John Nelson Darby (ajouts bibliquest entre crochets)
Collected writings, vol.30, p.337-339
Nous en arrivons maintenant, à Thyatire, à l’état public général de l’église corrompue, accompagné pourtant d’un dévouement long et inlassable. Christ, comme nous voyons Son serviteur Paul le faire toujours, commence par noter tout le bien qu’il peut. Les saints ont fait de même lorsque leurs cœurs étaient droits avec Dieu. Combien les peines, les souffrances, le travail et le dévouement douloureux des témoins traqués mais persévérants dans les âges sombres ont occupé les pensées et les sentiments des chrétiens prévenants ! Nulle part, peut-être, ailleurs que chez les saints du Moyen-Âge, on ne trouve une histoire plus profondément intéressante, une patience plus longue et plus inlassable, des cœurs plus vrais, ou peut-être aussi vrais, pour la vérité et pour Christ, et pour la fidélité à Son égard contre une église corrompue. À travers les peines et labeurs, pourchassés et punis malgré tout, par un système bien plus persévérant et bien mieux organisé que les persécutions païennes, aussi violentes qu’elles aient pu être pendant un certain temps, – n’ayant aucune révélation miraculeuse nouvelle, ni aucun organisme public pour les soutenir, – aucune profession de l’église dans son ensemble et revêtue d’une reconnaissance universelle en tant que telle, n’est venue pour leur donner de l’assurance ; affublés de tous les noms d’ignominie que les gens ou les prêtres pouvaient inventer pour les pourchasser, ils poursuivaient leur chemin tracé mais jamais abandonné, avec une constance donnée de Dieu, et ils maintenaient le témoignage de Dieu et l’existence promise que l’église subsisterait malgré les portes d’Hadès contre elle, au prix de leur repos, de leur foyer, de leur vie et de toutes les choses que la terre peut donner ou que la nature peut ressentir. Christ l’avait prévu et ne l’avait pas oublié. Il a pu y avoir de la faiblesse, l’ignorance a marqué beaucoup de leurs pensées, Satan a pu chercher à mêler le mal avec le bien, et a parfois réussi ; les hommes qui sont à leur aise aujourd’hui, se plaisent à trouver des points faibles ou défectueux, et peut-être eux aussi y réussissent ; mais le registre de ce qu’ils ont fait est là-haut, et l’approbation de leur Sauveur brillera, quand les livres, que les commentateurs critiques et aimant leurs aises ont écrits sur eux, seront comme la poussière sur l’aile du papillon de nuit quand il est mort ; et la honte couvrira le visage de ceux-ci, si tant est qu’il puisse y avoir de la honte là où, comme nous l’espérons, ils rencontreront ceux qu’ils ont méprisés. Voilà ce que le Seigneur reconnait à Thyatire. Cela ne faisait pas partie de l’église pour les hommes à l’époque, et n’en fait pas non plus partie pour beaucoup de gens sages aujourd’hui. C’est la première partie qui est pour Christ. Ici, nous avons une scène plus vaste, une condition générale qui se poursuit jusqu’à la fin.
Je ne pense pas du tout que cela se réfère, comme certains l’ont pensé, au principe des œuvres tel qu’on le trouve dans le papisme. Le v. 19 parle de ce qui est approuvé ; le v. 20, de ce qui est désapprouvé. Nous avons maintenant quelqu’un qui prend la place d’une femme, symbole d’un état – non pas d’une activité individuelle responsable, mais d’un état, comme on l’a remarqué depuis longtemps dans les types de l’Ancien Testament. Je ne pense pas qu’il soit important de lire « ton épouse Jésabel » au lieu de « la femme », car le nom a un sens moral et celui de la femme du représentant mystique doit être l’état général public. Mais ceux qui étaient moralement responsables, en tant que représentants actifs de Christ dans l’église, souffraient de cet état de choses. Cela avait pris de l’extension jusqu’à devenir un système bien établi. Elle prétendait exprimer les pensées de Dieu, être l’interprète autorisé de Ses pensée, ayant l’Esprit ; elle trompait et enseignait les serviteurs de Christ à continuer dans la mondanité et la corruption. Ce n’était pas les séduire par un séducteur séparé du corps, mettant une pierre d’achoppement devant eux. C’était un état admis ; tout était fait pour que ça se poursuive régulièrement. La corruption et l’idolâtrie de la mondanité caractérisaient cet état.
Cela durait depuis longtemps. C’est vu comme ce dont Dieu s’occupait. Il lui avait donné du temps pour se repentir, mais elle ne voulait pas se repentir de sa fornication ; elle l’enseignait, et la commettait. Cela caractérisait l’état public de l’église extérieure. Elle ne voulait pas se repentir. C’était l’état effectif. « Je lui ai donné du temps … et elle ne veut pas ».
Si ceux qui commettaient la fornication avec elle (tous ceux qui entraient dans l’esprit de ses voies et les suivaient avec elle) ne se repentaient pas, ils seraient jetés dans une grande tribulation.
Et ses enfants — ceux qu’elle avait engendrés et formés dans ces principes — Dieu les détruirait, et serait connu comme Celui qui sonde les cœurs et qui est le Juge. Je n’y vois pas nécessairement le jugement de Babylone, — comme tel il est décrit plus loin, — mais l’application du jugement de Dieu à toute sa partie religieuse, bien que la scène soit au fond la même.
Le caractère de Christ est donné ici (le lecteur peut voir, je crois, qu’il est donné à juste titre) dans ce qui précède : le pouvoir perçant du jugement qui voit tout, et la fermeté et la perfection du jugement divin appliqué aux hommes selon la gloire de Dieu.
« Que celui qui a des oreilles » est ici vu pour la première fois en dehors du corps général de ce qui est dit sur l’église ; c’est contemplé à part. Précédemment « Que celui qui a des oreilles pour entendre » précédait les promesses faites aux vainqueurs ; ici, on le trouve après.
Lorsque c’est l’état — la femme — qui est l’objet du jugement, l’oreille qui écoute n’est pas associée aux pensées de Dieu de la même manière que ce qui est jugé. Ce qui est examiné ici, c’est l’état qui se prolonge (l’état de l’église professante).
Il ne s’agit pas, comme à Éphèse, de l’idée générale : « Je viens bientôt, et j’ôterai la lampe », du fait que cela ne correspondait pas exactement à Ses pensées, et à ce qu’Il attendait. Cela suppose, en un certain sens, la confiance que tout se passera exactement comme il faut : autrement la relation cesse.
Ici (cas de Thyatire), tout allait très mal quant à l’état public, bien qu’il y eût du dévouement personnel. Et Dieu, Celui qui va juger cela définitivement comme mauvais, et comme objet de jugement, a une longue patience. Abraham devait descendre, lui ou ses enfants, en Égypte, car l’iniquité des Amoréens n’est pas encore à son comble. Il allait tuer Moïse, parce que son fils n’était pas circoncis. Telle est la manière de faire de Dieu : jaloux lorsqu’Il admet dans Sa confiance, – infini dans la patience lorsqu’Il doit prendre son caractère de juge. Ici, Il est juge – Il rend à chacun selon ses œuvres. Quelle solennité lorsque le corps public professant de l’église devient l’objet direct du jugement de Dieu !