Esther – L’épouse juive

Une revue des types dans ce livre

Michael Hardt

Truth and Testimony 2024-3


1 - Contexte

2 - Les principaux personnages du récit et leur signification comme types

3 - Un mot d’avertissement

4 - Esther - un type du futur résidu juif

4.1 - L’ appartenance ethnique d’Esther

4.2 - L’appartenance ethnique de Mardochée

4.3 - Les actions de Mardochée

4.4 - La racine de la haine d’Haman

4.5 - Vasthi, la fausse reine

4.6 - Le remplacement de Vasthi par Esther

4.7 - Le sort des Juifs et l’exaltation de Mardochée


Le livre d’Esther et le livre de Ruth sont les seuls livres de la Bible qui portent le nom d’une femme. Ils traitent tous les deux d’une jeune femme qui reçoit une grâce et une miséricorde au-delà de toute attente, et à cet égard, ils sont tous deux étroitement liés au Cantique de Salomon. Ce dernier livre, également appelé « Cantique des Cantiques », traite lui aussi d’une jeune femme d’origine modeste qui reçoit une place privilégiée et heureuse.

Aucune des trois femmes n’est un type de l’Église. Néanmoins de nombreux détails dans chacun de ces livres peuvent être appliqués avec profit, non pas à l’Église dans son ensemble, mais aux chrétiens individuellement.


1 - Contexte

Le livre d’Esther traite du sort des Juifs restés à Babylone après la fin de la captivité de 70 ans. L’empire babylonien avait cédé la place à l’empire médo-perse. Le roi Assuérus (connu dans l’histoire sous le nom de Xerxès 1er) régnait sur les 127 provinces qui composaient ce vaste empire s’étendant de l’Éthiopie à l’Inde (Esth. 1:1).

Esther avait été adoptée par son oncle (ou cousin : voir 2:7), Mardochée. Par la providence de Dieu, elle reçoit non seulement l’attention, mais aussi la faveur du roi et devient son épouse. Cependant, Haman, un personnage ambitieux et malfaisant qui aspire aux grands honneurs de la cour perse, est tellement furieux du refus de Mardochée de s’incliner devant lui, qu’il complote pour tuer non seulement Mardochée, mais aussi toute la race juive. Dans sa quête de vengeance, un décret est adopté qui, en fait, ordonne le génocide des Juifs.

Esther plaide auprès du roi pour qu’il use de miséricorde envers son peuple ; or providentiellement au même moment, le roi Assuérus apprend que Mardochée lui a déjà sauvé la vie en découvrant un complot d’assassinat. Il décide de récompenser Mardochée, l’élève en lui accordant de grands honneurs, et condamne à mort Haman, l’adversaire, et adopte un second décret — cette fois pour sauver le peuple d’Esther qui était sur le point d’être exterminé.


2 - Les principaux personnages du récit et leur signification comme types

Bien que de nombreuses leçons pratiques pour les chrétiens puissent être tirées de ce livre (le courage d’Esther, sa confiance, la providence de Dieu qui surmonte tout, etc.), nous nous concentrons ici sur l’interprétation du point de vue des types. Nous commençons par un bref aperçu de la signification de chacun des personnages principaux :


3 - Un mot d’avertissement

Les types dans la Bible ont tendance à ne pas être à la hauteur de ce qu’ils représentent ; d’ailleurs ils nous enseignent parfois par contrastes plus que par des parallèles. David, par exemple, est un type clair de Christ, mais seulement pendant certaines phases de sa vie. Ses défaillances pendant d’autres phases de sa vie servent à souligner la perfection de Christ (par contraste) : il n’y a jamais eu de défaillance chez Lui.

De même, il convient d’être prudent quant à l’interprétation d’autres personnages comme représentant des types :


4 - Esther - un type du futur résidu juif

Le fait qu’Esther soit un type du futur résidu juif qui se formera après l’enlèvement de l’Église et qui recevra Christ est démontré par les détails suivants :


4.1 - L’ appartenance ethnique d’Esther

La lignée et la nationalité d’Esther jouent un rôle central tout au long du récit. Mardochée lui avait demandé de ne pas révéler sa nationalité ou sa « naissance » (2:10, 20). Les Juifs sont décrits comme « son peuple » (2:20 ; 4:8 ; 7:3). Ce détail, outre qu’il ne s’applique pas à l’Église, jette une grande lumière sur le sens véritable de l’histoire : le sort du peuple tout entier dépend de son représentant, le résidu fidèle (typifié par Esther). Le sort du peuple juif est un point central de ce livre.

Le mot hébreu pour  « Juif » est exceptionnellement fréquent dans le livre d’Esther : il apparaît 52 fois, ce qui dépasse largement le nombre total d’occurrences de ce mot dans tous les autres livres de l’Ancien Testament. Le message est clair : l’ethnie juive est au cœur du message de ce livre. Esther et Mardochée sont Juifs, et toute l’histoire concerne le sort des Juifs.


Occurences du mot « Juif » dans l’Ancien Testament : 52 fois pour Esther, 2 fois dans 2 Rois, 10 fois dans Néhémie, 10 fois dans Jérémie, 1 fois dans Zacharie


4.2 - L’appartenance ethnique de Mardochée

De même, il est souligné que Mardochée est Juif. Il est frappant de constater combien cela est souvent répété (3:6 ; 5:13 ; 6:10 ; 8:7 ; 9:29, 31 ; 10:3). Christ était Juif, comme Il l’a lui-même déclaré — Le salut vient des Juifs » (Jean 4:22). Il était le Fils de David, le Fils d’Abraham (Matt. 1:1). En ce qui concerne sa descendance naturelle par Marie, Il était issu d’Israël (Rom. 9:5).


4.3 - Les actions de Mardochée

Dès le début, Mardochée fait preuve de bonté, d’amour et de sollicitude à l’égard d’Esther. Il ne l’a pas seulement adoptée alors qu’elle était dans le besoin (Esther n’avait ni père ni mère), mais il l’instruit (2:10, 20) et veille sur elle autant qu’il peut afin de savoir tout ce qui lui arrive (2:11). Ainsi, Christ s’intéressait vivement au résidu fidèle d’Israël pendant Son séjour sur la terre, et Il s’y intéressera encore lorsque le futur résidu juif fidèle sera formé.

Mardochée ne s’incline pas devant Haman, le méchant (3:2 ; 7:6). Pareillement Christ a refusé de s’incliner devant Satan.

Mardochée a déjoué les plans des ennemis du roi lorsqu’ils s’étaient rebellés contre lui. Il est intervenu pour sauver la vie du roi (2:21-23). Pendant longtemps, son acte de bravoure a été oublié, mais au temps voulu, le roi s’en est souvenu et Mardochée a été récompensé et exalté. Quel bel image typique de Christ, de Son œuvre sur la croix et de Son exaltation ultérieure !


4.4 - La racine de la haine d’Haman

Haman déteste les Juifs et complote pour les exterminer parce qu’il déteste Mardochée. Le même principe se retrouve en Apocalypse 12, où le dragon persécute la femme (Israël) à cause de l’enfant mâle qu’elle a enfanté (Christ). L’antisémitisme a sa racine dans la haine contre Christ.

Mais pourquoi Haman détestait-il Mardochée en premier lieu ? C’est parce que Mardochée avait refusé de se prosterner devant lui. Satan a cherché, en vain, à se faire adorer par le Fils de Dieu (Matt. 4:8-10). De même, pendant la grande tribulation, l’Antichrist poussera de toutes ses forces les fidèles à adorer la bête, mais en vain (Apoc. 13).


4.5 - Vasthi, la fausse reine

Vasthi était une païenne (Gentile) et est mise de côté ; Esther la remplace. Vasthi correspond à la partie sans vie de la chrétienté professante qui, en temps voulu, sera mise de coté parce qu’elle est pleine d’autosatisfaction et insoumise au Seigneur (Apoc. 3:16).


4.6 - Le remplacement de Vasthi par Esther

Ce changement correspond à l’avertissement de Paul en Romains 11. S’adressant aux chrétiens d’origine non-juive (Gentils) (qu’il compare aux branches greffées d’un olivier), il les met en garde contre le danger de s’enorgueillir et de mépriser les branches naturelles. S’ils deviennent orgueilleux et pleins d’autosatisfaction, ils risquent d’être eux-mêmes coupés de l’olivier afin que les branches naturelles (qui ont été coupées précédemment), c’est-à-dire Israël, puissent être greffées à nouveau (sous la forme du résidu).

Vasthi incarne cet orgueil. Son abaissement préfigure le jugement sur la chrétienté professante. Mais après cela, les « branches naturelles » (Rom. 11:21) seront à nouveau introduites dans la position de bénédiction et de témoignage (l’olivier : 11:24) — tout comme Esther est acceptée après la destitution de Vasthi.


4.7 - Le sort des Juifs et l’exaltation de Mardochée

Au centre du « drame » du livre d’Esther se trouve le terrible édit royal qui prononce la mort de toute la nation juive. Grâce à l’action si méritoire de Mardochée, un second édit est promulgué, révoquant le premier et décrétant la liberté des Juifs et le jugement de leurs ennemis. Les Juifs sont bénis et Mardochée est exalté.

Tel est le message de l’ensemble de la parole prophétique. La nation juive avait perdu la faveur de Dieu, elle s’était infligé une condamnation à mort et était donc vouée à la destruction. Mais grâce à l’œuvre du Messie, leur sentence sera révoquée et ils seront sauvés et bénis sous le règne de ce Messie.