour ce qui regarde la connaissance du Seigneur Jésus. La vie de piété pratique est une vie dans laquelle il y a du fruit pour Dieu, et du profit et de la bénédiction pour l’homme.

Celui chez qui ces qualités de la vie de piété font défaut tombera, même s’il possède la vie, dans l’aveuglement spirituel. Atteint de myopie, il ne verra que les choses présentes de ce monde. Il sera incapable de voir « loin » . Un coeur occupé de sa volonté propre et de la satisfaction de ses convoitises ne verra plus « le roi dans sa beauté », ni « le pays lointain » . Non seulement il perdra de vue les gloires à venir, mais il oubliera l’oeuvre puissante par laquelle il a été purifié de ses péchés. Si nous ne vivons pas la vie de piété, nous perdrons de vue la gloire à venir, nous retournerons dans le monde et nous tomberons dans les péchés dont nous avons été purifiés.


v. 10, 11 Par cet avertissement solennel, l’apôtre nous exhorte à user de diligence pour vivre pratiquement cette vie et affermir ainsi notre appel et notre élection. Nous gardons vivante dans notre âme la conscience de notre élection, tout en rendant un témoignage sans équivoque dans le monde qui nous entoure. De plus, en vivant cette vie, nous poursuivrons notre chemin sans faillir, et nous aurons une riche entrée « dans le royaume éternel de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ ».


v. . 12-15 L’apôtre est manifestement conscient de la rapidité avec laquelle nous oublions les grandes vérités pratiques du christianisme, car trois fois, dans ces quatre versets, il parle de faire souvenir les saints. Il est possible qu’il ait eu à la mémoire l’expérience faite le jour de la résurrection par les femmes, auxquelles l’ange dit : « Souvenez-vous comment Il vous parla » . Alors nous lisons : « Elles se souvinrent de ses paroles », expression montrant bien que le Seigneur lui-même avait parlé de ces grands événements, mais qu’elles avaient oublié ses paroles (Luc 24:6-8).

Avec quelle rapidité, hélas, n’oublions-nous pas, nous aussi « la vérité présente » ! Peu importe au diable la somme de connaissance que nous avons, pourvu qu’il parvienne à nous empêcher d’être affermis dans « la vérité présente » — la vérité de notre position actuelle devant Dieu et tout ce qui nous a été donné regardant « la vie et la piété », de même que les gloires du royaume auxquelles cette vie conduit. L’apôtre désire que nous soyons affermis dans ces choses ; et il veut nous stimuler à nous souvenir d’elles. Il savait que les paroles du Seigneur concernant « le moment de déposer sa tente » allaient bientôt s’accomplir (Jean 21:18, 19), aussi il met par écrit « la vérité présente », afin que celle-ci nous soit conservée, après son départ, dans une forme toujours accessible. Remarquons qu’il ne nomme aucun successeur apostolique pour maintenir la vérité, et qu’il ne rejette pas non plus les saints sur l’Église : il leur donne la parole écrite de Dieu comme seule autorité pour leur foi.


v. 16 Après nous avoir donné, dans ces versets qui constituent une parenthèse, les motifs l’ayant poussé à écrire, l’apôtre va nous rappeler la réalité des gloires du royaume vers lequel nous avançons. Pour en parler, il n’a pas eu recours à des fables ingénieusement imaginées par quelque esprit visionnaire. Il a rapporté des choses vues et des choses entendues. Les apôtres Pierre, Jean et Jacques ont été témoins oculaires de la majesté de Christ, constituant à eux trois un témoignage complet à sa gloire. Ils avaient connu Christ dans des circonstances de faiblesse et d’humiliation ; ils l’ont vu aussi dans sa puissance et sa majesté. La scène sur la montagne de la transfiguration était un avant-goût de sa venue, car celle-ci sera en majesté et en puissance. Puissance qui transformera le corps de notre abaissement en la conformité du corps de sa gloire, selon l’opération de ce pouvoir qu’il a de s’assujettir même toutes choses (Phil. 3:21). Ainsi, sur la montagne, ils ont vu non seulement la gloire de Christ, mais aussi la puissance de Christ par laquelle Moïse et Élie apparurent avec lui en gloire, comme représentants de tous les saints qui seront avec lui dans la gloire.


v. 17, 18 L’apôtre nous rappelle en outre que, sur la montagne, ils ont vu en Christ celui dans lequel Dieu trouvait son plaisir, celui qui était propre pour la gloire et qui a été salué par le ciel. En contraste avec le déshonneur et la honte que les hommes ont accumulés sur Christ, il a reçu de Dieu le Père honneur et gloire. En contraste avec tous les hommes qui n’ont pas atteint à la gloire, voilà un homme qui a été salué par « la gloire magnifique » comme le Fils bien-aimé du Père. De plus, la voix que l’apôtre a entendue venait du ciel ; tout le ciel partage le plaisir du Père en Christ. La scène entière nous révèle le secret des délices que le ciel trouve en Christ, et du prix que le Fils a pour le Père. L’honneur et la gloire qu’Il reçoit viennent « de Dieu le Père », « par la gloire magnifique », et « du ciel ».

L’apôtre peut à juste titre appeler « sainte montagne » un tel endroit. Au-dessus de la terre, et séparés du monde, il nous est accordé de partager avec le Père son bon plaisir en Christ. Il ne s’agit pas de ce que Christ est pour les pécheurs ; cela nous l’apprenons au milieu des peines de la plaine et des souffrances de la croix. Ce n’est pas non plus ce que Christ est pour les saints éprouvés : cela nous l’apprenons dans la chambre haute. Sur la sainte montagne, nous apprenons ce que Jésus est pour le Père, pour la gloire et pour le ciel.


v. 19 Pierre ajoute que cette scène merveilleuse sur la montagne rend la parole prophétique plus ferme. L’Ancien Testament contient de nombreuses prophéties concernant les gloires royales de Christ ; et l’apôtre dit que nous faisons bien d’y être attentifs « comme à une lampe qui brille dans un lieu obscur ». Moralement, le monde est plongé dans une ignorance totale de Dieu et de tout ce qui doit arriver. La prophétie nous donne la pensée de Dieu à l’égard des ténèbres, et de tout ce qu’il va faire pour les dissiper ; ainsi nous sommes gardés de perdre notre chemin dans ces ténèbres. Il vaut donc bien la peine d’être attentifs à la prophétie « comme à une lampe » pour le présent, et non pas de nous y intéresser simplement parce qu’elle satisfait la curiosité de notre esprit quant à l’avenir.

La révélation sur la sainte montagne est la substance de la parole prophétique. La prophétie traite des gloires terrestres ; la montagne parle du même royaume, mais nous en dévoile les gloires célestes. Considérées conjointement avec la scène sur la montagne, et correctement interprétées, les prophéties de l’Écriture feront que « le jour » commencera à luire et que « l’étoile du matin » se lèvera dans nos coeurs. L’apôtre ne parle pas du jour présent sur la terre, ni de l’étoile du matin visible dans le ciel, mais plutôt de la gloire de ce jour et de la gloire de cette Personne appelés à occuper la place qui leur est due dans le coeur des siens. Il convient de souligner ces trois mots : « dans vos coeurs ».

Le moment est proche où le matin sans nuage poindra et où le soleil de justice se lèvera « avec la guérison dans ses ailes ». Mais avant le lever du soleil, les sentinelles sont réconfortées par « l’étoile du matin ». Pendant notre pèlerinage dans un lieu de ténèbres, nous avons le privilège de connaître Christ dans les affections de nos coeurs avant sa révélation au monde.


v. 20, 21 Pour que nous portions à la prophétie l’attention qui lui est due, l’apôtre nous rappelle son vrai caractère et son origine. Il nous dit d’abord que la prophétie regarde au-delà des circonstances immédiates qui ont été à la base d’une prédiction particulière. Si tel n’était pas le cas, son intérêt ne serait qu’historique et l’avertissement moral qu’elle comporte serait celui que l’histoire peut donner. Mais nous apprenons que l’accomplissement historique immédiat de la prophétie n’en épuise pas toute la portée ; elle a souvent en vue un accomplissement plus étendu dans l’avenir. En outre, chaque prophétie particulière doit être lue en rapport avec d’autres passages, pour que nous en ayons la signification complète.

De plus, nous faisons bien d’être attentifs à la prophétie parce qu’elle n’est pas venue par la volonté de l’homme, mais « de saints hommes de Dieu » ont parlé, étant poussés par l’Esprit Saint. Il est vrai qu’en de rares occasions, l’Esprit de Dieu s’est servi d’hommes méchants pour prononcer une prophétie, comme dans le cas de Balaam dans l’Ancien Testament, et de Caïphe dans le Nouveau ; mais alors il établit clairement que le prophète est un méchant qui cherche à s’opposer tout en étant contraint de déclarer la vérité. D’une manière générale cependant, le Saint Esprit se sert de « saints hommes ».


Pour résumer les grandes vérités qui ont été placées devant nous dans ce premier chapitre, nous avons :

Premièrement, la vie de piété pratique et ses différentes qualités.

Deuxièmement, les effets pratiques d’une telle vie quand on la vit, comme aussi les sérieuses conséquences qu’entraîne le fait de ne pas la vivre.

Troisièmement, l’importance de se souvenir de « la vérité présente ».

Quatrièmement, la puissance à venir et le royaume de notre Seigneur Jésus Christ, but glorieux de la vie pratique de piété.

3 - Faux docteurs et sectes de perdition (Chap. 2)

Après avoir placé devant nous, dans la première partie de l’épître, la vie pratique de piété par laquelle nous pouvons résister à la corruption qui est dans le monde, l’apôtre dénonce maintenant cette corruption et nous met en garde contre elle. Ayant cherché à nous affermir dans « la vérité présente » (1:12), il peut nous avertir contre l’erreur présente. Dans le reste de l’épître, nous sommes, par conséquent, clairement mis en garde contre les deux formes de mal qui caractérisent la chrétienté dans les jours où nous vivons. L’apôtre dénonce d’abord, dans le chapitre 2, les sectes de perdition introduites par les faux docteurs ; puis, dans le chapitre 3, l’incrédulité des moqueurs qui nient le retour du Seigneur et l’établissement de son royaume.


v. 1 Dans ce chapitre, l’apôtre expose la terrible condition qui s’établit dans la chrétienté par les faux docteurs, et nous met en garde contre celle-ci. Le premier verset décrit le caractère du mal qui est suscité, non par l’opposition venant de dehors, mais par la corruption au milieu de la profession chrétienne. De même qu’autrefois il y a eu des faux prophètes parmi le peuple de Dieu, nous sommes avertis que de « faux docteurs » se lèveront « parmi vous ».

Ces hommes prétendent être des docteurs, et ils trompent les simples, comme un autre l’a dit, en « mélangeant l’erreur et la vérité, de manière à ce que la vérité attire les âmes sincères et les rende inattentives à l’erreur qui y est mêlée ». Ils sont « parmi vous », dit l’apôtre. Ils avaient manifestement fait une belle profession de christianisme, trompant ceux qui les avaient admis dans leur compagnie chrétienne. Si, dans les jours qui ont suivi ceux des apôtres, de telles personnes se sont levées parmi les chrétiens, devons-nous nous étonner qu’aujourd’hui de faux docteurs se manifestent dans les groupes de croyants ayant le plus de lumière ?

Les erreurs de ces faux docteurs sont introduites en secret, ou « furtivement », une déclaration qui montre que les fausses doctrines sont toujours introduites insidieusement, et non ouvertement. Cette clandestinité porte en elle sa condamnation, car il n’est pas nécessaire de voiler la vérité. Il peut certes y avoir des époques où certains groupes d’enfants de Dieu ne sont pas en état d’apprécier les vérités profondes de Dieu, comme dans le cas de l’assemblée à Corinthe (1 Cor. 3:2) ; mais il n’y avait pas de secret quant aux vérités pour lesquelles ils n’étaient pas préparés.

Ces erreurs introduites furtivement sont des « sectes de perdition ». Il ne s’agit pas simplement de vues erronées quant à la vérité, mais de sa négation ; ce sont des erreurs qui sont fatales au christianisme, qui le détruisent, et qui conduisent ceux qui les retiennent au reniement du « maître qui les a achetés ». C’est l’iniquité qui rejette l’autorité du Seigneur et ouvre la porte à toutes les formes de volonté propre. L’apôtre ne dit pas : Le maître qui les a rachetés ; il ne compte pas ces faux docteurs au nombre des rachetés. On a fait la comparaison avec « un maître qui a acheté des esclaves au marché, et ceux-ci le renient et refusent de lui obéir ». Ces hommes avaient professé le nom du Seigneur et ils avaient été reçus au milieu des chrétiens, mais maintenant ils enseignaient des erreurs reniant le Seigneur. Ils n’appartiennent pas réellement au Seigneur, et leur fin sera une prompte et complète destruction. Ils avaient introduit des sectes de perdition et ils connaissent eux-mêmes une « prompte destruction ».


v. 2, 3 Nous sommes ensuite mis en garde contre l’effet terrible produit par les erreurs de ces hommes méchants sur la masse de la chrétienté professante. « Plusieurs suivront leurs excès », est-il dit. Allant de pair avec les sectes de perdition, on trouvera toujours la mondanité la plus flagrante, car les fausses doctrines conduisent à une mauvaise marche pratique. Il se peut que la masse ne comprenne pas ou ne soit pas en mesure de suivre leurs mauvaises doctrines, mais la chair sait apprécier les voies mondaines et s’y engager.

La chrétienté, contaminée par la fausse doctrine, s’est enfoncée dans une mondanité flagrante qui caractérise la profession chrétienne aujourd’hui ; le résultat est que « la voie de la vérité » est « blasphémée ». Le monde n’est peut-être pas capable de discerner entre l’erreur et la vérité, mais il peut au moins voir et condamner la vie dissolue de ces professants. Jugeant le christianisme d’après ces hommes et leurs mauvaises vies, il est naturellement amené à blasphémer la voie de la vérité.

En outre, cette disposition d’esprit mondaine ouvre la porte à des méthodes mondaines. Poussés par la cupidité, ces faux docteurs font trafic de la religion avec « des paroles artificieuses ». Comme les Juifs autrefois avaient fait du temple de Dieu une maison de commerce, ces faux docteurs se servent de leur profession chrétienne et de leur éloquence naturelle pour gagner de l’argent.

Sous l’influence de ces hommes, une grande partie de la chrétienté a été entraînée dans l’iniquité, reniant le Seigneur, et est devenue mondaine, dissolue dans ses voies et indifférente à la vérité. Une telle condition doit inévitablement appeler le jugement de Dieu sur ces méchants. Que le jugement soit tombé autrefois sur les iniques et les rebelles n’est pas une fable. Il peut sembler pendant un certain temps que le mal prospère sans être jugé, mais Dieu n’est pas indifférent, comme quelqu’un qui sommeillerait et serait inconscient de ce qui se passe. Le jugement vient sûrement !


v. 4-8 L’apôtre prend trois illustrations solennelles dans l’histoire du monde pour prouver que l’iniquité et la rébellion appellent le jugement de Dieu en destruction. Premièrement, les anges qui ont péché ont été précipités dans l’abîme, étant livrés pour être gardés dans des chaînes d’obscurité en attendant leur jugement définitif. Deuxièmement, dans les jours de Noé, l’ancien monde des impies a été détruit par le jugement du déluge. Troisièmement, les villes de Sodome et de Gomorrhe ont été condamnées et réduites en cendres. Ces jugements solennels, par lesquels Dieu est intervenu dans les lois ordinaires de la nature et dans le cours du monde, sont des exemples pour les impies des temps qui ont suivi. La chrétienté, indifférente à ces avertissements, se livrant à la même iniquité et à la même rébellion, connaîtra le même jugement inexorable.

Néanmoins, les jugements d’autrefois qui sont un avertissement pour les impies portent en eux un encouragement pour les fidèles. Ils nous disent clairement qu’au milieu de toutes ces terribles calamités, Dieu avait ses élus qui ont été sauvés du jugement. Aujourd’hui il n’en va pas autrement, car au sein de la corruption croissante de la chrétienté Dieu a ses fidèles. Même ainsi, l’Esprit de Dieu indique qu’il y aura une grande différence entre les saints vivant une vie de piété pratique dans la séparation et les saints tournés vers le monde qui, n’ayant pas les caractères d’une vie pieuse, se livrent à des associations mondaines et par là ne font que tourmenter leur âme et s’attirer des peines.

Noé est un exemple du saint marchant dans la séparation, qui rend témoignage au monde. Nous lisons que « Noé était un homme juste ; il était parfait parmi ceux de son temps ; Noé marchait avec Dieu » (Gen. 6:9). Pierre nous dit qu’il rendait témoignage pour Dieu, étant un « prédicateur de justice ». Lot est une image de cette vaste classe de croyants qui, n’ayant pas la foi pour marcher dans le chemin de la séparation, s’installent dans le monde mais n’y sont pas des témoins pour Dieu, même s’ils sont sauvés à la fin. L’apôtre Pierre nous dit certes que Lot était « juste » ; toutefois, parce qu’il « habitait parmi » les hommes pervers, il « tourmentait de jour en jour son âme juste », en entendant leurs conversations impures et en voyant leurs actions iniques. Il ignorait tout d’une marche dans la paix et la proximité de Dieu.


v. 9 L’apôtre conclut donc que le Seigneur sait délivrer de la tentation les hommes pieux, et réserver les injustes pour le jour du jugement. Un peu plus haut, il a placé devant le croyant l’aube du « jour » de la gloire à venir ; maintenant il nous avertit du « jour du jugement » pour les méchants.

Quelle image solennelle et effrayante que celle de la condition de la chrétienté depuis ces jours ! D’abord il nous est rappelé qu’il y aura de faux docteurs introduisant des sectes de perdition, l’iniquité et la mondanité. Deuxièmement, la grande masse sera entraînée dans leurs voies mondaines, étant séduite, pour sa destruction, par leurs belles paroles. Troisièmement, nous sommes encouragés par la connaissance qu’au milieu de toute la corruption, il y aura ceux qui seront préservés du mal et qui seront des témoins pour la vérité. Quatrièmement, il y en aura qui sont véritablement justes et qui sont sauvés du jugement, mais qui, en raison de leurs associations, ne sont pas des témoins pour Dieu.

Le reste du chapitre présente d’une manière détaillée les caractères terribles de ceux qui, dans la profession chrétienne, tombent sous le jugement.


v. 10-12 Ces hommes iniques, marchant selon la chair et ses passions, se rebiffent naturellement contre tout ce qui les empêcherait de les satisfaire. Ils « méprisent la domination ». Étant caractérisés par les convoitises et l’iniquité, ils sont « audacieux » et « adonnés à leur sens ». Leurs désirs impurs les rendent audacieux dans la méchanceté ; l’iniquité les conduit à suivre leur volonté propre. Leur langue n’est pas tenue en bride, car ils « injurient » les dignités, ce que les anges ne se permettraient pas de faire. Comme des bêtes sans raison, ils parlent « injurieusement dans les choses qu’ils ignorent ». Ceux-ci périront dans leur propre corruption. La convoitise et l’iniquité ont en elles les éléments de corruption qui entraînent la destruction de ceux qui marchent dans ces choses.


v. 13 La convoitise, l’iniquité, l’audace, la volonté propre et la corruption effrénées de ces derniers jours seront plus terribles que tout débordement de mal dans le passé, en ce qu’elles se manifestent dans la profession chrétienne, et existent dans la pleine lumière de la vérité. En général les hommes, par honte, attendent l’obscurité de la nuit pour se livrer à leurs méchantes actions. Mais ceux-ci, sans honte, s’adonnent à leurs voluptés en plein jour (*). Quelqu’un a dit : « ils ont appris à voir la lumière de face et à la défier » Ils prennent leur place avec les chrétiens ; en réalité ils ne sont que des taches et des souillures sur le nom de chrétien. Sans honte, ils se glorifient de ce qu’ils trompent les autres.

(*) Note du traducteur : sens de l’expression « voluptés d’un jour » du v. 13. Fait contraste avec 1 Thess. 5:7

v. 14-17 Emportés par leurs désirs impurs, ils ont des yeux qui ne peuvent cesser de pécher, un coeur plein de cupidité, et des pieds qui ont abandonné le droit chemin. Comme pour Balaam autrefois, Dieu se sert des bêtes même pour réprimer leur folie. Ce sont des fontaines sans eau, dont les hommes s’approchent pour trouver aide et rafraîchissement, mais pour constater qu’elles n’ont rien à offrir pour répondre aux besoins de l’âme. Ils sont « des nuages poussés par la tempête » de leurs propres passions qui obscurcissent la lumière du ciel. L’obscurité des ténèbres leur est réservée pour toujours.


v. 18, 19 L’apôtre décrit avec plus de détails l’effet produit sur d’autres par ces faux docteurs. S’adressant aux hommes par « d’orgueilleux discours de vanité », qui jettent un voile sur la mondanité et sur les convoitises de la chair, ils attirent ceux qui avaient depuis peu échappé au mal. Cela ne signifie pas que ces derniers avaient été convaincus par la vérité, ni amenés à Dieu, mais que leur conscience était au moins sensible au mal. C’est à ces personnes, influencées par ces hommes méchants, que la liberté est promise par ceux qui eux-mêmes sont esclaves de la corruption.


v. 20-22 En dépit de leur prétention d’être les serviteurs du Seigneur, ces faux docteurs avec leurs belles paroles de vanité sont les esclaves de la corruption. Ils avaient fait profession de christianisme et, par la connaissance du Seigneur, ils avaient échappé pour un temps aux souillures du monde. Mais étant de nouveau enlacés et vaincus, ils prouvent que bien qu’ayant connu « la voie de la justice », ils ne l’ont pas suivie et, malgré toute leur profession et leurs discours ronflants, ils ne sont pas véritablement des brebis de Christ. Ils ne peuvent être comparés qu’à un chien qui retourne à ce qu’il a vomi, ou à une truie qui, même lavée, reste une truie et dès que l’occasion s’en présente, retourne se vautrer au bourbier.

4 - Les moqueurs et le matérialisme (Chap. 3)

Dans la partie que nous venons de considérer, l’apôtre nous a mis en garde contre les faux docteurs qui se lèveront dans le cercle chrétien. Les apôtres n’étant plus là, ces faux docteurs ont surgi, annonçant des doctrines perverses et introduisant des sectes de perdition (Actes 20:29, 30; 2 Pierre 1:14,15; 2:1). En conséquence, la masse des chrétiens professants se trouve entraînée dans la mondanité, l’iniquité et la corruption, qui ont caractérisé la chrétienté au cours des siècles.

Après donc avoir parlé des faux docteurs qui se lèveraient parmi ceux auxquels il écrivait, l’apôtre continue en nous mettant en garde contre les aspects particuliers du mal qui caractériseront la profession chrétienne « aux derniers jours » (v. 3). Il nous dit que ces derniers jours seront marqués par les moqueurs et par le matérialisme.


v. 1, 2 Avant de parler en détail de ces deux problèmes, l’apôtre nous prépare à les rencontrer et nous encourage pour leur résister en nous rejetant sur la parole de Dieu. Aussi commence-t-il cette dernière partie de son épître en disant qu’il écrit pour réveiller notre pure intelligence par le rappel de ces faits à notre mémoire. Puis il nous dit clairement que nous devons nous souvenir « des paroles qui ont été dites à l’avance par les saints prophètes » et « du commandement du Seigneur et Sauveur » par les apôtres. Il ne nous adresse pas à l’église pour être dirigés ; il ne nous invite pas davantage à attendre une révélation nouvelle, car la parole de Dieu est complète. Il nous dit de nous « souvenir » de ce qui a déjà été donné par inspiration. Dans la parole de Dieu nous avons la révélation de la vérité qui dénonce tout ce qui est faux et nous permet de refuser les erreurs des faux docteurs aussi bien que le matérialisme flagrant des moqueurs. La Parole est l’épée dont se sert l’Esprit pour nous rendre capables de « tenir ferme contre les artifices du diable ». « Toute écriture est inspirée de Dieu, et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice, afin que l’homme de Dieu soit accompli et parfaitement accompli pour toute bonne oeuvre » (2 Tim. 3:16, 17).


v. 3, 4 L’apôtre nous a rejetés sur la parole de Dieu pour faire face aux erreurs des hommes ; maintenant il va nous mettre en garde contre les formes spéciales que revêt le mal aux derniers jours de la chrétienté. Il nous dit qu’une classe de moqueurs impies se lèvera au milieu de la profession chrétienne. Comme toujours, l’incrédulité est associée à une mauvaise condition morale. L’ incrédulité a sa source dans la convoitise, et ces hommes sont décrits comme « marchant… selon leurs propres convoitises ». Celui qui ne peut pas croire ce que Dieu dit, fait ce que Dieu défend. Nous apprenons ensuite ce qu’ils disent : « Où est la promesse de sa venue ? » Ils soulèvent des questions sur un événement qui, ils le réalisent bien, va contrarier la satisfaction de leurs convoitises.

Il nous est dit premièrement ce que ces hommes sont « des moqueurs » ; deuxièmement ce qu’ils font : ils marchent « selon leurs propres convoitises » ; troisièmement ce qu’ils disent : « Où est la promesse de sa venue ? » Enfin les arguments dont ils se servent nous sont rapportés. Ils prétendent que le Seigneur n’interviendra bien évidemment pas dans les affaires des hommes, « car, depuis que les pères se sont endormis, toutes choses demeurent au même état dès le commencement de la création ». Cet argument est une expression flagrante de matérialisme incrédule, connu de nos jours comme le modernisme. Ces hommes ne sont pas simplement les moqueurs insouciants du monde ; ils sont des moqueurs délibérés qui avancent prudemment des arguments percutants pour tâcher de prouver que les avertissements de la parole de Dieu ne sont que des fables et des traditions.

Nous avons pu voir que l’apôtre, dans le cours de son épître, montre clairement qu’il y a un avenir pour les fidèles, pour les incrédules et pour la création matérielle. Dans le premier chapitre, il nous dit que les fidèles entreront dans le royaume éternel de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ ; dans le chapitre 2, nous apprenons que les méchants seront livrés au jugement et à la perdition ; et dans notre chapitre 3, il annonce que la création matérielle sera dissoute. Tous ces grands épisodes attendent « la puissance et la venue de notre Seigneur Jésus Christ » (1:16),


Nous comprenons alors, d’une part pourquoi cet événement capital occupe une place si importante dans l’Écriture, et d’autre part, pourquoi cette grande vérité est l’objet particulier des attaques de l’Ennemi. La vérité de la venue du Seigneur n’est pour personne plus désagréable que pour ceux qui, dans la profession chrétienne, marchent selon leurs propres convoitises. Ils chercheront à nier un événement qu’ils redoutent en prétendant qu’il est contraire à toute expérience et, par conséquent, déraisonnable et impossible.


v. 5 Dans les versets qui suivent, l’apôtre expose la folie des arguments incrédules de ces matérialistes. Il nous a déjà préparés à répondre à leurs objections par la parole de Dieu. Maintenant, il recourt encore à la Parole pour dénoncer leurs raisonnements insensés. Par leur question : « Où est la promesse de sa venue ? » ils admettent que la promesse de la venue de Christ existe. Elle est même si souvent répétée dans la Parole, qu’il serait fou de vouloir en nier la présence. La vérité de la promesse leur étant insupportable, et ne pouvant pas en nier l’existence, ils sont conduits à ignorer la Parole pour être débarrassés de la promesse. Ils reconnaissent qu’elle est dans la Parole, mais refusent de croire ce que Dieu dit.

Ils vont même plus loin, car ils nient que Dieu l’a dit en mettant en doute l’inspiration de la Parole. Se détournant de la Parole, ils tirent des conclusions à partir de la création matérielle. Ils parlent du « commencement de la création », admettant donc qu’il y a eu un commencement, mais, s’opposant à Dieu dans leur esprit, ils cherchent à expliquer la création par des causes naturelles. Le croyant sait cependant que « par la parole de Dieu, des cieux subsistaient jadis » et que la terre a été tirée des eaux pour devenir l’habitation de l’homme.


v. 6 En outre, ces moqueurs disent que depuis que les pères se sont endormis, toutes choses demeurent au même état dès le commencement de la création. Raisonnant à partir de ce qu’ils voient, ils tirent des conclusions quant à ce qui sera. La foi, qui se détourne de ce qui est visible et s’appuie sur la parole de Dieu, sait que ces arguments sont complètement faux. Les choses sont bien loin de demeurer ce qu’elles étaient dès le commencement, en raison des interventions saisissantes de Dieu en jugement. Le déluge est le principal témoignage de l’intervention de Dieu sur le cours ordinaire de la nature. Lorsque la méchanceté des hommes eut atteint son comble, et sur leur refus d’écouter Sa parole prêchée par son serviteur, Dieu intervint par le jugement du déluge par lequel le monde d’alors fut détruit.

La foi, acceptant le récit que Dieu donne du déluge, a la pleine assurance que Dieu peut intervenir, et qu’il est déjà intervenu pour changer l’ordre de la nature ; et que ce que Dieu a fait, il peut le refaire, et il le refera, à l’égard des cieux et de la terre de maintenant.


v. 7 Si, par sa parole, Dieu a amené le monde à l’existence, il peut assurément y mettre fin par sa parole. Si Dieu est intervenu en jugement, il peut le faire encore. Aussi l’apôtre dit-il : « Les cieux et la terre de maintenant sont réservés par sa parole pour le feu, gardés pour le jour du jugement et de la destruction des hommes impies ».


Pour résumer les déclarations de l’apôtre, nous apprenons que :

Premièrement, par sa parole, Dieu a créé les cieux et la terre.

Deuxièmement, par sa parole, Dieu est intervenu par un jugement qui a amené le déluge sur le monde des hommes impies, de sorte que le monde d’alors fut détruit.

Troisièmement, par sa parole, les cieux et la terre de maintenant sont réservés pour le feu, gardés pour le jour du jugement des hommes impies de la génération présente.

À la lumière des faits révélés par l’Écriture, nous comprenons que le moderniste incrédule nie l’inspiration des Écritures, pour être débarrassé du témoignage du déluge et des promesses de la venue du Seigneur, avec l’intervention divine dans le cours du monde et le jugement des impies qui en résultent.


v. 8-10 L’apôtre a dénoncé les arguments insensés du matérialiste moqueur qui, ignorant volontairement la parole de Dieu, profite du retard dans l’accomplissement de la promesse de Dieu pour nier la venue du Seigneur. Maintenant, il engage les bien-aimés du Seigneur à ne pas méconnaître la raison de ce délai. D’abord, le croyant est invité à se souvenir que ce qui peut paraître une longue période à nos yeux n’est qu’un court instant pour le Seigneur, car « un jour est devant le Seigneur comme mille ans, et mille ans comme un jour ». Deuxièmement, n’oublions jamais que la promesse est Sa promesse, et que sa parole est infaillible. Troisièmement, il y a une raison au délai. Le Seigneur ne tarde pas pour ce qui concerne l’accomplissement de sa promesse, mais il est patient, « ne voulant pas qu’aucun périsse, mais que tous viennent à la repentance ». Dans sa grâce, Dieu laisse du temps pour la repentance avant que le jugement tombe ; dans son incrédulité, l’homme se sert de ce délai pour nier qu’il y aura jamais un jugement.

Toutefois, en dépit du retard dans l’accomplissement de Sa promesse, et malgré ce que les moqueurs peuvent dire, « le jour du Seigneur viendra », dans lequel « les cieux passeront avec un bruit sifflant, et les éléments embrasés seront dissous ». L’apôtre ne parle pas de la venue du Seigneur pour ses saints, ni de l’apparition du Seigneur avec eux ; il parle du « jour du Seigneur » qui sera introduit par ces grands événements. C’est le jour où le Seigneur régnera sur la terre et gouvernera avec une verge de fer, réduisant d’une main ferme toute opposition contre Dieu. Ce jour est introduit par l’apparition du Seigneur, mais il se poursuivra pendant les mille ans du règne, jusqu’à l’introduction de l’état éternel après la dernière grande intervention de Dieu en jugement. Tout l’aspect de la nature sera alors changé, car « les éléments embrasés seront dissous » et toute trace des grandes oeuvres par lesquelles les hommes ont cherché à se glorifier au cours des âges disparaîtront, parce que « la terre et les oeuvres qui sont en elle seront brûlées entièrement ». L’apôtre adopte le langage des écrits prophétiques qui, il nous l’a déjà dit, sont comme une lampe qui brille dans un lieu obscur (voir Ps. 102:26; Es. 34:4; 66:22; Michée 1:4; Zach. 3:8).

Prêter l’oreille à ces moqueurs et nier la promesse de Sa venue, c’est demeurer dans les ténèbres, être entraînés sans espérance vers l’éternité, sans savoir comment tout le mal d’un monde impie sera traité, ni comment le fidèle sera introduit dans la bénédiction éternelle. Car souvenons-nous que et le jugement des impies et la bénédiction du fidèle auront leur accomplissement par la venue de Christ. Si nous lâchions la promesse de sa venue, notre âme perdrait tout !


v. 11 -13 Mais la foi s’attache à cette promesse et a dès lors la certitude que toutes les choses visibles de l’ordre actuel du monde seront dissoutes. Comme toujours, la foi en activité doit avoir un effet sur notre vie. Elle conduira à une sainte séparation du monde qui nous entoure et qui va être dissout, mais de séparation pour la vie de piété que l’apôtre a présentée d’une manière si bénie dans le début de son épître. Marchant ainsi, nous attendrons et hâterons la venue du jour de Dieu, dans lequel toute forme de mal aura disparu pour toujours.

La foi fait davantage encore ; elle voit loin et nous transporte au-delà du jugement dans « de nouveaux cieux et une nouvelle terre ». En étant attentifs à la parole prophétique, comme à une lampe qui brille dans un lieu obscur, l’aube d’un jour glorieux commence à luire aux regards de la foi. Et « l’étoile du matin » — Celui dont la venue introduira le jour — aura la place qui lui revient dans notre cœur. « Selon sa promesse », dit l’apôtre, « nous attendons de nouveaux cieux et une nouvelle terre ». Non pas selon notre imagination, ou selon nos sentiments, mais selon sa parole infaillible : « Sa promesse ». Pour la seconde fois, l’apôtre nous rappelle que c’est Sa promesse et que, par conséquent, son accomplissement est certain (v. 9 et 13).

Nous apprenons en outre le caractère qu’auront les nouveaux cieux et la nouvelle terre. Ce sera une scène dans laquelle « la justice habite ». Le monde actuel se distingue par toutes les formes de corruption et de violence, de convoitises et d’iniquités ; la nouvelle création sera marquée par une justice immuable. Ce ne sera pas le règne de la justice, comme dans les jours du millénium, ce qui implique que le mal est encore là et qu’il doit être réprimé. Dans la scène nouvelle, la question du mal ayant été réglée, la justice habitera.


v. 14-16 Une fois encore, l’apôtre invite les croyants à laisser cet avenir glorieux exercer actuellement un effet dans leur vie. Savoir que ce monde est voué au jugement devrait conduire à une vie de séparation dans la crainte et la piété. Connaître la bénédiction à venir des nouveaux cieux et de la nouvelle terre devrait nous garder en paix, sans tache et irréprochables. Le terrible état de la chrétienté dans les derniers jours, tel que l’apôtre l’a décrit, pourrait en soi distraire et troubler l’âme. La perspective de cette nouvelle scène fera que nous chercherons à nous conduire de telle manière que lorsque Christ viendra, il nous trouve marchant humblement et paisiblement devant lui, n’étant pas souillés par ce monde, irréprochables dans notre vie et persévérants dans l’attente, confiants que la patience du Seigneur est salut. Sondons nos coeurs et demandons-nous : Comment nous trouvera-t-il quand Il viendra ? (Voir Luc 12:37, 38, 43; 2 Pierre 3:14).

En termes affectueux, l’apôtre mentionne Paul comme étant avec lui témoin de « ces choses » pour les croyants hébreux. Il cite les écrits de Paul comme faisant partie des Écritures, et il nous met en garde contre « les ignorants et les mal affermis » qui tordent ses écrits, comme aussi les autres écritures, à leur propre destruction.


v. 17, 18 Après nous avoir rappelé ces choses, et nous avoir mis en garde contre les faux docteurs, contre les moqueurs des derniers jours, et ceux qui tordent les Écritures à leur propre destruction, l’apôtre nous avertit encore de ne pas nous laisser entraîner par « l’erreur des pervers », perdant par là notre assurance en abandonnant la fermeté qui est le propre du croyant.

Nous devons chercher à croître dans la grâce et dans la connaissance de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ. Pour la cinquième fois dans cette courte épître, notre bénédiction est liée à la connaissance de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ (1:2, 3, 8; 2:20). L’apôtre a placé devant nous la valeur des écrits prophétiques, les commandements des apôtres, et l’immense importance de s’attacher à la parole de Dieu, mais il réalise que la simple connaissance de la lettre ne nous préservera pas. Nous ne faisons un bon usage des Écritures que lorsque nous acquérons par la Parole une connaissance plus profonde de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ. « À lui la gloire, et maintenant et jusqu’au jour d’éternité ! Amen ». N’oublions pas le mot « maintenant ». Nous admettons tous que la gloire lui appartiendra à toujours, mais examinons chacun notre coeur et demandons-nous : Est-ce que Christ est glorifié par ma vie maintenant déjà ?