Michael Hardt
Im Glauben leben, 2024-12 p.11
2.1 - Il est absolument vrai que …
2.2 - Mais il y a des raisons importantes qui s’opposent à ce que nous priions le Saint Esprit :
Devrions-nous, en tant que chrétiens, prier le Saint Esprit ?
Plusieurs arguments sont soutenus qui semblent plaider en ce sens :
1) Nous devrions entretenir une communion intime avec
l’Esprit qui habite en nous.
Nous pourrions Lui
demander de nous remplir entièrement, de nous guider et d’agir parmi nous.
2) Si l’on ne prie pas le Saint Esprit, on se met
vite à penser qu’Il est une personne d’ordre inférieur dans la Déité — ce qui
ne serait pas correct.
3) Le fait que l’on parle à l’Esprit se trouve par
exemple en Ézéchiel 37:9.
le Saint Esprit est une personne divine : Il parle, choisit, juge bon, peut être attristé, etc. (Actes 13.2 ; 1 Cor 12.11 ; Éph. 4.30).
le Saint Esprit est Dieu (Actes 5:3,4) et ne doit pas être considéré comme d’importance secondaire.
Il est au même niveau que le Père et le Fils (Matt. 28:19).
le Saint Esprit doit nous remplir entièrement (Éph. 5:18).
1. La Bible ne nous y invite jamais.
2. La Parole de Dieu ne relate aucun exemple où des
croyants auraient prié le Saint Esprit.
Au contraire,
elle montre que des prières ont été adressées au Père (Éph. 1:17 ; 3:14)
ou au Fils ou au Seigneur Jésus (Actes 7:59 ; 2 Cor. 12:8).
Nous
sommes bien avisés si nous suivons le modèle biblique.
La pratique de prier le Saint Esprit était inconnue des premiers chrétiens. Elle n’est apparue que tardivement dans l’histoire de l’Église, et le mouvement charismatique au 20e siècle y a fortement poussé. Dans ce mouvement, on insiste beaucoup sur le côté subjectif de la vie du croyant : l’action (parfois seulement supposée) de l’Esprit en nous, les dons de l’Esprit et nos expériences. Ce faisant, on a parfois perdu de vue que le but spécifique de l’Esprit est de rendre Christ grand, de Le glorifier (Jean 16:14).
3. La Parole de Dieu indique clairement que les
différentes personnes de la Déité assument des « rôles » différents :
Le Père a envoyé le Fils.
Le Fils a révélé le Père dans sa vie parfaite et dans sa mort en sacrifice.
Le Saint Esprit est avec nous pour que nous ne soyons pas « orphelins » (Jean 14:18).
C’est par Lui que le Fils vient à nous (Jean 14,18).
Il glorifie Christ et nous annonce les choses qui concernent Christ et le Père (Jean 16:14,15).
Notre communion est centrée sur le Père et le Fils (1 Jean 1:3). Par conséquent, nos prières et notre adoration s’adressent au Père et au Fils. Le Saint Esprit a la charge de nous aider à cultiver cette communion avec le Père et le Fils. Dans ce contexte, il est intéressant de noter qu’il est parlé de la « communion du Saint Esprit », et non pas : « avec le Saint Esprit » (2 Cor. 13:13).
À cela s’ajoute le fait que le Saint Esprit habite et opère en nous. Ce fait également soutient la pensée que nous ne prions pas le Saint Esprit.
Abordons brièvement quelques contre-arguments :
1. « La Bible n’interdit pas de prier le Saint Esprit ».
C’est un argument faible. Faire quelque chose simplement parce que la Bible ne l’interdit pas explicitement, ne mène pas à une vie selon la volonté de Dieu. Le Seigneur Jésus a dit : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole » — c’est-à-dire pas seulement Ses paroles ou Ses commandements, mais l’ensemble de la Parole (Jean 14:23 ; cf. 1 Jean 2:14).
2. « Si nous devons être remplis de l’Esprit, pourquoi
ne pas le Lui demander ? »
Il est vrai que nous devons être remplis de l’Esprit, mais pour cela nous devons « Lui faire de la place ». Nous devons exercer le jugement de nous-mêmes en confessant, et abandonnant ce qui n’est pas bon. Mais nous ne lisons rien sur ce que nous devrions demander à l’Esprit de nous remplir.
3. « Si l’Esprit habite en nous, ne devrions-nous pas
L’en remercier et Le prier pour qu’Il cultive la communion ? »
Bien sûr, nous devrions être reconnaissants pour le don du Saint Esprit. Mais l’Écriture dit que le Père a envoyé l’Esprit et que le Fils a envoyé l’Esprit (Jean 14:26 ; 15:26). Rien ne s’oppose à remercier le Père et le Fils pour ce don — au contraire, tout plaide en faveur de ce que nous le fassions.
Jude ne nous exhorte pas à prier « le Saint Esprit », mais à prier « par le Saint Esprit », c’est-à-dire avec la puissance et sous la conduite du Saint Esprit (Jude 20).
4. « Ézéchiel a été invité à prier l’Esprit (Éz 37) ».
On argumente parfois que le prophète Ézéchiel a reçu l’ordre de prier le Saint Esprit. Il s’agit du passage suivant :
« Il me dit : Prophétise au souffle, prophétise, fils d’homme, et dis au souffle : Ainsi parle le Seigneur, l’Éternel : Esprit (ou : Toi, Souffle), viens des quatre vents, et souffle sur ces hommes tués et qu’ils vivent ! Et je prophétisai comme il m’avait ordonné ; et le souffle entra en eux, et ils reprirent vie » (Éz 37:9,10).
Il existe quelques traductions qui traduisent ici « esprit » au lieu de « souffle ». On en déduit qu’Ézéchiel a été invité à prier l’Esprit de Dieu, à Lui parler. Que faut-il penser de cette argumentation ?
Le mot « souffle » (ruach en hébreu) peut signifier souffle ou esprit. Selon le contexte, il est traduit par souffle, vent, haleine ou esprit. Dans l’Ancien Testament, il est utilisé pour désigner aussi bien l’Esprit de Dieu (Gen. 1:2) que l’esprit humain (Gen. 41:8 ; 45:27).
En Ézéchiel 37, il s’agit de la fameuse vision de la vallée des ossements de morts. Ces os reçoivent des nerfs, de la chair, de la peau et finalement du souffle (Éz. 37:1-6). Les os symbolisent le peuple d’Israël, comme le texte le dit explicitement : « Ces os sont toute la maison d’Israël » (37:11). La vision décrit donc que le peuple d’Israël sera à nouveau rassemblé et ressuscité (spirituellement).
Le contexte montre clairement qu’ici il faut traduire par « souffle » ou « respiration ». Il s’agit d’éveiller les os pour leur donner une nouvelle vie. Ils doivent se rapprocher, être revêtus de nerfs, de chair et de peau — et finalement vivre ! Le souffle ou la respiration représente la vie (cf. Ps. 150:6). Ainsi, il est dit : « Le souffle entra en eux et ils devinrent vivants » (Éz. 37:10).
Il est sans doute vrai que dans l’interprétation de la vision, Dieu parle de Son Esprit : « Je mettrai mon Esprit en vous, et vous vivrez, et je vous établirai dans votre pays » (Éz. 37:14). Cela montre que la restauration d’Israël se fera par le moyen du Saint Esprit. C’est la signification spirituelle. Mais dans la vision elle-même, il est question de souffle, et donc de vie, et non pas du Saint Esprit en tant que personne (*).
(*) Après avoir fait l’homme, Dieu a soufflé « une respiration de vie » dans ses narines avec pour résultat que : « l’homme devint une âme vivante » (Genèse 2:7). Ici aussi, nous retrouvons le lien entre le souffle et la vie. De même, le Seigneur ressuscité a soufflé dans les disciples, et leur a ainsi communiqué le Saint Esprit comme puissance de la vie éternelle — la vie en abondance (Jean 10:10 ; 20:22). Il a dit : « Recevez Esprit Saint » (sans article — c’est-à-dire qu’il ne s’agissait pas de l’Esprit Saint en tant que personne). Tout cela soutient l’idée que l’image dans Ézéchiel 37 est une esquisse : Il ne s’agit pas de l’Esprit Saint en tant que personne, mais du fait qu’Israël, en tant que nation, s’éveillera un jour à une nouvelle vie spirituelle.
De plus, Ézéchiel doit prophétiser au souffle. Les prophéties ne s’adressent pas à des personnes divines. Il s’agit ici pour Ézéchiel de participer à la prophétie concernant Israël, en prononçant lui-même l’appel à ce que la vie revienne dans ces os.
Les prophètes accomplissaient parfois des actes symboliques pour illustrer leur message. Jérémie s’est mis un joug autour du cou, Zacharie a brisé deux bâtons, etc (Jér. 27:2 ; Zach. 11:10,14). Ces actions symboliques illustrent des événements prophétiques futurs. Il en a été de même pour Ézéchiel. Il devait prononcer l’appel de façon à participer à la prophétie et à illustrer le fait que Dieu allait faire revivre le peuple d’Israël qui était mort.
Il ne peut donc pas être question qu’Ézéchiel s’adresse ici à l’Esprit Saint, comme dans une sorte de prière. Il est intéressant de noter qu’il est écrit : « Et je prophétisai (et non pas : « Et je priai ») comme il m’avait commandé » (37:10). Cela montre le caractère des paroles prononcées.
La tentative de justifier la prière au Saint Esprit par Ézéchiel 37 n’est pas tenable. Elle se base sur une traduction moins appropriée et néglige le contexte.
Dieu nous a richement dotés, en tant que chrétiens, du « don du Saint Esprit » (Actes 2:38 ; 10:45). Le fait que l’Esprit habite en nous est un grand cadeau (2 Tim. 1:14). Grâce à Lui, nous pouvons jouir de la communion avec le Père et le Fils. Nous sommes bien avisés de suivre le modèle biblique, et d’adresser nos prières et notre adoration au Père et au Fils, par (ou dans) l’Esprit Saint (Éph. 2:18 ; 6:18 ; Jude 20).