J. N. Darby [ajouts bibliquest entre crochets].
CW 19 p.179-183
1 - [Deux états : sous la grâce ou sous un mélange de grâce et de loi]
2 - [Situation de Moise et celle d’Israël]
3 - [Sous la loi quand la propitiation n’est pas faite]
7 - [La loi ajoutée à la grâce = ministère de mort et de condamnation selon 2 Cor.3]
8 - [« Quand il se tournera vers le Seigneur, le voile sera ôté »]
9 - [Besoin de connaître Dieu et Son chemin, pour lui et pour le peuple]
10 - [Le peuple trouve grâce par la médiation]
12 - [La grâce fait l’inverse du châtiment prévu]
13 - [La grâce, fondement de la relation de Dieu avec nous]
L’étude de ce passage fait ressortir très clairement la position dans laquelle la grâce nous place vis-à-vis de Dieu, et la bienheureuse confiance qu’elle nous donne en Dieu – et en même temps l’effet d’un mélange de grâce et de loi, nous laissant en réalité sous cette dernière, du moins quant à notre état d’esprit, quand l’expiation n’est pas appliquée alors qu’en réalité tout exercice de la grâce en dépende.
Pour arriver à une compréhension claire de ces deux états, tels qu’ils nous sont dépeints dans le passage, nous devons soigneusement distinguer Moïse et Israël :
Mais il lui est dit de remonter vers Dieu sur la montagne, et là,
nous pouvons voir l’état d’Israël. Il leur avait dit : « Vous avez
commis un grand péché, et maintenant je monterai vers l’Éternel ;
peut-être ferai-je propitiation pour votre péché » (Ex. 32:30). C’est ce
qu’il fait : « Moïse retourna vers l’Éternel et dit : Hélas !
Ce peuple a commis un grand péché, ils se sont fait des dieux d’or ;
maintenant, si tu veux pardonner leur péché, et sinon, efface-moi, je te prie,
de ton livre que tu as écrit. Et l’Éternel dit à Moïse : « Celui qui
aura péché contre moi, je l’effacerai de mon livre » (Ex. 32:31-33). Ils
étaient pleinement mis sous la loi, chaque homme étant responsable de son
péché, – ce qui est tout à fait juste, bien sûr, en tant que loi et jugement ;
mais la propitiation n’était pas faite, et la responsabilité personnelle
laissait tout à la charge de l’individu. Dieu soit béni, Christ n’a pas dit :
« Je vais monter
… peut-être
vais-je faire la propitiation
de votre péché ». Il a fait une propitiation parfaite (et est donc descendu
),
et s’est assis à la droite de Dieu. Il n’en était pas du tout ainsi ici. Qui d’autre
que Christ pouvait le faire ?
Cependant, par la médiation de Moïse, le peuple est, dans une
certaine mesure, placé sous la grâce quant aux actions présentes. Le peuple s’est
humilié, ils ont été épargnés, et la présence de Dieu les accompagne. Dieu se
retire dans Sa propre souveraineté pour agir en grâce, et Il montre de la miséricorde.
Il en est toujours ainsi. En tant qu’Éternel, Il déclare alors Son nom [34:6] :
ce n’est pas l’évangile, fondé sur une rédemption accomplie + le plein pardon +
l’acceptation en Christ, qui l’a opérée, mais ce sont les termes de la
miséricorde patiente de Dieu dans Son gouvernement d’Israël (*). « L’Éternel, l’Éternel, Dieu,
miséricordieux et faisant grâce, lent à la colère, et grand en bonté et en
vérité, gardant la bonté envers des milliers, pardonnant l’iniquité, la
transgression et le péché, et qui ne tient nullement le coupable pour innocent (justement
ce que Dieu fait par Christ au moyen de l’expiation), visitant l’iniquité des
pères sur les fils, et sur les fils des fils
, sur la troisième et la
quatrième génération » (34:6-7). Tels sont les termes de la relation de
Dieu avec Israël, suite à l’intercession de Moïse, alors qu’ils étaient remis
sous la loi, et que celle-ci étaient renouvelée ainsi que les commandements. C’était,
comme je l’ai dit, un mélange de grâce et de loi. La grâce qui épargnait et,
dans l’immédiat, pardonnait, mais qui remettait sous la loi, sous laquelle,
en tant que règle stricte et absolue, Israël avait entièrement failli.
(*) Je ne doute pas des trois, car toute miséricorde est fondée sur une expiation. Voir Romains 3:25.
C’est là où en est une grande partie de la chrétienté actuelle : la faillite admise sous une loi violée ; la miséricorde qui a épargné, et dans l’immédiat, pardonné ; puis les hommes replacés sous la loi comme règle de vie à observer.
Or Moïse ne pouvait pas faire la propitiation, et Israël a été
replacé sous la loi, bien qu’épargné par la miséricorde. Mais Christ, Lui, a
fait la propitiation, nous le savons tous avec bonheur, et « ayant fait
par Lui-même la purification des péchés, Il s’est assis à la droite de la
majesté dans les hauts lieux ». Il n’y a pas eu de « peut-être »
ici. Il a achevé l’œuvre que Son Père Lui avait donnée à faire, et Il est
glorifié en tant qu’homme
à la droite de Dieu, dans la gloire qu’il
avait auprès du Père avant que le monde fut. C’est pourquoi l’évangile est un
ministère de justice — la justice de Dieu y est révélée à la foi. Les hommes ne
sont pas sous la loi, mais sous la grâce.
Remarquez ici que ce que l’apôtre appelle le ministère de la mort et de condamnation en 2 Cor. 3, c’est, comme en Ex. 34, la loi ajoutée à la grâce dans les voies de Dieu. La première fois que Moïse descendit de la montagne, son visage ne brillait pas. Lorsqu’il eut vu passer devant lui toute la bonté de Dieu et qu’il redescendit la seconde fois, son visage brillait (la circonstance à laquelle l’apôtre fait allusion).
Cependant, comme nous l’avons vu, et comme cela est évident, le peuple, bien qu’épargné par grâce, fut replacé sous la loi ; et c’est là le ministère de la mort et de la condamnation dont parle l’apôtre. En effet, si la propitiation n’est pas faite, la grâce ne fait qu’aggraver la transgression, en tout cas par la révélation de Dieu ; même dans une gloire partielle, avec la loi, la condamnation du pécheur est inéluctable. La loi après la grâce, en un mot, est ce que l’apôtre nous enseigne être condamnation ; la loi après la propitiation est pire qu’absurde. C’est ôter le péché, et ensuite le remettre, c’est rendre la loi sans autorité et sans effet. Or une grâce vague qui épargne, puis la loi, c’est l’état d’une multitude d’âmes ; et c’est ce que l’apôtre nous dit être mort et condamnation dans sa nature ; en effet le voile est remis sur le reflet de grâce pour l’âme (c’est-à-dire que la perception qui existe de la grâce est bientôt perdue).
La différence entre Moïse et Israël est évoquée de manière touchante en 2 Corinthiens 3, où il est dit : « Quand il se tournera vers le Seigneur, le voile sera ôté ». En effet, Moïse, lorsqu’il entrait dans le sanctuaire, l’enlevait. Mais en Christ il est enlevé.
Le peuple était donc sous la loi.
Considérons maintenant Moïse, qui avait trouvé grâce aux yeux de
Dieu. Tout d’abord, nous trouvons un désir, celui d’un œil simple, de Dieu et de
Son chemin (Ex. 33:13). Il ne s’agissait pas d’un chemin sûr à travers le
désert, mais de « Montre-moi maintenant ton
chemin » (Ex.
33:13b), « et je Te connaitrai » (Ex. 33:13c). C’est le regard d’un
œil simple, et il est beau (Ex. 33:12-13), et c’est le chemin, comme en Jean 14,
celui de trouver pratiquement grâce et faveur dans notre marche, comme Enoch l’a
fait. Mais alors il peut intercéder : « Considère que cette nation
est ton peuple » (Ex. 33:13d) : il ne s’est pas du tout détaché de
leurs intérêts, et il désirait la présence de Dieu avec eux. Dieu répond à ce
qui est dans son cœur : « Ma face ira, et je te donnerai du repos ».
Il n’appellera pas le peuple « Mon peuple », mais il y aura Sa
présence (par la foi de Moïse), et ensuite le repos dans le chemin (Ex. 33:14).
Moïse insiste aussitôt sur la grâce manifestée : « Si
ta face ne vient pas, ne nous fais pas monter d’ici » (Ex. 33:15). Il faut
qu’il ait la présence de Dieu, et il y associe le peuple. C’est cela seul qui
met à part de façon visible un peuple pour être à Dieu (Ex. 33:16), ce point est
remarquable. C’est par ce moyen qu’on sait que la faveur de Dieu repose sur
eux, c’st pourquoi Moïse s’enhardit par grâce dans une position de foi, toutefois
juste en paroles et en pensées : « À quoi connaitra-t-on que j’ai trouvé
grâce à tes yeux, moi et ton peuple
» (Ex. 33:16). Cela a lieu par
sa médiation, car c’était là le vrai exercice de foi avec un cœur pour le
peuple de Dieu ; mais la même foi dira : « Ton
peuple »,
et cela aussi est accordé.
Alors la bonté passe devant Moise (Ex. 33:19), (car il ne peut pas voir la face de Dieu, ceci n’étant possible pour les pécheurs que par la propitiation ; Christ seul, Lui Le Béni, pouvait faire une telle propitiation). La bonté passe après que la gloire de Sa face ait passé, et alors la miséricorde souveraine l’épargne, comme nous l’avons vu (Ex. 33:22). Voilà la bienheureuse confiance de la grâce : il faut dire que nous pouvons maintenant regarder la gloire sur le visage non voilé de Christ parce que la propitiation a été faite, et la gloire est le témoignage de ce qu’on est accepté et que le péché est effacé.
Or il y a plus, quant à cette grâce. Nous avons vu comment Dieu est avec nous en grâce, à Sa manière, et en Le connaissant. Mais, nous le verrons, elle répond au mal de notre nature. Cela est démontré de la manière la plus frappante dans ce passage. Tout d’abord, Dieu avait dit : « Je monterai en un instant au milieu de toi, et Je te consumerai », « car tu es un peuple de cou raide » (Ex. 33:5). Il ne pouvait tolérer le péché en Sa présence, et Il ne voulait pas du tout aller, bien qu’Il ne voulût pas les laisser monter en étant épargnés. Cela donna lieu à la plaidoirie de Moïse, que nous avons considérée, car, lui, sentait la valeur de la présence de Dieu. C’était tout pour lui, et c’était dans un saint désir ; il ne pouvait s’en passer ; et avec une sainte audace due à la grâce qui lui avait été montrée (car il avait trouvé grâce, et cela lui avait été dit, Ex. 33:17), Moise réclama Sa présence, et il l’obtint. Et maintenant il se tenait dans la grâce et dans la bonté connue ; et quand toute la bonté eut passée devant lui, il dit, en inclinant sa tête vers la terre : « Si j’ai trouvé grâce à tes yeux, Seigneur (Adonaï, et non l’Éternel), que le Seigneur marche, je te prie, au milieu de nous ; car c’est un peuple au cou raide » (Ex. 34:9), le motif même que Dieu avait donné pour les retrancher ! Et nous, pourrions-nous aller ? Pourrions-nous obtenir le meilleur de notre cou raide, de notre chair, et néanmoins traverser le désert sans encombre, si Dieu n’était pas avec nous ?
Quel changement la grâce a opéré ! La raison même de consumer dans un juste jugement, devient le motif de demander à Dieu d’être avec nous. Combien cette grâce est complète ! Dieu, dans la grâce duquel nous nous trouvons présentement, est notre ressource contre le mal en nous, – ce mal qui était, en lui-même, le juste motif de nous retrancher. Combien cette grâce est parfaite et complète, et combien elle est le fondement de la relation de Dieu avec nous ! C’est aussi le cas ici, bien qu’elle repose sur Le Grand Médiateur, comme nous le savons ; pourtant Moïse y associe déjà pleinement le peuple : « Marche, je te prie, au milieu de nous, car c’est un peuple de cou raide ; pardonne nos iniquités et nos péchés, et prends-nous pour ton héritage » (Ex. 34:9). Sa foi est très belle ici, et la foi connaît Dieu, et elle seulement.