Au sujet des souffrances et de la mort de Christ

Ce que la mort a été pour Jésus


Le sujet de la coupe présentée à Christ et bue par Lui


Ce document figure en note à la fin des Études sur la Parole de Dieu, relatives à l’évangile selon Luc


par J.-N. Darby


Il y a deux côtés distincts dans les souffrances de Christ : 1° Ce qu’il a souffert, lui, homme, sous la puissance de Satan, dans sa lutte avec la puissance de l’ennemi qui avait l’empire de la mort, — ceci en communion avec son Père et en lui présentant ses requêtes ; — 2° ce qu’il a souffert pour accomplir l’expiation du péché, lorsque portant nos péchés, il fut fait péché pour nous, et buvant la coupe que la volonté de son Père lui avait donnée à boire. En méditant sur l’évangile de Jean, je m’étendrai davantage sur le caractère des tentations du Sauveur ; ce que je ferai seulement remarquer ici, c’est qu’au commencement de la vie publique de Jésus, le Tentateur s’est appliqué à détourner Jésus de l’obéissance en lui présentant les attraits des privilèges qui lui appartenaient comme Messie et comme Fils de l’homme, ou des choses qui pouvaient lui être agréables comme homme, auxquelles sa propre volonté pouvait collaborer. Satan aurait désiré faire sortir Christ, étant Fils, de la place qu’il avait prise comme serviteur. Christ, par simple obéissance, a lié l’homme fort quant à cette vie, puis retournant en Galilée par la puissance de l’Esprit, il l’a dépouillé de ses biens. Ôter les péchés et porter nos péchés étaient une autre chose. Alors repoussé, Satan le quitta « pour un temps » ; mais en Gethsémané, le voilà revenu ; et cette fois, c’est avec la frayeur de la mort qu’il se présente, afin de jeter de l’angoisse dans le coeur du Sauveur. Et Jésus devait passer par la mort ; et la mort n’était pas seulement la puissance de Satan, mais le jugement de Dieu sur l’homme, si l’homme devait être délivré, car c’était la portion de l’homme ; et Jésus seul en y entrant pouvait en briser les chaînes. Jésus s’était fait homme pour que l’homme pût être non seulement délivré, mais glorifié ; aussi la détresse de son âme fut complète : « Mon âme est saisie de tristesse jusqu’à la mort ». L’âme du Sauveur était donc ce que doit être celle de l’homme devant la présence de la mort, quand Satan y déploie toute sa puissance, avec la coupe du jugement de Dieu qui n’était pas encore bue ; seulement Christ y était dans la perfection, car c’est une partie de la perfection que d’être mis à l’épreuve dans tout ce qui était possible à l’homme. Mais Jésus fait avec larmes des requêtes et des supplications à Celui qui pouvait le sauver de la mort. Pour le moment, l’agonie augmente, car présenter la source de sa souffrance à Dieu, rend la souffrance plus sensible : c’est ce qui arrive dans nos petits combats. Mais ainsi la question est résolue en perfection devant Dieu. Son âme est entrée avec Dieu dans ce qui l’éprouve : aussi Jésus prie avec plus d’instance. Maintenant, il est indispensable qu’il boive cette coupe, par Lui placée devant les yeux du Père, et que Satan lui présente comme la puissance de la mort pour son âme. Mais pour obéir à son Père, Jésus la prend en paix ; et alors la boire n’est que l’obéissance parfaite, au lieu d’être la puissance de Satan, — quoiqu’elle dût absolument être bue.

Sur la croix, Jésus, Sauveur de nos âmes, entre dans la seconde phase de ses souffrances ; il passe sous la mort, comme jugement de Dieu. Séparation de l’âme de la clarté de la face de Dieu — tout ce que cette âme qui ne jouissait de rien que de la communion avec Dieu, pouvait souffrir d’une telle privation, le Sauveur l’a enduré selon sa mesure parfaite de communion avec Dieu, interrompue dans ce moment solennel. Et il rendait cependant gloire à ce Dieu disant : « Et toi, tu es saint, toi qui habites au milieu des louanges d’Israël » (Ps. 22:3). La coupe de la colère (car je laisse de côté les outrages et les insultes des hommes ; nous pouvons y avoir part) la coupe était donc bue ; mais qui dira l’horreur de cette souffrance ! C’était la mort avec ses vraies douleurs, comprise comme Dieu la comprend, et sentie selon la valeur de sa présence divinement connue, dans un homme qui dépendait de cette présence en tant qu’homme. Mais tout est accompli ; et ce que Dieu exigeait à l’égard du péché, est fait, est épuisé, et Dieu est glorifié par cette oeuvre ; de sorte qu’il n’a qu’à bénir celui qui vient à lui par un Christ vivant, et qui a été mort, et qui vit éternellement comme homme devant Dieu.

Quant aux souffrances de Christ dans son corps, toutes réelles qu’elles fussent, les insultes et les menaces des hommes n’étaient que comme la préface de ses souffrances, qui, en le privant comme homme de toute consolation, le laissaient entièrement dans la place du jugement comme étant fait péché, de ses souffrances (*) qu’il endurait en rapport avec le jugement du péché, lorsque Dieu, qui aurait été sa pleine consolation, l’avait abandonné ; c’était là la source de l’affliction, laissant tout le reste dans l’oubli.

(*) Le Ps. 22 est l’appel de Christ à Dieu devant la violence et la méchanceté de l’homme, quand il se trouve là abandonné et fait péché devant Dieu, mais toutefois parfait dans cette position. Christ a tout souffert de la part de l’homme — hostilité, injustice, désertion, reniement, trahison, et ensuite, quoique se confiant en Dieu, l’abandon. Mais quel tableau que celui du seul Homme juste, qui avait placé sa confiance en Dieu, et qui doit déclarer ouvertement et à tous, à la fin de sa carrière, qu’Il était abandonné de Dieu !