Coïncidence ou main de Dieu ?

Frank Binford Hole


Extrait de Scripture Truth Vol. 15, 1923, page 77


1 - [Le cas de Job]

2 - [Les leçons du livre d’Esther]

2.1 - [Cadre de l’époque]

2.2 - [Dieu était forcé d’opérer de façon cachée. Contraste avec Daniel]

2.3 - [La série de coïncidences remarquables]

3 - [Action divine derrière les coïncidences]

4 - [Application pour aujourd'hui]


Beaucoup de chrétiens ont l’habitude de chercher les causes secondaires, voire tertiaires, des nombreux événements qui composent leur vie, et perdent ainsi la joie de voir la main de Dieu agir derrière toutes les scènes. Si cette habitude est incorrigible, la vie entière devient un méli-mélo d’événements sans aucun sens, et l’esprit en est durement éprouvé. En revanche, si nous regardons non pas à toutes les causes secondes, mais à Dieu Lui-même, la lumière et l’ordre commencent à apparaître, bien que l’explication complète de toutes les circonstances, contraires ou non, devra sans doute attendre le jour où toutes les choses cachées viendront au grand jour.


1 - [Le cas de Job]

Le livre de Job en donne un exemple frappant. C’est un des premiers livres de la Bible qui a été écrit et nous pouvons en tirer un enseignement sur la bonté de Dieu. Sachant la terrible perplexité qu’engendreraient les circonstances adverses dans l’esprit des hommes, et en particulier dans le cœur de Ses saints, Dieu a fait écrire ce livre pour manifester « la fin du Seigneur » (Jacq. 5:11). Il est possible que jamais plus dans l’histoire du monde une telle combinaison de coups écrasants soit tombée aussi subitement sur un même mortel, et pourtant il s’avère que tout venait de la main de Dieu, et était ordonné par une sagesse et un amour parfaits. Et tout cela a été consigné dès le début de la révélation écrite de Dieu.


2 - [Les leçons du livre d’Esther]

Le livre d’Esther nous fournit un autre exemple de la manière dont Dieu agit en coulisse dans le petit monde des hommes, et bien que le sujet soit abordé sous un angle différent et que nombre d’acteurs principaux soient des hommes puissants impies s’occupant de questions de haute politique, la preuve n’en est pas moins frappante. Elle est même d’autant plus frappante qu’Esther est un livre dépourvu de toute mention de Dieu. Quand Dieu n’est pas visible et que les événements se déroulent apparemment sans Lui, c’est justement alors, qu’Il est clairement à l’œuvre en coulisse.


2.1 - [Cadre de l’époque]

L’histoire d’Esther est bien connue. Elle concerne le sort des Juifs restés dans les pays de leur captivité après qu’un résidu soit retourné au pays de leurs pères sous Zorobabel, Esdras et Néhémie. Ces derniers étaient manifestement la crème du peuple, car la pensée de retourner à Jérusalem pour affronter les privations, les troubles et l’opprobre que cela impliquait, ne pouvait toucher et attirer que ceux qui craignaient l’Éternel et pensaient à Son Nom et à Ses desseins. Ceux qui avaient un esprit plus mondain s’étaient confortablement installés et avaient acquis des biens et des richesses dans les pays où ils avaient été dispersés pendant les soixante-dix ans, et ils devaient donc être beaucoup moins enclins à faire face aux sacrifices impliqués par un tel déracinement.


2.2 - [Dieu était forcé d’opérer de façon cachée. Contraste avec Daniel]

Or tandis que Dieu travaillait ouvertement parmi le résidu revenu au pays d’Israël, suscitant Ses prophètes qui donnaient des directions par des paroles inspirées, Il ne se manifestait pas du tout parmi la masse restée dans les pays de captivité. Comme ils s’étaient écartés de Ses voies, Il se cachait à leurs yeux, au point que toute l’histoire de leur merveilleuse délivrance d’une catastrophe imminente a pu être racontée sans que Dieu soit mentionné. Mardochée, qui était un de leurs chefs, paraît avoir été un homme pieux, pour autant qu’on puisse en juger, mais il pouvait seulement dire à Esther : « Si tu gardes le silence en ce temps-ci, le soulagement et la délivrance surgiront pour les Juifs d’autre part ». Il est évident qu’il avait une certaine confiance, mais cet « autre part » est un bien piètre substitut à DIEU. Le livre se termine par « Mardochée, le Juif, fut le second après le roi Assuérus », une sorte de second Daniel, mais combien inférieur ! L’un, vice-roi qui a eu de la réussite, « cherchait le bien de son peuple et parlait pour la paix de toute sa race », mais sans contact direct avec le Dieu vivant. L’autre, vice-roi non moins grand et prospère, mais aussi prophète de Dieu, instruit des pensées de Dieu et la communiquant à d’autres pour leur instruction.

L’auteur du livre d’Esther nous raconte l’histoire de la grande délivrance accordée aux Juifs dans les vastes territoires d’Assuérus, du point de vue spirituel des Juifs de la dispersion. Il relate une histoire vraie qui est presque plus étrange que de la fiction. Le récit abonde en situations dramatiques, et en coïncidences très remarquables.


2.3 - [La série de coïncidences remarquables]

Il faut éviter de faire travailler son imagination quand on s’occupe de l’Écriture sainte. Nous essaierons de l’éviter en nous abstenant de qualifier de coïncidences divers détails que beaucoup seraient disposés à considérer comme tels. Nous ne pensons pas que l’on puisse nier les coïncidences remarquables suivantes :

1. Selon les coutumes immorales de l’époque, un grand nombre de belles jeunes filles furent assemblées à Suse pour le roi, et Esther obtint la faveur universelle. Il était à peu près sûr qu’une jeune fille obtiendrait la faveur du roi, mais Esther obtint non seulement cette faveur, mais aussi celle du chambellan du roi et même « de tous ceux qui la voyaient » (Voir Esther 2:9, 15, 17). Ainsi, elle fut soudain élevée à une position influente extraordinaire.

2. Parmi les nombreuses intrigues de la cour orientale, un complot fut fomenté pour assassiner le roi. Or, de toute la population, la nouvelle en parvint à Mardochée seul et il put ainsi avoir droit à la faveur du roi.

3. Assuérus promut Haman, l’Agaguite (ou l’Amalékite), « après ces choses » (Esther 3:1). Ainsi, l’ennemi juré des Juifs n’obtint sa position élevée, avec toutes ses possibilités de nuire, qu’après que les jalons eurent été posés pour faire échec à ses mauvais desseins.

4. Haman, investi de pouvoir et fort en colère devant le manque de respect de Mardochée, décida de détruire non seulement Mardochée, mais aussi tout son peuple, et recourut à un tirage au sort pour en déterminer le jour optimal ; de plus, le tirage au sort effectué le premier mois de l’année indiqua le treizième jour du douzième mois, ce qui laissa amplement le temps de prendre les diverses mesures qui entraînèrent sa chute et celle de son projet (3:7, 13).

5. Les mesures nécessaires à la défense des Juifs ayant été prises par Mardochée et Esther, leur succès dépendait avant tout de l’état d’esprit du roi lors du second banquet ; or « cette nuit-là [la précédente], le sommeil fuyait le roi » (Esther 6:1) ; sans qu’il y ait de raison, il ne put dormir.

6. Dans son insomnie, le roi ne perdit pas son calme, comme Nebucadnetsar (Dan. 2). Pour faire passer le temps, il n’envoya pas chercher des danseuses selon la coutume de l’époque (Dan. 6:18), mais il pensa au livre d’annales des chroniques et ordonna qu’on le lui lise (Esther 6:1).

7. Les serviteurs, qui obéirent à ses ordres, s’arrêtèrent sur la page des registres relatant la trahison des deux eunuques et l’intervention à point nommé de Mardochée (Esther 6:2).

8. La mémoire du roi fut réveillée sur ce point, sa curiosité le poussa à savoir quelle récompense on avait accordée à Mardochée ; et, apprenant que ce remarquable service rendu avaient été totalement ignoré, son sentiment de gratitude, étrangement silencieux jusque-là, eut un sursaut, et il résolut de le récompenser de manière éclatante (Esther 6:3-6).

9. C’est juste à cette heure matinale qu’Haman, enivré d’orgueil et convaincu de la réussite de ses desseins, se tint dans la cour pour avoir une audience auprès du roi pour obtenir la permission de pendre Mardochée au gibet qu’il avait préparé (Esther 6:4).

10. Assuérus devança sa requête en lui demandant ce qu’il convenait de faire à l’homme que le roi se plaisait à honorer ; Haman, supposant dans son orgueil qu’il ne pouvait s’agir que de lui-même, suggéra qu’il soit élevé à une dignité quasi royale, de la façon la plus publique qu’on puisse imaginer ; or le roi chargea alors Haman de mettre en œuvre ses propres suggestions envers Mardochée (Esther 6:6-11).


La suite de l’histoire est très simple. Fruit de cette remarquable série de coïncidences, Haman est pendu au gibet qu’il avait préparé pour Mardochée, puis les Juifs sont habilités à résister à toute agression à leur encontre, et par conséquent, le treizième jour du douzième mois fut témoin de la destruction des ennemis des Juifs ; ces derniers furent non seulement préservés, mais rendus prospères.


3 - [Action divine derrière les coïncidences]

Tous ces événements remarquables n’étaient-ils qu’une série de coïncidences ? Pas du tout : la main de Dieu était en action, bien que Lui restât caché. Dieu était en coulisse du petit monde des affaires des hommes. Comme on le voit bien, Il actionne toutes les scènes derrière lesquelles Il se trouve. De plus, Il les actionne de manière favorable à Son peuple. Ce n’est pas toujours pour leur préservation et leur avancement temporel, mais c’est toujours pour leur bien spirituel et l’avancement de Ses propres desseins.

Les dispensations (ou époques) varient, mais les voies de Dieu, en providence comme en gouvernement, ne changent pas ; elles suivent les mêmes principes, quelle que soit la dispensation. Nous sommes donc assurés que Dieu est encore à l’œuvre aujourd’hui en coulisse d’une manière similaire. Cette certitude est renforcée par la considération suivante : lorsque Son peuple se distingue par la fidélité, la puissance et l’éclat brillant, Il se plaît à rendre Sa présence très manifeste parmi eux ; mais lorsqu’il y a défection, faiblesse et défaillance, il est convenable qu’Il retire dans une large mesure les manifestations de Sa présence, voire totalement, comme dans le livre d’Esther. La défection, la faiblesse et la faillite caractérisent certainement l’Église professante d’aujourd’hui.


4 - [Application pour aujourd'hui]

Êtes-vous affligés et exercés spirituellement par l’absence de signes visibles authentiques quant au témoignage de Christ et au chemin de pèlerinage de l’Église à travers ce monde ? Soit — en tout cas, ne manquez pas d’observer les opérations plus cachées de Sa main. Elles abondent de toutes parts. Cherchez à les voir aussi dans les circonstances plus modestes et humbles de votre chemin personnel.

Si vous êtes enclins à demander si c’est permis et possible de voir ce que Dieu fait dans vos affaires personnelles insignifiantes, sachez que vous le pouvez certainement. Dieu n’oublie pas un seul moineau sur cinq qu’on vend pour deux sous (voir Luc 12:6), pas même le moineau sans valeur donné par dessus par le vendeur, puisque avec deux sous il aurait dû n’avoir que quatre moineaux (cf. Matt. 10:29). Il vous demande de vous approcher simplement de Lui par la prière et la supplication pour tout (cf. Phil. 4:6). Vous pouvez donc être absolument sûrs qu’Il s’intéresse de près à tous vos soucis et à tout votre chemin ici-bas. Vous pouvez vous fier à Ses directions. Et si vous vous sentiez faibles et incapables de discerner et recevoir Ses directions de manière plus directe et plus manifeste, vous pouvez être d’autant plus assurés, qu’Il agit en coulisse et que vous pouvez le voir.