Ce que Jésus a porté

J. A. Monard

ME 2011 p. 42-49

Table des matières :

1 - Il a porté nos péchés en son corps sur le bois

2 - Il a porté nos langueurs et s’est chargé de nos douleurs

3 - Remarques sur le chapitre 53 d’Ésaïe

4 - Jésus sortit… portant la couronne d’épines

5 - Et il sortit portant sa croix

6 - Le grain de blé qui porte beaucoup de fruit


Nous nous arrêterons sur cinq choses que notre Seigneur a portées, en nous demandant aussi, brièvement, si nous avons quelque chose de semblable à porter, en suivant son exemple.


1 - Il a porté nos péchés en son corps sur le bois

Le verbe porter est utilisé de très nombreuses fois dans l’Ancien Testament (et deux fois dans le Nouveau) en relation avec le péché ou l’iniquité. « Il portera son péché » signifie : il est coupable et il subira les conséquences de son péché (voir par exemple Lév. 5:1, 17 ; 19:8 ; 22:9 ; Nomb. 9:13 ; 14:34).

Le but essentiel de la venue de Jésus Christ ici-bas a été de régler devant Dieu la question de nos péchés. Nous étions perdus, coupables, et nous aurions dû subir le châtiment éternel que la justice de Dieu exigeait. Mais Christ « a porté nos péchés en son corps sur le bois » (1 Pierre 2:24). Il a « été offert une fois pour porter les péchés de plusieurs » (Héb. 9:28). Ces « plusieurs », ce sont « ceux qui croient » (Jean 1:12 ; Rom. 3:22). Pour nous tous qui croyons en lui, le sacrifice parfait de Jésus est le fondement du salut éternel. Jésus a été notre substitut, ou notre remplaçant, sous le jugement de Dieu qu’il a subi durant les heures de ténèbres de la croix. Nos péchés ont été alors sur lui, ils ne sont plus sur nous.

L’Ancien Testament, déjà, annonçait cette glorieuse vérité. Non seulement sous forme de figures (par exemple : Lév. 16:21, 22), mais aussi sous forme de prophéties claires. On lit en Ésaïe 53 : « Par sa connaissance mon serviteur juste enseignera la justice à plusieurs, et lui, il portera leurs iniquités. C’est pourquoi je lui assignerai une part avec les grands… parce qu’il aura livré son âme à la mort… et qu’il a porté le péché de plusieurs » (v. 11, 12).

Que nos cœurs soient davantage occupés de cette œuvre merveilleuse accomplie par notre Sauveur, et des souffrances indicibles qu’il a dû supporter en l’accomplissant ! C’est l’œuvre que le Père lui avait donnée à faire, et qu’il a réalisée dans une obéissance parfaite, par amour pour son Père, et par amour pour ses rachetés (Jean 17:4 ; Phil. 2:8 ; Jean 14:31 ; 15:13). Ses résultats pour nous sont inestimables. Nous avons la paix avec Dieu et l’immense bonheur d’être introduits dans sa faveur comme étant ses enfants bien-aimés (Rom. 5:1, 2 ; 8:16).

Jésus a porté nos péchés et les a expiés. Lui seul pouvait accomplir une telle œuvre. À cet égard, nous n’avons rien à porter.


2 - Il a porté nos langueurs et s’est chargé de nos douleurs

Le chapitre 8 de Matthieu nous rapporte quelques-uns des miracles accomplis par notre Seigneur au début de son ministère. « Il guérit tous ceux qui se portaient mal » (v. 16). Et l’évangéliste ajoute : « en sorte que fût accompli ce qui a été dit par Ésaïe le prophète, disant : Lui-même a pris nos langueurs, et a porté nos maladies » (v. 17). Non seulement le Seigneur a déployé sa puissance divine et a guéri ceux qui se portaient mal, mais il s’est chargé du poids moral des souffrances de ses créatures. Merveilleuse sympathie de Celui qui, étant Dieu, est devenu homme !

Il est le même aujourd’hui : « Car nous n’avons pas un souverain sacrificateur qui ne puisse sympathiser à nos infirmités, mais nous en avons un qui a été tenté en toutes choses comme nous, à part le péché » (Héb. 4:15).

Les maux sans nombre dont souffre l’humanité sont en fait les conséquences du péché qui est entré dans le monde. Le Seigneur Jésus est venu sur la terre non seulement afin d’ôter nos péchés (1 Jean 3:5), mais afin de nous délivrer de toutes les conséquences du péché. Il est vrai que ce résultat ne sera pleinement accompli que dans un temps futur. Dans une création qui « soupire et est en travail », « nous soupirons en nous-mêmes, attendant… la délivrance de notre corps » (Rom. 8:22, 23). Nous nous réjouissons du jour glorieux où « la création elle-même aussi sera affranchie de la servitude de la corruption, pour jouir de la liberté de la gloire des enfants de Dieu » (v. 21).

Mais bien avant l’arrivée de ce jour, le Seigneur Jésus, dans l’exercice de sa puissance en délivrance, a porté dans son cœur et dans son esprit le poids des souffrances qu’il a rencontrées. Nous le voyons « ému de compassion » envers ceux qui souffrent. Il sait qu’il va délivrer, mais cela ne l’empêche nullement de ressentir la souffrance, de consoler et d’encourager, de soupirer et de pleurer même (Marc 7:34 ; Luc 7:13 ; Jean 11:33-38).

Nous avons aussi à porter les douleurs et les langueurs de ceux que nous côtoyons, comme le Seigneur l’a fait. « Portez les charges les uns des autres, et ainsi accomplissez la loi du Christ » (Gal. 6:2)


3 - Remarques sur le chapitre 53 d’Ésaïe

Avant de considérer les autres choses que notre Seigneur a portées, arrêtons-nous un instant sur ce chapitre si cher au cœur de tous les rachetés.

Pour nous présenter le déploiement de puissance et de sympathie du Seigneur, Matthieu se réfère à ce chapitre prophétique, dont il ne cite que le début du verset 4 : « Certainement, lui, a porté nos langueurs, et s’est chargé de nos douleurs… ». Le texte d’Ésaïe continue ainsi : « …et nous, nous l’avons estimé battu, frappé de Dieu, et affligé ; mais il a été blessé pour nos transgressions, il a été meurtri pour nos iniquités ; le châtiment de notre paix a été sur lui, et par ses meurtrissures nous sommes guéris » (v. 4, 5). Dans ces deux versets, et dans l’ensemble du chapitre, nous avons une description prophétique des souffrances du Seigneur dans leurs différents aspects. Il a été méconnu par les hommes auxquels il était venu apporter la grâce et le salut, il a subi toutes les souffrances que la méchanceté de l’homme a pu lui infliger, et il a souffert de la part de Dieu parce qu’il a porté le péché de plusieurs (v. 12).

Nous pouvons remarquer que le prophète ne distingue pas les différents genres de souffrances que devait subir le Messie, comme nous pouvons le faire à la lumière du Nouveau Testament. Les choses sont considérées globalement. Il en est d’ailleurs de même dans beaucoup d’autres prophéties des Écritures. Cela peut être illustré par la manière dont nos yeux perçoivent les choses qui sont éloignées de nous, des montagnes par exemple. À distance, les chaînes se confondent, les détails s’estompent. Dans la plupart des prophéties, les deux venues de Christ sont présentées comme un événement unique.

Dans le verset 4 que Matthieu cite en partie, il est question de l’œuvre du Messie en rapport avec le péché et ses conséquences. Il n’est pas rare que, dans l’Ancien Testament, le péché et ses conséquences soient présentés comme une seule et même chose. Par exemple, en Nombres 14:34, « vous porterez vos iniquités quarante ans » signifie : vous subirez durant quarante ans le châtiment de vos iniquités.

Le Seigneur a porté le fardeau des conséquences du péché durant toute sa vie. Et il a porté le péché pour l’expier durant les trois heures de ténèbres où il a été abandonné de Dieu.

Agneau de Dieu ! par tes douleurs,

Tu pris sur toi notre misère… (H. et C. N° 36)


4 - Jésus sortit… portant la couronne d’épines

L’œuvre que le Seigneur était venu accomplir pour nous racheter impliquait d’innombrables et indicibles souffrances. Dans le procès inique où il a été injustement condamné, on l’a accablé de mépris. On a tourné sa gloire royale en dérision. « Alors donc Pilate prit Jésus et le fit fouetter. Et les soldats, ayant tressé une couronne d’épines, la mirent sur sa tête, et le vêtirent d’un vêtement de pourpre, et vinrent à lui et dirent : Salut, roi des Juifs ! Et ils lui donnaient des soufflets » (Jean 19:1-3). Puis Pilate amène Jésus dehors et proclame encore son innocence. « Jésus donc sortit dehors, portant la couronne d’épines et le vêtement de pourpre » (v. 5). Et tous s’écrient : « Crucifie, crucifie-le ! » (v. 6).

Son œuvre est achevée. Par la foi, nous le voyons à la droite de Dieu, « couronné de gloire et d’honneur » (Héb. 2:7, 9). Bientôt, il apparaîtra aux yeux de tous, ayant « plusieurs diadèmes » sur sa tête (Apoc. 19:12).

Et nous aujourd’hui, qu’avons-nous à porter ? Rechercherons-nous la gloire que le monde poursuit, les « couronnes corruptibles » qui sont données à ceux qui se distinguent par leurs performances ? (1 Cor. 9:25). Aux croyants hébreux, récemment convertis mais encore liés au judaïsme, est adressée l’exhortation : « Jésus, afin qu’il sanctifiât le peuple par son propre sang, a souffert hors de la porte. Ainsi donc, sortons vers lui hors du camp, portant son opprobre » (Héb. 13:13). Voilà ce que nous avons à porter. Il s’agissait alors du camp juif, dont les conducteurs avaient rejeté le Messie. Aujourd’hui, il y a aussi des « camps » religieux, des systèmes que l’homme a organisés. Sommes-nous disposés à en sortir et à nous distancer de tout ce que l’homme a institué en matière de religion, pour reconnaître la seule autorité du Seigneur et de sa Parole ? Mais faisons notre compte avec ceci : la séparation pour Christ — et vers Christ — implique toujours un opprobre. Sommes-nous disposés à le porter ?


5 - Et il sortit portant sa croix

L’évangile de Jean nous rapporte : « Et il sortit portant sa croix, et s’en alla au lieu appelé lieu du crâne, qui est appelé en hébreu Golgotha » (19:17).

La croix portée par un condamné à mort annonçait ce qui aurait lieu quelques instants plus tard. Les hommes ont infligé à Jésus, injustement condamné, la honte publique de porter l’instrument de son supplice. Notre Seigneur a accepté tous les outrages et toutes les douleurs. Il était venu pour accomplir l’œuvre que le Père lui avait donnée à faire, et rien ne pouvait l’en détourner.

Les évangiles nous montrent que l’expression « porter sa croix » a une portée spirituelle. Il est très frappant que le Seigneur l’ait utilisée, et à plus d’une reprise, bien avant que les hommes se saisissent de lui pour le mettre à mort. Il a dit par exemple : « Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il se renonce soi-même, et qu’il prenne sa croix, et me suive ! » (Matt. 16:24). « Et quiconque ne porte pas sa croix, et ne vient pas après moi, ne peut être mon disciple » (Luc 14:27).

Porter sa croix ne signifie pas, comme on le pense parfois, poursuivre son chemin en acceptant les difficultés et les peines de la vie. C’est beaucoup plus. C’est accepter de suivre un Sauveur qui a été crucifié, accepter d’être méconnu et haï du monde, d’être même traité comme un crucifié. Paul dit à ce sujet : Par la croix de notre Seigneur Jésus Christ, « le monde m’est crucifié, et moi au monde » (Gal. 6:14).


6 - Le grain de blé qui porte beaucoup de fruit

En annonçant les résultats glorieux de sa mort, le Seigneur dit : « À moins que le grain de blé, tombant en terre, ne meure, il demeure seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit » (Jean 12:24). Dans cette image, il est le grain de blé jeté en terre, et ses rachetés sont les grains de l’épi qui apparaît lorsque la semence a germé et cru.

Le psaume 126 nous présente une image du même ordre, quoique un peu différente. « Il va en pleurant, portant la semence qu’il répand ; il revient avec chant de joie, portant ses gerbes » (v. 6). Oui, à cause de la joie qui était devant lui, Jésus « a enduré la croix, ayant méprisé la honte, et est assis à la droite du trône de Dieu » (Héb. 12:2).

En ce qui nous concerne, il est vrai que nous sommes aussi appelés à porter du fruit, comme le Seigneur l’a dit en Jean 15. Mais pour nous, cette expression a un sens bien différent. Par sa mort, Jésus nous a donné la vie. Et maintenant nous sommes liés à lui comme des sarments dans leur cep. Si nous demeurons en lui et lui en nous, nous pouvons porter « beaucoup de fruit ». Séparés de lui, nous ne pouvons rien faire (v. 5). Le fruit que nous pouvons porter, c’est le fruit de la vie divine en nous, opéré par la puissance du Saint Esprit (Gal. 5:22) ; ce sont les caractères de Christ reproduits dans les siens.


Chacun des cinq points que nous avons considérés place devant nous les souffrances de Christ. Que nos cœurs y soient sensibles et répondent à son merveilleux amour par plus d’engagement, et par un vrai désir de suivre ses traces !