Méditations sur la Parole de Dieu

2 Rois

Louis Chaudier


Table des matières :

1 - Les péchés de Jéroboam — 1 Rois 12:25 à la fin ; 13 ; 2 Rois 23:15-18


Le texte de ces méditations a été révisé par Bibliquest dans sa forme, par rapport à diverses éditions papiers précédentes. Les révisions ont été limitées à ce qui était nécessaire à une expression et une compréhension correctes. Le texte reste marqué par son caractère oral, non révisé par l’auteur. Dans certains cas d’expressions au sens discutable, l’imperfection de celles-ci a été laissée de peur d’en perdre une certaine vigueur.

Certains textes ont été repris de l’ouvrage « Méditations sur la vie chrétienne » édité en 1995 par F.R., et sont notés comme tels. Ces textes ont fait l’objet (par F.R.) d’une révision un peu plus poussée.


1 - Les péchés de Jéroboam — 1 Rois 12:25 à la fin ; 13 ; 2 Rois 23:15-18

[LC n° 25]

13 février 1955

Méditations sur la vie chrétienne, édition FR 1995, p. 67


Les livres des Rois nous donnent plus particulièrement le récit des faits, l’histoire même des rois. Les Chroniques montrent davantage de quelle façon le courant de la grâce de Dieu traverse cette histoire ; c’est davantage le côté de Dieu, la façon dont Dieu se glorifie envers son peuple infidèle. Dans les Rois, nous avons surtout un tableau des choses telles qu’elles se sont déroulées. Cette façon de présenter les faits n’est pas spéciale aux livres des Rois, elle se retrouve dans toute l’Écriture. L’Écriture nous rapporte en effet l’histoire de l’homme, la nôtre, celle de chacun, depuis Adam jusqu’à la fin, l’histoire telle qu’elle s’est déroulée — et se déroule — devant les yeux de Dieu. Elle nous présente les grands faits moraux, non pas tous les détails des actes commis par l’homme. Un fait pris dans la vie d’un homme suffit à présenter un principe permanent valable pour tous les hommes. Dieu dégage ce principe et le fait ressortir par des faits, non pas seulement par des commentaires et des méditations, bien qu’il s’en trouve dans l’Écriture. Les faits parlent plus fort que les commentaires. La chute d’Adam, par exemple, est un fait permanent : il a cédé, il s’est détourné de Dieu pour un fruit. Ce fait reste et parle à la conscience de tous les hommes avec plus de puissance que tous les commentaires qu’on peut en faire ; c’est un fait qui montre comment l’homme s’est comporté quand il a été mis à l’épreuve. L’homme, Adam, c’est moi, c’est nous tous. La chute d’Adam est un fait qui explique l’histoire de toute l’humanité. On ne comprend rien à cette histoire si on ne remonte pas à sa source, qui se trouve au jardin d’Éden. Dieu a gravé la façon dont l’homme se comporte. Il connaissait Adam avant qu’il soit tombé. Il connaissait aussi le dernier Adam avant qu’il vienne sur la terre. L’histoire sanglante et corrompue de l’homme n’a rien appris à Dieu ; il connaissait toute l’histoire qui allait suivre cette première défaillance du jardin d’Éden, en apparence fort bénigne.

Le geste meurtrier de Caïn est aussi un fait historique et moral majeur : la haine est née dans le coeur de Caïn parce que les oeuvres d’Abel étaient justes et que les siennes étaient mauvaises (1 Jean 3:12). Caïn se leva et tua son frère. Ce geste souligne la responsabilité de celui qui lève sa main contre son frère, et en particulier la responsabilité de l’homme à l’égard de Christ. Peu après, la corruption apparaît sur la terre (Gen. 6). Tels sont les deux grands caractères du péché : la violence et la corruption.

L’Écriture est l’histoire de l’homme comme Dieu la voit, mais elle n’est pas que cela. Un livre d’histoire écrit par un esprit de valeur peut présenter un réel intérêt ; mais il ne peut donner une juste perspective pour le passé, pour le présent, ou pour l’avenir, parce qu’il ne donne jamais le point de vue de Dieu. Dieu parle pour sa gloire, pour la gloire de Jésus, tandis qu’un historien pense à sa gloire à lui avant tout, et les choses sont ainsi faussées au départ.

Dans l’histoire du peuple d’Israël, des faits sont arrivés comme types de ce qui nous concerne. Il n’est pas écrit qu’Israël est un type lui-même, mais que les choses qui lui sont arrivées sont des « types de ce qui nous concerne » (1 Cor. 10:6). La relation du peuple d’Israël avec Dieu a été d’abord établie par la sacrificature, qui a failli : l’arche a été prise et la relation fondée sur la sacrificature a disparue en même temps. Après la sacrificature, Samuel, le prophète, fut un intermédiaire jusqu’à l’établissement de la royauté. Dieu a d’abord appelé Saül, qui représente la chair remplie de qualités ; mais quand il eut à porter la gloire de Dieu, il est tombé lamentablement, et sa fin a été terrible ; il a déshonoré Dieu.

Après Saül, la grâce de Dieu suscite David, un roi selon son coeur (1 Sam. 13:14 ; Actes 13:22). Dans ce temps, il n’y avait pas de hauts lieux. Le coeur de David était tourné vers l’arche de Dieu, il était avec Dieu. Il y a eu des défaillances, mais dans sa vie personnelle avec Dieu — nous la lisons dans les Psaumes — David n’a sans doute pas eu son égal. Ses dernières paroles montrent qu’il fixait son regard non sur lui-même, mais en avant, sur Celui qui « sera comme la lumière du matin, quand le soleil se lève, un matin sans nuages » (2 Sam. 23:4).

Dieu choisit ensuite Salomon pour succéder à David. Salomon commence bien et finit mal. Il avait dit à Dieu, devant le poids et la responsabilité de sa tâche : « Donne à ton serviteur un coeur qui écoute », et Dieu lui avait donné la sagesse (1 Rois 3:9, 12). Mais Salomon s’est écarté de la Parole de Dieu, dont il aurait dû s’occuper. C’est ce qui l’a ruiné, au faîte de la prospérité et de la gloire. Il a péché. L’histoire de sa chute commence quand il s’est allié à des femmes étrangères. Il n’avait pas demandé la richesse, mais, hélas, il s’en est beaucoup occupé et, pour en avoir beaucoup, il a employé de mauvais moyens : il a fait notamment du commerce avec l’Égypte pour avoir des chevaux. S’il avait lu la Parole, comme il y était invité, il n’aurait pas fait ce qu’il a fait (Deut. 17:16). La négligence de l’Écriture conduit toujours à la ruine. Si notre coeur nous sert de Bible, nous courrons à la ruine. C’est de l’Écriture seule qu’il faut nourrir notre âme, et de ce qui nous aide à la comprendre, c’est-à-dire du ministère oral et écrit de nos conducteurs. Nous sommes ingrats, aveugles et insensés de l’apprécier si peu. Alors le pied glisse, on ne voit pas juste, le coeur s’égare, la marche devient tortueuse. Dieu seul voit juste, parce qu’il sait tout. Il connaît tous les hommes à fond ; il connaît le diable ; il connaît l’état des choses ; le présent, le passé, l’avenir ; pour lui, le commencement et la fin d’une chose se touchent.

Après Salomon et son infidélité, il y a une division en Israël ; d’un côté les tribus de Juda et de Benjamin — le royaume de Juda — et de l’autre les dix tribus — appelées Israël ou Éphraïm. Jéroboam s’est mis à la tête des dix tribus, et il est écrit que c’est de par l’Éternel que cette chose a eu lieu (1 Rois 12:24). Jéroboam était très énergique, mais il marchait sans Dieu. La chair nous emmène loin de Dieu, mais ne nous ramène jamais à Dieu, jamais. Que Dieu nous donne de nous méfier de la chair, de la chair avec ses qualités et de la chair avec ses défauts ! Dieu ne reconnaît que les qualités de la vie divine.

Jéroboam fait deux veaux d’or. Il place l’un à Dan et l’autre à Béthel. Il se dit : « Il faut un centre religieux ; on ne tient pas les masses sans une puissance religieuse ». Il établit une religion, offre lui-même sur les autels, invente des fêtes dans son propre coeur. Ceux qui s’écartent de l’Écriture inventent volontiers un système religieux de pensées et d’activités. Ils se croient très sages, alors qu’ils sont insensés. « Ce sont des fous » (Jér. 5:4). Mais Christ « nous a été fait sagesse de la part de Dieu, et justice, et sainteté, et rédemption » (1 Cor. 1:30). Sans la vie de Dieu, on n’a rien, car Dieu ne donne rien à la chair. Quelqu’un demandait à un serviteur du Seigneur : Que dois-je apprendre pour commencer ? — Apprenez bien ces six mots, dit-il : « la chair ne profite de rien ». Leçon difficile, perdre nos prétentions et dire : nous ne valons rien.

Quand tout paraît ruiné, Dieu intervient ; il entre en scène et fait voir sa gloire. Alors on oublie l’homme. L’homme gâte tout, mais Dieu s’avance ; l’infidélité et la ruine de l’homme ne l’arrêtent pas. Jéroboam est en train de présenter l’encens sur un des autels qu’il a faits, celui de Béthel. Béthel signifie « maison de Dieu », et à ce nom de Béthel étaient liées des promesses. Un veau d’or à Béthel ! Dans la chrétienté, maison de Dieu, combien de veaux d’or ! « Venez à Béthel, dit le prophète, et péchez » (Amos 4:4). Toutes les fois qu’on établit une idole dans la maison de Dieu, on fait un veau d’or à Béthel.

Jéroboam est très actif. L’erreur est toujours plus active que la vérité. Celui qui n’a pas Dieu avec lui s’agite ; il est impatient, cherche à gagner des partisans, fait pression sur les autres. Celui qui marche avec Dieu s’en remet à Dieu pour toutes choses. Si nous marchons par la foi, Dieu est avec nous.

L’homme envoyé par Dieu crie contre l’autel : Autel, autel ! On te souillera et on brûlera sur toi des ossements d’hommes ! S’il avait seulement dit cela, les spectateurs auraient pu s’en moquer ; mais Dieu donne des preuves de ce qu’il va faire : l’autel se fend. Le roi fait alors valoir son autorité, il étend sa main et dit : Saisissez-le ! Il oubliait Dieu, mais Dieu ne l’oublie pas. Jéroboam, élevé au contact de la vérité, s’en est délibérément écarté : c’est un apostat. Il est repris sur le champ, sa main sèche. Il est arrêté par un homme de Dieu sans apparence. C’était une grâce pour Jéroboam, mais il n’en a pas profité et il a recommencé. Voilà le coeur de l’homme !

Plus tard, Dieu parle encore à Jéroboam en lui reprenant son fils, dont il est dit : « En lui seul, dans la maison de Jéroboam, a été trouvé quelque chose d’agréable à l’Éternel » (1 Rois 14:13). Cela n’a pas changé Jéroboam, il meurt dans son péché, qui reste l’infidélité-type pour tous les rois qui l’ont suivi : « Il marcha dans toute la voie de Jéroboam, fils de Nebath, et dans ses péchés par lesquels il avait fait pécher Israël » (1 Rois 16:26). Dieu l’a exprimé souvent à propos des rois infidèles, son coeur était sensible à cet outrage. Et quand les rois de Juda se sont alliés par mariage avec Israël apostat, ils ont participé au jugement qui a frappé la maison de Jéroboam. Dieu ne pense-t-il pas, au sujet de la chrétienté aujourd’hui : Elle a marché dans le chemin de Jéroboam, Jéroboam apostat, Jéroboam qui a ruiné la vérité, Jéroboam qui a inventé des choses selon son propre coeur, Jéroboam qui a endurci son coeur quand Dieu lui a parlé en miséricorde ?

L’homme de Dieu était plein de bonté, il a prié pour que la main de Jéroboam lui soit rendue et il a été exaucé. Voilà la bonté de Dieu ! Il a risqué sa vie en remplissant sa mission, il la perdra plus tard à cause de son infidélité. Il subit une première tentation de la part de celui que Dieu venait de guérir : Viens avec moi, tu te rafraîchiras. — Je n’irai pas chez toi, je respecte l’ordre que Dieu l’a donné, j’ai ma mission à remplir ; je suis venu par un chemin, je partirai par un autre. Il ne pouvait pas avoir de communion avec un ennemi de l’Éternel en mangeant à table avec lui, même s’il ne gardait aucun ressentiment contre Jéroboam qui, lui, l’aurait mis à mort sur le champ si Dieu n’était intervenu.

La deuxième tentation est plus subtile. Un vieux prophète était à Béthel ; il n’aurait pas dû être là ; il n’aurait jamais dû, par sa présence, sanctionner l’abomination de Béthel. Voilà un enseignement pour nous : ne jamais être dans une position qui sanctionne, dans quelque mesure que ce soit, le mal chez un autre, jamais. La piété sépare du mal. Si, étant chrétien, je me lie au monde, j’encourage le monde dans son péché. La forme de piété d’un chrétien mondain est bien plus dangereuse que la mondanité d’un inconverti, parce que le chrétien mondain encourage par sa présence le mal qui se commet dans le monde. Il participe à l’apostasie qu’il devrait publiquement condamner. Ce prophète, qui a perdu le sens de ce qui convenait, envoie un message menteur à l’homme de Dieu venu de Juda. L’épreuve est plus subtile que la première. Ne perdons jamais de vue la volonté que Dieu nous a communiquée. Cet homme de Dieu devait fuir Béthel et il mange le pain dans ce lieu devenu abominable. Alors Dieu lui parle en se servant du prophète qui lui a menti et qui lui annonce maintenant le jugement de Dieu : « Ton cadavre n’entrera pas dans le sépulcre de tes pères, parce que tu as été rebelle à la parole de l’Eternel », et c’est ce qui arrive. Le vieux prophète selle l’âne et l’homme de Dieu s’en va. Il est rencontré, sur le chemin, par le lion qui accomplit sa mission ; le lion a été plus obéissant à Dieu que le prophète. L’âne n’est pas tué, l’homme seul est tué. Tout, dans cette scène, nous dit que, même si on ne veut pas écouter Dieu, lui se fait entendre : la gloire de Dieu brille là. La suite a prouvé la vérité de ce que Dieu avait dit.

Que Dieu nous donne d’avoir à coeur sa gloire dans tout ce qu’il nous demande de faire, étant gouvernés par le seul souci de lui plaire, de faire sa volonté, sans être conduits par les influences et les passions qui entraînent si facilement les chrétiens ! Que Dieu fasse que nos coeurs soient remplis de Christ, qu’ils soient des sanctuaires où sa grâce est goûtée !