Méditations de J. N. Darby

1 - Méditations de J. N. Darby — Psaume 4

2 - Méditations de J. N. Darby — Psaume 11

3 - Méditations de J. N. Darby — Psaume 17

4 - Méditations de J. N. Darby — Psaume 23

5 - Méditations de J. N. Darby — Psaume 25

6 - Méditations de J. N. Darby — Psaume 34

7 - Méditations de J. N. Darby — Psaume 48

8 - Méditations de J. N. Darby — Psaume 49

9 - Méditations de J. N. Darby — Psaume 63

10 - Méditations de J. N. Darby — Psaume 69

11 - Méditations de J. N. Darby — Psaume 77 — TA VOIE EST DANS LE LIEU SAINT

12 - Méditations de J. N. Darby — Psaume 84

13 - Méditations de J. N. Darby — Psaume 88

14 - Méditations de J. N. Darby — Psaume 110


1 - Méditations de J. N. Darby — Psaume 4

n°61 : ME 1894 p. 56

David, l’instrument principal employé de Dieu pour nous donner les Psaumes, ainsi que les autres psalmistes, a passé par les circonstances dont il parle. Tous les Psaumes sont des prophéties, mais en même temps des expériences, et plus encore des dernières que des premières. C’est l’Esprit de Christ qui, par la bouche du prophète, pense et parle dans ces expériences. Le prophète traverse des circonstances semblables, et le Saint-Esprit exprime ses propres sentiments dans ces circonstances. On connaît l’occasion de plusieurs Psaumes, mais l’Esprit de Dieu a un objet auquel cette occasion correspond. Le premier verset de chaque Paume en contient ordinairement le sommaire.

David voyait sa gloire livrée à l’opprobre ; il figure ici le Messie. Les circonstances sont pareilles à celles de Jésus devant Hérode. David est à l’étroit ; les preuves de la faveur de Dieu à l’égard d’Israël lui manquent aussi. David était, selon l’homme, dans un état désespéré. Toutes les autorités étaient liguées contre lui ; il avait tout perdu, ainsi que ceux qui le suivaient ; les Amalékites avaient tout pillé. David n’avait rien que l’Éternel.

Le chrétien, individuellement, et l’Église, se trouvent dans des circonstances semblables. Le v. 6 est la réponse à la demande : « Qui nous fera voir du bien ? » « « Lève sur nous la lumière de ta face, ô Éternel ! » Quand l’âme s’appuie entièrement sur l’Éternel et n’a rien que lui, elle peut être en paix et en joie. Il est facile de bénir Dieu, quand les circonstances vont à souhait. Mais si Dieu nous laisse à leur merci, il nous laisse loin de lui, préoccupés des choses qui périssent. L’Éden est maintenant impossible. Si l’homme est satisfait de tout ce qu’il trouve ici-bas, il est satisfait de la mort, de ce qui périt. L’âme de l’homme est toujours poussée à s’écrier : Qui nous fera voir du bien ? Il ne reste rien ici-bas comme appui de l’âme ; on se trouve chassé d’Éden ; Dieu, n’est pas pour nous ; Satan est contre nous.

Il faut y être contraint pour comprendre que nous sommes éloignés de Dieu, pour ne voir aucun bien en nous-mêmes et aucune ressource au dehors. Si Dieu se révèle à l’âme, elle sentira son état et comprendra qu’elle ne peut échapper à Dieu, qu’il lui faut le rencontrer. Point de bien, point de repos pour elle ! C’est alors qu’elle peut dire : « Lève sur nous la lumière de ta face, ô Éternel ! »

Quand une âme qui connaît Dieu, se retire de lui et s’occupe des choses d’ici-bas comme de son objet, Dieu la discipline en la ramenant dans un état où elle doit dire : « Qui nous fera voir du bien ? » Alors la foi trouve pour réponse : « Lève sur nous la lumière de ta face, ô Éternel ! » Ramenée à Dieu, l’âme n’a plus alors, ni d’autres ressources, ni d’autres désirs. Elle est entièrement satisfaite de se trouver dans la lumière de la face de Dieu.

Le péché est entré dans le monde, et il n’y a rien qui n’en soit infecté. Qu’est-ce que Dieu peut trouver dans le monde ? Et l’homme ? Il veut s’enrichir des choses qui s’y trouvent, et ne fait que remplir les mains de la mort qui saisit tout. Dieu nous propose Christ (v. 3) et nous fait, par lui, comprendre la vanité de tout le reste. Du moment que Christ est reconnu et reçu par la foi, le coeur s’attache à lui, met en lui son trésor, voit qu’il n’y a point de bien en nous, ni autour de nous. C’est la révélation d’un objet qui fixe et attache nos coeurs, qui nous fait découvrir toujours plus l’état de nos âmes, ce qu’est l’homme, son ignorance des choses spirituelles, la vanité de toutes choses. Tout nous est ôté ? Non, la vanité seule est ôtée et rien de plus. Il nous reste toujours cette assurance inébranlable : « Lève sur nous la lumière de ta face, ô Éternel ! » La clarté de la face de Dieu est devenue notre tout, parce que nous savons que Dieu s’est choisi un Bien-aimé, et ne peut chercher son repos dans la vanité. Après la création, Dieu se reposa de toute son oeuvre ; mais le péché a fait de tout cela la vanité même, et Dieu ne peut plus s’y reposer. Il y a un seul homme, Jésus, en qui il a mis tout son bon plaisir. Dieu ne change pas ce monde, mais il se choisit un Bien-aimé (v. 3). C’est là notre rocher et notre assurance.

Jouir de la faveur de Dieu, de la lumière de sa face, est notre seul bien, mais quand nous l’avons, nous pouvons être contents de tout, car cela satisfait aux besoins les plus profonds du coeur. Cela donne aussi de la droiture de se trouver dans cette lumière. Enfin, si je regarde à la face de Dieu, les opinions des hommes ne m’ébranlent pas.

Aussi longtemps que nous pensons qu’il y a en nous quelque bien, nous sommes encore en rébellion contre Dieu. Le monde est content de recevoir les bienfaits de Dieu, mais du moment qu’ils cessent, la rébellion du coeur et l’ingratitude se manifestent. C’est en Christ, et en Christ seul, que Dieu a mis tout son bon plaisir, parce que le monde est entièrement éloigné de lui. Mais il m’a réconcilié avec Dieu, et ainsi le bien-aimé de Dieu est devenu mon bien-aimé.

Suis-je pleinement satisfait, quelles que soient les circonstances, si Dieu lève sur moi la lumière de sa face ? Si je ne le suis pas, il y a encore dans mon coeur quelque chose que le Saint-Esprit condamne. Un coeur qui s’appuie sur les circonstances, perd son bonheur quand elles changent, et ne peut pas dire : « Lève sur nous la lumière de ta face ». Dès qu’on s’attache à Christ, on trouve en lui tout ce qu’on peut désirer. De jour en jour, le chrétien doit apprendre à ne désirer rien d’autre que Christ, que la lumière de la face de Dieu, et à étouffer les rejetons du vieil homme, qui cherchent à se mêler à notre vie.


2 - Méditations de J. N. Darby — Psaume 11

n°77 : ME 1895 p. 71

Le jugement dont il est question au v. 6, aura lieu aux derniers jours ; mais ce qui nous arrêtera aujourd’hui, c’est l’Éternel, présenté comme notre refuge. Les Psaumes font allusion aux derniers temps, où tout sera dans un état complet de désordre et de faiblesse, mais où il y aura un résidu fidèle. Toutes les circonstances mentionnées ici s’accompliront. Si ces jours-là n’étaient abrégés, nulle chair n’échapperait. La Parole nous présente continuellement, par des exemples, les grands principes selon lesquels Dieu agit ; ce Psaume nous présente Dieu comme le refuge de son peuple.

On trouve, quand on se retire vers l’Éternel, un refuge et une force que les méchants ne peuvent comprendre. Point de repos pour qui ne se retire pas vers lui. Toutes les circonstances qui nous tourmentent, nous inquiètent, ne troublent ni n’inquiètent Dieu dans son parfait repos. Il y a pour nos âmes un grand repos dans ce principe très simple, qu’il n’y a rien que Dieu n’ait prévu, et qu’il prend un grand intérêt à l’état dans lequel nous nous trouvons. On croit facilement que, si les circonstances changeaient, les choses nous paraîtraient moins difficiles, mais, dans nos circonstances actuelles, Dieu est aussi puissant et aussi fidèle qu’il le serait en d’autres circonstances. Du moment que nous nous retirons vers lui, nous le trouvons en repos, et il nous communique ce repos. Toutes les circonstances sont réunies contre le juste, telles qu’elles se produiront aux derniers temps sous le règne du méchant. « Puisque les fondements sont ébranlés, que fera le juste ? » La réponse qui lui donne le repos, c’est que l’Éternel est dans le palais de sa sainteté et qu’il sonde le juste et le méchant. Celui-ci ne machine rien que Dieu ne voie et qu’il ne puisse empêcher.

C’est précisément quand le déluge a couvert toute la terre, que Noé a compris la sûreté qu’il y a à se fier à Dieu et à se mettre sous sa protection. Il voyait que l’Éternel avait tout vu, tout prévu, que Dieu était pour lui, et il a trouvé ainsi la certitude de la délivrance et le repos de son âme.

S’il y a des circonstances au-dessus de nos forces, il n’y en a point au-dessus de Dieu ; et en outre il s’intéresse lui-même à nous dans toutes nos circonstances. « Ses yeux contemplent et ses paupières sondent les fils des hommes ». L’Éternel a pensé à tout, a pris soin de tout arranger. C’est plus qu’un soulagement ; au milieu des épreuves de notre foi, nous faisons la connaissance intime de Dieu, et nous trouvons en lui plus que nous n’avions jamais connu de lui.

Étant forcés de nous retirer vers l’Éternel, c’est l’Éternel que nous trouvons compatissant, se communiquant à nous. Le fils prodigue fait, à son retour, la connaissance de ce que son père était pour lui, comme il ne l’avait jamais éprouvé auparavant.


3 - Méditations de J. N. Darby — Psaume 17

n°161 : ME 1907 p. 356

Ce Psaume est essentiellement l’expression de la pensée de Christ lui-même. Il n’y a qu’un seul mot (au v. 11), qui mentionne les fidèles : « Ils nous environnent ». Dans tout le reste du Psaume, il est question de Lui seul.

Jésus a été un homme, un Juif fidèle sur la terre, et les Psaumes sont l’expression de ce qu’il a senti avant d’être exaucé par la résurrection d’entre les morts. Le vrai progrès de nos âmes s’obtient par l’étude de ce que Christ était, et c’est aussi ce qui nous sanctifie. Si notre coeur a un vrai désir de connaître le Seigneur, Dieu répondra à notre désir en nous donnant cette connaissance.

Ce que nous apprenons en lisant la Parole, est aussi bien une révélation pour nous que pour ceux qui nous l’ont communiquée (1 Pierre 1:10-12). Les prophètes étudiaient leurs propres prophéties et y découvraient ce que nous y découvrons nous-mêmes en les lisant. La Parole ne contient au fond que deux choses, la connaissance du vieil homme, et celle de l’homme nouveau. L’âme qui s’occupe du Seigneur Jésus, recevra des révélations à son sujet. Ce n’est pas par des efforts que se produisent ses sentiments pour Lui, c’est en étant occupé de lui. Les Psaumes nous présentent Christ comme homme fidèle sur la terre et les sentiments produits par son Esprit dans le résidu fidèle, avant la pleine manifestation de la délivrance que Dieu opérera en leur faveur.

Aucun autre que Christ ne peut parler comme aux v. 1 à 3. Lui seul, sondé de Dieu et passé au creuset, a été trouvé irrépréhensible. Au v. 4, nous voyons qu’il se réglait sur la parole des lèvres de Dieu. Il s’est placé dans nos circonstances et s’est conduit selon la même Parole qui doit nous conduire.

(v. 5). En tout cela, le Seigneur est notre modèle ; il marche dans le même chemin que nous suivons dans ce monde, seulement ce Psaume exprime (v. 13-14) une chose que nous ne pouvons exprimer, car les Psaumes ne sont pas l’Évangile de la grâce, c’est pourquoi le Seigneur et les saints peuvent y demander que Dieu leur fasse justice de leurs ennemis.

Il ne s’agit pas seulement pour nous d’éviter le mal, mais d’agir selon les motifs qui dirigeaient Jésus, le Nazaréen, obéissant en toutes choses. Quel privilège pour nous de n’appartenir qu’à Dieu, et de n’avoir pas autre chose à faire qu’à le servir. Christ s’est livré pour nos péchés, afin qu’il nous retirât du présent siècle mauvais ; il ne s’agit pas pour nous d’unir le christianisme à un certain train de vie dans ce monde, comme si nous lui appartenions, mais de vivre ici-bas la même vie que Christ. Notre chemin en Christ traverse les diverses circonstances de la vie, et cela met notre coeur à l’épreuve, parce que nous sommes appelés à nous y conduire et à y juger toutes choses selon les pensées de Christ. Le monde ne peut rien nous donner, parce que ce qu’il donne appartient à cette vie, tandis que nous avons maintenant la vie de Christ, une vie de résurrection, dont le domaine est en dehors du monde.

Au v. 14, on voit que la Providence dont les hommes aiment tant à parler, favorise les méchants. De même le riche, en Luc 16, avait reçu ses biens en ce monde pendant sa vie. Il y a dans ce monde mille choses dont le coeur humain ne saura pas se passer, à moins qu’il ne soit fortement attaché à Jésus.

(v. 8-10). Nous sommes toujours entourés de méchants. L’homme du monde que le fidèle rencontre, c’est l’homme rempli de hauteur qui ne veut pas qu’on parle des droits de Christ, et qui s’oppose à la manifestation de la vie de Dieu, dans ce monde de péché.

Le principe des voies de Dieu parmi les Juifs était le jugement, c’est-à-dire le gouvernement de Dieu s’exerçant au milieu du peuple. Nous sommes dans le même cas, car nous nous trouvons ici-bas dans un milieu où Dieu se trouve et où il gouverne. Ce n’est pas Israël, mais l’Assemblée, maison de Dieu, que Dieu gouverne par son Esprit. Dès le commencement de l’histoire de son Assemblée ici-bas, son jugement s’exerça sur Ananias et Sapphira. Ce gouvernement a ses conséquences pour les enfants de Dieu, mais elles sont indépendantes de la vie éternelle. Il n’y a pas une infidélité dans la marche du chrétien qui n’ait pour conséquence quelque jugement de Dieu. Introduits par la grâce auprès de Dieu, ayant le Saint-Esprit qui habite au milieu des siens, le mal ne peut se montrer sans tomber sous le jugement de Dieu. Tous les péchés sont contre le Saint-Esprit, et c’est même le caractère spécial du péché de nos jours, où le gouvernement du Saint-Esprit n’est pas reconnu. Tout péché a donc son jugement et ses conséquences, parce que le Saint-Esprit gouverne et que Dieu ne peut tolérer le mal chez ceux qui lui appartiennent. On se rendrait mieux compte des voies de Dieu et leur manifestation serait plus sensible, si l’on saisissait mieux le fait du gouvernement du Saint-Esprit dans l’Église. Au lieu d’aller en aveugles dans la vie chrétienne, on comprendrait ce que Dieu nous veut et pourquoi il nous en veut.

La justice parfaite de Christ ne changeait rien à ce qui était la joie de son coeur. Son oeil était invariablement fixé sur Dieu. Il voyait le monde s’en aller, les méchants prospérer, et que Dieu seul demeure. Son oeil était simple. S’il ne l’est pas, il nous est difficile de discerner un chrétien d’un mondain. Quand le témoignage est affaibli, le dévouement manque. Ce qui le donne, c’est la conviction que toute notre part est en résurrection ; ce qui le donne, c’est notre désir de vivre ici-bas selon la puissance de Sa résurrection. Ne pensons ni au blâme du monde, ni au blâme des chrétiens, mais regardons au Seigneur Jésus, et ayons notre part avec lui, entièrement en dehors du monde. Jésus ne marchait que selon les paroles des lèvres de Dieu ; cela lui faisait rencontrer la haine des méchants, mais ses yeux étaient fixés sur la résurrection : « Quand je serai réveillé, je serai rassasié de ton image » (v. 15).

Le chrétien fidèle ne se demande pas si les choses qu’il traverse sont permises ou non, mais si ces choses conviennent au Seigneur, répondent à son caractère, et par conséquent conviennent au fidèle qui désire être le plus près possible de lui.

Christ ressuscité, Christ en gloire, tel doit être l’objet de nos âmes. Dès ici-bas, nous avons le privilège d’être des nazaréens, séparés pour Dieu et suivant le Seigneur. Nous avons le sentiment que nous sommes formés par Dieu pour un certain but et que nous lui appartenons en propre. C’est là aussi ce qui donne de l’intelligence spirituelle dans les choses de Dieu.


4 - Méditations de J. N. Darby — Psaume 23

23 juillet 1843 — n°102 : ME 1897 p. 30

Le Seigneur prend ici la place du Berger qui mène ses brebis dehors et marche devant elles, mais il a passé pour nous par les expériences de la brebis sous la conduite de l’Éternel, son Berger. Et dans ce caractère, si le Seigneur a pu parler comme il le fait dans ce Psaume, s’il a pu montrer un coeur que rien ne pouvait troubler, ce n’était pas parce que son chemin n’avait ni peine, ni difficulté, ou parce qu’il n’avait point d’ennemis. Bien au contraire, Jésus était à l’étroit jusqu’à ce qu’il fût baptisé du baptême de la mort et de la colère de Dieu, son âme était angoissée, son esprit troublé ; tous ses ennemis étaient devant lui ; il souffrait de la contradiction des pécheurs contre lui-même ; il faisait l’expérience de la tribulation et de la détresse, et disait à ceux qui étaient appelés à le suivre : « Vous aurez de l’angoisse au monde ». Oui, il nous faut aussi passer par où il a passé, et il nous en enseigne le chemin, car il y a trouvé les mêmes circonstances, les mêmes soulagements et les mêmes grâces que nous-mêmes.

Jésus n’avait pas comme nous la difficulté du mal en lui, mais, étant sans péché, combien il était plus que nous sensible aux souffrances du mal qui l’entourait. Là où nous sommes souvent endurcis par le mal, lui le ressentait parfaitement. Christ sympathise avec nous ; personne ne sympathisait avec lui ; personne ne pouvait lui dire : « Aie bon courage, j’ai vaincu le monde ». Ayant le péché en nous, nous souffrons donc beaucoup moins que lui, mais, à part cela, il s’est placé dans les mêmes circonstances que nous ; il y a employé les mêmes moyens dont nous sommes appelés à user, la dépendance et la prière, avec la même assurance d’être exaucés.

Tout en nous plaçant sous sa propre sauvegarde comme notre Berger, il se place aussi lui-même, comme homme, sous la sauvegarde de Dieu. Il se confie en l’Éternel, s’appuie sur lui. Dieu dit de lui (És. 42:1) : « Voici mon serviteur que je soutiens ».

Il est doux pour les brebis de le voir marchant ainsi devant elles et leur traçant le chemin, dans la faiblesse extérieure, quoiqu’il fût le Dieu suprême, mais avec cette différence que, pour lui, tout était encore à accomplir, tandis que pour nous tout est accompli.

Les Juifs se confiaient en leurs institutions, mais ce n’était pas la foi. Dans ce Psaume, quand toutes les institutions manquent, lorsque l’injustice déborde, le fidèle fait l’heureuse découverte que l’Éternel est son Berger. C’est quand tout est mis en oeuvre par Satan pour affaiblir la foi, que celle-ci trouve un appui inébranlable en Dieu. Jésus enseigne cela à nos coeurs par son exemple et, en contemplant son sentier, nous apprenons quelle est notre confiance ; dans une position difficile, nous savons que Jésus s’y est aussi trouvé et que Dieu ne pouvait pas ne pas montrer sa fidélité envers son Fils. En voyant le lien entre Dieu et Jésus, j’apprends à connaître le lien entre Dieu et moi, car Jésus s’est anéanti pour prendre notre position et se mettre à notre place.

(v. 1). Peu importent les circonstances, c’est une chose arrêtée, je n’aurai point de disette. Ce n’est pas faute de difficultés, car il dit, dans un autre Psaume, qu’il est dans une terre déserte, altérée, sans eau. Il sait que l’Éternel pourvoit à tout cela et il se sent en sûreté. Les soins du Berger rassurent l’enfant de Dieu et il va librement, dans la liberté de la grâce, partout où le Berger le conduit.

(v. 2). L’Éternel est mon Berger et je me repose ; toute la puissance des démons ne peut m’empêcher d’être dans les parcs herbeux. C’est la foi qui donne cette assurance ; on est au milieu des ennemis sans frayeur ; le bon Berger veille sur nous et il nous conduit le long des eaux paisibles, où nous trouvons le rafraîchissement pour nos âmes. Il y a liberté ; on entre, on sort, et on trouve de la pâture. Rien ne peut nous séparer de cet amour qui s’occupe de nous. Lui qui a donné sa vie pour ses brebis, déploie pour nous d’autant plus d’amour que les difficultés sont plus nombreuses, et, monté auprès du Père, il prend soin de ses brebis, comme le Père prenait soin de lui lorsqu’il était sur la terre. « Les yeux de l’Éternel parcourent toute la terre, afin qu’il se montre fort en faveur de ceux qui sont d’un coeur parfait envers lui » (2 Chron. 16:9). Comme on le voit dans ce passage, c’est dans les difficultés qu’il permet dans ce but et quand il n’y a rien dans les circonstances qui puisse encourager l’âme, que Dieu se montre fort. Ne chercher que Dieu, n’avoir d’autre appui que lui, c’est là que se montre la perfection, l’intégrité du coeur.

(v. 3). Ce n’est pas qu’il n’y ait pas de craintes ; Paul avait des craintes au dedans et des combats au dehors. Jésus a offert des prières et des supplications, avec de grands cris et avec larmes (Hébr. 5:7). Tout cela peut arriver à un coeur intègre. Le Seigneur vient alors restaurer l’âme et consoler ceux qui sont abattus. Il est dit de Jésus que « les eaux lui sont entrées jusque dans l’âme ». « Mon âme, dit-il, est abattue au dedans de moi », et en fin de compte, il a été divinement restauré. La chair évite un chemin où elle trouvera l’abattement, mais elle évite ainsi de se rencontrer avec Dieu et perd l’occasion de le connaître. Tôt ou tard, l’âme restaurée qui a trouvé le Seigneur, jouit de la consolation et de la lumière et reçoit la persuasion que c’est lui-même qui l’a conduite dans le chemin de la bénédiction.

Au v. 5, on trouve la conséquence du fait que l’on s’appuie sur le Berger. Les ennemis sont là, mais Dieu dresse la table et l’on jouit, même en leur présence. Quelle joie éprouvent ceux qui ont la conscience que le Seigneur qui connaît notre chemin, nous bénit et nous conduit. Notre combat est un combat réel ; l’éviter, c’est éviter la bénédiction. Du moment que l’on est mis en avant pour le service du Seigneur, on est nécessairement à la vue des ennemis. Si l’on veut montrer ce que c’est que le peuple de Dieu, il faut le montrer en présence de Satan. Satan peut cribler, et c’est ce qu’il désire, mais il nous faut combattre et mortifier la chair, tout en comptant sur la fidélité de Dieu. Ceux qui n’ont pas le coeur intègre et comptent sur autre chose que sur lui, ne trouvent jamais que Dieu se montre fort.

La foi est la règle selon laquelle Dieu nous conduit. Quand il est l’objet de nos coeurs et de notre foi, tout devient simple et facile. Avec l’oeil net, le corps est plein de lumière. C’est un chemin de luttes, d’abattement, de découragement quelquefois, mais un chemin où Dieu se trouve. Ce ne sont pas toujours des eaux paisibles, mais l’âme acquerra la certitude du chemin où Christ la conduit et la certitude que nous passons où Christ a passé.

Si, par la grâce de Dieu, je vous revois, j’ai la pleine conviction que le Seigneur est notre Berger, qu’il conduira chacun de nous et j’espère, s’il plait à Dieu, que nous nous reverrons plus unis et plus bénis que jamais !


5 - Méditations de J. N. Darby — Psaume 25

n°160 : ME 1907 p. 314

Il y a quelque chose de touchant à voir une âme qui s’épanche devant Dieu, sans jouir encore de la délivrance ; elle sait que celui qui s’attend à lui ne sera point confus, mais elle n’a pas encore la paix, quoiqu’elle la voie de loin.

Il faut remarquer la manière dont Dieu reçoit cet épanchement du coeur. Il prend connaissance de tout ce qui se passe dans l’âme, péchés, craintes, espérances ; il veut que nous comprenions qu’Il s’en occupe. Les Psaumes, à cause de leur sens prophétique, sont l’expression de l’opération du Saint-Esprit dans l’âme, avant qu’elle ait trouvé la paix, et ne donnent pas la réponse définitive de l’amour de Dieu.

Il y a dans notre coeur un fonds de dureté, d’insensibilité, de légèreté tel, qu’il faut que Dieu le travaille afin de le fixer et de le rendre attentif, et de le réduire au sentiment de son incapacité. Nous sommes si misérables, que le seul moyen de nous donner l’idée de l’amour de Dieu, c’est de fixer notre coeur par ses besoins sur ce que Dieu est.

(v. 11). « À cause de ton nom, tu me pardonneras mon iniquité, car elle est grande ». Il y a là un principe profond : c’est seulement quand nous sommes profondément convaincus que notre iniquité est grande que nous sentons notre besoin de Dieu et de son pardon. On pourrait penser d’une petite iniquité qu’on peut y remédier soi-même, ou que Dieu la passera sous silence. Vos âmes ont-elles été en relation avec Dieu, pour juger vous-mêmes que votre iniquité est grande et que votre besoin de la gratuité est grand ?

Le coeur de l’homme renverse tout. Il met la droiture et la vérité de Dieu avant sa bonté, et pense que si l’homme marche comme il le doit, Dieu sera bon envers Lui. C’est le contraire qui est dit ici : « Il est bon et droit, c’est pourquoi il enseignera le chemin aux pécheurs ». Dieu qui est droit aime la droiture, mais Dieu est bon. L’âme mal éclairée, connaissant ses fautes jusqu’à un certain point, désire atteindre par la droiture la bonté de Dieu. C’est la démonstration de l’état d’un coeur qui ne connaît pas Dieu et qui s’endurcit au sujet de toute l’histoire que Dieu a donnée et de l’homme, et de lui-même. Rien ne met plus obstacle à la grâce que la pensée que si l’homme est droit, Dieu sera bon. Un tel coeur n’est ni humble, ni amolli, et son orgueil n’est pas encore détruit. La dureté du coeur de l’homme s’élève contre la grâce de Dieu ; l’homme ne veut pas qu’on lui parle de ses péchés, parce que, s’il est obligé de les confesser, il lui faut reconnaître son mauvais état. La confiance ne peut pas entrer dans un coeur qui n’a pas goûté l’amour. Quand nous avons saisi que c’est par la bonté que Dieu commence, notre coeur peut s’épancher devant Lui qui est bon et il y a confiance, attendrissement et humilité. Quand nous pensons à ce que nous sommes, quelle dureté de coeur d’avoir la prétention de nous présenter devant le Dieu saint ! L’homme ne peut souffrir qu’on lui parle de ses péchés ; l’action du Saint-Esprit, au contraire, les lui fait reconnaître et confesser en détail. On parlera du péché en général ou des péchés dont on n’est pas coupable soi-même, mais on ne parlera pas de ses propres péchés. Pierre dit : « Vous avez renié le Saint et le Juste ». Lui-même l’avait fait, et d’une manière beaucoup plus honteuse, mais il parle sans aucune crainte de ce péché-là. Paul parle librement au Seigneur Jésus du détail de ses péchés (Act. 22:19-20). L’Esprit seul peut le faire. Les pécheurs peuvent parler d’autres péchés que les leurs ; un ivrogne blâmera le vol, mais il ne parlera pas de ses propres péchés, sa conscience lui faisant éviter d’être droit devant Dieu. On cherche à cacher son péché et à montrer ses bonnes qualités ; on veut être honnête en se passant de Dieu. On pensera rencontrer sa bonté par la droiture, mais il n’y a là aucune vraie confiance en Lui. L’idée, si fréquente dans le monde, de rendre culte à Dieu dans cet état de choses, est une fraude. Dieu commence par ce que nous sommes, et c’est ce que l’homme ne veut pas.

Dieu nous présente dans la Bible les choses les plus extraordinaires. Il dépense tous ses conseils et fait usage de toutes ses ressources en vue de l’état où l’homme se trouve ; il révèle tous ses efforts et les soins qu’il a pris pour se mettre en relation avec le coeur de l’homme. On voit dans la Parole des coeurs en rapport avec Dieu sous l’action du Saint-Esprit, et l’on reste tel que l’on est ! Y a-t-il une plus grande dureté de coeur que de voir, sans en être touché, tout ce que Dieu a fait, et l’action de son Esprit dans ceux qui sont sauvés ? On voit tout cela, et l’on suit son chemin ! Preuve-qu’il n’y a pas encore dans le coeur la moindre semence de vie.

Mais on peut aussi être convaincu de péché et chercher à retrouver auprès de Dieu la place qu’on a perdue. Dans ce cas, l’âme croit qu’il y a une autre ressource que le pur pardon ; elle n’a pas encore de vraie relation avec Dieu. Il se peut qu’elle ne recherche pas le monde, qu’elle observe le dimanche, suive des réunions. Elle s’appuie sur ces choses. Ce n’est pas une âme convaincue que Dieu est amour ; elle n’est pas en Sa présence avec la vraie connaissance d’elle-même ; elle n’est pas humiliée et choisit un chemin de sa façon pour arriver à Dieu. Elle ne peut pas dire : « En Toi j’ai mis ma confiance ; elle s’assure en son propre chemin ; elle veut améliorer sa conduite pour s’approcher de Dieu. C’est quand nous sommes convaincus qu’il ne s’agit pas de s’approcher de Lui, mais que nous sommes en sa présence et perdus, que nous disons : « Tu me pardonneras mon iniquité, car elle est grande ». On n’a plus de chemin à faire ; on ne désire plus éviter Dieu ; on se trouve devant Lui, tel que l’on est. Dieu se révèle ; nous avons à comprendre ce qu’il est, et alors vient la connaissance de sa grâce. Il s’agit de savoir ce qu’il est à l’égard d’un pécheur mis à nu en sa présence. Dieu est toujours bon et ne veut pas sanctionner la méchanceté de l’homme en le laissant tranquille dans son endurcissement. Au lieu de reprocher le péché, Dieu veut nous en donner la conviction en montrant qu’il l’a vu, qu’il y a pensé, et qu’il a trouvé le moyen de nous pardonner et d’enseigner aux pécheurs le chemin qu’ils doivent suivre.

« À cause de ton nom, ô Éternel, tu me pardonneras mon iniquité ». Voilà sur quoi l’âme base sa confiance ; impossible que Dieu manque à son nom : Il est bon et droit. Que fait la bonté de Dieu envers un pécheur tremblant et misérable ? Elle ne lui fait pas de reproche, mais prend connaissance de sa misère pour lui inspirer pleine confiance et lui donner courage. Dieu se renierait s’il manquait à sa bonté dans ce cas. Il ne peut faire autrement, car il y va de son nom, de sa gloire, de sa vérité, de ce qu’il est. Il nous fait comprendre qu’il s’est occupé de nos péchés, longtemps avant que nous en fussions nous-mêmes occupés et, si sa bonté s’en occupe, il faut qu’elle le fasse pour les ôter. Il a donné Jésus pour cela ; c’était ce qu’il fallait que sa bonté fît : effacer complètement le péché.

Chercher à arriver au pardon par le progrès dans la sanctification, c’est choisir soi-même son chemin. Dieu met le pécheur à l’aise en sa présence en lui montrant ses péchés placés sur la tête de Jésus. Sa gloire ne serait pas complète, si les pécheurs n’étaient pas complètement pardonnés, c’est un salut accompli pour toujours ; l’âme est en paix ; tout cela, à cause de son nom. Si l’âme est convaincue de la bonté de Dieu, aimerait-elle à garder quelque péché par devers elle ? Non ; la conscience dégagée de la couche épaisse des anciens péchés, devient plus délicate. Quand nos coeurs sont vivifiés, ce que nous trouvons en nous-mêmes étant convertis est beaucoup plus pénible que nos péchés avant notre conversion. Mais Jésus est mort, sachant ce que nous sommes et pour ce que nous sommes. Tel que je suis, Dieu m’aime ; son nom est en question et son nom est bonté. Il a condamné le péché dans la chair, en ce que Christ a été le sacrifice pour le péché. Le nom du Dieu Amour nous est ainsi révélé par tout ce que Dieu a fait pour nous en Jésus.

« Dieu est droit ; il enseigne le chemin aux pécheurs » et les conduit. Cela vient après le pardon. Dieu est premièrement bonté, puis vérité, quoique le coeur de l’homme pense l’inverse.

Si nous sommes en relation avec un Dieu de bonté, où cela s’arrêtera-t-il ? Jusqu’à quel point se manifestera-t-il ? Jusqu’à « montrer dans les siècles à venir les immenses richesses de sa grâce dans sa bonté envers nous dans le Christ Jésus » (Éph. 2:7). Dieu a devant lui le plus misérable des pécheurs. Que fera-t-il pour montrer aux anges les richesses de sa bonté ? Il nous prend, nous misérables, et nous place dans la même gloire que Christ, pour montrer aux anges les richesses infinies de sa grâce. C’est en nous que Dieu se montre ce qu’il est. C’est toi, qui te dis le plus faible, le plus coupable, que Dieu doit choisir, s’il veut montrer les immenses richesses de sa grâce. Il ne doit pas s’arrêter dans cette bonté, et ce n’est point de l’humilité que de mettre des bornes à sa grâce à notre égard, sous prétexte que nous sommes trop mauvais pour cela. Ce qu’il fait, c’est pour l’amour de son nom. C’est aussi pour l’amour de son nom, qu’au Ps. 23, il restaure notre âme et nous conduit dans des sentiers de justice. Il commence son oeuvre, la continue et l’achève jusque dans le ciel pour l’amour de son nom.

C’est là uniquement ce qui rend l’âme droite, sincère, ouverte devant Dieu, parce qu’il n’existe aucun sujet de crainte à l’égard du péché, et il n’y a jamais de droiture dans nos coeurs, avant que nous soyons, dans nos consciences, tels que nous sommes devant Dieu. Du moment que l’âme dit : « À cause de ton nom, tu pardonneras mon iniquité, car elle est grande », il faut que Dieu se manifeste. On s’assure en Lui, et l’on trouve cette heureuse vérité que Dieu est bon et droit.


6 - Méditations de J. N. Darby — Psaume 34

n°87 : ME 1895 p. 412

Les Psaumes nous présentent continuellement les justes et les débonnaires, comme ayant des maux en grand nombre et comme traversant l’épreuve. Les deux premiers Psaumes sont le sommaire de tous les autres.

Le 1° parle du bonheur du juste, le 2° de la gloire de Christ. Dans le premier, le Seigneur Jésus est le modèle du juste ; ce dernier nous est représenté comme devant prospérer. Cela est vrai dans les conseils de Dieu, mais en réalité, dans ce monde, le juste parfait est loin d’avoir prospéré, car il a été rejeté des hommes.

Le Ps. 2 nous présente la gloire de Christ, comme Roi des Juifs ; mais auparavant il a été rejeté comme juste et comme Roi. Au Ps. 3, commence la plainte de Christ et du petit résidu qui s’attachera à lui. Dès lors les justes sont toujours présentés comme souffrants et les méchants comme triomphants. Il en sera ainsi jusqu’au moment où Satan sera lié et où Jésus régnera sur la terre. Pour le dire en passant, la gloire de l’Église n’est pas révélée dans les Psaumes.

Au Ps. 34, nous trouvons les expériences de Christ lui-même. Le v. 20 s’est accompli littéralement sur la croix. C’est une allusion à l’agneau pascal (Ex. 12:46). Le Christ nous présente l’expérience de ses douleurs et de ses souffrances pour nous encourager. Il a consommé la foi dont il est le chef. Il nous enseigne à dire : « Je bénirai l’Éternel en tout temps » (v. 1). Pour un enfant de Dieu, l’action de grâces est naturelle, mais, quand on n’a point de soucis, il est facile de louer l’Éternel. C’est ce que les amis de Job lui disaient. Tout ce qui est de Dieu est durable ; son amour en nous, dure ; il en est de même de nos louanges. L’homme naturel ne peut louer Dieu que lorsqu’il est à son aise, tandis que, l’Esprit de Christ nous apprend à le louer en tout temps. Quand la vie de Dieu commence en nous, nous sommes pleins de joie, mais alors commence le voyage, et le voyage est souvent pénible, et si l’on n’a pas fait d’avance son compte qu’il en doit être ainsi, on se laisse abattre et décourager. Les afflictions, les maladies, nous abattent et nous empêchent de rendre grâces, mais simplement parce que nous avons perdu confiance en Dieu.

Le Seigneur Jésus a passé par de grandes frayeurs (v. 4), néanmoins il dit : « Magnifiez l’Éternel avec moi, et exaltons ensemble son nom » (v. 3). Il est entré dans des difficultés beaucoup plus grandes que celles qui nous assaillent, et cependant il dit : « l’Éternel m’a répondu » (v. 4). Après avoir dit : « Père, s’il est possible que cette coupe passe loin de moi », il a pu dire : « La coupe que le Père m’a donnée, ne la boirai-je pas ? » Ce n’est pas à dire que pour nous, ici-bas, le mal s’en ira absolument ; mais cependant lui en a été délivré. Après être mort, il a été ressuscité. Il nous faut faire notre compte que notre vie comme chrétiens sera parsemée de toute sorte de choses pénibles. Christ a passé par toutes ces choses et nous apprend que l’Éternel l’a délivré, qu’il a été son appui, et qu’après avoir passé par l’épreuve, il peut en bénir Dieu. Christ a été crucifié en faiblesse. Ce n’est pas par sa divinité, mais par son humanité qu’il a eu part à ces souffrances. On trouve en 2 Cor. 1:3-6, qu’il n’y a de consolation que pour l’affligé, et cette consolation nous fait sentir que Dieu lui-même est notre joie en Christ, indépendamment de toutes nos circonstances.

Au v. 6, le résidu reconnaît la vérité de cette délivrance, en la voyant réalisée en Christ. Le résultat de toutes ces choses est une connaissance plus intime de Dieu : « Goûtez et voyez que l’Éternel est bon ! Bienheureux l’homme qui se confie en lui ! » (v. 8).


7 - Méditations de J. N. Darby — Psaume 48

n°97 : ME 1896 p. 332

Il y a entre les Psaumes beaucoup plus de liaison qu’on ne pense. Il en est ainsi, par exemple, du Ps. 42 au Ps. 48. Ces Psaumes traitent des troubles des Juifs aux derniers jours, jusqu’à ce qu’ils entrent en jouissance du repos. C’est aussi l’histoire d’une âme. Si nous étions remplis du Saint-Esprit, nous serions toujours en présence de Dieu et nous n’aurions pas besoin de discipline. Mais, abstraction faite de cette discipline, le nouvel homme n’a qu’à jouir.

Nous pourrons nous glorifier en tout, même dans les tribulations, quoique la tribulation soit destinée à nous discipliner au sujet de ce qui nous manque. On trouve dans les Psaumes tantôt le fidèle jouissant de l’effet de la relation dans laquelle il est placé, tantôt, comme Daniel, privé de cette jouissance. Le résidu, comme Moïse, souffre plus de la rébellion d’Israël qu’Israël lui-même, parce que le Saint-Esprit agit dans son coeur et le rend beaucoup plus sensible à ce qui a déshonoré Dieu. Comme Josué et Caleb, comme Daniel, nous aussi, nous sommes toujours appelés à supporter les conséquences de l’état du peuple de Dieu. Un fidèle peut donc, comme Jésus avant la résurrection, être privé de toutes les jouissances qui appartiennent à un fidèle (Ps. 22), ou jouir de l’effet des promesses.

On trouve dans les Psaumes, tantôt Dieu, tantôt l’Éternel. L’Éternel est le nom de Dieu dans sa relation avec les Juifs. Cette relation a lieu quand Israël a la jouissance de l’effet de la promesse. Ce contraste entre ces deux noms se trouve dans les Ps. 42 et 48.

Le Ps. 42 contient des gémissements ; le fidèle y est privé du temple et de la présence de Dieu (v. 4). Les ennemis cherchent à troubler son âme qui ne jouit plus de la réalisation des promesses et lui crient : Où est ton Dieu ? (v. 3) Israël est éloigné du temple ; il est au Jourdain, à la montagne de Mitsear ; il est abattu, mais il se soumet et s’attend à Dieu ; s’il n’a pas la jouissance, il a Dieu qui lui reste. C’est l’état d’un coeur fidèle. Daniel souffrait de la chute d’Israël, mais il avait Dieu. Dieu nous suffit, quoique tout le reste soit ôté. Le Ps. 44 contient ce même principe, appliqué à d’autres circonstances ; il montre jusqu’à quel point Israël se trouve abandonné, selon les circonstances extérieures. Néanmoins le résidu demeure fidèle. Le Ps. 45 introduit Christ, et la scène change complètement : tout est joie et allégresse. Nous aussi, nous sommes joyeux, du moment où nous nous rappelons ce que Christ est. Le nom de relation, le nom de l’Éternel se retrouve dans ce Psaume.

Au Ps. 48, le peuple se retrouve dans la jouissance des bénédictions (v. 9-10). Ce qu’il avait entendu (Ps. 42), il le voit.

Christ aussi sentait ce que c’était que de n’avoir rien que Dieu. Nos âmes peuvent se trouver dans cet état, et c’est une preuve de vie que nous nous appuyions sur Dieu. Quand la vie est là, Dieu est nécessaire à l’âme.

Par la puissance de Christ lui-même, et par la résurrection de Jésus qui est le gage de cette puissance, nous jouissons de tout l’effet des promesses et de notre relation avec Dieu comme les enfants du Père, dans toute l’étendue de cette relation. Si la patience a son oeuvre parfaite, le printemps renaît dans nos âmes. L’exercice de la patience fait que le coeur est sondé et que l’on maîtrise et condamne tout ce qui empêche de comprendre et de sonder la volonté de Dieu. Il a aussi pour effet que l’on croît en intelligence-spirituelle (Phil, 1:9 ; Col. 1:9). Si l’on est à Dieu et qu’on s’attende à ses promesses, on jouira de tout ce que Dieu donne. Si nous nous appuyons sur le nom de Dieu (Ps. 48:10), qui est toujours la révélation de ce qu’il est à son peuple, révélation communiquée à leur foi, nous en verrons l’effet et nous en jouirons. Nous aurons aussi cette manne cachée, et ce nom que connaît seul celui qui l’a, c’est-à-dire la jouissance qui appartient à la fidélité individuelle. Christ se communique particulièrement à celui qui est fidèle, par la communion dont l’âme jouit avec lui.


8 - Méditations de J. N. Darby — Psaume 49

1 janvier 1841 — n°86 : ME 1895 p. 408

La pensée des fidèles se porte toujours au delà de ce qui les entoure car pour eux la vie présente est la nuit, et le matin qui suivra est la résurrection. « La nuit est fort avancée », dit Paul, « et le jour s’est approché ». Un jour n’a guère plus d’effet sur moi qu’un autre, sinon pour me rappeler que je suis encore dans la nuit (mais non pas de la nuit), dans le pèlerinage, au milieu d’un monde qui hait mon Sauveur.

En repassant, dans notre mémoire, l’année qui vient de s’écouler, nous avons bien des grâces à rendre à Dieu. Plus nous vivons comme chrétiens, plus nous réalisons la fidélité de Dieu. Le jeune chrétien a plus d’élan, celui qui a vécu plus longtemps a fait davantage l’expérience de son coeur et du coeur de Dieu ; il comprend mieux Sa fidélité et réalise davantage qu’il est toujours là pour accomplir tout en nous, selon ses promesses. Il y a une expérience de Dieu que toute la joie du commencement de la vie chrétienne ne peut remplacer. « Attends-toi à l’Éternel », tel en est le résultat. Tout chrétien peut rendre témoignage de la fidélité de Dieu à son égard, mais l’effet de la pratique de la vie chrétienne est de nous donner le sentiment que nous ne pouvons rien, sinon obéir, et que Dieu seul peut agir. On se repose davantage sur lui, on s’attend à sa bonté, on sait qu’il fera toutes choses. Il y a une certitude de sa bonté que l’on ne trouve pas dans une âme encore novice. On n’en devient pas, pour cela, moins actif, mais l’activité, au lieu d’avoir sa source dans nos pensées, a sa source dans l’obéissance.

Devant Dieu, il n’y a point d’époques ; il n’y a que l’éternité. Ce qui nous rappelle le temps, nous rappelle que nous sommes encore ici-bas. Étant morts et ressuscités avec Christ, nous sommes déjà, en ce sens, dans l’éternité. Il faut que nos pensées soient avec Jésus, et avec sa gloire, et ce n’est pas ici-bas que l’on trouve cela.

Il y a deux hommes, le premier et le second Adam ; deux familles, celle du premier et celle du second. Toutes nos pensées découlent de notre relation avec l’une ou l’autre de ces deux familles. Si je tiens à ma relation avec le second Adam, je juge que le monde entier n’est que la scène où le premier a déployé son iniquité et où le second a été rejeté par cette iniquité de l’homme.

La résurrection de Jésus a fait de lui le Chef d’un monde à venir, et ceux qui ont part à sa résurrection appartiennent à ce monde-là. Le mauvais riche n’avait rien de particulièrement mauvais quant à ce monde-ci ; il lui est dit seulement : « Tu as reçu tes biens pendant ta vie ». Tel était son caractère ; il était du monde, il l’aimait, il y faisait joyeuse chère ; or l’amitié du monde est inimitié contre Dieu. Pour le chrétien, tout ce qu’il voit dans ce monde est une conséquence de la chute. Sans parler des convoitises, des inégalités, des maladies, de la misère ; jusqu’à nos maisons et nos habits, et la différence de nos langues le prouve. Pourquoi a-t-on des clefs, sinon par défiance de ses voisins et même des gens de sa propre maison ? Aussi toutes les pensées, tous les désirs du fidèle se portent vers l’aurore du jour à venir. Du moment que nous comprenons ce jour à venir, toutes les choses que les hommes recherchent (v. 11) nous deviennent indifférentes. Le monde compte sur sa durée et sa continuation illimitée (v. 12. Luc 17:26, etc). Mais tout ce qu’il y a de plus excellent parmi les hommes ne dure pas ; bien plus, c’est une abomination devant Dieu, car tout se lie à cette famille du premier Adam qui est vouée à la condamnation. Le temps actuel est la nuit, et le chrétien le sait depuis qu’il a reçu l’Évangile. Dieu a favorisé l’homme de toutes les ressources que ce monde pouvait lui offrir, et l’homme s’est corrompu toujours davantage. La lumière est venue ; le monde a haï la lumière et a préféré les ténèbres. S’il y a maintenant une lumière dans l’Église, c’est la preuve qu’il fait entièrement nuit au dehors. Le monde qui se croit sage et éclairé, méprise cette lumière et reste dans les ténèbres ; mais pour l’Église, la nuit sera bientôt passée et le matin apparaîtra.


L’homme tire de son mieux parti de cet héritage dont il a chassé Jésus, tandis que le chrétien, s’il est fidèle, partage le sort du Sauveur rejeté. Si notre lumière luit dans un monde de ténèbres, il est évident que le monde nous persécutera. Plus nous serons fidèles, moins nous trouverons de paix avec le monde. Pour un chrétien, la paix avec le monde n’est pas autre chose que la capitulation de l’infidélité.

Tout ce qui a rapport au temps et à ce présent siècle mauvais est la nuit. Mais nous, la famille du second Adam, nous avons la lumière pour traverser cette nuit. Le chemin du monde est sa folie (v. 13). Malgré les conseils, tous suivent le même train et vont l’un après l’autre se coucher dans le shéol. Mais nous, nous ne devons pas avoir notre part là où règne la misère du premier Adam ; notre part est la gloire du second Adam ; et c’est au matin de ce jour-là que brillera la gloire de Christ !


9 - Méditations de J. N. Darby — Psaume 63

n°91 : ME 1896 p. 57

Les épreuves, la solitude, le délaissement d’une âme qui possède le Saint-Esprit, ont pour résultat de lui rendre Dieu plus précieux. « Comme je t’ai contemplé dans le lieu saint » (v. 2) : Jésus seul a pu dire ces paroles dans toute leur plénitude, mais elles peuvent être aussi l’expression de la position de tous les siens. La présence du Saint-Esprit nous fait considérer ce monde comme une terre altérée et sans eau ; il n’y trouve rien, semblable à la colombe de Noé qui ne trouva pas où poser la plante de son pied. Il n’y a rien dans le monde pour rafraîchir l’âme ; la chair y trouve de quoi satisfaire ses désirs, mais non l’Esprit de Christ. À tout moment et sans exception, Jésus n’a trouvé ici-bas qu’une terre altérée et sans eau ; pour lui, aucune jouissance : ses disciples, à la table de la cène, se disputaient pour savoir qui serait le plus grand ; ses amis même ne le comprenaient pas ; ils manquaient entièrement de sympathie, pour répondre à toutes ses affections, et cette froideur avait pour résultat de présenter à ses pensées le ciel dont il était descendu et la communion de son Père et les jouissances célestes. C’est aussi ce que produit l’Esprit de Christ en nous, dans ce monde. Un autre résultat, c’est de nous donner soif de Dieu ; nous l’éprouvons dans la mesure où nous trouvons que ce monde est une terre altérée et sans eau. Ne rien trouver dans ce monde, et trouver tout en Dieu, ce sont donc les deux caractères de la présence de l’Esprit de Christ en nous. La part de la chair, et non de l’Esprit, c’est d’avoir des jouissances dans ce monde.

« Ô Dieu, tu es mon Dieu » ; ce sentiment devient toujours plus vif à mesure que croit notre isolement, mais le résultat en sera que nous verrons la force et la gloire de Dieu (v. 2). Jésus ne les trouvait pas dans ce monde ; il y voyait plutôt la puissance du démon. Il y a dans l’âme un besoin de contempler cette force et cette gloire, à la vue de l’iniquité du monde qui gâte, corrompt, pervertit tout ce que Dieu a fait. La corruption du christianisme est un empêchement à la conversion du monde ; il nous faut lutter maintenant contre cette corruption et non pas seulement contre le paganisme. Les quatre cinquièmes du monde demeurent païens, parce que les chrétiens de nom ne sont pas chrétiens du tout.

Pourquoi Jésus a-t-il tant désiré voir cette force et cette gloire de Dieu ? Parce qu’il était descendu du ciel et qu’il les avait contemplées dans le ciel ; il parlait de ce qu’il avait vu et connu ; il connaissait tous les desseins, toutes les pensées de Dieu. Quelles durent donc être ses pensées, dans ce monde où le démon règne, quand il voyait l’état où les créatures de Dieu avaient été réduites par le péché. Jésus désire voir ce qu’il a déjà contemplé ; s’il est dans le désert de ce monde, c’est qu’il a quitté la gloire du ciel. C’est aussi, avons-nous dit, la part du chrétien qui sort de la présence de Dieu pour se trouver dans le monde ; il a le sentiment que c’est une terre altérée et sans eau, parce qu’il a goûté ce qu’est la présence de Dieu en Jésus.

La certitude que Dieu est notre Dieu, nous le fait rechercher au point du jour. C’est là l’Esprit de Christ, un Esprit familier avec la gloire de Dieu, mais qui, ne voyant rien de pareil autour de lui, soupire après cette gloire. Cet état n’empêche pas l’action de la grâce : « Ta gratuité est meilleure que la vie ; mes lèvres te loueront ». Jésus loue Dieu dans le désert, parce qu’il possède Dieu : « Je te bénirai durant ma vie ». Pour nous, cela dépend de notre union avec Christ, d’une vie qui n’est pas de ce monde et qui remonte à Dieu qui en est la source. Le résultat en est que Jésus peut dire : « Mon âme est rassasiée comme de moelle et de graisse ». Il disait, au bord du puits de Sichar : « Ma viande est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé ». Mais il n’y a pas une de ses joies dont il ne nous fasse aussi jouir. Au v. 6, il est occupé dans les veilles de la nuit des choses qui ont préoccupé le coeur durant le jour. L’esprit, hors de l’activité du monde, repasse les choses qui sont au fond du coeur. Pour nous, c’est souvent le moment de la faiblesse dans lequel ce qu’il y avait au fond de nos coeurs se manifeste. Puissions-nous puiser en Dieu, quand nous sommes ainsi séparés de l’activité qui nous entoure, la joie et la bénédiction. Il est impossible que rien trouble l’âme à l’ombre des ailes du Seigneur qui nous a été en secours (v. 7). L’effet en est, au v. 8, que l’âme s’attache à Dieu pour le suivre et que, à travers le désert, dans notre faiblesse, la droite de Dieu nous soutient. Que Dieu nous donne de sentir toujours plus sa fidélité et sa bonté.


10 - Méditations de J. N. Darby — Psaume 69

n°22 : ME 1887 p. 297

Ce Psaume se rapporte en entier au Messie ; les malédictions qui y sont prononcées sont le jugement de Dieu sur les ennemis du Christ (conf. Rom. 11:9, 10). Il en est de même de toutes les malédictions des Psaumes.

Plus on considère tout le conseil de Dieu, plus on est frappé de l’extrême légèreté de nos coeurs à l’égard du péché. Combien de fois n’agissons-nous pas selon notre volonté et les convoitises de nos coeurs, sans même penser à Dieu ! Et cependant Dieu, Christ, les anges, et Satan même, envisagent le péché comme une chose infiniment sérieuse. Le coeur de l’homme seul, ce coeur qui est la scène de tous les combats entre le bien et le mal, traite le péché avec légèreté ! C’est dans le monde que le combat de Christ avec Satan et sa victoire sur l’ennemi ont eu lieu, et le monde n’y prend pas garde. C’est ici-bas que Dieu a manifesté toutes ses pensées à tous égards, et l’homme, seul objet de toutes ces manifestations, passe indifférent à côté de ces choses. Rien ne peut mieux démontrer l’éloignement naturel du coeur humain pour tout ce qui est de Dieu.

Quand une telle légèreté se montre chez des chrétiens, elle est d’autant plus déplorable, et elle est tout aussi dangereuse lorsqu’il s’agit de l’Église que s’il est question de notre marche individuelle. Si nous avions compris ce qu’il en a coûté à Christ pour acquérir l’Église, nous ne pourrions nous occuper, selon notre pensée, de ce qui la concerne, et nous comprendrions que nous ne pouvons être pour elle que des instruments de la grâce.

Quand il est dit (v. 17) : « Ne cache pas ta face de ton serviteur », c’est la requête de Christ allant à la mort ; la face de Dieu lui était cachée, parce qu’il expiait le péché et portait notre condamnation. Ce cri ne peut être le nôtre ; Christ seul a pu le pousser, et cela lorsqu’il était notre remplaçant. Toute la colère de Dieu contre le péché a été épuisée dans le jugement que Christ a subi à notre place. Cette colère ne nous atteint plus, car la perfection, l’immensité de l’amour de Dieu pour nous, sont manifestées dans la colère dont nos péchés ont été l’objet en Christ.

Christ, comme homme, a beaucoup souffert de la part des hommes, sous leurs mépris, leurs insultes et le supplice qu’ils lui ont infligé. Il était d’autant plus sensible à ces choses, que son âme était parfaite pour les sentir. Mais, en un certain sens, ces souffrances étaient comparativement encore peu de chose. Il a souffert de la part de ses disciples. Comme homme, il avait besoin en Gethsémané de quelqu’un qui veillât avec lui ; ses disciples dorment. Ils dormaient aussi, quand il leur montrait sa gloire sur la montagne de la transfiguration. L’un des siens le trahit, les autres s’enfuient.

Satan avait la main dans tout cela, mais il ne se borne pas à se servir, contre Christ, de sa puissance sur les hommes, et à priver ainsi le Seigneur de toute consolation. Il vient contre lui avec la puissance des ténèbres et de la mort, mais il n’a rien en Christ et ne rencontre en lui que la pleine soumission à la volonté du Père. Job, lui, se plaignait de Dieu, manifestant ainsi ce qui est au fond du coeur de l’homme.

Mais Jésus a souffert aussi de la part de Dieu. En Gethsémané, Christ appelle Dieu son Père ; sur la croix, où la colère de Dieu tombe sur lui, il dit : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » En effet, cela était inexplicable ! Dieu ne répond pas. S’il eût répondu, l’expiation n’eût pas été accomplie (Ps. 69:2, 3).

Au v. 5, Christ confesse, comme Souverain sacrificateur, les péchés de son peuple ; il est là, comme mettant la main sur la tête du bouc Azazel.

Au v. 6, il est dans un tel état de délaissement et de honte, qu’il prie, dans son amour, qu’aucun des siens ne soit rendu confus par son ignominie. Ce Psaume nous introduit ainsi dans l’intimité du Seigneur, quand il épanche son coeur devant Dieu dans ses souffrances. Comme Dieu a été glorifié dans sa mort, il l’est maintenant par sa victoire, le Seigneur étant assis à sa droite (v. 29).


11 - Méditations de J. N. Darby — Psaume 77 — TA VOIE EST DANS LE LIEU SAINT

Genève, 20 octobre 1848 — n°238 : ME 1929 p. 55

Souvent, dans les grandes détresses, l’âme éprouvée chérit sa douleur, et ne veut pas être consolée. Ayant perdu son objet le plus cher ici-bas, elle ne veut être distraite par aucune circonstance extérieure, et repousse toute intervention pour se concentrer dans son chagrin. Mais quand elle refuse les consolations de Dieu, c’est un très mauvais signe.

Aussi est-ce pour l’âme une chose pénible de sentir la main de Dieu sur elle (v. 3) lui rappelant qu’il est Dieu ; elle ne le connaît pas encore comme le Dieu d’amour, mais comme Celui qui l’a trouvée. Elle sent que Dieu la tient, et elle l’avait oublié. Mais alors, elle apprend que Sa voie est dans le lieu saint, et elle est heureuse de voir la majesté, la gloire, la puissance de cette voie qui est le secret de Sa sagesse envers nous. Quand nous nous adressons à Dieu, quand nous crions à Lui, nous sommes sûrs qu’Il nous écoutera. Souvent nous nous attachons plus à la bénédiction qu’au Bienfaiteur qui la dispense ; puis la bénédiction passée, nous éprouvons de nouveau le vide et l’angoisse. Au contraire quand c’est à Dieu seul que nous nous attachons, à Lui seul que nous regardons, jouissant de la bénédiction pour être élevés jusqu’à Lui, Dieu nous reste et suffit à notre coeur, alors même que la bénédiction est retirée. Dans l’épreuve et dans les difficultés de la vie, si le coeur regarde aux circonstances extérieures, le découragement et l’abattement s’emparent de lui ; mais tout change dès qu’il s’attache à Dieu, et reconnaît sa main et sa puissance : Il n’a que Dieu, mais il a tout ce qu’il lui faut.

« La voie de Dieu est dans le lieu saint ». Si Israël se détourne, s’il est infidèle, Dieu ne se détourne jamais ; sa voie est droite en opposition avec les voies détournées d’Israël. Les voies de Dieu partent du sanctuaire, du lieu de sa sainteté, de son amour, de sa justice. Le chrétien sait cela, et s’y repose. Si même nous ne comprenons pas souvent ces voies, surtout si elles sont « dans la mer », où nous ne pouvons en distinguer les traces, nous savons que toutes choses concourent ensemble au bien de ceux qui aiment Dieu.

Plus le chrétien avance dans la connaissance de l’amour de son Dieu, mieux il comprend pourquoi Dieu agit ; mais le plus simple et le plus ignorant doit se souvenir que les voies de Dieu sont dans le lieu saint.

La gloire de Dieu et la bénédiction de son peuple sont inséparables selon les conseils de Dieu ; mais ici-bas la gloire de Dieu et la bénédiction extérieure du peuple de Dieu ne sont pas toujours réunies à cause de l’infidélité de ce peuple. Aussi est-ce Sa gloire que nous devons avoir en vue par-dessus tout et avant tout.

Le verset 10 doit être compris ainsi : « Et je dis : c’est ici mon infirmité », de croire que la droite du Souverain n’est plus la même. Je veux rappeler les actes de l’Éternel, ses oeuvres, ses merveilles. Remarquons encore, qu’il ne s’agit pas dans ce Psaume de Juda seulement, mais d’Israël tout entier, qui se souvient des voies de Dieu et du temps où Il conduisait son peuple à travers la mer Rouge au milieu des épreuves et des difficultés. Ce souvenir ranime sa foi. Puissions-nous, nous aussi, ne pas oublier que toutes ses voies sont dans le sanctuaire.


12 - Méditations de J. N. Darby — Psaume 84

n°26 : ME 1887 p. 416

Comme il arrive ordinairement dans les Psaumes, le sujet de celui-ci est présenté dès les premiers versets. Il exprime les désirs des fidèles qui, pendant la captivité, avaient été longtemps privés de la joie d’entrer dans les parvis de l’Éternel ; il fournit des accents au bonheur de revoir ces parvis et de suivre le chemin qui y conduit, même par la vallée desséchée de Baca. Comme le résidu d’Israël, l’Église aussi marche vers les tabernacles de Dieu, mais non pas vers ceux qui sont faits de main d’homme. Les tabernacles de l’Éternel sont pour nous la maison du Père ; c’est là seulement que le fidèle est chez soi, et qu’il trouve le repos. Quand l’objet de son coeur est au delà du point auquel il est parvenu, il ne peut jouir du repos, fût-ce même dans l’endroit le plus désirable du monde. Le premier « bonheur » qui nous est présenté, est donc que la maison du Père est notre repos : « Bienheureux ceux qui habitent dans ta maison » (v. 4). Il ajoute un second bonheur : « Bienheureux… ceux dans le coeur desquels sont les chemins frayés » (v. 5). Le v. 4 parle de notre joie en espérance, le v. 5 de notre joie actuelle et pour le chemin.

Dieu, dans la plus haute perfection de son être (lumière, amour), se manifeste au coeur des pécheurs lors de la première visite qu’il leur fait, et, sous ce rapport, l’enfant de Dieu le plus avancé ne peut le connaître d’une manière plus complète qu’un petit enfant dans la foi. Mais d’un autre côté, s’il est vrai que nous connaissons Dieu dès le commencement de notre course ici-bas, nous apprenons cependant à le connaître toujours davantage. Plus je comprends la perfection de Dieu, plus je connais son amour ; et plus aussi je sens combien il est précieux à mon âme. Si la connaissance de Dieu est séparée de celle de l’amour de Dieu, on n’a pas la vie de Dieu.

« Ils te loueront incessamment » (v. 4). Rien dans le coeur de l’homme naturel ne répond à la louange de Dieu. Essayez de le louer dans les rues d’une ville, vous verrez immédiatement que le coeur de l’homme est inimitié contre Dieu. Les chrétiens peuvent aller dans un monde sans écho pour Dieu, faire entendre la voix de la bonne nouvelle ; mais ce n’est qu’ensemble qu’ils peuvent jouir de Dieu et le louer. Le désir de tout coeur converti est que Dieu soit loué, et ce désir ne sera pleinement satisfait que dans la maison de Dieu. Impossible pour l’âme de jouir en plein du repos, avant que Dieu soit loué incessamment par tous ceux qui l’entourent.

« Bienheureux l’homme dont la force est en toi » (v. 5). Quand je me trouve en présence des difficultés, j’ai besoin de force, moi faible, pour être encouragé et soutenu dans la patience. Pierre manquait de cette force quand il a renié Jésus ; la force de la chair est sujette à la fatigue, la force de Dieu jamais. Aucune créature ne peut être plus forte que la force de Dieu, ni que l’amour de Dieu. Jésus n’a-t-il pas été le plus fort, quand il a vaincu le monde ?

Dieu a mis le repos au bout de la route, et les rachetés seuls sont en chemin pour s’y rendre. Nous faisons, en route, l’expérience de notre propre coeur et des ressources de Dieu pour nous, mais le repos est certain, et la parole de Dieu nous en rend témoignage. Notre route est comme un défilé à traverser, au delà duquel est la gloire. Quand on descend dans le défilé, peut-être y perdra-t-on la gloire de vue et le chemin sera difficile, mais nous avons la certitude que c’est le chemin de la gloire. Nous y trouvons le mépris du monde et la lutte avec Satan ; nous n’y trouvons pas le repos, mais il nous faut avoir ce chemin, les chemins frayés dans le coeur. La vallée de Baca, cette terre desséchée, est alors réduite en fontaine. Lorsque nous sommes en communion avec Dieu, chaque difficulté devient l’occasion du déploiement de la gloire de Dieu.

L’enfant timide trouve de la joie dans la certitude de l’amour de sa mère, lorsque quelque danger se présente, tandis que nous sommes souvent abattus et découragés, parce que notre force n’est pas en Dieu. Dieu veut que sa grâce nous suffise, et cela est plus précieux que si l’écharde en la chair nous était ôtée.

« La pluie la couvre de bénédictions » (v. 6). Elle vient, non de la terre, mais du ciel, auquel nous devons être attachés et d’où nous devons tout attendre. S’il n’y a pas d’eau ici-bas, c’est afin que je sache que Dieu prend, en tout, soin de moi, pour me donner l’eau, la manne, la force, tout en un mot. Dieu dit à Israël qu’il l’a fait passer dans le désert afin de l’humilier (Deut. 8:2-5). Quelle bénédiction que nous soyons ainsi humiliés ! Jamais Dieu n’a fait cela ni aux Égyptiens, ni aux Cananéens. Pour nous, l’effet de ces choses est de nous faire vivre de ce qui sort de la bouche de Dieu et de nous faire marcher de force en force. Les difficultés accroissent, pour nous, les forces que nous trouvons en Dieu. Nous ne sommes pas actuellement capables de jouir de tout ce qui se trouve en Dieu, aussi tout ne nous est pas encore donné, mais à mesure que nous avançons, nous marchons de force en force ; Dieu prend plus de place dans nos âmes ; il manifeste les endroits vides ou les endroits durs de nos coeurs, et s’occupe à remplir les uns, à fondre les autres.

Au v. 8, Dieu se présente à l’âme dans trois relations différentes. Il est l’Éternel, Dieu toujours le même ; le Dieu des armées, Celui qui gouverne toutes choses ; Dieu de Jacob, le Dieu de son peuple qui est fidèle à ses promesses.

« Vois et regarde la face de ton Oint » (v. 9). C’est là notre assurance, le gage de la faveur de Dieu. Dieu nous regarde en Christ, et tout ce que nous lui demandons en son nom, il le fera.

v. 10. Il vaut mieux être à la porte du ciel que dans ce monde.

Le v. 12 résume tout. Je n’ai point d’autre ressource. Si notre confiance est dans l’homme, nous rencontrerons tôt ou tard une occasion où l’homme manquera, et c’est là que Satan nous attendra pour nous cribler. Se confier en Dieu est la chose la plus difficile ; c’est mettre la chair sous ses pieds, car la chair ne trouve rien à y gagner, mais c’est pour le coeur un bonheur inexprimable.


13 - Méditations de J. N. Darby — Psaume 88

n°123 : ME 1900 p. 332

Ce Psaume nous rend attentifs aux souffrances de Christ, comme, en général, c’est dans les Psaumes que nous en trouvons l’expression. Dans les évangiles, nous voyons la perfection de Jésus dans ses souffrances et malgré elles, tout se passant entre Dieu et Lui. Quand il se présentait aux hommes, le Seigneur le faisait toujours dans le résultat de sa communion intime avec le Père. Quant à nous, nous sommes souvent faibles et impatients dans l’épreuve, parce que nous ne présentons point à Dieu tout ce qui exerce notre âme, et que nos coeurs n’étant pas vidés du moi, la chair peut s’en emparer.

Nous trouvons dans les Psaumes ce qui se passait dans le coeur de Christ, en communion avec Dieu au milieu de ses angoisses. Le jardin de Gethsémané nous en offre aussi un aperçu dans les évangiles. On y voit, sans souffrances extérieures, l’angoisse de son âme en face de la mort.

Si nous cherchons la force, l’espérance et la joie pour marcher en avant, il nous faut contempler la gloire de Jésus ; mais rien ne nous rend plus honteux du péché, que de voir ses souffrances, et c’est un puissant moyen que Dieu emploie pour chasser le mal, s’il est dans nos coeurs. Il faut pour cela considérer ses souffrances intérieures. On peut facilement surmonter des difficultés qui n’ont pas trait à l’âme, mais Jésus a parfaitement senti ce que c’est que d’être accablé, ce que sont ces eaux qui entrent jusque dans l’âme. On peut supposer une force morale supportant les souffrances extérieures, et même l’homme naturel peut compatir quand il envisage Jésus de ce côté-là, comme les femmes de Jérusalem qui, sans être converties, pleuraient en le voyant conduit à la mort. Mais il y a souvent chez nous une légèreté de coeur et une indélicatesse de conscience qui proviennent de ce que nous ne sommes pas attentifs aux souffrances de l’âme du Sauveur.

Jésus éprouvait l’inimitié de tous contre Lui. Ce n’était pas comme un héros qui se soutient par sa propre force contre l’ennemi. Son coeur voulait le bien et parlait de paix, mais il n’a pas rencontré la moindre sympathie et il avait le sentiment de toute la puissance de l’ennemi contre Lui. Les puissants taureaux de Basan, le lion déchirant et rugissant, l’environnaient et sa vigueur était desséchée.

Jésus éprouvait aussi l’abandon de Dieu et de ses amis. Eux n’avaient aucun sentiment, aucune sympathie de l’Esprit au milieu de ses souffrances. Satan excite ses ennemis ; le Sauveur savait que Dieu l’abandonnerait à cause de nos péchés, car il en a porté la responsabilité pour nous et la colère de Dieu est tombée sur Lui. Il était responsable aussi de la gloire de Dieu : les outrages de ceux qui l’outrageaient sont tombés sur Lui. Il a eu à soutenir la colère de Dieu et la puissance de Satan, sans chercher contre elles la force de l’homme.

Le Paume 88 nous présente la colère de Dieu tombant sur Jésus selon la loi, quand il est fait malédiction pour nous. Il nous faut savoir tout ce que notre salut lui a coûté. Pour Lui, la mort était, dans toute sa force, les gages du péché et le juste jugement de Dieu, qui l’écrasait à cause du péché. Il a éprouvé jusqu’au fond la terrible colère du Dieu dont il avait connu l’amour, dont l’amour est la vie. Parfaitement saint, il a pu sonder ce que c’est que la colère, parfaitement amour, il a pu faire la même expérience : Christ a été fait malédiction pour nous (Gal. 3). Nous voyons ici cette malédiction tombant sur lui (v. 2). Ce cri n’a pas été exaucé jusqu’à la résurrection (v. 5). Il était retranché par la main de Dieu qui l’avait livré entre les mains de ses ennemis (Ps. 22), et Dieu n’y prenait plus garde (v. 6). « Tu m’as mis dans une fosse profonde ». Cela était terrible, parce que, pour Lui, l’amour de Dieu était la vie. Il était accablé de toutes les vagues de Dieu et, béni soit Dieu qu’il en soit ainsi, car il ne reste aucune vague de Dieu pour nous accabler ! (v. 11). Il a senti la puissance de la mort, comme ne pouvant s’y soustraire, et néanmoins, comme Fils de Dieu, il ne pouvait être retenu par elle (v. 14). Pourquoi me caches-tu ta face ? (v. 15). Cela se voit aussi en Jean 12:27-28, mais on y voit en même temps la perfection de son obéissance. « Dès ma jeunesse » : il est vrai que Jésus n’a été abandonné de Dieu que sur la croix ; sa vie n’était pas une expiation, mais la manifestation de la justice ; néanmoins il savait d’avance pourquoi il était venu. Il voyait le péché dans le monde, l’inimitié du coeur de l’homme, le droit de Satan de faire mourir le pécheur et Celui qui a été fait péché pour nous. Il a toujours senti cela, mais il a agi et vécu en justice, tout en manifestant la grâce parfaite de Dieu. À tout moment il rendait son esprit à Dieu, pour ainsi dire. Il était là en faiblesse, mais est communion parfaite. Il demande que la coupe passe loin de lui, mais il se soumet, épuisant toute la douleur dans la communion avec son Père. Sur la croix il en fut autrement, parce qu’il buvait la coupe. Pendant sa vie, il sentait tous les droits que la colère et la justice de Dieu donnaient à Satan, et il voyait les droits de Dieu dans la main de l’Ennemi qui ne Lui laissait point de relâche.

Quel amour que le sien ! Jamais son pied n’a chancelé, même un moment, dans ce chemin terrible ! Au contraire, il a rendu sa face comme un caillou et il est monté à Jérusalem, parce qu’il nous a aimés.

Voilà ce qui fait du péché une chose abominable et honteuse. Est-il possible que nos coeurs restent insouciants et légers en présence des souffrances de l’âme du Sauveur et retournent, après cette contemplation, légèrement et comme sans y penser, aux choses les plus futiles, après avoir joui de la communion avec Dieu au sujet de son Fils ?

Gardons-nous des péchés, des souillures, des mauvaises convoitises, pour lesquels Jésus a dû affronter la mort. Que Dieu nous fasse penser à ses souffrances et à leur réalité pour son âme !


14 - Méditations de J. N. Darby — Psaume 110

n°20 : ME 1887 p. 275

Ce Psaume nous présente la sacrificature et la royauté du Seigneur. Jésus l’a cité pour confondre ses adversaires lors de sa dernière visite à Jérusalem : « David donc l’appelle Seigneur ; et comment est-il son fils ? » Quand il mentionna ce passage (Luc 20), le Seigneur allait être rejeté et s’asseoir à la droite de Dieu. Tout ce chapitre de Luc montre, dans une suite d’entretiens, la transition de l’économie juive à celle où nous sommes. Cette parole : « Rendez les choses de César à César » (Luc 20:25), condamnait les Juifs que leur infidélité avait asservis aux Romains, mais qui renoncent ensuite eux-mêmes à l’espérance du Messie, en disant : « Nous n’avons pas d’autre roi que César » (Jean 19:15). Ce Ps. 110 explique aussi le passage de Marc 13:32, où il est dit que personne n’a connaissance du jour et de l’heure du jugement de Dieu, « pas même les anges qui sont dans le ciel, ni même le Fils ». Jésus est assis, comme homme, à la droite de Dieu. S’étant fait serviteur, il attend tout de la volonté de son Père et reçoit le royaume de cette manière ; il attend que Dieu mette ses ennemis pour le marchepied de ses pieds. Il les foulera ensuite. Les ennemis de Christ, que ce passage a particulièrement en vue, sont les Juifs (conf. Luc 19:27). La nation sera détruite. És. 65:14, montre la distinction entre la nation, « ses ennemis », et les élus que Dieu s’est choisi du milieu d’elle, « ses serviteurs ».

Dieu s’est révélé aux Juifs sous le nom de l’Éternel, à nous, sous le nom de Père. Le Père châtie ceux qu’il aime et qu’il reconnaît pour ses enfants ; l’Éternel châtie ses ennemis et les foule dans la cuve de sa colère. Les Psaumes nous montrent les relations de l’Éternel avec les Juifs et le Messie. Sans doute, l’Église est de plusieurs manières intéressée aux choses qu’ils renferment. L’Esprit de Christ y parle par la bouche de Christ et par celle des fidèles. On y trouve exprimées les expériences produites par l’Esprit de Dieu dans le coeur, mais non pas les effets de la résurrection de Christ pour les croyants.

Le v. 1 du Ps. 110 nous présente l’économie actuelle, le v. 2, ce qui la suivra. Christ est le roi du royaume de Dieu ; aujourd’hui, ce royaume a le caractère de royaume des cieux, parce que le roi est dans le ciel. Les v. 2 et 3 s’accompliront, quand il viendra selon Apoc. 11:15.

Au v. 5, c’est Israël qui parle. Christ doit régner sur son peuple, rétablir le trône de David et gouverner les nations. Au v. 7, le Christ s’humiliera, sera rafraîchi dans sa carrière terrestre, puis il sera glorifié.

Le Seigneur n’est pas encore établi comme roi ; il attend que Dieu mette ses ennemis sous ses pieds. Alors le sceptre de sa force sortira de Sion ; il régnera sur les Juifs et sur les nations. L’Église est avec Christ dans des relations plus intimes : il ne règne point sur son épouse et sur ses cohéritiers.