ME 2002 p.238-240
J.-A. Monard
Question : Quelle est la portée du verset d’Amos 3:3 : « Deux hommes peuvent-ils marcher ensemble s’ils ne sont pas d’accord ? »
Table des matières :
1 Sens premier du passage
2 Portée de ce verset pour nous
Au début de ce chapitre 3, l’Éternel rappelle à Israël les
privilèges particuliers qu’il lui avait accordés. Mais l’infidélité de ce
peuple était arrivée à sa pleine mesure. Elle allait maintenant amener le jugement
de Dieu contre lui, et cela justement parce que les privilèges qu’il avait
reçus lui donnaient une responsabilité particulière : « Je vous ai connus,
vous seuls, de toutes les familles de la terre ; c’est pourquoi je
visiterai sur vous toutes vos iniquités » (v. 2). Dieu avait marché
avec son peuple depuis qu’il
l’avait délivré d’Égypte (Ex. 33:16 ; 34:9 ; Nomb.
14:14 ; Deut. 1:30, 31 ; 31:6, 8…). Mais
le profond désaccord entre Dieu et son peuple mettait en cause la possibilité
d’une marche en commun. Dieu se sert donc ici d’une image de la vie courante
pour faire comprendre à Israël qu’il ne pourra plus marcher avec lui.
L’instruction de Moïse concernant l’âne et le bœuf qui ne doivent pas être attelés ensemble (Deut. 22:10), et l’application spirituelle que l’apôtre Paul en tire — « Ne vous mettez pas sous un joug mal assorti avec les incrédules » (2 Cor. 6:14) — nous montre qu’une liaison ou une union entre croyants et incrédules est une grave faute. Le passage d’Amos nous donne un enseignement similaire, mais plus général. Il nous montre que pour vivre ensemble, pour travailler ensemble, pour marcher ensemble, deux hommes — deux chrétiens — doivent être « d’accord ».
D’accord sur ce qui est important pour eux — c’est-à- dire, si ce sont des croyants fidèles, sur ce qui est important pour Dieu.
S’il est un domaine où il faut savoir « marcher ensemble », et
fournir ensemble une marche chrétienne à la gloire de Dieu, c’est bien le mariage
. Dieu prépare pour l’homme
« une aide qui lui corresponde » (Gen. 2, 18). Les
époux peuvent être différents quant à leurs formations, leurs aptitudes et
leurs caractères ; ils sont appelés à se compléter mutuellement. Mais
quant au chemin chrétien — personnel, familial ou collectif — il faut qu’ils
aient une même pensée. Pour « marcher ensemble », et cela pendant toute une vie,
il faut être « d’accord ».
Le Seigneur peut conduire des croyants à accomplir un service en commun
. Un tel service
n’est possible que s’il y a, entre ceux qui s’y vouent, une communauté d’appel
du Seigneur, une communauté de but. Il n’y a pas nécessairement une identité de
don, car des serviteurs du Seigneur qui œuvrent ensemble peuvent se compléter
les uns les autres — comme les deux éléments d’un couple. Mais une telle collaboration
dans le service du Seigneur exige un « accord » qui dépasse celui qui est
nécessaire pour réaliser ensemble une vie d’assemblée harmonieuse.
Le passage d’Amos 3:3 a parfois été utilisé pour justifier une
séparation entre frères. Cependant, s’il suffisait de ne pas être d’accord
entre frères pour se séparer légitimement, la porte serait ouverte à toutes les
divisions. La parole de Dieu nous enjoint de nous séparer du mal
, de tout ce qui n’est pas conforme à la pensée de Dieu — et
non de ce qui n’est pas conforme à la nôtre ! Elle nous demande de marcher
avec ceux qui invoquent le Seigneur d’un cœur pur, non avec ceux avec lesquels
nous sommes d’accord. Et, quand nous sommes vraiment soumis à l’Écriture, nous
sommes d’accord entre nous.