par J. N. Darby
Traduit de l’anglais. 1ère édition en français 1850. Texte revu selon l’édition de 1900. Réédition à l’identique en 1973, mais avec ajout de sous-titres
1ère édition en anglais 1837. Collected Writings, vol. 3 p.73-146
Table des matières
1 - Grands caractères de l’œuvre de l’Esprit de Dieu dans les croyants
1.1 - Danger de confondre l’œuvre de Christ pour nous, et l’œuvre de l’Esprit de Dieu en nous
1.1.1 - Ce que produit l’œuvre de l’Esprit en nous
1.1.3 - Discipline du Père, discipline de l’Église
1.1.4 - Christ et son œuvre, seul vrai fondement de la paix, et non les effets de l’Esprit en nous
1.2 - L’autre grand danger : Séparer Christ de l’opération de l’Esprit de Dieu en nous
1.2.2 - L’opération de l’Esprit en nous nous amène, au contraire, en association vivante avec Christ
1.3 - L’Esprit vivifiant et ses effets
1.3.1 - Vivification par l’Esprit. La nouvelle naissance
1.3.2 - La régénération et la justification sont liées ensemble — Lien entre Jean 4 et 7 et 5
1.3.4 - La communion dans l’épreuve. L’exemple de Jésus
2 - Le Saint Esprit habitant personnellement dans les croyants
2.1 - Personnalité de l’Esprit Saint
2.1.1 - Une Personne, non pas simplement une influence
2.2 - L’habitation de l’Esprit dans les croyants, ses effets et conséquences
2.2.1 - Elle est distinguée des dons
2.2.1.2 - L’Esprit comme portion de l’héritier — Gal. 4:6
2.2.2 - Examen de 2 Cor. 1:20, 21
2.3 - Les fleuves d’eau vive, conséquence de la glorification de Christ
2.4 - La possession de l’Esprit, caractère des saints de la dispensation actuelle
2.4.1 - Elle est le résultat de la glorification de Christ
2.4.3 - Exercices du cœur à l’égard de ces choses en traversant le désert
2.4.4 - Nécessité du désert. Ce que l’on y apprend
3 - Le Saint Esprit et Son œuvre collective dans l’Église
3.1 - Récapitulation des enseignements de Jean 3 à 7 sur le Saint Esprit
3.2 - Les opérations distinctives de l’Esprit en relation avec le Corps de Christ
3.2.2 - L’Esprit Saint témoin sur la terre dans les fidèles, de ce que Christ est en haut
3.3 - Coup d’œil sur la promesse de l’envoi de l’Esprit Saint. Examen de Jean 14-17 et 20
3.4.1 - Conséquences dans la formation de l’Église
3.4.2 - Conversion de Saul. Nouveau principe : unité de l’Église et son union avec Christ
3.4.3 - Privilèges du corps de Christ comme vase de l’Esprit Saint
3.5 - Opérations de l’Esprit en rapport avec l’unité du Corps et l’union avec Christ
3.5.1 - Dons divers de l’Esprit. Examen de 1 Corinthiens 12 et 14
3.5.3 - Puissance, pensée de Christ et responsabilité
3.5.5 - Distinction entre les dons signes pour le monde, et les dons pour l’édification de l’Église
3.5.6 - Les évangélistes, par lesquels l’Esprit forme l’Église
3.5.7 - Différence entre Éphésiens 4:10-15 et 1 Corinthiens 12
3.5.9 - Dons pour l’Église : 2° évangélistes, pasteurs et docteurs — dons permanents
3.5.10 - Quelques mots sur Apocalypse 1 à 3, et 22
5 - Appendice : Remarques sur la présence de l’Esprit Saint dans le chrétien
Je désire appeler l’attention
des chrétiens sur les opérations de l’Esprit de Dieu ; sur la connexion de
son œuvre en nous avec Christ, et aussi sur la distinction à faire entre
l’opération de l’Esprit en nous
, et l’œuvre parfaite de Christ déjà
accomplie pour nous
(*).
(*) Je n’ai nullement la prétention de donner une idée complète des opérations de l’Esprit, car « qui est suffisant pour ces choses » ? Je vois assez, en effet, combien est pauvre et obscur ce qui en est apparu à mon esprit, comparé avec la gloire de ce qui reste encore.
Béni soit Dieu de ce qu’il en est ainsi — qu’il soit béni éternellement ! Je dirai cependant ce qui me parait clairement enseigné dans l’Écriture sur ce sujet. Si d’autres en ont appris davantage, ils pourront être conduits à le communiquer ; ceux qui en savent moins ne regretteront pas mon travail. Ce que j’en espère, c’est qu’il conduira à approfondir davantage ces choses et à en réaliser toujours plus la puissance.
Bien que cette assertion
puisse sembler étrange, je ne doute pas que des chrétiens, même des plus réels,
ne soient que trop portés à séparer et en même temps à confondre Christ et
l’Esprit ; c’est-à-dire qu’ils séparent trop Christ et l’Esprit dans
l’opération qui se fait en nous
, et qu’ils confondent trop l’œuvre de
Christ pour nous
avec l’action de
l’Esprit. Dans les deux cas, la conséquence est l’incertitude, la pauvreté de
jugement et les doutes.
L’œuvre de l’Esprit de Dieu en moi
, dans la puissance de vie, produit des luttes, du travail, des
découvertes de péché, et le besoin de mortifier mes membres qui sont sur la
terre. Et plus ce « qu’est Christ
» est révélé à mon âme, plus je
le compare avec ce que je suis, plus je trouve sujet de m’humilier ; plus
aussi je comprends, par le contraste de Christ marchant ici-bas dans la chair,
sans péché, que Dieu condamne cette mauvaise racine de péché dans la chair qui
est en moi. Et bien plus encore : en découvrant ce qu’est mon précieux
Seigneur dans la gloire, je vois par l’Esprit combien je suis loin d’avoir
« atteint le but », quoique je puisse être progressivement
« transformé en la même image, de gloire en gloire » (2 Cor. 3:18).
C’est pourquoi, bien qu’ayant la paix et une espérance, peut-être même une
espérance qui relève le cœur, et une joie qui parfois remplit l’âme, il y a
cependant un pénible exercice de jugement de soi-même et de la douleur de cœur,
lorsqu’on découvre combien chaque sentiment envers Dieu, et combien tout objet
connu spirituellement sont loin de produire leurs justes effets. C’est pourquoi
aussi, dans le cas où l’on se serait laissé aller à caresser ou à se permettre
quelque mal positif, on ressent une profonde humiliation et l’on a horreur de
soi-même. Si, dans cet état, on ignore la plénitude et la perfection de notre
acceptation devant Dieu en Christ, l’anxiété, l’abattement spirituel et les
doutes surgissent et aboutissent quelquefois à un retour mal entendu et fâcheux
à la loi — sorte de consécration du principe d’incrédulité qui place l’âme,
lorsqu’elle a découvert par l’Esprit l’opération du péché en elle, sous la loi
et sa condamnation, et non « dans la liberté où Christ nous a placés en
nous affranchissant » (Gal. 5:1).
On entend dire : « Dieu cache sa face de moi ». La foi ne se servira jamais de cette expression et d’autres semblables, car la foi sait que Dieu regarde toujours son Oint et ne cache jamais sa face. Si de telles pensées vous viennent, il faut les considérer comme de l’incrédulité toute pure, et les traiter en conséquence. Tout fidèle, s’il croit à la pleine et parfaite acceptation des saints dans le Christ, reconnaîtra qu’il n’est pas vrai que Dieu cache sa face ; l’admettre comme vrai, serait un mensonge de son cœur et de l’incrédulité.
L’Esprit de Dieu juge le péché
en moi ; mais il me fait
connaître que moi
je ne suis pas jugé
à cause de ce péché, parce que Christ en a subi le jugement pour moi. Cela
n’est point un manteau pour couvrir la licence ; la chair voudrait
toujours, il est vrai, en faire cet usage ; elle voudrait tout pervertir.
Mais la vérité est que l’Esprit Saint qui nous montre le Seigneur assis à la
droite de Dieu, après avoir porté nos péchés et en avoir fait par Lui-même la
purification, me donnant ainsi une pleine assurance que ces péchés sont ôtés,
et que je suis, en Christ, infiniment agréable à Dieu, est le même Esprit qui,
en vertu de son caractère, juge en moi le péché comme vu dans la lumière de
cette même gloire où est Christ.
Si ce jugement n’a pas lieu,
le Père — entre les mains duquel le Fils a remis ceux que le Père lui a donnés
à garder — discipline et châtie comme un Père saint, et, comme un cultivateur,
il nettoie les sarments. Ici, de plus, intervient la discipline de l’Église de
Dieu, comme ayant l’Esprit ; discipline dont l’abandon et la négligence
ont beaucoup contribué à faire perdre au croyant la confiance de sa pleine et
heureuse assurance. En effet, l’Église comme corps (et c’est sa part selon la
Parole) doit nécessairement, comme un peuple saint, manifesté
tel, et par l’Esprit habitant en elle, prendre sur elle
d’exercer tout ce que comporte une discipline, et, selon Dieu, une discipline
de grâce pour le maintien de la sainteté manifestée de ce peuple saint.
L’Église est l’habitation de l’Esprit. L’Esprit révèle la position de l’Église
en Christ, et celle en Christ aussi des individus qui la composent, comme dit
le Seigneur : En ce jour vous connaîtrez
que « je suis en mon Père, et vous en moi, et moi en
vous » ; et l’Esprit produit, maintient et garde dans l’Église le
caractère de Christ en grâce et en sainteté : « Vous êtes la lettre
de Christ écrite par l’Esprit du Dieu vivant ».
Si mon âme se repose entièrement sur l’œuvre de Christ, et sur le fait qu’il est Lui-même agréé de Dieu et qu’il paraît devant Dieu pour moi, elle se repose sur une œuvre accomplie et sur une acceptation parfaite et infinie : « Comme il est, lui, nous sommes, nous aussi, dans ce monde », en sorte qu’en « ceci est consommé l’amour avec nous, afin que nous ayons toute assurance au jour du jugement » (1 Jean 4). Or, ce que l’on substitue à cela, c’est l’examen des effets de l’Esprit en moi. Au lieu de la rédemption, ce sont les effets de la régénération qui sont pris pour fondement du repos. De là vient que parfois on espère quand on aperçoit ces effets, et que d’autres fois, on est découragé en voyant l’action de la chair. Ayant mis l’œuvre de l’Esprit à la place de celle de Christ, la confiance qu’il nous est recommandé de retenir ferme jusqu’au bout, n’existe jamais de fait, et l’on en vient même à douter si l’on est du tout dans la foi. Tout cela résulte de ce que l’on met l’œuvre de l’Esprit de Dieu en soi, à la place de l’œuvre, de la victoire, de la résurrection et de l’ascension de Christ, effectivement accomplies, et qui constituent pour la foi (parce que l’œuvre est parfaite) un sûr lieu de repos, qui jamais ne s’altère, jamais ne varie, et est toujours le même devant Dieu.
Si l’on dit : « Oui, mais je ne le vois pas clairement, à cause de la chair et de l’incrédulité », cela ne change en rien la vérité. Et à quelque degré qu’aille ce manque de clarté, traitez-le comme étant de l’incrédulité et du péché, et non comme l’état vrai d’un chrétien, ou comme si Dieu cachait sa face. La découverte du péché en vous, tout détestable et haïssable qu’il soit, n’est pas une raison de douter, parce que c’est à cause du péché même, pour en faire l’expiation, et parce que vous êtes un pécheur, que Christ est mort ; et de plus, Christ est ressuscité, ce qui coupe court à cette question.
Mais on dira encore :
« Je crois pleinement que Christ est le vrai Fils de Dieu, un avec le
Père ; je crois à toute son œuvre et à toute sa grâce ; mais j’ignore
si j’ai une part avec Lui. C’est là la question, et une question toute
différente ». Nullement ; c’est une ruse de Satan et le résultat d’un
mauvais enseignement, qui tendent à vous éloigner de Christ. Dieu, pour notre
consolation, a identifié les deux choses — la foi et la part que nous avons au
salut. Il a posé ce principe que « par lui (Christ) » quiconque croit
est justifié de tout (Actes 13:38, 39). En un mot, dire : « Je crois,
mais je ne sais pas si j’ai une part avec Christ », est une illusion du
diable, car Dieu dit
que ce sont ceux
qui croient qui ont cette part — c’est ainsi que Dieu procède. Je n’ai pas plus
de droits à me croire
un pécheur tel
que Dieu me voit, qu’à croire que je suis juste en Christ. Le même témoignage
déclare qu’il n’y a pas un seul juste, et que les croyants sont justifiés.
Je puis avoir, enseigné par l’Esprit, une conscience naturelle du péché, et une conscience du péché et de ce qu’il est. Si je m’en tiens là, point de paix possible ; mais dans l’œuvre de Christ au sujet du péché, je trouve une paix parfaite. Mais, dira-t-on, ne dois-je pas m’examiner moi-même pour voir si je suis dans la foi ? Nullement. Que veut donc dire l’apôtre, en 2 Cor. 13:5 : « Examinez-vous vous-mêmes, et voyez si vous êtes dans la foi » ? Il veut dire simplement que si les Corinthiens cherchaient une preuve que Christ parlait en Paul, ils n’avaient qu’à s’examiner eux-mêmes ; et, par la certitude de leur christianisme, dont ils ne doutaient pas, être assurés de l’apostolat de Paul. Le raisonnement de l’apôtre n’avait de valeur qu’autant qu’il était fondé sur la certitude positive qu’ils étaient chrétiens. Je me suis arrêté sur ce point plus longtemps que je n’en avais l’intention, mais la consolation des âmes le demandait. Il se lie d’ailleurs à la recherche que fait quelqu’un pour trouver dans l’œuvre de l’Esprit de Dieu en lui, ce qu’on ne peut attendre que de l’œuvre de Christ.
Si mon assurance, ma consolation ou mon espérance, reposent sur l’expérience de ce qui se passe en moi — bien que cette expérience puisse être constatée pour répondre à des difficultés, comme on le voit dans la 1ère épître de Jean — je ne m’appuie pas sur la justice de Dieu par la foi, car l’expérience de ce qui se passe dans mon âme n’est pas la foi. Je le répète, c’est en regardant à l’œuvre de Christ que la mesure de la sainteté atteint sa véritable élévation, parce qu’au lieu de regarder l’image pleine de taches de Christ dans mon âme, je le contemple Lui-même par l’Esprit dans la perfection de cette gloire, à la communion de laquelle je suis appelé, et, par conséquent, appelé aussi à marcher d’une manière digne de Dieu (*) qui m’appelle « à son propre royaume et à sa propre gloire » (1 Thess. 2:12). J’oublie les choses qui sont derrière, et, tendant avec effort vers les choses qui sont devant, je cours droit au but pour le prix de l’appel céleste de Dieu dans le Christ Jésus. Alors l’examen de moi-même n’a plus pour but de rechercher misérablement si je suis ou non dans la foi, ce qui n’honore jamais Dieu en qui je dois avoir pleine confiance après tout ce qu’il a fait, mais de voir si ma marche est digne de quelqu’un qui est appelé de Dieu à son royaume et à sa gloire.
(*) Lorsqu’il n’en est pas ainsi, nous risquons de voir la mesure de la sainteté s’abaisser au point de nous contenter d’avoir les fruits de l’Esprit tout juste nécessaires pour nous assurer que nous sommes chrétiens ; puis, examen fait, nous continuons notre course comme auparavant, satisfaits d’avoir acquis cette assurance.
Mais séparer Christ des opérations de l’Esprit est aussi un mal, et tend au même résultat, bien que l’application n’en soit pas si directe.
Dans l’enseignement évangélique ordinaire, on dit qu’il faut être « né de l’Esprit » ; on en prouve la nécessité d’après ce que nous sommes par nature, puis on montre le fruit de cette nouvelle naissance, et ensuite vient la question : « Êtes-vous né de nouveau ? Si vous l’êtes, vous irez au ciel ». Il y a en cela une mesure de vérité ; mais est-ce bien ainsi que l’Écriture nous présente la chose ? Non ; je la trouve continuellement et pleinement rattachée à Christ, impliquant le fait que nous sommes en ce précieux Sauveur, et Lui en nous. Par conséquent, il ne s’agit pas simplement d’une preuve fournie par des fruits, que je suis né de l’Esprit de Dieu, mais d’une participation à tout ce dont Christ est héritier comme homme ressuscité (héritier est son titre assuré comme Fils de Dieu), moi-même étant vivifié avec Lui. C’est une union de vie et d’héritage, dont l’Esprit Saint est la puissance et le témoin.
C’est ce qui est exprimé de
la manière suivante dans l’épître aux Éphésiens : « Et quelle est
l’excellente grandeur de sa puissance envers nous qui croyons, selon
l’opération de la puissance de sa force, qu’il a opérée dans le Christ, en le
ressuscitant d’entre les morts, et il l’a fait asseoir à sa droite dans les
lieux célestes… Et nous, alors même que nous étions morts dans nos fautes, il
nous a vivifiés ensemble
avec le Christ… et nous a ressuscités ensemble
,
et nous a fait asseoir ensemble
dans les lieux célestes dans le Christ
Jésus » (Éph. 1:19, 20 ; 2:5, 6). De même
dans les Colossiens : « Il vous a vivifiés ensemble
avec lui, nous ayant pardonné toutes nos fautes » ; et :
« Si donc vous avez été ressuscités avec
le Christ » (chap.
2:13 ; 3:1).
L’opération de l’Esprit de
Dieu agissant en puissance divine, a pour effet de nous amener à l’association
vivante avec le Christ. Tout ce qui, dans le Christ, le dernier Adam, l’homme
ressuscité, a été réalisé en fait de vie, d’office et de gloire, l’Esprit, par
son opération, le réalise en nous, nous y unit, nous le révèle, et nous amène
dans la puissance de ces choses, selon ce qui est écrit : « Celui qui
est uni au Seigneur est un seul esprit avec lui » (1 Cor. 6:17). Nous
sommes « héritiers avec
lui, nous souffrons avec
lui, afin
que nous soyons aussi glorifiés avec
lui », et ainsi finalement
rendus « conformes à (ayant une même forme avec
) l’image » du
Fils de Dieu, en qui Dieu nous a vivifiés ensemble, ressuscités ensemble et
fait asseoir ensemble dans les lieux célestes (Éph.
2:5, 6 ; Rom. 8:17, 29). L’Esprit de Dieu opère ainsi en nous, en vie, et
en service, et en souffrance, et finalement en gloire, et aussi dans la
résurrection de nos corps.
Je désire retracer brièvement et par ordre, le témoignage que l’Écriture rend de ces choses. On peut le considérer soit dans les individus, soit dans l’Église comme corps. Il est d’abord parlé de l’Esprit vivifiant les individus, puis habitant en eux. Nous sommes nés de l’Esprit, et ceux qu’il a ainsi vivifiés, il les associe par son habitation en eux à la gloire de Christ en versant aussi l’amour de Dieu dans leur cœur, et il les associe à la puissance de la vie de Christ comme ayant part à la vie éternelle — vie qu’il a en Lui-même comme Fils de Dieu. Et quant à sa gloire comme Fils de l’homme, l’Esprit la leur révèle et fait d’eux, selon son bon plaisir, des instruments pour la révélation de cette gloire. Ces privilèges sont une conséquence de l’ascension de Christ, de même que la vie de Dieu en nous est déclarée et démontrée par la résurrection.
L’objet spécial dont l’Esprit Saint rend témoignage dans l’Église comme corps, et qui la constitue actuellement le fidèle témoin, est que Jésus Christ est Seigneur, et cela se lie directement à la gloire, ainsi qu’il est dit : « que Jésus Christ est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père » (Phil. 2:11).
Le chap. 3 de Jean est le
premier qui place devant nous le sujet des opérations de l’Esprit. « Il
vous faut être nés de nouveau » [Jean 3:7], y est-il dit ; nés
« d’eau et de l’Esprit ». En général, on entend simplement par-là
qu’il faut être régénéré pour être sauvé, mais le passage va beaucoup plus
loin. Si quelqu’un n’est pas né de nouveau, dit le Seigneur, il ne peut ni voir
le royaume de Dieu
, ni y entrer [Jean 3:3]. Ce royaume
renferme des choses terrestres et des choses célestes [Jean 3:12], et un Juif,
bien que se flattant d’être un enfant du royaume, doit être né de nouveau pour
y avoir part, même s’il s’agit des choses
terrestres
.
C’est ce que Nicodème, comme docteur
d’Israël, aurait dû savoir [Jean 3:10], d’après Ézéch.
36:24-28. Quant aux choses célestes, le Seigneur ne pouvait pas encore diriger
leurs pensées vers elles, sauf qu’il en montrait l’entrée, c’est-à-dire la croix
[Jean 3:14-15], par laquelle on était introduit
dans des choses meilleures et plus élevées. En vue de la croix, le Seigneur
déclarait que Dieu avait aimé le monde [Jean 3:16] et non les Juifs seulement,
tout comme par rapport à l’œuvre de l’Esprit agissant en puissance souveraine,
il est dit : « Il en est ainsi de tout
homme
né de l’Esprit » [Jean 3:8], de sorte que les gentils pouvaient
y avoir part ; car l’Esprit ne trouvait
pas, mais rendait
les hommes tels
qu’il voulait qu’ils fussent.
Dans ce passage donc, nous n’avons pas seulement l’individu renouvelé et rendu propre pour le ciel, mais aussi l’estimation que Dieu fait du Juif, et la révélation d’un royaume qui embrasse des choses terrestres et des choses célestes, royaume que les régénérés seuls voient [Jean 3:3, 5], où seuls ils peuvent entrer. Quant aux choses célestes, la croix [Jean 3:14, 15], aussi inintelligible alors que les choses célestes elles-mêmes, en était l’unique entrée, et là [Jean 3:14] on voyait le Fils de l’homme élevé de la terre, et [Jean 3:16] le Fils de Dieu donné au monde par l’amour de Dieu. « Dans la régénération », dont l’opération vivifiante de l’Esprit dans le cœur était les prémices, de même que sa présence dans le croyant est les arrhes de la portion céleste de celui-ci, « dans la régénération (*), le Fils de l’homme se sera assis sur le trône de sa gloire » (Matt. 19:28).
(*) Le rétablissement de toutes choses (Traducteur)
Le principe donc sur lequel on insiste, c’est-à-dire qu’il faut « être né de nouveau », est vrai ; mais ce que révèle Jean 3, est beaucoup plus étendu et plus défini qu’on ne le suppose. Ce n’est pas seulement que l’homme est changé ou sauvé, mais il voit un royaume, et il entre dans un royaume dont le monde ne connaît rien, jusqu’à ce que ce royaume vienne en puissance. En outre, cet homme reçoit une vie aussi vraie et réelle, et surtout bien plus importante et précieuse qu’aucune vie naturelle dans la chair. Il ne s’agit pas simplement ici du changement d’un homme par une action opérée sur ses facultés, mais du don d’une vie qui peut agir vraiment maintenant, par le moyen de ces facultés, sur des objets bien au-delà de leur portée naturelle, de même que l’ancienne vie corrompue le fait sur des objets qui rentrent dans son cercle et celui de ces facultés. Et, de plus, dans cette vie nouvelle, il est fait participant de la nature divine (2 Pierre 1:4), et là, non seulement les facultés de son âme ont de nouveaux objets, mais il est associé au dernier Adam qui est « un esprit vivifiant » », de même que, dans sa vie naturelle, il était associé au premier Adam, « devenu une âme vivante » (1 Cor. 15:45). Et j’ajouterai que l’Église, afin qu’elle soit assimilée à Christ en cela, est faite participante de cette vie ensuite de la résurrection du Seigneur. Elle est donc participante de la vie selon la puissance déployée dans cette résurrection, et elle existe en conséquence de ce dont elle est aussi le témoin, savoir que — béni soit Dieu — le jugement de tous ses péchés est chose passée. En effet, Christ les a tous laissés ensevelis, pour ainsi dire, dans le tombeau d’où il est sorti, et l’Église vit en conséquence de son association avec Lui en résurrection. Elle existe, mais uniquement à cause du fait que le jugement pour elle est chose absolument accomplie et passée.
Tel est donc le vrai caractère de la régénération qui donne entrée dans le royaume, où il n’y a plus, et ne peut plus y avoir d’accusation de péché pesant sur nous, puisque nous y avons été introduits par la puissance de ce en quoi tout le péché a été ôté. La vie de l’Église est identifiée avec la résurrection de Christ, et par conséquent il y a pardon sans réserve de toute l’œuvre de la chair, Christ s’en étant chargé, et l’ayant ôtée. La justification de l’Église est identifiée avec la grâce vivante, car elle possède cette justification comme étant vivifiée avec Lui qui est sorti du tombeau, où il a enseveli tous ses péchés. La régénération et la justification sont donc nécessairement liées ensemble, et l’opération de l’Esprit n’est pas une simple action sur les facultés, une œuvre entièrement séparée de Christ et qui doit être connue par ses fruits, tandis que la mort de Christ serait un autre sujet sur lequel on raisonne à part ; mais c’est une vivification avec Christ qui me tire hors de mes fautes et de mes péchés. Moi, je me trouvais là, à la vérité, moralement mort, mais je le trouve là aussi, Lui, judiciairement mort pour moi, qui, étant ainsi vivifié, suis nécessairement pardonné et justifié. La résurrection de Christ prouve qu’il y aura un jugement, dit l’apôtre (Actes 17:31) ; mais elle prouve aussi qu’il n’y en aura point pour moi, dit l’Esprit par le même apôtre : car Christ a été ressuscité pour ma justification (Rom. 4:25). Il était mort sous le poids de mes péchés ; Dieu l’a ressuscité, et ces péchés, où sont-ils maintenant ? L’Église est vivifiée, sortant avec Jésus du tombeau où les péchés ont été laissés.
Ensuite, quant à la puissance
de cette vie et aux autres opérations de l’Esprit, je trouve, dans ce que le
Seigneur dit de son propre témoignage, l’exposé de deux choses, savoir, la communion
[Jean 4] et la gloire manifestée
[Jean 7] : « Nous disons ce
que nous connaissons, et nous rendons témoignage de ce que nous avons
vu ». Jésus rendait témoignage de ce qu’il connaissait dans son unité avec
le Père, et de ce qu’il avait vu dans « la gloire qu’il avait auprès du
Père avant que le monde fût » [Jean 17:5].
Les opérations de l’Esprit,
en nous donnant la vie dans le Fils, et en révélant la gloire qui, par
conséquent, est aussi la nôtre, gloire dans laquelle Christ a introduit son
humanité, gloire qui, par suite, est révélée dans cette dernière, ces
opérations, dis-je, répondent exactement à ce que le Seigneur affirme de
lui-même dans les paroles que nous avons citées. Notre communion — communion
vivante avec Lui et le Père — ainsi que l’intelligence que nous avons de la
gloire qui est sienne, et la manifestation de cette gloire, sont les deux
sujets dont parlent les chap. 4 et 7 de l’évangile de Jean. Il faut remarquer
que ces chapitres et d’autres portions des Écritures, ne nous instruisent pas
relativement à l’action de l’Esprit sur
nous, mais ont trait à sa
demeure en
nous. L’Esprit de Dieu agit sur l’homme, soit par un simple
témoignage, de la réception duquel nous sommes responsables ; tel était le
cas des gouverneurs des Juifs auxquels Etienne dit : « Vous résistez
toujours à l’Esprit Saint ; comme vos Pères, vous aussi » [Actes 7:51] ;
sujet sur lequel je n’ai pas à m’étendre maintenant ; ou bien l’Esprit
agit sur l’homme en le convainquant, en le renouvelant et en le vivifiant.
Cette œuvre s’accomplissant par le moyen de la Parole, c’est par la foi en
elle, c’est-à-dire par sa réception dans le cœur, que nous sommes vivifiés, que
Christ nous est révélé. « Vous êtes tous fils de Dieu par la foi dans le
Christ Jésus ». — « De sa propre volonté, il nous a engendrés par la
parole de la vérité, pour que nous soyons une sorte de prémices de ses
créatures » (Gal. 3:26 ; Jacq. 1:18). Ces
passages suffisent pour montrer la manière dont s’effectue l’opération ;
comment, en tant qu’elle est un témoignage, l’homme naturel le rejette,
coupable en cela, car c’est le témoignage de Dieu ; et comment l’opération
est effective par la puissance vivifiante de l’Esprit. Mais c’est par la foi, à
cause de l’instrument employé, c’est-à-dire la Parole. J’ai déjà parlé de sa
puissance, d’où nous voyons que, tandis que ceux qui ne croient pas font Dieu
menteur [1 Jean 5:10], ceux qui croient ont le témoignage en eux-mêmes, car,
dans la communion de l’Esprit, ils sont faits participants d’une manière
vivante de ce qu’ils croient.
Mais l’œuvre, en vertu de laquelle ils sont ainsi rendus participants de la vie et sont en communion avec Dieu, étant une œuvre parfaite, l’Esprit qui fait sa demeure dans le croyant, est un esprit de paix et de joie, un esprit qui témoigne de tout ce que Christ est, et de tout ce qu’il a fait, et, devons-nous ajouter, il témoigne de la parfaite acceptation par le Père, de Christ et du croyant.
Que l’homme naturel ne reçoive point ces choses, mais les rejette, nous le verrons ; mais la conscience étant réveillée et la paix étant faite, l’Esprit est le témoin de ces choses dans l’âme renouvelée.
Or, dans le chap. 5 de Jean, nous avons l’opération de l’Esprit quant à son caractère, en ceci que « les morts entendront la voix du Fils de Dieu », et que ceux qui l’auront entendue vivront. Bien que ce soit par l’Esprit, c’est cependant le Fils qui parle du ciel, comme autrefois il le fit sur la terre, en Sinaï, par le moyen des anges, et non par l’Esprit.
Quant à la forme et au caractère du témoignage, j’en dirai davantage lorsque j’arriverai au chap. 7 de Jean, où il est parlé de l’Esprit comme témoin de la gloire du Fils de l’homme, et comme étant donné ainsi aux croyants et présent au milieu d’eux.
À présent, j’aborderai
l’enseignement que nous donne le chap. 4 de Jean, où l’Esprit est comparé à une
source d’eau vive. La stupidité de la chair et son incapacité à recevoir les
choses de l’Esprit, se font voir immédiatement dans les réponses réitérées de la
femme aux déclarations du Seigneur, qu’on aurait supposé devoir réveiller en
elle quelque chose qui dépassât ses pensées habituelles. Mais je ne m’occuperai
pas ici de l’incapacité de la chair à recevoir les choses de l’Esprit ; je
parlerai de ce que le Seigneur nous révèle touchant l’Esprit. Jésus ne le
présente pas ici comme agent vivifiant, mais comme un don, et un don fait par
lui-même. Remarquons-le bien, c’est Christ qui est le donateur, et non pas le
don : « Celui qui boira de l’eau que je lui donnerai,
moi »,
dit le Seigneur ; puis il parle de l’Esprit comme demeurant dans celui qui
reçoit ce don : « L’eau que je lui donnerai
, sera en lui
une fontaine d’eau jaillissant en vie éternelle »
(4:14). Il est donné comme énergie de la vie intérieure ; il est donné
divinement — c’est le don de Dieu — mais c’est Jésus qui le fait :
« Que je
lui donnerai »,
dit le Seigneur, et cette eau jaillit en vie éternelle. C’est la vie divine qui
vient du Fils et dont on jouit par la puissance de l’Esprit Saint demeurant en
nous, non comme Esprit de Dieu révélant la gloire de Christ, mais comme
puissance de vie, d’une vie qui a sa communion et sa fin dans la source
éternelle d’où elle découle. Que Jésus fût dans l’humiliation ou qu’il fût
glorifié, cette puissance était en Lui, et bien que l’expression en pût être
différente, cependant c’était toujours la même puissance. Comme Fils de Dieu,
il avait la vie en lui-même. Il pouvait ressusciter en rappelant les morts à la
vie naturelle, ou bien il pouvait ressusciter en donnant la vie de
résurrection, et de là la différence dans l’expression de cette
puissance ; car maintenant c’est sous la dernière forme qu’elle se montre,
forme qui est, en dessein final, celle en laquelle se trouve la puissance de
rendre conforme à Lui-même, afin qu’il soit premier-né entre plusieurs frères.
C’est la vie en abondance, même si l’on avait déjà la vie auparavant.
C’est en même temps avec cette nouvelle vie que l’Esprit demeure et rend témoignage. La vie pouvait être communiquée alors que Jésus était sur la terre, mais ce ne pouvait pas être la vie selon la révélation ou le caractère de Christ comme Homme ressuscité, ou comme Chef ou Tête du corps. C’est cette grande vérité qui, dans tous les discours du Seigneur à ses disciples, perçait et cherchait à se faire jour à travers les nuages qui obscurcissaient leur intelligence. D’un autre côté, non seulement il présentait cette vérité à la nation vers laquelle il venait, mais il leur donnait les preuves les plus complètes de l’accomplissement des prophéties, et démontrait par ses actes l’exercice de la puissance. Les Juifs étaient ainsi sans excuse s’ils ne le recevaient pas, soit quant à son caractère, soit quant à sa Personne. C’est par cette opération de l’Esprit demeurant dans le nouvel homme, que nous avons d’une manière spéciale la connaissance de Dieu, et que nous jouissons de Lui. Mais comme c’est l’Esprit du Fils, en qui nous sommes vivifiés, nous jouissons de Dieu et l’adorons comme Père (Gal. 4:6, 7). Tel est le grand résultat de la révélation du Fils, et de notre vie en Lui et par Lui. Et en cela est la vie éternelle (Jean 17:2). Dieu était connu en quelque mesure de tout Juif pieux ; mais s’il le cherchait dans une relation spéciale, c’était comme Jéhovah qu’il l’invoquait. Pour nous, notre relation particulière avec Dieu est exprimée dans ces paroles du Seigneur : « Je monte vers mon Père et votre Père, et vers mon Dieu et votre Dieu » [Jean 20:17].
Nous le connaissons comme fils
,
mais c’est Dieu que nous connaissons ainsi, et duquel nous jouissons. En Jean
4, le Seigneur suppose cette relation filiale entre Dieu et les adorateurs
[Jean 4:23], car il dit : « Dieu est esprit, et il faut que ceux qui
l’adorent, l’adorent en esprit et en vérité » [Jean 4:24] ; mais
auparavant il avait déclaré : « Les vrais adorateurs adoreront le Père
en esprit et en vérité, car aussi
le Père en cherche de tels qui l’adorent ». Cette connaissance de Dieu et
cette communion avec lui sont pour l’âme un sujet d’extrême joie : je
parle de le connaître et de jouir de Lui comme Dieu. Il est difficile de
comparer les choses qui se rapportent à un pareil sujet, mais, étant goûtée
dans la paix et la communion qui résultent de ce que toute question de péché
est réglée, cette joie a une profondeur qui dépasse toute autre de nos pensées.
Elle subsiste pendant que nous jouissons comme enfants de Dieu des bénédictions
attachées à l’économie actuelle, et elle s’élève au-dessus de ces bénédictions.
Des châtiments dont nous avons besoin peuvent nous priver de la jouissance de ces bénédictions : « Étant affligés », dit l’apôtre, « par diverses tentations, si cela est nécessaire » [1 Pierre 1:6]. Mais bien que la joie soit ainsi affaiblie, la source d’une juste confiance en Dieu est toujours là, et nous sommes rejetés sur Lui d’une manière plus complète et plus absolue. Nous devrions en tout temps nous réjouir en Dieu, mais nous sommes enclins à regarder trop aux bénédictions qui nous sont conférées, et à oublier en quelque mesure le Bienfaiteur (voir Ps. 63). C’est pour cette raison que nous en sommes privés, afin que nous nous souvenions de Lui.
À proprement parler, cette
source d’eau vive jaillissant en vie éternelle [Jean 4:14] est la participation
à la nature divine dans laquelle — « ayant échappé aux souillures du
monde » (2 Pierre 2:20) — nous réjouissant en Dieu, nous nous reposons en
Lui, trouvons nos délices en Lui, sommes remplis jusqu’à toute sa plénitude, et
le connaissons en vérité dans la félicité d’une révélation effective de
Lui-même. Mais c’est encore selon son nom de Dieu et comme Dieu, que nous est
donnée la puissance de cette communion. « Étant fondés et enracinés dans
l’amour » [Éph. 3:18], connaissant Dieu et étant
connus de Lui, elle suppose tout le reste de la vérité, et se trouve en Christ,
selon ce qui est écrit : « Il nous a donné une intelligence afin que
nous connaissions le Véritable ; et nous sommes dans
le Véritable ; savoir dans
son Fils Jésus Christ : lui est le Dieu véritable et la vie
éternelle » (1 Jean 5:20).
Nous avons en Jésus la parfaite manifestation de cette communion, subsistant en dépit de toutes les épreuves par lesquelles il eut à passer. En effet, comment l’Esprit qui demeurait dans toute sa plénitude en Lui, même comme homme, aurait-il pu être attristé par sa perfection divine ? « Notre communion est avec le Père et avec son Fils Jésus Christ » (1 Jean 1:3), est-il dit. Le Seigneur, présentant la même idée en sens inverse, et montrant ainsi la puissance qui produit cette communion, dit : « Afin que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux, et moi en eux » (Jean 17:26) ; puis, quant à la forme de la communion, telle qu’elle est avec nous, il dit encore : « En ce jour-là, vous connaîtrez que je suis en mon Père, et vous en moi, et moi en vous » (Jean 14:20). Mais maintenant nous en parlons comme connaissant Dieu d’une manière spéciale.
Si l’on étudie les Psaumes, on apprendra à cet égard, et d’une manière profonde, par où l’Esprit de Christ a passé et ce qu’il nous enseigne ; seulement il faut se rappeler que, pour les Juifs, lorsqu’il s’agit des bénédictions de l’alliance, le nom que Dieu prend est Jéhovah, tandis que pour nous, c’est celui de « Père », dans un sens spécial. Mais sans nous arrêter ici sur cette distinction, en rapprochant, comparant et étudiant les Psaumes et les parties des Psaumes où sont employés d’un côté le nom de Jéhovah, et de l’autre celui de Dieu, il en découlera une profonde instruction pratique relativement à la puissance de communion de la part de l’Esprit de Christ lui-même. Seulement il faut nous rappeler que, pour nous, elle est fondée sur une œuvre accomplie, et que ce par quoi Christ a passé pour l’accomplir, est quant à nous la communion de ses souffrances ou bien une discipline en amour. Les Ps. 42 et 43 nous en fournissent un exemple.
Mais de plus, dans l’histoire personnelle de notre Seigneur, remarquons la différence entre ses paroles en Gethsémané : « Père, si tu voulais faire passer cette coupe loin de moi ! Toutefois, que ce ne soit pas ma volonté, mais la tienne qui soit faite » [Luc 22:42], et celles qu’il prononce sur la croix : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » [Matt. 27:46]. Ici, nous voyons Christ entrer dans un autre caractère de communion plus profond, où toute la puissance et le caractère de Dieu sont mis en évidence. Ce caractère de communion est manifesté par Jésus, notre Chef glorieux et béni, afin que tout ce que Dieu est, soit pour nous une source de joie infinie et éternelle. Et cela nous appartient à tous comme fils, et nous en jouissons par l’Esprit Saint, le don de Dieu qu’il nous a fait en vertu de la résurrection de Christ. Telle est la puissance de la vie éternelle en nous, comme conséquence de la mort de Christ.
Oh ! que l’Église entrât plus entièrement dans ces choses, et y marchât davantage dans la puissance d’une communion intime et secrète avec Dieu ! Puissions-nous la désirer pour nous-mêmes et pour l’Église, prier pour que nous la possédions toujours plus, et pour que nous goûtions tout le bonheur que l’on y trouve !
Dans ce qui précède, j’ai parlé d’abord de la puissance vivifiante de l’Esprit de Dieu nous introduisant dans le Royaume ; ensuite, de son habitation dans l’individu, comme la puissance de vie éternelle, par laquelle sa communion avec Dieu est entretenue ; communion qui existe nécessairement là où est la vie selon le Christ Jésus.
Il reste à parcourir un vaste champ, où je redoute presque d’entrer ; non que je doute qu’il y ait une joie infinie à étudier le sujet, à le réaliser dans sa propre âme, et à y pénétrer, mais parce qu’il est infini, et que je sens profondément mon incapacité à le traiter convenablement, même à la pleine satisfaction de mon esprit. J’ajouterai que je le sens d’autant plus, en considérant la responsabilité que l’on assume, lorsqu’on veut communiquer et enseigner ces choses à d’autres. L’intérêt profond qui se rattache à ce sujet et son importance seront mon excuse.
Il y a une chose importante que je désire faire remarquer avant de poursuivre mon sujet.
Bien que l’Esprit soit vie,
et que celui qui est uni au Seigneur soit un seul esprit avec Lui, et bien que
Christ, comme esprit vivifiant, soit notre vie, cependant il est aussi parlé de
l’Esprit Saint comme étant une Personne, et ainsi comme agissant personnellement
en puissance dans nos âmes — agissant en bénédiction, car il est Dieu. Et
quoique nous soyons faits participants de la nature divine, et que nous ayons
la vie de Dieu en nous comme étant nés de Lui, toutefois cette vie n’est pas le
Saint Esprit, car l’Esprit Saint est une Personne divine. C’est pourquoi il est
écrit : « L’Esprit lui-même
rend témoignage avec notre
esprit, que nous sommes enfants de Dieu ; et si nous sommes enfants, nous
sommes aussi héritiers » ; c’est pourquoi encore l’Écriture parle de
l’homme intérieur comme fortifié et renouvelé par l’Esprit, ainsi que nous
lisons : « Fortifiés en puissance par son Esprit quant à l’homme
intérieur » ; autre part : « Si même notre homme extérieur
dépérit, toutefois l’homme intérieur est renouvelé de jour en
jour » ; et encore : Il nous a sauvés… « par le lavage de
la régénération et le renouvellement de l’Esprit Saint, qu’il a répandu richement
sur nous par Jésus Christ, notre Sauveur ». L’Esprit n’est donc pas
simplement une influence, mais une Personne
.
Avant de passer à son
caractère et à son opération, je voudrais appeler l’attention sur le fait de
l’habitation spéciale de l’Esprit Saint dans
les croyants
individuellement. Je ne parle pas de cela comme d’une chose nouvelle pour la
plupart de ceux qui lisent ces lignes, mais parce que j’ai vu constamment
qu’elle est nouvelle pour un grand nombre de ceux qui cherchent la vérité, et
qu’elle place le sujet dans une lumière tout à fait différente de ce qu’ils en
pensaient. Nous allons voir que cette habitation de l’Esprit Saint dans les
croyants se rattache à la résurrection et à la glorification de Christ, et
qu’elle en est la conséquence. Mais il faut nous rappeler que, tandis que d’une
part, l’Esprit Saint descendu du ciel est le témoin de l’ascension de Christ
dans la gloire et de la justice divine qui l’a placé là, et que la part que
nous avons en cela est la conséquence, selon le cours nécessaire de
l’administration des conseils divins, de l’entrée de Christ dans la
gloire ; d’autre part, l’Esprit Saint est en même temps en nous la
puissance par laquelle nous réalisons toutes les choses du ciel d’où il vient,
qui nous y introduit et nous y associe. C’est ce que nous verrons dans les
passages que je citerai, et dont le premier sera celui qui nous fait entrer
plus spécialement dans notre sujet actuel.
« Auquel aussi (lisons-nous
en Éph. 1:13, 14) ayant
cru
, vous avez été scellés
du Saint Esprit de la promesse, qui est les arrhes de notre héritage, pour la
rédemption de la possession acquise ». Je sais qu’on a voulu appliquer ces
paroles seulement aux dons spirituels, sujet que j’espère traiter avant de
terminer ces pages.
Mais il est évident que ce
passage ne peut être limité à ces dons, quelle que puisse être par eux la
manifestation de l’Esprit. En effet, s’il en était ainsi, là où il n’y aurait
point de dons, il n’y aurait point d’arrhes de l’héritage ; or le
Consolateur lui-même devait être « éternellement
» avec eux, les disciples. De
plus, dans notre passage, il n’est point parlé de dons, mais de l’Esprit comme
arrhes : confondre l’Esprit avec les dons, c’est confondre le Donateur
avec ce qu’il donne ; car l’Esprit « distribue les dons à chacun en
particulier comme il lui plaît » (1 Cor. 12:11) ; et les dons sont
« la manifestation
de l’Esprit
en vue de l’utilité ». Confondre l’un avec les autres, c’est,
inconsciemment peut-être, tendre à détruire la personnalité et la déité de
l’Esprit Saint, et ne pas distinguer entre la puissance de rendre témoignage
aux autres (puissance qui peut exister sans pouvoir vital et sanctifiant), et
l’heureuse et sanctifiante communion avec les choses que nous espérons, qui
sont renfermées en Christ comme étant nôtres, dont nous anticipons la
jouissance et qui seront manifestées en leur jour. En un mot, l’Esprit qui
distribue le don, n’est pas le don qu’il distribue, bien qu’il soit manifesté
dans le don. Et les choses dans lesquelles la puissance donnée est manifestée,
ne sont pas nécessairement les arrhes de l’héritage. De cela nous avons un
exemple dans le cas de Balaam, et Paul parle de la possibilité
d’être réprouvé après avoir prêché à d’autres. Et bien que le caractère des
dons porte en certaines occasions l’indice de la dispensation dans laquelle ils
se sont produits, et qu’il y ait une différence dans leur nombre et les
circonstances où ils se manifestaient, cependant l’existence de puissances et
d’actes extraordinaires n’était pas en elle-même une preuve caractéristique de
l’habitation de l’Esprit et des arrhes de l’héritage, chez ceux en qui ces
choses se montraient. Plusieurs miracles remarquables ont été opérés, et une
grande puissance a été déployée dans le service, avant que le Fils de l’homme
eût été glorifié et que l’Esprit Saint eût été donné. Mais ces choses ne
constituaient pas la demeure de l’Esprit dans l’Église, qui n’existait pas
encore, ni dans l’individu comme arrhes de l’héritage, car elles pouvaient se
trouver chez un homme tel que Balaam, ainsi que nous
l’avons dit, sans que l’individu fût un héritier. L’Esprit de Christ qui était
dans les prophètes pouvait s’enquérir touchant ce qu’ils annonçaient, et leur
faire connaître que les choses qu’ils administraient n’étaient pas pour eux. Je
reviendrai sur ce sujet, mais poursuivons maintenant celui dont nous avons à
nous occuper.
En écrivant aux Galates,
l’apôtre, ayant montré qu’ils n’étaient plus des esclaves, mais qu’ils étaient
fils de Dieu, par la foi dans le Christ Jésus, ajoute : « Et, parce
que vous êtes fils, Dieu a envoyé l’Esprit de son Fils dans vos cœurs, criant :
Abba, Père ! » (Gal. 4:6). Il distingue
clairement la puissance régénératrice de l’habitation de l’Esprit Saint dans le
cœur, et montre l’une comme étant la conséquence de l’autre : l’Esprit
vient habiter dans l’individu qui était, et parce qu’il était, fils de Dieu.
Nous voyons aussi l’Esprit comme étant différent d’un don, car il est envoyé
dans le cœur pour crier : Abba, Père ! De
plus, en cela, l’Esprit appartient à la dispensation et la caractérise. Car il
n’était pas la portion
de l’héritier
quand celui-ci était en bas âge, et comme un esclave, sous des tuteurs et des
curateurs. C’est la condition où ils étaient auparavant ; bien qu’héritiers
, ils n’étaient pas en communion directe et personnelle avec le
Père. Ils n’avaient pas l’intelligence nécessaire pour cela, n’ayant pas
l’Esprit qui la donne. Mais lorsqu’ils prennent leur position de fils, qui est
la leur dans la dispensation actuelle, l’Esprit Saint est leur portion ;
et bien qu’ils ne soient pas encore entrés en possession de l’héritage, cependant
« ils sont renouvelés en connaissance dans l’esprit de leur
entendement » (Éph. 4:23) quant à ce qui
concerne l’héritage, et entrent pleinement dans tout ce qui intéresse la maison
du Père.
Pierre, devant le sanhédrin, dit aussi : « Nous lui sommes témoins de ces choses, ainsi que l’Esprit Saint que Dieu a donné à tous ceux qui lui obéissent » (Actes 5:32). Nous trouvons dans un langage analogue : « Si quelqu’un n’a pas l’Esprit de Christ, celui-là n’est pas de lui » (Rom. 8:9), et en Éphésiens : « Qu’il vous donne d’être fortifiés en puissance par son Esprit, quant à l’homme intérieur, de sorte que le Christ habite par la foi dans vos cœurs » (Éph. 3:16-17). Ces passages ont rapport à la communion, et la signalent comme une chose individuelle dans laquelle le cœur a sa portion par la foi.
Nous avons aussi des passages où la relation entre les choses que l’on espère, et la puissance de la communion dans laquelle on en jouit dans la certitude de l’amour de Dieu, sont présentées ensemble. Ainsi Paul dit : « L’espérance ne rend point honteux, parce que l’amour de Dieu est versé dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné » (Rom. 5:5) ; et encore : « Autant il y a de promesses de Dieu, en lui est le oui et en lui l’amen, à la gloire de Dieu par nous » [2 Cor. 1:20].
« Or celui qui nous lie
fermement avec vous à Christ et qui nous a oints, c’est Dieu, qui aussi nous a
scellés, et nous a donné les arrhes de l’Esprit dans nos cœurs » (2 Cor.
1:20-22) ; passage bien
riche et précieux ! Nous y voyons Dieu, le grand Auteur de toutes nos
bénédictions et la puissance par laquelle il les opère, nous liant fermement à
Christ, notre Chef glorieux et béni, dans la communion d’une même gloire avec
Lui ; dans la communion de ce en quoi Dieu
est glorifié, par l’accomplissement en Christ lui-même de toutes les
promesses dans leur merveilleuse étendue de bénédiction. Et étant admis à avoir
en grâce notre part avec Christ, nous sommes directement les objets mêmes de la
bénédiction, comme associés à Lui, de sorte que nous jouissons de toutes les
conséquences des promesses. C’est notre portion, les promesses étant en Christ,
à la gloire de Dieu par nous
.
C’est
Dieu qui nous établit dans cette
portion. Mais comment le savons-nous ? Quelle en est la marque ?
Comment en jouit-on, comment possédons-nous les arrhes, alors que nous n’avons
pas l’héritage, et que la gloire n’est pas encore venue ? Voici la
réponse : Dieu nous a établis en Christ — telle est l’assurance et la
sécurité de notre position. Il nous a oints de l’onction de la part du Saint,
c’est-à-dire venant de lui-même, onction par laquelle nous connaissons toutes
choses (1 Jean 2:20 ; comp. avec 1 Cor. 2, du v.
7 à la fin du chapitre, où tout est clairement expliqué) ; mais alors la
possession de l’Esprit est le sceau ou la marque qui indique d’une manière
significative que nous appartenons à Dieu, que nous sommes ses héritiers :
« Si quelqu’un n’a pas l’Esprit de Christ, celui-là n’est pas de
lui ». Nous ayant été donné pour demeurer en nous, nous avons, étant
héritiers, l’Esprit comme arrhes dans nos cœurs. Nous abondons « en
espérance par la puissance de l’Esprit Saint » (Rom. 15:13). Sachant que
nous sommes fils, nous trouvons nos délices dans la pensée de l’héritage, et
dans celle d’être semblables à Celui qui est « premier-né entre plusieurs
frères ». Et dans cette joie de l’Esprit Saint, nous sommes remplis (au
milieu même de beaucoup d’afflictions) « de toute joie et paix en
croyant », l’âme entrant, comme associée avec Christ, dans toute la gloire
qui accomplit en Lui toutes les promesses de Dieu. Esprit. Être ainsi associé à
Christ dans ces choses forme la meilleure partie de la joie, la partie la plus
précieuse et la plus intime, bien que ce ne soit pas toute la joie. Je
dis : pas toute la joie, parce que (de quelles richesses ne sommes-nous
pas comblés ! elles dépassent toute expression) il n’est pas dit
seulement : « Comme le Père m’a
aimé
, moi aussi je
vous ai aimés », bénédiction connue comme étant notre portion, dans la
communion de laquelle l’Esprit nous garde, et qui aura sa manifestation dans la
gloire où nous en jouirons avec Christ. Mais le Seigneur a dit aussi :
« Et que le monde connaisse… que tu les as aimés
comme tu m’as
aimé
». Par conséquent, nous ne sommes pas seulement les compagnons du
Fils de l’homme dans la gloire, mais étant fils de Dieu par adoption, nous y
sommes comme frères, introduits dans toute la joie du royaume du Père, ou plus
exactement de la maison du Père, où la place nous est préparée par le
Premier-né. Ainsi l’amour du Fils, riche et sans jalousie, parce qu’il est
divin, nous donne une place dans la gloire qui Lui a été donnée, et nous
manifestera dans cette gloire ; et ce sera pour le monde la démonstration
que le Père nous a aimés comme il a aimé Jésus. Y a-t-il rien de semblable à
cet amour ? N’avons-nous pas la preuve, rien qu’en y pensant, qu’il est
tout à fait divin ? Nul, si ce n’est Dieu, ne peut opérer, agir et
connaître ainsi. La possession même de ces choses dans nos cœurs témoigne que
Dieu est là, si elles sont connues dans l’amour, dans un saint amour, car
« celui qui demeure dans l’amour, demeure en Dieu et Dieu en lui ».
Et ces choses nous les avons maintenant, non que nous soyons déjà entrés en
possession de l’héritage, mais l’Esprit nous en donne et nous en fait goûter
les arrhes, comme le même Esprit nous le dit par l’apôtre : « Nous
vous écrivons ces choses, afin que votre joie soit accomplie » (1 Jean
1:4) ; « afin que vous aussi vous ayez communion avec nous ; or
notre communion est avec le Père et avec son Fils Jésus Christ » (v. 3).
Voilà un lieu vraiment saint pour y habiter, une demeure qui convient à des saints, que le sang de Jésus pouvait seul nous acquérir, où nul autre que Dieu ne pouvait nous introduire, nous présentant devant Lui sans tache en vertu de l’œuvre merveilleuse qu’il a accomplie par Christ. Mais c’est là notre place, telle est notre portion. Que sa grâce en soit bénie ! Qu’elle le soit d’autant plus que cette portion est sainte, que nous en jouissons, parce que nous avons l’Esprit Saint qui la révèle et nous donne avec elle une communion spirituelle et divine, nous scellant comme héritiers de tout ce qu’elle renferme, et étant la puissance de la joie que nous avons en elle. Ô mon âme ! demeure dans cette joie, la joie en Christ !
Remarquons que l’apôtre dit : « Avec son Fils Jésus Christ », ce qui n’est pas seulement l’expression de la foi en sa Personne, mais une parole qui nous présente le Seigneur dans ce caractère de Sauveur et d’homme oint, caractère dans lequel il nous a amenés en communion, et nous a associés avec Lui dans cette relation de fils, et nous a de plus fait avoir communion avec le Père comme fils ; nous-mêmes étant fils, mais par Lui.
Cette relation des croyants
avec le Père nous est confirmée par ces paroles du Seigneur : « Je ne
vous dis pas que moi je ferai des demandes au Père pour vous (comme si le Père
lui-même ne vous aimait pas) ; car le Père lui-même vous aime, parce que
vous m’avez aimé, et que vous avez cru que moi je suis sorti d’auprès de
Dieu ». Ils avaient cru cela, mais ne connaissaient pas encore pleinement,
ce qui est connu ainsi seulement par l’Esprit Saint (l’Esprit d’adoption qui
fut donné), savoir que Jésus était sorti d’auprès du Père
. À cet égard
leur esprit était borné, et c’est cependant la vie des saints. C’est pour cela
que la notion que Christ n’est entré dans sa relation filiale que lors de son
incarnation, tend tellement à détruire même la joie élémentaire de l’Église, et
répugne à ceux qui ont communion par l’Esprit avec la vérité.
Mais la joie et le bonheur dont je parle, me conduisent directement à la déclaration contenue dans ces paroles : « Celui qui croit en moi, selon ce qu’a dit l’Écriture, des fleuves d’eau vive couleront de son ventre » (Jean 7:38). Ici encore vous remarquerez que c’est quelque chose d’individuel ; c’est la portion du croyant, de quelque manière que ce soit administré. Voici ce qui suit : « Or il disait cela de l’Esprit qu’allaient recevoir ceux qui croyaient en lui ; car l’Esprit n’était pas encore [donné], parce que Jésus n’avait pas encore été glorifié ». Or cette déclaration, nous le verrons, est d’une extrême importance. Elle se rattache au caractère et à l’état tout entiers de la dispensation actuelle, comme étant celle des bénédictions de Dieu qui est au-dessus de toute dispensation, vu qu’elle nous amène en communion avec Dieu lui-même. Il faut en excepter le fait du don de l’Esprit Saint comme puissance de vie et adoration.
Jean 4, dont j’ai déjà parlé, bien que renfermant l’idée de dispensation, ne repose pas sur elle. Il montre, en disant qu’on n’adorera plus sur « cette montagne », ni même à Jérusalem, que ce qui prendrait place serait la puissance vivante de communion avec le Père, avec Dieu qui est Esprit, et cela en quelque endroit que ce fût. C’est pourquoi c’était une puissance vivifiante, manifestée aussi bien dans l’humiliation que dans la gloire ; oui, selon le don de l’amour qui avait sa preuve dans l’humiliation du Seigneur. Et, en effet, l’heure était alors là, aussi bien qu’elle était à venir.
Il n’en est pas ainsi des chap. 3 et 7, bien qu’ils renferment ces choses. Le chap. 3, comme nous l’avons vu, parle du royaume, et montre ce qu’il fallait à un Juif pour entrer dans la partie terrestre de ce royaume. Il devait être vivifié : cela seul pouvait y amener même ceux qui nominalement en étaient les enfants, parce que c’était le royaume de Dieu.
Mais
dans le chap. 7, il est question du don de l’Esprit comme conséquence de l’ascension de Jésus et de son entrée dans le
ciel comme Homme glorifié. Ses frères, représentant les Juifs incrédules,
avaient engagé Jésus à venir à la fête des tabernacles, afin de se montrer
lui-même au monde
. Jésus répondit que leur temps à eux
était toujours prêt, mais que le sien n’était pas encore venu. Le huitième jour
de la fête, jour qui était particulier à cette fête (le jour de la
résurrection, fête d’une nouvelle semaine et commencement d’une nouvelle
scène), ce jour-là, la grande journée de la fête, Jésus se tint là, et
cria : « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et qu’il
boive ». Les Juifs venaient célébrer la fête des tabernacles comme étant
en repos dans le pays ; et de même qu’autrefois l’eau du rocher (et le
rocher était Christ) avait suivi et désaltéré les fils d’Israël dans le désert,
Jésus voulait abreuver ceux qui viendraient à Lui, et bien plus, les siens
étant unis à leur Chef glorifié, il devait les remplir tellement de l’Esprit, que
non seulement de Lui vers eux, mais que d’eux-mêmes vers d’autres,
découleraient des fleuves d’eau vive, savoir l’Esprit que devaient recevoir les
croyants. Il est dit : de leur « ventre ». Cette expression est
pour moi très précieuse. Elle est d’un usage familier dans les Écritures pour
désigner les pensées, les sentiments, la condition de l’homme intérieur. Tout
repose sur cette bénédiction particulière. Elle nous fait voir la différence
essentielle entre l’action de l’Esprit Saint aujourd’hui, et celle opérée
autrefois par l’Esprit sur les prophètes. La possession de l’Esprit Saint
maintenant, repose sur le fait de notre union avec Christ ; par
conséquent, c’est une chose constante, et un gage, pour la personne en qui il
habite, de la part qu’elle a aux choses qu’il révèle. Comme uni au Chef,
Christ, le croyant a été amené en communion avec Lui, dans tout ce en quoi le
Chef est révélé. Le croyant possède l’Esprit en vertu de cette union ;
l’Esprit est donc nécessairement en lui le témoin de sa participation à ces
choses révélées. Et comme l’union du croyant avec Christ se rattache à la
nature divine qui lui a été communiquée, l’esprit, les pensées, les sentiments,
les joies, les douleurs, les intérêts, les consolations, les craintes, les
espérances, les fleuves d’amour, toutes les choses dans lesquelles entre cette
nature, sont maintenant la portion du saint. Cela a lieu, en même temps, selon
la puissance de l’énergie de l’Esprit, qui, bien que demeurant en nous, agit
cependant d’une manière indépendante (c’est-à-dire par rapport à nous), quoique
ce soit selon l’ordre et les révélations de la dispensation dont il est la
puissance : « Il dira tout ce qu’il aura entendu » (Jean 16:13).
Je ne parle pas maintenant du combat avec la chair et avec le monde (car les deux sont la conséquence de la même chose), combat qui subsiste encore, malgré la présence de l’Esprit, et même à cause de sa présence. Je parle de la chose elle-même, c’est-à-dire de l’énergie de l’Esprit. L’Esprit, comme arrhes, est en rapport avec la gloire de Jésus, et par conséquent, remplit le cœur de joie triomphante et d’espérance. L’Esprit Saint, par sa présence, est le témoin que Christ, comme Homme, est dans la gloire ; de plus, il demeure en ceux qui, n’étant pas encore glorifiés, sont sanctifiés pour Dieu, et de là résultent deux choses précieuses. D’abord l’Esprit, comme arrhes, est le témoin complet de « la certitude d’intelligence » la plus entière, parce que Jésus, qui est maintenant sur le trône, a passé par tout le combat ; de plus, l’Esprit est le témoin de l’acceptation de Jésus par le Père selon la justice divine. En second lieu, l’Esprit est entré dans toutes les circonstances par lesquelles l’Homme juste a passé, donnant ainsi, en Celui qui a reçu « la langue des savants pour soutenir celui qui est las », le modèle et la forme de connaissance dont les saints ont besoin dans toutes les épreuves par lesquelles, conduits par l’Esprit, ils passent et doivent passer.
L’Esprit devient ainsi un Esprit de sympathie parfaite, la sympathie de l’Esprit de Christ, connaissant la gloire et, par conséquent, sensible selon Dieu, à l’extrême misère, à la douleur, à la dégradation, au milieu desquelles, quant aux circonstances, se trouvent plongés ceux en qui il demeure comme témoin de Jésus ; et sachant ce que sont leurs épreuves dans la voie de la gloire et dans le sentier de patience qui y conduit. En même temps, il est aussi le témoin de l’amour du Père manifesté dans la gloire. Et ainsi, l’Esprit affluant dans leurs cœurs, car ils sont par lui unis à Jésus, d’eux découle comme un fleuve de rafraîchissement divin dans le désert, pour rafraîchir tous ceux qu’atteignent ces eaux célestes et bénies, afin que s’en abreuvant comme une terre déserte et altérée, ceux-ci produisent cette verdure et ces fruits, en qui le grand Chef de l’Église trouve sa joie et ses délices, tandis que leur joie à eux est accomplie à cause de leur communion avec la source d’où découlent les eaux vives. De chaque âme où le fleuve est reçu, le fleuve découle aussi pour rafraîchir d’autres âmes.
Jésus ne pouvait pas alors se
montrer au monde comme prenant place au milieu des Juifs, ses frères selon la
chair ; mais tout individu d’entre eux qui croyait en Lui, avait part à la
bénédiction promise et présentée par le Seigneur, et qui était substituée à
celle d’Israël. Mais, étant un objet de foi, elle s’adressait à « celui
qui a soif » ; elle appartenait donc à quiconque croyait. Nous avons
maintenant à nous enquérir d’où venait ce fleuve d’eau vive, de quoi il
dépendait. L’Esprit saint a été envoyé de la part du Père par Jésus glorifié,
et est devenu le témoin de l’acceptation parfaite de Christ que déclare sa
glorification à lui, l’Homme qui a pris sur soi la responsabilité de nos
péchés ; et il est aussi le témoin de la gloire qui Lui a été conférée, et
de tout ce qui est mis en évidence dans sa Personne, comme assis dans les lieux
célestes. Cette gloire est notre espérance, car nous le verrons comme il est
et nous Lui serons semblables. De plus, l’Esprit est le témoin de notre communion
avec Lui — non selon cette gloire dans laquelle il apparaîtra à la terre, car
je ne sache pas que cela nécessite l’Esprit Saint, bien que la communion vitale
avec Lui d’une manière quelconque, le rende nécessaire, comme nous l’avons vu
dans le chapitre précédent — mais l’Esprit est le témoin de notre communion
avec Lui, selon la gloire dans laquelle il est assis sur le trône du Père,
gloire dans laquelle, nous qui sommes fils, nous le connaîtrons « en ce
jour-là », celle dans laquelle l’Église le connaît comme assis
actuellement sur le trône du Père.
Il y a une gloire que Jésus revêtira d’une manière visible à tous, sa propre gloire comme Seigneur et Fils de l’homme, et dans laquelle « tout œil le verra ». Mais il y a une gloire révélée maintenant par l’Esprit, dans laquelle l’Église le connaît, dans laquelle, bien que Fils de l’homme, il est un avec le Père. C’est une gloire dans laquelle il est entré comme Homme, une gloire auprès du Père, qu’en elle-même il avait auprès du Père avant que le monde fût, mais qu’il a prise maintenant comme Homme. L’Esprit nous la fait connaître, à nous qui « sommes membres de son corps, de sa chair et de ses os », et nous met en communion avec elle ; et elle est pour nos cœurs la puissance et l’objet de l’espérance. C’est ainsi qu’il est écrit : « Par l’Esprit, sur le principe de la foi, nous attendons l’espérance de la justice ». Cette justice est établie pour nous en Christ assis sur le trône, car Celui qui a porté nos péchés est allé auprès du Père dans la gloire qui est le résultat et la récompense de cette justice. Par-là, nous voyons que la gloire est notre part en espérance, car la justice est nôtre. Et comme nous sommes en Christ, la gloire est aussi à nous. Bien que son unité avec le Père, qui Lui donne sa place où se trouve maintenant la gloire, appartienne à Lui seul, cela n’est point sans porter avec soi une bénédiction pour nous, car l’Église connaît cette unité en Lui, et ainsi la pleine et divine source de la gloire lui est manifestée. De même que maintenant Christ est dans le Père, et nous en lui, et lui en nous, ainsi, au jour de son apparition, ce sera Christ en nous, et le Père en Lui, afin que nous soyons « consommés en un » (Jean 14:20 ; 17:23).
Nous avons vu que la source
abondante de ces fleuves d’eau vive est la gloire du Fils de l’homme sur le
trône du Père ; mais nous n’avons pas dit tout ce qui en découle. La fête
des tabernacles avait lieu, dans le pays, après l’accomplissement des promesses
faites au peuple d’Israël, et comme Salomon, à l’occasion d’une grande
célébration de cette fête (type du règne à venir de Christ), disait :
« L’Éternel parla de sa bouche à David, mon père, et de sa main il a
accompli sa parole » ; de même, c’est à Christ que toutes les
promesses ont été faites, comme héritier de toutes choses, Fils de Dieu, Fils
de l’homme, Fils de David. « Autant il y a de promesses de Dieu, en lui
est le oui et en lui l’amen, à la gloire de Dieu par nous ». Or, tout ce
dont nous venons de parler est pour la gloire de Dieu manifestée en Christ, mais
puisque c’est à la gloire de Dieu par nous
, Christ prend les promesses
comme homme, afin qu’ayant purifié et sanctifié les enfants par son sang, il
puisse les introduire comme ses cohéritiers dans la jouissance de ces
promesses, en témoignage de l’amour du Père envers eux. Ainsi, quant à eux
aussi, tout ce dont il est héritier comme homme glorifié — et en droit comme
Fils de Dieu — fait partie de ces fleuves d’eau vive, dont ils jouissent dans
la connaissance et la communion par l’Esprit. Et c’est pour cela qu’au passage
que nous avons cité, l’apôtre ajoute : « Celui qui nous lie fermement
avec vous à Christ et qui nous a oints, c’est Dieu, qui aussi nous a scellés,
et nous a donné les arrhes de l’Esprit dans nos cœurs » (2 Cor. 1:21, 22).
Non seulement l’Esprit révèle
la gloire de Jésus, assis maintenant comme homme sur le trône de Dieu, mais
aussi ce qu’il prendra lorsqu’il apparaîtra en gloire, et que tout sera
bénédiction. Nous sommes appelés à hériter de la bénédiction ; par
conséquent, du moment que la terre est bénie, cette bénédiction devient une
partie de notre héritage en Christ. Ce sera au temps où s’accomplira la
prophétie d’Osée : « En ce jour-là, dit l’Éternel, j’exaucerai les
cieux, et eux exauceront la terre, etc. » (Osée 2:21). Tout ce qui est
promis à Christ comme semence d’Abraham et grand objet des desseins de Dieu
(voyez Gal. 3), toutes les choses dans lesquelles se déploie la gloire de Dieu,
qui ornent, reflètent et manifestent cette gloire par Christ (et toutes choses
sont pour Lui), sont à la gloire de Dieu par nous
. L’Esprit nous fait
jouir en espérance de cette bénédiction dans toute son étendue et sa plénitude
de bonheur, en Christ, le dernier Adam, et en même temps le Seigneur venu du
ciel, le témoin en bénédiction (le mal étant vaincu) de tout l’amour du Père
déployé envers et dans la créature introduite dans l’héritage. Les promesses
sont à nous en Christ, et nous le voyons, quoique toutes choses ne soient pas
encore mises sous ses pieds, couronné de gloire et d’honneur, rendant toutes
choses sûres, car il est Celui qui les soutient, le Premier-né de toute la
création, aussi bien que le Premier-né d’entre les morts, et le Chef de
l’Église. Ainsi, parce que nous sommes en Christ et participants de l’Esprit,
nous possédons ces choses et abondons en espérance, car elles sont le
témoignage de l’amour et de la bénédiction du Père, apportant leur tribut à ces
fleuves d’eaux vives, c’est-à-dire à la connaissance de la gloire de Christ en
elles. On en jouit intérieurement par l’Esprit, et là où est cette jouissance,
ces eaux débordent, car nul cœur humain qui en jouit ne peut les garder pour
lui-même.
Pensée assurément bien
réjouissante — car il nous faut prendre maintenant les promesses dans leur sens
le plus étendu — toutes choses dans les cieux et sur la terre sont à Christ
comme héritier. En effet, il les a toutes créées, et toutes doivent être
réconciliées par Lui ; et si elles sont réconciliées avec Dieu, combien
complète et abondante sera la bénédiction ! C’est pendant qu’Israël traverse
le désert que coule le fleuve, car le désert n’en sera plus un, lorsque Israël
sera reconnu de Dieu. En fait, les ruisseaux d’eau n’appartenaient pas au
désert, mais ils y jaillissaient pour le premier-né, Israël (voir Ex. 4:22),
lorsque le premier-né était là. Beau tableau de la faveur divine et de
l’espérance triomphante ! « Le désert et la terre aride se
réjouiront ; le lieu stérile sera dans l’allégresse et fleurira comme la
rose », lorsque, par la faveur divine, Israël entrera dans son héritage. Ainsi,
quand Israël traverse le désert — quoique le désert reste toujours ce qu’il est
— le fleuve, qui un jour le renouvellera et le réjouira, coule pour rafraîchir
Israël d’une manière bénie dans le lieu aride. Ainsi, Moise et les fils
d’Israël, lorsqu’ils sont sortis de la mer Rouge, proclament, dans leur
magnifique cantique, qu’ils veulent préparer à l’Éternel, leur Dieu, une
habitation, et l’exaltent comme le Dieu de leur père ; puis ils
ajoutent : « Tu as conduit par ta bonté ce peuple que tu as racheté ;
tu l’as guidé par ta force jusqu’à la demeure de ta sainteté ». Israël
avait déjà été amené à Dieu, et nous le sommes aussi. Ensuite, le cantique
continue : « Tu les introduiras et tu les planteras sur la montagne
de ton héritage, le lieu que tu as préparé pour ton habitation, ô
Éternel ! le sanctuaire, ô Seigneur ! que tes mains ont établi.
L’Éternel régnera à toujours et à perpétuité ». Le lieu destiné à Israël,
le pays que les tribus rachetées avaient en espérance, était Canaan, et Canaan
strictement au-delà du Jourdain. Nous voyons, en effet, que Moïse discuta avec
les deux tribus et demie, lorsqu’elles demandèrent de rester en deçà, et que,
dans cette occasion, les autres sont seules nommées les fils d’Israël (Nomb. 32:6, 7). Il en est de même de l’Église qui a sa
vraie place dans le ciel. Mais, dans les promesses faites à Abraham, les
limites d’Israël s’étendaient depuis le fleuve d’Égypte jusqu’au grand fleuve,
l’Euphrate, et le désert y était compris. Or, le jour devait venir où le désert
et le lieu aride se réjouiraient, où le lieu stérile fleurirait comme la rose,
et verrait la gloire de l’Éternel et la magnificence du Dieu d’Israël ;
mais le sanctuaire que Dieu avait préparé pour sa demeure était le lieu où
Israël devait être introduit. Portion bénie de son peuple ! Il en est
ainsi pour les saints maintenant. Ils ont leur place dans le ciel, et ils la
connaissent maintenant
en esprit et en espérance ; ils la
connaissent comme étant à eux, bien que, pour un peu de temps, il faille lutter
là contre « la puissance de méchanceté qui est dans les lieux
célestes », et qui s’y maintient jusqu’au jour du grand combat qui les en
exclura pour toujours. Ainsi les saints ont leur place, leur siège dans les
lieux célestes, au-delà du Jourdain ; héritage précieux, où Christ a placé
pour eux la gloire — la gloire du Père et la sienne !
Bien que le monde soit un désert à travers lequel les saints passent comme étrangers, le monde, ainsi que toutes choses, est à eux. Du moment qu’ils sont rachetés, encore qu’ils ne jouissent plus du repos d’Égypte, et qu’ils n’aient plus les aulx et les concombres, les oignons et l’esclavage, et bien que le monde soit pour eux un désert, « une terre aride et altérée, sans eau », ils sont appelés à le traverser comme étant à eux — à eux pendant qu’il n’est qu’un désert — mais ils sont appelés à s’y trouver après être sortis d’Égypte, pour y célébrer une fête à l’Éternel. Et si, de même que les Israélites pendant que Moïse était sur la montagne pour recevoir la loi, il en est qui célèbrent une fête au veau d’or, cela ne change en rien ce qu’est le désert pour le cœur fidèle. Les croyants ont été conduits hors d’Égypte, et non seulement ils savent en esprit qu’ils ont été amenés à Dieu, pour être aussi en esprit dans les lieux célestes, mais là ils trouvent Jésus, et c’est parce qu’ils le trouvent là, qu’ils y sont eux-mêmes. En trouvant Jésus, ils apprennent que toutes choses sont à eux, même dans le désert. Et là ils ne peuvent être nourris que du pain du ciel, guidés seulement par ce qui est céleste, abreuvés uniquement par l’eau du rocher, ou plutôt par le fleuve de Dieu qui coule en eux ; mais s’ils sont dans le désert, ils savent en Jésus quel est leur héritage. « Toutes choses sont à vous », dit l’apôtre, « et vous à Christ, et Christ à Dieu ».
Le désert n’est maintenant
pour les croyants qu’un lieu de passage ; il n’y a rien là pour eux, et
cependant toutes choses leur appartiennent. Mais de même qu’Israël dans le
désert, quand l’Église passe ainsi à travers le monde qui est son héritage, le
fleuve d’eau vive est là, jaillissant dans le cœur des saints, et ils
chantent : « Tu as conduit par ta bonté ce peuple que tu as
racheté ; tu l’as guidé par ta force jusqu’à la demeure de ta
sainteté », car en droit l’œuvre de la rédemption est complète, bien que
n’étant pas encore accomplie en puissance quant à la création. La
réconciliation de toutes choses sur la terre et dans les cieux aura lieu, en
vertu du sang de la croix, mais nous sommes maintenant réconciliés. Quand l’eau
vive arrosera et fera revivre le désert, quand le Fils de l’homme prendra de
fait le monde comme son héritage, et que l’Esprit sera de nouveau répandu (Es.
32:15), le désert ne se réjouira-t-il pas, ne s’égaiera-t-il pas, et ne
fleurira-t-il pas ? Eh bien, le fleuve d’eau vive remplit déjà le cœur de
celui qui appartient à Dieu, de celui qui croit en Jésus, maintenant, et cela parce qu’il est dans le désert
; ainsi ne se réjouira-t-il pas et ne
fleurira-t-il point ? Oui, certainement ; « des fleuves d’eau
vive couleront de son ventre », et quoique coulant souvent sur des cœurs
semblables à des sables arides, qui les absorbent sans rien rendre en retour,
et restent comme auparavant secs et stériles, cependant partout où ils
rencontrent la terre que la main de Dieu cultive et les semences qu’il y
répand, celles-ci seront aussi rafraîchies et pousseront leur jet.
Il est très important de
remarquer ici le caractère individuel de ce dont nous venons de parler, et que
j’ai déjà mentionné précédemment, parce que c’est le principe de salut au
milieu de la désolation et du mal, quelque bien général que d’ailleurs ce
principe puisse produire. Il n’est pas dit des croyants : Ils
boiront du fleuve qui sort du rocher, ou ils
boivent en commun du même
fleuve, mais : « Des fleuves d’eau vive couleront de son
ventre ». C’est la possession
personnelle de l’Esprit Saint, sa demeure en nous individuellement. Et c’est
ainsi que la chose est présentée constamment dans l’évangile de Jean, qui
traite de ce qui est essentiel aux saints et de ce qui les unit, et non des
conséquences qui en résultent.
Sous un autre point de vue, la demeure du Saint Esprit en nous présente un trait particulier à la dispensation actuelle, un caractère qui lui est spécial et qui résulte de l’exaltation de Christ dans la gloire. La place qu’il occupe est le témoignage que toutes choses sont accomplies ; Lui-même est personnellement en possession du résultat de cet accomplissement, et nous sommes unis à lui pour en jouir, Lui étant là continuellement. Par conséquent, ce témoignage est totalement différent de tout autre qui l’a précédé et qui était relatif aux choses à venir, si précieux d’ailleurs qu’il soit. En réalité, le mystère (l’union des Juifs et des gentils en un seul corps) n’était pas révélé, et, comme je l’ai déjà fait remarquer, le témoignage qui était alors rendu n’était aucunement lié avec la jouissance des choses qui en faisaient l’objet, non pas même quand les témoins étaient des saints, comme le montre 1 Pierre 1:10, 12.
Ce témoignage différait
aussi, autant que possible, de toute opération de l’Esprit produisant des
fruits, bien qu’il fût l’œuvre de l’Esprit vivant de Christ (toujours efficace
pour sauver). La raison en est que l’on ne rendait pas et que l’on ne pouvait
pas rendre témoignage à un Christ vivant, Homme glorifié dans le ciel, avec
lequel on était uni
, qui avait accompli toutes les choses dont on avait
à jouir, qui donnait un droit à y participer et un fondement à la jouissance de
ces choses. Cela ne pouvait exister que lorsque Jésus aurait accompli toute
l’œuvre que Dieu Lui avait donnée à faire, qu’il serait dans la gloire, et de
là aurait envoyé l’Esprit Saint, puissance de communion pour ceux qui sont unis
à Lui. La chose n’existait pas, l’œuvre n’était pas accomplie, et Jésus, comme
Homme, n’était pas dans la gloire. C’est pourquoi il est dit :
« L’Esprit n’était pas encore, parce que Jésus n’avait pas encore été
glorifié ».
Le fait est que l’union de l’Église avec Christ en un seul corps, n’était pas même encore révélée. C’était un mystère caché en Dieu comme Christ l’est maintenant, et qui, par conséquent, ne pouvait être connu et dont on ne peut jouir que par l’Esprit Saint donné à ceux qui croient. Ce n’est pas qu’il y ait une autre œuvre par laquelle l’homme soit sauvé (le croyant sait que cela est impossible), ni non plus un autre Esprit, car il y a « un seul Esprit ». Mais l’Esprit ne pouvait alors rendre témoignage à ceux en qui il agissait, que le croyant était, comme chose actuelle, uni à Jésus ressuscité, à l’Homme glorifié, comme il le fait maintenant à l’âme des fidèles ; car ces choses n’existaient pas.
Si l’on dit : « Cela était vrai pour la foi », je réponds, non, cela ne pouvait être vrai pour la foi qu’ils fussent alors unis à Jésus et le connussent comme glorifié, car Jésus ne l’était pas encore, et l’Esprit Saint n’était pas venu, sur le pied de cette union, faire sa demeure dans le cœur du croyant. « L’Esprit n’était pas encore », dans le sens de demeurer comme témoin de l’Homme glorifié en ceux qui, par l’Esprit, étaient unis à Christ.
C’est toute la différence qui
existe entre quelqu’un qui est libre et quelqu’un qui espère l’être sur la
parole d’un homme véridique, qui n’a jamais menti, et qui est capable
d’accomplir ce qu’il a promis. Tous deux ont une certitude, mais elle n’est pas
la même. « Si le Fils vous affranchit », vous serez véritablement
libres ; c’était là « ce quelque chose de meilleur » que Dieu
avait en vue pour nous (Héb. 11:40), « afin
qu’ils ne parvinssent pas à la perfection sans nous ». C’est ce qui fait
que « le moindre dans le royaume de Dieu est plus grand » que même le
plus grand de ceux qui sont nés de femme, comme Jean le Baptiseur, le plus
grand des prophètes (Luc 7:28). C’est cette présence de l’Esprit Saint avec et
dans les croyants (Jean 14:17), résultat de l’accomplissement de l’œuvre de
Christ et témoignage de notre union avec Lui, qui fait la différence entre
« l’assemblée des premiers-nés écrits dans les cieux », et « les
esprits des justes consommés » (Héb. 12:23). Les
fils d’Israël en Égypte pouvaient croire et croyaient à la promesse de
l’Éternel relativement à Canaan, comme on le voit par l’exemple de Jacob, et
celui de Joseph, qui « donna un ordre touchant ses os » (Gen. 50:25 ; Héb.
11:22) ; mais quelle que fût la fermeté de leur foi, ils ne pouvaient pas
dire : « Tu as conduit par ta bonté ce peuple que tu as
racheté ; tu l’as guidé par ta force jusqu’à la demeure de ta
sainteté », parce que l’œuvre de leur rédemption n’était pas accomplie. C’est
là ce qu’ils pouvaient chanter
après avoir été tirés d’Égypte et avoir traversé la mer Rouge, bien qu’ils ne
fussent encore amenés que dans le désert où il n’y avait ni chemin, ni pain, ni
eau ; ils pouvaient chanter ainsi, parce qu’alors ils étaient rachetés. Je
considère ici l’ensemble des choses et non aucun type en particulier.
J’insiste sur ce point, parce
qu’un grand nombre de personnes trouvent difficile de comprendre qu’il y ait un
même moyen de salut, et que cependant il y ait une différence dans l’état de
ceux qui sont sauvés. Mais nous lisons : « Aussi longtemps que
l’héritier est en bas âge, il ne diffère en rien d’un esclave
, quoiqu’il soit seigneur de tout
; mais il est
sous des tuteurs et des curateurs », n’ayant aucun rapport libre et
immédiat avec la pensée du père, ni l’intelligence des intérêts de celui-ci.
La connaissance de sa relation filiale avec le Père et de son union avec Christ, en voyant quels sont les droits de Christ, tels sont les traits caractéristiques de la demeure de l’Esprit Saint dans le chrétien. Quoique nous ne voyions pas encore que toutes choses Lui soient assujetties, nous voyons cependant « Jésus couronné de gloire et d’honneur », de sorte que nous nous réjouissons dans la perspective de ce qui nous est réservé selon le droit que nous y avons en Lui, « puisqu’il n’a pas honte de nous appeler ses frères ».
Ainsi, en Rom. 8, où la présence de l’Esprit Saint dans le croyant est présentée comme étant le caractère même de la dispensation actuelle, l’apôtre, après avoir montré les opérations morales de l’Esprit (c’est-à-dire comme vie dans l’âme) et la vivification du corps par son action, parle de Lui comme demeurant personnellement en nous, et y étant témoin avec nous : « L’Esprit lui-même rend témoignage avec notre esprit, que nous sommes enfants de Dieu », et par conséquent héritiers ; « héritiers de Dieu, cohéritiers de Christ ; si du moins nous souffrons avec lui, afin que nous soyons aussi glorifiés avec lui ». Nous avons ici la chose dans son ensemble — les enfants de Dieu, c’est-à-dire l’assemblée des premiers-nés, placés dans le désert, comme l’était Israël, duquel Dieu a dit : « Israël est mon premier-né ». Ensuite Canaan, figurant le ciel, est placé devant nous qui sommes héritiers de Dieu, car Canaan était sa terre, et son droit en Israël s’étendait d’un fleuve à l’autre. Pour Israël, cela comprenait Canaan et le désert ; pour nous, le ciel et la terre. Nous sommes « cohéritiers de Christ », comme les Israélites l’étaient du « pays d’Emmanuel », et il est ajouté : « Si du moins nous souffrons avec lui », car nous passons à travers le monde comme à travers un désert.
L’Esprit Saint nous présente toutes ces choses dans leurs deux grands caractères, la gloire et les souffrances. La gloire nous appartient comme enfants et cohéritiers, et nous l’avons en espérance. Lorsque la perspective de la gloire est obscurcie en nous, nous y devenons indifférents, et profanes dans nos pensées. Si, au contraire, elle brille dans nos cœurs, nous n’avons besoin ici-bas que de la manne (Christ), de l’eau (l’Esprit) et de la patience pour le désert, soupirant après le repos, mais soumis, à cet égard, à la volonté de Dieu. Lorsque, par l’Esprit, nous demeurons réellement dans la gloire, lorsque nous nous rassasions vraiment des grappes d’Escol, nous devenons morts à tout, sauf à la saveur et à la gloire de l’espérance. Ce qui est céleste l’est réellement pour nous, parce que nos pensées sont tournées vers le ciel ; nous contemplons la gloire du Seigneur, et c’est dans le lieu sur lequel Dieu a « continuellement ses yeux », pays qu’on n’arrose pas « avec le pied », mais arrosé par des fleuves qui coulent entre les montagnes et dans les vallées, et qui « boit l’eau de la pluie des cieux », le domicile du royaume du Père. L’Esprit, en révélant Dieu dans nos cœurs (car il est Dieu), nous fait demeurer dans la plénitude de Dieu, et par là nous fait apprécier l’héritage, notre communion avec Christ dans la possession de cet héritage, et la gloire. Nous demeurons dans cette plénitude, jouissant de la précieuse saveur des délices que Dieu prend en Jésus qui remplit toutes choses, qui les remplira de fait un jour, et qui, par l’Esprit, nous est maintenant révélé sous ce caractère. Sa présence, lorsqu’il prendra effectivement cette place, remplira et réjouira les cieux et la terre, en en bannissant le mal.
Mais, maintenant
, la
parole est « si nous souffrons ». Car le fait même de demeurer par la
foi dans cette gloire, de voir, en esprit, toute la création réconciliée et
amenée à jouir de la liberté de la gloire des enfants de Dieu (elle ne saurait
jouir de celle de leur grâce), en attendant la révélation des fils de Dieu,
tout cela nous fait sentir d’autant plus distinctement combien la création
soupire et est en travail dans la servitude jusqu’à maintenant. Et, nos corps
faisant partie de cette création, nous soupirons aussi dans un sentiment de
sympathie. Nous connaissons ces soupirs de la création, parce que nous
demeurons en esprit dans la gloire, mais nous y sympathisons, parce que nos
corps nous rattachent à elle, et qu’ils n’ont pas encore part à la rédemption.
Mais ce n’est pas le sentiment égoïste du mal que l’on éprouve. L’Esprit
intercède en nous selon Dieu. L’Esprit qui demeure en nous, n’estime pas le mal
simplement d’une manière humaine, d’après la douleur qu’il cause, mais il
l’estime divinement comme s’intéressant à ceux, et demeurant en ceux qui sont
au milieu du mal, et qui, pour ce qui est de leurs corps, y participent. Tous
leurs soupirs qui embrassent ceux de la création et qui leur sont connus, parce
que leur corps en fait partie, ne proviennent pas d’un sentiment de douleur
égoïste, mais du sentiment du mal, sentiment produit par l’Esprit qui demeure
en eux. Et bien que nous, pour ce qui est de notre esprit et de notre
intelligence, nous ne sachions pas ce qu’il faut demander comme il convient,
Celui qui sonde les cœurs, sait quelle est la pensée de l’Esprit qui demeure en
nous, car il intercède selon Dieu. Ainsi l’Esprit, cet autre Consolateur,
sentant dans nos cœurs et par le moyen de nos cœurs, et parce que notre corps
attend encore l’adoption, qu’il demeure dans un monde qui soupire sous la
servitude de la corruption, non seulement nous enseigne touchant la gloire, de
sorte que nous pouvons dire : « Nous savons », mais encore
exprime selon Dieu (dans le sentiment qu’il a de toutes ces choses) le besoin
que ressentent les saints. Il rencontre ainsi en eux une communion plus étendue
et plus profonde, et cette gloire en espérance qui mettra fin à tous les
soupirs.
Je dirai quelques mots sur les exercices du cœur à l’égard de ces choses. Comme étant dans l’Esprit, notre joie est entière, la saveur des choses célestes est dans toute sa fraîcheur, notre sentier est facile, car « là où est l’Esprit du Seigneur, il y a la liberté ». Là est la communion qui rend tout aisé ; nous y marchons et y demeurons, et en elle tout est radieux. L’Esprit Saint est la puissance qui communique toute plénitude. Mais quand nous en venons au désert, il y a des exercices et des difficultés. Le cœur est mis à l’épreuve ; tout s’oppose à nous ; c’est le désert, et vouloir s’y reposer n’empêche pas que ce soit encore le désert, et n’est de fait que le prélude d’un retour de cœur en Égypte. Au lieu du repos nous ne trouverons autre chose que le désert, et nous attirerons sur nous le châtiment du Seigneur qui est fidèle. Mais là même où il y a du trouble, si le cœur est droit devant Dieu, à travers tout, on connaît Dieu. Ce n’est pas que l’on ne sente le trouble, loin de là ; plus la foi est parfaite, plus on le sentira. Plus je connais Canaan, plus j’y ai mon cœur et mes pensées, plus aussi je comprendrai ce qu’est le désert. Même le culte rendu à Dieu, si précieux qu’il soit, sera du désert et s’en ressentira ; les grâces que je reçois, les bontés dont je suis l’objet, sont des grâces et des bontés pour le désert, et ma nourriture est une nourriture pour le désert. La nuée me guide vers Canaan, mais en Canaan il n’est pas besoin de nuée pour le chemin. Toutefois, lorsque le cœur est au large et heureux par grâce, bien qu’il sente tout ce qui est dans le désert, il possède une expérience riche et profonde de ce qu’est Dieu, et cette expérience produit cette « espérance qui ne rend pas honteux, parce que l’amour de Dieu est versé dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné ». Dans cette patience d’esprit que l’on n’apprend qu’au désert — car en Canaan il n’est plus besoin de patience — les traits les plus profonds du caractère de Dieu nous sont révélés. Si la foi avait à supporter six cent mille rebelles, comme si elle les avait enfantés, combien elle apprendrait, dans une communion constante avec Dieu, quelle est la profondeur de sa patience, la sagesse de ses desseins, l’infinie perfection de son amour qui ne trouve dans son objet rien qui puisse le porter à s’exercer et qui est cependant toujours incliné à bénir ! Elle y apprendrait comment il connaît la fin dès le commencement, et par conséquent comment, tandis que notre cœur est exercé et en travail à cause des circonstances présentes, il se sert de ces circonstances mêmes pour y produire la certitude des espérances futures, ou afin de le former pour la jouissance de ces choses à venir. Et elle y apprendrait encore comment le cœur ainsi façonné par la connaissance intime des voies de Dieu, est préparé à apprécier la gloire dans sa valeur intrinsèque, en brisant les liens qui nous rattachent aux choses présentes (chose étrange pour ceux dont le cœur est occupé de ces choses), afin que la vie de Dieu en nous croisse, par une association sans entraves avec ce qui est céleste.
Le désert est nécessaire — non pour nous donner un droit d’être amenés à Dieu — mais afin de mettre pratiquement Dieu à la place de l’Égypte dans nos cœurs. Je ne dis pas cependant qu’il doive en être nécessairement ainsi, et que nous ne devions pas être comme Josué et Caleb tout prêts à monter dans le pays, et que les grappes d’Escol ne doivent pas être un encouragement pour aller en avant, plutôt que de nous laisser effrayer par les fils d’Anak. Elles portent, en effet, le cachet de la bonté et de la puissance de Celui qui nous appelle dans le pays — elles sont les grappes de sa terre à Lui, et il est bien capable de nous y faire entrer. Mais habituellement la manière dont Dieu agit envers nous, c’est de se servir du désert pour nous dégager de l’Égypte et pour occuper la place dans nos cœurs. Mais quand notre foi saisit et savoure ces grappes, ces avant-goûts du ciel, quand nos cœurs en jouissent, nous pouvons nous élever au-dessus du trouble, tout en le sentant ; et lorsque nous sommes spirituels, tout trouble devient pour nous l’instrument dont Dieu se sert pour que nous fassions l’expérience précieuse de ce qu’il est.
Les desseins de Dieu ne sont pas les nôtres, et il agit toujours en vue de les accomplir ; or ces desseins sont de nous bénir pleinement, de nous rendre conformes à l’image de son Fils, ses cohéritiers, « à la gloire de Dieu par nous ».
Dans notre adorable Maître, qui « a appris l’obéissance par les choses qu’il a souffertes », nous voyons réalisé, dans sa perfection, ce sentier à travers le désert. Il en sentait l’âpreté comme nul ne l’a sentie, mais voyant — en demeurant dans la plus entière soumission — la divine perfection des voies du Père, et le but vers lequel elles conduisaient, c’est-à-dire la gloire, il en jouissait comme de « la joie qui était devant lui », comme d’un fleuve d’eau pure donné pour reposer et rafraîchir. « Alors », nous est-il dit, « il commença à adresser des reproches aux villes dans lesquelles le plus grand nombre de ses miracles avaient été faits, parce qu’elles ne s’étaient pas repenties » (Matt. 11:20) ; c’était là pour Lui une vraie douleur, douleur profondément ressentie. Il n’y a de vraie douleur que là où ne se trouve aucune ressource dans ce qui nous entoure ; et il n’y en avait pas pour Jésus autour de Lui. « Rachel, pleurant ses enfants, refusait d’être consolée, parce qu’ils n’étaient plus » ; mais pour elle, la parole d’encouragement était : « Il y a espoir pour ta fin » (Jér. 31:15-17).
Mais considérons ce que fait
Jésus. « En ce temps-là, Jésus répondit et dit : Je te loue, ô Père,
Seigneur du ciel et de la terre
, parce que tu as caché ces choses
aux sages et aux intelligents, et que tu les as révélées aux petits enfants.
Oui, Père, car c’est ce que tu as trouvé
bon devant toi. Toutes choses m’ont été livrées par mon Père
; et personne ne connaît le Fils, si
ce n’est le Père ; ni personne ne connaît le Père, si ce n’est le Fils, et
celui à qui le Fils voudra le révéler. Venez à moi, vous tous qui vous fatiguez
et qui êtes chargés, et moi, je vous donnerai du repos. Prenez mon joug sur
vous, et apprenez de moi, car je suis débonnaire et humble de cœur, et vous
trouverez le repos de vos âmes » (Matt. 11:25-29). Quels fleuves d’eau
vive jaillissent de ce cœur frappé comme le fut autrefois le rocher !
Au-dehors, il n’y en avait point qui coulaient, mais comme on les voit sourdre
des profondeurs de son être ! Comme il nous révèle cette plénitude
intérieure d’où les eaux coulent en abondance au-dehors : « Toutes
choses m’ont été livrées » — je puis révéler le Père. — « Venez à
moi ! » Comme ce que renfermait son âme sort avec puissance après sa
plainte douloureuse : « Et moi j’ai dit : J’ai travaillé en
vain ; j’ai consumé ma force pour le néant et en vain ! » (Es.
49). En vain, quant aux circonstances présentes, mais pour répandre, dans le
désert, ces fleuves de vie qui ont rafraîchi l’Église et la rafraîchiront, ô
précieux Seigneur Jésus, à travers le désert, jusqu’à ce qu’arrivée au terme
céleste, en Canaan, elle n’ait plus besoin que de Toi-même !
Et nous, ne sommes-nous pas fils ? pauvres, à la vérité, en nous-mêmes, mais desquels il est dit à la louange de sa plénitude : « Celui qui croit en moi, des fleuves d’eau vive couleront de son ventre ». Et là où se trouve réellement l’Esprit de Dieu, il n’y a pas de brisement, pas de coup, pas d’exercice de patience, par le moyen de la Parole, qui n’en fasse jaillir davantage, car nous sommes associés à la plénitude infinie qui est en Jésus. Parce que toute perfection se trouvait en Lui, tout jaillissait en même temps, et les paroles : « Je te loue, ô Père » sortaient de ses lèvres à la même heure que : « Malheur à toi ! ».
En nous il y a souvent beaucoup à faire pour que ces eaux coulent et coulent pures ; et quand la chair agit, quand la volonté propre est à l’œuvre, jusqu’à ce qu’elles soient réprimées, il n’y a aucune perception de la splendeur et de la plénitude placées devant nous, et avec lesquelles nous sommes en communion — mais avec lesquelles la chair n’en a pas, et où la volonté n’a ni part, ni portion. Jusqu’à ce que nous ayons été amenés à dire : « Je te loue, ô Père ! » et « je me glorifie dans les tribulations », il est impossible de dire aussi : « Toutes choses m’ont été livrées » — car elles sont nôtres en Jésus — ni non plus d’inviter avec réalité les autres à écouter les paroles : « Venez à moi », bien que nous puissions dire, d’après notre simple jugement : « C’est là que ces choses se trouvent ». Être amené à louer et à se glorifier dans les tribulations est une œuvre profonde dans l’âme, mais c’est l’œuvre de Dieu.
Je m’arrête ici pour ce qui
concerne ces fleuves d’eau vive. Ils sont entièrement célestes, et ce n’est que
lorsque nous serons simplement célestes qu’ils jailliront. Misérables
sommes-nous, qu’il faille tant de choses pour que puissent couler ces eaux
rafraîchissantes et précieuses qui viennent de Dieu ! Amour merveilleux
que celui qui opère en nous avec tant de patience ! Puissions-nous être rendus
capables de dire toujours, sans cependant être insensibles à la souffrance des
épreuves : « Je te loue, ô
Père
! »
Cette
servitude de la corruption à laquelle
la création est assujettie ne provient pas de sa volonté, mais de celle qui
était dans l’homme ; c’est pourquoi ce qu’éprouvait Jésus au milieu de cet
état de choses, était pure douleur, sans mélange, parce qu’elle était toute
selon Dieu. Ce n’est pas notre cas, et la volonté qui est encore en nous doit
être subjuguée. Cependant là où est l’Esprit, Dieu voyant la chose en amour
envers nous, et agissant d’une manière spéciale dans cet amour, afin que notre
volonté soit brisée, tout soupir qui s’exhale, alors même que nous ne savons
pas « demander comme il convient », est l’intercession de l’Esprit,
dont la pensée est connue de Celui qui sonde les cœurs, en sorte que nous
soyons consolés ; et, nous reposant en Dieu, il nous montrera la splendeur
qui est au-delà de la terre et de toute souffrance. Quelque profonde que soit
la misère, quelque abattu que soit le cœur, quelque inconscients que nous
soyons d’avoir été entendus, un vrai soupir montant vers Dieu
, est toujours
reçu là-haut comme l’intercession de l’Esprit, et Dieu y répond suivant toute
la perfection de son dessein envers nous en Christ.
C’est pourquoi la charge du
prophète contre Israël est : « Ils n’ont pas crié à moi
dans
leur cœur, quand ils ont hurlé sur leurs lits » (Osée 7:14). Il n’y a pas
de conséquence de péché que ne puisse atteindre ce soupir du cœur vers Dieu,
rien en réalité, si ce n’est la propre volonté qui refuse de soupirer ainsi.
Pensée précieuse ! Tels sont nos rapports avec Dieu dans la joie et dans
la douleur. Et je ne doute pas que ces soupirs poussés vers Dieu par nous,
créatures à la fois si pauvres et si bénies, ne soient ce qu’il y aura de plus
réel, de plus précieux, ce qui brillera du plus grand éclat, lorsque toute
choses seront manifestées devant Dieu. Ils ne peuvent, à la vérité, exister
dans leur plénitude que là où se trouve la connaissance de la gloire de la bénédiction.
Je les vois précéder les œuvres et les paroles les plus grandes de Jésus. Le
sentiment que Jésus avait du désert dans son cœur, n’agissait que pour faire
couler au-dehors, dans la sympathie de l’Esprit que ce sentiment éveillait, les
fleuves d’eau vive qui pouvaient le rafraîchir, et cet Esprit est maintenant en
nous.
Mais je dois clore ces pensées. Je n’ai touché qu’à un seul point, et avec quelle faiblesse et quelle étroitesse. Combien troubles sont ces eaux ! Le sujet qui nous a occupés a été la présence bénie de l’Esprit dans le désert, comme étant dans nos cœurs ; source de joie par les choses qu’il nous communique dans notre union avec notre Chef ; puis, eau rafraîchissante dans le lieu qu’il traverse avec les pauvres pèlerins de Dieu, messager de toutes leurs douleurs selon l’appréciation que lui-même en fait, lui qui connaît, qui aime, et rend effective la bénédiction de la portion de Christ dans les siens, en demeurant en eux comme leur précieux Paraclet.
« Que la grâce soit avec tous ceux qui aiment notre Seigneur Jésus Christ en pureté ! »
Jusqu’ici nous avons
considéré l’Esprit Saint d’une manière générale dans ses opérations
caractéristiques comme Esprit de vie, et non dans son œuvre ecclésiastique
, si je puis dire ainsi. Les chap. 3, 4 et 7 de l’évangile de
Jean nous ont donné des enseignements très clairs sur le premier sujet.
En premier lieu, nous avons vu, au chap. 3, l’Esprit vivifiant ou donnant la vie.
Secondement, au chap. 4, nous
avons l’Esprit donné
au croyant, pour
être en lui une source d’eau jaillissant en vie éternelle. Il est ainsi un don de Dieu
en rapport avec les
richesses de la grâce ; il les manifeste en faisant connaître le Père, le
Dieu d’amour qui cherche des adorateurs. C’est ce même Esprit qui nous rend
capables d’adorer, en esprit et en vérité, Celui que nous connaissons comme
nous ayant cherchés en grâce. Nous sommes ainsi introduits par la foi dans la
communion avec Dieu, communion avec le Père et le Fils, de quelque nation que
nous soyons. En un mot, c’est la dispensation de la manifestation du Fils, du
Fils manifesté à la foi comme Celui à qui nous sommes unis par l’Esprit, et
cela par le don de la grâce.
Troisièmement, au chap. 7, l’Esprit est présenté comme découlant du croyant, semblable à un fleuve rafraîchissant, et cela en relation avec la gloire du Fils de l’homme. Dans ce cas, l’Esprit n’est pas tant la puissance d’adoration, que les arrhes de la gloire, la puissance de rafraîchissement et un témoignage glorieux qu’en Christ l’homme règne et possède la gloire, bien que maintenant il doive attendre jusqu’à ce que Christ soit manifesté au monde, rétabli par sa présence, lors de la grande fête des tabernacles.
Le premier de ces trois
chapitres met fin aux relations judaïques proprement dites, en montrant, pour
les Juifs mêmes, la nécessité d’une nouvelle naissance, pour entrer dans le
royaume de Dieu ; et il en était ainsi pour tout homme
né de l’Esprit, la croix, ou
l’élévation du Fils de l’homme, mettant fin à toutes les associations
terrestres alors existantes, et introduisant les choses célestes encore
inconnues.
Dans le chapitre suivant (chap. 4), le Seigneur, après ces choses, ayant quitté la Judée pour se rendre en Galilée, traverse la Samarie, et là, dans un entretien avec une femme, la plus indigne d’entre la race réprouvée des Samaritains, il fait connaître le don de Dieu et les conséquences de l’humiliation du Fils de Dieu, et révèle le nom du Père et le culte spirituel par la grâce. Ainsi, par elle, est introduite la dispensation évangélique, son culte, la relation filiale et la joie.
Le troisième de nos chapitres (chap. 7), nous fait voir l’Esprit se répandant au-dehors, découlant vers le monde comme un fleuve des affections qui sont remplies de lui, le témoin, bien que n’en étant pas l’accomplissement, de ce jour où Jésus apparaîtra dans la gloire à laquelle il est rendu témoignage, jour qui sera comme une résurrection d’entre les morts, et cela ici-bas, par le moyen des frères autrefois incrédules de Jésus, mais alors convertis à lui.
Le chap. 4 traite le sujet du
don de l’Esprit Saint à un point de vue plus large et plus général. L’Esprit y
est présenté comme la puissance de toute communion vivante avec Dieu ; et
telle est spécialement
la position des saints. Ce chapitre s’identifie
plus particulièrement avec la prière contenue en Éph.
3:16 à 19, et qui est fondée sur le titre de : « Père de notre
Seigneur Jésus Christ », bien que cela aille plus loin. Le chap. 7 a plus
d’analogie avec la première partie de la prière que nous trouvons en Éph. 1, où il est question aussi de la portion de l’Église,
il est vrai, mais plutôt de son espérance que de sa communion, prière basée sur
le titre de : « Dieu de notre Seigneur Jésus Christ ». Dans ce
passage le Seigneur est considéré comme la Tête du corps, le premier-né entre
plusieurs frères, le premier-né des morts, le Chef de l’Église. On le voit
clairement dans le témoignage de l’apôtre ensuite de cette prière ; Christ
n’y est point envisagé dans l’union étroite où il est avec la nature divine
comme Fils, mais dans sa primauté comme homme, primauté ordonnée de Dieu, mais
avec justice, et suivant laquelle il l’a établi héritier de toutes choses. Les
deux prières dépendent, il est vrai, de ce qu’il est le Fils ; mais l’une
se rapporte à sa proximité de Dieu, le Père, c’est-à-dire à son unité
avec Lui ; l’autre a trait à sa manifestation en gloire, selon les
conseils divins, lorsqu’il prend sa place avec l’Église devant le monde ;
bien que naturellement et nécessairement il soit la Tête de celle-ci, elle
étant son corps, la plénitude de Celui qui remplit tout en tous.
Je dirai un mot sur les chapitres de l’évangile de Jean qui se trouvent entre le 4ème et le 7ème, afin que nous puissions voir quel sommaire de théologie divine cet évangile présente dans le témoignage qu’il rend à la Personne du Seigneur Jésus, élevée au-dessus de toute dispensation. Je ferai d’abord remarquer que, dans le chap. 5, la puissance vivifiante absolue du Fils de Dieu dans son union avec le Père, est mise en contraste avec l’entière insuffisance de puissance restauratrice en rapport avec la loi. En effet, la loi exigeait chez le patient une force que la maladie même du péché avait détruite, et une justice dont l’existence aurait rendu le remède inutile. En un mot, l’entière inutilité de tout remède était mise en évidence. De plus, ce chapitre montre qu’ensuite du rejet de Jésus, du rejet de sa parole, car c’est par elle que sa puissance agissait, l’autorité judiciaire est mise entièrement entre ses mains comme Fils de l’homme, pour exécuter le jugement sur tous ceux qui l’auront rejeté, « afin que tous honorent le Fils, comme ils honorent le Père ».
La place de Jésus et celle de
ses disciples, lorsqu’il est rejeté, et eux avec Lui, tel est le sujet du chap.
6. Il nous montre d’abord Jésus comme Celui qui accomplit la parole du Ps.
132:13-15 : « Je rassasierai de pain ses pauvres », comme le
Jéhovah qui bénira Israël aux derniers jours, lorsque Sion sera « son
repos à perpétuité ». Jésus ensuite, reconnu comme prophète, refuse d’être
roi, et se retire sur la montagne pour exercer à part sa sacrificature
d’intercession. Pendant ce temps, les disciples seuls sur la mer agitée, luttent
contre les vents contraires, cherchant le rivage mais ne l’atteignant pas.
Aussitôt qu’ils ont été rejoints par Jésus, qui marche au-dessus de toutes les
difficultés, ils abordent au lieu vers lequel ils tendaient. Après ce précieux
petit tableau de l’ordre et des circonstances de la dispensation actuelle,
Jésus, portion de l’Église durant sa sacrificature céleste, se présente dans
son humiliation, comme l’aliment et la force de la vie des croyants. D’abord,
venu ici-bas, il est dans son incarnation la manne, le vrai pain descendu du
ciel ; ensuite, offert en sacrifice, il donne sa vie, la vie qu’il avait
prise comme homme. En conséquence de cela, les croyants mangeant sa chair et
buvant son sang, vivent par Lui. Ensuite vient la question finale :
« Si donc vous voyez le fils de l’homme monter où il était
auparavant ? » Cela est suivi, comme nous l’avons vu, de
l’instruction donnée au chap. 7, où Jésus déclare que le temps de la
manifestation du Fils de l’homme n’était pas encore venu
, et où il
annonce le don de l’Esprit Saint comme étant, dans cet intervalle, le témoin
de sa gloire comme Fils de l’homme
. J’ai parlé de ce sujet dans la seconde
partie de ce traité, j’y reviens seulement pour montrer la beauté de l’ordre
suivi par l’Esprit dans les enseignements de l’évangile de Jean.
Il reste à traiter un autre point qui se rattache aux opérations de l’Esprit de notre Dieu ; ce sont ses opérations collectives, ses opérations en relation avec le corps de Christ, soit en étant à la fois le centre et le maintien de son unité, soit aussi en l’administrant par la diversité de ses dons. Il faut en même temps distinguer soigneusement entre l’action de l’Esprit Saint dans le corps, et sa présence dans le croyant comme individu.
Cette différence, très importante à retenir, découle, en s’y rattachant intimement, de l’ordre tout entier de l’économie de la grâce, dont l’Esprit de Dieu est le grand agent en nous, et en un certain sens dans le monde aussi, mais en témoignage seulement, car il n’y est pas reçu.
Cette différence dépend aussi
du caractère de la relation dans laquelle Christ se trouve, d’abord avec le
Père, comme Fils, nous, par adoption, étant devenus fils avec Lui ; et
secondement, avec Dieu, comme Chef ou Tête du corps, qui est l’Église, sa
plénitude. Nous verrons que l’Écriture parle des deux distinctement et d’une
manière définie. Avec le Père, le Seigneur Jésus soutient une relation plus
proprement divine, et nous introduit, par l’adoption, en une certaine mesure,
dans la jouissance de cette proximité. L’autre relation, bien que tout soit
divin, se rattache davantage à sa nature humaine et aux charges qui s’y
rapportent ; c’est pourquoi Dieu est appelé son Dieu
. Le
Seigneur, sur le point de quitter la terre, a lui-même exprimé la différence et
la réalité de ces deux choses. Ayant accompli la rédemption, il peut présenter
au Père ses frères avec Lui-même, comme fils dans sa maison, fils sans tache et
par adoption, et prendre sa place comme Tête du corps, de l’Assemblée. Mais il
ne permet pas qu’on le touche et qu’on l’adore comme s’il eût été
corporellement présent dans son royaume terrestre, parce qu’il n’était pas
encore monté vers son Père. Or cela était nécessaire pour qu’il pût mettre en
évidence la plénitude de sa gloire et montrer que ce royaume était bien
positivement celui du Père, et avait sa racine et sa source dans la gloire la
plus élevée. Mais il place ses amis, et cela pour la première fois, dans la
position de fils et de frères, et mettant les saints, et Lui-même pour eux,
dans cette position qui désormais est la leur, il dit à Marie de Magdala : « Va vers mes frères, et
dis-leur : Je monte vers mon Père et votre Père, et vers mon Dieu et votre
Dieu ». Il établit ainsi ces deux relations dans lesquelles ses disciples
sont associés avec Lui.
Après cela, le Seigneur monte en haut pour accomplir en puissance ce dont il vient de parler, dans la vérité et l’efficacité de l’œuvre qu’il avait achevée, et selon la valeur de sa Personne devant le Père, aussi bien que de son sang par lequel le péché a été ôté.
C’est sur cette déclaration du Seigneur dans l’évangile de Jean, que repose en fait la différence à laquelle j’ai fait allusion et qui est confirmée par plusieurs autres passages des Écritures. Nous y avons la révélation précise des caractères que revêt le Seigneur en s’en allant et qu’il devait maintenir en haut en notre faveur, nous mettant, selon ces caractères, en communion avec le Dieu et Père.
Il y a cependant un autre
point qui se rattache à ce que nous venons de voir, et qui est renfermé dans la
position que Christ a prise : Il est la manifestation de la gloire
divine
, la gloire de son
Père. « Celui qui m’a vu
», dit-il, « a vu le
Père
». Il apparaîtra dans la gloire du Père
(Luc
9:26 ; Matt. 16:27). Il était sur la terre « Dieu manifesté en chair »,
vu aussi des anges. Ailleurs nous lisons qu’il est « le resplendissement
de la gloire de Dieu, et l’empreinte de sa substance ». Sa gloire aussi
était « une gloire comme d’un Fils unique de la part du Père ». —
« Le Fils unique qui est dans le sein du Père, lui, l’a fait
connaître ». En Lui, « toute la plénitude s’est plu à habiter »,
et ce en quoi « la plénitude s’est plu », est plus loin posé en
fait : « En lui habite
toute
la plénitude de la Déité corporellement
». C’est donc dans la personne
du Seigneur Jésus Christ que la gloire divine se manifeste de toute manière.
Maintenant il est caché en Dieu ; c’est la position qu’il a prise dans le
temps actuel. En conséquence, l’Esprit Saint a été envoyé du ciel dans le monde
pour maintenir le témoignage et la manifestation de sa gloire, qui n’est pas
encore déployée visiblement sur la terre, mais accomplie en haut dans sa
Personne. Il est là « couronné de gloire et d’honneur ». De plus, le
Saint Esprit est ici-bas les arrhes et le témoin des droits de Christ à la
possession de la terre. L’Église sur la terre est le lieu et la dépositaire de
ces choses. « Celui-là », dit Jésus en parlant de l’Esprit Saint,
« me glorifiera ; car il prendra de ce qui est à moi, et vous
l’annoncera. Tout ce qu’a le Père est à moi ; c’est pourquoi j’ai dit
qu’il prend du mien, et qu’il vous l’annoncera ».
Ainsi l’Esprit Saint envoyé du ciel est le témoin de ce que Christ est là-haut pour nous auprès du Père, le témoin aussi de ses droits, de la part de Dieu, sur le monde, et spécialement de ce qu’est la puissance de l’espérance de l’appel et de l’héritage de Dieu dans les saints.
La jouissance et le
témoignage de ces choses peuvent, dans les opérations de l’Esprit, être très
mélangés ; mais ce sont deux choses distinctes. Par exemple, la révélation
de ce que je possède en Christ comme Fils devant le Père, peut remplir mon
cœur, et faire de moi un témoin et un témoignage de cette grâce, pour la bénédiction
et la consolation de l’Église, si le Seigneur m’accorde en même temps un don
convenable pour communiquer ce dont je jouis. La puissance de ce qui remplit
mon âme de joie, se lie intimement avec ce qui doit être exprimé, parce que
c’est ainsi que l’Esprit Saint agit dans cette œuvre. C’est pourquoi il est
dit : « Des fleuves d’eau vive couleront de son ventre
». Mais
les deux choses sont distinctes ; car une personne peut avoir la
révélation des choses de Christ dans son âme et en jouir, et manquer du don de
les communiquer à d’autres, bien que sa joie soit profonde, et même plus
profonde peut-être que celle de quelqu’un qui aura le don de faire part à
d’autres de ce qu’il sent. Ainsi la jouissance des choses et le don d’en rendre
témoignage sont distincts, bien que liés l’un à l’autre. Je pense même que ceux
qui possèdent le don de rendre témoignage ont souvent éprouvé autant et plus de
joie en entendant parler des choses précieuses de Christ qu’en en parlant
eux-mêmes, quoique le sentiment de ces choses et la joie qu’elles produisent
aient contribué à la capacité d’en parler.
Je désire, avec l’aide du Seigneur, étudier séparément ces deux sujets, tout en faisant remarquer leur liaison.
Dans les chapitres de Jean
que nous avons examinés, et dans les remarques qu’ils nous ont suggérées, il a
été parlé de l’Esprit Saint envoyé d’en haut comme puissance de vie, puissance
de communion et puissance de communication. Dans la dernière partie de
l’évangile de Jean, ainsi qu’en d’autres passages, il est surtout question de l’envoi
du Saint Esprit, parce que le
départ et l’absence de Christ étaient placés devant l’esprit des disciples
comme un fait actuel, et, à cause de cela, l’Esprit leur est annoncé comme
Celui qui maintiendrait les relations introduites par le mystère d’un Christ
caché en Dieu, et comme « un autre Consolateur ». Une vie en
communion avec le Père et le Fils, des communications concernant la gloire du
Fils de l’homme, étaient toutes des choses distinctes et précieuses ; mais
elles n’étaient pas la révélation de la dispensation pour laquelle elles
étaient ordonnées, ni le développement des relations que cette dispensation
mettait en lumière, bien que pour l’âme enseignée de Dieu elles y soient
impliquées. C’est le sujet dont traite la fin de l’évangile de Jean, et nous le
trouvons aussi, mais sur un autre terrain, à la fin de l’évangile de Luc.
Ce sujet est introduit par la déclaration de Jésus à ses disciples : « Comme j’ai dit aux Juifs : Là où moi je vais, vous, vous ne pouvez venir, je vous le dis aussi maintenant à vous » (Jean 13:33). Dans la première partie du chapitre suivant, le Seigneur leur dit ce qui devait être leur consolation : savoir qu’ils avaient à croire en Lui comme ils croyaient en Dieu ; qu’il ne s’en allait pas pour être seul dans la félicité, les laissant ici-bas dans la misère, mais qu’il allait leur préparer une place, puis qu’il reviendrait pour les prendre avec Lui, afin que là où il était, ils y fussent avec Lui, chose bien meilleure que sa présence avec eux dans la condition où ils étaient ici-bas. En attendant ils savaient où il allait, et ils en connaissaient le chemin. Cela résultait, comme il le leur explique, de ce qu’en le connaissant, lui, Jésus, ils connaissaient le Père (vers lequel il allait), parce qu’il était dans le Père et que le Père était en Lui.
Ainsi se trouve placée devant
nous la scène merveilleuse où les disciples sont introduits par la connaissance
de la Personne du Seigneur Jésus et de son unité avec le Père, Lui dans le
Père, et le Père en Lui. La scène de félicité à laquelle ils seraient associés
et dans laquelle ils étaient amenés par la vivante connaissance qu’ils avaient
de Jésus, leur était montrée, mais la puissance
par laquelle cela serait connu
et
goûté
n’était pas encore. Mais la
connaissance du Père par le moyen du Fils, objet de la foi, était mise en
lumière, et la manifestation subséquente de sa gloire dans le monde, en vertu
de l’exaltation du Seigneur Jésus, était annoncée.
Ensuite le Seigneur,
insistant sur la nécessité de l’obéissance envers Lui comme voie qui conduit à
la bénédiction, prend le caractère de Médiateur pour obtenir aux disciples le
Consolateur — un autre Consolateur qui ne les laisserait pas comme Lui allait
le faire, mais qui demeurerait avec eux éternellement
. C’était là la puissance
qui les associerait à ce dont il leur avait parlé
auparavant, savoir la communion du Père et du Fils ; d’abord du Père avec
le Fils, ensuite du Fils avec le Père, et enfin d’eux avec le Père et le Fils,
et cela en conséquence de l’habitation en eux de l’Esprit Saint, le Consolateur
qui allait leur être envoyé. Ainsi, bien qu’ils ne pussent venir là où serait
Jésus, ils le verraient, et il viendrait à eux, et Lui et le Père viendraient
faire leur demeure en eux, jusqu’à ce qu’il vînt les prendre dans les demeures
de la maison du Père.
Ce chap. 14 nous présente
donc d’abord la bénédiction, savoir la connaissance du Père et du Fils, par le
moyen du Fils ; puis ce qu’il faut pour en jouir, c’est-à-dire
l’obéissance au Fils ; ensuite la puissance nécessaire pour cette
jouissance, la présence du Consolateur obtenue par la médiation de
Christ ; mais de plus, en conséquence
de cette présence, la connaissance
qu’ils auraient que Jésus était dans le Père, eux en Lui et Lui en eux, bénédiction bien au-dessus de la
simple médiation, mais résultant de la présence de l’Esprit obtenu par cette
médiation. Comme conséquence, il est ajouté que le Père et le Fils viendraient
faire leur demeure chez eux, savoir chez ceux qui aiment Jésus et gardent sa
parole. Cependant, dans ce chapitre, quel que soit l’effet de la médiation en
vue de la connaissance chez les disciples, Christ ne va pas au-delà de sa place
de Médiateur ; c’est pourquoi il leur dit que le Père enverrait l’Esprit
en son nom, et que l’Esprit leur rappellerait ses paroles et enseignements.
Ce chapitre (*) établit sur ses bases le terrain de notre
bénédiction actuelle, quant à la place qu’y occupent les grands objets d’où découle
cette bénédiction — le Père, le Fils et l’Esprit Saint. Il est entièrement
distinct des chapitres suivants. Il s’occupe de la Personne du Seigneur comme
objet de foi et de sa médiation. Dans le chap. 15, nous voyons qu’ici-bas,
Israël n’était pas la vraie vigne, mais que c’était Christ. Les disciples
devaient être les témoins
personnels de sa
vie ici-bas, car ils l’avaient vue ; le témoin de
son exaltation comme Chef dans les cieux, était l’Esprit Saint envoyé par Lui,
ensuite de cette exaltation (**).
(*) En fait, dans le chapitre 14, Christ parle beaucoup plus comme étant sur la terre (voyez verset 25), quoique sur le fondement de son départ, et il montre à ses disciples qu’ils auraient dû connaître sa Personne (dans la puissance dont il parle ; comme « je le ferai ») ici-bas, et ainsi qu’ils auraient dû savoir où il allait et quel en était le chemin. Dans ce qui suit, au verset 16, il parle davantage de leur position après son départ et des conséquences de celui-ci, mais cependant comme étant encore avec eux. De là cette parole : « Je prierai le Père, et il vous donnera, etc. ». Ils sont donc envisagés comme étant dans cette position sur la terre, le Père étant en haut. Au chapitre 16, où il est question de l’union, et où ils sont, pour ainsi dire, placés en Lui devant le Père, ses paroles sont : « Je ne dis pas que je ferai des demandes au Père pour vous », et il leur dit qu’ils aient à demander en son Nom, car ils sont eux-mêmes devant le Père. Puis, à la fin du chapitre 15, Jésus dit, en parlant du Saint Esprit : « Lequel j’enverrai ». Les paroles : « Levez-vous, partons d’ici », terminent ce qui se rapporte simplement à la position terrestre individuelle.
Le chapitre 15 n’annonce pas l’exaltation de Christ comme Chef sur toutes choses dans le ciel ; mais Israël, la vigne de l’Éternel qui ne portait pas de fruit, étant rejeté, Lui-même devient la vraie vigne ici-bas, et porter du fruit est la preuve que l’on demeure en Lui. Nous savons que c’est dans sa position élevée de gloire, comme Chef dans le ciel, qu’il est maintenant la source vivante d’où provient tout fruit ; seulement cela ne fait pas partie de la déclaration du chapitre 15. Mais le témoignage de l’Esprit Saint est la preuve évidente qu’il est allé là-haut, accepté et glorifié par le Père. Cette remarque éclaircit beaucoup le chapitre 15 de Jean. C’est la relation d’alors de ses disciples avec Lui, et le fait de porter ainsi du fruit, mais ce n’est pas son exaltation au ciel, que ce chapitre montre.
(**) C’est là ce qui constitue la distinction entre le ministère de Paul et celui des autres apôtres. Il ne pouvait pas avoir la seconde partie du témoignage mentionné dans ce chapitre. Il n’avait pas été avec Jésus dès le commencement. Lorsqu’il vit Jésus, il le vit dans la gloire de sa seigneurie céleste, à laquelle l’Esprit Saint rendait témoignage. Cela fait que le témoignage de Paul était plus purement céleste ; c’est ainsi qu’il dit : « Si même nous avons connu Christ selon la chair, maintenant nous ne le connaissons plus ainsi ». Pierre, dans son témoignage, aurait difficilement pu dire cela, quoique annonçant les mêmes vérités. Il dit de lui-même : « Témoin des souffrances de Christ et qui aussi ai part à la gloire à venir qui va être révélée »
C’est pour cela que, dans ce
passage, ce n’est pas le Père qui envoie l’Esprit Saint au nom du Médiateur,
mais c’est le Seigneur Jésus qui envoie
le Consolateur d’auprès du Père, en relation avec sa gloire et
pour en rendre témoignage ; le Consolateur, l’Esprit Saint qui procède du
Père.
Il y a ici une chose à
remarquer. Presque toute la dernière partie de ce passage se rattache
intimement et en détail aux opérations de l’Esprit Saint, donné en rapport avec
le Seigneur Jésus appelant Dieu son Dieu et le nôtre, comme l’Homme qui, par
grâce, nous associe de fait
avec
lui-même dans la gloire. Toutefois jamais, dans cette portion des Écritures,
Jésus ne sort
de la place de Fils,
au-dessus de toute dispensation. Quoique les actes auxquels il est fait
allusion dans ces chapitres, aient leur place en rapport avec la puissance
dispensée, ainsi que le montrera le témoignage de l’Esprit, cependant Christ
occupe ici la position dans laquelle il envoie l’Esprit Saint dans ce but. Mais
il le fait comme dominant lui-même les associations que l’Esprit révèle dans ces
actes. Jésus affirme que tout ce que le Père a, est à Lui comme Fils (bien que
les actes par lesquels il le démontre soient le témoignage et la conséquence
d’une union avec Lui), et il nous présente par grâce, nous-mêmes avec Lui, non
seulement comme des FILS devant le PÈRE individuellement
, mais devant DIEU comme un corps
dont il est la Tête
.
Cette
distinction est d’une grande importance, parce que l’exercice de la puissance dispensée peut dépendre de l’état du corps
par le moyen duquel elle est dispensée, tandis que le témoignage rendu à la
gloire de la Tête du corps par l’Esprit qui a été envoyé, ne peut jamais
en dépendre.
Et c’est ce qu’il y a de
particulier dans l’état de l’Église. Sa position en Christ est au-dessus de
toute dispensation ; ses membres sont comme fils auprès du Père. Sa
manifestation dans le temps peut se faire par un service qui lui est départi,
et en cela, elle partage toute la responsabilité d’une dispensation sur la
terre, la responsabilité d’actes accomplis dans
le corps
. Pour comprendre
la distinction que nous venons de faire, remarquons que dans l’évangile de Jean
le commencement est antérieur à celui de la Genèse, qui raconte la création de
la scène sur laquelle les diverses dispensations se sont déployées. Ici, il est
écrit : « Au commencement Dieu créa », et là, il est dit :
« Au commencement était la Parole », par laquelle toutes choses
furent créées. Or l’Église tire son existence et sa plénitude céleste de cette
source souveraine, et le dessein divin à son égard a été effectué en
conséquence du rejet du Fils de l’homme par le monde. Il aurait été la juste
couronne de toute dispensation confiée à l’homme naturel, mais ayant été
rejeté, il s’associe, comme Homme ressuscité, l’Église rachetée, et la place
dans une position au-dessus de tout, savoir dans sa propre association de
relation filiale avec le Père dans le privilège du même amour. L’Esprit Saint
est envoyé du ciel par Jésus, pour être le témoin, en même temps que la
puissance de cette relation, et il est dans son action propre au-dessus de
toute dispensation, mais uniquement dans le fait de son témoignage à Christ
exalté dans la gloire. C’est là le point de vue que l’évangile de Jean présente
ici.
Or la manifestation de la
relation de l’Église avec Christ comme Tête du corps, relation selon laquelle
il dit en notre faveur : « Mon Dieu », comme il l’avait dit
selon un titre béni de justice lorsqu’il était le Modèle de notre position
ici-bas, cette manifestation, et par conséquent la manifestation actuelle
de la gloire de l’Église unie à Lui, dépend
de l’obéissance de l’Église, et d’un état chez elle qui la rende propre à être
l’instrument de cette manifestation ici-bas — chose tout à fait distincte de la
certitude de son union avec son Chef glorifié et de la gloire connue et
infaillible de Celui-ci. Cette union avec Christ et la gloire du Seigneur sont
révélées d’une manière permanente par la présence de l’Esprit ; ce n’est
pas une manifestation dont on ait la responsabilité et qui participe à la
nature d’une dispensation sur la terre. La gloire à laquelle il est rendu
témoignage est au-dessus de toute simple dispensation, soit qu’il s’agisse de
la gloire du Chef ou de celle des membres. Mais la jouissance et le sentiment
de la gloire à laquelle on a part, dépend de l’obéissance et de la fidélité, et
non du fait permanent que l’Esprit rend témoignage à la gloire de Christ dans
l’Église. Ainsi, en Jean 15, le Seigneur dit : « Si vous gardez mes
commandements, vous demeurerez dans mon amour ; comme moi j’ai gardé les
commandements de mon Père, et je demeure dans son amour ». Nul doute que
le Fils ne demeurât dans l’amour du Père, mais la réalisation de ce fait sur la
terre dépendait de l’obéissance, qui, chez le Seigneur, était infailliblement
parfaite, et avait par suite des conséquences parfaites ; chez nous, au
contraire, l’obéissance est mêlée à des manquements continuels et, par suite,
porte les conséquences de cette imperfection.
Nous avons vu que le témoignage que l’Esprit rend est celui de la gloire de Jésus Christ. Envoyé par le Père au nom du Fils, il est la puissance d’union et de communion avec le Père et le Fils, il associe les disciples à la plénitude de bénédiction qui est dans le Père et dans le Fils, et il manifeste ainsi la présence du Père et du Fils dans l’âme du croyant. Envoyé par le Fils, l’Homme exalté dans la gloire, mais envoyé de la part du Père, il est le témoin de la gloire de Christ, et déclare que tout ce qui appartient au Père, est aussi à ce Saint que l’homme a rejeté.
D’après les remarques que j’ai déjà faites, on peut voir qu’en Jean 16, l’Esprit et son témoignage nous sont présentés comme l’inaliénable portion des saints, le témoignage nécessaire de la gloire de Christ. Il forme et soutient l’Église, au lieu de dépendre de l’obéissance de l’Église, bien que l’étendue de la jouissance de la bénédiction repose, pour l’Église, sur son obéissance. L’Esprit est le témoin de l’acceptation par le Père de l’obéissance de Christ, Fils de Dieu, parfait en tout, et de la gloire de sa Personne. Il établit ainsi notre position présente devant notre Dieu et Père, ainsi que la place de l’Église qui reconnaît ces choses par l’opération de l’Esprit, en vertu de la grâce : place en contraste avec le monde qui a rejeté Jésus comme Fils de Dieu (*).
(*) Comme il s’agit du témoignage direct de la présence de l’Esprit Saint convainquant le monde de péché, parce qu’il a rejeté Jésus, et de la réception de Christ par le Père le reconnaissant comme son Fils, la conséquence pour le monde étant le jugement, pour cette raison les disciples (qui, à proprement parler, ne sont pas encore l’Église) sont entièrement perdus de vue dans ce chap. 16 ; mais, pour ce qui les concerne en détail, le grand principe d’obéissance comme fondement de la bénédiction est maintenu au chap. 14, où il en est question : « Si vous m’aimez, gardez mes commandements. Et je prierai le Père, et il vous donnera un autre Consolateur, pour être avec vous éternellement ».
C’est pourquoi, bien que les
disciples obéissants du Seigneur Jésus fussent les instruments du témoignage,
cependant ils sont d’abord perdus de vue dans ce chapitre pour ce qui regarde
le témoignage, et le sujet dont il est parlé, est le témoignage du Consolateur
convainquant le monde de péché. Il est présent comme témoin de la gloire de Christ.
C’est-à-dire, comme puissance permanente de la dispensation actuelle, le
caractère nécessaire
du témoignage
rendu par la présence même de l’Esprit
Saint dans le monde
, était celui-ci :
il était venu pour la condamnation du monde entier devant Dieu ; car le
monde avait rejeté le Fils que le Père dans son amour lui avait envoyé. Dieu
avait dit : « J’ai encore un fils unique, je le leur enverrai »,
mais ils l’avaient jeté dehors. Et les Juifs n’étaient pas seuls en question,
le monde l’avait rejeté : Il était « méprisé et délaissé des
hommes ». Tout ce qu’il y a de grâce en Dieu, tout ce qu’il y a de justice
possible dans l’homme, avait été manifesté dans le Fils de Dieu ; mais les
hommes n’avaient vu en Lui nulle beauté, rien qui le fît désirer. Bien plus, comme
le Seigneur l’a dit positivement du monde : Ils m’ont vu, « et ont
haï et moi et mon Père », oui, haï sans cause, Celui qui était parfait
dans toutes ses voies !
C’est sur ce fondement
solennel que le Seigneur fait appel au Père dans le chap. 17. Pour les enfants
de Dieu, il demande les soins du Père saint. Quant au monde, il en appelle au
jugement du Père juste. Lui et le monde étaient maintenant entièrement opposés
l’un à l’autre. « Père juste », dit-il, « et le monde ne t’a pas
connu, mais moi je t’ai connu ; et ceux-ci ont connu que toi tu m’as
envoyé ». La présence du Saint Esprit, envoyé à la suite du départ du Fils
de Dieu, démontrait que le monde était dans un état de péché irréparable, parce
qu’il n’avait pas cru en Lui. Il n’y avait dans le monde rien d’autre que le
péché ; il gisait dans le méchant. De justice il n’y en avait point ;
le seul Juste avait été rejeté, jeté dehors et tué. Dieu n’était pas intervenu
pour l’empêcher ; Jésus n’avait point résisté ; car des desseins plus
profonds devaient s’accomplir. Mais la preuve du péché était complète,
irréfragable, et, en soi-même, le péché, quant au monde, irréparable ; car
c’était l’acte suprême de sa méchanceté, acte montrant sa haine pour le
Seigneur venu en grâce, et en même temps contraire à la justice de l’homme
devant Lui. Il n’y avait donc plus lieu de chercher la justice sur la terre
dans l’homme ; le péché du monde avait été démontré. La justice ne se
trouvait plus que dans la réception au ciel de l’Homme juste, du Fils de Dieu,
et dans son élévation sur le trône de Dieu, et dans la condamnation du monde
qui ne le verrait plus tel qu’il était venu en grâce. C’est ce qu’attestait
aussi la présence de l’Esprit Saint envoyé d’en haut en conséquence de
l’exaltation de Jésus. Le jugement
du monde, qui n’est pas encore
exécuté, était constaté, parce que celui qui, en le conduisant contre Christ,
avait été déclaré par le monde être son prince, était déjà jugé ; le reste
devait suivre en son temps. Ainsi la présence du Saint Esprit, convainquant le
monde de ces choses, attestait ici-bas la gloire de Christ ; il était son
témoin contre un monde qui l’avait rejeté.
Pour les disciples, la
présence du Saint Esprit était une bénédiction. Il devait les conduire dans
toute la vérité — vérité qu’ils n’étaient pas capables de supporter avant qu’il
ne fût venu. C’était la vérité liée à la gloire de Christ, et qui, par
conséquent, renverserait tout ce qu’ils connaissaient alors et à quoi ils
étaient attachés. Et non seulement l’Esprit les conduirait dans toute la vérité
présente
, mais il leur montrerait les choses à venir, la portion de
l’Église, leur portion, et aussi les voies futures de Dieu envers le monde. En
ceci il devait glorifier Christ, prenant de ce qui est à Lui et le leur
annonçant ; or tout ce qu’avait le Père était à Christ.
Telle était donc l’action de
l’Esprit Saint contre le monde et en faveur des disciples, dans le témoignage
qu’il rendait à la gloire de Christ. Si, par grâce, un homme recevait le
témoignage rendu contre le monde, et, étant saisi par lui, abandonnait le monde
et suivait Christ avec ses disciples, il devenait l’heureux objet du service
subséquent de l’Esprit Saint, le guidant, l’enseignant, et glorifiant Christ
comme possédant tout ce qui est au Père. C’est là l’office et le service du
Consolateur qui demeure éternellement avec nous (à quelque degré que l’on en
jouisse
), pour répondre à ce que demande la gloire de Christ, jusqu’à ce
que l’Église soit prise en haut pour en jouir dans le ciel ; jusqu’à ce
que le monde soit effectivement jugé. Alors il n’y aura plus besoin de
témoignage à l’égard de l’une et l’autre de ces choses, bien que l’Esprit
demeure pour l’Église la puissance perpétuelle de jouissance en ceux qui la
composent à la gloire de Dieu par eux.
La présence de l’Esprit Saint
impliquait et renfermait la nécessité devant Dieu que Christ fût glorifié. En
cela l’Esprit Saint agit, pour ainsi dire, comme serviteur, ne parlant pas de
par lui-même, mais disant ce qu’il a entendu
. Quel que soit l’instrument
employé, le sujet est la gloire de Christ et le Saint Esprit est la puissance.
L’Esprit Saint est fidèle dans ce service, et il doit l’être, car il faut que
Christ soit glorifié. C’est ce qui garantit le témoignage de la gloire de
Christ, en quelque mesure qu’il soit rendu, selon la fidélité de l’Esprit
Saint, et c’est en quoi l’Église prend ses délices.
Dans tout ce qui précède, il est parlé de l’Esprit Saint comme étant sur la terre, envoyé à la place de Christ qui est monté en haut, et par conséquent comme d’une personne distincte. Et la gloire de la Personne de Christ, le grand sujet de l’évangile de Jean, y est présentée soit relativement au monde qui l’a rejeté, soit relativement aux disciples qui par grâce l’ont reçu.
Il me semble que la communication de l’Esprit Saint mentionnée dans le chap. 20, de cet évangile (v. 22), présente (quant à la place qu’elle tient là) le caractère dont on a déjà parlé. L’ensemble de ce chapitre est une sorte de tableau abrégé de la dispensation actuelle. Nous n’y avons pas la Tête et le corps, mais Christ dans son droit personnel d’envoyer les disciples, comme le Père l’avait envoyé, et leur donnant, selon son pouvoir d’Homme ressuscité, la capacité d’accomplir leur mission, le service permanent et essentiel de ceux qui y sont appelés maintenant, quelle que soit la mesure de puissance selon laquelle il est accompli.
Mais Christ n’est pas seulement allé au Père et retourné dans la gloire qu’il avait auprès de Lui avant que le monde fût ; il n’a pas seulement envoyé le Consolateur, le témoin de cette gloire et l’assurance pour les saints de leur relation filiale et de leur communion avec Lui dans cette relation, exprimée par ces paroles : « « Mon Père et votre Père ». Il a de plus pris sa place en haut comme Chef ou Tête du corps ; il est certes le Seigneur de l’Église et Celui en qui elle trouve toute ressource, mais il en est aussi la Tête, et il est monté en haut, afin de recevoir pour elle l’Esprit Saint qu’il lui a envoyé et qu’il lui administre. Christ exalté dans la gloire a comme tel un double caractère : il est Seigneur, et il est la Tête de son corps uni à Lui. Mais l’Esprit Saint est, dans ce qui a été opéré depuis la création, l’agent propre et immédiat.
Comme Tête du corps, le Seigneur Jésus présente l’Église dans une même gloire avec Lui ; mais en cela, comme dans sa résurrection et son exaltation, il est montré comme l’objet de l’exercice de la puissance de Dieu (Éph. 1:19-23). Et même comme Seigneur, c’est de Dieu qu’il reçoit ce titre, comme il est écrit : « Dieu l’a fait Seigneur et Christ » (Actes 2:36). Et nous lisons encore que, parce qu’il s’est abaissé et est devenu un homme, Dieu l’a haut élevé, et lui a donné un nom au-dessus de tout autre nom, afin que toute langue confesse qu’il est Seigneur. Mais bien que son humiliation soit une chose réelle, la foi de tout croyant est basée sur le fait qu’il est « le Dieu véritable et la vie éternelle ».
Le chap. 2 des Philippiens établit pleinement cette grande vérité — cette vérité précieuse qui tire toute sa valeur de ce que Jésus est vraiment et essentiellement Dieu — savoir qu’il s’est abaissé lui-même, qu’il est devenu un homme pour l’amour de nous, et qu’il a été obéissant jusqu’à la mort, afin qu’il fût, comme homme, élevé à la position de Seigneur, place qui Lui était due dans la gloire. Comme mon sujet est la présence de l’Esprit Saint, je me bornerai à faire encore une seule remarque sur ce passage de Phil. 2. Il me paraît présenter un contraste spécial entre le premier et le dernier Adam. Le premier Adam, n’étant qu’un homme, a cherché à s’élever, et est devenu désobéissant jusqu’à la mort, c’est-à-dire a été assujetti à la mort par sa désobéissance. Le second homme, au contraire, est Celui qui, ne regardant pas comme un objet à ravir d’être égal à Dieu, s’est anéanti lui-même en devenant un homme ; et la mort pour lui a été l’acte suprême et le plus complet d’obéissance et de confiance, comme homme, envers le Père. En conséquence, Dieu l’a haut élevé, tandis que l’homme pécheur qui avait cherché à s’élever et à être comme Dieu, a été abaissé par sa désobéissance. Nous avons donc là, la grande doctrine de l’exaltation de Jésus comme le nouvel homme, le dernier Adam, le Chef d’une nouvelle race, le dépositaire du pouvoir, Celui en qui l’homme, selon le Ps. 8, a « toutes choses mises sous ses pieds ».
La puissance divine par laquelle Jésus soutient toutes choses, et le titre de Fils, en vertu duquel il la possède — car il est le Créateur — n’est pas le sujet dont j’ai à m’occuper maintenant. Il est présenté dans le premier chapitre de l’épître aux Colossiens, ainsi que la double primauté de Christ, celle sur la création et celle sur l’Église, reposant sur la divine puissance de Christ et sur son titre de Fils.
Pour le moment, nous avons à examiner la relation de ces choses avec le don du Saint Esprit. Ce n’est pas, j’ai à peine besoin de le dire, comme s’il y avait deux Esprit Saint, ou comme si l’Esprit Saint donné ne le fût pas tout de suite complètement, quels que fussent les résultats, mais la place et la puissance de l’Esprit Saint sont deux choses distinctes. Dans l’une, il est le gage et la puissance de notre relation filiale avec le Père ; dans l’autre, il rend effective la seigneurie de Christ, et il est l’énergie qui anime chaque membre selon la mesure du don de Christ, et aussi la puissance d’unité du corps tout entier. Nous voyons, cependant, que Christ ressuscité, mais non encore glorifié, pouvait communiquer l’Esprit Saint aux disciples, mais il ne pouvait pas, avant d’être glorifié, l’envoyer ici-bas comme témoin de son exaltation comme Seigneur.
Nous avons vu que (comme
bénédiction individuelle) l’Esprit Saint rend l’âme propre à exercer le don,
quel qu’il soit, qui a été conféré, mais qu’il peut aussi la bénir en la
faisant jouir d’une plénitude de communion, alors même qu’aucun don n’est en
exercice ; ainsi le don
et la communion
sont choses
distinctes. Le premier point, la relation du don avec ce que saisit et ce dont
jouit l’âme, constitue la différence entre le don chrétien
, consistant
dans la demeure permanente de l’Esprit dans le croyant, et les opérations de
l’Esprit Saint dans les temps qui ont précédé la dispensation actuelle. Avant
que l’Esprit fût donné, la parole était : « Ainsi dit
l’Éternel », et individuellement le prophète, en s’enquérant et étudiant
sa propre prophétie, découvrait que ce qu’il administrait était pour d’autres
(1 Pierre 1:10-12). Mais dans l’exercice d’un don, un vrai chrétien, bien que
n’agissant peut-être pas à ce moment dans la communion et la jouissance
effectives des choses dont il parle, administre cependant des choses qui sont
siennes, et il les connaît comme telles par les arrhes de l’Esprit Saint envoyé
du ciel.
Je présenterai maintenant quelques passages qui se rapportent au point dont je viens de parler.
Dans l’exercice du don, l’Esprit Saint est un Esprit de puissance, et non un Esprit d’adoption, bien que ce puissent être des fils, en qui est l’Esprit Saint, qui aient cette puissance selon sa volonté, par sa présence opérant en eux. Cette présence de l’Esprit Saint manifestée ainsi est en même temps sa présence, c’est-à-dire son opération dans le corps. Sans doute que, relativement au corps, elle agit par des individus, mais par eux comme membres du corps, agissant en puissance, non pas en communion. Par conséquent, nous voyons que, si le don ne s’exerce pas pour le profit du corps (lorsque l’édification du corps est l’objet du don), il ne doit pas s’exercer, même en étant évidemment un don de l’Esprit Saint. Car un don particulier de l’Esprit doit rester soumis au droit et au gouvernement de l’Esprit Saint dans l’ensemble, comme le membre est soumis à la pensée du corps entier, et cela pour la gloire de Christ, et la gloire du corps avec Christ. En effet, la puissance est confiée à l’individu pour le bien de tout le corps et en vue de cette gloire, et nulle puissance n’est exercée comme il faut, si l’on n’a pas en vue les objets de la grâce qui l’a conférée.
J’ai été conduit à cette
suite de pensées par le premier passage que je désire examiner, c’est-à-dire
Luc 24:44-49. Christ s’y présente comme déjà exalté dans la gloire, le monde et
toute chair étant ici-bas sur le même niveau. Il ne dit pas, comme en
Matthieu : « Allez donc, et faites disciples toutes les
nations » ; mais il envoie les apôtres prêcher « la repentance
et la rémission des péchés en son nom à toutes
les nations, en commençant par Jérusalem », qui n’est nommée ici que
comme ayant la première place parmi les nations. Pierre accomplit cette mission
dans ses premiers discours, comme cela nous est rapporté dans les Actes. Paul
la poussa plus loin, pour ce qui regarde les nations, sans cependant commencer
par Jérusalem. La parole du Seigneur en Luc est d’abord : « Et vous,
vous êtes témoins de ces choses », puis il ajoute : « Et voici,
moi j’envoie sur vous la promesse de mon Père ; mais vous, demeurez dans
la ville, jusqu’à ce que vous soyez revêtus de
puissance
d’en haut ». Ensuite il est séparé d’avec eux, et élevé dans
le ciel.
C’est précisément ce que nous
retrouvons dans le premier discours de Pierre : « Ce Jésus »,
dit-il, « Dieu l’a ressuscité, ce dont nous, nous sommes tous témoins.
Ayant donc été exalté par la droite de Dieu, et ayant reçu de la part du Père l’Esprit
Saint promis, il a répandu ce que vous voyez et entendez » (Actes 2:32,
33). Il cite ensuite le témoignage du Ps. 110, et ajoute : « Que
toute la maison d’Israël donc sache certainement que Dieu a fait et Seigneur et Christ
, ce Jésus que vous avez crucifié »
(v. 36). Le rejet de ce témoignage a mis de côté la forme de la mission donnée
en Matthieu, où Jérusalem était le centre formel de l’évangélisation organisée
selon l’ancienne position de cette cité, les nations étant traitées comme
nations par rapport à Israël (*).
(*) C’est seulement en grâce que Jérusalem aurait pu avoir cette position, mais la grâce ne la lui avait point ôtée, jusqu’à ce qu’elle-même eût rejeté la grâce.
Mais le don de l’Esprit, en tant
que conféré aux croyants, et formant l’Église, est présenté dans les passages
de Luc et des Actes sous un caractère très distinct. Jésus envoie la promesse
du Père ; telle est la grande vérité générale. Mais sous quel caractère
l’Esprit Saint est-il envoyé ? C’est pour revêtir de puissance d’en haut.
Il se manifeste d’abord au monde sous cet aspect, et non pas comme établissant
la communion de fils avec le Père, bien que, naturellement, le même et seul
Esprit soit la puissance de cette communion. Son premier
témoignage est rendu à la seigneurie de Christ.
Nous avons vu l’identité des
expressions dans Luc 24:48, 49 et Actes 2:32-36 : remarquons maintenant
les termes dans lesquels l’Esprit, par l’apôtre, rend témoignage à Jésus :
« Jésus le Nazaréen », dit-il, « homme approuvé de Dieu auprès
de vous par les miracles et les prodiges et les signes que Dieu a faits par lui
au milieu de vous… Ce Jésus, Dieu l’a ressuscité, ce dont nous, nous sommes
tous témoins. Ayant donc été exalté par la droite de Dieu, et ayant reçu de la
part du Père l’Esprit Saint promis, il a répandu ce que vous voyez et
entendez… Que toute la maison d’Israël donc sache certainement que Dieu a fait
et Seigneur et Christ, ce Jésus
que vous avez crucifié ».
Or il est clair que, dans tout ce passage, notre précieux et adorable Seigneur est envisagé comme homme, comme s’étant abaissé pour devenir tel, ainsi que nous l’avons vu en Phil. 2. C’est comme homme qu’il est fait Seigneur et Christ. Nous verrons que ce fait se rattache directement à l’opération et à la puissance de l’Esprit qui en sont la conséquence, mais non pas encore à l’ensemble des principes qui s’y lient. Le caractère comme corps de la scène des opérations de l’Esprit n’avait pas encore été développé. Nous avons donc déjà ce premier point mis distinctement en évidence : le témoignage rendu à la seigneurie de Christ comme homme, rendu par le moyen des disciples devant le monde, selon que l’Esprit leur donnait d’en parler. Mais quelle que fût la rumeur occasionnée par les faits qui eurent lieu à ce moment, la seule chose qui nous soit rapportée est l’effet de la prédication adressée aux Juifs. Ils devaient être baptisés au nom du Seigneur Jésus pour la rémission des péchés, et recevoir alors le don de l’Esprit Saint ; car à eux et à leurs enfants était la promesse, et à tous ceux qui étaient loin, autant que le Seigneur en appellerait. Tous ceux donc qui reçurent la parole furent baptisés, et en ce jour-là environ trois mille âmes furent ajoutées.
L’Assemblée était formée, et le Seigneur y ajoutait tous les jours ceux qui devaient être sauvés.
Le témoignage à la seigneurie de l’Homme Christ Jésus avait été rendu au monde, en commençant à Jérusalem, par les témoins choisis de Dieu. Par ce témoignage, l’Église avait été formée, et le Seigneur ajoutait à l’Église ceux qui devaient être sauvés, le résidu d’Israël.
Nous voyons dans ces faits
l’opération de l’Esprit fondée sur l’exaltation et la seigneurie de Christ, et
accomplie par des témoins choisis, mais précédant l’existence de l’Église et la formant
. C’est le caractère de toute prédication.
L’Église une fois rassemblée, le Seigneur y ajoute tous les jours ceux qui devaient être sauvés. Alors sont mis en évidence les privilèges les plus élevés du croyant, savoir la portion révélée à son nouvel homme par l’Esprit d’adoption, l’Esprit Saint qui lui est donné, le sceau de la foi que Dieu a opérée dans son cœur.
Le Saint Esprit poursuit son œuvre en rendant un témoignage abondant à la puissance de Christ. Il proclame (Actes 3) le retour de Jésus et l’avènement des temps de rafraîchissement si Israël se repent. Puis on voit l’opposition et le rejet du témoignage par les gouverneurs du peuple et en même temps le courage des disciples ; ensuite la puissance de l’Esprit Saint pour la bénédiction et le jugement dans l’Église (Actes 5) ; l’opposition déterminée des anciens et des principaux des Juifs, et leur rejet de la résurrection et de l’exaltation de Jésus. En présence de cette opposition, est rendu le témoignage constant des apôtres, « témoins », disent-ils, « de ces choses », comme l’est aussi « l’Esprit Saint que Dieu a donné à ceux qui lui obéissent ».
Nous avons ensuite (Actes 6) la manifestation de l’énergie de l’Esprit Saint pourvoyant aux circonstances qui résultaient d’un manquement partiel dans l’Église. Enfin de nouveau, un témoignage est rendu, selon la puissance souveraine de l’Esprit, par Étienne, « homme plein de l’Esprit Saint ». Et alors, les Juifs ayant rejeté le témoignage de l’Esprit, leur jugement (comme nation) est prononcé, et leur histoire se termine avec ce qui introduit dans le ciel l’Église, rendant ainsi témoignage, comme remplie de l’Esprit, mais rejetée à Jérusalem, centre du système terrestre des voies de Dieu. On voit aussi dans ce récit que l’esprit du saint va auprès de Jésus, dans l’état intermédiaire entre la mort et la résurrection. « Ils lapidaient Étienne, qui priait et disait : Seigneur Jésus, reçois mon esprit », et en même temps, de même que Jésus le fit, lorsqu’il était rejeté et crucifié, Étienne intercède pour ce malheureux peuple, en disant : « Seigneur, ne leur impute point ce péché ». Ainsi l’Esprit, agissant dans Étienne, reconnaît Jésus comme Seigneur, et Étienne remet son esprit à Jésus, ainsi que Jésus, le Fils de Dieu rejeté, avait remis le sien au Père.
Comme l’ont souvent fait
remarquer ceux qui sont familiers avec ces vérités, le martyre d’Étienne
détruisait le système et le centre terrestre de l’Église. La mission donnée aux
apôtres dans Matthieu, cessa d’exister dans sa forme originaire. En effet, le
peuple juif, dans la personne de ses gouverneurs, ayant comme nation rejeté le
témoignage rendu par l’Esprit à l’exaltation
de Christ, de même qu’il avait rejeté le Fils de Dieu dans son humiliation,
lorsqu’il venait parmi eux comme Messie, il s’ensuivait que Jérusalem cessait
d’être le centre d’où devait partir la puissance de rassemblement. En
conséquence, l’Église, à l’exception des apôtres, est dispersée.
Je ferai remarquer, en
passant, la manière très distincte dont la présence personnelle
de l’Esprit Saint est placée devant nous dans toute
cette histoire. Ananias ment à l’Esprit Saint, lui et
sa femme tentent l’Esprit du Seigneur. Les apôtres étaient les témoins de la
résurrection et de l’exaltation de Christ ; l’Esprit Saint donné aux croyants,
l’était aussi
. Le fait qu’ils étaient
« remplis de l’Esprit Saint », comme le Seigneur l’avait promis,
voilà quelle était à la fois la puissance et la source de leurs discours, comme
nous le voyons en toute occasion. Ainsi, la présence personnelle
de l’Esprit Saint, cet autre Consolateur, était
clairement devant leurs esprits. De même qu’autrefois le Fils avait été avec
eux, de même
, selon la promesse, l’Esprit Saint était avec eux
maintenant. Le Fils leur avait donné la connaissance de l’amour du Père, plus
clairement saisi maintenant qu’ils avaient l’Esprit Saint comme Esprit
d’adoption, et l’Esprit actuellement leur révélait la seigneurie de l’Homme
Jésus, qui avait été tué et rejeté par le monde.
Mais la dispensation allait remplir un cadre plus étendu et prendre une autre forme.
Saul, par le moyen d’un simple disciple, Ananias, reçoit l’Esprit Saint après sa conversion, et commence, à Damas, à rendre témoignage à Jésus, disant qu’il était le Fils de Dieu.
Ensuite les gentils reçoivent l’Esprit Saint, et sont admis dans l’Église par le moyen de Pierre. Les chap. 11, 12 et 13 des Actes, montrent distinctement quelle place prééminente tenaient la présence et la puissance de l’Esprit Saint. Il y a en outre le service des anges envers l’apôtre de la circoncision, mais le don de l’Esprit Saint est le signe de l’acceptation du croyant.
Dans l’appel et la conversion
de Saul se présente un nouveau et précieux principe, qui s’identifie dans son
esprit avec cet appel. « Saul, Saul, pourquoi me
persécutes-tu ? » dit le Seigneur. En un mot, c’est
l’unité de l’Église et son union avec Christ, dont l’apôtre, irrégulièrement
appelé, comme un avorton, ou quelqu’un né hors du temps, devient le témoin
éminent et le docteur. En effet, bien qu’il puisse se trouver dans les autres
épîtres des vérités qui se lient à celle-ci, nous ne trouvons jamais d’une
manière positive l’expression « son corps, qui est l’assemblée »,
sinon dans les écrits de Paul. C’est cette vérité et tout ce qui s’y rattache,
que l’apôtre semble appeler d’une manière spéciale son évangile. Dans celui-ci,
qui présente, sous une forme quelconque, la puissance
de la gloire de Christ, la connaissance de Christ ou l’unité avec Lui, on
trouve l’Esprit Saint opérant et se manifestant lui-même. Sans quitter
absolument le terrain de la seigneurie de Christ, l’Esprit agit en même temps
comme puissance d’unité dans tout le corps, et en diversité d’opérations dans
les membres en particulier. Dans chacun d’eux, en même temps aussi — car ce
caractère le plus élevé
et le plus précieux
de l’Esprit, n’était
pas perdu, j’ai à peine besoin de le dire — il était l’Esprit d’adoption,
criant : « Abba, Père ». Mais ce
privilège était une opération individuelle distincte, bien que, par le même
Esprit, produisant une joie réelle pour le saint, mais individuelle, et qu’il
peut goûter, fût-il seul, quoique sans doute elle soit augmentée par la
communion avec les autres. C’est notre joie auprès du Père, comme fils avec le
bien-aimé Fils de Dieu, Jésus, le premier-né parmi plusieurs frères.
Le témoignage collectif rendu à la seigneurie de Christ et à sa gloire, et à l’union de l’Église avec Lui comme Chef sur toutes choses, est un sujet distinct. La base sur laquelle repose cette union, ainsi que la bénédiction et la portion de l’Église en vertu de cette union, sont le sujet spécial de l’épître aux Éphésiens, et il y est par conséquent envisagé au point de vue de la bénédiction et de l’utilité de l’Église. Mais l’administration de ces choses, et par suite leur ordre général dans leurs principes et leur manifestation devant le monde, nous sont donnés dans la première épître aux Corinthiens, qui renferme les directions apostoliques pour le gouvernement de l’Église dans son économie intérieure ici-bas.
Mais avant d’entrer dans l’examen de l’économie formelle de l’Esprit, telle qu’elle nous est présentée dans ces épîtres, je voudrais m’occuper un instant de la doctrine de la Parole qui s’y rapporte, comme étant la portion ordinaire de l’Église en général. Deux ou trois passages de l’Écriture en parlent à ce point de vue, d’une manière nettement déterminée. Par la résurrection, Jésus a été déclaré Fils de Dieu en puissance, selon l’Esprit de sainteté. Il était de la semence de David selon la chair, mais il était Fils de Dieu selon une vie, un esprit et une énergie tout autres. Sa résurrection en était à la fois la preuve et le glorieux caractère, car elle était le triomphe sur la mort, dans laquelle, à cause de la vie et de la sainteté qui étaient en Lui, il ne pouvait être retenu, bien qu’il eût pris, par imputation, le péché sur Lui. Dans cette résurrection et dans la puissance d’une liberté entière et triomphante — liberté de perfection et de sanctification de l’homme pour Dieu, dans une nouvelle condition de vie où l’homme ne s’était jamais trouvé — il est devenu le Chef d’une nouvelle famille, le premier-né d’entre les morts ; le Chef du corps, de l’Église, ayant en toutes choses la prééminence ; et il est le Fils, prenant maintenant sa place, comme tel, en résurrection.
Ainsi notre justification s’identifie de fait avec notre position comme fils, et comme ressuscités ; c’est-à-dire avec la sainteté dans le caractère qu’elle prend en résurrection : nous sommes devant Dieu comme ses enfants. C’est pour cela que l’apôtre dit : « Si même nous avons connu Christ selon la chair, toutefois maintenant nous ne le connaissons plus ainsi », car maintenant il le connaissait dans ce caractère de résurrection, comme Chef de la nouvelle création — la nouvelle famille de Dieu — comme second Homme, et ainsi pour nous un Esprit vivifiant, quand nos âmes vivantes étaient spirituellement mortes dans le premier Adam, dans le péché, comme Chef d’une nouvelle famille d’hommes, avec laquelle, à la fin, sera le tabernacle de Dieu.
La justification de l’Église
ayant d’abord été démontrée par l’Esprit, l’apôtre traite les sujets
suivants : premièrement, en Rom. 6, celui de la mort et la
résurrection ; au chap. 7, de la loi, d’abord dans son application à la
« nature », ou à « la chair » en elle-même ; ensuite
il parle de l’opération de la loi pour répondre à la question que
l’intelligence spirituelle et une nouvelle volonté amènent la conscience à se
poser ; et au chap. 8, l’apôtre traite de la présence de l’Esprit
relativement à son opération morale et à son témoignage dans le croyant. Il
montre la source du grand changement opéré dans l’âme et de la sainte liberté
dans laquelle elle se trouve, source qui n’est autre que « la loi de
l’Esprit de vie qui est dans le Christ Jésus ». Cet Esprit ou souffle de
vie pour nos âmes est la même puissance
que
celle qui a ressuscité Christ d’entre les morts, et qui nous fait participer à
toutes les conséquences de sa résurrection. Puis Dieu a accompli ce que la loi
ne pouvait pas faire, c’est-à-dire qu’il a condamné le péché dans la chair, et cela par l’expiation
, et en grâce envers nous. L’apôtre
ayant établi cela, continue en nous enseignant quelle est la puissance
et le caractère
de l’Esprit dans la nouvelle nature.
L’Esprit est envisagé comme
Esprit de Dieu, en contraste avec l’homme dans
la chair
. C’est l’Esprit de Christ
, sous le rapport de la forme et du caractère du nouvel homme.
Enfin, c’est l’Esprit de Celui qui a
ressuscité le Christ d’entre les morts
, selon la puissance et l’énergie par lesquelles il opère, comme
résultat final, une pleine et entière
délivrance
. Ainsi, son
caractère moral et son opération sont révélés comme étant d’un Esprit de
puissance et de délivrance EN nous et nous caractérisant, en réponse à la
question : « Qui me délivrera de ce corps de mort ? »
Outre ce qui vient d’être
dit, il y a aussi la doctrine qui se rapporte à la relation où nous sommes dans
le nouvel homme, aussi bien comme caractère moral que comme puissance.
« Tous ceux qui sont conduits par l’Esprit de Dieu », sont fils de
Dieu, et, par conséquent, « héritiers ; héritiers de Dieu, et
cohéritiers de Christ ; si du moins nous souffrons avec lui, afin que nous
soyons aussi glorifiés avec lui ». Et les soupirs que nous poussons (v.
23) ne proviennent pas de ce que nous avons un esprit de servitude, qui nous
fasse craindre le jugement de Dieu, à
cause du mal qu’il voit en nous
; mais ils sont le résultat de notre
propre jugement du mal dans ses effets
, parce que nous sommes fils
et certains
de
l’être, et que nous savons
que nous
sommes héritiers. Nous prenons part aux soupirs de toute la création dont nous
faisons partie, quant à nos corps, et nous l’exprimons à Dieu avec sympathie,
dans le sentiment du bonheur qui résultera pour la création de sa délivrance,
lorsque nous entrerons en possession de notre glorieux héritage. Nous souffrons
ainsi avec Christ
par son Esprit, au
milieu des douleurs actuelles qui nous entourent, et nous l’exprimons par
l’Esprit de Dieu, même si nous n’avons pas l’intelligence de ce que nous avons
à demander pour porter remède à cet état de choses. En tout cela donc, l’Esprit
remplit un double office. Il rend témoignage avec notre esprit, pour notre
joie, que nous sommes fils de Dieu et héritiers ; et il nous aide dans les
infirmités qui pèsent sur la création et sur nous comme étant dans nos corps.
Et lorsque l’Esprit, agissant en nous pour produire la sympathie, soupire ainsi
en nous, exprimant la douleur que nous éprouvons en voyant les maux de la
création, Celui qui sonde les cœurs sait quelle est la pensée de l’Esprit, parce
qu’il intercède pour nous SELON Dieu.
L’épître aux Galates, avec moins de développement, nous enseigne la même vérité, en posant fermement le fondement sur lequel elle repose. Nous y trouvons les fils héritiers, mais l’épître ne va pas plus loin. Mais en Éphésiens, ils sont héritiers, cohéritiers de Christ, et l’Esprit est le sceau de la rédemption accomplie, en vertu de laquelle ils le possèdent. Il est en eux le témoignage de leur relation filiale et les arrhes de l’héritage qu’ils ont avec Christ ; héritage connu par la révélation de la gloire de Christ et des choses à venir qui se rapportent à sa Personne. C’est ce que nous trouvons exprimé en Éph. 1:9-14.
Il y a un autre passage d’un
grand intérêt par l’enseignement qu’il nous donne sur ce point. C’est 2 Cor.
1:20, 22. « Autant il y a de promesses » — qui appartiennent à Christ
comme héritier — « autant il y a de promesses de Dieu, en lui est le oui
et en lui l’amen, à la gloire de Dieu par nous
». Les promesses
sont de Dieu, et elles sont réalisées en Christ. Dieu nous lie donc fermement à
Christ, et alors, pour que nous en possédions la connaissance, l’assurance et
la jouissance, nous sommes oints, scellés, et nous avons les arrhes de l’Esprit
dans nos cœurs. Par l’onction nous avons la connaissance, comme nous le voyons
en 1 Jean 2:20 ; par le sceau, nous avons l’assurance (Éph.
1:13), et ayant les arrhes dans nos cœurs, nous jouissons par anticipation de
la bénédiction connue, et en vue de laquelle nous sommes scellés.
Ayant déjà parlé de ce
passage, je ne m’y arrêterai pas. Mais il y en a un autre qui lui est parallèle
et que je ne veux point passer sous silence, parce qu’il se rapporte à la
connaissance, à la communication et à la réception des révélations de l’Esprit,
et qu’il montre notre entière dépendance de ce divin Consolateur et de la
puissance de Dieu pour la connaissance de ces choses. Nous trouvons ce passage
en 1 Cor. 2 : « Ce que l’œil n’a pas vu, et que l’oreille n’a pas
entendu, et qui n’est pas monté au cœur de l’homme, ce que Dieu a préparé pour
ceux qui l’aiment, mais Dieu nous l’a révélé par son Esprit ». Le cœur de
l’homme n’avait pu concevoir ces choses, mais Dieu, par son Esprit, les a
révélées à ses saints. Ils ont reçu l’Esprit qui est de Dieu, afin qu’ils
pussent les connaître. Et voici à ce sujet ce que l’apôtre nous dit :
« Nous avons reçu… l’Esprit qui est de Dieu
, afin que nous connaissions les choses qui
nous ont été librement données
par
Dieu » ; ensuite, comment les portaient-ils à la connaissance des
autres ! Il répond : « Desquelles aussi nous parlons… en
paroles enseignées de l’Esprit
, communiquant des choses
spirituelles par des moyens spirituels », et de plus, quant à leur
réception, il ajoute : « Elles se discernent spirituellement ».
Ainsi ces choses étaient connues, communiquées et reçues par l’Esprit.
Ayant fait remarquer ces
passages parallèles, je passerai à l’examen de l’opération de l’Esprit Saint en
rapport avec l’unité du corps. Dans les discours de Pierre aux Juifs, nous
avons vu le témoignage rendu à la seigneurie de Christ, et à ce caractère de
son exaltation. C’est un point qui, naturellement, n’est jamais perdu de vue.
Mais une autre vérité a été mise en lumière lors de la conversion de Saul,
celle de l’identification de l’Église avec Christ, base même du ministère
spécial de Paul, vérité qui ressort de ces paroles : « Saut, Saul,
pourquoi me
persécutes-tu ? »
Il en fut pour Saul comme pour Adam, lorsque son péché fut manifesté à ses yeux
en entendant la terrible question : « Où es-tu ? » C’est
selon cette vérité que la grâce et l’administration de l’Esprit Saint devaient
dès lors s’exercer. L’Esprit avait rendu témoignage par la bouche de certains
disciples, et par-là l’Église avait été rassemblée. Maintenant l’Église, comme
corps, devait être le vase du témoignage et, comme corps, le témoin de
l’Esprit. La révélation distincte de cette position de l’Église et son
établissement dans l’intelligence et la réalité de cette position, commença par
la dispersion de l’assemblée de Jérusalem. Elle continua par l’apôtre Paul qui,
ayant été appelé et fortifié par le Seigneur, et ayant prêché Jésus
immédiatement comme étant Fils de Dieu, fut en quelque mesure mis de côté pour
un temps, puis recommença l’œuvre en partant d’Antioche, comme d’un centre.
C’est là qu’il fut mis à part pour l’œuvre à laquelle Christ l’avait appelé,
non point, comme les autres apôtres, par une vocation qui lui aurait été
adressée par Jésus selon la chair, mais par la direction et l’autorité de
l’Esprit Saint agissant dans les disciples. Paul n’avait aucune part dans le témoignage
mentionné en Jean 15:27 : « Et vous aussi, vous rendrez
témoignage ; parce que dès le commencement vous êtes avec moi ». Le
témoignage de Paul était seulement celui de l’Esprit Saint, celui d’avoir vu la
gloire de Christ et d’avoir entendu les paroles de sa bouche. Ainsi ce n’était
pas le témoignage rendu à l’exaltation et à la seigneurie de Christ par ceux
qui avaient été ses compagnons sur la terre, témoignage portant que Dieu
l’avait exalté pour être Seigneur et Christ là-haut.
Paul part du fait de sa seigneurie vue dans la gloire, du fait que Jésus est Fils de Dieu, et d’un témoignage — que par conséquent il reconnaît — rendu par le Seigneur à l’union de tout le corps, comprenant Juifs et gentils, avec Celui qui avait été élevé à la droite de Dieu. C’est pourquoi les opérations de l’Esprit Saint, qui suivent toujours le témoignage concernant Christ, tout en déclarant sa seigneurie et lui étant subordonnées, ces opérations, dis-je, agissent dans l’unité du corps entier, selon que Dieu opère.
C’est ainsi que nous lisons
en 1 Cor. 12 : « Or, pour ce qui est des manifestations spirituelles,
frères, je ne veux pas que vous soyez ignorants. Vous savez que quand vous
étiez gens des nations, vous étiez entraînés vers les idoles muettes, selon que
vous étiez menés. C’est pourquoi je vous fais savoir que nul homme parlant par
l’Esprit de Dieu
, ne dit « Anathème à
Jésus » ; et que nul ne peut dire « Seigneur Jésus », si ce
n’est par l’Esprit Saint » ; c’est-à-dire que quiconque dirait cela
(en Esprit) le dirait par l’Esprit Saint, car c’était l’Esprit Saint
, et non un mauvais
esprit,
qui rendait témoignage que Jésus était Seigneur.
Il y avait, avec ce témoignage, « diversité de dons », non pas cependant plusieurs esprits, « mais le même Esprit ». Et il y avait diversité de services, mais le même Seigneur (non plusieurs seigneurs — Jésus était Seigneur) ; et diversité d’opérations, mais le même Dieu (car les opérations étaient vraiment divines) qui opérait tout en tous. Il n’y avait pas « plusieurs dieux », et toutes les opérations étaient l’œuvre du seul vrai Dieu.
Ce n’est pas la Trinité — le
Père, le Fils et le Saint Esprit — qui nous est présentée dans ces paroles,
bien que d’autres passages nous fassent connaître sa relation avec le sujet que
nous avons ici. C’est Dieu, le Seigneur, et l’Esprit, opérant dans l’Église sur
la terre ; mais de peur que nous ne supposions que l’Esprit n’est pas
Dieu, l’apôtre dit plus loin : « Le seul et même Esprit opère
toutes ces choses, distribuant à
chacun en particulier comme il lui plaît
». Puis il continue :
« Car de même que le corps est un et qu’il a plusieurs membres, mais que
tous les membres du corps, quoiqu’ils soient plusieurs, sont un seul corps,
ainsi aussi est le Christ. Car aussi nous avons tous été baptisés d’un seul
Esprit pour être un seul corps, soit Juifs, soit Grecs, soit esclaves, soit
hommes libres ; et nous avons tous été abreuvés pour l’unité d’un seul
Esprit ».
Nous avons donc ces deux
points : la seigneurie de Christ
, prenant sa place relativement aux
services dont les dons étaient la puissance ; et l’unité du corps entier
,
dans lequel, par les membres de ce corps, l’Esprit opérait selon les
diverses fonctions qui leurs étaient assignées. L’opération était toujours
celle de Dieu, mais réglée selon les fonctions du corps et le but proposé pour
l’ensemble ; car le service des membres était pour le bien du corps tout
entier.
D’après cela, nous apprenons distinctement l’ordre du ministère de l’Esprit Saint, tel qu’il nous est présenté ici. Nous verrons plus tard d’autres enseignements de la Parole sur ce sujet.
Nous avons donc en tout premier lieu le témoignage que Christ — ou plus exactement Jésus — était Seigneur. C’est la grande vérité fondamentale, à laquelle tout était subordonné. L’Esprit Saint dans son opération, bien que souverain dans la distribution des dons, était subordonné à la seigneurie de Jésus, et c’était le grand et béni témoignage qu’il rendait (*). Et il le rend maintenant dans sa fidélité pleine de grâce, comme il le fera plus tard, lorsque toute langue sera forcée de confesser que « Jésus Christ est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père ».
(*) C’est ce qui fait dire à l’apôtre, mais non comme mettant en question la divinité de Christ, ces paroles : « Pour nous, il y a un seul Dieu, le Père… et un seul Seigneur, Jésus Christ »
C’est là-dessus que repose la
responsabilité de chaque don. Par ces dons nous sommes les serviteurs du Seigneur
, ainsi qu’il est dit : « Vous servez le Seigneur
Christ » ; —
« ces sortes de gens ne servent pas notre Seigneur
Christ, mais leur propre ventre » ; —
« Paul, esclave
de Jésus
Christ », ce titre faisait la gloire du fidèle apôtre. Il regardait au Seigneur
, juste Juge. Trois fois, il supplie « le Seigneur
» que l’écharde dans la chair lui soit ôtée. Et nous
lisons encore : « L’esclave qui est appelé est l’affranchi du
Seigneur, de même aussi l’homme libre qui a été appelé est l’esclave de
Christ ». Partout on voit établie la seigneurie de Christ.
Les dons de l’Esprit
plaçaient donc ceux qui les possédaient dans des services pour le Seigneur, et
ils étaient individuellement responsables à Christ pour leur exercice ;
c’étaient des talents à faire valoir. Mais en même temps il y avait pour eux
une responsabilité de les exercer dans le corps, selon l’ordre dans lequel ils
y étaient placés, et dans la soumission à la pensée du Seigneur, la Tête du corps.
Cela garantissait entièrement la pleine
responsabilité personnelle et la liberté d’exercice
; car nul n’était Seigneur qu’un
seul ; pas même un apôtre ne l’était, et cependant il y avait une
dépendance mutuelle, salutaire à tous, même à un apôtre, car l’autorité du
Seigneur était aussi grande et aussi exclusive sur le pied ou sur la main que
sur l’apôtre lui-même. Et celui-ci — ayant encore à lutter contre la chair —
n’aurait pas su garder sa place, à moins que le principe mentionné ci-dessus ne
fût maintenu. Bien que par la supériorité de son don, un apôtre pût diriger,
conduire, guider, et, par une révélation de la part du Seigneur, donner un
commandement à l’Église, il ne pouvait, même au moindre degré ou par un droit
quelconque, toucher à la responsabilité envers Christ le Seigneur, du plus
petit membre du corps. En le faisant, il se serait établi lui-même comme le
cep, ou comme seigneur sur l’héritage de Dieu. Les apôtres étaient donnés comme
aides et pour contribuer à la joie des saints, et cela
par l’autorité
qui leur était confiée pour l’édification, mais jamais pour dominer sur leur
foi. Toutefois, l’autorité donnée par le Seigneur accroissait la
responsabilité ; mais nous parlerons plus loin de ce sujet. Si l’apôtre,
par l’Esprit, donnait un conseil à quelque membre du corps, malheur à celui-ci,
s’il méprisait ce conseil. Naturellement, si l’apôtre révélait un commandement
du Seigneur, la responsabilité envers le Seigneur d’obéir à ce commandement
incombait directement au croyant. Et bien que l’apôtre spécialement, avec
l’Église tout entière, pût juger par l’Esprit, ce devait être en se souvenant
toujours de ces paroles : « Qui es-tu, toi qui juges le domestique
d’autrui ? »
Mais il faut bien se rappeler
que cette liberté de ministère ne conférait à un individu aucun droit
particulier, ni aucun titre. Je ne reconnais rien de tel qu’un droit pour un
individu. Un droit, dans le sens ordinaire du mot chez les hommes, est un
certain titre qu’a quelqu’un à exercer sa propre volonté, sans que personne
soit fondé à l’en empêcher. OR LE CHRISTIANISME MET CELA ENTIÈREMENT DE CÔTÉ.
On pourrait insister d’une manière spécieuse sur la dernière partie de la
définition, et dire que la grâce donne un droit d’agir sans que personne ait
celui d’y mettre empêchement, mais ce droit n’est en fait que notre
responsabilité envers Dieu, et n’existe qu’en vertu de celle-ci
. Personne
n’a le droit d’intervenir dans une chose dont je suis responsable vis-à-vis de
Dieu. La lumière que le christianisme jette sur ce point me fait voir, non que
j’aie le droit de m’immiscer dans la volonté d’un autre, mais l’obligation où
je suis de faire la volonté de Dieu coûte que coûte : « Il faut obéir
à Dieu plutôt qu’aux hommes », disaient les apôtres. Et ayant d’abord fait
la volonté de Dieu, on souffre ensuite pour elle, « car il vaut mieux, si
la volonté de Dieu le voulait, souffrir en faisant le bien, plutôt qu’en
faisant le mal », car Christ, dans le sens le plus excellent, a souffert,
Lui juste, pour des injustes. Si, en faisant le bien, nous souffrons et que
nous l’endurions, cela est digne de louange devant Dieu. Mais l’idée du droit
chez l’individu, selon la force ordinaire et humaine du mot, le christianisme
la coupe dans sa racine, parce qu’il déclare que la volonté de l’homme est
entièrement mauvaise, et affirme que l’exercice de cette volonté est le principe du péché
. Nous sommes sanctifiés
« pour l’obéissance
», aussi bien que « pour l’aspersion du sang de Jésus
Christ ». Ainsi l’idée que tous ont un
droit
de parler dans l’Église, ne devrait jamais entrer dans l’esprit d’un
chrétien. Elle n’a aucune place dans le plan du christianisme qui commence son
existence morale en abattant, comme étant mauvaise, la volonté de l’homme.
L’Esprit Saint a le droit,
qu’il exerce souverainement, de distribuer « à chacun en particulier comme
il lui plaît
». De là la responsabilité pour tous d’être soumis au
dessein de l’Esprit Saint. Car « à chacun est donnée la manifestation
de l’Esprit (ce sont des dons — ils ne sont pas
l’Esprit lui-même) en vue de l’utilité ». Il y a, dans la manifestation de
l’Esprit, un dessein, vers l’accomplissement duquel la puissance de l’Esprit
Saint doit diriger l’emploi des dons pour le bien de tous, comme le montre
clairement la portion de l’épître aux Corinthiens dont nous nous occupons.
Les dons aux
hommes ou dans
l’homme
(la seconde expression a rapport à Christ le donateur, la première à ceux à qui
Christ les donne) ne sont pas l’Esprit Saint, bien qu’ils soient par l’Esprit
Saint, et c’est pourquoi ils sont guidés par la pensée de Christ, pour
l’accomplissement de laquelle ils sont donnés. Ainsi exercer le don des
langues, ou s’en servir lorsqu’il n’y avait personne à qui il pût s’appliquer,
est taxé par l’apôtre comme une folie d’enfant, car les dons étaient conférés
pour être profitables ; ils sont donnés « en vue de l’utilité ».
Le don de prophète était le plus élevé et le plus désirable, mais les esprits
des prophètes étaient assujettis aux prophètes. Ne pas voir cela, et confondre
les dons de l’Esprit dans l’homme avec le Saint Esprit lui-même, a causé une
grande confusion, déplorable dans ses conséquences. On en est venu à penser que
l’on ne pouvait mettre aucune restriction à leur exercice, ni les assujettir
même à la règle apostolique, et, comme il arrive toujours lorsqu’on s’écarte de
la Parole, on les a changés en licence de la chair et de la volonté de
l’homme ; l’on a même donné prise aux pires séductions de l’ennemi.
L’Esprit Saint lui-même,
demeurant dans l’individu, et spécialement aussi dans l’Église comme telle,
guide, dirige et gouverne par la Parole, l’emploi des manifestations de sa
puissance dans l’homme, comme il le fait en toute autre chose, je le répète,
par la Parole. Il en est comme de la marche de celui qui est conduit par l’Esprit
; elle est gouvernée et guidée par la Parole, la puissance du
même Esprit dirigeant et appliquant la Parole. C’est là ce qui maintient la responsabilité
, quelle que soit la puissance communiquée, et par là même,
l’unité par l’Esprit Saint, dans tout le corps. Sans cette direction, la
puissance étant donnée, son exercice dépendrait de la volonté de l’homme, ou
bien elle ne serait pas du tout dans l’homme.
Ce principe s’est montré vrai
dans l’exemple le plus élevé que nous ayons, là où ne pouvait exister ni
erreur, ni défaut. Lorsque le Fils de Dieu, selon la grâce infinie et les
conseils de la sagesse divine, est devenu un homme, ce n’a pas été pour
détruire la responsabilité, mais pour accomplir pleinement tout ce qu’elle
exigeait, et cela dans la perfection la plus absolue, car il est « devenu
obéissant ». Même lorsqu’il opérait des miracles, il ne s’est point
départi de cette obéissance. Il n’aurait pas voulu changer des pierres en pain,
sans la volonté de Dieu, son Père. Employer son pouvoir pour ce que l’on aurait
appelé un exercice innocent (ou même légitime) de sa volonté, voilà à quoi
Satan cherchait à le pousser. Mais Jésus était parfait, et l’ennemi fut
confondu. Il était satisfait de faire la volonté de Dieu. Il gardait ses
commandements et demeurait dans son amour. Et si Lui, une Personne divine,
pouvait montrer par son obéissance qu’il aimait le Père, et que, dans ses
souffrances, il y avait une raison
pour
que le Père l’aimât (Jean 10:17), il ajoute néanmoins, et c’est ce qui
constitue sa perfection : « Et selon que le Père m’a commandé, ainsi
je fais ». Et ainsi il termina sa carrière bénie et parfaite, en
prononçant ces paroles de vérité adressées à son Père : « Je t’ai
glorifié sur la terre, j’ai achevé l’œuvre que tu m’as donnée à faire ».
Jésus, précieux Sauveur ! tu es digne d’être glorifié en toutes choses,
Toi, notre Seigneur !
Mais il y a maintenant cette
différence que Jésus, ayant pris la place de puissance, car « toute
autorité lui a été donnée dans le ciel et sur la terre », sa position
n’est plus la manifestation de l’obéissance parfaite dans un état d’humiliation
volontaire, mais celle de l’élévation et de la puissance. Mais bien que cela
ait changé la position du Seigneur, et par suite celle de ses disciples, comme
vases de cette puissance par le témoignage de l’Esprit de Dieu en eux, le
principe de leur responsabilité n’a été touché en rien, bien que par-là sa
sphère se soit élargie. L’accroissement de puissance
n’a pas non plus laissé place, au moindre degré, au principe de la volonté
humaine. Elle a seulement introduit le principe de la responsabilité dans
l’exercice de la puissance qui a été confiée, quelle qu’elle soit, et qui se
rattache à la seigneurie de Christ, dont on est constitué serviteur par le don
que l’on a reçu, afin de le faire valoir pour sa gloire, soit dans le monde en
témoignage de l’amour divin, soit en édification pour l’Église. Et la Parole
règle l’exercice de ce don, comme elle règle toute autre chose.
Le titre et le droit d’exercice
des dons sont de Dieu : les dons sont démontrés comme étant divins, bons
par conséquent. Quant à la responsabilité, elle est de l’homme, et le don n’est
que l’occasion d’agir sous cette responsabilité, le Seigneur étant Celui sous
l’autorité duquel le don est exercé ; et cette responsabilité le rend
nécessairement indépendant des hommes, car personne ne peut servir deux
maîtres. De plus, le don est exercé dans l’Église selon la pensée de Christ, de
laquelle l’Esprit est la puissance
dans
l’Église, et selon la Parole écrite comme guide et règle. À ce dernier égard,
les Écritures tiennent une place qui, à certains égards, était occupée par les
apôtres, c’est-à-dire celle de révéler la pensée de Christ. Elles n’ont pas en
elles-mêmes la puissance, mais elles renferment la sagesse de Dieu, et dans le
Nouveau Testament, la pensée de Christ. Il faut bien distinguer ce but de la
révélation. Nous parlerons plus loin d’autres points qui concernent la charge
apostolique.
Quelques autres points sont à considérer dans le chap. 12 de la première épître aux Corinthiens. L’apôtre a parlé de l’Esprit, du Seigneur, et de Dieu. Les deux premières expressions font connaître la puissance pour le service et la relation dans laquelle il s’accomplit. La dernière nous fait comprendre que c’est en même temps véritablement la puissance et l’opération de Dieu. Et enfin l’apôtre, en se servant des mêmes termes, attribue la puissance et l’opération à l’Esprit, afin que la divinité de l’Esprit soit reconnue, bien qu’il prenne en un certain sens la place de service, comme agissant dans l’instrument subordonné à la seigneurie de Christ.
Ayant éclairci ce point, l’apôtre prend le sujet dans son rapport avec l’unité du corps. Et ici Christ, ou du moins le corps de Christ identifié avec Lui-même (1 Cor. 12:12), devient le sujet des opérations divines. En premier lieu, nous avons plutôt le fruit ou le résultat de ces opérations, car « nous avons tous été baptisés d’un seul Esprit pour être un seul corps — ainsi est le Christ ». Christ et le corps sont identifiés, et il est parlé de tout l’ensemble comme de l’objet du conseil divin ; seulement Christ est la Tête, et nous sommes les membres dépendants les uns des autres. Mais la sphère tout entière est envisagée comme la scène où se déploient les opérations. Nous n’avons pas ici simplement l’Esprit Saint rendant le témoignage qui convainc le monde, ou qui atteint les individus pour produire en eux la conviction de péché, et qui rassemble l’Église ; mais nous lisons que « maintenant, Dieu a placé les membres — chacun d’eux — dans le corps, comme il l’a voulu ». « Dieu a composé le corps… et Dieu a placé les uns dans l’assemblée — d’abord des apôtres, en second lieu des prophètes, etc. ». Les croyants étaient « le corps de Christ, et ses membres chacun en particulier ».
Nous voyons ainsi les opérations de l’Esprit de Dieu formellement établies dans l’unité du corps, dans les divers dons des différents membres, dont l’Esprit lui-même forme l’unité et est la puissance. Toutefois c’est en étant subordonné à la seigneurie de Christ, et par conséquent dirigeant l’Église selon sa pensée, soit pour l’édification de l’Église en amour, soit pour le témoignage à rendre dans le monde, Dieu plaçant les membres dans le corps comme il lui plaît.
Ensuite, après avoir montré
l’excellence supérieure de l’amour par-dessus tous les dons (chap. 13),
l’apôtre parle du contrôle de l’Esprit, communiquant la pensée de Christ, sur
l’exercice des dons ainsi confiés aux individus. L’amour était Dieu, et rendait
témoignage de Dieu ; il était le lien de la perfection, la bénédiction
essentielle. Les dons étaient le témoignage de la puissance, dominant le mal,
il est vrai, mais exercés au milieu du mal, et par conséquent devant cesser un
jour et être abolis. Leur emploi dans un
but d’amour
devenait ainsi la vraie pierre de touche de la grâce et de la
pensée de Christ ; autrement, ce n’était que l’étalage de soi-même.
L’édification de l’Église devait être la règle de l’exercice de tous les dons,
et non le droit de l’individu, car tous devaient suivre la pensée de Christ.
Cela donne lieu à établir une distinction entre les dons ; entre ceux qui étaient propres à agir sur le monde, et ceux qui avaient pour objet l’utilité et le bénéfice de l’Église. Ainsi les « langues » étaient un signe pour les incrédules, et non pour l’Église ; il fallait en user en conséquence. Quelqu’un qui possédait ce don ne devait pas l’exercer, à moins qu’il n’y eût un interprète, car sans cela l’Église n’aurait pas été édifiée, comme ç’aurait été le cas, s’il y avait un interprète. Ainsi les « signes » ou « miracles » confirmaient la Parole.
Le don des langues était spécial et évangélique d’une manière caractéristique. Il s’élevait au-dessus des conséquences du péché de l’homme et du jugement exécuté en Babel, et mettait de côté avec évidence la limite qui bornait au peuple juif le témoignage de Dieu. Il constituait envers ceux de dehors ce ministère actif, qui caractérise essentiellement le christianisme. Ce don, conféré aux Juifs et aux gentils, devenait la preuve manifeste que l’Esprit Saint était envoyé d’en haut, comme on le voit dans le cas des cent vingt disciples et de Corneille ; l’Esprit Saint était le témoin de la grâce envers eux, ainsi que de la gloire et de la suprématie de Christ. Des miracles avaient été opérés autrefois parmi les Juifs, lorsque au commencement leur système national fut établi ; il y en eut même parmi ceux qui avaient abandonné l’alliance. Dans le royaume de Juda, les prophètes rappelaient à la loi, et quant à leurs prophéties, ils les laissaient, ou se vérifier par elles-mêmes, ou être reconnues par la foi. Leurs sommations de retourner à la loi ne demandaient pas à être confirmées par des miracles, puisque l’obligation d’y obéir était reconnue. Mais le don des langues convenait proprement à la dispensation chrétienne comme agissant sur le monde. Il était une manifestation caractéristique de l’Esprit Saint envoyé pour agir dans un monde qui en avait besoin.
Les dons de langues, miracles, guérisons, pouvaient donc être exercés par ceux qui les possédaient dans l’Église, mais ils l’étaient comme témoignage de la bonté de Christ, le Seigneur, envers le monde, et non envers l’Église jouissant déjà d’une vie céleste par la puissance profondément vivifiante de cette bonté. Tel était le caractère général de ces dons. La bénédiction propre et spéciale de l’Église était l’édification : « Que tout se fasse pour l’édification », ou comme cela est exprimé dans l’épître aux Éphésiens : « Pour l’édification de lui-même (le corps) en amour ».
Telle me paraît être la vraie
distinction entre les dons : les signes pour le monde, et l’édification
pour l’Église, et non la distinction que l’on fait ordinairement entre les dons
miraculeux et non miraculeux, comme si Dieu ne communiquait pas maintenant à
l’Église des dons positifs, et comme si miraculeux
était synonyme de surnaturel
; comme si l’Esprit Saint avait cessé
d’agir, et qu’ainsi l’énergie humaine fût le seul agent dans l’Église. Si par
dons miraculeux, on entend ceux qui étaient des signes pour le monde, je n’y
ferai point d’objection, pourvu que l’on ne mette pas de côté la puissance
directe et le don de l’Esprit Saint en ceux qui ne sont pas des signes, mais
qui servent à l’édification ; autrement on porterait un grand déshonneur à
l’Esprit Saint.
Il y a donc une distinction à faire dans les dons ; quelques-uns sont pour signes, et les autres pour l’édification. Les premiers sont destinés à agir sur les sens et l’esprit de ceux du dehors, les derniers sur la conscience et l’intelligence spirituelle, et par conséquent, l’exercice de ceux-ci est l’objet du jugement intelligent des saints pour savoir s’il doit être accepté. Cette remarque est importante. L’Esprit de Dieu agissant en nous et produisant le sentiment de la responsabilité, est toujours supérieur à toute manifestation de puissance et à tout don — même réels ; en effet, par-là, l’autorité de Dieu est reconnue et nous gouverne. L’usage vrai d’un don dans l’Église vient appuyer cela ; toutes les fois qu’il s’en écarte, l’emploi du don est faux en principe. Il faut éprouver « ceux qui se disent apôtres et ne le sont pas » ; et il est dit : « Que les autres jugent » ; et « celui qui est spirituel discerne toutes choses ». La propre volonté, qui ne veut pas accepter qu’un don augmente la responsabilité, ou qui voudrait employer le don pour s’exalter elle-même, au lieu de sentir d’autant plus la responsabilité, n’est autre chose que la chair poussée par Satan à une indépendance sans frein. Le seul remède à cela est la grâce et la puissance et la présence de l’Esprit Saint, condamnant et mortifiant la chair dans les deux cas. Le manque de ce jugement de la chair et de cette mortification est reconnu, par l’apôtre, comme possible, et même comme une chose à venir : « Il y aura un temps où ils ne supporteront pas le sain enseignement ; mais, ayant des oreilles qui leur démangent, ils s’amasseront des docteurs selon leurs propres convoitises ».
Je ferai encore remarquer,
dans le chap. 12 de 1 Cor., un autre enseignement que l’Esprit Saint nous y
donne. C’est que, bien qu’il distribue à chacun en particulier comme il lui
plaît, et emploie chacun comme il veut, de sorte que toute liberté doit être
maintenue pour ses opérations, il y a cependant des dons permanents qui
constituent les uns docteurs, les autres prophètes, etc. Toutefois l’exercice
de ces dons reste toujours dans une constante dépendance de l’action du Saint
Esprit lui-même. Enfin ces directions à l’égard des langues et des
interprétations, du nombre des prophètes qui parlent et de la manière dont ils
ont à parler, de l’obligation pour les femmes de se taire dans l’assemblée,
montrent le contrôle distinct de l’Esprit Saint lui-même (selon son ordre exprimé
dans la Parole) sur l’exercice de tous les dons confiés aux saints dans l’Église
, où il habite d’une manière permanente, et où il guide pour
l’édification de tous. La liberté et la dépendance pour être guidé
caractérisent le christianisme, et sont des traits distinctifs de la puissance
qui opère le vouloir et le faire
, et de la sagesse de Dieu envers nous
.
Le témoignage de l’Esprit au monde, et l’édification de l’Église, impliquent aussi un autre principe, outre les signes opérés par l’Église devant le monde — principe de service un peu modifié dans le cas de l’apôtre Paul — c’est que l’opération de l’Esprit, par le moyen d’un don, bien que ce soit en lui et par lui, précède la formation de l’Église.
Il est évident que le don pour l’évangélisation, bien qu’il fût dans un membre de l’Église, était nécessairement antécédent dans son caractère même à l’existence de l’Église, car c’est par son moyen que l’Église a été rassemblée.
Les apôtres, à Jérusalem, nous présentent l’application de ce principe sous sa forme la plus élevée, comme nous l’avons vu. Et bien que l’évangéliste sorte du milieu de l’Église et soit aidé par elle, c’est un don qui ne s’exerce pas envers elle, qui ne s’adresse pas à sa conscience, et qui, par conséquent, ne tombe pas sous sa compétence.
Ce don doit être exercé par le fait qu’on le possède, et la preuve s’en trouve dans les fruits qu’il porte, et qui se montrent par l’action opérée par l’Esprit de Dieu, sur la conscience des inconvertis pour les juger et non pour être jugés par eux, et pour leur apporter la vérité et la grâce de Jésus.
D’autres dons, comme celui de
prophétie, peuvent bien parler à la conscience, mais ils s’exercent dans
l’Église
, et l’Église, ayant une conscience enseignée par l’Esprit, est
tenue de juger ; il se peut que ce soit par d’autres prophètes, mais elle
est tenue de le faire. L’évangéliste, au contraire, est pour le monde, et là il
y a, de la part de l’Église, incompétence pour juger. Toutefois il peut recevoir
de ses frères, comme de la part du Seigneur, de saints conseils et d’utiles
avis. Comme aidant en grâce et temporellement, l’Église, ou plutôt chacun de
ceux qui la composent, fût-ce une simple femme, est tenu de n’avoir aucune
communion avec toute doctrine qui ne serait pas selon la Parole, et l’Église, à
cet égard, doit exercer toute la vigilance possible, afin de ne point
participer au péché. Ce principe s’applique à toute mauvaise œuvre ; mais
l’exercice du don d’évangéliste dans sa nature, bien qu’il découle du dedans de
l’Église, a son action au-dehors
, et ne s’adressant pas à la conscience
de l’Église, il n’est pas jugé par elle, tandis qu’elle est responsable devant
Dieu, de ce qui lui est adressé. L’évangéliste est responsable envers Dieu pour
l’exercice de son don envers ceux de dehors, et est manifesté dans leurs
consciences
devant Dieu.
Nous voyons cela sous sa forme la plus élevée le jour de la Pentecôte. Les apôtres de Jésus, établis par Lui, confirmés dans leur charge devant le monde par l’Esprit Saint venu en puissance, s’adressent à lui comme tels avec autorité. Ils forment ainsi l’Église, et, dans un sens subordonné, en deviennent les chefs pour guider, gouverner et diriger ceux qui étaient rassemblés. C’est ce qui, par la suite, donna son caractère à la charge apostolique.
L’évangéliste
devient ainsi, dans un certain sens, indépendant
de l’Église, bien que, comme homme
, il ne le soit jamais ; et
quoique le ministère d’évangélisation soit dans l’Église, cependant l’Église
n’est, à proprement parler, ni missionnaire, ni directrice de missions. Elle
est « une ville située sur une montagne », formée par des
missionnaires envoyés de la part de Dieu.
Le sentiment de ce qu’est la position de l’évangéliste est, je le crois, très salutaire à l’Église ; elle est ainsi gardée à sa place, et préservée du danger d’assumer celle de Dieu comme si c’était à elle à envoyer. Elle est rassemblée par les serviteurs de Dieu, et n’envoie pas. C’est Dieu qui le fait, bien que ceux qu’il envoie dans son amour, sortent du sein de l’Église. On le voit clairement dans le cas des premiers apôtres : « Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie », leur dit le Seigneur.
Mais cela était vrai de tous
les serviteurs portant ce caractère, bien qu’inférieurs en rang aux apôtres, et
même de tous les membres du corps lorsqu’ils avaient ce caractère de « dispersés
» et non de « rassemblés
», comme « allant
», et non comme « envoyant
». C’est ainsi qu’il est dit : « Ceux donc qui
avaient été dispersés, allaient
çà
et là, annonçant la parole » (Actes 8:4). Et même, avant cela,
Etienne, duquel nous pouvons dire qu’ayant bien servi, il avait acquis
« un bon degré » pour lui « et une grande hardiesse dans la foi
qui est dans le Christ Jésus » (1 Tim. 3:13),
Etienne, dis-je, rempli de l’Esprit Saint, était puissant dans la parole. De
même Philippe fut béni à Samarie, ce que les apôtres ayant appris, ils
envoyèrent Pierre et Jean pour confirmer l’œuvre, mais l’œuvre était faite
avant qu’ils en eussent entendu parler.
Tel est donc le caractère attaché, dans la Parole, à l’évangélisation. L’affaiblir aura pour effet l’affaiblissement de l’énergie individuelle et de l’Église ; car Dieu restera indépendant de l’homme, bien que celui-ci ne puisse l’être de Dieu, ni, en amour, de son prochain.
J’ai dit que, dans le cas de
Paul, la chose a été un peu modifiée, quoique clairement maintenue en principe.
Mais Paul sortit pour évangéliser, « comme un avorton », comme
quelqu’un né hors de terme, en un certain sens, après que le corps avait été
formé. Il reconnaît le fait, non en ce qu’il est envoyé par l’Église, mais en
ce qu’il en part et qu’il revient ensuite là
d’où il avait été
recommandé à la grâce de Dieu.
Il a le plus grand soin d’affirmer l’indépendance positive de sa mission. Elle n’était ni « de la part des hommes, ni par l’homme ». Aussitôt que Christ a été révélé en lui afin qu’il l’annonce parmi les gentils, il ne prend conseil ni de la chair, ni du sang, mais sur-le-champ il prêche Jésus dans les synagogues. Ainsi le caractère de ce ministère d’évangéliste est pleinement maintenu.
Après un certain laps de temps, Paul vient de Tarse à Antioche, amené là par Barnabas, où, pendant une année, ils s’assemblent avec la congrégation chrétienne, et enseignent une grande foule. Alors certains prophètes et docteurs étant là, tandis qu’ils jeûnaient et priaient, « l’Esprit Saint dit : Mettez-moi à part Barnabas et Saul, pour l’œuvre à laquelle je les ai appelés ». Ainsi directement envoyés par l’Esprit Saint, ils partent en obéissant à lui et non à l’Église. Ils sortent de son sein, ils sont recommandés par elle à la grâce de Dieu pour l’œuvre à laquelle il les avait appelés, puis reviennent au milieu d’elle. Ils ne lui envoient, dans l’intervalle de leur absence, aucun rapport comme étant responsables envers elle ; cela eût été déroger à la vraie charge apostolique, mais ils communiquent à tous, pour leur joie, ce que Dieu avait opéré par leur moyen. Ainsi, quoique ce ne fût pas un don exercé par un service dans l’Église, son union avec elle était maintenue, et par-là il y avait consolation pour tous. L’apôtre, envoyé ainsi par l’autorité de l’Esprit Saint du milieu de ceux qu’il avait rassemblés, devint l’apôtre des gentils.
Je me suis étendu sur
l’évangélisation, parce que si le don d’évangéliste n’était pas un signe pour
le monde, mais un ministère découlant de l’Église, il s’exerçait envers le
monde, et avait une place spéciale parmi les dons octroyés soit pour le monde,
soit pour l’Église. C’était, si je puis dire ainsi, un don moral
, c’est-à-dire
agissant sur la conscience, non sur celle de l’Église, mais sur celle de
l’homme naturel. Il n’est pas mentionné parmi les dons que Dieu a placés dans
l’Église (1 Cor. 12:28), mais se trouve parmi ceux que Christ, monté en haut, a
donnés aux hommes, pour l’utilité, pour l’œuvre du service et l’édification du
corps de Christ, comme l’ont été aussi les pasteurs et docteurs (Éph. 4:7-12).
Le fait qu’il n’est pas question du don d’évangéliste dans l’épître aux Corinthiens, mais bien dans celle aux Éphésiens, tient à ce que cette dernière a pour objet spécial l’amour de Christ envers le corps et la bénédiction de celui-ci dans son union avec Lui, et par conséquent a pour objet l’unité. L’ayant complètement rachetée, et l’Église qui est son corps, étant sa plénitude, à Lui qui remplit toutes choses, il lui fournit d’en haut les dons nécessaires à son avancement en grâce, à sa sécurité, pour qu’elle ne soit pas séduite et égarée, et à son édification afin qu’elle croisse jusqu’à Lui. L’Église n’y est pas envisagée comme manifestant Christ au monde, mais dans ce qu’elle est devant Lui et pour Lui, bien qu’en cela même, par le moyen de ceux qui ont le don d’annoncer l’évangile de son amour, elle soit sa compagne pour proclamer sa grâce.
Telle est sur ce point la
différence entre l’épître aux Éphésiens et celle aux Corinthiens. Dans
celle-ci, l’Esprit est considéré comme présent dans le corps et y opérant selon
la puissance de Dieu
: « Dieu
a placé dans l’assemblée… ». Il est là comme témoin de
la seigneurie de Christ et comme lui étant subordonné, et, par conséquent,
comprenant dans son opération ce par quoi le témoignage à cette seigneurie est
rendu dans le monde. Il s’ensuit que le don, dans son exercice, dépend à
plusieurs égards de la capacité de l’Église, capacité qui résulte de son état
moral, pour rendre ce témoignage, ou qu’il dépend de la sagesse de Dieu en se
servant ainsi du don.
Dans l’épître aux Éphésiens, il n’est pas fait allusion à l’état de l’Église. L’administration intérieure n’est pas le sujet qui y est traité, mais c’est l’amour de Christ pour son propre corps, l’Église, son épouse, celle qu’il chérit et nourrit comme sa propre chair, qu’il chérit et nourrit pour lui-même. C’est pourquoi nous y voyons Christ, monté en haut et remplissant toutes choses, donner des dons à l’Église qu’il a aimée. Il n’est pas dit dans cette épître que l’Esprit opère en puissance comme il lui plaît, mais il est dit : « À chacun la grâce est donnée selon la mesure du don de Christ » ; bien qu’il soit question de la même unité, mais ici plutôt comme bénédiction que comme position de membres dans le corps. Il ne s’agit donc pas du témoignage rendu à la puissance de Dieu qui s’élève au-dessus de la chair et de la ruine de l’homme, et rendu à la seigneurie de Christ ; mais de l’amour de Christ et du service de cet amour, ainsi que des conseils de Dieu à l’égard de la place qu’il a donnée à l’Église avec Christ. C’est pourquoi nous avons là un caractère plus permanent, car l’amour de Christ pour l’Église est immuable, et ne dépend pas de l’état moral de l’instrument qui manifeste la puissance, mais du besoin que l’Église a de cet amour tendre et plein de grâce, sur lequel nous pouvons compter (*). Je ne dis pas que nos fautes ne puissent empêcher la manifestation de l’amour par le simple et heureux sentiment de la faveur du Seigneur. Assurément cela peut être ; mais son amour à Lui est toujours en exercice.
(*) C’est pour cette raison que la puissance extraordinaire des apôtres et des prophètes n’a pas continué. Ils étaient quant à cette puissance le fondement. La Parole donnée par leur moyen demeure.
On dira peut-être que le
mauvais état de l’église à Corinthe montre que le ministère des dons ne dépend en rien de cet état
; car bien qu’il y eût tant de mal
chez eux, ils ne manquaient « d’aucun don ».
Cela montre, il est vrai, que
notre Dieu, qui est patient, ne retire pas l’honneur conféré par sa bonté dès
qu’il y a manquement, mais le principe attaqué dans l’objection n’en demeure
pas moins vrai. L’Église qui conservait encore son unité, bien qu’ayant manqué
dans la pratique, est reprise par l’apôtre sur tous les points où elle avait
manqué. Cela fait voir l’importance de l’énergie apostolique qui la soutenait
encore, et montre que sa sauvegarde n’était pas simplement sa position
première, mais que tandis qu’elle la gardait, bien que tombant dans le mal,
elle pouvait être restaurée par cette énergie et marcher dans l’ordre. Il ne
serait pas permis à Satan, après tout, d’avoir le dessus. Mais c’était bien la
preuve que, dans cette épître aux Corinthiens, ce qui était en question était
l’état et l’administration de l’Église, et non le tendre amour dont le cœur de
Christ est ému pour elle, se montrant dans les soins qu’il prend d’elle, son
Épouse. L’Église, à Corinthe, est vue comme le témoin responsable de la gloire
de Christ et non comme la plénitude de Celui qui remplit tout en tous. Dans
l’épître aux Éphésiens, c’est le précieux et saint privilège de la grâce, et
non la condition même de l’Église, qui est présentée comme le fondement et la
scène de la manifestation de Christ envers le monde. C’est ce que Christ est à
l’égard de l’Église, et non ce que l’Église est pour Christ, ni ce que Dieu a
placé dans son Chef et dans le corps, pour le monde qui l’entoure. Aussi y
est-il dit : « Jusqu’à ce que nous parvenions tous
à l’unité
de la foi, etc. ». C’est pourquoi, parlant du soin personnel et spécial de
Christ envers l’Église et de son amour pour elle, l’apôtre ne mentionne pas
« le Consolateur que le Père enverra en mon nom », ni « que je
vous enverrai d’auprès du Père », ni même les membres que Dieu a mis dans
le corps comme subordonnés à la seigneurie de Christ ; mais il présente
les dons que Christ, étant monté en haut, a donnés, après avoir emmené
« captive la captivité ». Celui qui remplit toutes choses les a
donnés comme gages de l’intimité de son amour. « Afin », est-il dit,
« qu’il remplît toutes choses », « et il a donné les uns comme
apôtres, etc. ».
Telle est donc la portion qu’a l’Église dans l’amour et les tendres soins de Christ pour elle, au milieu du déploiement de ce qu’il est comme remplissant toutes choses ; c’est là ce qui lui appartient à elle, son corps, le lieu de la manifestation de la suprême grâce. C’est ce qui est donné à l’Église, non pour manifester au monde la seigneurie de Christ, mais c’est le lien qui unit et associe l’Église à lui, pour l’élever dans les lieux célestes et la former en esprit jusqu’à toute la plénitude du Christ, la préservant d’être ballottée et emportée dans toutes sortes de doctrines étrangères, et agissant par le moyen du ministère pour la faire croître dans son caractère céleste et vers la plénitude du Christ. Tel est le caractère des dons dans l’épître aux Éphésiens. Ils sont le lien d’association avec la plénitude céleste de Christ.
L’Église est « la
plénitude de celui qui remplit tout en tous ». Mais Lui est aussi Chef sur
toutes choses à l’Église
qui est son corps. L’oint de Dieu occupe cette
place, afin que, selon cette onction, par une communion immédiate et par les
dons qu’il lui fait, il puisse, au moyen de l’exercice de ces dons, associer à
toute sa plénitude l’Église comme étant son corps.
Il ne s’agit pas ici
simplement du fait qu’il est Chef sur toutes choses à l’Église, mais de
l’introduction dans l’intelligence
de la plénitude selon laquelle il
remplit toutes choses, comme étant descendu dans la mort et étant ensuite monté
en haut, afin de remplir toutes choses. Par la communication des dons du
Christ, de l’oint, le corps est amené et introduit d’une manière intelligente
et spirituelle, dans cette plénitude et y est associé réellement, bien que
d’une manière subordonnée. Telle est la portion de l’Église ; c’est un
degré plus élevé et plus intime que le témoignage à rendre à la seigneurie de
Christ, ou même que d’être participant de ce témoignage, bien que ce soit dans
cette sphère que l’on jouisse de cette position. Car en fait la plénitude en
Christ implique la divinité, bien que la communion avec la plénitude soit communiquée
par le moyen de l’homme-Oint, ou, du moins, par le
ministère des dons.
Il « remplit tout en tous », et l’Église est « sa plénitude » ; mais cela est dit de Celui que Dieu — le Dieu de notre Seigneur Jésus Christ — a ressuscité d’entre les morts, et être sa plénitude, cela est précisément la relation de l’Église avec Christ comme homme ressuscité. Il est dans le Père, et par conséquent divin, nécessairement et essentiellement ; nous sommes en Lui, et lui est en nous. « En lui, toute la plénitude s’est plu à habiter », et plus loin, comme fait, l’apôtre dit : « En lui habite toute la plénitude de la déité corporellement » ; et nous sommes « accomplis (ou remplis) en lui ».
Mais le passage qui précède
immédiatement dans les Éphésiens celui qui nous a occupés relativement aux dons
(chap. 4), je veux dire la fin du chap. 3, traite le sujet plus directement en
rapport avec la puissance en
nous. Cela vient de ce que l’épître aux Colossiens présente davantage la plénitude du Chef pour
l’Église, tandis que l’épître aux Éphésiens nous parle de l’Église comme étant
la plénitude de Celui qui remplit tout en tous, c’est-à-dire comme étant le
complément, le corps de Celui qui est Chef sur toutes choses, et remplit toutes
choses. Au chap. 3, v. 16 et suivants, il est écrit : Qu’il vous donne
« d’être fortifiés en puissance par son Esprit, quant à l’homme
intérieur… afin que vous soyez capables de comprendre avec tous les saints
quelle est la largeur et la longueur, et la profondeur et la hauteur — et de
connaître l’amour du Christ, qui surpasse toute connaissance ; afin que
vous soyez remplis jusqu’à toute la plénitude de Dieu ». Ainsi l’Esprit
Saint devient en nous la puissance et la force de cette plénitude. Le chapitre
second, après avoir établi que Juifs et gentils avaient par Jésus « accès
auprès du Père par un seul Esprit », avait introduit la vérité
additionnelle qu’ils étaient « édifiés ensemble, pour être une habitation
de Dieu par l’Esprit ». Ce point, ayant été pleinement développé dans la
parenthèse du chap. 3, l’apôtre reprend, au chap. 4, le sujet de la fin du
chap. 2, et en même temps celui de l’unité mentionnée dans le chap. 1.
Nous sommes « fortifiés
en puissance par son Esprit… de sorte que le Christ habite dans nos
cœurs », et qu’ainsi nous soyons « enracinés et fondés dans
l’amour », afin que nous soyons « capables de comprendre avec tous
les saints
» la plénitude de bénédiction et de gloire qui se trouve
dans le conseil divin, et que nous connaissions l’amour incompréhensible de
Christ, de sorte que nous soyons remplis de cette plénitude. Nous la trouvons
donc en Christ
, et elle est connue par l’Esprit Saint demeurant en nous.
Ainsi la plénitude de Dieu est connue en Christ
, car c’est en Lui que
nous y sommes introduits, et cela par une puissance qui opère en nous, afin que
nous entrions dans ce à quoi nous avons été amenés. « Or à celui qui peut
faire infiniment plus que tout ce que nous demandons ou pensons, selon la
puissance qui opère en nous, à lui gloire dans l’assemblée », c’est ainsi
que conclut l’apôtre. Or cette précieuse plénitude — dont l’unité de l’Église
unie à Christ est le centre et la scène où elle se développe, en même temps
qu’elle s’étend à toute la sphère où se déploie la gloire universelle de Dieu —
cette plénitude, dans l’amour de Christ, le Chef, pour l’Église, son corps, lui
est communiquée pour l’accroissement du corps par le moyen des dons de Christ.
Ils sont les ministères de Christ, la Tête, dans le corps. Ils sont ses dons,
pour l’édification de son
corps, afin que nous croissions dans la
plénitude de Christ
, de laquelle nous venons de voir le caractère.
Cela nous fait connaître le caractère des dons. Ici il n’est pas fait mention de l’Esprit d’une manière positive, bien que sans doute il soit l’agent de la puissance (*), mais les dons sont donnés par Christ, qui remplit toutes choses, afin d’introduire dans sa plénitude l’Église, dans laquelle l’Esprit Saint demeure — sa plénitude étant celle de Dieu, puisqu’en Lui toute la plénitude habite, qu’il remplit tout en tous, et que l’Église est sa plénitude (**).
(*) Voyez chap. 2:22 ; 3:16. Mais le chap. 3 nous a montré l’Église amenée en union avec la plénitude divine, nous étant en Christ et Christ demeurant en nous, et c’est pourquoi le sujet est poursuivi ici en présentant Christ administrant par le moyen des dons et dans la puissance de cette plénitude, pour introduire l’Église dans la joie, la sécurité et la communion de la plénitude.
(**) Éphésiens 1 nous fait voir spécialement les saints placés devant Dieu ; le chapitre 3 présente Christ demeurant en eux, afin qu’ils réalisent sa plénitude.
En résumé, nous avons dans ce chap. 4, Christ donnant, selon sa plénitude bénie et dans son amour, aux membres de son corps, des dons afin qu’ils croissent « en toutes choses jusqu’à lui qui est le Chef », « jusqu’à ce que nous parvenions tous à la mesure de la plénitude du Christ ». Il ne s’agit donc pas de la manifestation de sa seigneurie au monde, de l’Esprit agissant en vue de cette manifestation, distribuant divinement comme il lui plaît, et de Dieu opérant tout en tous ; mais c’est Christ donnant à l’Église des dons, pour servir sur le terrain de l’union de l’Église avec Lui, et la faire entrer dans la communion de sa plénitude.
Je m’arrêterai un moment sur le caractère des dons mentionnés ici. Nous verrons qu’ils sont en rapport avec le caractère spécial de choses données à l’Église, et non pour être un témoignage rendu par l’Église au monde.
Ayant insisté auprès des
saints afin qu’ils marchassent individuellement dans cette humilité que devait
produire le sentiment de l’excellence de leur appel — appel qui avait son
existence dans l’unité de l’Esprit gardée dans le lien de la paix — l’apôtre
continue en déclarant quels sont les dons (et si ce sont des dons
, il n’y a rien dont l’homme puisse se glorifier) que Christ a
donnés aux hommes après son exaltation. Ils viennent de la part de Celui qui
est descendu d’abord dans les parties inférieures de la terre, mais qui
maintenant est monté au-dessus de tous les cieux, afin qu’il remplît toutes
choses. La captivité étant emmenée captive, c’est-à-dire les puissances des
ténèbres qui tenaient l’Église captive, étant elles-mêmes emmenées en
captivité, Christ pouvait librement faire entrer l’Église, ainsi délivrée, dans
la communion de sa plénitude, et dans cet acte il manifestait comment il
remplit toutes choses. En conséquence, en vue de ce dessein, il donne ces
dons : les uns apôtres, les autres prophètes, les autres évangélistes, les
autres pasteurs et docteurs. C’est ce dont maintenant je désire parler.
Il faut remarquer que tous
les dons qui devaient être des signes
pour
le monde sont entièrement omis : tous
ceux qui avaient affaire avec
la nature, et tous
ceux même qui
avaient affaire avec la chair dans l’Église. Ceux-là seulement sont mentionnés
qui commençaient l’œuvre et qui édifiaient l’Église. Ainsi il n’est pas
question de miracles, de langues, de guérisons, d’aides et de gouvernements,
mais d’apôtres et d’évangélistes, de prophètes, de pasteurs et de docteurs.
Quant aux apôtres, ce qui en a été dit nous conduira à saisir quelques distinctions à faire dans cette charge. Primitivement ils ne font pas, à proprement parler, partie du corps ; ils le rassemblent. La maison est bâtie sur eux. Ainsi les douze furent envoyés par Jésus comme lui-même l’avait été par le Père. Paul le fut directement par le Seigneur. Mais, sous un autre point de vue, ils avaient une place dans le corps, dans l’exercice continuel de leurs fonctions. Sous le premier caractère, ils étaient seuls, sauf en un point particulier qu’ils possédaient en commun avec les prophètes, celui de révéler la pensée de Dieu. Mais comme ayant autorité par révélation d’être les régulateurs de l’Église, ils avaient une place spéciale et déterminée. Sous le rapport de la révélation de la pensée et de la volonté de Christ et de Dieu, les prophètes pouvaient leur être associés, mais ceux-ci n’avaient pas dans leur office une autorité déléguée du Seigneur comme envoyés. La sainte bonté de Dieu se voit évidemment dans cet arrangement.
Ainsi, tandis que l’Église était gouvernée et maintenue en ordre par l’autorité et sous la responsabilité d’un apôtre, cependant on devait dire : « édifiée sur le fondement des apôtres et prophètes ». Comme révélant la pensée de Dieu et posant le fondement, leur œuvre est complète et achevée.
La parole de Dieu a été écrite par eux pour nous. Les fruits de leur autorité pour gouverner et ordonner ont été laissés à la responsabilité de l’homme, et comme dans toutes les autres dispensations, l’homme a manqué entièrement. Mais la révélation de la volonté de Dieu est complète. Elle subsiste pour nous afin que nous nous y référions par l’Esprit, selon la lumière de la Parole dans notre condition présente, et non par imitation mais par obéissance. C’est pourquoi la tradition disparaît, car tout au plus est-elle imitation, et non obéissance, distinction très importante à faire, comme on le trouvera bientôt si l’on met la chose à l’épreuve.
Mais en outre, il est clair pour moi que, dans un sens subordonné, les apôtres et prophètes avaient, à côté de cela, une autre place. Il est évident que les apôtres ne s’attendaient pas à ce qu’il y eût continuation de leurs fonctions, car Paul, annonçant le mal qui s’introduirait après son départ, recommande les saints à Dieu et à la parole de sa grâce, et Pierre dit qu’il prendra soin de les faire ressouvenir des choses qui leur avaient été enseignées (Actes 20:32 ; 2 Pierre 1:12). Et d’ailleurs, toute personne familière avec le Nouveau Testament verra que le caractère de la responsabilité de l’Église est fondé sur l’absence de tout soin direct d’une autorité apostolique. L’Église n’aurait pu s’en remettre, comme étant une autorité complète et absolue, à ceux qui avaient communiqué la volonté du Seigneur, et avant le départ desquels il avait commencé à agir en jugement, si d’autres hommes également autorisés à être des communicateurs de la pensée divine eussent dû être constamment présents dans l’Église, et avec la même autorité. Le fait que dans toute dispensation Dieu place l’homme sous la responsabilité de garder un dépôt qui lui est confié, c’est-à-dire tout le principe des voies de Dieu jusqu’à la fin, aurait été entièrement mis de côté, les prétentions élevées par les apôtres eussent été convaincues de fausseté, et la Bible eût été rendue inutile, s’il y avait eu une continuelle succession de communications revêtues d’une égale autorité. Car le principe de la charge dont nous parlons maintenant est la révélation avec autorité de la volonté de Christ.
Nous voyons donc que, dans un sens, le ministère apostolique précède l’Église, celle-ci étant rassemblée par son moyen. Son caractère est ainsi de rassembler en révélant avec autorité la volonté de Christ, parce que le témoignage rendu à Christ dans la puissance de l’Esprit, par les apôtres eux-mêmes ou par d’autres, attire et vivifie les âmes. C’est sous ce rapport que les apôtres étaient des évangélistes, autre témoignage que leur don était de Dieu, témoignage aussi qu’il pouvait dans sa souveraineté communiquer à d’autres des parties importantes de ce don ; mais le service apostolique trouvait aussi sa place dans l’Église, ce qui n’avait pas lieu pour le simple don d’évangéliste, puisque le service de l’apôtre était, dans l’Église, de gouverner et de mettre en ordre, selon la volonté révélée du Seigneur, ceux qui avaient été rassemblés.
Comme nous l’avons vu
précédemment, un principe nouveau fut introduit par l’apostolat de Paul, et même
avant, lors de la dispersion de l’église de Jérusalem. Ce principe est celui de
l’action individuelle
selon l’énergie
de l’Esprit, l’action de chacun selon la mesure qui lui en est donnée,
l’opération se prouvant par elle-même et par sa propre efficacité. C’est ainsi
que Paul justifie son ministère : « Les signes d’un apôtre ont été
opérés [par moi] au milieu de vous » ; et il écrivait à
Timothée : « Accomplis pleinement ton service », et
encore : « Que personne ne te méprise ». C’est pourquoi, bien
que ne subsistant plus avec l’autorité de révéler la volonté de Dieu, ni avec
la puissance dans l’assemblée, il me semble que, dans un sens subordonné, le
don d’apôtre et de prophète n’a point passé. Barnabas
était un apôtre ; Andronique et Junias étaient distingués parmi les apôtres, et une église
est louée pour avoir éprouvé des hommes qui se disaient apôtres, et qui ne
l’étaient pas, et les avoir trouvés menteurs. Il est probable que ces faux
apôtres prétendaient à l’apostolat dans sa forme la plus élevée, mais l’église
n’aurait pas été louée de les éprouver, s’il avait été question seulement de
Paul et des douze. À la vérité, le mot apôtre, bien qu’il ait maintenant un
sens déterminé, signifie proprement quelqu’un qui est envoyé, un missionnaire.
C’est ainsi que, dans le texte original, où nous trouvons à propos d’Épaphrodite, ces mots « votre envoyé »,
l’expression employée est « votre apôtre ». Épaphrodite,
le messager de l’église de Philippes, est appelé son « apôtre ».
Ce qui semble être le caractère distinctif de l’apôtre, c’est d’être envoyé directement par Christ, suscité pour agir sous sa propre responsabilité envers Christ. Ce n’était pas simplement un don exercé dans telle ou telle occasion sujette aux règles de l’Église, pour annoncer au-dehors la bonne nouvelle aux pécheurs, mais c’était quelqu’un envoyé par Christ, agissant de sa part sous sa propre responsabilité envers Lui, ayant une mission qui lui était donnée, et une sphère dans laquelle il devait l’accomplir. Dans ce sens, bien que l’autorité primitive pour la révélation de la volonté de Dieu, pour rassembler et régler l’ordre dans l’Église, se limite clairement dans l’Écriture au ministère des apôtres, je ne vois pas que le service apostolique ne puisse encore subsister, et n’ait été exercé, sans que le nom y ait été attaché. Il y a eu des hommes suscités et envoyés de Dieu pour accomplir une mission spéciale, pour effectuer certains résultats dans l’Église, ou pour agir sur les pécheurs, n’apportant pas de nouvelles révélations, mais travaillant pour remplir leur mission avec une énergie spéciale, au-delà des limites d’un simple don circonscrit dans son exercice dans l’Église, mais don spécial dans sa relation avec Christ. La fidélité dans l’accomplissement de leur mission, le mélange d’autres choses avec elle, ou les manquements à la suivre nettement dans des cas particuliers, ne me semblent pas affecter la question.
De la même manière, les
prophètes, associés aux apôtres comme fondement, parce qu’ils révélaient la
pensée de Dieu, peuvent, je pense, exister encore dans un sens subordonné. Ce
n’est pas que personne puisse révéler de nouvelles vérités non contenues dans
la Parole, car sans cela le fondement ne serait pas complètement posé, chose
impossible à admettre ; mais il peut y avoir des hommes qui, non seulement
enseignent et expliquent la doctrine connue et profitable, qui exposent les
vérités, et guident dans la vérité présente, mais qui, par une énergie spéciale
de l’Esprit, peuvent développer et communiquer à l’Église, quand celle-ci l’ignore,
la pensée de Christ renfermée dans la Parole ; des hommes qui peuvent
faire ressortir, dans la puissance du témoignage de l’Esprit Saint, des vérités
auparavant cachées et les porter à la connaissance de l’Église, afin de les
appliquer à celle-ci dans les circonstances actuelles où elle se trouve, et
aussi à l’avenir du monde, en montrant les choses futures. Mais il faut se
rappeler que ces choses sont toutes actuellement déposées dans l’Écriture,
seulement ils peuvent leur donner une application présente et en montrer la
portée selon la pensée, l’intention et la puissance de Dieu. Ils sont ainsi pratiquement
des prophètes — bien qu’il
n’y ait pas de nouveaux faits révélés, et que tout se trouve déjà dans la
Parole — et ils sont une bénédiction et un don positif de Christ à l’Église,
adapté à la situation où elle se trouve et à ses besoins. Bien qu’ils
s’attachent strictement à la Parole, sans leur ministère, l’Église n’aurait pas
saisi la portée et la puissance de cette Parole.
Je regarde comme l’essence
même de la sécurité de l’Église, cette référence constante à la Parole, en
reconnaissant en même temps la présence de l’Esprit de Dieu, le Consolateur, et
en demeurant dans sa dépendance. Je parle de la Parole écrite, comprenant
maintenant pour nous le Nouveau Testament avec l’Ancien, cette Parole dont Paul
disait : « Sachant que dès l’enfance
(*)
tu connais les saintes lettres, qui peuvent te rendre sage à salut par la foi
qui est dans le Christ Jésus ». Aucune tradition ne peut remplacer au
moindre degré ces saintes lettres ; tout au plus la tradition peut-elle
servir à assurer à l’esprit des hommes la certitude de certains points. Voyez à
quoi l’apôtre, près de son départ, en leur affirmant qu’ils ne verraient plus
sa face, renvoie les anciens d’Éphèse, donnant ainsi une preuve évidente qu’il
n’avait pas la pensée qu’aucun apôtre, que nul successeur ne le remplacerait.
« Je vous recommande à Dieu », dit le fidèle témoin de Christ ;
c’est le premier grand point ; il faut toujours — et d’autant plus maintenant
que l’apôtre est loin — chercher directement tout en Dieu : « Je vous
recommande à Dieu, et à la parole de sa grâce, qui a la puissance d’édifier
».
C’était là exactement ce qui était nécessaire. Que le docteur développe
cette parole de la grâce, que le pasteur guide par son moyen le troupeau, ou
que le prophète l’applique en puissance, c’est la Parole qui a la puissance
d’édifier et de donner l’héritage. Aucune tradition, quelque utile qu’elle
puisse être à sa place, n’est une parole de la grâce de Dieu. Elle peut servir
à régler certaines formes, rappeler des règlements d’église, ou même conserver
une forme de saine doctrine, mais ce n’est pas la parole de la grâce « puissante pour édifier
».
(*) Quelques-uns ont méprisé cette connaissance de Timothée comme étant selon la chair
Ce que je viens de dire montre donc clairement dans quel sens — subordonné sans doute et inférieur — il peut y avoir maintenant des apôtres et des prophètes, le don de ceux-ci se rapprochant davantage de son caractère primitif. La révélation de vérités nouvelles, inconnues et non révélées, étant tout à fait exclue, les prophètes, exprimant la pensée de Dieu, pouvaient parler et le faisaient pour l’exhortation, l’édification et la consolation des saints, en leur appliquant ainsi la parole de Dieu. C’est ce que faisaient les prophètes les plus éminents d’autrefois.
Nous voyons que ces parties subordonnées du don d’apôtre et de prophète, étaient le partage d’autres, et répandues dans l’Église, afin que l’unité et la déférence mutuelle fussent maintenues. Celui qui exhortait devait s’appliquer à l’exhortation, et celui qui enseignait, sans être nécessairement un docteur, devait s’appliquer à l’enseignement, employant ainsi le talent qui lui était confié.
Ces deux services, je veux
dire le ministère apostolique et le ministère prophétique, pouvaient, en un
sens, être appelés extraordinaires, en tant qu’ils s’exerçaient dans des
occasions spéciales et pour des objets particuliers, bien que toujours en
témoignage à la bonté de Dieu et pour la gloire de Christ. Les évangélistes
avaient un autre caractère ; ils portaient aux pécheurs le témoignage
naturel et constant de la grâce révélée dans la bonne nouvelle de Dieu dont ils
étaient les hérauts, dans ce que nous nommons l’Évangile. Tout fidèle pouvait
l’annoncer, mais il y avait des hommes spécialement doués pour le proclamer.
Timothée est exhorté à le faire, à côté des soins qu’il donnait à l’Église à la
place de l’apôtre. Il est toujours salutaire dans un cas semblable à celui de
Timothée, et c’est un bon signe, de travailler dans le sentiment de la grâce de
Christ, et c’est en général un mauvais signe quand on ne le fait pas. Sans le
sentiment de la grâce de Christ, qui porte à agir auprès des pécheurs, personne
ne comprendra profondément le fondement de l’amour. Les apôtres travaillaient à
l’œuvre de l’évangélisation. Par elle on comprend ce que valent les âmes. La grâce
proprement dite est sentie et
appréciée dans le cœur, et nous sommes sur le terrain où nos âmes en ont
éprouvé pour elles-mêmes le besoin.
La classe suivante est celle des pasteurs et docteurs. Ces deux ministères sont mis ensemble, parce que veiller sur les âmes et les nourrir par la Parole et selon la Parole, sont des fonctions clairement et intimement unies. Toutefois, celle du pastorat renferme le soin de guider avec une sainte sagesse et avec grâce, et d’appliquer la Parole à l’âme des saints, selon leur état. Nous avons vu la partie subordonnée de cette tâche donnée pour s’exercer par elle-même : « Que celui qui enseigne s’applique à l’enseignement » ; mais ici, le don est de guider comme pasteur, de conduire et de paître le troupeau, d’appliquer la Parole avec sagesse, de veiller à ce que les hérésies ne s’introduisent pas, d’édifier par la Parole, de garder les saints et de les garantir du mal, conduisant leurs pas dans des sentiers de droiture ; en un mot, c’est de leur donner tous les soins nécessaires pour le bien-être et le bon état de leurs âmes. Ce n’est pas, comme on l’a fait remarquer, un gouvernement qui réprime la chair, mais un ministère de grâce qui nourrit et chérit, qui dirige et qui paît le troupeau : quelques-uns sont « pasteurs et docteurs ».
Tels sont les ministères indiqués au chap. 4 des Éphésiens. Les deux premiers, les apôtres et les prophètes, étaient, dans leur caractère primitif, le fondement, des dons extraordinaires ; les trois derniers, évangélistes, pasteurs et docteurs, étaient des ministères ordinaires et permanents dans l’Église, pour l’édifier dans la plénitude de Christ connue et communiquée par ce moyen, afin que le corps de Christ prît son accroissement jusqu’à Lui, le Chef, et que, selon l’opération de chaque partie dans sa mesure, cet accroissement fût produit pour l’édification de lui-même [le corps] en amour.
L’objet premier et principal
était la perfection des saints, c’est-à-dire qu’ils fussent formés et façonnés
selon le modèle de cette plénitude et crussent jusqu’à elle. Mais il y avait,
pour amener ce résultat, un objet instrumental, l’œuvre du service et
l’édification du corps de Christ. Pour marquer la différence de caractère de
ces deux objets pour lesquels les dons sont donnés par Christ, l’original
n’emploie pas les mêmes expressions. Il y a d’abord « en vue
du
perfectionnement des saints », et ensuite « pour
l’œuvre du
service, etc. ». L’œuvre du ministère est simplement et clairement
subsidiaire, et l’édification du corps de Christ, pour la parfaite jouissance
de la plénitude par les saints, est l’objet direct et positif. Les deux autres
étaient le service et la forme de bénédiction dans lesquels cet objet ou ce but
s’accomplissait et vers lequel, par conséquent, tendaient ces dons, jusqu’à ce
que nous parvenions tous à l’unité de la foi et de la connaissance du Fils de
Dieu, à l’état d’homme fait à la mesure de la stature, en pensée et en
bénédiction, de la plénitude du Christ, dont nous avons parlé précédemment. Et
cela, afin que nous ne soyons plus ni de petits enfants, ni ballottés et emportés
çà et là par tout vent de doctrine dans la tromperie des hommes, en étant
préservés par le moyen de ces dons de Dieu.
Nous voyons ainsi
l’importance de ces dons, et la bénédiction qui en résulte. Ils sont
positivement faits par Christ qui veut le bien en grâce, et confiés à des
hommes pour le bien de l’Église et pour que la précieuse plénitude de Christ
lui soit communiquée. Nourrie de ce qui est bon, par le moyen de ces dons, elle
est gardée contre l’habileté des hommes à user de voies détournées pour égarer
les âmes. Ces dons sont faits à l’Église, non pas à tous, mais pour
tous. Il est très important pour leur développement qu’il y ait une pleine et
entière liberté de ministère. Ils ne peuvent se développer réellement et
vraiment bien que de cette manière. C’est pourquoi, pour empêcher que la porte
fût fermée à l’exercice d’un don, Dieu en a fait une affaire de responsabilité
personnelle, en ordonnant « que celui qui exhorte s’applique à
l’exhortation, et celui qui enseigne à l’enseignement », et encore :
« Suivant que chacun de vous a reçu quelque don de grâce, employez-le les
uns pour les autres, comme bons dispensateurs de la grâce variée de
Dieu ». C’est ainsi que « Judas et Silas,
qui eux aussi étaient prophètes, exhortèrent les frères par plusieurs discours
et les fortifièrent ».
Par l’exercice de chaque don à sa place, ainsi que le dit l’apôtre, tout le corps est « bien ajusté et lié ensemble par chaque jointure du fournissement, produit, selon l’opération de chaque partie dans sa mesure, l’accroissement du corps pour l’édification de lui-même en amour ». Mais remarquons bien que ces ministères sont tous pour l’édification et l’accroissement du corps, et non pour un témoignage extérieur au monde de la seigneurie de Christ. Ils sont la manifestation de son amour pour l’Église, en lui communiquant de sa plénitude ; et ainsi en l’édifiant en elle ; mais ils ne sont pas devant le monde l’affirmation et la preuve de sa seigneurie.
L’unique autre allusion distincte que je connaisse relative au sujet traité dans ces pages, se trouve dans l’Apocalypse. J’en parlerai brièvement, vu le caractère tout particulier de ce livre. Dans les trois premiers chapitres, l’unité du corps cesse d’être reconnue, et l’on n’y voit pas l’Esprit agissant dans l’Église dans la puissance de cette unité du corps dont Christ est la Tête. Christ y est envisagé dans un caractère judiciaire, bien que sacerdotal, au milieu des églises, et l’Esprit s’adresse à elles et les avertit prophétiquement ; il n’est pas un don en elles. Nous y lisons : « Que celui qui a des oreilles écoute ce que l’Esprit dit aux assemblées ». Il pouvait y avoir un don dans l’apôtre à qui les communications sont faites, mais tel est le caractère de l’avertissement ; il est individuel, et c’est pourquoi chacun de ceux qui a une oreille pour entendre est individuellement sommé d’écouter pour lui-même.
Après cela, l’Esprit est vu dans sa plénitude dans le ciel, et non dans l’Église, et il est envoyé comme l’agent providentiel de la puissance de l’Agneau, comme les sept esprits de Dieu envoyés sur toute la terre. Ce n’est plus du tout la puissance de communion et de dons dans l’Église. Mais à la fin, il est vu de nouveau dans l’Église envisagée comme l’Épouse, et dirigeant les désirs et les aspirations de celle-ci vers un unique objet, la venue de l’Époux : « L’Esprit et l’Épouse disent : Viens ! » et cela clôt toute la scène.
Ainsi j’ai retracé les opérations de l’Esprit dans l’individu comme Esprit d’adoption, son office le plus élevé et le plus précieux en nous ; ensuite comme le Consolateur envoyé pour agir souverainement afin de convaincre et de guider, ainsi que nous le voyons dans l’évangile de Jean.
Ces opérations, après que le corps de Christ est formé, se retrouvent, dans son action et son caractère au milieu des membres du corps. D’abord, nous le voyons comme témoin de la seigneurie de Christ, agissant dans les membres du corps ; ensuite, comme administrant les dons de l’amour de Christ à son corps pour le faire croître jusqu’à la plénitude de Christ ; et enfin, comme témoin prophétique et judiciaire pour les églises elles-mêmes, puis seulement dans le ciel quant à ce qui regarde l’Église, mais agissant sur la terre.
J’ai cherché à développer aussi complètement que possible les opérations de cet agent béni de la puissance divine, en nous et envers le monde. J’en ai indiqué, je crois, les principaux points ; je ne prétends à rien de plus. Ceux qui désirent approfondir davantage ce sujet, doivent le faire avec l’aide de l’Esprit Saint dans la Parole même. Et puissent-ils, en s’y arrêtant comme sur un sujet de méditation, être conduits à s’attendre à l’Esprit Saint lui-même dans sa présence et sa puissance personnelles, comme à Celui qui est avec l’Église, le Consolateur promis et qui a été envoyé. Et qu’ils ne se contentent pas d’avoir des pensées à son égard, mais qu’ils soient conduits, animés et dirigés par lui, et l’honorent comme fortifiés par lui en toutes choses.
C’est là le besoin spécial de l’Église.
Je désire présenter quelques remarques d’une tendance pratique et d’un haut intérêt, sur les effets de la présence de l’Esprit Saint dans le chrétien.
L’Esprit de Dieu, comme
demeurant en nous, peut être envisagé sous deux aspects. En premier lieu, il
nous unit au Seigneur Jésus, de sorte que sa présence se lie intimement avec la
vie
, cette vie qui est en Jésus
(Jean 14:19, 20 ; Gal. 2:20). « Celui qui est uni au Seigneur, est un
seul esprit avec lui ». En outre, sa présence est celle de Dieu
dans l’âme.
L’Écriture, parlant de
l’Esprit Saint sous le premier de ces caractères — parfois uni au second — dit
que « la loi de l’Esprit de vie dans le Christ Jésus », nous a
« affranchis de la loi du péché et de la mort », de sorte que
« l’Esprit est vie à cause de la justice » (Rom. 8:2, 10). Mais il
est dit aussi : « Si du moins l’Esprit de Dieu
habite en vous » (v. 9), et ainsi
sa demeure et son action sont confondues, puisque (en tant qu’elles se manifestent
par la formation du caractère de Christ dans l’âme) « l’Esprit de
Dieu » devient « l’Esprit de Christ ».
Le « Christ en
vous », du v. 10, exprime l’idée plus clairement, surtout parce que
l’apôtre ajoute : « Si Christ est en vous… l’Esprit est vie
».
Mais au v. 16, l’Esprit Saint est soigneusement distingué du chrétien, car il
est dit : « L’Esprit lui-même rend témoignage avec notre
esprit ». Dans les v. 26 et 27, les deux caractères de la présence de
l’Esprit sont présentés d’une manière remarquable dans leurs connexions
mutuelles (*), car « la pensée de
l’Esprit » connue de Dieu qui sonde les cœurs, est la vie de l’Esprit dans
le saint. Mais, d’un autre côté, « l’Esprit nous est en aide dans notre
infirmité », et « lui-même intercède pour les saints, selon
Dieu ». La raison de tout cela est simple. D’une part, l’Esprit est là, et
agit avec puissance selon la pensée de Christ ; d’autre part, et en
conséquence de cette opération, les affections, les pensées et les œuvres sont
produites, et sont celles de l’Esprit, mais cependant elles sont aussi les
nôtres, puisque nous y participons avec Christ, « notre vie » (Col.
3:2, 3) ; car « Dieu nous a donné la vie éternelle, et cette vie est
dans son Fils : Celui qui a le Fils a la vie » (1 Jean 5:11, 12).
(*) Le sujet est largement développé dans la deuxième partie du traité : « Les opérations de l’Esprit de Dieu ».
Mais l’effet du second
caractère de la présence de l’Esprit Saint est encore plus important. L’Esprit
est l’Esprit de Dieu ; il est Dieu, et, par conséquent, il est la
révélation de la présence et de la puissance de Dieu dans l’âme ;
révélation connue par
et dans
une nouvelle nature qui est de Lui.
Par conséquent, ce qui est dans la nature et le caractère de Dieu se développe
là où Dieu habite, c’est-à-dire dans l’âme du saint. Non seulement cela est
produit dans le nouvel homme, la création de Dieu, mais l’âme en est remplie,
parce que Dieu est là, et qu’il y a communion avec Lui.
Par exemple, la nouvelle nature aime, et cet amour est la preuve que l’on est « né de Dieu », et que l’on connaît Dieu. Mais ce n’est pas tout : il y a en outre, la demeure de l’Esprit Saint en nous, c’est-à-dire la présence de Dieu qui nous a communiqué cette nouvelle nature. C’est pourquoi nous lisons : « L’amour de Dieu est versé dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné » (Rom. 5:5). Nous sommes aimés : nous le savons, et nous en avons la preuve dans le don qui nous a été fait de notre précieux Sauveur, et dans sa mort pour nous (v. 6-8). Mais il y a quelque chose de plus : l’amour parfait et infini versé dans nos cœurs (pauvres vases que nous sommes), et l’Esprit Saint, qui est Dieu, est là, et il peut y être, parce que nous sommes purifiés par le sang de Christ ; il est là pour remplir ces vases de ce qui est divin, de l’amour de Dieu. Et il est aussi ajouté que nous nous glorifions en Dieu.
C’est pourquoi, envisageant la présence de l’Esprit comme une démonstration de puissance dans l’âme, l’apôtre Jean affirme que « par ceci nous savons qu’il demeure en nous, savoir par l’Esprit qu’il nous a donné » (1 Jean 3:24). Mais comme cela aurait pu être appliqué seulement à l’énergie variée de l’Esprit dans l’âme, il est affirmé plus loin que « l’amour est consommé en nous », savoir l’amour de Dieu envers nous. Ici, il n’est plus question de nous, de nos affections, de nos pensées ; mais l’âme est remplie de la plénitude de Dieu qui ne laisse de place pour rien d’autre. Il n’y a dans le cœur aucun désaccord qui gâte le caractère essentiel de l’amour divin. Dieu, complet en lui-même, exclut tout ce qui lui est contraire, autrement il ne serait plus Lui-même.
Pour éviter le mysticisme
,
qui est la corruption, par l’ennemi, de ces vérités, l’Esprit Saint ajoute par
le même écrivain : « En ceci est l’amour, non en ce que nous, nous
ayons aimé Dieu, mais en ce que lui nous aima » (1 Jean 4:10), et la
preuve en est basée sur ce qui est au-dessus de toute pensée et de toute
connaissance humaines, savoir sur les actes de Dieu lui-même en Christ.
D’un autre côté, la présence
de l’Esprit n’est pas la preuve que Dieu demeure en nous, puisque les deux
choses sont identiques, mais il est écrit : « Par ceci nous savons
que nous
demeurons en lui
et lui en nous, c’est qu’il nous
a donné de
son Esprit ». Cette
présence de Dieu en amour, non seulement remplit nos âmes si bornées, mais nous
place en Lui
qui est infini en amour.
Unis à Christ par l’Esprit Saint, ayant la même vie avec lui, et l’Esprit
agissant en nous, nous demeurons en Dieu, et Dieu en nous. C’est pourquoi il
est dit que « Dieu nous a donné de son Esprit », c’est-à-dire que
Dieu, en vertu de sa présence et de sa puissance, nous rend moralement
participants de sa nature et de son caractère par l’Esprit Saint en nous, tout
en nous faisant jouir de sa communion, et en même temps nous introduisant dans
la plénitude.
Je voudrais signaler ici les caractères distinctifs des épîtres de Paul, de Pierre et de Jean. Paul a été suscité d’une manière extraordinaire dans le but spécial de communiquer à l’Église l’ordre, la méthode et la souveraineté des opérations divines, et de révéler la place de l’Église au milieu de tout cela, en tant qu’elle est unie à Christ, et qu’elle est le merveilleux objet des conseils de Dieu en grâce. C’est ce que nous dit l’apôtre : « Afin qu’il montrât dans les siècles à venir les immenses richesses de sa grâce, dans sa bonté envers nous dans le Christ Jésus » (Éph. 2:7), ou par ses voies à l’égard de l’Église. La sagesse de Dieu, la justice de ses voies, et les conseils de sa grâce sur ce sujet, sont largement et (comme toute révélation) parfaitement exposés dans les écrits de Paul.
Jean s’occupe d’un autre point. Il traite de la communication de la nature divine, de ce qu’est cette nature, et, par conséquent, de ce qu’est Dieu, soit dans ses manifestations vivantes en Christ, soit dans la vie qu’il communique à d’autres. Sans cette communauté de nature, la communion est impossible, car les ténèbres ne peuvent avoir communion avec la lumière. Mais, ainsi que nous l’avons déjà vu, l’apôtre va plus loin. Nous demeurons en Dieu, et Dieu en nous, par l’Esprit Saint ; et ainsi, pour autant que nous en avons la capacité, nous jouissons de ce que Dieu est en lui-même, et nous devenons la manifestation de ce qu’il est, la limite à cette manifestation étant uniquement dans le vase dans lequel Dieu a établi sa demeure. Combien sont grandes les richesses diverses de la bonté de Dieu ! Cette communion avec Lui, qui nous élève, aussi haut que possible, vers la plénitude de Celui qui se révèle en nous, est assurément quelque chose d’infiniment doux et précieux ; mais sa tendresse envers nous, pauvres pèlerins sur la terre, et son amour fidèle, si nécessaire à notre faiblesse pour nous faire arriver au but, ne le sont pas moins.
Le témoignage de Pierre, dans sa première épître, a pour objet ce que Dieu est pour le pèlerin, et ce que celui-ci doit être pour Dieu. La résurrection du Messie a placé le pèlerin sur sa route, et à ce sujet sont présentés la fidélité de Dieu, l’encouragement que sa puissance donne à notre espérance par cette résurrection de Christ, le Fils du Dieu vivant, quoique rejeté des hommes. En dernier lieu, l’apôtre parle de la marche, du culte et du service qui en découle.
Jean nous présente ce qu’il y a de plus élevé dans la communion, ou plutôt dans la nature de la communion. En conséquence, il ne touche pas le sujet de l’Église comme objet des conseils divins ; il parle de la nature divine.
Paul traite de ce qui est parfait, non par rapport à la communion, mais aux conseils de Dieu. Dans ses écrits, Dieu est glorifié plus spécialement comme objet de la foi, bien qu’il parle aussi de la communion (Rom. 5:5). Lorsque, dans le même chapitre (v. 11), il présente Dieu comme Celui en qui le chrétien se glorifie, il place Dieu devant nous et non point en nous ; il le montre comme l’objet que la foi saisit et non comme demeurant dans le cœur.
Cette bénédiction divine et infinie, cet amour consommé en nous, communiqué par la présence de l’Esprit Saint, et réalisé par le fait que nous demeurons en Dieu et Lui en nous, a conduit quelques personnes à penser que lorsque ce point est atteint, la chair ne peut plus exister en nous. Mais c’est là confondre le vase avec le trésor qu’il renferme et dont il a la jouissance. Nous sommes dans un corps qui attend encore sa rédemption ; seulement Dieu peut y demeurer à cause de l’aspersion du sang par la foi. Cette aspersion ne corrige pas la chair, mais rend seulement témoignage, et à la perfection de la rédemption qu’on espère, et à l’amour auquel nous la devons.
Lorsque nous jouissons réellement de Dieu, nous pouvons, pour un moment, perdre de vue l’existence de la chair, parce qu’alors l’âme, qui est finie, est remplie de ce qui est infini. Mais, même dans ces instants de félicité, on ne peut douter que la chair ne soit un obstacle à une action de l’amour plus large et saisie avec plus d’intelligence. Paul, ravi au troisième ciel — privilège dont la chair aurait voulu tirer avantage pour l’élever, et qui nécessita une écharde — Paul nous est une preuve que la grâce ne change pas la chair.
Hélas ! même cette joie dont nous parlons, sans une vigilante dépendance de Christ, donne à la chair de dangereuses occasions d’agir, parce qu’il y a en nous tant de petitesse, qu’oubliant Celui qui donne la joie, nous nous appuyons sur le sentiment de joie, au lieu de demeurer en Christ, la source et la fontaine de la joie. Néanmoins, il est certain que l’amour de Dieu, consommé en nous, est une réalité, et que le chrétien est appelé à connaître Dieu, et à jouir de lui comme demeurant en lui.
Je n’ai plus qu’une remarque à faire.
Lorsque nous sommes remplis de l’amour de Dieu, nous en jouissons avec une puissance qui nous empêche de voir quoi que ce soit, et spécialement les objets de la bonté de Dieu, autrement qu’avec les yeux de l’amour divin. Mais quand il y a une réelle connaissance de l’existence et de la nature de cet amour de Dieu, la marche sera aussi caractérisée par la foi en cet amour, même si le cœur n’en réalise pas toute la puissance, et ainsi nous demeurerons en Dieu et Lui en nous. Mais puisque cette plénitude de joie ne peut se réaliser que par l’action de l’Esprit, on comprend aisément que si l’Esprit Saint est attristé, alors, au lieu de remplir le cœur de l’amour de Dieu, il devient un Esprit de répréhension, jugeant l’ingratitude dont est payé un amour tel que celui de Dieu. Toutefois, il lui est impossible d’en faire douter un instant. Il est évident que l’amour consommé en nous est l’œuvre de Dieu, et c’est ce qui forme la joie et le tout de cet état béni. Ce que l’Esprit Saint verse dans nos cœurs est l’amour de Dieu, et cet amour, puissant dans nos cœurs, doit nécessairement se manifester en dehors de nous.
Ce que j’ai dit n’appartient pas, à proprement parler, aux opérations du Saint Esprit, mais le sujet est de la plus haute importance. Et cette importance, celle des fruits et des grands résultats de la présence de l’Esprit Saint (car par-là l’amour de Dieu et de Christ est glorifié, autant qu’il est possible ici-bas), cette importance, dis-je, semblait rendre désirables quelques remarques sur ce sujet.
Que Dieu veuille les bénir pour le lecteur ! Qu’il lui plaise de réaliser en nous les choses dont j’ai parlé, et de les bénir, en sorte que la vérité ait toute sa valeur dans les âmes, et que nous connaissions, avec toute l’Église bien-aimée de Christ, ce que c’est que d’avoir l’Esprit Saint demeurant en nous selon la puissance de l’amour de Dieu !