Darby J.N. ( ?)
ME 1869, p. 1 à 153
Table des matières abrégée :
Table des matières détaillée :
1.6.9 - Conclusion de la première épître — 1 Jean ch. 5:18-20
Il est évident que le Diable a toujours cherché à ravir le
Seigneur Jésus aux chrétiens, et, pour y parvenir, il a employé les faux
docteurs. Mais comme les fausses doctrines, ont pris naissance déjà du temps
apostolique, cela a été pour Dieu l’occasion de donner, dans sa Parole, des
directions sûres pour tous les temps. Car en proportion de l’action du Diable
pour ternir et anéantir, si possible, la valeur du nom de Jésus, le
Saint-Esprit a, en revanche, fait resplendir la suffisance, la beauté, la
gloire, la permanente immutabilité et la magnificence de la personne de Jésus —
de manière que la possession, comme objet du cœur, d’un tel Seigneur Jésus
(glorifié dans nos cœurs par la révélation que nous en fait le Saint-Esprit,
qui prend ce qui est de Lui pour nous l’annoncer), que cette possession,
dis-je, nous mette à l’abri de toutes les attaques imaginables de Satan à cet
égard. Que peut-il contre un père, qui connaît Celui
qui est dès le
commencement (ch. 2:13, 14) ?
Les épîtres contiennent ce qu’il faut pour nous tenir en éveil quant au côté attaqué par Satan chez les saints, auxquels elles sont adressées, et il y a peu d’épîtres qui ne constatent une déchéance chez les saints au sujet de l’une ou de l’autre des faces de la doctrine de Christ. Combien il importe de nous tenir éveillés, puisque tout, en nous et autour de nous, se trouve constamment en jeu pour nous dépouiller. Malheur à nous si nous nous assoupissons !
La première épître de Jean est donc écrite pour faire face à l’esprit des Antichrists (tout comme aussi afin que notre joie soit accomplie, et afin que nous ne péchions point (1:4 et 2:1). « Je vous ai écrit ces choses au sujet de ceux qui vous égarent » (voyez ces choses, 2:18-27, et 4:1-6). L’apôtre montre que ravir aux saints la personne de Christ, comme étant la vie divine manifestée humainement, c’était leur ôter leur vie et leur ôter Dieu ; il ne restait plus rien : on n’avait ni Dieu, ni Jésus. C’est pour cela que l’épître, nous présente toute la valeur de la personne de Christ, comme vie (ch. 1), comme avocat et comme modèle (ch. 2), comme espérance (ch. 3) et comme le vrai Dieu et la vie éternelle (ch. 5).
Le « commencement » du premier verset n’est pas le même que le « commencement » de la Genèse et celui de l’Évangile de Jean. C’est le commencement du christianisme, dont il est question dans notre épître. Nous avons trois choses dans les quatre premiers versets : 1) La vie dont il y est parlé, c’est la vie qui était auprès du Père ; c’est cette vie dans sa perfection. 2) Et, c’est celle-là, et pas une autre, qui a été manifestée, et qui l’a été dans la perfection de sa nature. C’est la vie divine qui est venue se manifester humainement, se rendre palpable, visible, sensible, admirable. La loi promettait la vie, mais elle ne la montrait pas. Maintenant elle est venue, cette vie, nous n’avons plus à la chercher en tâtonnant. Elle a été manifestée ; et 3) Oh ! quelle pensée ! — telle quelle, elle nous a été communiquée, nous l’avons, et cette vie est la personne de Christ, manifestation du Père.
Par le fait donc qu’elle nous a été communiquée, notre communion
est
avec le Père et avec son Fils Jésus-Christ, nous participons avec le
Père et le Fils, à « la vie ». Par conséquent nous avons part aux
sentiments du Père et du Fils (La vie de laquelle nous vivons, nous la
contemplons en Jésus marchant ici-bas, et nous disons : Voilà notre vie).
— Quelle grâce ! Et c’est cela que le Diable voudrait nous ravir en nous
le voilant par des faussetés. L’apôtre nous annonce ces choses, afin que nous
ayons communion avec ceux qui savaient à quoi s’en tenir quant à cette vie
qu’ils avaient vue, touchée, contemplée, entendue. Or, dans la possession de
cette vie, les uns et les autres, nous avons communion avec le Père et avec son
Fils Jésus Christ. Et cela nous est écrit afin que notre joie soit accomplie,
au lieu d’être ébranlés par ceux qui égarent. Il y a bien de quoi accomplir
notre joie, d’avoir, en commun avec le Père et le Fils, « la vie »,
celle qui était auprès du Père, laquelle a été manifestée, et nous a été
communiquée.
Mais si la personne du Fils a été la manifestation de la vie, c’était aussi la révélation de Dieu, des caractères de Dieu, desquels il ne s’est pas défait en devenant notre Père. Car le Père, avec lequel est notre communion, c’est Dieu qui est lumière. Or donc, en écoutant cette vie manifestée, les apôtres avaient appris à connaître ce caractère de Dieu qui est lumière, et cela était devenu un message à nous annoncer. « Et c’est ici le message que nous avons entendu de lui (du Fils), et que nous vous annonçons, savoir que Dieu est lumière et qu’il n’y a en lui aucunes ténèbres ». C’est magnifique que ce soit avec un tel Dieu que nous ayons communion ; mais cela sonde nos cœurs et manifeste ce qui fait contraste avec ce caractère de Dieu, de la même manière que le Seigneur Jésus sondait et manifestait, — comme étant la lumière, — tout ce qui en était de l’homme, et devenait ainsi une lumière insupportable pour le monde qui aimait les ténèbres.
Or nous aussi, « si nous disons que nous avons communion avec Dieu et que nous marchions dans les ténèbres, nous mentons, et nous ne pratiquons pas la vérité » ; nous pouvons connaître la vérité et en parler, mais notre marche dément notre dire, et notre conduite devient un mensonge. Cette lumière exclut absolument tout ce qui n’est pas elle-même, elle ne supporte aucun mélange.
Mais quand nous marchons réellement dans la lumière (non seulement avec de la lumière, comme avec une lanterne au milieu de la nuit), alors nous avons communion les uns avec les autres. Il n’est pas dit que nous avons communion avec Dieu, parce que cela va sans dire, comme aussi cela se voit sans qu’on le dise ; mais nous avons communion les uns avec les autres ; nous nous voyons les uns les autres en Dieu, participants de cette vie, nous nous apprécions là, et en appréciant ensemble ce qui en est de cette vie et de cette lumière, nous en jouissons davantage, en commun, pourvu que chacun y soit réellement. Dans ce qui est de la terre, moins on est nombreux pour partager quelque chose et plus il y a de profit ; mais dans ce qui est du ciel, plus on est nombreux pour jouir d’une grâce, plus elle prend d’extension — si réellement chacun y est pratiquement. Ce principe est très beau.
Une seconde conséquence de la marche dans la lumière, c’est que le sang de Jésus-Christ son Fils nous purifie de tout péché. Cette lumière nous montre pleinement ce qui en est de notre être naturel, et en marchant dans cette lumière qui manifeste tout, nous faisons connaissance avec cet être corrompu, beaucoup mieux qu’en faisant des chutes, parce qu’une chute nous apprend à nous connaître sur un point seulement, tandis que la lumière divine resplendit jusque dans les jointures et dans les moelles, pour nous manifester en entier. Or, sans la pleine conscience de la grâce et de l’œuvre de Christ, comment pourrions-nous supporter d’être continuellement sondés par une telle lumière ? Mais la même lumière nous montre le sang de Christ qui a tout lavé ; elle nous montre aussi l’appréciation que Dieu fait de ce précieux sang, de sorte que, au lieu d’avoir une mauvaise conscience devant Dieu par le fait de l’éclat de cette lumière, nous nous sentons purifiés par le sang, et nous supportons la pleine conscience de la corruption de notre être, là, devant Dieu, sans que cela nous trouble. — Quelle grâce ! Je crois qu’il est important de bien la saisir. Le fait de la présence de la chair n’est pas un obstacle à la communion avec Dieu ; mais l’action de cette chair rompt la communion. En d’autres termes, une chair jugée ne trouble pas devant Dieu, mais une chair active nous sépare de Lui et nous fait craindre son jugement.
Car, verset 8 : « Si nous disions que nous n’avons point de péché », (c’est-à-dire, que la présence du péché dans la chair n’est pas un fait en nous), « nous nous séduisons nous-mêmes, et la vérité n’est pas en nous ». — Il est important de remarquer ici que, si la doctrine de l’épître ne parle pas de la présence de la chair, parce que nous y sommes vus exclusivement comme nés de Dieu, possédant la vie qui nous a été communiquée ; cependant le fait de cette présence est bien un fait, et malheur à nous si nous disons le contraire ; nous nous séduisons, la vérité n’est point en nous, et nous allons tomber.
Et si nous disons que nous n’avons pas péché, que nous n’avons pas accompli des actes mauvais ; alors c’est encore pire, nous faisons Dieu menteur, sa Parole n’est point en nous, car elle dit que nous, — et tous, — avons péché (Romains 3:23).
Mais quand un fait de ce genre a eu lieu, que nous avons commis un péché ; mais que nous ne sommes plus dans ce péché, que nous prenons sévèrement parti avec Dieu contre nous mêmes pour juger ce mal, et que nous allons le lui confesser en pleurant, alors « Il est fidèle et juste pour nous pardonner nos péchés et nous purifier de toute iniquité ».
L’apôtre nous écrit donc ces choses, afin que nous ne péchions pas, car nous sommes nés de Dieu pour ne pas pécher du tout ; mais quand par malheur, (et c’est toujours notre faute), il nous est arrivé de tomber dans le péché, quand nous avons été surpris en quelque faute, quand cela est passé, que nous en sommes séparés, que nous en avons horreur ; alors, « nous avons un avocat auprès du Père, Jésus-Christ le juste, Lui est la propitiation pour nos péchés » ; nous ne serons pas amenés en jugement, la propitiation est faite. La sacrificature de Christ agit pour nous, et son résultat, c’est que nous allons confesser à Dieu ce que nous avons fait, en appelant la chose par son nom, sans atténuation. Et Dieu alors, fidèle à ses promesses, et juste à cause de la satisfaction qui lui a été faite par le sacrifice de Christ, — Dieu nous réintègre dans le sentiment du pardon, sentiment que nous avions perdu ; et Il nous purifie de toute iniquité. Il nous ôte la mauvaise conscience que nous avions au sujet de ce que nous avons fait. C’est ainsi que le Seigneur le fit avec Pierre au chapitre 21 de Jean (Je crois que, historiquement, la confession du verset 9 du chapitre 1, suit l’action de la sacrificature du verset 2 du chapitre 2. C’est la prière du Seigneur pour Pierre qui le vit sortir pour pleurer amèrement). De même c’est l’action de la sacrificature de Christ qui nous amène à Dieu pour lui confesser ce que nous avons fait. Car de nous-mêmes, nous n’irions jamais, nous nous cacherions plutôt. Or la confession ne consiste pas à dire : « J’ai manqué », comme, hélas ! on s’en contente souvent ; mais elle consiste à dire : « J’ai fait telle chose, et je suis cet homme-là ». Or le pardon est une promesse faite à la confession. Si donc je ne disais pas ce que j’ai fait, je ne serais pas réintégré dans le sentiment du pardon à l’égard de ce fait-là, ni purifié de la mauvaise conscience que j’ai devant Dieu au sujet de ce fait (Prenons-y garde ; car on est plutôt disposé à demander pardon qu’à confesser ses fautes en les appelant par leur nom). Remarquons bien aussi que c’est pour une faute commise que nous avons un Avocat et non pour une faute future, c’est-à-dire que la Parole ne dira jamais « quand nous aurons péché, nous avons un avocat », ce serait le langage d’un antinomien : péchons afin que la grâce abonde. Mais la Parole dit : « Si quelqu’un a péché ». C’est au passé, on n’y est plus, on s’en est séparé.
« Et par ceci nous savons que nous le connaissons, savoir
si nous gardons ses commandements ». Par le fait que nous avons la vie
dont Jésus a été la manifestation, la vie du Père et du Fils, cette vie a donc
en nous les caractères qu’elle a en Jésus. Nous connaissons donc Jésus,
c’est-à-dire, que la connaissance dont il s’agit ici, c’est celle de la pensée
de Christ à l’égard de toutes choses ; c’est la participation à ses
pensées relativement au bien et au mal, au ciel et à la terre, etc. — Puisque
j’ai la vie que Lui a exprimée par sa conduite, j’ai donc les pensées de cette
vie, qui sont les pensées de Jésus. Or Il les a exprimées par des faits, et ces
faits (quant à leur nature) doivent se produire en moi, puisque la vie qui les
a produits m’a été communiquée. J’ai donc communion de pensées et de sentiments
avec Christ, — je Le connais
. Et comment sais-je que je Le connais, verset
3 ? C’est que je garde ses commandements
: c’est-à-dire, je
fais comme il a fait (je ne parle pas de quantité, mais de qualité). — (Quand
je dis « Je », je parle du chrétien et non pas de moi
).
Qu’est ce que c’est, dans cette épître, que les commandements de
Christ ? C’est qu’ayant la vie qu’Il a manifestée, tout ce qu’il a fait,
sa manière d’agir fait autorité pour moi
. Voilà « les
commandements ».
On pourra faire une objection en citant Jean 13:34, (qui est en
effet un commandement formel, donné de vive voix, comme plusieurs autres dans
les évangiles). Mais si nous y faisons attention, nous trouverons justement,
dans ce passage, le principe émis plus haut — principe qui en fait un
commandement nouveau
. « Je vous donne un nouveau commandement, que
vous vous aimiez l’un l’autre ; comme je vous ai aimés, que vous aussi
vous vous aimiez l’un l’autre ». — Donc, le principe, l’autorité et
l’étendue de ce commandement formel se trouve dans la manière dont le Seigneur
l’a effectué Lui-même. C’est donc sa manière de faire (comme nous disons) qui
fait autorité. Considérons bien la différence entre ce principe-ci, et l’ordre
légal : « Tu aimeras ». Nous verrons cela au verset 16 du
chapitre 3.
Revenons à notre passage, chapitre 2:4 : « Celui qui
dit : Je le connais, et qui ne garde pas ses commandements, est menteur,
et la vérité n’est pas en lui ». — Premièrement, c’est remarquable comme
nous sommes pris sur notre dire
, dans cette épître. Il s’agit ici de
prouver ce que l’on dit être
, par des faits (c’est bien le principe
scripturaire ; on connaît l’arbre à son fruit). Eh ! bien donc, dire
que je Le connais, que je partage sa manière de voir, et en même temps agir
d’une manière différente de la sienne ; c’est me constituer menteur par
mes propres actes, et donner la preuve que la vérité n’est pas en moi. Car ce
Jésus que je dis
connaître, Il est la vérité (Jean 14:6). Et aussi (Éph. 4:21), la vérité est en Lui : si nous avons
appris, Christ, si nous l’avons entendu, si nous avons été instruits en Lui, selon
que la vérité est en Lui, — alors nous savons ce que c’est que la vérité en
nous : c’est l’application de la mort à la chair, afin que le nouvel homme
ait le champ libre, pour revêtir ainsi, pratiquement, ce nouvel homme créé
selon Dieu en justice et en vraie sainteté.
« Mais quiconque garde sa parole (v. 5) — en lui l’amour de
Dieu est véritablement consommé ; par cela nous savons que nous sommes en
lui ». C’est ainsi que je sais
que je suis en Lui. Et je le sais sans
le dire
, j’en ai conscience. L’amour de Dieu, que Jésus a manifesté,
devient intimement connu de mon cœur, parce que je suis sur le terrain où cet
amour se déploie, et j’ai la conscience que je suis en Lui
, je demeure
là. — Mais si je disais
que je demeure en Lui, (v. 6) et qu’en même
temps je marche autrement que Lui a marché ; alors la Parole me demandera
la preuve de mon dire
, en me montrant que je ne puis m’arrêter en deçà
de ce modèle : « Marcher comme Lui a marché ». Mais si j’ai
conscience que je demeure en Lui, et que ce soit pratiquement vrai, alors
certainement je marche comme Il a marché (la même qualité de marche, la
quantité était parfaite en Lui ; en moi, hélas ! elle est entravée).
Or cette marche, ce commandement (v. 7), cette expression de
« ma vie Christ
», cela n’est pas un nouveau
commandement ; c’est ce qui était dès le commencement du christianisme,
c’est ce dont Christ a été l’expression, c’est « la parole que vous avez
entendue dès le commencement ». Malheur à celui qui vient avec la
prétention de quelque chose de nouveau contrairement à cela. — Cependant (v. 8)
ce commandement est nouveau en ce que, au commencement, cette expression de la
vie n’était vraie qu’en Jésus, (Il était seul), tandis que, maintenant, cette
vie nous ayant été communiquée, elle est vraie en Lui et en nous. En Lui c’est
ancien, en nous c’est nouveau. — Et cette expression de la vie se produit en
nous par un mode nouveau, pour ainsi dire, par la puissance du Saint-Esprit,
par lequel la vraie lumière luit maintenant. Quelle gloire de pouvoir
dire : C’est vrai en Lui et en nous ! L’amour et l’obéissance
caractérisent cette vie que nous avons en commun avec Lui. Aussi l’obéissance
chrétienne est appelée, en 1 Pierre 1:2 : « L’obéissance de Jésus-Christ ».
C’est obéir sur les mêmes principes que Lui, par le fait qu’on a la même vie.
Quel privilège ! Hélas ! combien nous
l’encombrons en nous ; mais le principe est vrai. Nous aurons l’occasion
d’y revenir dans le cours de l’épître.
Or c’est dans la lumière que j’aime et que j’obéis. Si je disais
(v. 9) que je demeure dans cette lumière, laquelle luit maintenant par le
Saint-Esprit, et qu’en même temps je haïsse mon frère, je manifesterais que je
n’ai pas encore été sondé par cette lumière, je serais dans les ténèbres
jusqu’à maintenant. Car, si je demeure dans la lumière, j’aime mon frère. C’est
en l’aimant, que je manifeste que je demeure dans la lumière, et il n’y a point
d’occasion de chute en moi
parce que j’aimerai mon frère de cet amour
qui s’ajoute à l’affection fraternelle (2 Pierre 1:7). Je l’aimerai en
l’appréciant comme étant participant avec moi (et avec le Père et le Fils), de
cette vie dont la communion est dans la lumière. Et de plus, sur ce terrain-là,
je supporterai mon frère, je pardonnerai à mon frère, mon moi
sera abattu. Tandis que haïr
son frère dénote que
l’on est dans les ténèbres, et que l’on y marche sans savoir où l’on va. Mais
la haine conduit au meurtre, pas ailleurs. Celui qui hait son frère est
meurtrier.
Ensuite, au verset 12, l’apôtre s’adresse à tous les saints
(avant de les diviser en trois classes) en les appelant du terme affectueux
d’« enfants
», pour nous dire que nous, à qui il vient de
montrer quelles doivent être, en nous, les conséquences de notre participation
à la vie, à la marche, aux sentiments, à l’amour et à l’obéissance de Christ
,
que nous, nous avions sans doute commis beaucoup de péchés ; mais
maintenant ils nous sont pardonnés par le nom de Jésus. C’est bien doux que le
Saint Esprit nous rappelle ici le pardon de nos péchés, tout en nous occupant
de vérités si élevées quant à LA VIE.
Puis, au verset 13, l’apôtre distingue trois classes de maturité
chez ces « enfants » savoir : Les pères, les jeunes gens et les
petits enfants. Premièrement, il constate leur caractère, d’une manière
abstraite, comme formant ces trois classes. Et, la seconde fois, en changeant
la forme de l’adresse, il développe sa pensée. Au verset 13, c’est, je vous
écris
, et au 14 : Je vous ai écrit
.
Les pères
connaissent la personne de Christ. Ils ont
traversé les expériences des petits enfants et des jeunes gens. Ils ont été
attentifs aux avertissements donnés à ces deux dernières classes. Ils n’ont pas
été paresseux à écouter. Ils se sont laissé enseigner.
Ils ont veillé contre l’esprit de l’antichrist
lorsqu’ils étaient petits enfants. Et lorsqu’ils étaient jeunes gens, ils ont
écouté l’avertissement de ne pas aimer le monde, ni les choses qui sont dans le
monde. Ils ont gardé les commandements et la parole de Christ. Ils ont marché
dans la lumière. — Et maintenant le résultat de toutes ces expériences-là, de
leur vigilance, de leur travail, de leur bon combat à travers tout cela, c’est
qu’ils se sont familiarisés avec la pensée et les sentiments de Christ, de
sorte que, par la foi, ils ont entendu, vu, touché, contemplé cette adorable
Personne, et maintenant ils possèdent cette Personne comme la propriété de leur
cœur ; et ils sont au-dessus des attaques de l’ennemi relatives à la
personne de Christ, et au-dessus de l’attraction des choses du monde. Et même
au-dessus des effets du ministère, comparativement aux deux autres classes,
dans lesquelles le ministère agit en vue de les amener à cette maturité de
pères. C’est pour cela qu’un apôtre même, leur écrivant par le Saint-Esprit,
n’a rien à leur dire, (ni exhortation, ni avertissements) sinon qu’il constate,
la seconde fois comme la première, qu’ils ont atteint le but vers lequel le
ministère dirige les petits enfants et les jeunes gens : savoir la connaissance
et la possession par le cœur de la précieuse personne du Seigneur Jésus. Les
pères sont morts à tout le reste. Ils estiment toutes choses comme des ordures,
à cause de l’excellence de la connaissance de cette Personne
(Philippiens 3). — Ils ont, pour y dire habitués
, les
sens exercés à discerner le bien et le mal (Hébreux 5:14). Cela ne veut pas
dire qu’ils soient impeccables (qu’ils ne puissent être tentés par aucun mal,
ni broncher) ; non, eux-mêmes, se comparant à Christ le parfait modèle, se
trouvent encore bien à distance. Mais, comparativement aux deux autres classes,
ils sont au-dessus des attaques de Satan relativement à la personne de Christ,
et au-dessus des influences des choses du monde. En un mot, « ils
connaissent CELUI qui est dès le commencement ». — Quelle position digne
d’envie ! — Mais si nous n’y sommes pas encore, il est encourageant de
penser que les soins du Seigneur envers nous, par l’Esprit et la Parole, nous
conduisent là ! Puissions-nous y tendre avec efforts !
Les jeunes gens
ont vaincu le méchant, ils sont forts, la
Parole de Dieu demeure en eux. Ils sont dans l’énergie du combat de la foi,
dans lequel les petits enfants ne sont pas encore entrés. Ils ont affaire avec
la Parole, elle demeure en eux
. Ils vivent des paroles qui sont sorties
de la bouche de Dieu, et par-là ils ont vaincu le méchant. Ils savent lui
dire : Il est écrit
. — Cette Parole de Dieu les occupe, les captive même ; leur cœur est dirigé de ce côté, ils
ont tourné le dos au monde. Le Saint-Esprit peut les occuper de Christ, et leur
ardent désir est d’atteindre la position des pères
, ils sont décidés à y
arriver. Ils veillent et combattent avec l’énergie que leur donne la Parole de
Dieu qui demeure en eux. Ils croissent dans la grâce et dans la connaissance de
leur Seigneur et Sauveur. Ils luttent contre les antichrists
par la Parole de Dieu, ils ne sont pas emportés çà et là par tout vent de
doctrine, — enfin ils sont en bonne voie de progrès. Mais par le fait qu’ils
agissent beaucoup, et que leur force et leur énergie se déploient au milieu
d’un état de choses, pour lequel leur cœur peut encore avoir certains attraits,
et quoiqu’ils veillent et combattent, leur cœur n’est pas encore sevré de tout
ce qui n’est pas la personne de Christ, — quoiqu’ils y tendent avec ardeur.
C’est pourquoi, il est nécessaire de les maintenir éveillés au sujet de ces
tendances vers le monde et les choses qui sont dans le monde, pour leur montrer
que, s’ils s’y laissaient reprendre, l’amour du Père ne pourrait et ne peut
exister dans le cœur avec ces choses. Le Père, certes, n’est pas la source de
la convoitise de la chair, de la convoitise des yeux et de l’orgueil de la vie.
Donc, tout ce qui est dans le monde est opposé au Père ; de sorte que, si
je veux savoir où la mondanité commence et où elle finit, j’ai cette pierre de
touche : cette chose est-elle du Père ? Non, eh bien ! elle est du monde. Alors que faut-il faire ? Il faudra
lâcher le monde, ou lâcher le Père… Et encore, ces choses ne sont que de la convoitise
,
c’est-à-dire, elles ne contiennent rien de saisissable, plus on en a, moins on
est content. Elles laissent le cœur vide et avide, et elles font partie de ce
qui s’en va, de ce qui n’est qu’une figure
qui passe. Il faut donc les
laisser, pour pouvoir poursuivre ce chemin de la vie où le cœur, a déjà affaire
avec les réalités. Là, il n’y a aucune déception, au contraire, la lumière y
augmente son éclat jusqu’à ce que le jour soit en sa perfection. Ce n’est plus
quelque chose qui passe, il n’y a point de terme. Là, on fait la volonté de
Dieu et l’on demeure éternellement
. On commence avec ce qui est
éternel ; on poursuit ce qui est éternel ; on atteindra ce qui est
éternel. Donc on demeure éternellement. Oh ! que
nous faut-il de plus ?
Nous arrivons maintenant à la troisième et dernière classe de
maturité, savoir : Les petits enfants
. Ce qui les caractérise
spirituellement, c’est qu’ils connaissent le Père
. Cette précieuse
connaissance est la part immédiate de celui qui arrive au Seigneur, et non pas
quelque chose qu’on acquière en progressant sur la route. Ce n’est pas qu’il
n’y ait pas croissance dans cette connaissance, au contraire. Un petit
enfant
a « le Père », mais un père
a expérimenté « le
Père ». C’est bien simple, déjà humainement, un fils de vingt ans connaît
son père par expérience, tandis qu’un jeune garçon de quatre ans connaît son
père, parce qu’il est arrivé à ce père par sa naissance. Nous avons reçu
l’Esprit d’adoption par lequel nous crions : « Abba,
c’est-à-dire, Père ». Or cela est vrai de celui qui, aujourd’hui, est né
de l’Esprit comme du plus ancien chrétien. — Mais sa connaissance de la
personne de Christ, révélée par le Saint Esprit, est une affaire de progrès, et
les petits enfants
sont en danger de se laisser égarer par les faux
docteurs, parce qu’ils ne sont pas fondés et enracinés en Celui qui est dès le
commencement. Aussi ce sont les petits enfants
qui sont mis en garde,
par l’apôtre, contre les antichrists. Ceux-ci sont
sortis du milieu des chrétiens ; ils peuvent ainsi être considérés, par
les petits enfants
, comme des hommes de poids qu’ils ont vu agir au
milieu des chrétiens.
L’apôtre leur écrit donc au sujet de ceux qui les égarent. Ceux-ci se manifestent pourtant comme n’étant pas des nôtres par le fait qu’ayant fait profession de marcher avec nous, ils en sont sortis. « Car, dit l’apôtre, s’ils eussent été des nôtres, ils fussent demeurés avec nous ; mais c’est afin qu’ils fussent manifestés comme n’étant pas tous des nôtres ».
Nous voyons, en Éph. 4:14, la preuve
que l’état d’enfance est dangereux vis-à-vis des fausses doctrines. « Afin
que nous ne soyons plus des enfants, ballottés et emportés çà et là par tous
vents de doctrine dans la tromperie des hommes, dans leur habileté à user de
voies détournées pour égarer ». — Remarquez bien que ce passage ne dit
pas : « des enfants flottants », (comme le font les traductions
ordinaires) ; mais que c’est : « afin que nous ne soyons plus des
enfants
», parce que ce qui caractérise les enfants
, c’est la
disposition d’être ballottés et emportés çà et là, etc. — Enfant, dans ce
passage, n’exprime pas la relation positivement, mais l’état d’enfance.
Il ne faut donc pas rester enfants. Les enfants, qui usent de
lait et non de nourriture solide, n’ont pas les sens exercés à discerner le
bien et le mal (Hébreux 5: 14). Or le ministère s’exerce particulièrement à
l’égard de cette classe, pour les conduire à l’état d’hommes faits, de pères. —
Il s’exerce en vue de la perfection des saints… pour parvenir à l’état d’hommes
faits, à la mesure de la stature de la plénitude du Christ (Éph.
4:11-13). — Donc, les pères
sont, comme nous l’avons dit, au-dessus de
l’exercice du ministère ; ils en possèdent le résultat, et l’apôtre n’a
rien à leur dire qu’à constater ce résultat, savoir : « Vous
connaissez Celui qui est dès le commencement ».
Mais ici nous trouvons le vrai caractère du ministère de
l’Esprit à l’égard de ces petits enfants
. Que leur est-il dit ?
« Et vous avez l’onction de la part du Saint, et vous connaissez toutes choses.
Je ne vous ai pas écrit, parce que vous ne connaissez pas la vérité, mais parce
que vous la connaissez et qu’aucun mensonge ne vient de la vérité ». Le
ministère ne se présente pas comme la ressource, mais comme l’indicateur de
cette ressource, qui est la présence et l’action du Saint Esprit. L’apôtre
même, écrivant aux petits enfants
, ne se donne pas comme étant la
ressource ; mais il les rend attentifs sur le fait qu’ils ont eux-mêmes
l’onction de la part du Saint. Il les engage à utiliser cette ressource contre
l’esprit des antichrists. Car par le fait qu’on la
possède, on est à même de savoir toutes choses, de connaître la vérité et de
discerner le mensonge de ceux qui nient que Jésus soit le Christ. On est à même
de discerner aussi que l’esprit de l’antichrist,
étant l’opposition à la révélation de Dieu par le Fils, tend à nous ravir Dieu
révélé pleinement comme Père. Car, depuis la venue du Fils, prétendre posséder
Dieu autrement que par la révélation que le Fils en a faite, ce ne serait plus
posséder le vrai Dieu, « Dieu manifesté en chair » ; ce n’est
pas le Père et
le Fils. — Ce n’est pas ce Dieu dont le Seigneur parle au
chapitre 17 de Jean, en disant : « Et c’est ici la vie éternelle,
qu’ils te connaissent comme seul vrai Dieu, et
celui que tu as envoyé,
Jésus Christ ». — Or ce qui est en opposition au vrai Dieu
ne
peut-être qu’un faux dieu, et un faux dieu est une idole. Donc, la prétention
d’un juif, actuellement, d’essayer de garder Dieu en rejetant Jésus, amène dans
son âme la perte de l’un, et de l’autre, et de plus ce Dieu, qu’il prétend
garder sans Jésus, devient, dans l’appréciation de son esprit, rabaissé au
niveau des idoles. Ce n’est plus le vrai Dieu. — Voici la déclaration de la
Parole : « Quiconque nie le Fils n’a pas non plus le Père ;
celui qui confesse le Fils a aussi le Père ». Et encore :
« Quiconque vous mène en avant, et ne demeure pas dans la doctrine du
Christ, n’a pas Dieu. Celui qui demeure dans la doctrine du Christ, celui-là a
le Père et le Fils » (2 Jean 9).
Or la révélation du Père et du Fils, c’est ce que l’on a entendu dès le commencement (v. 24 de notre ch. 2). Il faut donc que cela demeure en nous, et y demeure intact, en rejetant les faussetés de ceux qui, prétendant y ajouter quelque chose, ne tendent qu’à nous l’ôter positivement. Mais si ce que nous avons entendu dès le commencement demeure en nous, nous aussi nous demeurerons dans le Fils et dans le Père, et nous jouirons pratiquement de la vie éternelle, cette vie qui, selon Jean 17:3, est de connaître le seul vrai Dieu et celui qu’Il a envoyé, Jésus Christ.
Or, ce que l’on a entendu dès le commencement, c’est le Fils
manifestant Dieu et révélant le Père, manifestant donc la vie. — Le Père et
le Fils, le Fils et
le Père, Dieu et
Jésus, voilà quel est notre
Dieu actuel. Un autre que celui-là
n’est pas le vrai Dieu et la vie
éternelle.
L’onction du Saint-Esprit est donc aussi la part des petits
enfants
, cette onction demeure en eux (v. 27), ils n’ont pas besoin que personne
les enseigne, car cette onction les enseigne à l’égard de toutes choses, et
elle est vraie, elle n’est pas mensonge. Il faut donc s’attacher à son enseignement, et l’on demeurera en Lui,
en Christ. Combien l’apôtre est heureux de penser à ce Consolateur qui demeure
avec nous éternellement. Lui, Jean, allait s’en aller en haut. Paul était parti
aussi ; mais ils savent ce qu’ils laissent après eux. Ils ne disent
pas : choisissez-vous des hommes pour nous succéder, qui seront une
garantie pour vous, car les faux docteurs sont déjà là et vont se multiplier !
Non, ce n’est pas là le langage des apôtres. Écoutons Paul au chapitre 20 des
Actes ; il dit : « Car je sais ceci : qu’après mon départ
il entrera parmi vous des loups redoutables qui n’épargneront pas le troupeau ;
et il se lèvera d’entre vous-mêmes
des hommes qui annonceront des
doctrines perverses pour attirer des disciples après eux. C’est pourquoi
veillez, etc. … » — Or, voici la garantie qu’il laisse après lui en face
d’une perspective si alarmante : « Et maintenant, frères, je vous
recommande à Dieu et à la parole de sa grâce qui a la puissance d’édifier et de
vous donner un héritage avec tous les sanctifiés ». — Dieu et sa Parole,
voilà la garantie immuable des témoins de Christ.
Ainsi l’apôtre Jean montre aux petits enfants
quelle
sécurité ils possèdent contre les antichrists ;
— c’est l’onction de la part du Saint.
Hélas ! l’Église n’a pas été bien loin sans oublier que le Saint-Esprit était là, et il a fallu y suppléer en substituant l’homme au Saint-Esprit.
Mais remarquons bien que le « vous n’avez pas besoin que personne
vous enseigne », ne se rapporte pas au ministère, au contraire, le
ministère est un des canaux par lequel l’onction enseigne, mais il n’est pas
l’onction et ne doit jamais avoir la prétention de l’être. Ici, comme ailleurs,
le ministère apparaît sous son vrai caractère ; c’est-à-dire que son
action a toujours pour but de placer les âmes directement en relation avec le
Père et le Fils par la Parole et par l’Esprit, et de les aider ainsi à sortir
de l’enfance et à tendre à l’état d’homme fait, de père.
Le ministère tient les enfants éveillés à l’égard des dangers
qui les entourent et leur dit : Voyez
, on cherche à vous ravir la
personne du Fils, comme étant la révélation du Père ; prenez-y garde. Vous
avez contre ce piège une ressource à votre portée : Voyez
, vous
avez la Parole et le Saint-Esprit. Voyez
, cette Parole dit telle et
telle chose à tel et tel endroit, considérez cela, confrontez les Écritures,
faites usage de vos ressources, ne négligez pas la Parole etc. !
Il est utile de remarquer que le ministère conduit les âmes à la ressource, tandis que le clergé se présente avec la prétention d’être, lui, la ressource.
Le verset 28 constate que le ministère s’exerce au milieu des
saints, qui sont tous nommés ici « enfants ». Et si les saints ne
progressent pas, s’ils ne demeurent pas en Lui (Christ), alors quand Il
paraîtra, la pauvreté de la marche des saints sera à la honte des ouvriers.
Quel puissant moyen de stimuler les saints ! « Prenez garde à vous-mêmes
,
leur dit-il dans la 2ème épître, verset 8, — afin que nous ne perdions pas ce
que nous avons opéré, mais que nous recevions un plein salaire ».
Ensuite l’épître nous indique quels sont les fruits de la vie
qui nous a été communiquée, et nous montre d’une manière abstraite ce que c’est
que d’être de Dieu et ce que c’est que d’être du Diable. « Quiconque
pratique la justice est né de Lui ». Il n’y a point de justice chez
l’homme, de sorte que, si je la pratique, tout faiblement et obscurément que ce
soit, cette pratique est la preuve que je suis né de Dieu. Quelle preuve de ma
relation d’enfant ! Impossible donc d’être né de Dieu sans pratiquer la
justice, ne fût-ce que dans une bien pauvre mesure. Et impossible de pratiquer
la justice sans être né de Dieu, car il n’y a point de justice dans la chair.
Mais quelle chose que d’être né de Dieu ! Voyez, considérez
quel
amour le Père nous a accordé que nous soyons appelés enfants de Dieu. — Ce
Père, que Jésus nous a révélé, nous le connaissons maintenant par la possession
de la vie qui a été manifestée par le Fils, et qui nous a été communiquée. Or
ce Père, c’est Dieu, ce Dieu que le Fils a fait connaître, lequel aussi a rendu
témoignage du Fils. Voilà notre Dieu. Voyez
! dit l’apôtre, nous
sommes
maintenant enfants de Celui-là
. Notre communion est avec le
Père et avec son Fils Jésus-Christ.
Quant à ce que nous serons
, nous le savons
;
mais aujourd’hui nous avons besoin de savoir ce que nous sommes maintenant
et d’en jouir. Or, nous sommes enfants de ce Dieu et Père que Jésus a révélé.
Cela ne veut pas dire seulement que nous sommes enfants de Dieu, parce que nous
avons cru, et que, ensuite, cela ira comme cela pourra ; non, mais
l’apôtre nous rend attentifs sur ce que c’est que d’être maintenant
enfants de Dieu. Voyez
! voici tout ce qui en découle : Nous
sommes nés de Lui, (sa vie nous a été communiquée), notre communion est avec le
Père et avec son Fils Jésus-Christ, nous
marchons dans la lumière, nous avons communion entre nous, nous ne péchons pas,
nous gardons les commandements, nous connaissons Jésus notre vie, nous marchons
comme Il a marché, nous demeurons dans la lumière, nous nous aimons les uns les
autres, nous savons que nos péchés nous sont pardonnés par son nom, nous
connaissons Celui qui est dès le commencement, etc. Voilà ce qui caractérise la
vie, par laquelle nous sommes enfants de Dieu. Voyez ! quel amour
! — Hélas ! quant
à nous, le tableau est bien terni dans la pratique, quoique ce soit le but vers
lequel nous tendions ; mais cette vie est cela, voyez
!
Or, par le fait que nous sommes enfants de Dieu, le monde ne
nous connaît pas ; et pourquoi ? Parce qu’il ne L’a pas connu. Le
monde n’a pas voulu connaître Dieu révélé par Jésus, et aujourd’hui il ne le
veut pas mieux. On voudra bien un bon Dieu
, en thèse générale, duquel on
attend la pluie et le beau temps (à moins d’être athée). Mais le seul vrai Dieu
et Jésus
, on ne le veut pas, on ne le connaît pas, et quand il s’est fait
voir, on l’a haï : « Celui qui me hait, hait aussi mon Père. Si je
n’eusse pas fait parmi eux les œuvres qu’aucun autre n’a faites, il n’auraient
pas eu de péché ; mais maintenant ils ont et vu, et haï et moi et mon
Père
» (Jean 15:24).
Or, par le fait que nous Lui appartenons, nous ne pouvons pas
être aimés et connus du monde. Le Seigneur le disait aussi dans ce passage de
Jean 15 : « Si vous étiez du monde, le monde aimerait ce qui serait
sien ; mais parce que vous n’êtes pas du monde, mais que je vous ai
choisis du monde, à cause de cela
, le monde vous hait ». Et encore
au chapitre 17 le Seigneur dit de nous au Père : « Je leur ai donné
ta parole, et le monde les a haïs, parce qu’ils ne sont pas du monde, comme moi
je ne suis pas du monde ». Quelle sanction de notre lien de communion avec
le Père et le Fils et de l’importance de notre entière séparation du
monde ! Nous avons donc le bonheur actuel d’être maintenant
enfants
de Dieu, et la haine du monde ne fait qu’augmenter pour nous l’appréciation de
ce bonheur.
Mais il y a un bonheur futur. Nous savons
que, lorsqu’Il
sera manifesté, nous lui serons semblables. Voilà ce que nous savons. Il
transformera le corps de notre humiliation, pour le rendre conforme au corps de
sa gloire. Et alors, le monde nous connaîtra en nous voyant avec Lui. Le monde
sera forcé de connaître que nous avons été aimés de Dieu comme Jésus a été aimé
(Jean 17:23). — En ce jour-là le Seigneur sera glorifié dans ses saints, et
admiré dans tous ceux qui auront cru (2 Thes. 1:10).
Le monde verra Jésus tel qu’Il sera quand il paraîtra ; mais nous, nous
Lui serons semblables, et nous le verrons comme Il est
. Le monde ne
pourra pas le voir comme Il est, parce que pour cela il faut être là où Il est.
Mais nous, nous y serons : Il a dit « Père, je veux, quant à ceux que
tu m’as donnés que là où moi Je suis, ils y soient aussi avec moi, afin qu’ils
voient ma gloire
» (Jean 17:24). Or quelle est la conséquence
pratique d’une telle perspective ? La voici : Quiconque a cette
espérance en Lui se purifie comme Lui est pur. En effet la conscience de Lui
être bientôt semblables et de Le voir comme Il est, nous pousse à Lui
ressembler autant que possible maintenant, et la mesure, c’est :
« comme Lui est pur ». Non pas, comme Lui s’est purifié : Il est
pur, nous, nous tendons à l’être dans la pratique. L’espérance de sa venue
conduit là, elle est un stimulant à cela. Comment en serait-il autrement ?
Comment posséder cette espérance de Lui être semblable bientôt, et d’être avec
Lui, là où Il est, pour Le voir comme Il est, et en même temps prendre part aux
souillures de la chair et du monde ? Encore ici, notre marche pratique
démontre comment nous attendons le Seigneur, et comment nous apprécions notre
future participation à sa gloire.
Or donc, verset 4, puisque nous nous purifions comme Lui est
pur, nous ne pratiquerons pas le péché, l’iniquité, l’état sans frein. Car
c’est là la définition du péché ; ce n’est pas seulement la transgression
d’une loi, autrement l’on pourrait dire que là où il n’y a point de loi, il n’y
a point de péché, et la Parole dit le contraire en Romains 5:14. Mais « le
péché
», c’est l’indépendance, l’action de la propre volonté.
Il y a aussi une différence entre « être surpris en quelque
faute », et « pratiquer le péché » comme vie. Quelqu’un a
dit : « Je puis tomber dans un fossé, mais je n’y deviens pas
grenouille pour y vivre ; c’est mon manque de vigilance qui m’y a fait
tomber, et si quelqu’un ne m’en avait retiré, je serais mort, car ce n’est pas
l’élément de ma vie ». Or, nous avions des péchés, Il nous les a ôtés
.
Il n’y a point de péché en Lui, Il est pur ; si nous, nous demeurons en
Lui, nous ne péchons pas. Celui qui pèche, qui est sans loi, celui-là ne L’a ni
vu, ni connu. Mais, nous, comme nés de Dieu, nous pratiquons la justice, nous
sommes justes, comme Lui est juste, non pas autant ; mais la pratique de
la justice en Lui et en nous, est un produit de même nature. En Lui cette
production était parfaite, en nous elle est souvent imperceptible, mais c’est
un fruit de même nature, c’est la justice
; or, il n’y en a point
dans la chair. Celui donc qui pratique le péché est du Diable. Quant au Diable,
sa raison d’être, c’est de pécher, il fait cela dès le commencement. Quant à
nous, notre raison d’être, comme nés de Dieu, c’est de ne pas pécher ; la
semence de Dieu demeure en nous, nous ne pouvons pécher, parce que nous sommes
nés de Dieu ; c’est impossible, il vaudrait presque autant dire (qu’Il
pardonne l’expression) que Dieu peut pécher. Il faut se rappeler que la Parole
considère le chrétien
exclusivement comme né de Dieu, il est une
nouvelle création, les choses vieilles sont passées, toutes choses sont faites
nouvelles, et toutes sont de Dieu. Nous reviendrons là-dessus au chapitre 5.
Cela ne veut pas dire que nous ne bronchions pas, ce n’est pas la question
ici ; nous avons vu le contraire au chapitre 2:1. Mais ici, nous avons la
qualité intrinsèque du bien et du mal, et leurs sources respectives. Dieu est
la source du bien, le Diable, celle du mal ; donc on ne peut être de Dieu,
et faire le mal, ni être du Diable et faire le bien. C’est ainsi que les
enfants de Dieu et les enfants du Diable sont rendus manifestes.
Le Fils de Dieu est venu pour détruire les œuvres du Diable ; comment ferais-je encore ces œuvres, moi qui en ai trouvé la délivrance en Celui qui est venu les détruire ?
Celui qui est né de Dieu pratique la justice et aime son frère, car Dieu est amour. Le manque d’amour, la haine, ensuite, procèdent de ce que l’on fait de mauvaises œuvres, et que, se sentant jugé par les œuvres justes de son frère, on ne l’aime pas. Voilà la sérieuse leçon que l’apôtre tire ici de l’exemple de Caïn. Caïn manifesta, qu’il était du méchant en haïssant, et tuant son frère, mais pour quelle cause le tua-t-il ? parce que ses œuvres étaient mauvaises, et que celles de son frère étaient justes. D’où vient donc la haine de ceux qui ne veulent pas se retirer de l’iniquité contre ceux qui s’en retirent ? c’est que l’œuvre juste de se retirer de l’iniquité juge et condamne l’œuvre mauvaise de ne pas le faire. C’est un principe qui s’étend à tout.
La Parole ajoute, verset 13: « Ne vous étonnez pas si le monde vous hait ». C’est toujours le même principe : le monde fait de mauvaises œuvres, nous, nous en faisons quelques bonnes ; donc, nous le jugeons, et il nous hait.
Or, l’amour pour les frères nous est une preuve que nous sommes passés de la mort à la vie. On ne peut avoir la vie qui aime, sans aimer. Celui qui n’aime pas son frère demeure dans la mort. La haine conduit au meurtre, comment avoir la vie éternelle et en être là ? Car cette vie, par laquelle nous aimons, nous pousse à être meurtriers de nous-mêmes pour le bien des autres. Voilà comment l’amour a agi en Jésus : Il a laissé sa vie pour nous. L’amour en nous produit les mêmes fruits, nous devons laisser nos vies pour les frères. Au lieu donc d’être meurtriers de nos frères, nous devons être prêts à mourir nous-mêmes, pour que la vie opère en eux. C’est là le chemin que Christ a frayé et où Il nous invite à le suivre, en nous en indiquant les conditions en Matthieu 16:24, 25 : « Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il se renonce soi-même, et qu’il prenne sa croix et me suive : car quiconque voudra sauver sa vie, la perdra, et quiconque perdra sa vie pour l’amour de moi, la trouvera ». En 2 Corinthiens 4:12, nous trouvons l’apôtre Paul laissant sa vie pour ses frères, et leur disant : « Ainsi donc la mort opère en nous, et la vie en vous ». L’amour ne consiste pas en paroles, mais en actions et en vérité, et celui qui est, en pratique, dans cette voie, assure son cœur devant Dieu, il sait qu’il est de la vérité. Car si l’on n’en est pas là, que l’on n’ait pas bonne conscience, alors notre cœur nous condamne, il y a quelque chose qui ne va pas ; il s’agit de nous en occuper, car puisque notre propre cœur nous condamne, Dieu qui sait tout, que voit-il ? Mais si nous marchons avec Dieu, prenant notre plaisir aux choses auxquelles Dieu prend son plaisir, la vie à laquelle nous participons produira en nous ses fruits ; si nous gardons ses commandements et que nous pratiquions les choses qui lui sont agréables, alors nécessairement notre cœur ne nous condamne pas, nous avons de l’assurance envers Dieu. Dans ces dispositions-là nous savons demander ce qui lui convient et ce qui nous convient, et nous recevons tout. — « Si vous demeurez en moi, dit le Seigneur, et que mes paroles demeurent en vous, vous demanderez ce que vous voudrez, et il vous sera fait » (Jean 15:7). Quelle douce sûreté ! Et combien il est vrai que c’est la sainteté qui assure nos cœurs devant Lui ; que l’on ne s’y trompe pas !
« Et c’est ici son commandement, verset 23, que nous
croyions au nom
de son Fils Jésus-Christ, et que nous nous aimions l’un
l’autre ». C’est la foi au nom du Fils de Dieu qui nous rend forts :
« Qui est celui qui est victorieux du monde, sinon celui qui croit que
Jésus est le Fils de Dieu » (ch. 5:5) ? Et aussi comment ne pas
s’aimer l’un l’autre dans ces dispositions-là. Ensuite le verset 24 nous montre que celui qui garde
ses commandements demeure en Dieu et Dieu en lui ; quelle grâce ! Le
Seigneur dit en Jean 14 : « Celui qui a mes commandements et qui les
garde, c’est celui qui m’aime ; et celui qui m’aime sera aimé de mon Père,
et je l’aimerai, et je me manifesterai à lui… Si quelqu’un m’aime, il gardera
ma parole, et mon Père l’aimera ; et nous viendrons à lui, et nous ferons
notre demeure chez lui ».
« Et par ceci nous savons qu’il demeure en nous, savoir par l’Esprit qu’il nous a donné ». — C’est en effet cet Esprit qui est la source et le moteur de cette marche pratique qui nous donne assurance devant Dieu et qui nous rend propres à ce qu’Il fasse sa demeure en nous. — Cette marche n’est pas le fruit du légalisme, ni du mysticisme ; c’est quelque chose de réel et de la même nature que la marche de Christ. Oh ! que c’est beau ! comme cela nous élève, tout en sondant nos cœurs !
Or beaucoup de faux prophètes sont sortis et agissent dans le monde. Ils agissent, non pas pour Dieu, mais contre la personne de Christ. Il est donc nécessaire d’avoir une pierre de touche pour discerner les esprits.
Or donc, tout esprit, principe, doctrine, qui ne confesse pas
Jésus-Christ venu en chair
n’est pas de Dieu. C’est Jésus-Christ venu
en chair
qui nous a fait connaître Dieu et nous a révélé le Père. C’est
Lui, et Lui venu en chair
, qui a été la manifestation de la vie qui
était auprès du Père et qui nous a été communiquée. C’est pourquoi l’Ennemi,
par les faux prophètes, a en vue de nous ravir cette personne adorable, ce
mystère de la piété qui est grand : Dieu a été manifesté en chair
,
justifié en Esprit, vu des Anges, prêché parmi les nations, cru au monde et
élevé dans la gloire (1 Tim. 3:16). Or, en nous
ravissant cela, on nous ravit notre Dieu actuel, Dieu et Jésus
, la vie
éternelle. Prenons-y garde ! On pourra bien venir nous annoncer avec une
grande éloquence que Jésus-Christ est venu ; et en même temps éluder
adroitement la manière
dont Il est venu. Il faut donc que tout principe,
tout enseignement, ait ce cachet de la doctrine du Christ : confesser
Jésus Christ venu en chair
, manifestation humaine de la nature divine. —
Sans ce cachet, c’est l’esprit, c’est le principe de l’Antichrist
qui nie, non pas que Christ soit venu, mais qu’Il soit venu de la manière dont
la Parole nous dit qu’Il est venu.
Ces faux prophètes sont du monde ; il est facile de les reconnaître ; leur enseignement est selon les principes du monde, c’est pourquoi le monde les écoute. Un certain Dieu, l’Être suprême, la Providence, un Dieu qui est bien loin et qui, tout en tenant la haute main pour la pluie et le beau temps, ne se mêle par trop des petites affaires d’ici-bas, — un tel Dieu va bien au monde religieux. Mais un Dieu manifesté en chair, l’homme Christ Jésus qui anéantit et remplace le premier homme et qui révèle le Père, celui-là on ne le veut pas, on le renie en tant que l’on rejette la manière dont Il s’est manifesté.
Or quant à nous, nous sommes de Dieu, nous écoutons les enseignements de l’Esprit, et nous avons vaincu ces principes anti-chrétiens. L’Esprit de vérité, qui est en nous, est plus grand que l’esprit d’erreur qui est dans le monde.
Nous sommes de Dieu, dit l’apôtre au verset 6. Nous, qui vous annonçons ce que nous avons vu, entendu, touché, contemplé. Nous sommes de Dieu, donc celui qui connaît Dieu nous écoutera, celui qui n’est pas de Dieu ne nous écoute pas. Voilà la pierre de touche pour connaître l’esprit de vérité et l’esprit d’erreur. Le témoignage des apôtres est oculaire. Ils ont vu et ouï ce sur quoi ils insistent ; si nous sommes de Dieu nous les écouterons. Celui qui ne les écoute pas, qui ne se contente pas de ce qui était au commencement, celui-là manifeste qu’il n’est pas de Dieu.
Depuis le verset 7, nous avons la magnifique définition de ce
que c’est que d’être de Dieu
, né de Lui. Quand on est de Dieu on s’aime
l’un l’autre, et en s’aimant ainsi, on prouve que l’on est né de Dieu et que,
par conséquent, on connaît Dieu. Or, en connaissant Dieu comme participant à sa
nature, on connaît que cette nature est amour. En participant à la nature de
l’homme, je connais l’homme, je sais ce qu’il est, car j’y ai part par mon
existence. Il en est de même quant à ma participation à la nature de Dieu. Je
connais Dieu, je connais ce qu’Il est. Il est amour, donc Il aime ; moi
aussi, non pas que je sois amour, mais je suis né du Dieu qui est amour, et je
connais le Dieu qui est amour. Mais comme Dieu est la source de cet amour, Il
est aussi la source de ma connaissance de son amour. Ce n’est pas moi qui ai
découvert que Dieu est amour, c’est Lui qui a dû, ou plutôt qui a voulu le
manifester, et cette manifestation a été ceci, c’est qu’au lieu de nous laisser
sous les conséquences de notre chute, c’est-à-dire, dans la mort et sous le
jugement, ce Dieu d’amour a envoyé son Fils au monde afin que nous vivions par
Lui, et aussi pour être la propitiation pour nos péchés. Dieu a constaté son
amour à Lui
envers nous, en ce que lorsque nous étions encore pécheurs,
Christ est mort pour nous (Romains 5:8). Jamais chose pareille n’aurait pu
aborder notre esprit avant que Dieu le manifestât. Ce qui aurait pu arriver,
c’est de voir peut-être quelqu’un se résoudre à mourir pour le bien : mais
de voir le Juge être livré à la mort pour les coupables : cela, il fallait
bien que Dieu le manifestât pour que nous pussions le savoir et le croire.
Voilà l’amour de Dieu. Cet amour a agi pour nous lorsque nous étions
haïssables. Il y avait tout en nous pour le repousser, mais l’amour puise ses
motifs en lui-même. Voilà l’amour de Dieu, c’est ainsi
que Dieu aime. Or
s’Il nous aima ainsi
, nous devons nous aimer l’un l’autre, et en nous
aimant ainsi
, nous rendons Dieu visible, verset 12, parce que c’est la
preuve que Dieu est là en nous ; sans cela nous nous haïrions comme
c’était le cas quand nous ne connaissions pas Dieu. Il est bien doux de
constater que notre capacité de nous aimer l’un l’autre provient de ce que Dieu
est en nous. Le Dieu d’amour est en nous, et son amour, le sien
, est
accompli en nous. Quel beau témoignage que celui de rendre Dieu visible en nous
aimant l’un l’autre. Le Seigneur Jésus nous a fait connaître Dieu, lequel personne ne vit jamais. Or, Lui étant le Fils unique
qui était dans le sein
du Père, a pu le faire connaître comme Lui l’a
connu. Maintenant nous, nous Le connaissons d’après la révélation du Fils, et à
notre tour nous en sommes le reflet. Nous manifestons Dieu en nous aimant,
donnant ainsi la preuve que nous le connaissons et que son amour est accompli
en nous. Ce n’est pas comme étant des machines que nous manifestons ces
choses ; non, nous savons
, nous avons conscience que nous demeurons
en Lui, et que Lui demeure en nous, et nous le savons parce qu’Il nous a donné de
son
Esprit, c’est-à-dire de sa nature : nous participons aussi aux
affections de cette nature : Dieu est amour, Il est en nous, aussi nous
aimons. Le fait de l’habitation du Saint-Esprit en nous est la preuve que Dieu
demeure en nous (ch. 3:24) ; mais l’action de cet Esprit, comme source et
puissance de la nature divine en nous, nous donne conscience que nous demeurons
en Lui. Oh ! quelle glorieuse position, et comme
telle, elle est la part de tout chrétien. Quiconque confessera que Jésus est le
Fils de Dieu, Dieu demeure en lui, et lui en Dieu. — Mais il s’ensuit quelque
chose de bien sérieux quant à la responsabilité : puisque c’est un fait
que Dieu demeure en nous (autrement nous ne serions pas chrétiens), qu’en
faisons-nous ? comment le traitons-nous ? où le portons-nous ? Combien cela sonde le cœur !
Verset 16. Nous avons connu
et cru
l’amour que
Dieu a pour nous. Dieu est amour, et celui qui demeure dans l’amour demeure en
Dieu et Dieu en lui. Quelle communion précieuse, qui introduit le cœur dans la
conscience que cet amour est maintenant consommé avec nous
! Et
c’est en ceci
, verset 17, que l’amour de Dieu est consommé avec nous,
afin que nous ayons toute assurance au jour du jugement — savoir, que comme Lui
est, nous sommes, nous aussi, dans ce monde. Le jugement vient, mais maintenant
nous sommes un avec Christ, un avec Celui qui vit
, après avoir été mort
à tout ce en quoi nous pouvions être condamnés. C’est Lui qui est le
Juge ; or nous sommes tels que Lui. Se jugera-t-il ?
Impossible ! Nous avons donc toute assurance. L’amour a pensé au jugement,
et il est consommé, cet amour, car tout ce qui était passible de jugement entre
Dieu et nous a déjà été jugé, et ensuite nous sommes un avec Celui qui vit
après avoir subi le jugement. Quelqu’un a dit que « l’amour de Dieu a
commencé avec le péché, et a fini avec le tribunal du Christ et qu’il n’y a pas
un lieu où nous puissions nous trouver plus en sûreté que devant le tribunal du
Christ, puisque nous sommes tels que le Juge ». Nous avons donc l’amour
parfait qui chasse la crainte. Oh ! cherchons à
comprendre cet amour ! entrons-y ;
saisissons-en l’immense portée ; demeurons-y, afin que nous soyons
pratiquement consommés dans cet amour qui est consommé avec nous
!
Nous avons donc ces trois choses, dans lesquelles l’amour va en
gradation par rapport à nous : Premièrement, l’amour de Dieu pour nous
,
ou envers nous
, versets 9 et 10 ; c’est ce qui a répondu à notre
position de pécheurs. Ensuite, l’amour de Dieu en nous
, nous en
jouissons maintenant comme enfants, il est répandu dans nos cœurs. Puis,
l’amour de Dieu avec nous
, c’est ce qui nous donne toute assurance pour
tout ce qui est à venir. Étant tels qu’Il est, comment craindre ?
Or, étant placés dans de telles conditions, nous aimons Dieu
,
verset 19, quel bonheur de l’aimer ! hélas !
nous gémissons du peu, mais nous l’aimons ;
comment ne l’aimerions-nous pas ? Mais c’est Lui qui a commencé, c’est là
la source de notre joie ; Il nous aima le premier
. L’origine de
notre amour mutuel avec Dieu, c’est Lui, ce n’est pas nous ; oh ! nous le savons bien et nous lui en rendons grâce :
Gloire à toi, Dieu, notre Père !
Qui nous aimas le premier,
À ton cœur notre âme est chère ;
Possède-nous en entier.
Mais cette même intimité entre Dieu et nous existe aussi entre
nous, les siens, cela devient un commandement de faire entre nous ce que nous
faisons avec Dieu. Et si quelqu’un dit
qu’il aime Dieu, et qu’il haïsse
son frère, il est menteur, car voilà Dieu qui est là dans son frère tout près
de lui ; s’il ne l’aime pas, comment cela aurait-il lieu avec Dieu qui ne
se voit pas ?
Nous avons encore ici une autre preuve de cet amour pour Dieu et pour les frères. Nous croyons que Jésus est le Christ, c’est la preuve que nous sommes nés de Dieu ; Dieu nous a engendrés, nous l’aimons donc comme notre Père, et par conséquent nous aimons aussi celui qui est engendré de Lui comme nous. Mais quand savons-nous que nous aimons ainsi ceux qui sont nés de Lui, ses enfants ? c’est quand nous l’aimons Lui et que nous gardons ses commandements. Premièrement donc, nous aimons nos frères parce qu’ils sont nés du Père que nous aimons. J’aime tous les enfants d’un frère, parce qu’ils sont ses enfants. Ensuite, comment sais-je que j’aime les enfants de Dieu comme tels, et quand est-ce que cet amour est en exercice ? C’est quand j’aime Dieu et que je garde ses commandements. Car c’est ici la preuve de mon amour pour Dieu (duquel l’amour pour les frères découlera), c’est que je garde ses commandements. Sa manière d’agir fait autorité pour moi qui suis né de Lui. L’amour et l’obéissance, voilà toujours les deux caractères inséparables de cette vie qui nous a été communiquée. L’amour pour les frères ne peut donc absolument pas être séparé de l’obéissance au Père, de sorte que nous ne pouvons pas aimer la désobéissance chez nos frères, ni les suivre, sous prétexte d’amour, dans leur désobéissance au Père. Il est important de signaler ce principe dans ces temps-ci où l’on parle tant d’amour, et où l’on fait de l’amour un manteau pour couvrir le mal.
Il faut donc marcher avec Dieu, marcher comme Jésus a marché.
Cette marche n’est pas pénible, parce que, ayant la vie de Dieu, nous aimons ce
qu’Il aime, et nous prenons plaisir là où Il prend son plaisir. Mais nous
sommes environnés de tout ce qui tend à nous entraver dans cette pratique des
commandements de la nouvelle vie. Il y a le monde
. Rappelons-nous que le
monde et les choses qui sont dans le monde
sont un piège pour les jeunes
gens, (ch. 2 de notre épître), tendant à les entraver dans leurs progrès vers
l’état de pères. Que sera-ce donc pour les petits enfants ? Or tout ce qui
est né de Dieu est victorieux du monde, car étant une nouvelle création, les
choses vieilles sont passées, toutes choses sont faites nouvelles, et toutes
sont de Dieu. Mais il faut que la foi soit agissante pour nous maintenir
pratiquement sur ce terrain-là. Il y a une victoire à remporter sur « le
monde
», mais il est vaincu par notre foi. Or c’est ici la victoire qui
a vaincu
le monde, [savoir] notre foi.
Remarquons que c’est là le caractère de la foi que nous avons,
c’est qu’elle a vaincu
le monde. Et comment cela se fait-il ? Par
la simple raison que la foi ne peut nous occuper que de ce qui est en dehors de
ce monde, elle n’a rien à faire de ce qui est d’en bas ; or en nous
occupant ailleurs, en nous faisant avoir notre conversation dans les cieux,
elle nous rend victorieux de ce qui est plus bas. La foi nous sort donc de
l’élément du monde où les choses qui s’opposent à notre marche se trouvent, et
elle nous fait habiter l’élément supérieur. Remarquons encore que c’est la
nôtre, de foi, qui a ce caractère-là ; c’est celle que nous avons, c’est la
foi
; il ne s’agit pas ici de sa quantité, mais de sa qualité comme ayant
vaincu le monde, et non comme devant
le vaincre, quoique, dans
l’application, cela ne peut manquer d’être vrai.
Or, quel est l’objet particulier de la foi ? c’est le Fils de Dieu. Qui est celui qui est victorieux du monde sinon celui qui croit que Jésus est le Fils de Dieu, verset 5. Voilà les pères, ils connaissent Jésus, et chantent :
Qu’ai-je besoin du monde et de sa vanité ?
En Toi Seigneur Jésus est ma félicité ;
C’est sur Toi, sur Toi seul que mon espoir se fonde ;
Tu me donnes la joie et la tranquillité !
Quel besoin ai-je donc du monde
?
Quel est-il le Fils de Dieu ? Il est Celui en qui la vie
que nous avons se trouve. La vie éternelle que Dieu nous a donnée, elle est
dans son Fils, de sorte que nous qui avons Le Fils
, nous avons La Vie
.
La vie n’était pas en nous comme hommes, enfants d’Adam ;
et même le Seigneur, en ce qu’Il a été fait en ressemblance de chair de péché,
a dû mourir pour mettre fin à cette existence en Adam où la vie ne se trouvait
pas, et aussi pour expier les fruits odieux de cette existence-là. Christ est
donc Celui qui est venu par l’eau et par le sang, dans la puissance de l’eau et
du sang. Le sang qui expie et l’eau qui purifie sont sortis du côté d’un Christ
mort (Jean 19:33-35). Il a dû mourir pour nos péchés… Le sang rend témoignage
de cela. Il a dû mourir au péché
, afin que nous soyons délivrés du vieil
homme en qui n’était pas la vie… L’eau rend témoignage de cela, car nous ne
pouvions être purifiés du vieil homme, qu’en étant délivrés de lui ; or
c’est la mort de Christ au péché
qui nous en délivre (voyez Romains
6:1-11). L’application pratique de cette mort nous en purifie pratiquement
aussi (voyez Romains 8:13 et Colossiens 3:5).
Mais Christ, qui a dû mourir au péché et pour les péchés, est
maintenant glorifié dans le ciel, après avoir été ressuscité (Jean ne parle pas
de cela, c’est Paul), et le Saint-Esprit est descendu pour rendre témoignage de
Sa personne et de Son œuvre, et l’Esprit est la vérité. Le sang rend témoignage
de l’expiation des péchés, l’eau rend témoignage de la purification du vieil
homme par la mort, et le Saint-Esprit définit ces choses à nos âmes, et est
ainsi un témoin avec l’eau et avec le sang. Ces trois témoins sont d’accord
pour rendre témoignage que la vie éternelle, que Dieu nous a donnée, cette vie
est dans son Fils, et pas ailleurs. La vie n’était pas dans le premier Adam
avant la mort, elle est dans le second Adam après la mort. Quelle vie que
celle-là ! Voici donc le témoignage que Dieu a rendu au sujet de son
Fils : c’est que Dieu nous a donné la vie éternelle, et cette vie est dans
son Fils. Nous donc qui avons le Fils, nous avons la vie
, celui qui n’a
pas le Fils de Dieu n’a pas la vie. Et il y a aussi ceci de précieux pour nous,
c’est que nous avons le témoignage au dedans de nous-mêmes par la présence du
Saint Esprit.
Au verset 13, l’apôtre dit qu’il nous a écrit ces choses, à nous
qui avons le bonheur de croire au nom du Fils de Dieu, afin que nous sachions
que nous avons la vie éternelle. Il a démêlé les choses dans son épître, non
pas pour nous faire douter, mais pour que nous sachions ce que c’est
que
cette vie éternelle que nous avons, et afin que nous la possédions dans nos
entendements et dans nos cœurs, comme étant bien dégagée de tous les alliages
des fausses doctrines. C’est là en effet le cachet de cette épître, d’être une
pierre de touche pour éprouver tout ce qui n’est pas du crû de Dieu duquel
provient cette vie, et tout ce qui ne se rapporte pas avec la manifestation de
cette vie par la venue de cette vie dans la personne du Fils de Dieu, de sorte
que c’est à ne pas s’y tromper, soit quant à la doctrine, soit quant aux fruits
que cette vie doit produire en nous. Dieu veut que nous sachions que nous avons
cette vie éternelle, et Il veut que nous l’ayons à l’exclusion de tout ce qui
n’est pas elle-même. Quelle sûreté !
Au verset 14, il nous montre quelle grande confiance cette position nous donne pour demander à Dieu tout ce qui est en rapport avec cela, — tout ce qui est selon sa volonté, volonté qui nous devient connue par notre communion avec Lui. Alors nous savons qu’Il nous écoute. Quelle douceur de savoir — non d’espérer — que Dieu nous écoute toujours quand nous sommes d’accord avec Lui. Non seulement Il nous entend, mais Il nous écoute ; il est dit que ses oreilles sont attentives. Alors nous savons, — non seulement que nous aurons, mais que nous avons les choses que nous lui avons demandées. La foi tient déjà ces choses, elle aime à répéter, en dépit de toute opposition, que Dieu est au-dessus de tout.
Cette intime confiance est telle, qu’elle donne de la hardiesse pour demander la guérison d’un frère qui se trouve châtié pour avoir péché (v. 16). Mais il faut une grande proximité de Dieu pour être un sacrificateur capable de discerner les cas pour lesquels on peut prier avec cette confiance, d’avec les cas qui n’inspirent pas la sympathie, et où l’on sent que le coupable doit avoir affaire avec Dieu.
Nous apprenons ici quelque chose de bien solennel pour nous,
c’est que nous pouvons être retranchés de dessus la terre par discipline, et
être ainsi privés du privilège d’être ici-bas des témoins de Dieu. « Si
quelqu’un voit son frère pécher d’un péché qui n’est pas à la mort
, il
demandera pour lui et il lui donnera la vie, savoir à ceux qui ne pèchent
pas à la mort
. Il y a un péché à la mort : pour ce péché-là, je ne dis
pas qu’il demande. Toute iniquité est péché, et il y a tel péché qui n’est
pas à la mort
».
Nous trouvons, dans la Parole, deux cas de ce genre. Ananias et Sapphira (Actes 5) ont commis un péché qui allait à la mort ; c’était un mensonge, mais un mensonge avec préméditation et dans des circonstances qui excitaient l’indignation.
Ensuite en 1 Corinthiens 11:30, 31, nous trouvons que le fait de
prendre la cène indignement, ne discernant pas le corps du Seigneur, peut
devenir un péché à la mort, car il est dit : « C’est pour cela que
plusieurs sont faibles et malades parmi vous, et qu’un assez grand nombre
dorment ; car si nous nous jugions nous-mêmes, nous ne serions pas
jugés ». C’est de la mort du corps qu’il s’agit. Nous sommes ainsi châtiés
par le Seigneur, afin de n’être pas condamnés avec le monde. Mais gardons-nous
bien de nous consoler facilement là-dessus, car si, par la grâce de Dieu, le
salut éternel n’est pas en question il y a cependant une chose solennelle en
question, c’est la perte du témoignage à rendre sur la terre, et cette perte
est éternelle, l’occasion ne s’en représentera plus. Si nous considérons le cas
que la Parole fait du privilège d’être les témoins de Dieu ici-bas, nous
apprenons à évaluer la perte qu’il y a pour un chrétien d’être retranché de ce
monde par discipline. En Jean 17, nous trouvons le Seigneur parlant au Père de
la belle mission qu’il nous donne dans ce monde, mission des plus relevées en
ce qu’elle fait suite à la sienne : « Comme tu m’as envoyé dans le
monde, moi aussi je les ai envoyés dans le monde ». Et une de ses demandes
pour nous, c’est : « Je ne te fais pas la demande que tu les ôtes du
monde, mais que tu les gardes du mal » … L’apôtre Paul nous dit en Philippiens 1, qu’il vaut la peine de vivre dans la
chair : « Car pour moi vivre, c’est Christ, et mourir un gain ;
mais si je dois vivre dans la chair, il en vaut bien la peine » (ou comme
le dit une note : Ce sera pour moi un travail qui portera son fruit). Oui,
il vaut la peine de rester dans ce monde pour Dieu, malgré toutes les
souffrances qui s’y rattachent, et d’un autre côté, il ne peut rien arriver de
plus triste à un chrétien que de compromettre la sainteté de Dieu à tel point
que Dieu soit obligé de l’ôter du monde
par châtiment. Quelle chose
odieuse que le péché, et quelle chose solennelle que le jugement du
péché !
Nous trouvons ensuite, au verset 18 de notre chapitre 5, que
l’apôtre établit encore une fois le côté positif de l’état chrétien :
« Nous savons que quiconque est né de Dieu ne pèche pas, mais celui qui
est né de Dieu se conserve lui-même, et le méchant ne le touche pas ».
Voilà la belle définition que la Parole fait du chrétien, et elle ne peut en
faire une autre. Il est participant de la nature divine. Il est une nouvelle
création, les choses vieilles sont passées, toutes choses sont faites
nouvelles, et toutes sont de Dieu. Or comme tel, il n’a rien à faire ni avec le
péché, ni avec le Diable. Celui-ci ne peut tenter Dieu, ni le nouvel homme,
lequel est créé selon Dieu en justice et en vraie sainteté. Le chrétien, par sa
nature comme tel, se conserve lui-même, le méchant ne le
touche pas. Remarquons bien qu’il n’est pas dit : Ce qui en nous est né
de Dieu
ne pèche pas, non, car, hélas ! on
aurait vite ajouté : quant à la chair, elle péchera jusqu’au bout. Non,
non, ce n’est pas ainsi que Dieu considère le chrétien ; comme homme, je
suis mort ; comme chrétien, je vis. Or, il faut cesser d’être mort (Cesser
de l’être, dans sa propre volonté, se soustraire à cette mort) pour avoir
affaire avec le péché et avec le Diable, il faut rentrer dans le domaine de
l’homme déchu. Alors pendant que je vis selon la chair (Romains 8:13) je ne
puis être appelé un chrétien par la Parole de Dieu ; non, elle m’appellera
un homme
, ou un méchant
(voyez 1 Cor. 5:5 et 13). Elle ne dit pas
non plus : le chrétien
qui sème pour sa chair, etc. (Galates 6:7,
8) ; non, elle dit : Ce que l’homme
sème, — Il faut donc
rentrer dans le domaine de l’homme et cesser de réaliser la mort, pour pouvoir
semer pour sa chair. Il est très important de considérer le chrétien comme la
Parole le considère. Combien cela conduit à la sainteté pratique ! Nous
savons, dit l’apôtre, que quiconque est né de Dieu ne pèche pas, mais celui qui
est né de Dieu se conserve lui-même, et le méchant ne le touche pas.
Et ensuite, verset 19 ; Nous savons que nous sommes de
Dieu, et que le monde entier gît dans le méchant. Nous sommes de Dieu
,
c’est là notre qualité
. Ce n’est pas seulement que notre position est bonne, ou meilleure comparativement à d’autres ; mais
elle est de Dieu
, elle a ce cachet-là. Et par sa grâce Il nous a appris
à dire : Nous savons
que nous sommes cela. Mais nous savons aussi
que le monde entier gît dans le méchant. Là rien ne peut être reconnu de Dieu,
tout est du méchant, et rien ne devrait y être reconnu de nous, car, en le
faisant, nous sommes en opposition avec Dieu ; si quelqu’un aime le monde
l’amour du Père n’est point en lui. Comment savons-nous que nous sommes de
Dieu ? C’est parce que le Fils de Dieu est venu et qu’Il nous a donné de
l’intelligence pour connaître le Véritable. Or nous savons
que le Fils
de Dieu est venu
. Précieuse certitude de savoir qu’Il est venu
!
Et par sa venue Il nous a donné de l’intelligence pour connaître le Véritable.
C’est-à-dire qu’Il est venu manifester le Dieu que personne n’a vu et ne peut
voir ; Il est venu nous révéler le Père. Nous avons vu le Père en voyant
Jésus. Voilà l’intelligence qu’Il nous a donnée par la manifestation et la
révélation du Dieu et Père que nous connaissons maintenant véritablement
.
Et c’est la vie éternelle de Le connaître ainsi, Lui seul vrai Dieu et
Jésus-Christ qu’Il a envoyé. Voilà notre Dieu actuel, c’est le Père et le Fils,
qui sont confondus en un ici dans notre passage : et nous sommes dans le
Véritable, savoir dans son Fils Jésus-Christ : Il est le Dieu véritable et
la vie éternelle. Quant à la nature de la manifestation de cette vie qui était
auprès du Père, c’est bien Dieu
; mais quant au mode de cette
manifestation, c’est le Fils
; c’est Dieu manifesté en chair, et
nous sommes en Lui qui est le Dieu véritable et la vie éternelle.
Quelle sécurité que l’assurance contenue dans ces versets 18 à
20, qui forment la belle conclusion de l’épître ! Quel bonheur de pouvoir
dire, nous savons
. Et que savons-nous ? Nous savons que quiconque
est né de Dieu ne pèche pas. Il est de Dieu
, il se conserve lui-même par
sa raison d’être, et le méchant ne le touche pas. Ensuite, dans cette position,
nous savons
que nous sommes de Dieu
. Comment en douter, là ?
Et quelle est la base de cette sécurité ? la
voici : Nous savons
que le Fils de Dieu est venu
. Il est
venu du sein du Père, et Il nous L’a fait connaître comme Lui L’a connu. Nous
connaissons donc Dieu pleinement révélé, et nous sommes dans son Fils qui en a
été la manifestation, étant Lui-même, — comme confondu avec le Père, — le Dieu
Véritable et la vie éternelle. Notre communion est avec le Père et avec son
Fils Jésus-Christ. Voilà notre « Dieu et Jésus ». Un autre Dieu que
celui-là est une idole, et prétendre connaître Dieu en dehors de sa
manifestation dans le Fils, c’est de l’idolâtrie, dans le sens que c’est un
autre Dieu que le Dieu du christianisme, qui est « Dieu et Jésus
».
Donc puisque nous Le connaissons véritablement, gardons-nous des idoles ! et gardons-nous-en de quelque nature qu’elles soient. C’est
là le dernier mot de l’épître : « Enfants, gardez-vous des
idoles ». Nous sommes de Dieu, nous connaissons le Véritable, nous sommes
dans le Véritable, notre communion est avec le Père et le Fils, ainsi notre
joie doit être accomplie. Avons-nous besoin d’idoles ?
Après nous avoir établi dans le Véritable à la fin de sa
première épître, l’apôtre, plein de son sujet, écrit à une sœur en appliquant à
la vérité
le sujet de la 1ère épître, savoir Christ comme manifestation
humaine de la vie divine. Jean aimait cette sœur et ses enfants dans la vérité.
Et tous ceux qui connaissent la vérité s’aiment ainsi. Or cette vérité, c’est la
doctrine du Christ
, du Christ venu en chair, tout ce qui se rapporte à la
personne de Christ. La vérité demeure en nous et sera avec nous à jamais, dit
l’apôtre. Quelle sécurité pour nous de savoir que la vérité ne nous quittera
pas, malgré toutes les forces que l’Ennemi déploie pour la corrompre, et que la
grâce, la miséricorde et la paix seront avec nous de la part de Dieu le Père,
et de la part du Seigneur Jésus-Christ le Fils du Père, en vérité et en amour.
C’est remarquable combien le sujet de la 1ère épître ressort de toutes les
phrases de celle-ci. Jésus est appelé le Fils du Père. C’est toujours de notre
« Dieu et Jésus » que vient la bénédiction en vérité et en amour.
On comprend (v. 4), qu’il n’y avait rien de plus précieux pour l’apôtre que de trouver les saints marchant dans la vérité à l’égard de la personne du Christ, dans un temps où cette sainte personne était déjà attaquée par l’Ennemi. Il avait trouvé des enfants de cette dame élue, marchant dans la vérité selon le commandement que nous avons reçu du Père. Ensuite nous devons nous aimer, nous en avons reçu commandement, mais cet amour est toujours calqué sur la fidélité aux commandements du Seigneur. Et c’est ici l’amour, dit l’apôtre, savoir que nous marchons selon ses commandements. C’est bien là l’amour ! c’est l’amour qui se plaît avec la vérité, c’est l’amour qui accompagne l’obéissance, qui ne peut tolérer l’indifférence à l’égard de la gloire et de la sainteté de la personne de Christ ; c’est l’amour qui ne laissera pas la porte ouverte aux faux docteurs sous prétexte d’aimer tout ce qui est né de Dieu. Un autre amour que celui-là n’est que de la lâcheté à l’égard de la doctrine relative à la précieuse personne du Christ.
L’apôtre ajoute (v. 6) : C’est ici le commandement, comme vous l’avez entendu dès le commencement ; car plusieurs séducteurs sont entrés dans le monde qui ne confessent pas Jésus-Christ venant en chair. Celui-là est le séducteur et l’antichrist. Qu’avait-on entendu dès le commencement ? On avait entendu la personne du Fils manifestant Dieu et révélant le Père, voilà ce que les séducteurs attaquaient. Il est à remarquer que les faux docteurs ne nient pas que Jésus-Christ soit venu. La fausse doctrine d’alors ne niait pas que Jésus Christ fût venu ; mais elle niait la manière dont il est venu comme Dieu manifesté en chair. Aujourd’hui non plus on ne niera pas que Jésus-Christ soit venu, mais on profitera même de sa venue en chair, pour faire de Lui un homme comme un autre, et par conséquent, son caractère de Rédempteur est atteint, car c’est là ce que Satan vise.
Prenez garde à vous-mêmes (vers. 8), afin que nous ne perdions pas ce que nous avons opéré, mais que nous recevions un plein salaire. Nous avons la Parole, la présence du Saint-Esprit, et les serviteurs du Seigneur ; prenons garde ! C’est ce que l’apôtre Paul disait aussi aux anciens d’Éphèse (Actes 20) : Prenez donc garde à vous-mêmes !… C’est pourquoi, veillez ! etc. La récompense des serviteurs du Seigneur est liée, dans un sens, à la marche fidèle des enfants de Dieu (1 Jean 3:28 ; 1 Thes. 2:19-20 ; etc. ). Prenons donc garde à nous-mêmes !
Ensuite au verset 9, nous trouvons quelle est la conséquence de se dévoyer à l’égard de la doctrine, relative à la personne du Christ ; c’est que l’on perd Dieu, pour ainsi dire, on n’a pas le Véritable qui s’est révélé en son Fils. À l’inverse, celui qui demeure dans la doctrine du Christ, celui-là a le Père et le Fils. Il a notre « Dieu et Jésus ».
Cette doctrine du Christ est donc bien autre chose que ce que l’on entend généralement, en pensant que c’est la doctrine pure et simple du salut, de la justification, par la foi. Jean n’expose pas la doctrine de la justification, — non pas qu’il n’en fasse pas mention, — mais il ne la développe pas ; c’est Paul qui est l’instrument pour cela, dans l’épître aux Romains en particulier. Jean parle de la personne, du Christ plus que de son œuvre ; de sorte que, selon Jean, la doctrine du Christ, c’est plus particulièrement ce qui est relatif à la personne du Christ, et je crois qu’il est important de retenir cela dans notre temps, où l’on pense qu’il suffit de constater si quelqu’un est sain dans la foi et dans la doctrine (encore on n’ajoute pas toujours ce dernier mot), et l’on entend par là la foi au Sauveur, et la doctrine de la justification. Or ce n’est pas là ce qui fait le sujet de l’enseignement de Jean, mais bien la vérité à l’égard de la personne du Christ comme étant la manifestation de Dieu par sa venue en chair. Or nous voyons au verset 10, que cette doctrine, relative à la personne du Christ, est d’une telle importance qu’y toucher de près ou de loin est un tel poison pour l’âme, qu’il s’agit de s’en garantir en allant jusqu’à ne pas recevoir dans sa maison et en ne saluant pas celui qui n’apporte pas cette doctrine du Christ. Autrement, on participe à ses mauvaises œuvres, et ainsi, l’on œuvre avec le Diable dont l’affaire est d’attaquer Christ, relativement à sa personne plus que relativement à son œuvre expiatoire, quoique son but soit bien de miner les fondements de la rédemption, sans en avoir l’air. Ce n’est donc qu’avec une rigueur tout à fait extrême que l’on se garantit de tout ce qui touche à la sainte personne de notre Seigneur Jésus-Christ, de sorte qu’une sœur, — la dame élue, — ayant la Parole, est compétente pour refuser l’entrée de sa maison à quelqu’un qui, sous quelque prétexte que ce fût, n’apporte pas cette doctrine. C’est dans la vérité que nous avons à nous aimer, et en gardant les commandements ; autrement ce n’est plus l’amour, c’est l’indifférence au mal, et l’indifférence à la gloire du Seigneur.
Il y a un rapport assez frappant entre ce fait de ne pas recevoir dans sa maison, et une parole du Seigneur en Jean 10:5, parole souvent mal comprise : premièrement, il est dit au verset 3, que les brebis écoutent la voix du Vrai Berger ; puis Il les mène dehors et va devant elles, et elles Le suivent. Pourquoi le suivent-elles ? Parce qu’elles connaissent sa voix. En marchant après Lui, elles se sont familiarisées avec le son de sa Voix ; et là où cette voix se fait entendre, elles suivent, sans s’inquiéter où le chemin passe. Ensuite il est dit : Mais elles ne suivront pas un étranger ; mais elles s’enfuiront loin de lui. Or quel est le motif qui les fait fuir ? c’est parce qu’elles ne connaissent pas la voix des étrangers. Elles ne disent pas : attendons de voir ce que la voix des étrangers dira, et nous éprouverons toutes choses, et nous retiendrons ce qui est bon ; non, elles comprennent que la victoire consiste dans la fuite, à la simple ouïe d’une autre voix que celle du Bon Berger. Elles ont éprouvé le son de la voix étrangère, et elles retiennent ce qui est bon en se refusant d’écouter ce que cette voix dit ; elles ne la connaissent pas, et ne veulent pas en faire la connaissance. Il y a un grand rapport entre ce principe et l’ordre contenu dans notre épître : « Ne le recevez pas ». Ne vous exposez pas à être pris par ses insinuations. Quand on possède la vérité, on n’a nullement besoin de l’erreur pour constater cette vérité. La vérité se suffit à elle-même.
Cette seconde épître avertit donc sérieusement de se tenir loin de ceux qui n’apportent pas la doctrine du Christ et de ne pas les recevoir.
Nous trouvons ici encore, combien l’apôtre Jean insiste sur la vérité comme étant ce qui caractérise le véritable amour. Gaïus était un bien-aimé pour Jean, et il l’aimait dans la vérité. Le bien particulier qui attachait l’apôtre à son bien-aimé Gaïus, c’était la marche fidèle de celui-ci. Jean ne haïssait certainement pas Diotrèphe, mais il ne pouvait l’appeler bien-aimé. Il est évident que rien ne lie autant des chrétiens entre eux qu’un commun accord pour la vérité et la gloire de la personne du Seigneur. On a remarqué que l’on trouve, dans les Évangiles et les Actes, Pierre et Jean si différents de caractère naturel, et cependant étroitement liés par leur commun attachement à la personne du Seigneur. Il en est toujours ainsi.
L’âme de Gaïus prospérait, quel beau témoignage ! Sa marche était si fidèle, si calquée sur la vérité, que l’apôtre lui dit : « Les frères ont rendu témoignage à ta vérité ». Mais il est intéressant de considérer quel est l’un des indices de la prospérité de l’âme d’un chrétien. C’est la participation qu’il prend, à sa place, à l’œuvre du Seigneur, cette œuvre bénie, de rassembler les siens, et de soigner ceux qui sont rassemblés. Des frères étaient venus, qui probablement avaient logé chez Gaïus, et rendaient témoignage à sa vérité, à la manière dont il marchait dans la vérité. Et Jean, à la suite d’un tel témoignage, aime à l’appeler, pour la troisième fois : bien aimé, en lui disant : tu agis fidèlement dans tout ce que tu fais envers les frères, et cela envers des frères étrangers qui ont rendu témoignage à ton amour devant l’assemblée. Nous voyons déjà, en Romains 16, que Gaïus logeait Paul et l’assemblée. Gaïus montrait donc que son âme prospérait, en recevant chez lui et en aidant, dans leurs courses, ceux qui voyageaient pour la cause du Seigneur ; et l’apôtre encourage Gaïus dans cette voie en montrant qu’en recevant ceux que le Seigneur envoie, on coopère avec la vérité. Donc, dans la deuxième épître, on est exhorté à ne pas recevoir ceux qui n’apportent pas la vérité (car la doctrine du Christ est bien la vérité). Et dans la troisième, on est encouragé à recevoir ceux qui la propagent. Rien de plus touchant que cet encouragement. Toute coopération à l’œuvre du Seigneur a pour Lui un prix infini, même dans la part que peut y prendre une sœur (Romains 16 et Philippiens 4).
D’un autre côté, le mauvais état de l’âme de Diotrèphe se manifeste par son opposition à l’œuvre du Seigneur. On ne peut pas lui dire que son âme prospère. C’est frappant que l’indice d’un mauvais esprit soit ici l’opposition à la manière dont le Seigneur accomplit son œuvre. Diotrèphe est clérical, il veut garder l’assemblée pour lui, il ne veut pas de concurrence, et pour conserver sa position, il débite de méchantes paroles contre ceux qui se dévouent à la vérité, et chasse de l’assemblée ceux qui les protègent. L’apôtre se souviendra de ses œuvres. On voit qu’il n’y a pas de support possible pour un homme qui se montre hostile. En 2 Timothée 4, nous avons quelque chose d’analogue à l’égard d’Alexandre, l’ouvrier en cuivre, qui s’était fort opposé aux paroles de Paul ; et nous voyons Paul demander au Seigneur que la lâcheté de ceux qui l’avaient abandonné ne leur soit pas imputée. Mais quand il parle de l’opposition d’Alexandre, il n’y a pas de support, il demande au Seigneur de lui rendre selon ses œuvres, et met en garde Timothée contre un tel homme.
Le bien-aimé Gaïus est encouragé à tenir ferme en n’imitant pas le mal, mais le bien, car, comme on l’a vu dans la première épître, celui qui fait le bien est de Dieu, c’est évident, tandis que celui qui fait le mal n’a pas vu Dieu. Il y avait encore un frère qui réjouissait le cœur de l’apôtre, c’était Démétrius ; tous lui rendaient témoignage, même la vérité, que peut-être il propageait aussi. Jean se plaît à reconnaître et à sceller ce témoignage général à l’égard de ce frère, en y ajoutant le sien qui était digne de foi.
Que le Seigneur nous garde dans la vérité ! Qu’Il nous maintienne dans la lumière, l’amour, l’obéissance et la justice de cette vie, dont l’adorable personne de Christ a été la manifestation ! vie qui nous a été communiquée. Et qu’en attendant d’être rendus semblables à notre Seigneur Jésus, nous nous purifiions comme Lui est pur, afin d’être les témoins fidèles de sa vérité dans l’attente de son retour ! Soyons fermes, inébranlables, abondant toujours dans l’œuvre du Seigneur, sachant que notre travail n’est pas vain dans le Seigneur ! (1 Cor. 15:58).