Complications dans les conflits

Michael Hardt

Truth and Testimony 2016-1 p.19

1 - Les conditions de la victoire

2 - Complication 1 : le péché caché

3 - Complication 2 : la confiance en soi

4 - Complication 3 : l’absence de jugement de soi

5 - Complication 4 : le manque de dépendance

6 - Complication 5 : les conséquences gouvernementales

7 - Complication 6 : le matérialisme, ou manque d’intérêt pour les choses divines

8 - Complication 7 : les affaires inachevées

9 - Les moyens d’échapper à Dieu


À première vue, la conquête de Canaan décrite dans le livre de Josué aurait dû être simple. Dieu avait fait des promesses d’une portée considérable :


Dieu avait donc mis Sa puissance à la disposition de Son peuple. Pourquoi, alors, le livre de Josué rapporte-t-il des défaites aussi bien que des victoires ? Pourquoi y a-t-il eu des batailles compliquées et des batailles faciles ? Pourquoi tous les ennemis n’ont-ils pas été chassés et pourquoi tout Israël n’a-t-il pas fini par habiter le pays ?

Ces questions ne concernent pas seulement la conquête de Canaan par Israël il y a plus de 3000 ans, mais aussi notre vie chrétienne. Nous disposons également de la puissance de Dieu. Satan est un ennemi vaincu. Les bénédictions célestes nous appartiennent (Éph. 1:3). Et pourtant, nous savons par expérience que notre vie et nos conflits sont parfois parsemés de complications.

Le livre de Josué est un « manuel » des conflits chrétiens. Il ne s’agit pas seulement d’un livre historique, mais aussi d’un livre typique. Il montre la conquête du pays de Canaan comme un type des batailles auxquelles les chrétiens doivent faire face parce que Satan et ses agents veulent priver les croyants de la jouissance des bénédictions spirituelles (Éph. 6:10 et suiv.).

Dans ce contexte, il est intéressant de constater que le livre de Josué ne montre pas seulement la puissance de Dieu, capable de vaincre tout ennemi, mais aussi les complications qui surviennent lorsque les croyants commettent des fautes. En examinant ce deuxième aspect, il est bon de garder à l’esprit que l’Ancien Testament tend à nous montrer l’aspect pratique de nos vies chrétiennes plutôt que la position du croyant. En ce qui concerne notre position, nous sommes dans le pays, nous possédons toutes les bénédictions spirituelles, nous sommes en Christ. La question pratique est de savoir dans quelle mesure nous jouissons de ces choses.


1 - Les conditions de la victoire

Lorsque Dieu parla à Josué pour l’encourager avant d’entrer dans le pays, Il indiqua clairement des conditions préalables à la victoire : « Seulement, fortifie-toi et sois très ferme, pour prendre garde à faire selon toute la loi… ; ne t’en écarte ni à droite ni à gauche, afin de prospérer partout où tu iras » (1:7). Dieu exigeait l’obéissance qui, à son tour, exigeait un grand courage. En outre, le peuple de Dieu a dû subir plusieurs expériences préparatoires, notamment :


Cette triple préparation symbolise trois étapes importantes pour le chrétien : être mort et ressuscité avec Christ (passage du Jourdain) ; la chair jugée (Guilgal) ; et le Seigneur à la tête des combats. Une fois ces étapes franchies, la ville de Jéricho, forteresse de l’ennemi, tombe devant Israël (ch. 6). Comment ? Par l’obéissance d’Israël et par la puissance de Dieu ! Tout semblait si facile, si simple. Tout ce que le peuple d’Israël avait à faire, c’était de continuer sur ce chemin de la victoire ! Si seulement ils avaient…

En lisant la suite, nous constatons que les choses furent loin d’être simples. Elles auraient pu l’être, mais il y eut un certain nombre d’obstacles et de complications. Tous avaient leur origine du côté du peuple, aucun du côté de Dieu. D’un certain point de vue, cette lecture est triste, mais d’un autre côté, ces chapitres (à partir de Josué 7) sont très précieux pour nous, car ils sont écrits pour notre instruction. Ils montrent


2 - Complication 1 : le péché caché

Acan avait pris un « beau manteau de Shinar », de l’argent et de l’or à Jéricho — à l’encontre du commandement exprès de Dieu. Malheureusement, Acan s’empêtra dans le vieux mécanisme bien connu : il a vu, il a convoité, il a pris (7:21 ; comparez Gen. 3:6). Aucun des objets qu’il avait pris n’était mauvais en soi, mais ils étaient fatals parce qu’ils représentaient une désobéissance flagrante, dont le résultat était que Dieu ne pouvait pas être avec Son peuple. C’est la raison de la première défaite d’Israël en Canaan et, si le problème n’avait pas été résolu, il ne pouvait que conduire à une nouvelle défaite : « les enfants d’Israël ne pourront pas tenir devant leurs ennemis » (7:12).

Israël subit une défaite humiliante lors de la bataille contre Aï, une petite ville proche de Jéricho, comme le rapporte le même chapitre. Jéricho semblait invincible et a été prise en triomphe, tandis qu’Aï, aussi insignifiante qu’elle paraisse, a remporté la victoire sur Israël.

Néanmoins, Dieu montra un moyen de s’en sortir. Dans le même verset (7:12), Il ajoute : « Je ne serai plus avec vous, si vous ne détruisez pas l’anathème du milieu de vous ». L’issue des batailles d’Israël dépendait de la possibilité pour Dieu d’être avec eux, et cela ne pouvait être le cas que s’ils éliminaient du milieu d’eux ce qui était maudit. Le péché caché et non jugé sonne le glas de la victoire spirituelle.


3 - Complication 2 : la confiance en soi

Le péché d’Acan n’était pas la seule raison de la défaite d’Israël. Un autre élément affaiblit la position d’Israël : la confiance en leurs propres forces. Les éclaireurs, après avoir enquêté, recommandèrent que seuls 2000 à 3000 hommes montent et prennent la ville (7:3). Ce conseil fut suivi et les troupes d’Israël furent vaincues.

Le danger de la confiance en soi est toujours présent, et il est particulièrement aigu après une victoire. Après que Dieu nous ait aidés, il est tentant d’imaginer que le succès est dû à nous. C’est pourquoi l’exhortation d’Éphésiens 6:13 est si importante : non seulement « résister au mauvais jour », mais aussi « tenir ferme après avoir tout surmonté ».

Finalement, Dieu donna à Israël la victoire sur Aï (ch. 8), mais cela ne fut pas une sinécure, ni un triomphe comme dans le cas de Jéricho. Josué dut emmener « tous les gens de guerre » jusqu’à Aï, puis Israël dut faire semblant de fuir devant les hommes d’Aï ; et enfin, grâce à une embuscade, la ville fut prise. Cela montre que Dieu a fait preuve de bonté envers Son peuple une fois qu’ils eurent jugé le mal, mais aussi que leur manquement donna lieu à une complication inutile et indésirable dans le conflit.


4 - Complication 3 : l’absence de jugement de soi

Pour découvrir le troisième élément qui contribua à la défaite, nous devons lire entre les lignes et déterminer ce qui ne s’est pas produit. Avant la conquête de Jéricho, Israël avait campé à Guilgal, le lieu du jugement de la chair (5:9-10). Par la suite, nous constatons qu’Israël retournait à Guilgal et montait au combat à partir de là (par exemple 10:7) pour remporter la victoire. Dans le cas d’Aï, le point de départ fut Jéricho, le lieu de la victoire, par opposition à Guilgal. Par conséquent, le chapitre se termine dans la vallée d’Acor (« trouble »).

Cela nous enseigne que le jugement de soi est nécessaire à la victoire et qu’il nous préserve de conséquences douloureuses (en particulier de la discipline de Dieu — voir 1 Corinthiens 11:31).


5 - Complication 4 : le manque de dépendance

En passant au ch. 9, nous arrivons à l’incident où les hommes de Gabaon, tout proche, prétendirent venir « d’un pays très éloigné » (9:9) et, de cette manière, ils trompèrent Josué et les anciens pour qu’ils concluent une alliance de paix avec eux. Leur histoire semblait plausible, leur attitude semblait témoigner d’une admiration pour le Dieu d’Israël, et les preuves (chaussures usées, etc.) semblaient corroborer leur histoire. À première vue, personne ne pouvait être blâmé pour s’être laissé berner par un complot aussi rusé et insidieux.

Cependant, cette analyse ne tient pas compte de Dieu. Josué et les anciens n’ont pas interrogé Dieu. Il ne s’agit pas seulement d’une omission, mais d’une omission signalée dans le texte : « On n’interrogea pas la bouche de l’Éternel » (9:14). Le résultat fatal fut que « Josué fit la paix avec eux » (9:15) et, de cette manière — bien qu’involontairement — ils agirent contre le commandement clair de Dieu de ne pas faire d’alliance avec les habitants de Canaan (Ex. 34:12,15). La première conséquence directe fut qu’Israël n’a pas pu traiter les Gabaonites comme ils auraient dû le faire. On pourrait dire : « Oh, mais cela a bien marché : les Gabaonites sont devenus leurs serviteurs et leurs bûcherons » (9:21), mais cela ne correspondait pas au plan de Dieu et, comme nous le verrons, d’autres complications s’ensuivirent.


6 - Complication 5 : les conséquences gouvernementales

Au ch. 10, nous trouvons Israël dans une situation extrêmement difficile. En conséquence directe de leur manquement du ch. 9, le roi de Jérusalem apprit l’accord de paix de Gabaon avec Israël ; il forma une alliance avec quatre autres rois des Amoréens et il attaqua les Gabaonites qui, à leur tour, envoyèrent des messagers à Josué pour lui dire : « Monte vite vers nous, sauve-nous et secoure-nous » (10:6). Que devait faire Josué ? Rompre son accord de paix avec les Gabaonites ? Soutenir que cet accord était nul à cause de leur tromperie ?

Josué semble avoir compris que la situation difficile dans laquelle il se trouvait était le résultat de la faute d’Israël. Ajouter un manquement supplémentaire (en rompant sa parole) n’était pas la bonne façon de procéder. Une fois de plus, nous voyons la miséricorde de Dieu après une défaillance lorsque le cœur est droit. Il dit à Josué : « Ne les crains pas, car je les ai livrés entre tes mains ; aucun d’eux ne tiendra devant toi » (10:8). Josué répond par la foi et, notons-le bien, ils montent « de Guilgal » (10:9 ; voir les commentaires précédents à ce sujet). Dieu est avec eux et opère une délivrance remarquable, de trois manières :


Dieu n’avait pas abandonné Son peuple. Il a tenu compte de l’humiliation et du jugement de soi et Il intervint en grâce en accordant une victoire éclatante — et une victoire de telle manière que la gloire Lui revenait entièrement : « ceux qui moururent par les grêlons furent plus nombreux que ceux que les enfants d’Israël tuèrent par l’épée » (10:11).


7 - Complication 6 : le matérialisme, ou manque d’intérêt pour les choses divines

Après les victoires des ch. 10 à 12 et la répartition du pays dans les ch. 13 à 21, une autre complication surgit : la menace de guerre entre frères (ch. 22) ! Comment cela s’est-il produit ?

Cette fois, il s’agit d’une conséquence tardive d’un problème antérieur, survenu avant même qu’Israël traverse le Jourdain. Deux tribus et demie avaient présenté à Moïse une demande étrange : « Si nous avons trouvé faveur à tes yeux… ne nous fais pas passer le Jourdain » (Nombres 32:5). Comment pouvaient-ils refuser la terre que Dieu avait promise à Abraham ? Moïse aurait tant aimé entrer dans le pays, mais il n’en eut pas le droit à cause d’une faute antérieure, alors que ces deux tribus et demie considéraient comme une faveur le fait de ne pas être obligés d’y entrer. Leur raisonnement est clair, mais donne à réfléchir : le pays où ils étaient « était un pays propre pour des troupeaux, et tes serviteurs ont des troupeaux » (32:4). Leurs pensées ne s’élevaient pas au-dessus du bétail, c’est-à-dire de leurs possessions matérielles. Il est facile de se préoccuper du visible et du matériel. Heureux ceux qui ont appris à dire avec Paul : « Nous ne regardons pas aux choses qui se voient, mais à celles qui ne se voient pas ; car les choses qui se voient sont pour un temps, mais les choses qui ne se voient pas sont éternelles » (2 Cor. 4:18).

Leur choix fait par commodité avait et aurait plusieurs conséquences fâcheuses :


Lorsque ceux d’Israël virent que Ruben, Gad et la demi-tribu de Manassé avaient construit un autel de l’autre côté du Jourdain, ils furent tellement indignés que « les fils d’Israël se rassemblèrent à Silo pour monter à la guerre contre eux » (Josué 22:12). Heureusement, ils envoyèrent d’abord Phinées s’enquérir de la situation. Les deux tribus et demie expliquèrent qu’elles n’avaient pas l’intention d’offrir des sacrifices sur cet autel, qu’il était un mémorial destiné à montrer aux générations futures qu’elles servaient le Dieu d’Israël, etc. Une guerre entre frères fut donc évitée au dernier moment. Ceci dit, leur position du mauvais côté du Jourdain a été à l’origine de toute une série de complications qui furent non seulement dangereuses, mais aussi un obstacle à la jouissance du pays.


8 - Complication 7 : les affaires inachevées

À la fin de sa vie, Josué convoqua le peuple et leur raconta comment il avait partagé l’héritage pour eux. Dans ce contexte, il mentionna « ces nations qui restent » (23:4) et ordonna qu’elles soient chassées. Il assura les Israélites que Dieu les chasserait devant eux. Israël n’avait qu’à obéir à tout ce que Dieu avait dit. Le livre des Juges nous montre que, malgré leurs meilleures intentions et les promesses faites à Josué, Israël faillit à sa responsabilité de chasser les Cananéens (voir Jug. 1:27-36). Le résultat fut que Dieu dut retirer Sa promesse de les chasser ; l’Ange de l’Éternel descendit à Bokim et déclara solennellement : « Je ne les chasserai pas devant vous, mais ils seront à vos côtés, et leurs dieux seront pour vous un piège » (Jug. 2:3).


9 - Les moyens d’échapper à Dieu

Nous avons vu qu’Israël aurait pu remporter une victoire certaine sur leurs ennemis et jouir sans entrave du pays de Canaan, mais leurs fautes entraînèrent une série de complications inutiles. Nous reconnaissons ainsi que nos propres fautes entraînent souvent des situations et des difficultés qui auraient pu être évitées. Que ces exemples tirés du livre de Josué puissent donc nous encourager à obéir au Seigneur et à faire confiance que Lui donnera la bénédiction et la délivrance.

En même temps, nous voyons que même au milieu de ces complications inutiles, Dieu agit en miséricorde : Il accorde la victoire sur Aï, Il permet à Josué d’être victorieux malgré l’alliance avec Gabaon, Il évite la guerre entre frères lorsque la position des deux tribus et demie est source de confusion, et Il donne des juges pour opérer des délivrances lorsqu’Israël est défaillant. Combien notre Dieu est bon !