Résidu Juif et Espérance chrétienne

Michael Hardt

Regroupement par Bibliquest de deux articles, Im Glauben leben, 2021-11 p. 3 et 2021-12, p. 17


1 - [L’existence d’un « Résidu » juif et les indications qu’en donne la Parole de Dieu]

1.1 - [Les deux fils d’Ésaïe et leurs] noms symboliques. Shéar-Jashub

1.2 - Une pièce importante de mosaïque Biblique : [Le « Résidu »]

1.3 - [Ce qu’est ce « Résidu »] — Ce n’est pas une construction de l’imagination

1.4 - Pourquoi ce terme singulier de « Résidu » ?

1.5 - Paul, dans le Nouveau Testament, parle aussi du « Résidu ».

1.6 - Ésaïe parle du Résidu ailleurs que dans le nom de son fils

1.7 - De nombreux autres livres de la Bible parlent du Résidu.

1.8 - Destinée de la majorité du peuple hors Résidu. Leur châtiment

2 - Est-ce utile ou nécessaire de s’intéresser au Résidu juif ?

2.1 - [Une notion indispensable pour comprendre certains passages de l’Écriture]

2.2 - Conséquences fatales de confondre le Résidu et les chrétiens de l’époque actuelle

2.3 - Risque de perdre de vue les riches privilèges chrétiens et l’espérance chrétienne

3 - L’existence d’un Résidu distinct des chrétiens actuels découle aussi de trois alliances établies par Dieu

3.1 - l’alliance avec Abraham

3.2 - l’alliance avec David

3.3 - la nouvelle alliance

4 - Pourquoi le Résidu n’existe qu’après le temps de l’Assemblée (Église) ?

5 - En résumé


1 - [L’existence d’un « Résidu » juif et les indications qu’en donne la Parole de Dieu]

1.1 - [Les deux fils d’Ésaïe et leurs] noms symboliques. Shéar-Jashub

Ésaïe avait deux fils dont les noms, bien qu’ils ne soient pas faciles à prononcer, ont une signification importante :



On peut bien se douter que ces deux noms cachent un sens plus profond. Un peu plus loin, Ésaïe dit :

« Voici, moi et les enfants que l’Éternel m’a donnés, nous sommes devenus des signes et des prodiges en Israël … » (Ésaïe 8:18).

Shéar-Jashub et son frère étaient donc « pour signes et pour prodiges » en Israël. « Prodiges » ou « miracles » pourrait aussi être traduit par « modèles ». Les deux fils d’Ésaïe et leurs noms ont une signification symbolique, des exemples figuratifs. Nous nous intéresserons ici au premier chef à la signification de « Shéar-Jashub ».


1.2 - Une pièce importante de mosaïque Biblique : [Le « Résidu »]

Il y a des pierres de mosaïque qui, prises isolément, ne semblent guère intéressantes. Mais lorsqu’elles manquent, les autres pièces de la mosaïque ne sont plus vraiment mises en valeur, et l’image globale est perdue.

Le « Résidu » (ou « reste ») dont parle « Shéar-Jashub » est une pièce de ce genre dans la mosaïque de la vérité biblique. La méconnaissance de ce « Résidu » a des conséquences fatales pour notre compréhension de la Bible.

Le « Résidu » est un groupe de personnes souvent négligé, bien qu’il occupe une place importante dans de nombreux livres de la Bible. Il en résulte souvent qu’on situe de travers le plan du salut, soit qu’on passe complètement à côté d’une époque importante, soit qu’on tire des conclusions erronées sur ce qui nous concerne directement en tant que chrétiens.


1.3 - [Ce qu’est ce « Résidu »] — Ce n’est pas une construction de l’imagination

Ce groupe de personnes n’est ni une construction de l’imagination ni une invention de certains commentateurs ou interprètes de l’Écriture. Ce n’est pas seulement la signification symbolique et prophétique du nom de Shéar-Jashub qui nous fait connaître l’existence de ce Résidu, mais la Bible le montre clairement : Il s’agit d’un groupe de Juifs croyants et fidèles, qui seront dans une très grande détresse, et qui se confieront en Christ et en ce que Lui les sauvera finalement lorsqu’Il viendra établir son royaume.

Si nous perdons de vue la différence entre les Juifs du futur et les chrétiens de l’époque actuelle, nous serons incapables de retenir la vérité, en particulier l’espérance chrétienne ; elle nous filera entre les doigts comme du sable fin.

En revanche, si nous prenons à cœur ce que la Parole de Dieu dit à ce sujet, nous serons émerveillés à la fois de la bénédiction de l’époque chrétienne et de la sagesse de Dieu dans Ses voies pour l’avenir.


1.4 - Pourquoi ce terme singulier de « Résidu » ?

Du fait que ces personnes fidèles sont en contraste complet avec la masse du peuple incrédule d’Israël, on les appelle souvent le « Résidu » du peuple d’Israël. Cette expression parait un peu technique, et n’est pas très courante parmi de nombreux chrétiens. Elle est néanmoins conservée ici pour les raisons suivantes :


Il y a également eu à d’autres époques (par exemple au temps d’Ézéchias) des personnes désignées comme un « Résidu ». Mais nous nous intéressons ici surtout à un « Résidu » qui existera un jour, dans le futur.


1.5 - Paul, dans le Nouveau Testament, parle aussi du « Résidu ».

Il est trompeur de penser que ce « Résidu » ne se trouve que dans quelques passages bibliques difficiles à pénétrer. Il existe toute une série de passages bibliques qui se réfèrent à lui directement et explicitement. De plus, de nombreux passages du Nouveau comme de l’Ancien Testament, parlent de lui sans utiliser le terme de « Résidu ».

L’apôtre Paul mentionne ce Résidu dans sa lettre aux Romains :

« Mais Ésaïe s’écrie sur Israël : ‘Si le nombre des fils d’Israël était comme le sable de la mer, seul le Résidu sera sauvé’ » (Rom. 9:27).

Ce verset montre déjà que le Résidu est une partie du peuple d’Israël en contraste avec la masse du peuple (incroyant).


1.6 - Ésaïe parle du Résidu ailleurs que dans le nom de son fils

On le voit encore plus précisément si l’on regarde la citation d’Ésaïe que Paul utilise ici :

« En ce jour-là, le Résidu d’Israël et les réchappés de la maison de Jacob ne s’appuieront plus sur celui qui les a frappés, mais ils s’appuieront sur l’Éternel, le Saint d’Israël, en vérité » (Ésaïe 10:20).

Les personnes qui composeront le Résidu appartiennent donc à Israël, elles sont de la « maison de Jacob ». Elles connaissent Dieu en tant que « Saint d’Israël » (non pas en tant que Père). Ce Résidu est composé de gens ayant échappé à un danger aigu (des « rescapés »). Il se distinguera par leur confiance en Dieu qui a si souvent fait défaut à Israël en tant que nation. Enfin il y aura de « ceux qui restent » qui s’appuieront sur l’Éternel.

Cela soulève la question de savoir quand et comment il y aura un tel Résidu. Nous y reviendrons plus en détail. Mais le verset suivant fournit déjà une partie de la réponse :

« Le Résidu reviendra, le Résidu de Jacob, vers le Dieu fort » (Ésaïe 10:21).

Il y aura donc une minorité au sein du peuple d’Israël qui se tournera vers Dieu — exactement comme l’indique le nom de Shéar-Jashub.


1.7 - De nombreux autres livres de la Bible parlent du Résidu.

Bien sûr, le témoignage de Paul et d’Ésaïe suffit amplement. Mais de nombreux autres livres bibliques traitent de ce sujet : l’évangile de Matthieu, l’Apocalypse, de larges parties de la Parole prophétique et des Psaumes, et même de nombreux livres historiques, si l’on y ajoute les représentations symboliques du Résidu. Nous y reviendrons plus tard.


1.8 - Destinée de la majorité du peuple hors Résidu. Leur châtiment

Qu’arrivera-t-il au reste de la nation, c’est-à-dire à ceux qui ne retourneront pas à Dieu ? Le verset suivant donne à nouveau la réponse. La masse incrédule du peuple sera jugée par Dieu :

« Quand bien même ton peuple, Israël, serait comme le sable de la mer, seul un Résidu reviendra. L’extermination est décidée fermement, elle amène une justice débordante » (És. 10:22 ; JND : « la consomption décrétée débordera en justice »).

Cela correspond au message contenu dans le nom du second fils d’Ésaïe : « Le pillage se hâte, le butin arrive bientôt ». D’une part, Dieu livrerait le peuple à l’Assyrien pour le pillage et comme butin (És. 10:5,6) et d’autre part, la partie incrédule du peuple sera jugée par Dieu. Ésaïe qualifie cette conséquence de « décidée fermement » (És. 10:23).


2 - Est-ce utile ou nécessaire de s’intéresser au Résidu juif ?

2.1 - [Une notion indispensable pour comprendre certains passages de l’Écriture]

En quoi vaut-il la peine, pour les chrétiens, de s’intéresser à ce Résidu juif ? Pourquoi le fait de négliger ce groupe de croyants a-t-il des conséquences fatales ? — Tout simplement parce que cela conduit à appliquer aux chrétiens des passages qui ne parlent pas des chrétiens. Deux exemples à ce sujet :



2.2 - Conséquences fatales de confondre le Résidu et les chrétiens de l’époque actuelle

Ce qui est grave là-dedans, c’est de confondre deux groupes de personnes dont les espérances, les principes et les relations avec Christ sont totalement différents :



Si l’on adopte la conclusion erronée que les gens du temps de la grande tribulation (Matt. 24, Apoc. 11 à 13, etc.) sont des chrétiens, alors, au lieu d’attendre le Seigneur, on devrait attendre l’Antichrist et le dictateur romain ! Ce ne serait guère l’immense et « bienheureuse espérance » (1 Thes. 1:10 ; Tite 2:13) !


2.3 - Risque de perdre de vue les riches privilèges chrétiens et l’espérance chrétienne

En d’autres termes : Ceux qui négligent ou ignorent le Résidu, mélangent le judaïsme et le christianisme, et perdent ainsi des vérités chrétiennes importantes et la perspective chrétienne de la vie. Ainsi, des parties importantes de la « foi une fois transmise » (Jude 3) se retrouvent dans la ligne de mire :



Les parties de la vérité mises en danger sont donc précisément celles qui concernent notre richesse comme chrétiens. Il vaut vraiment la peine de se pencher un bon coup sur le sujet du Résidu.


3 - L’existence d’un Résidu distinct des chrétiens actuels découle aussi de trois alliances établies par Dieu

Nous présentons maintenant encore trois raisons bibliques pour lesquelles ce groupe de croyants, le Résidu, doit exister, mais qu’il ne pourra exister qu’après le temps de l’Assemblée (Église).

Indépendamment du fait qu’Ésaïe annonce le retour d’un Résidu (És. 10:20-22) et que Paul place cet événement dans l’avenir (Rom. 9:27 ; 11:26), ces trois autres raisons se rattachent à trois alliances établies par Dieu :

1. l’alliance avec Abraham

2. l’alliance avec David

3. la nouvelle alliance.


Ces trois alliances ont en effet en commun les points suivants :


Il ne reste donc qu’une seule conclusion : si Dieu tient sa parole, et Il le fait toujours, il faut qu’il y ait un jour des descendants d’Abraham qui prennent possession de l’héritage en question, c’est-à-dire qui reçoivent les bénédictions que Dieu a promises dans ces alliances.


3.1 - l’alliance avec Abraham

Dieu a promis à Abraham de donner à ses descendants la possession incontestée du pays de Canaan - du Nil à l’Euphrate (Gen. 12:1-3 ; 15:18). Mais Israël n’a jamais possédé le pays dans cette mesure. Par conséquent, l’accomplissement de cette alliance n’a pas encore eu lieu. Par conséquent, il doit y avoir un jour des descendants d’Abraham qui prendront possession de cet héritage.

En Gen. 17, cette alliance est encore une fois confirmée et concrétisée. Ici aussi, l’alliance concerne aussi bien Abraham que ses descendants. Pour ce faire, le pays qui lui est promis, ou qui leur est promis, est encore une fois clairement défini : le pays où Abraham a été étranger.

Cette promesse est absolument certaine. Le pays est explicitement appelé une possession « perpétuelle » (Gen. 17:8) et l’alliance est une alliance perpétuelle (Gen. 17:7, 13,19 ; 1 Chr. 16:16,17 ; Ps. 105:8-10).


3.2 - l’alliance avec David

Dieu a également conclu une alliance avec David (2 Sam. 7:11-16 ; Jér. 33:20,21 ; Ps. 89:3,4). Cette alliance prévoyait que David ne manquerait jamais d’un descendant assis sur le trône de David et régnant « pour toujours ». Au temps de l’Ancien Testament, cette alliance ne s’est pas réalisée, car aucun des descendants de David n’a eu un règne incontesté et pour toujours.

Cette prophétie ne peut s’accomplir qu’en Christ (Luc 1:32). La question est de savoir si cela s’est déjà produit. Christ est glorifié dans le ciel et Il est assis sur un trône. Mais il s’agit du trône de son Père (Apoc. 3:21) et non du trône de David, car le trône de David a toujours été sur la terre, jamais dans le ciel. L’expression « trône de David » désigne toujours un royaume terrestre réel dont le centre se trouve en Israël.

Par conséquent, l’alliance avec David ne s’est pas non plus réalisée jusqu’à aujourd’hui.

Certains se demandent si l’alliance avec David n’a pas été rompue parce que David a failli à plusieurs égards. Bien sûr, David a failli, mais l’alliance ne dépendait pas de cela. C’était une alliance sans condition.

Une confirmation supplémentaire est que des siècles après le manquement de David, il est encore fait référence à cette alliance, et Dieu indique qu’elle sera accomplie (És. 9:5,6 ; Jér. 33:15-21).


3.3 - la nouvelle alliance

Jérémie a annoncé que Dieu ferait une nouvelle alliance, et qu’elle serait avec Israël et Juda (Jér. 31:31-34). Cette nouvelle alliance ne contient non plus aucune condition. Dieu assume toute la responsabilité et promet de donner aux descendants des Israélites libérés d’Égypte (on ne peut guère être plus précis) de riches bénédictions, tant spirituelles que matérielles — comme par exemple la possession du pays en paix (Jér. 31:8 ; 32:37-41).

Comme le Seigneur Jésus l’a expliqué lors de l’institution du repas de souvenir (Cène), Son sang est le sang de la nouvelle alliance, c’est-à-dire le fondement sur lequel Dieu peut donner en justice les bénédictions de cette alliance. Le sang a déjà coulé, mais la nouvelle alliance est encore à venir. Elle n’a aucunement été transférée à l’Assemblée (*). Au contraire : alors que l’Assemblée existait déjà depuis longtemps, il a été confirmé que la nouvelle alliance serait conclue « avec (pour) la maison d’Israël et avec (pour) la maison de Juda » (Héb. 8:8).


(*) Il est bien vrai que les croyants du temps de grâce possèdent déjà aujourd’hui des bénédictions spirituelles qu’Israël recevra sous la nouvelle alliance (par exemple le pardon). Mais ils ne les possèdent pas sur la base ou en raison de la nouvelle alliance.


Cette alliance, qui ne peut pas être rompue tant que notre système solaire existe (Jér. 31:31-37), attend encore, elle aussi, son accomplissement. Dieu est fidèle et ses dons de grâce sont inconditionnels (ou : « sans repentance » ; Rom. 11:27). Dieu tient ce qu’Il a promis.


4 - Pourquoi le Résidu n’existe qu’après le temps de l’Assemblée (Église) ?

Pendant le temps de l’Assemblée (c’est-à-dire pendant l’ère chrétienne), il n’y a pas, pour les croyants, de « mur de clôture » entre Juifs et nations (Éph. 2:14,15). Dans le corps de Christ, de telles distinctions ont disparues (Col. 3:10,11). Par conséquent, ce n’est qu’après le temps de l’Assemblée qu’il pourra y avoir un Résidu juif en tant qu’entité autonome. Dans le présent, les croyants juifs, tout comme ceux des nations, sont simplement des membres du corps de Christ, ils ne forment pas un groupe séparé.

Ce Résidu juif aura des espérances et des attentes juives qui se rapportent en grande partie à la terre, et qui ne sont donc pas compatibles avec l’attente chrétienne (céleste).


Dieu a donné trois alliances conclues sans conditions. Toutes trois attendent encore leur accomplissement. Et aucune d’entre elles ne peut être accomplie s’il n’y a pas un groupe de croyants descendants d’Abraham, ce qui est justement le cas du « Résidu » juif.

Mais comme il n’y a pas de telles distinctions selon la nationalité dans le corps de Christ, cela ne pourra se produire qu’après le temps de l’Assemblée (Rom. 11:25,26).


5 - En résumé

Il est donc indispensable de comprendre que dans le futur, il y aura une minorité au sein du peuple d’Israël qui se tournera vers Dieu et Lui fera confiance ; elle est appelée « le Résidu ». Il s’agit de croyants — mais pas de chrétiens au sens actuel du terme — qui vivront sur terre au temps de la grande tribulation, après l’enlèvement de l’Assemblée (Église). À bien des égards, ils sont même en contraste flagrant avec les chrétiens actuels : Leurs espérances, leurs bénédictions et leurs relations avec Dieu sont totalement différentes.