Paul Fuzier
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Table des matières abrégée :
1 - Les six exhortations de Romains 12:11 et 12
2 - Éph. 6:15 — Préparation à la présentation de l’évangile
3 - Puissance du témoignage collectif
4 - Sur la présentation de l’évangile
5 - À chacun son ouvrage — Marc 13:34
6 - La conversion de Saul et le service d’Ananias — Actes 9:1 à 22
7 - Chacun [responsabilités, services]
Table des matières détaillée :
1 - Les six exhortations de Romains 12:11 et 12
1.1 - Mise de côté de la chair et puissance de la vie nouvelle
1.3 - Matt. 25. Paraboles des dix vierges et des talents
1.4 - Des services pour tous, jeunes y compris
1.5 - Diligents pour écouter, lire et apprendre
1.6 - Diligents quant à l’espérance
1.7 - Quant à l’activité, pas paresseux : Les bonnes oeuvres
1.7.2 - Exhortations de l’épître à Tite
1.7.3 - Ne pas abandonner le rasssemblement des croyants
1.7.4 - Au nom du Seigneur et pour Lui
1.7.5 - Préparation des bonnes œuvres et du serviteur
1.7.6 - Approbation du Seigneur
1.10 - Se réjouir dans l’espérance. Manifestation de l’activité
1.11 - Attente patiente dans les tribulations du service
1.12 - Persévérant dans la prière. Veiller et prier
2 - Éph. 6:15 — Préparation à la présentation de l’évangile
2.1 - Du fruit dans la puissance de l’Esprit
2.2 - Pieds chaussés de la préparation de l’évangile de paix
2.3 - Une mauvaise conduite ôte le caractère de témoin
2.4 - Quand l’ordre de la maison de Dieu attire
2.5 - Devoir de s’assembler. Faiblesse pour rassembler
2.6 - Veiller à l’ordre dans la maison de Dieu
3 - Puissance du témoignage collectif
3.1 - La puissance n’est pas dans le nombre
3.3 - Le témoignage perd sa puissance si la séparation se perd
3.5 - L’évangélisation n’a pas à induire au laxisme
3.6 - Comment attirer les âmes
4 - Sur la présentation de l’évangile
4.1 - Le jour de bonnes nouvelles
4.2.1 - La puissance est dans la Parole de Dieu
4.2.3 - Conscience du péché et repentance précèdent la joie
4.2.4 - Pas de ruses « commerciales ». Simplicité et amour vrai pour les âmes
4.2.5 - Exemples de prédications : les apôtres
4.2.6 - Adaptation à l’auditoire. 1 Cor. 9:19-23 et 2 Cor. 10:3-5
4.2.7 - Que l’instrument disparaisse
4.3 - Évangélisation et témoignage philadelphien
4.3.1 - La porte ouverte et les caractères philadelphiens
4.3.2 - Danger de l’oubli des caractères philadelphiens
5 - À chacun son ouvrage — Marc 13:34
5.1 - Une question à se poser et à résoudre
5.2 - Dans le cadre du corps de Christ et selon son fonctionnement
5.3 - Servir en suivant le Seigneur (Marc 1)
5.4 - La foi compte sur la puissance de Dieu (Marc 2)
5.5 - « Être avec lui » avant de servir (Marc 3)
5.6 - Service sans puissance si manque de dépendance et de confiance (Marc 6)
5.8 - La puissance est de Dieu seul. C’est Lui qui opère
5.9 - Soins de grâce du Seigneur envers Ses serviteurs. Fatigue, repos
5.10 - Soins du Seigneur vis-à-vis de l’état spirituel des serviteurs
5.11 - Ressources apparentes et vraies ressources
5.12 - Épreuves pour voir si les leçons ont été apprises
5.13 - Cœurs sensibles, cœurs endurcis
6 - La conversion de Saul et le service d’Ananias — Actes 9:1 à 22
6.1 - Un ouvrier exceptionnel pour un ministère exceptionnel
6.3 - Voir le Seigneur. Actes 9 et 2 Cor. 12
6.4 - Une scène confirmée par témoins
6.7 - Service dans l’obéissance
6.10 - Comment Dieu conduit Ses serviteurs
6.11 - Exposer ses craintes au Seigneur
6.12 - Ce que fait Ananias vis-à-vis de Paul
7 - Chacun [responsabilités, services]
7.1 - Responsabilité de chacun devant Dieu
7.2 - Responsabilités personnelles de ceux qui ont cru
7.2.1 - Les différents services, le service en général
7.2.2 - Service dans l’assemblée
7.2.3 - Édification de la maison de Dieu
7.2.5 - Exercice de la bienfaisance
7.2.6 - Ce que le Seigneur rendra
7.2.7 - Responsabilité de ceux qui s’égarent
8.1 - La Parole dans l’évangile de Luc
8.1.2 - Le fruit du semeur : Matthieu 13:8 Marc 4:8 Luc 8:8
8.1.3 - Luc 8:19-21 Matt.12 :50 Marc 3:35
8.2 - Mettre la Parole en pratique
8.3 - Jean 15 — Porter du fruit
8.4 - Fruits portés par des vieillard croyants
8.5 - Exhortation à se réveiller et se resaisir
9.1 - Amour pour le Seigneur et amour des frères. Premier amour
9.2 - Contraste entre l’état de Philadelphie et celui de Laodicée
9.3 - Activité chrétienne dans le premier amour, dans la communion avec le Seigneur
9.4 - Différentes manières d’étudier la Parole de Dieu
9.5 - Être occupé de l’Assemblée dans la dépendance de Christ
9.6 - Distraite par le service
9.7 - Pour moi, vivre c’est Christ
ME 1951 p. 3-20
Au début de cette nouvelle étape, nous désirons présenter à la
méditation de chacun de nous, frères et sœurs en Christ, les six exhortations
de Rom. 12:11 et 12. — Le
Seigneur nous laisse ici-bas pour le servir en l’attendant du ciel. Cette
vérité nous est bien connue, mais dans quelle mesure la vivons-nous ?
C’est sans doute parce que nous l’oublions trop souvent que l’ennemi de nos
âmes remporte tant de victoires, à notre honte et à notre humiliation. Si notre
adversaire, le diable, réussit à ternir notre témoignage individuel ou
collectif — parfois même à le ruiner — c’est parce qu’il met en nous la chair
en activité et Galates 5 nous dit ce que sont « les œuvres de la
chair » (v. 19 à 21). Or, les exhortations qu’adresse l’apôtre aux
chrétiens de Rome — et à nous-mêmes —à partir du chapitre 12 de l’épître, sont fondées sur
l’enseignement qu’il a donné dans les chapitres précédents : « Je
vous exhorte donc
, frères, par les compassions de
Dieu, à présenter vos corps en sacrifice vivant… » (12:1). Si nous sommes rendus
capables de le faire, c’est parce que « notre vieil homme a été crucifié
avec Lui, afin que le corps du péché soit annulé pour que nous ne servions plus
le péché » ; par suite, nous pouvons nous tenir « pour morts au
péché, mais pour vivants à Dieu dans le Christ Jésus » et nous livrer
nous-mêmes « à Dieu, comme d’entre les morts étant faits vivants, — et nos
membres à Dieu comme instruments de justice » (Rom. 6:6, 11 et 13). Servir le Seigneur,
l’attendre — les deux choses, liées l’une à l’autre, ne peuvent être réalisées
que dans la complète mise de côté de la chair et dans la puissance de la vie
nouvelle. Laissons le Saint Esprit agir en nous pour développer les activités
de la vie divine et en manifester quelques fruits ; ce sera pour notre
joie et notre encouragement au milieu des difficultés du désert, pour la gloire
de Dieu et à la confusion de l’adversaire !
Les trois premières des six exhortations de Rom. 12:11 et 12 sont en rapport avec le
service, les trois autres se lient à l’attente du Seigneur. Servir et attendre,
servir le Seigneur en l’attendant du ciel c’est la part que tous les croyants
sont appelés à réaliser dans ce monde. Les Thessaloniciens
l’avaient bien compris, quelque jeunes dans la foi qu’ils fussent ; aussi,
l’apôtre peut rendre témoignage qu’ils s’étaient « tournés des idoles vers
Dieu, pour servir
le Dieu vivant et vrai, et pour attendre
des cieux son Fils qu’il a ressuscité d’entre les morts, Jésus,
qui nous délivre de la colère qui vient » (1 Thess.
1:9, 10).
Le privilège et, en même temps, la responsabilité de Le servir
n’appartiennent pas à ceux-là seuls que l’on appelle parfois « serviteurs
du Seigneur », sans doute parce qu’ils ont reçu un service plus en vue que
celui de beaucoup d’autres ou parce qu’ils consacrent tout leur temps au
service du Maître ; c’est la part de tous les enfants de Dieu, sans aucune
exception. Dans l’Évangile du service, le Seigneur se compare Lui-même à
« un homme allant hors du pays, laissant sa maison, et donnant de
l’autorité à ses esclaves, et à chacun
son ouvrage
… ; et il
commanda au portier de veiller
». Et Il ajoute :
« Veillez donc ; car vous ne savez pas quand le maître de la maison
viendra, le soir, ou à minuit, ou au chant du coq, ou au matin ; de peur
qu’arrivant tout à coup, il ne vous trouve dormant. Or ce que je vous dis à
vous, je le dis à tous : Veillez
» (Marc 13:34 à 37). Ce passage nous enseigne donc que chacun
a son ouvrage et que tous
ont à attendre le Maître, à veiller
en l’attendant.
Servir le Seigneur en l’attendant est un privilège ; c’est
aussi une responsabilité. Le chapitre 25
de l’Évangile selon Matthieu nous présente deux paraboles, bien connues,
dites par le Seigneur à ses disciples. La première (v. 1 à 13), est une
exhortation à l’attente individuelle : le Seigneur se sert d’un exemple —
une coutume orientale se rapportant aux noces — pour montrer que le croyant
doit veiller sans cesse, afin de manifester la lumière jusqu’à son
retour ; dans la seconde (v. 14 à 30), Il donne des enseignements à ses
disciples au sujet de la fidélité individuelle dans le service. C’est la
parabole des talents, présentée dans cet Évangile au point de vue de la souveraineté
de Dieu, qui donne à l’un cinq talents, à un autre deux, à un troisième un —
« à chacun selon sa propre capacité » ; dans l’Évangile selon
Luc, au contraire, au point de vue de la responsabilité de l’homme : les
dix esclaves ont reçu chacun une mine (Luc 19:12 à 27). Nul ne peut dire qu’il n’a rien reçu du Seigneur. —
Les « talents » de la parabole sont les dons, les capacités
physiques, les facultés intellectuelles, les richesses matérielles — de façon
générale, les biens matériels ou spirituels reçus de Dieu avec la
responsabilité de les employer pour Lui. Nous avons plus ou moins reçu — cinq
talents, deux ou un ; Dieu seul sait pourquoi et tout ce qu’Il fait est
parfaitement sage — mais nous avons tous reçu quelque chose. La question se
pose donc : comment l’employons-nous ? — Dans la parabole, celui qui
avait reçu cinq talents en a acquis cinq autres, celui qui en avait reçu deux
en a gagné deux de plus ; l’un et l’autre ont servi fidèlement et, bien qu’ils n’aient pas reçu le même nombre
de talents, tous deux entendent les mêmes paroles
, lorsqu’ils se présentent devant le maître pour rendre compte
de leur activité : « Bien, bon et fidèle esclave ; tu as été
fidèle en peu de chose, je t’établirai sur beaucoup : entre dans la joie
de ton maître ». Il vaut bien la peine d’avoir servi le Seigneur, si
faiblement que ce soit, pour entendre de sa bouche de telles paroles et avoir
part à sa propre joie ! — Celui qui n’avait reçu qu’un talent n’a rien
fait ; il a caché son talent dans la terre et le rapporte tel qu’il l’a
reçu, sans avoir rien produit. Il faut connaître le Seigneur et être uni à Lui
par un lien vital pour être rendu capable de le servir ; seuls les fruits
de la vie nouvelle en nous peuvent Lui être agréables. Lui-même a dit : « Comme
le sarment ne peut pas porter de fruit de lui-même, à moins qu’il ne demeure
dans le cep, de même vous non plus vous ne le pouvez pas, à moins que vous ne
demeuriez en moi. Moi, je suis le cep, vous, les sarments. Celui qui demeure en
moi, et moi en lui, celui-là porte beaucoup de fruit ; car, séparés de moi, vous ne pouvez rien faire
» (Jean 15:4, 5). Le dernier des trois esclaves est le seul qui
dise : « Maître, je te connaissais… » et
c’était le seul qui, en vérité, ne le connaissait pas du tout. Que dit-il de lui ?
« Tu es un homme dur, moissonnant où tu n’as pas semé et recueillant où tu
n’as pas répandu… ». Combien c’était mal connaître Celui qui est un
Maître débonnaire, doux et humble de cœur ! Esclave inutile, il est jeté
dans les ténèbres de dehors, là où sont les pleurs et les grincements de dents.
Sans doute, c’est la part des incrédules, des chrétiens de profession ;
mais n’oublions pas que cela est écrit pour exercer nos consciences.
Demandons-nous ce que nous avons fait, jusqu’à présent, du « talent »
qui nous a été confié pour que nous le fassions valoir. L’aurions-nous, nous
aussi, caché dans la terre ? — Prenons garde ! il
nous sera demandé compte de ce qui nous a été donné et « à quiconque il
aura été beaucoup donné, il sera beaucoup redemandé » (Luc 12:48).
Même de jeunes enfants peuvent avoir quelque chose à faire pour
le Seigneur. On a souvent cité l’exemple de la petite fille qui servait la
femme de Naaman et qui, en quelques mots, tout
simplement, a indiqué le nom de celui qui avait la puissance de guérir un
lépreux et auprès duquel Naaman pouvait aller, avec
la certitude qu’il serait guéri de son incurable maladie (2 Rois 5:2, 3). Un
enfant peut être, entre les mains de Dieu, un instrument pour présenter Jésus,
le seul Nom « qui soit donné parmi les hommes, par lequel il nous faille
être sauvés » (Actes 4:12). Chaque croyant, jeune ou plus âgé, a donc une activité à déployer pour le Seigneur, ne le
perdons pas de vue. L’exhortation adressée autrefois à Archippe
est toujours de saison : « Prends garde au service que tu as reçu
dans le Seigneur, afin que tu l’accomplisses » (Col. 4:17), tout comme
celle qui concernait les chrétiens de Rome : « quant à l’activité,
pas paresseux » (voir aussi v. 7 de ce même chapitre : « soit le
service, soyons occupés du service »). — Le maître dit à l’esclave qui
avait caché son talent dans la terre : « Méchant et paresseux
esclave… » (Matt. 25:26).
C’était un paresseux !
Les croyants hébreux étaient « devenus paresseux
à
écouter » (Héb. 5:11). S’ils l’étaient
« devenus », c’est donc qu’ils ne l’avaient pas toujours été !
Ils eussent dû être « des docteurs, vu le temps… », c’est-à-dire eux-mêmes capables d’enseigner, et il fallait
encore que l’apôtre leur « enseignât quels sont les premiers rudiments des
oracles de Dieu » ; ils avaient « besoin de lait et non de
nourriture solide ». Quelle perte pour eux : l’apôtre avait beaucoup
de choses à leur dire au sujet de la Personne glorieuse du Seigneur Jésus et il
ne pouvait pas le faire, car ces choses étaient « difficiles à
expliquer », puisqu
’ils étaient « devenus paresseux
à écouter ». — Cela ne nous parle-t-il pas ? Demandons-nous si nous
ne ressemblons pas aux chrétiens hébreux. Qu’il s’agisse du ministère oral ou
du ministère écrit, ne sommes-nous pas « devenus paresseux à
écouter » ? Peut-être encore le mot « devenus » est-il de
trop, car avons-nous beaucoup « écouté », que ce soit hier ou aujourd’hui ?
On est si vite fatigué d’entendre présenter la Parole… Mais cette remarque
s’applique surtout au ministère écrit. Combien nous sommes privilégiés d’avoir
à notre disposition de multiples ouvrages, écrits d’« hommes… capables
d’instruire aussi les autres » (2 Tim. 2:2), par le moyen desquels nous
pouvons mieux entrer dans la connaissance des pensées de Dieu, révélées dans sa
Parole ! Quel cas en faisons-nous ? N’est-il pas attristant de voir
comme nous sommes « paresseux à écouter » ? D’autant plus attristant
que, bien souvent, nous le sommes moins à l’égard d’une littérature dans
laquelle nous ne trouvons rien de bon pour notre âme : ouvrages profanes
ou même, livres chrétiens, mais qui ne sont pas selon la « saine
doctrine », dans lesquels il y a un mélange de bon et de mauvais, ce qui
les rend beaucoup plus dangereux que si tout y était mauvais, car nous croyons
pouvoir nous autoriser à les lire parce qu’il y a de bonnes choses, oubliant
que le bon fait passer le mauvais. Nous ne sommes généralement pas assez
difficiles dans le choix de nos lectures. Quelle perte nous faisons
ainsi ! C’est souvent par le moyen de lectures qu’il eût fallu rejeter que
de faux enseignements ont été reçus ; en tout cas, elles ne peuvent pas
enrichir notre vie spirituelle — bien au contraire, c’est une source
d’affaiblissement pour le croyant d’abord et, par voie de conséquence, pour le
Corps tout entier. — Nous voudrions nous adresser, en particulier, aux enfants
de parents chrétiens pour leur dire : ne perdez pas votre temps avec ces
lectures qui ne vous feront que du mal ; lisez la Parole de Dieu,
procurez-vous et étudiez, avec prières, les écrits qui nous présentent le
« sain enseignement ». Votre vie entière ne suffira pas à épuiser le
trésor qui est mis à votre disposition, par une pure grâce de Dieu.
Ne soyons pas « paresseux à écouter
» ! —
Il faut commencer par une sainte activité dans ce domaine, si nous voulons
pouvoir servir le Seigneur avec zèle. Comment servir quelqu’un si nous ne
commençons par apprendre de lui ce qu’il veut que nous fassions ? Méditons
l’exhortation adressée par l’apôtre à son enfant Timothée : « Mais
toi, demeure dans les choses que tu as
apprises
et dont tu as été
pleinement convaincu, sachant de qui tu les as apprises, et que, dès l’enfance, tu connais les saintes lettres
, qui peuvent te rendre sage à salut
par la foi qui est dans le Christ Jésus. Toute
écriture est inspirée de Dieu, et utile pour enseigner, pour convaincre, pour
corriger, pour instruire
dans
la justice, afin que l’homme de Dieu soit accompli et parfaitement accompli pour toute bonne œuvre
» (2 Tim. 3:14 à 17). Pour que nous soyons
« parfaitement accomplis pour toute bonne œuvre », il est
indispensable que la Parole inspirée agisse en nous. Elle nous forme, elle nous
fait connaître la pensée de Dieu, sa volonté ; étant « remplis de la
connaissance de sa volonté », nous pourrons porter « du fruit en toute bonne œuvre
» (Col. 1:9, 10).
Les croyants hébreux étant « devenus paresseux à
écouter », l’apôtre doit leur écrire ensuite : « Mais nous
désirons que chacun de vous montre la même diligence pour la pleine assurance
de l’espérance jusqu’au bout ; afin
que vous ne deveniez pas paresseux
,
mais imitateurs de ceux qui, par la foi et par la patience, héritent ce
qui avait été promis » (Héb. 6:11, 12). La paresse quand il s’agit
d’écouter conduit à la paresse au sujet de l’espérance chrétienne. Cela nous
fait comprendre pourquoi, dans la pratique, nous réalisons si peu l’espérance
chrétienne ; nous la vivrions vraiment si nos âmes étaient davantage
nourries de la Parole. — L’« espérance proposée », c’est Christ dans
la gloire ; cette espérance est « comme une ancre de l’âme »,
elle lie notre âme aux choses célestes. « Jésus est entré comme précurseur
pour nous » dans le ciel même, c’est ce qui affermit notre foi et notre
espérance (ibid. 18 à 20). La paresse au sujet de l’espérance chrétienne nous
fait perdre de vue Christ, objet de la foi, espérance des croyants, précurseur
des rachetés dans la gloire.
Quelle activité selon Dieu pourrait-il déployer, quel service pourrait-il remplir pour le Seigneur, celui qui, « paresseux à écouter », est devenu paresseux pour ce qui concerne « la pleine assurance de l’espérance » ? — C’est donc d’abord de ce côté qu’il faut veiller, c’est dans ce domaine qu’en tout premier lieu il convient de manifester une activité selon Dieu, afin de pouvoir servir ensuite.
« Quant à l’activité, pas paresseux ». — Que faut-il donc faire ? Quelles sont les œuvres à accomplir ? De « bonnes œuvres » sans doute, mais qu’est-ce qu’une « bonne œuvre » ? Les hommes donnent à cette expression un sens bien différent de celui qu’elle a dans la Parole de Dieu, ce qui n’a rien de surprenant, les pensées des hommes n’étant pas celles de Dieu.
Remarquons, tout d’abord,
que de « bonnes œuvres » selon Dieu ne peuvent
être accomplies que par un croyant. Un inconverti est encore « dans la
chair » et « la pensée de la chair est inimitié contre Dieu, car elle
ne se soumet pas à la loi de Dieu, car
aussi elle ne le peut pas. Et ceux qui sont dans la chair ne peuvent plaire à
Dieu
» (Rom. 8:7, 8). Quel jugement porté par la
Parole sur tant de soi-disant « bonnes œuvres » accomplies par des
hommes inconvertis ! — Si le croyant est rendu capable, parce qu’il est
sauvé, d’accomplir de « bonnes œuvres », il doit savoir, en premier
lieu, ce qu’est une « bonne œuvre ». Sans doute, Dieu peut se servir
de ce qui est fait, même par des incrédules, bien que cela ne présente en rien
le caractère d’une « bonne œuvre » ; n’a-t-Il pas, même, la
prérogative de tirer le bien du mal ? Mais, prenons garde ! cela ne nous autorise pas à nous associer à de telles
personnes, encore moins à collaborer avec elles — quand bien même elles seraient
chrétiennes — et cela ne justifie en rien leur position. On a dit que l’une des
plus grandes ruses de l’adversaire consistait à associer le dévouement à un
laisser-aller moral ou à de fausses doctrines. Combien c’est vrai ! On
s’arrête volontiers sur le bien qui est fait, on ne voit pas le mal qui est à
côté et on se trouve associé au mal (moral ou doctrinal) croyant cependant
faire le bien !
L’épître à Tite, qui nous donne des enseignements à propos de
l’ordre qui doit régner dans la Maison de Dieu, est pleine d’exhortations au
sujet des « bonnes œuvres ». Tite 1:16 nous dit des gens qui
« professent de connaître Dieu », sans posséder la vie de Dieu,
« souillés et incrédules », qu’ils sont aux yeux de Dieu
« abominables et désobéissants » ; « par leurs œuvres ils
le renient » et ils sont « à
l’égard de toute bonne œuvre, réprouvés
». Le verset 6 du chapitre 2 contient une exhortation pour les « jeunes
hommes » : être sobres ; et Tite, pour la leur adresser avec
l’autorité qui convenait, devait d’abord se montrer « en toutes choses un modèle de bonnes œuvres
, faisant preuve, dans l’enseignement, de pureté de doctrine, de
gravité, de parole saine qu’on ne peut condamner… », tant
il est vrai qu’il y a un lien très étroit entre les « bonnes œuvres »
et la saine doctrine. Notre responsabilité comme ensemble est mise en lumière
au verset 14 du même chapitre : « … Jésus Christ, qui s’est donné
lui-même pour nous, afin qu’il nous rachetât de toute iniquité et qu’il purifiât
pour lui-même un peuple acquis, zélé pour
les bonnes œuvres
». Voilà
ce qui a été nécessaire pour que nous soyons rendus capables d’accomplir de
« bonnes œuvres ». La conséquence, pour chaque fidèle, c’est qu’il
doit être « prêt à toute bonne œuvre
» (3:1). Si, plus loin, dans le
même chapitre 3, l’apôtre présente la miséricorde divine qui s’est déployée
envers nous, l’apparition de « la bonté de notre Dieu sauveur » et de
« son amour envers les hommes », la justification par sa grâce, s’il
demande à Tite d’insister sur ces choses, c’est « afin que ceux qui
ont cru Dieu s’appliquent à être les premiers dans les bonnes œuvres
… » (v.
8) et cette exhortation est répétée au verset 14, en rapport avec « les
choses nécessaires ». — Quant à l’activité, pas paresseux !
« Prenons garde l’un à l’autre pour nous exciter à l’amour
et aux bonnes œuvres
… » (Héb.
10:24). La première des
« bonnes œuvres » qui nous est proposée ici est, semble-t-il, de ne
pas abandonner le rassemblement de nous-mêmes (v. 25) et l’apôtre était
contraint d’ajouter : « comme quelques-uns ont l’habitude de
faire ». N’y a-t-il pas là une « bonne œuvre » au sujet de
laquelle il est nécessaire que « nous nous excitions l’un l’autre »,
une exhortation toujours de saison ?
Une « bonne œuvre » c’est, en tout premier lieu, une œuvre qui est faite au nom du Seigneur Jésus et pour Lui (cf. Actes 4:9, 10 ; Matt. 26:10). Que de soi-disant « bonnes œuvres » dans lesquelles nous ne cherchons, au fond, que notre propre gloire, qui ne sont accomplies que dans le but de nous faire une réputation d’homme de bien ! Ce qui n’est pas fait au nom du Seigneur et pour Lui ne présente pas le caractère d’une « bonne œuvre » aux yeux de Dieu.
Par ailleurs, il y a une préparation divine qui est nécessaire,
une double préparation, celle des « bonnes œuvres » et celle du
serviteur. Nous n’avons pas à essayer d’établir la liste des « bonnes
œuvres » que nous désirons accomplir, Dieu les prépare Lui-même et les
place sur notre route ; notre responsabilité est de savoir les discerner
pour agir ensuite. Combien de fois perdons-nous l’occasion de faire une
« bonne œuvre » que Dieu avait préparée pour que nous
l’accomplissions ! — 2 Tim. 2:21 nous parle de la préparation du
serviteur : la séparation est nécessaire pour que nous soyons « un
vase à honneur, sanctifié, utile au
Maître, préparé pour toute bonne œuvre
» (Éph. 2:10 ; 2 Tim.
2:21 ; voir aussi 2 Tim. 3:16, 17). Quand cette double préparation a été
faite par Dieu, celle des « bonnes œuvres » et celle du serviteur,
nous pouvons aller sans crainte et être très actifs. Si elle ne l’est pas,
prenons garde à notre activité, qui risque alors de n’être que celle de la
chair religieuse (cf. 2 Rois 4:39,
40). Quel grave danger !
Les « bonnes œuvres » que Dieu nous propose sont
généralement des œuvres qui ne font pas beaucoup de bruit ; on a dit que
le bien ne fait pas de bruit et que le bruit ne fait pas de bien. Ce qui
importe, c’est d’avoir affaire avec le Seigneur dans le secret de nos cœurs et
de rechercher son approbation — comme aussi la communion des frères — dans un
service accompli pour Lui, nous proposant le but que définit 1 Pierre 4:10, 11 : « Suivant que chacun de vous a reçu quelque don de grâce
, employez-le les uns pour les
autres, comme bons dispensateurs de la grâce variée de Dieu. Si quelqu’un
parle, qu’il le fasse comme oracle de Dieu ; si quelqu’un sert, qu’il serve comme par la force que Dieu fournit,
afin qu’en toutes choses, Dieu soit glorifié par Jésus Christ
, à qui est la gloire et la puissance
aux siècles des siècles ! Amen ». — Servir avec la force que Dieu
donne, afin qu’Il soit glorifié par Jésus Christ ! Dieu veuille que ce
soit le résultat toujours atteint par notre service à chacun, dans l’Assemblée
ou dans ce monde ! Quel exercice constant cela implique !
La seconde exhortation du verset 11 de Romains 12 nous montre qu’une activité extérieure
doit découler d’exercices intérieurs : « fervents en esprit ».
C’est parce qu’il était « fervent d’esprit » qu’Apollos pouvait
parler et enseigner diligemment les choses qui concernaient Jésus (Act. 18:25).
Cette activité intérieure est nécessaire avant tout, l’on ne saurait trop
insister sur ce point. Recherchons beaucoup cet exercice secret avec le
Seigneur, laissant le Saint Esprit agir en nous pour nourrir nos âmes de Christ
et occuper nos cœurs des choses qui sont en haut ! — De plus en plus, dans
le monde et même dans la chrétienté, on préfère le côté collectif au côté
individuel. L’enthousiasme des masses produit souvent une certaine excitation
charnelle, au sujet de laquelle on se méprend ; on y voit parfois le
travail de Dieu alors qu’il n’y a rien de cela. Il est nécessaire que le
croyant vive, en tout premier lieu, une vie individuelle près du Seigneur, à
son école, recherchant la connaissance de sa volonté, apprenant de Lui. Que
Dieu nous accorde d’être « remplis
de la connaissance de sa volonté
, en
toute sagesse et intelligence spirituelle, pour
marcher d’une manière digne du Seigneur pour lui plaire à tous égards, portant
du fruit en toute bonne œuvre
, et
croissant par la connaissance de Dieu… » (Col. 1:9, 10).
« Servant le Seigneur » — C’est la troisième
exhortation relative au service. Dans notre travail au milieu de ce monde, nous
avons un témoignage à rendre. Gardons-nous de nous laisser gagner par l’esprit
du jour, fait d’insoumission, de révolte parfois, et généralement caractérisé
par un manque de conscience. Par exemple, les relations de patron à employé
doivent être réglées, du point de vue chrétien, par les principes que nous
trouvons à la fin du chapitre 3 et au début du chapitre 4 de l’épître aux Colossiens. Sans
doute l’esclavage n’existe plus aujourd’hui dans nos pays, mais l’enseignement
de ces passages demeure, car ils posent des principes auxquels nous ne pouvons
nous soustraire. « Esclaves, obéissez en toutes choses à vos maîtres selon
la chair, ne servant pas sous leurs yeux
seulement, comme voulant plaire aux hommes
, mais en simplicité de cœur, craignant le Seigneur. Quoi
que vous fassiez, faites-le de cœur comme pour le Seigneur et non pour les
hommes
, sachant que du
Seigneur vous recevrez la récompense de l’héritage : vous servez le Seigneur Christ
» (Col. 3:22 à 24). En servant un maître, nous servons le
Seigneur. Nous l’oublions si souvent ! Sur quel plan élevé se trouve ainsi
portée l’obéissance due à des « maîtres selon la chair » ! Et
cette attitude doit être observée, que les maîtres soient « bons et
doux » ou « fâcheux » (1 Pierre 2:18 à 23). L’obéissance aux
enseignements de la Parole de Dieu réglerait toutes les questions sociales —
elle contient des exhortations pour les maîtres aussi bien que pour les
serviteurs (cf. Col. 4:1 ; Éph. 6:9).
Dans tout service, quel qu’il soit, nous avons besoin de nous rappeler constamment que nous servons le Seigneur. Si nous le perdons de vue, nous serons parfois désappointés et découragés dans notre service, car nous ne rencontrerons pas toujours l’accueil que nous souhaiterions ; il n’y aura, par contre, aucun découragement chez celui qui réalise vraiment qu’il sert le Seigneur.
Si nous aimions le Seigneur de tout notre cœur, nous saurions mieux le servir car pour servir, il faut d’abord aimer. Le Seigneur, homme parfait sur la terre, a été le parfait Serviteur parce qu’Il était venu par amour, amour pour son Dieu et Père, amour pour tous les hommes. Au terme de sa vie ici-bas, son service a eu son couronnement dans le don de Lui-même. Il était le vrai serviteur qui a « dit positivement : J’aime mon maître, ma femme et mes enfants, je ne veux pas sortir libre ; … » (Ex. 21:5). Il s’est ainsi constitué serviteur à toujours ; son service est éternel, a-t-on dit, car c’est celui de l’amour. Que Dieu nous accorde d’être les « imitateurs du parfait Modèle, du vrai Serviteur » !
« Vous réjouissant dans l’espérance ». Nous devrions toujours nous réjouir « dans le Seigneur » (Phil. 3:1 ; 4:4) et dans l’espérance de son prochain retour. Prenons courage ! bientôt nous allons voir paraître sur la nue Celui qui nous prendra auprès de Lui, dans le lieu où « il n’y aura plus ni deuil, ni cri, ni peine, car les premières choses sont passées » (Apoc. 21:4). Oui, en vérité, « cette espérance glorieuse ranime nos cœurs abattus. Oh ! quelle perspective heureuse, d’être bientôt avec Jésus ! »
Si nous
servons le Seigneur, c’est en l’attendant du ciel ! La « bienheureuse
espérance » réalisée, le temps du service aura pris fin ; le service qui se
continuera dans le repos, et pour l’éternité, est celui de la louange. C’est
pourquoi nous pouvons chanter : « Du repos éternel, activité
parfaite ! Durant le jour sans fin, les tiens te serviront… ». Tous les rachetés
peuvent se réjouir à la pensée que le Seigneur vient, mais tous peuvent-ils se
réjouir en pensant à l’apparition du Seigneur, deuxième acte de sa venue ?
L’exhortation qui commence le verset 12 de Rom. 12 est en rapport avec l’apparition du Seigneur plutôt
qu’avec sa venue pour enlever l’Église. À son apparition, se lie notre
manifestation devant le tribunal du Christ : « il faut que nous soyons tous
manifestés devant le tribunal du Christ, afin que chacun
reçoive les choses accomplies dans le corps, selon
ce qu’il aura fait
, soit
bien, soit mal » (2 Cor. 5:10). Pouvons-nous nous réjouir à cette
pensée ? Comme il sera heureux le serviteur fidèle, celui qui aura fait
fructifier le ou les talents que le Maître lui avait donnés et qui
entendra alors cette parole :
« Bien, bon et fidèle esclave ; tu as été fidèle en peu de chose, je
t’établirai sur beaucoup : entre dans la joie de ton maître » (Matt.
25:21 et 23). Est-ce la pensée de la récompense qui nous amène à nous réjouir dans
l’espérance ?
Non, c’est la pensée de la joie que le Maître éprouvera — et à laquelle,
d’ailleurs, Il associera son serviteur. Procurer quelque joie à notre Seigneur
et Sauveur Jésus Christ, cela ne fait-il pas vibrer nos cœurs ? Cela ne
nous incitera-t-il pas à répondre aux trois exhortations du verset 11 de
Rom. 12 ? Celui
qui a le privilège de servir éprouve déjà, à l’avance, quelque chose de ce
qu’il connaîtra quand le Seigneur se réjouira et lui dira : entre dans la
joie de ton Maître. C’est ainsi qu’il se réjouit dans l’espérance !
Mais en attendant ce jour glorieux, il y a la traversée du désert, ses luttes, ses épreuves, ses tribulations. « Vous avez de la tribulation dans le monde… » a dit le Seigneur aux siens, avant de les quitter (Jean 16:33). Mais le croyant peut se glorifier « dans les tribulations », parce que « la tribulation produit la patience, et la patience l’expérience, et l’expérience l’espérance… » (Rom. 5:3, 4). Notre propre volonté est alors soumise à celle de Dieu et nous connaissons la béatitude dont parle l’apôtre Jacques, dans son épître : « Voici, nous disons bienheureux ceux qui endurent l’épreuve avec patience » (voir aussi, un peu plus haut, dans le même passage : « Usez de patience ; affermissez vos cœurs, car la venue du Seigneur est proche » — Jacques 5, 10 et 8). Attente patiente de sa venue, au milieu des tribulations du désert.
L’apôtre ne fait-il pas surtout allusion aux tribulations
rencontrées dans le chemin du service ? Le divin Modèle, parfait
Serviteur, a semé avec larmes, suivant l’expression du Ps. 126. Il « a enduré une telle
contradiction de la part des pécheurs contre Lui-même » (Hébr. 12:3). À sa suite, celui qui a été
son « imitateur » (1 Cor. 11:1)
a connu aussi la souffrance et la tribulation dans l’accomplissement du service
qui lui était confié. Dans le premier chapitre de la deuxième épître aux
Corinthiens, il parle des souffrances endurées : « … comme les
souffrances du Christ abondent à notre égard :.. » et encore :
« nous avons été excessivement chargés, au delà de notre force, de sorte
que nous avons désespéré même de vivre » (v. 5 et 8). Dans le chapitre 4,
dans le chapitre 6, dans le
chapitre 11 de cette même
épître, l’apôtre nous dit aussi ce que fut pour lui le chemin du service. Cette
épître a été appelée l’épître du ministère ou du service et, en effet, elle
nous enseigne bien, tout au long, ce qui doit caractériser un service selon
Dieu et un serviteur de Dieu. Au chapitre 6, l’apôtre se présente comme serviteur, représentant Dieu dans
son service, et il en donne des preuves : Quelle est la première de toutes
celles qu’il va énumérer ? La patience ! « … ne donnant aucun
scandale en rien, afin que le service ne soit pas blâmé, mais en toutes choses
nous recommandant comme serviteurs de Dieu, par une grande patience
, dans les tribulations
… » (v. 3 à 10). Dans le
chapitre 12, Paul revendique
son titre d’apôtre car son apostolat avait été mis en question par les faux
docteurs qui troublaient les Corinthiens. Que dit-il à ce sujet ?
« Certainement les signes d’un apôtre ont été opérés au milieu de vous
avec toute patience
, par des signes, et des prodiges, et
des miracles » (v. 12). Nous comprenons pourquoi : l’apôtre écrivait
aux chrétiens de Rome : « patients dans la tribulation ».
« Persévérants dans la prière ». Dans le service, dans les tribulations, pendant ce temps d’attente, nous ne sommes pas laissés sans ressources, Dieu en soit béni ! Quel bonheur de pouvoir nous adresser à Lui par la prière ! Savons-nous le faire assez ? Peut-être crions-nous au Seigneur dans nos dangers pressants, mais combien nous manque cette persévérance dans la prière, expression d’une dépendance constante du Maître que nous avons le privilège et la responsabilité de servir ! Le chemin du chrétien, a-t-on dit, est un chemin où l’on avance à genoux.
Il n’est pas possible de servir fidèlement le Seigneur si nous ne recherchons pas constamment sa pensée par la prière, si nous ne demeurons pas sans cesse dans sa dépendance et dans sa communion, ce que nous ne pouvons réaliser que dans une vie de prières. D’autre part, c’est dans la prière que nous sommes exhortés à attendre le Seigneur. Les exhortations à veiller et à prier sont multipliées dans la Parole.
Qu’à sa venue, le Seigneur nous trouve dans cette attitude, veillant et priant ! « Que vos reins soient ceints, et vos lampes allumées ; et soyez vous-mêmes semblables à des hommes qui attendent leur maître, à quelque moment qu’il revienne des noces, afin que, quand il viendra et qu’il heurtera, ils lui ouvrent aussitôt. Bienheureux sont ces esclaves, que le maître, quand il viendra, trouvera veillant. En vérité, je vous dis qu’il se ceindra et les fera mettre à table, et, s’avançant, il les servira … … Qui donc est l’économe fidèle et prudent que le maître établira sur les domestiques de sa maison, pour leur donner au temps convenable leur ration de blé ? Bienheureux est cet esclave-là que son maître, lorsqu’il viendra, trouvera faisant ainsi. En vérité, je vous dis qu’il l’établira sur tous ses biens » (Luc 12:35 à 44).
Sachons retenir et mettre en pratique les six exhortations de Rom. 12:11 et 12 :
« Quant à l’activité, pas paresseux ; fervents en esprit ; servant le Seigneur vous réjouissant dans l’espérance ; patients dans la tribulation ; persévérants dans la prière ».
ME 1951 p. 225-231
Le Seigneur nous laisse dans ce monde pour que nous y soyons ses témoins. Chaque croyant est responsable de parler de Jésus ; il doit saisir l’occasion de dire à ceux avec lesquels il est mis en contact : « Il n’y a de salut en aucun autre ; car aussi il n’y a point d’autre nom sous le ciel, qui soit donné parmi les hommes, par lequel il nous faille être sauvés » (Actes 4:12). De même, pour ce qui concerne le témoignage collectif : l’Assemblée est « la colonne et le soutien de la vérité » (1 Tim. 3:15) ; elle a la charge et le privilège de faire connaître ici-bas le Dieu de vérité, le Dieu qui est Amour et Lumière. La considérer comme une association pour la propagation de l’Évangile serait — quelque précieux que soit le service de l’évangélisation — en rabaisser singulièrement le caractère, mais elle est « la lettre de Christ » (2 Cor. 3:3). Le Seigneur, ressuscité et glorifié, a un message à faire proclamer dans ce monde. Pour adresser un message dans un lieu éloigné, on écrit une lettre ou on envoie un messager. Nous avons la « lettre » en 2 Cor. 3:3 (service de l’Assemblée) et le messager en 2 Cor. 5:20 (service individuel). L’Assemblée est la « lettre » qui apporte le message de Christ à ce monde. Christ en est le sujet ; l’Esprit du Dieu vivant, l’encre ; les tables de chair du cœur, les tablettes. Hélas ! par suite de nos manquements, la « lettre » est souvent peu lisible ; il y a des ratures, des surcharges, des taches, des souillures… Humilions-nous de ce que nous savons si mal réaliser ce que Dieu attend de nous — de ce que, parfois, notre conduite individuelle ou notre vie d’Assemblée nous contraignent à garder le silence, alors que, cependant, « ce jour est un jour de bonnes nouvelles » (2 Rois 7:9).
Alors qu’Il allait remonter dans la gloire, le Seigneur a dit à ses disciples : « Vous serez mes témoins » (Actes 1:8). Mais avant d’obéir à ce commandement, ils devaient attendre la venue du Saint Esprit comme Personne divine sur la terre : « Demeurez dans la ville, jusqu’à ce que vous soyez revêtus de puissance d’en haut ». — « Et étant assemblé avec eux, il leur commanda de ne pas partir de Jérusalem, mais d’attendre la promesse du Père ;… vous recevrez de la puissance, le Saint Esprit venant sur vous ; et vous serez mes témoins à Jérusalem et dans toute la Judée et la Samarie et jusqu’au bout de la terre » (Luc 24:46 à 49 ; Actes 1:4 à 8).
Parler du Seigneur est extrêmement sérieux et demande beaucoup
plus d’exercice qu’on ne le pense en général. Nous ne pouvons le faire avec fruit
que dans la dépendance du Saint Esprit qui seul nous donnera
les paroles qui conviennent. Qu’il s’agisse du témoignage individuel ou du
témoignage collectif, il n’y a aucune puissance en dehors de celle de l’Esprit
Saint. « Vous serez mes témoins », avait dit le Seigneur aux disciples,
mais « demeurez dans la ville, jusqu’à ce que vous soyez revêtus de
puissance d’en haut ». Il fallait donc rendre témoignage, mais il
convenait d’attendre que fût donnée la puissance nécessaire pour cela. Sans
doute, aujourd’hui le Saint Esprit est descendu sur la terre ; il y a
cependant des conditions à remplir si nous voulons rendre un témoignage fidèle
et utile.
Éphésiens 6:15 nous exhorte, par exemple, à avoir les pieds chaussés « de la préparation de l’évangile de paix », c’est-à-dire à vivre de telle façon que notre marche pratique prépare la présentation de l’Évangile aux âmes et apporte un message de paix parmi les saints. Notre conduite doit être un témoignage muet ; s’il n’en est pas ainsi, nous parlerons de Christ sans aucune puissance et même nous induirons peut-être les incrédules à blasphémer. C’est un point sur lequel il est bon d’insister car, pour porter de plus rudes coups au christianisme, l’ennemi se sert parfois de croyants dont la marche laisse à désirer, mais qui, pourtant, parlent beaucoup du Seigneur à leur entourage. Les moqueurs ont alors beau jeu de s’écrier : c’est cela la vie chrétienne ? ce sont les fruits qu’elle produit ? Dans un cas semblable, n’eût-il pas mieux valu se taire ? Sans doute, la grâce divine peut toujours opérer et Dieu a la prérogative de tirer le bien du mal. Mais c’est là un autre côté. Combien il est douloureux de se placer dans une condition telle que l’on perd le privilège de pouvoir être un témoin ! On n’est plus en état de faire face à sa responsabilité !
Les pieds chaussés « de la préparation de l’évangile de paix », c’est une des pièces de l’armure qu’il faut revêtir pour résister à l’adversaire. Si la marche pratique n’est pas le témoignage muet qu’il nous convient de rendre avant de présenter l’Évangile, il y a dans l’armure un défaut par où l’ennemi pénétrera pour accomplir son œuvre. Une bonne conduite doit précéder les paroles qui, sans cela, n’auraient aucune puissance. Lorsque la conduite n’est pas selon ses enseignements, la Parole de Dieu est blasphémée (cf. Tite 2:5). L’apôtre nous dit, dans un autre passage, que « le nom de Dieu et la doctrine » sont blasphémés (1 Tim. 6:1). Est-il possible alors de parler du Seigneur et de présenter l’évangile ? L’état moral ne le permet pas. C’est parce que le peuple d’Israël avait marché dans un chemin de désobéissance et déshonoré Dieu par la transgression de la loi que le nom de Dieu était blasphémé, à cause d’eux, parmi les nations (Rom. 2:23, 24).
Prenons l’exemple d’un croyant qui se conduit mal, au vu et au su de tous ceux qui l’entourent. On ne peut pas dire à un tel homme : Le Seigneur nous laisse ici-bas pour y être ses témoins, annoncez l’Évangile à tous ceux avec lesquels vous êtes en contact. Bien au contraire, il faut lui montrer qu’en raison de sa mauvaise conduite il perd le privilège d’être un témoin. Sans parler ici de l’action à exercer pour redresser sa marche, il convient de lui faire comprendre combien il est nécessaire de veiller d’abord à sa conduite, d’avoir les pieds chaussés « de la préparation de l’évangile de paix », s’il veut pouvoir parler du Seigneur. C’est indispensable pour le faire dans la dépendance de l’Esprit de Dieu.
Les principes sont les mêmes pour ce qui concerne le témoignage collectif. Une assemblée locale doit veiller, en tout premier lieu, à l’ordre intérieur, au maintien de la séparation, et, s’il y a lieu, à la purification du mal qui pourrait exister dans son sein. La présence de Dieu, par son Esprit, doit être vue au milieu d’elle ; la présence du Seigneur doit être réalisée et rien ne doit y entraver l’action du Saint Esprit. Elle ne doit pas perdre de vue qu’elle est « la lettre de Christ » : en elle, le monde doit lire Christ. Avant d’inviter le monde à venir la lire, posons-nous la question : la lettre est-elle lisible ? — On est attristé et humilié lorsque « ceux de dehors » sont amenés à dire : ces chrétiens, qui se réunissent à tel endroit, parlent beaucoup de l’évangile, de leur Sauveur, mais quand on voit la conduite de tel ou tel et tout ce qui se passe parmi eux, on n’est guère incité à les écouter et à attacher quelque crédit à leurs paroles : leurs actes les démentent !
Nous sommes responsables d’obéir aux enseignements de l’Écriture qui nous dit « comment il faut se conduire dans la maison de Dieu, qui est l’assemblée du Dieu vivant, la colonne et le soutien de la vérité » (1 Tim. 3:15). Si nous le réalisons, les âmes seront attirées. Dieu lui-même ajoutera à l’Assemblée, selon l’expression d’Actes 2:47. Il a tous les moyens dans sa main pour amener des âmes dans le lieu où elles éprouveront sa présence. La reine de Sheba était pourtant fort loin de Jérusalem lorsqu’elle « entendit parler de la renommée de Salomon, en relation avec le nom de l’Éternel » (1 Rois 10:1 à 13) et cependant, « elle vint » (l’expression est employée trois fois : « pour l’éprouver par des énigmes », « à Jérusalem », « vers Salomon » — nous soulignons cette progression remarquable). Elle eut un entretien personnel avec Salomon et elle « vit toute la sagesse de Salomon, et la maison qu’il avait bâtie… ». Ce n’était pas une maison plus ou moins en désordre, de laquelle elle aurait pu sortir découragée, regrettant d’être venue pour voir ce qui ne répondait guère à ce qu’on lui avait dit ! Elle vit « les mets de sa table, et la tenue de ses serviteurs, et l’ordre de service de ses officiers, et leurs vêtements, et ses échansons, et la rampe par laquelle il montait dans la maison de l’Éternel, et il n’y eut plus d’esprit en elle… ».
Ayons un vif désir de
voir des âmes ajoutées à l’Assemblée, ne perdant pas de vue cependant ce
qu’écrit J.N.D. dans une de ses lettres :
« Je crois qu’en certains cas, on a oublié la vraie position des enfants
de Dieu. Je crois que le Saint Esprit donne le privilège de s’assembler
, quand nous sommes souvent trop faibles pour rassembler
; mais s’il y a de la grâce et de la bénédiction dans la
première position, Dieu opérera la seconde jusqu’à un certain point. Les
prétentions de rassembler
vont quelquefois au delà de la
puissance réelle. S’assembler
est toujours un devoir et un privilège
des chrétiens. Je crois qu’on devrait en même temps désirer le rassemblement de
tous et y tendre autant qu’on le peut. Tout ce que je désire, c’est qu’on ne
dépasse pas sa force véritable, mais je ferai tout ce qui est en mon pouvoir
dans ce but. Le devoir de tous les chrétiens est d’être réunis ensemble en
dehors du monde, et c’est le meilleur moyen de prouver la bénédiction qui se
trouve dans cette position. Mais si l’on dépasse sa force réelle, on peut
éloigner les âmes quand elles voient le manque de bénédiction » (Messager Évangélique, 1914, page
238).
Voudrions-nous amener des âmes dans une maison où ne seraient pas manifestés les caractères qui nous sont présentés, par l’image, dans le récit de la visite de la reine de Sheba à Jérusalem ? Elles seraient détournées plutôt qu’attirées et nous aurions fait du tort au « témoignage de notre Seigneur ». — Commençons par ce qui touche à l’édification de l’Assemblée, veillons à ce que tout soit en ordre dans la maison de Dieu. C’est là qu’est, si nous pouvons nous exprimer ainsi, la véritable « évangélisation » de l’Assemblée, le témoignage qu’elle est appelée à maintenir comme « colonne et soutien de la vérité ; c’est ainsi qu’elle est vraiment la « lettre de Christ ». Quand il en sera ainsi, Dieu amènera des âmes — de bien loin peut-être, comme Il a amené la reine de Sheba à Jérusalem — et ces âmes pourront affirmer à leur tour : « Ce que j’ai entendu dire… était la vérité ; mais je n’ai pas cru ces choses, jusqu’à ce que je sois venue et que mes yeux aient vu ; et voici, on ne m’avait pas rapporté la moitié… Heureux tes gens, heureux ceux-ci, tes serviteurs, qui se tiennent continuellement devant toi, et qui entendent ta sagesse ! Béni soit l’Éternel, ton Dieu… » (1 Rois 10:6 à 9 ; cf. 1 Cor. 14:24, 25). Ce sera pour la joie de tous dans l’Assemblée, pour le salut de beaucoup d’âmes et pour la gloire du Seigneur !
Que Dieu nous accorde de mieux comprendre le véritable caractère du témoignage individuel et surtout du témoignage collectif. Qu’Il nous donne aussi de savoir le réaliser !
ME 1949 p. 141-147
La puissance du témoignage collectif n’est pas dans le nombre de ceux qui le constituent, mais dans le caractère qu’ils revêtent et elle se lie aux principes sur lesquels ils sont rassemblés. L’Assemblée (ou ce qui en est l’expression) sera un centre d’attraction pour les âmes, le témoignage collectif aura vraiment de la puissance, dans la mesure où ceux qui sont réunis au nom du Seigneur réaliseront pratiquement ce qu’est l’Assemblée de Dieu, car la source de la puissance est en Dieu.
Dans des temps où il n’est question que de « masses », de « groupements », où la puissance d’une association est fonction du nombre de ses adhérents, le danger est grand de croire que le témoignage aura beaucoup plus de force si ceux qui se réunissent voient s’accroître leur nombre. L’on pourrait être tenté alors, dans la très louable intention de fortifier le témoignage, d’y introduire des éléments qui n’y ont pas leur place et seront, au contraire, une source d’affaiblissement. Sans doute, nous nous réjouirions en voyant des âmes en très grand nombre se grouper autour du Seigneur, à sa table, mais n’oublions pas que, parvenus à la fin de l’histoire de l’Église, nous sommes dans des temps d’extrême faiblesse. La Parole de Dieu nous présente les caractères d’un témoignage fidèle dans un jour de ruine ; le premier d’entre eux est celui-ci : peu nombreux et sans apparence (voir Juges 7). « Par les trois cents hommes qui ont lapé l’eau je vous sauverai », dit l’Éternel à Gédéon ; les vingt-deux mille faisaient bien partie du peuple, mais ils ne présentaient pas les caractères de témoins et eussent été une cause de faiblesse. Raisonnant selon nos propres pensées, nous dirions : vingt-deux mille hommes seront beaucoup plus forts que trois cents. Mais la puissance n’est pas dans le nombre !
Au milieu des fausses doctrines enseignées à Thyatire,
au sein du formalisme sans vie de Sardes, Dieu maintient des témoins qui, là où
ils ont été placés, font face à leur responsabilité propre, avec les lumières
qui leur ont été données et en manifestant souvent une fidélité qui est bien de
nature à nous humilier. Aussi, des promesses leur sont assurées ; ayant
souffert avec Christ, ils régneront avec Lui (Apoc.
2:24-27 ; 3:4-5). Nous avons certes le devoir, si l’occasion nous en est
offerte, d’éclairer ces âmes et de leur montrer quel est le véritable terrain de
rassemblement des croyants. Dieu, s’Il le trouve bon, les retirera du milieu où
elles se trouvent pour les conduire, Lui-même, là où « deux ou
trois » sont réunis au nom du Seigneur. Mais si sa pensée est, au
contraire, de maintenir un croyant parmi les témoins qu’Il veut avoir et qu’Il
aura à Thyatire ou à Sardes jusqu’au retour du
Seigneur, nous agirions à l’encontre de ce qu’Il s’est proposé en contraignant
ce croyant à quitter la place où Dieu le voulait et où il avait son service. Si
cette âme n’a pas compris ce qu’est l’Assemblée comme Corps de Christ, si elle
n’a pas saisi le caractère du témoignage rendu à la Table du Seigneur, si elle
n’a pas réalisé qu’un vrai témoignage ne peut être rendu que dans la
séparation, elle souffrira certainement et peut-être même, fera souffrir les
autres.
« Contrains les gens d’entrer », dit à son esclave le maître de maison qui a préparé le « grand souper » (Luc 14:16 à 24). Quand il s’agit de présenter à un inconverti le seul nom par lequel il lui faut être sauvé, il convient de se montrer pressant, de « contraindre » celui qui est dehors à entrer, celui qui est perdu à accepter le salut — et cela d’autant plus que le temps presse : c’est aujourd’hui le jour favorable. Dieu veuille que nous puissions contraindre d’« entrer » tous ceux qui sont encore sans Christ ! Mais nous ne saurions user d’une telle contrainte pour amener des croyants à se joindre au témoignage collectif, car nous risquerions d’aller contre la pensée de Celui qui se plaît à reconnaître, dans Thyatire comme dans Sardes, des fidèles qui rendront témoignage dans ces milieux jusqu’à son retour.
Rappelons ensuite que, dans les temps fâcheux des derniers jours, c’est un témoignage dans la séparation que nous sommes appelés à maintenir. Notre témoignage n’aura aucune puissance si la séparation est perdue. Cela est vrai pour le témoignage individuel : pauvre témoignage que celui d’Isaac à Guérar, bien que le patriarche y connaisse une remarquable prospérité matérielle ; par contre, lorsqu’il « monte » à Beër-Sheba, ayant tout abandonné, dressé sa tente, bâti un autel, creusé un puits, son témoignage a un puissant effet moral sur Abimélec, Akhuzzath et Picol qui peuvent lui dire alors : « Nous avons vu clairement que l’Éternel est avec toi… Tu es maintenant le béni de l’Éternel ». (voir Genèse 26). Cela est vrai encore pour le témoignage collectif. Nous ne pourrons maintenir un témoignage fidèle au sein de la « grande maison » si nous méconnaissons les exhortations de la deuxième épître à Timothée : « retire-toi de l’iniquité — purifie-toi des vases à déshonneur — détourne-toi de telles gens » (2:19-21 ; 3:5). Ce n’est pas en nous associant à ce dont la Parole nous enjoint de nous séparer que nous pourrons donner de la puissance au témoignage collectif.
Mais le travail de l’évangélisation ne serait-il pas une excuse valable pour justifier de telles associations ? C’est la Parole qui nous donne la réponse : l’apôtre écrit à Timothée : « Fais l’œuvre d’un évangéliste » (2 Tim. 4:5), après lui avoir ordonné : retire-toi… purifie-toi… détourne-toi… Les deux choses ne sont pas incompatibles. Et Dieu nous garde de jamais sacrifier le témoignage à l’évangélisation !
Au terme de sa longue carrière, un de nos chers conducteurs a
voulu nous laisser un message d’une telle importance que beaucoup d’entre nous
l’ont certainement souvent relu et médité. Nous ne saurions trop engager les
frères à le faire. (Messager Évangélique
, année 1928, page 81).
Transcrivons-en les dernières lignes : « En terminant, je désire
mettre les frères tout particulièrement en garde contre deux dangers : le
premier, celui de la mondanité
qui se montre aujourd’hui dans l’intérêt
pour les choses du monde, en proportion duquel décroît l’intérêt pour la Parole
— le second, le latitudinarisme
[= laxisme]
(relâchement dans les principes chrétiens) qui serait la ruine absolue du
témoignage que le Seigneur nous a confié. L’amour fraternel est d’autant plus
vrai, qu’il se lie à une marche plus étroite, c’est-à-dire à la stricte
obéissance à toute la parole de Dieu. Ces choses sont le vœu ardent de votre
faible frère en Christ, … — N’oubliez pas, chers frères, que, quelles que
soient les divisions que l’ennemi a semées parmi nous, à notre propre et
profonde humiliation, notre témoignage est à l’unité du corps de Christ
,
et que tout ce qui tendrait à nous accommoder aux diverses sectes indépendantes
de la chrétienté, serait la négation absolue et la perte de ce
témoignage ». H. R.
Différentes lettres du même auteur ont été publiées, dans les
années qui ont suivi, lettres où nous trouverions encore des avertissements
extrêmement sérieux. Il vaut la peine d’en citer quelques-unes : « Si
les anciens serviteurs venaient à manquer, je crois que l’énergie nécessaire
pour maintenir les principes du témoignage ferait très vite défaut, car de plus
en plus les vues relâchées et la mondanité semblent gagner du terrain ».
« J’ai écrit quelques mots au cher D. à propos de son idée de collaborer
avec les sectes dans l’œuvre de l’évangélisation. J’espère qu’il ne l’a pas
pris en mauvaise part. Bien loin d’être jaloux de ce que le Seigneur fait par
d’autres, car « le vent souffle où il veut », nous devons nous en
réjouir, et prier pour eux, et pour les âmes auxquelles ils s’adressent ;
mais pour nous-mêmes, nous devons marcher, à l’égard de l’évangélisation comme
du témoignage, dans le domaine que le Seigneur nous ouvre. S’il est restreint,
soyons-en humiliés, bien que je ne voie pas, vu notre petit nombre, qu’il soit
réellement restreint. Souvenons-nous du mot : « j’ai mis devant TOI
une porte ouverte ». Cela n’implique nullement une association avec ceux
qui s’associent aux principes de Sardes ou de Laodicée ». — « La
tendance la plus dangereuse à laquelle j’ai pensé que nous devions tenir tête
est l’effort d’attirer les frères à une association avec les chrétiens des
systèmes sur le terrain de l’Évangile. Vous trouverez dans le prochain Messager
sous le titre : Philadelphie et l’Évangile, la réponse que j’ai cru devoir
faire à ces invitations » (Messager Évangélique
. Année 1932, pages
303 et 304 ; Année 1934, page 87).
De semblables associations ne peuvent qu’affaiblir le témoignage. Or, c’est aujourd’hui l’un des grands buts que poursuit l’adversaire : affaiblir sinon ruiner complètement le témoignage collectif. Pour arriver à ses fins, il nous présente généralement des choses bonnes en apparence, ce sont les plus dangereuses.
« Satan sait se déguiser en ange de lumière et ses serviteurs en ministres de justice. Il sait distribuer l’erreur en dilutions et la présenter sous des formes très attrayantes, à l’insu même des instruments qu’il emploie, et dans lesquels on ne soupçonnerait ni mauvaise intention, ni mauvaise doctrine. Il ne commence jamais par présenter ouvertement sa pensée. Il prépare le terrain en l’arrosant de bonté, d’amour fraternel large, d’une charité qui admire le bien où qu’il se fasse, d’une indulgence qui se contente d’intentions louables là où les procédés ne seraient pas scripturaires… Le maintien de la vérité et de la sainteté est une condition essentielle du témoignage rendu au Seigneur. L’ennemi fait son possible pour nous faire passer légèrement sur des choses aussi importantes. Tous admettent cependant que la vérité doit être maintenue, mais le désir d’union parmi les chrétiens, l’œuvre de l’évangélisation, l’amour entre tous, la font considérer comme chose secondaire.
Aujourd’hui, le grand but de l’ennemi est d’affaiblir le faible
témoignage que le Seigneur s’est suscité jusqu’à son retour prochain.
Hélas ! nous rendons à l’adversaire son œuvre
facile, par notre mondanité, notre affaiblissement spirituel, l’indifférence
qui nous fait traiter d’étroitesse et de manque d’amour le maintien de la
vérité. Après avoir affaibli le témoignage par de nombreuses divisions, il veut
le ruiner davantage encore ; c’est pourquoi il cherche à réunir ceux qu’il
a divisés, non pas sur le terrain de la vérité, ce qui certes serait à désirer,
mais en niant ou en atténuant les erreurs qui ont causé ces divisions, erreurs
avec lesquelles ne peuvent marcher ceux qui désirent être fidèles au Seigneur,
en gardant sa Parole et en ne reniant pas son nom ». (Messager
Évangélique
. Année 1923, page 320 ; « Prêche la Parole »,
par S. P.).
Prions beaucoup pour la prospérité du témoignage — prospérité qui demande, avant tout, la crainte et la dépendance de Dieu, le maintien de la sainteté et de la vérité, l’ordre et la paix dans l’assemblée. Lorsqu’il en est ainsi, le Saint Esprit peut agir librement, les âmes sont nourries et croissent, « tenant ferme le Chef, duquel tout le corps, alimenté et bien uni ensemble par des jointures et des liens, croît de l’accroissement de Dieu » (Col. 2:19). Telle est la véritable prospérité du témoignage, le véritable accroissement selon Dieu ! C’est alors que les âmes sont attirées ! Quelle puissance aurait le témoignage collectif, si nous savions mieux réaliser la pensée divine ! Même dans des jours de ruine, le Saint Esprit demeure un « esprit de puissance… » (2 Tim. 1:7). Dieu veuille que cette puissance spirituelle soit davantage éprouvée dans le rassemblement, afin que les âmes soient mises dans la présence de Dieu (1 Cor. 14:25).
Il est sans doute hautement nécessaire de parler de Christ à ceux avec lesquels nous sommes en contact, de saisir les occasions qui nous sont offertes de leur présenter la vérité. Mais nous faisons souvent passer le char avant l’attelage : nous essayons d’attirer des âmes alors qu’il y a tant de choses laissant à désirer, tellement peu de puissance dans le témoignage, qu’elles sont rebutées. Elles seront attirées si elles sentent la puissance d’un témoignage selon Dieu. Commençons par rechercher cette puissance, puisque nous en connaissons le secret — l’assemblée sera alors un centre d’attraction pour les âmes !
ME 1954 p. 150-158
L’évangile est « la puissance de Dieu en salut à quiconque croit » (Rom. 1:16). Prêché encore aujourd’hui, car le Seigneur use de patience à l’égard de ce monde, « ne voulant pas qu’aucun périsse, mais que tous viennent à la repentance » (2 Pierre 3:9), il le sera tant que durera le « jour » de la grâce. Plus encore qu’aux temps du prophète Élisée, « ce jour est un jour de bonnes nouvelles » (2 Rois 7:9), ne nous taisons donc pas ! Une des responsabilités qui nous incombe est bien de présenter aux âmes inconverties la bonne nouvelle d’un salut parfait et éternel, gratuit et sur le principe de la foi. Puissions-nous mieux y faire face.
Combien il est nécessaire pour cela, comme en toutes choses, d’agir avec sagesse et discernement, dans la dépendance de Dieu, ne perdant jamais de vue que nous ne sommes que des instruments dans sa main ! Moins nous laisserons de place à l’instrument et aux moyens qu’il emploie, plus nous laisserons agir Dieu Lui-même, Lui qui seul peut toucher un cœur et opérer dans une conscience. La puissance n’est ni dans l’instrument, quelque actif et éloquent qu’il puisse être, ni dans les moyens, si attrayants et ingénieux soient-ils, elle est en Dieu seul, nous ne l’oublions que trop.
Sans doute, ceux qui ont été amenés à présenter l’évangile comprennent bien les difficultés devant lesquelles se trouve placé le serviteur de Dieu qui s’adresse à une personne inconvertie : le cœur de l’homme est naturellement tourné vers le monde, les choses de Dieu n’ont aucun attrait pour lui, comment va-t-on l’y intéresser ? L’on est ainsi facilement porté à essayer de rendre l’évangile attrayant, et que de moyens emploie-t-on dans ce but ! Les intentions de ceux qui s’en servent sont louables, car leur désir est grand de conduire des âmes à la connaissance du Sauveur, mais cela ne témoigne-t-il pas d’une certaine confiance dans les moyens ? N’est-ce pas, plus ou moins, perdre de vue cette vérité, que l’évangile est « la puissance de Dieu » et que la Parole de Dieu est « vivante et opérante, et plus pénétrante qu’aucune épée à deux tranchants, et atteignant jusqu’à la division de l’âme et de l’esprit, des jointures et des moelles… » (Hébr. 4:12) ? La Parole de Dieu porte en elle-même sa propre puissance, gardons-nous de le méconnaître, afin que nous ne soyons pas tentés de chercher la puissance ailleurs.
Que toujours la Parole soit présentée dans toute sa simplicité et sa pureté ! Dieu saura s’en servir à l’égard de ceux qu’Il cherche et qu’Il veut sauver, et Lui-même opérera en eux l’œuvre de la nouvelle naissance. Qui peut opérer un semblable travail si ce n’est Lui seul ? Nous verrons alors de vraies conversions !
Pour que la Parole soit présentée avec simplicité et pureté, il
faut qu’elle le soit avec sobriété, en évitant tout ce qui est le fruit de
notre imagination, tout ce qui est susceptible d’exciter la curiosité,
d’éveiller un intérêt factice, en un mot, tout ce qui, en fait, n’est pas
l’évangile ! « Prêche la parole
», dit l’apôtre à
Timothée ; après quoi, il le met en garde : il viendra un temps où
« le sain enseignement » ne sera plus supporté, le cœur préférant se
tourner « vers les fables », et il termine par cette
exhortation : « sois sobre en
toutes choses
, endure les
souffrances, fais l’œuvre d’un évangéliste, accomplis pleinement ton
service » (2 Timothée 4:2
à 5). Faire l’œuvre d’un évangéliste, selon les enseignements de la Parole de
Dieu, nécessite la sobriété « en toutes choses ».
Parce que le cœur humain préfère la joie aux pleurs, l’on présente souvent en premier lieu, pour attirer les âmes, la joie et les chants, la félicité du ciel, le bonheur éternel là où il n’y aura ni deuil, ni cri, ni peine. Mais il faut d’abord avoir pleuré avant de pouvoir chanter ! Dans la parabole du semeur (Marc 4), il est question de quatre terrains différents, dans lesquels la semence est jetée. Lorsqu’elle est répandue « sur les endroits rocailleux », il est dit qu’elle est reçue « aussitôt avec joie », mais il n’y a pas de racine ! Le cœur n’a pas été préparé à recevoir la Parole, de sorte qu’après un temps de joie qui a pu faire illusion à beaucoup, tout est détruit dès qu’il y a de l’opposition, « le soleil » de l’opprobre, « la tribulation ou la persécution » survenant « à cause de la parole » : l’on voit alors les conséquences qui résultent du fait d’avoir écouté la Parole, et l’on abandonne ! Si la présentation de l’évangile produit en premier lieu de la joie, c’est généralement parce que la conscience n’a pas été réellement exercée. Il faut d’abord que, par le moyen de la Parole, l’homme ait les yeux ouverts sur son état de péché, sur tout ce qu’il y a dans son cœur incurable ; cela, c’est le « labourage » qui prépare la terre afin que, dans la suite, la semence répandue puisse produire du fruit. Sans doute, l’on n’aime guère dire à des inconvertis qu’ils sont des pécheurs perdus et que, dans leur état de ruine morale, ils sont incapables de faire le bien et ne peuvent faire autre chose que de pécher — et eux n’aiment pas beaucoup qu’on le leur dise ! C’est la vérité qu’il est le plus difficile d’accepter. Et cependant, il convient de la présenter, en y insistant beaucoup, afin que soit produite dans les cœurs une vraie « repentance envers Dieu ». Il n’y a pas de réelle conversion s’il n’y a eu le sentiment profond de ce qu’est le péché, de ce qu’il est surtout aux yeux de Dieu, sentiment qui conduit à la repentance. La repentance comporte, tout d’abord, la douleur du péché, produite par la contemplation de Christ sur la croix, « fait péché pour nous » (2 Cor. .5:21), ensuite le désir de l’abandonner. C’est la bonté de Dieu qui pousse à la repentance et le pur évangile présente « la repentance envers Dieu et la foi en notre seigneur Jésus Christ » (Rom. 2:4 ; Actes 20:21). Il y aura, après, les chants de joie de l’âme délivrée (cf. Ps. 126:2, 3) et, dans la marche, une sainte crainte, parce que le cœur aura compris, au moins dans une certaine mesure, ce qu’est le péché aux yeux de Dieu et ce que Christ a dû souffrir pour en faire l’expiation, ce qui n’est généralement pas le cas quand on a chanté d’abord au lieu de pleurer !
Présentons l’évangile avec une très grande simplicité et une
très grande sobriété, sans chercher à le rendre attrayant, sans essayer de le
« glisser », pour ainsi dire, parmi ce qui plaît au cœur humain. Les
hommes de ce monde emploient des moyens de ce genre pour faire accepter ce qui,
ouvertement présenté, serait probablement rejeté. La Parole de Dieu mérite une
autre considération ! Essayer d’attirer une personne étrangère aux choses de
Dieu, de captiver l’attention d’un lecteur au moyen d’un titre plus ou moins
équivoque est, proprement, une tromperie, et le but recherché, si louable
soit-il, ne saurait justifier le stratagème. Penser qu’il convient d’user de
procédés de nature à amorcer la curiosité du lecteur ou de l’auditeur, de
systèmes de propagande qui s’apparentent plus ou moins à la publicité
commerciale, tout cela est indigne de l’évangile, dont la présentation ne saurait
être rabaissée à ce niveau ! C’est méconnaître, répétons-le, que
l’évangile est « la puissance de Dieu en salut à quiconque croit ».
Nous nous garderions bien, certes, de juger des
intentions de ceux qui les emploient, profondément persuadés que nous sommes,
de leur amour pour les âmes et de leur désir de les amener à la connaissance de
la vérité, mais l’amour pour Dieu ne doit-il pas passer en premier ? Et,
ne se manifeste-t-il pas par l’obéissance à la Parole ? C’est seulement
ainsi que nous pourrons montrer un amour vrai
pour les âmes qui périssent !
Pierre et Jean étaient « des hommes illettrés et du commun », cependant ils prêchaient l’évangile dans toute la puissance du Saint Esprit, sans aucune recherche de moyens humains pour attirer les foules et les amener à entendre leurs prédications. Aussi, dans une circonstance, « furent ajoutées environ trois mille âmes », tandis que, dans une autre, « plusieurs de ceux qui avaient ouï la parole crurent ; et le nombre des hommes se monta à environ cinq mille » (Actes 4:13 ; 2:41 ; 4:4). À Corinthe, l’apôtre eût-il dû prononcer de savants discours pour « adapter la vérité aux auditeurs », comme on le dit aujourd’hui afin d’essayer de trouver une excuse ? Il répond lui-même à la question, écrivant aux Corinthiens : « Quand je suis allé auprès de vous, frères, je ne suis pas allé avec excellence de parole ou de sagesse, en vous annonçant le témoignage de Dieu ; car je n’ai pas jugé bon de savoir quoi que ce soit parmi vous, sinon Jésus Christ, et Jésus Christ crucifié. Et moi-même j’ai été parmi vous dans la faiblesse, et dans la crainte, et dans un grand tremblement ; et ma parole et ma prédication n’ont pas été en paroles persuasives de sagesse, mais en démonstration de l’Esprit et de puissance, afin que votre foi ne repose pas sur la sagesse des hommes, mais sur la puissance de Dieu » (1 Cor. 2:1 à 5). À Athènes, où l’on ne passait son temps « à autre chose qu’à dire ou à ouïr quelque nouvelle », fallait-il donc se placer sur ce terrain, apporter de captivantes « nouveautés » pour « intéresser » l’auditoire et, parmi tout cela, « glisser » plus on moins furtivement l’évangile ? Avec simplicité et sobriété, l’apôtre leur annonçait « Jésus et la résurrection » (Actes 17:16 à 31 ; voir en particulier, dans les versets 22 à 31, le discours de Paul à l’Aréopage). Ni à Corinthe ni à Athènes, Paul n’a cherché à plaire à ses auditeurs en se plaçant sur leur terrain et en rabaissant ainsi l’Évangile au niveau de ceux auxquels il s’adressait, si intelligents et cultivés qu’ils fussent.
Ce que Paul écrit dans sa première Épître aux Corinthiens (9:19 à 23) est tout autre chose et ne saurait justifier la conduite de ceux qui essaient d’adapter ce qu’ils présentent, le fond même de leur message, à ceux qui les écoutent ou qui les lisent. Qu’il faille, dans la prédication de l’Évangile, employer une forme de langage, des expressions que puissent facilement saisir ceux qui l’entendent, cela ne fait aucun doute et c’est ce que veut dire l’apôtre dans ce passage. Encore que cela ne puisse être un prétexte pour excuser vulgarité de langage ou expressions déplacées, incompatibles avec le caractère de l’Évangile et du Dieu qu’il fait connaître ! La comparaison des deux apologies prononcées par Paul, en deux circonstances différentes, illustre l’enseignement qu’il donne en 1 Cor. 9:19 à 23 : celle d’Actes 22 est adressée aux Juifs, aussi l’apôtre présente-t-il tout ce qui était de nature à atteindre leur conscience, tandis qu’il ne dira rien de cela en Actes 26, devant Agrippa et Festus.
Il n’est pas possible de mettre en contradiction deux passages de la Parole ; 1 Cor. 9:19 à 23 ne s’oppose en rien à 2 Cor. 10:3 à 5, qui nous enseigne, tout comme 1 Cor. 2:1 à 5 et Actes 17:16 à 31, que la pensée de Dieu n’est pas de voir ses serviteurs rabaisser l’évangile au niveau des inconvertis : « Car, en marchant dans la chair, nous ne combattons pas selon la chair ; car les armes de notre guerre ne sont pas charnelles, mais puissantes par Dieu pour la destruction des forteresses, détruisant les raisonnements et toute hauteur qui s’élève contre la connaissance de Dieu, et amenant toute pensée captive à l’obéissance du Christ… » — Que d’enseignements ne trouvons-nous pas dans les Écritures, qui nous permettent de comprendre qu’il y aurait de tout autres résultats dans le travail de l’évangélisation si nous réalisions mieux que l’évangile est « la puissance de Dieu en salut à quiconque croit » !
Dieu nous donne de savoir le présenter en laissant le moins de
place possible à l’instrument et aux moyens humains, nous rappelant qu’il
s’agit de son
Évangile ! Faisons face à notre responsabilité à cet égard
et laissons à Dieu le soin d’opérer dans les cœurs et les consciences, y
accomplissant une œuvre qui est la sienne et non la nôtre.
L’œuvre du Seigneur, c’est une œuvre à laquelle ; par pure grâce, nous avons part, mais une œuvre accomplie dans des conditions telles que tout ce qui est de l’instrument disparaisse, de manière qu’il soit manifeste que c’est le Seigneur Lui-même qui a opéré, afin qu’à Lui seul soit toute la gloire !
Il est un second point sur lequel il paraît opportun de s’arrêter.
Malgré bien des faiblesses et toutes les imperfections qui ont caractérisé les instruments que Dieu a voulu employer, une grande œuvre d’évangélisation a été accomplie depuis le début du siècle dernier. « J’ai mis devant toi une porte ouverte », est-il dit à Philadelphie. Ce mouvement d’évangélisation a pris naissance en même temps qu’a été suscité le témoignage philadelphien ; l’Épître adressée à Sardes ne fait aucune mention de la « porte ouverte ». Il est sans doute nécessaire de le rappeler, dans les jours où l’on est facilement porté à vanter le travail d’évangélisation fait ailleurs — et que nous sommes loin de mésestimer, nous réjouissant, bien au contraire, de ce que « de toute manière… Christ est annoncé » (Phil. 1:18) — méconnaissant parfois ce qui est accompli, sans bruit, par des ouvriers désireux de maintenir, tout premièrement, les caractères du témoignage philadelphien.
Rappelons que la « porte ouverte », mise par le Seigneur devant Philadelphie, est un privilège, un encouragement accordé à la fidélité : « tu as peu de force, et tu as gardé ma parole, et tu n’as pas renié mon nom ». D’abord le sentiment profond d’une extrême faiblesse ; la parole gardée, preuve de l’amour pour le Seigneur ; enfin, la vérité maintenue, le nom du « saint » et du « véritable » n’étant pas renié. Ensuite, comme conséquence, le privilège accordé : « j’ai mis devant toi une porte ouverte, que personne ne peut fermer, car tu as peu de force, et tu as gardé ma parole, et tu n’as pas renié mon nom ».
La tendance de nos cœurs ne serait-elle pas de ne penser qu’à la « porte ouverte », en laissant de côté, comme tout à fait secondaires, les trois caractères rappelés à la fin du verset 8 de Apoc. 3 et en oubliant le « car » qui lie la première partie du verset à la seconde ? N’y a-t-il pas là une ruse de l’adversaire, d’autant plus subtile et dangereuse que nous aurons un plus grand désir d’annoncer l’évangile aux âmes inconverties ? Et même, l’adversaire n’essaiera-t-il pas de nous persuader que nous travaillons à fortifier le témoignage collectif en nous occupant surtout de la « porte ouverte », laissant plus ou moins de côté les principes philadelphiens ?
Or, bien au contraire, l’une des principales causes d’affaiblissement de ce témoignage, et certainement la plus dangereuse, n’est autre que le désir de donner à la « porte ouverte » le rôle primordial, en perdant de vue les principes d’Apocalypse 3:8, qui doivent caractériser le témoignage collectif et marquer l’évangélisation selon la pensée de Dieu.
Dieu veuille nous garder de nos propres pensées, que nous croyons souvent être les siennes, et nous accorder la grâce de rechercher davantage les enseignements qu’Il nous donne dans sa Parole ! Nous nous tromperions grandement si nous estimions — hélas ! n’est-ce pas souvent admis ? — que la fin justifie les moyens ! Appliquons-nous à poursuivre un but selon Dieu, avec les moyens qu’Il veut nous voir employer, nous attendant à Lui pour produire les fruits, car si l’un plante et si l’autre arrose, Lui seul donne l’accroissement (1 Cor. 3:6 à 8).
ME 1963 p. 57
Le Seigneur nous laisse dans ce monde un peu de temps et nous y
confie un service. Quand Il nous aura pris auprès de Lui, seul se continuera,
et en perfection, le service de la louange ; tous les autres auront cessé
à jamais. C’est donc dans le court moment qui nous sépare de sa venue que nous
pouvons accomplir, pour Lui, les divers services qu’Il nous accorde la grâce de
pouvoir remplir. Que nul croyant ne dise qu’il est trop petit, trop jeune ou
trop faible pour servir le Seigneur ! Il a donné « à chacun
son ouvrage ». À chacun par conséquent de se poser la question : quel
est l’ouvrage que le Seigneur veut bien me confier ? C’est en demeurant
près de Lui que la réponse nous sera donnée : Il nous fera alors connaître
ses pensées, sa volonté et nous formera pour accomplir à sa gloire le service
qui est le nôtre.
« À chacun son ouvrage ». Cela nous dit bien que l’ouvrage de l’un n’est pas celui de l’autre. Ne nous arrive-t-il pas de vouloir faire ce que fait notre frère ? Lorsqu’il en est ainsi, d’une part nous empiétons sur une tâche qui est la sienne propre et, d’autre part, nous risquons ce faisant de négliger la nôtre. Tous les croyants sont des membres du corps de Christ et, comme dans le corps humain, chaque membre a sa fonction bien définie. Cela nous amène à rappeler deux vérités importantes : en premier lieu, dans le corps, impulsions et directions sont données par la tête. Toute activité doit donc être dirigée par le Seigneur Lui-même et par le Seigneur seul. En second lieu, si chacun doit avoir affaire avec le Seigneur pour le service qui lui incombe, il n’en est pas moins vrai qu’un croyant doit se garder d’agir dans l’indépendance de ses frères : les membres du corps sont liés les uns aux autres et l’activité de chacun, commandée par la Tête du corps, doit être en vue du bien et de la prospérité de l’ensemble. Quel exercice secret avec le Seigneur cela implique pour chacun, quel esprit de crainte et de dépendance cela nécessite !
L’expression « à chacun son ouvrage » se trouve dans l’évangile selon Marc (13:34) dans lequel le Seigneur nous est présenté tout particulièrement sous son caractère de Serviteur, et dans lequel aussi abondent les enseignements concernant le service. Nous désirons en rappeler seulement quelques-uns.
Au 1er chapitre, le Seigneur appelle Simon et André : « Venez
après moi
». C’est l’appel au service : « je vous ferai
devenir pêcheurs d’hommes ». Il est impossible de servir le Seigneur en
dehors du chemin qu’Il a Lui-même tracé et dans lequel Il nous invite à le
suivre : « Si quelqu’un me sert, qu’il me suive… » (Jean 12:26).
Il est le Modèle parfait et ce sont ses caractères de vrai Serviteur que nous
avons à refléter dans notre propre service. Simon et André aussitôt le
suivirent. De même Jacques et Jean, appelés à leur tour, « s’en allèrent après
lui
» (Marc 1:16 à 20). Qui ne suit le Seigneur ne peut le servir !
Dans ce même chapitre, nous avons un autre enseignement relatif au service : la belle-mère de Pierre, guérie de la fièvre par l’intervention puissante du Seigneur, servit aussitôt non seulement le Seigneur mais aussi ceux qui étaient avec Lui (1:29 à 31). Servir le Seigneur et servir les saints, le servir en servant les saints, tel est le privilège qui nous est accordé.
Au chapitre 2, nous avons le récit d’une activité qui ne se laisse arrêter par aucune difficulté. Certes, il peut y avoir des obstacles qui nous ferment un chemin de volonté propre ; il serait grave de vouloir les surmonter à tout prix. Mais l’ennemi peut nous susciter des entraves dans un sentier de dépendance et de fidélité ; le Seigneur peut aussi permettre des difficultés afin de mettre notre foi à l’épreuve. Quatre personnes désiraient amener un paralytique à Jésus, mais il leur était impossible à cause de la foule de s’approcher de Lui. La difficulté ne les arrête pas ; ils découvrent et percent le toit, puis descendent le petit lit sur lequel le paralytique était couché. La foi compte sur la puissance de Dieu et va sans crainte pour accomplir le service confié. « Et Jésus, voyant leur foi, dit au paralytique : Mon enfant, tes péchés sont pardonnés » (2:1 à 12). Pour servir, il faut la foi qui compte sur la puissance de Dieu.
Au chapitre 3, nous avons l’appel des douze. Avant de choisir ceux auxquels allait être confié un service particulièrement important, le Seigneur, Serviteur parfait, homme dépendant, « monte sur une montagne ». Luc nous dit qu’Il s’en alla sur une montagne « pour prier » et ajoute même : « Et il passa toute la nuit à prier Dieu » (6:12). Puis, « Il appelle ceux qu’il voulait ». Les douze auront l’inestimable privilège d’être les apôtres du Seigneur, le suivant tout le long de son chemin ici-bas et, dans un jour à venir, « les douze noms des douze apôtres de l’Agneau » seront écrits sur les douze fondements de la muraille de la cité (Apoc. 21:14). Pourquoi cette faveur insigne leur est-elle accordée ? Étaient-ils meilleurs que d’autres ? C’est la grâce de Dieu qui les prend pour un tel service : le Seigneur appelle « ceux qu’il voulait » et Il en choisit douze pour être ses apôtres. « Et ils vinrent à lui », c’est alors qu’Il en « établit douze », d’abord « pour être avec lui », ensuite « pour les envoyer prêcher, et pour avoir autorité de guérir les maladies et de chasser les démons ». Avant de partir pour le service, il faut en premier lieu « être avec lui », principe important à retenir et qui est parfois perdu de vue…
Lorsque le moment de servir est venu, le Seigneur les envoie, « leur donnant autorité sur les esprits immondes » (Marc 6:7). Les apôtres sont alors dans une condition qui leur permet d’user de cette autorité, qui leur a été confiée pour le service : « Et étant partis, ils prêchèrent qu’on se repentît, et chassèrent beaucoup de démons, et oignirent d’huile beaucoup d’infirmes et les guérirent » (v. 12, 13). Tandis qu’en d’autres circonstances ils furent incapables de déployer cette puissance : ils ne purent, par exemple, chasser l’esprit muet qui avait pris possession de celui que son père amène ensuite à Jésus (Marc 9:17, 18). Pourquoi cela ? Le Seigneur le leur révélera : « Cette sorte ne peut sortir en aucune façon, si ce n’est par la prière et par le jeûne » (v. 28, 29). Notre service sera sans puissance aucune si nous manquons de la dépendance du Seigneur et de la confiance en Lui, qui ont leur expression dans la prière, si nous donnons un aliment quelconque à la chair. Que Dieu nous accorde la grâce de ne jamais l’oublier !
Mais nous pouvons avoir été gardés dans l’accomplissement du service, maintenus dans la prière et le jeûne, de sorte que quelques fruits ont été manifestés et pourtant ensuite, perdre de vue que c’est la puissance du Seigneur qui s’est déployée et non la nôtre ! Le danger est très réel, les apôtres n’y ont pas échappé. Le service devrait toujours avoir ce double résultat : d’une part, nous dépouiller de nous-mêmes et nous amener ainsi à mieux réaliser notre propre incapacité d’autre part, nous enrichir dans la connaissance du Seigneur, dans la communion duquel nous avons à demeurer sans cesse pour le servir avec intelligence et avec fruit. Il fait fausse route celui qui, appelé à servir, prend de plus en plus d’importance à ses propres yeux et s’en donne de plus en plus aux yeux de son entourage ; il n’a pas progressé spirituellement, il n’a pas « gagné », tout au contraire. Tandis qu’il y a un réel enrichissement chez celui qui, humble, effacé, se défiant toujours plus de lui-même, a appris en servant à mieux connaître Celui qu’il sert. Que ce soit notre part dans l’accomplissement du service que le Seigneur veut nous confier !
Après avoir servi, « les apôtres se rassemblent auprès de Jésus ; et ils lui racontèrent tout : et tout ce qu’ils avaient fait, et tout ce qu’ils avaient enseigné » (Marc 6:30). Ces expressions disent assez ce qu’ils pensaient d’eux-mêmes et de leur activité. Sans doute, nous l’avons remarqué, ils avaient servi avec fidélité et il y avait eu un réel déploiement de puissance. Mais cette puissance était-elle celle des apôtres ou celle du Seigneur ? Ils parlent de « tout ce qu’ils avaient fait », de « tout ce qu’ils avaient enseigné », s’attribuant en quelque sorte le mérite de l’activité dépensée et des résultats obtenus. N’en étaient-ils pas arrivés à croire peut-être que la puissance déployée était la leur ? Paul et Barnabas avaient un tout autre sentiment lorsqu’ils arrivèrent à Antioche « d’où ils avaient été recommandés à la grâce de Dieu pour l’œuvre qu’ils avaient accomplie » : il nous est dit qu’« ayant réuni l’assemblée, ils racontèrent toutes les choses que Dieu avait faites avec eux… » De même à Jérusalem (Actes 14:26, 27 ; 15:4 et 12). Dans sa grâce, Dieu avait voulu les employer mais ils avaient conscience de n’avoir été que des instruments dans sa main ; si même des « miracles » et des « prodiges » avaient été accomplis, c’est Dieu qui avait opéré, qui avait « fait ». La puissance est de Lui seul, nous le savons bien, puissions-nous ne jamais le perdre de vue !
Comment le Seigneur va-t-Il agir à l’égard de ses apôtres ? Va-t-Il les reprendre aussitôt ? Non. Certes, Il ne les laissera pas dans cet état car Il les aime et veut leur bien ; mais, tout en agissant de manière à redresser chez eux ce qui doit l’être, il manifestera toute sa grâce envers eux. Quel Modèle parfait ! Imitons-le dans un service semblable à l’égard de nos frères, si nous étions un jour appelés à le remplir ! Le Seigneur maintient toujours la vérité, mais la grâce va de pair avec la vérité ; c’est là ce que Jésus est venu apporter, ce qu’Il a eu sans cesse devant Lui tout au long de son service. Sa première parole, en réponse à ce que lui racontèrent ses apôtres, est une parole pleine de sympathie, de tendresse ; c’est comme s’Il leur eût dit : Je vous avais envoyé pour servir et vous vous êtes dépensés sans compter, vous avez prêché qu’on se repentît, vous avez chassé beaucoup de démons, oint d’huile et guéri beaucoup d’infirmes, quelle peine a été la vôtre, quelle fatigue ! Tout ce que vous avez fait, tout ce que vous avez enseigné… Venez donc à l’écart, avec moi, vous reposer un peu. Comme vous en avez besoin ! — Tout cela ne touche-t-il pas notre cœur ? Malgré toute l’imperfection qui caractérise notre service, bien que nous ayons parfois tendance à nous attribuer quelque mérite et quelque puissance, le Seigneur est plein de compassion envers nous. Il veut prendre soin de nous et nous accorder quelque repos après les fatigues ressenties dans le chemin. Nous restons confondus devant une telle grâce, alors que nous n’aurions sans doute pensé qu’à reprendre avec plus ou moins de douceur !
Mais ce déploiement de grâce n’empêche pas le Seigneur de penser au bien spirituel de ses apôtres, tout au contraire. Et Il se servira des circonstances qu’ils vont traverser pour leur enseigner la leçon qu’ils ont besoin d’apprendre. Une grande foule était accourue dans le « lieu désert, à l’écart », là où les apôtres espéraient goûter le repos que le Seigneur leur avait promis. Ce sera l’occasion pour Lui de montrer aux siens l’activité d’un Serviteur parfait. Tandis que, généralement, nous estimons qu’il ne convient d’aborder le côté spirituel qu’après avoir pourvu aux nécessités matérielles, Lui s’occupe de l’âme en tout premier lieu : « et il se mit à leur enseigner beaucoup de choses ». Mais ensuite Il n’oublie pas les besoins du corps. Quelle était à cet égard la pensée des apôtres ? Le lieu est désert, il est tard, nous n’avons rien pour nourrir tous ces gens, il faut les renvoyer… Qu’ils trouvent eux-mêmes ce dont ils ont besoin ! Est-ce là ce qui doit animer le cœur d’un serviteur ? Et où était la puissance des apôtres, celle au moins dont ils se targuaient ? Après « tout ce qu’ils avaient fait, et tout ce qu’ils avaient enseigné », ils ne savaient que dire à Jésus : « Renvoie-les » ! Les circonstances, permises par le Seigneur, viennent de manifester, d’une part, ce qu’il y avait d’égoïsme dans leur cœur et, d’autre part, leur propre incapacité. C’est le moment choisi du Seigneur pour leur faire toucher du doigt la différence profonde entre ce qu’ils croyaient être, ce qu’ils pensaient avoir accompli et leur manière d’agir vis-à-vis des foules. À leur « renvoie-les », le Seigneur répond : « Vous, donnez-leur à manger ». Vous qui avez « fait » et « enseigné » tant de choses… Pour vous, cela ne doit pas être difficile. Hélas ! ils sont obligés de confesser leur complète incapacité. Ils ne considèrent que les ressources extérieures et ils n’en ont aucune. Eux qui pensaient avoir « fait » tant de choses reconnaissent qu’ils n’ont rien et ne peuvent rien pour faire face au besoin qui est là, pressant, et auquel le Seigneur leur a demandé de répondre. Qui donc aura les ressources nécessaires, celles que le Seigneur Lui-même emploiera, Lui le souverain Maître et Dispensateur de toutes choses, Lui en qui seul est la source de la puissance ? Un petit garçon ! Un petit garçon qui avait cinq pains et deux poissons. En apparence, si peu de chose… Les ressources sont dans une faiblesse sentie, dépourvue de toute prétention et qui compte sur le Seigneur seul ; ce sont les modestes ressources de ce petit garçon, insignifiantes eu égard aux besoins, que le Seigneur bénira, après avoir regardé vers le ciel — Modèle parfait, toujours caractérisé par une entière dépendance de son Dieu et Père — et qu’Il donnera aux disciples afin qu’eux-mêmes les mettent devant les foules. Dans sa grâce infinie, IL veut encore se servir d’eux ! Ils auraient dû être mis de côté, aurions-nous dit sans doute… Mais nous sommes appelés à servir un Maître débonnaire et miséricordieux.
Quel enseignement pour nous ! Nous comptons tant de fois sur nos ressources, nos capacités, les dons que le Seigneur a pu nous conférer, nous parlerions peut-être de notre puissance spirituelle ou, en tout cas, nous estimerions être à même de la déployer. Sans doute aussi comptons-nous beaucoup trop sur tel ou tel serviteur, sur tel ou tel don… Et puis, le Seigneur permet des circonstances au cours desquelles notre impuissance est rendue manifeste, tout autant que celle des apôtres lorsque le Seigneur leur disait : « Vous, donnez-leur à manger ». Le Seigneur nous montre alors que les ressources se trouvent entre les mains d’un « petit garçon », chez ceux qui semblent si petits et si faibles à nos yeux — chez tel ou tel frère dont on ne parle pas, simple et de peu d’apparence, sans prétention aucune, vivant dans l’humilité, la crainte du Seigneur et s’attendant à Lui seul ; ou encore dans tel ou tel rassemblement, peu nombreux, dans lequel il n’y a pas de dons marquants, de frère richement doué pour l’enseignement, mais des frères et sœurs humbles, fidèles, aimant le Seigneur et l’assemblée, priant pour sa paix et sa prospérité, profondément exercés pour tout ce qui concerne les réunions de l’assemblée et comptant sur le Seigneur pour que Lui « multiplie les pains ». Alors, l’expérience est faite que, comme autrefois, « ils mangèrent tous, et furent rassasiés ». Puissions-nous comprendre et retenir la grande leçon que nous donne le Seigneur tout au long de la scène rapportée dans ces versets 30 à 44 de Marc 6.
Les disciples auront-ils compris et retenu ? Ont-ils vraiment saisi qu’il n’y a aucune puissance en eux, que la puissance est en Christ seul et qu’Il se plaît à la déployer au sein de la plus grande faiblesse, dans l’infirmité qui nous caractérise ? Le Seigneur va les mettre à l’épreuve pour cela. C’est pourquoi Il les contraint « de monter dans la nacelle, et d’aller devant lui à l’autre rive ». Il a manifesté sa puissance en multipliant les pains, Il va le faire maintenant dans d’autres circonstances, combien plus exerçantes pour la foi des disciples. Mais là encore sa grâce se déploie : tandis qu’Il les a envoyés sur la mer, Lui est monté « sur une montagne pour prier ». Si le Seigneur nous fait traverser, pour notre instruction et notre profit, difficultés et épreuves, Il prie pour nous. Son intercession n’a pas pour résultat d’écarter les obstacles de notre route mais de nous donner la force nécessaire pour les surmonter. La tempête se lève alors que les disciples sont « au milieu de la mer », aussi loin que possible de tout secours humain. Ils se tourmentent à ramer, « car le vent leur était contraire ». Malgré tout, leur foi — si faible mais soutenue par l’intercession de Celui qui prie pour eux — ne retourne pas en arrière ; le vent les aurait alors poussés vers la rive, mais le Seigneur leur avait commandé « d’aller devant lui à l’autre rive ». Et Lui qui mesure l’épreuve et ne permet pas qu’elle aille au-delà de ce que nous pouvons supporter, « vers la quatrième veille de la nuit », « vient vers eux, marchant sur la mer ». Il va mettre un terme à leur épreuve mais auparavant, « il voulait passer à côté d’eux ». « Mais eux, le voyant marcher sur la mer, crurent que c’était un fantôme, et ils poussèrent des cris ; car ils le virent tous, et ils furent troublés ». Combien peu ils le connaissaient et combien ils manquaient de discernement ! Mais sa grâce est encore là, qui maintenant les rassure : « Ayez bon courage ; c’est moi ; n’ayez point de peur ». Puis, « il monta vers eux dans la nacelle, et le vent tomba ». Les disciples ont-ils cette fois compris toute la grandeur de la puissance de leur Maître, cette puissance qui vient de se déployer pour calmer la tempête comme elle s’était déjà manifestée lors de la multiplication des pains ? Non. « Et ils furent excessivement frappés et étonnés en eux-mêmes ». Auraient-ils dû être pareillement surpris après avoir vu le Seigneur rassasier cinq mille hommes avec cinq pains et deux poissons, douze paniers pleins contenant encore les restes ? Hélas ! s’ils furent « frappés et étonnés », c’est parce qu’« ils n’avaient pas été rendus intelligents par les pains ». Ce verset 52 nous montre bien la liaison entre les circonstances rapportées dans les versets 30 à 44 et celles dont nous occupent les versets 45 et suivants. Le Seigneur contraignant ses disciples à aller devant Lui à l’autre rive voulait les mettre à l’épreuve et cela devait manifester qu’ils avaient peu compris ce qu’Il venait de leur enseigner. Comme nous leur ressemblons !
Pourquoi les apôtres n’avaient-ils pas été « rendus intelligents par les pains » ? Parce que « leur cœur était endurci » (voir aussi : Marc 8:13 à 21). Le cœur d’un incrédule peut être endurci, celui d’un croyant aussi, hélas ! Si nos cœurs étaient plus sensibles à tout ce que le Seigneur est et fait pour nous, à sa grâce fidèle qui nous suit, nous enseigne, nous restaure tout le long du chemin, si nous étions davantage dépouillés de nous-mêmes et nourris de Christ, nous serions rendus plus « intelligents », nous tirerions plus de profit spirituel des circonstances par lesquelles Il veut nous faire passer et, à l’école du vrai Serviteur, nous comprendrions ce que doit être notre service et comment nous avons à le remplir.
Que le Seigneur nous accorde plus de simplicité, d’humilité, de défiance de nous-mêmes, plus de confiance en Lui, n’oubliant pas que c’est en Lui et en Lui seul qu’est la source de la puissance ! Notre service pourra être alors utile au Maître et porter des fruits à sa gloire.
ME 1973 p.203, 234
Le témoignage du Saint Esprit ayant été rejeté et Étienne, le fidèle témoin, lapidé, le peuple juif est mis de côté comme nation. C’est une deuxième phase de l’histoire de l’Assemblée sur la terre qui commence : Dieu va révéler « le mystère caché dès les siècles » et les vérités fondamentales qui s’y rattachent. Pour la révélation de ce « mystère », il choisit non pas l’un des douze, comme on aurait pu le penser, mais celui qui avait été jusque là un des plus ardents persécuteurs de l’Assemblée, Saul de Tarse.
Le Seigneur voulait arracher à l’ennemi un de ses instruments les plus zélés, pour en faire le serviteur qu’il désirait employer pour révéler le « mystère » de l’Assemblée et pour travailler à son édification. La conversion de Saul de Tarse a eu lieu sur le chemin de Damas ; elle devait être opérée loin de Jérusalem, car il fallait qu’elle se passât en dehors des douze. Il convenait, en effet, que le ministère de Paul fût indépendant de celui des douze. Il n’a rien reçu d’eux : « ceux qui étaient considérés comme étant quelque chose » ne lui ont rien communiqué (Gal. 2:6). C’est ainsi qu’il se présente dans l’Épître aux Galates : « Paul, apôtre, non de la part des hommes, ni par l’homme, mais par Jésus Christ, et Dieu le Père qui l’a ressuscité d’entre les morts… » (1:1). Aucun apôtre n’est intervenu et il convenait qu’il n’y eût aucun doute possible à cet égard : Saul a été appelé directement par le Seigneur pour le ministère qui devait être le sien. Paul écrit aux assemblées de la Galatie : « Or je vous fais savoir, frères, que l’évangile qui a été annoncé par moi n’est pas selon l’homme. Car moi, je ne l’ai pas reçu de l’homme non plus, ni appris, mais par la révélation de Jésus Christ » (ib. 11, 12).
Saul se rendait à Damas, « respirant encore menace et meurtre contre les disciples du Seigneur » (Actes 9:1). Mais il ne faut pas longtemps au Seigneur pour briser quelqu’un et accomplir en lui une œuvre profonde. Il arrive parfois que le travail que Dieu opère dans une âme se fasse lentement, mais « toutes choses sont possibles pour Dieu » (Marc 10:27) et il agit comme bon lui semble, selon sa sagesse infinie. Il n’a pas fallu longtemps pour que Saul soit arrêté sur le chemin de Damas et complètement transformé. Jusque là, il avait été un Juif zélé (cf. Phil. 3:4 à 6) mais, sur le chemin de Damas, il a eu cette révélation : en persécutant les saints, il avait persécuté Jésus lui-même ; il avait cru servir Dieu, tout au contraire il s’était trouvé faire la guerre à Dieu !
Le Seigneur ne dit pas à Saul ce qu’il devra faire désormais, mais seulement ceci : « Lève-toi, et entre dans la ville ; et il te sera dit ce que tu dois faire » (Actes 9:6). Le Seigneur désire, d’une part, se servir d’un instrument (Ananias) et, d’autre part, amener Saul dans le cercle des frères.
Saul de Tarse a appris d’abord, par la parole du Seigneur : « Je suis Jésus que tu persécutes » (ib. 5), que les croyants, membres du corps, sont si intimement liés à Christ, tête glorifiée dans le ciel, que l’ensemble est « le Christ » (1 Cor. 12:12). Il va apprendre maintenant qu’il dépend des frères. Il n’est pas un membre du corps qui ne soit dépendant des autres, qui n’ait besoin de l’activité et de l’aide des autres — et c’est ce que Paul enseignera plus tard (cf. 1 Cor. 12:14 à 27). Celui qui devait être le grand apôtre des nations a eu besoin d’un disciple comme Ananias, dont il n’est pas dit grand chose dans les Écritures et qui serait resté inconnu s’il n’avait eu à remplir le service que le Seigneur a voulu lui confier envers Saul.
Saul a vu le Seigneur — sans que cela soit dit expressément en Actes 9, mais 1 Cor. 15:8 nous permettrait de penser que c’est à ce moment-là qu’il a vu le Seigneur — et a entendu sa voix (Actes 9:4). Les disciples sur la terre avaient vu un Christ humilié, rejeté, crucifié, puis élevé dans la gloire ; tandis que pour Saul de Tarse, le point de départ fut la vision, la contemplation d’un Christ glorifié. C’est pourquoi il appelle l’évangile « mon évangile » ou « l’évangile de la gloire ». Saul sur le chemin de Damas probablement, a vu Christ glorifié ; plus tard, Paul a été « ravi jusqu’au troisième ciel… dans le paradis, et a entendu des paroles ineffables qu’il n’est pas permis à l’homme d’exprimer » (2 Cor. 12:1 à 4). Relativement aux paroles entendues, la différence que l’on peut noter entre la scène rapportée en Actes 9 et celle dont parle l’apôtre en 2 Cor. 12 est celle-ci : dans la première, Saul a entendu des paroles qu’il a pu répéter ensuite, ce qui n’était pas le cas pour la seconde. Sur le chemin de Damas, il a reçu communication de vérités qu’il devait plus tard annoncer à d’autres ; ravi au troisième ciel, il a entendu des paroles qui étaient pour lui seul : il avait besoin d’encouragement, il fallait qu’il comprît qu’il valait la peine de souffrir pour Christ tout au long du ministère qui était devant lui.
Sur le chemin de Damas, Saul a entendu des paroles qu’il a comprises ; ceux qui étaient avec lui ont bien entendu la voix, le son (Actes 9:7 — voir la note en bas de page) mais ne comprirent pas ce qui était dit (c’est sans doute dans ce sens que Paul s’exprime dans son apologie : « ils n’entendirent pas la voix de celui qui me parlait » — ib. 22:9). Cependant, ils assistèrent à la scène (ib. 9:7 ; 22:9 ; 26:13, 14) car elle devait avoir des témoins, d’une part pour que Paul sache bien, sans le moindre doute, que ce qui lui était arrivé était réel ; d’autre part, pour qu’on ne puisse dire qu’il avait été l’objet d’une hallucination — un auteur incrédule, athée, n’a-t-il pas parlé d’hallucinations survenant fréquemment dans ces pays chauds, à l’heure de midi ? De sorte que Dieu a voulu qu’il y ait des témoins pouvant attester qu’il s’était passé quelque chose de très réel, bien qu’extraordinaire.
Ensuite, Saul « fut trois jours sans voir, et il ne mangea ni ne but » (ib. 9:9). Le jeûne, la prière (ib. 11), tel est l’état convenable pour que puisse se déployer la puissance de Dieu (cf. Matt. 17:19 à 21 ; Marc 9:28, 29). Quel travail de cœur et de conscience s’est accompli chez Saul pendant ces trois jours ! Il fallait que les yeux de son corps, bien qu’ouverts, fussent fermés à tout ce qui l’entourait pour que les yeux de son cœur puissent s’ouvrir sur un domaine qui lui avait été fermé jusqu’alors.
Après ces trois jours, Ananias lui est
envoyé. Ananias, dont il n’est parlé qu’à cette
occasion dans les Écritures, fut l’instrument choisi par Dieu pour faire
entendre à Saul de Tarse le message du Seigneur. Il aura, pour l’éternité, la
récompense d’avoir rempli avec fidélité ce service pour lequel il avait été
choisi ! Pourquoi a-t-il été choisi ? Trois expressions sont
employées à son sujet, qui permettent de comprendre pourquoi il a été l’objet
de ce choix : « un disciple
nommé Ananias », « Et un certain Ananias, homme pieux
selon la loi, et qui avait un bon
témoignage
de tous les Juifs qui demeuraient là » (Actes 9:10 ;
22:12). Un disciple, c’est davantage qu’un frère, tous les disciples sont des
frères, mais tous les frères ne sont pas des disciples : un disciple
écoute son Maître, reçoit ses enseignements et le suit avec fidélité. Ananias était aussi caractérisé par une réelle piété. La
piété introduit Dieu dans toutes les circonstances, de sorte que l’homme pieux
apporte Dieu partout où il va ; les racines sont invisibles, mais les
fruits sont manifestés. Enfin, Ananias avait « un
bon témoignage de tous les Juifs qui demeuraient là » : tous pouvaient
témoigner de sa marche pieuse et fidèle.
Il n’est pas dit qu’Ananias ait déployé de grandes activités, ce qui mérite d’être noté dans un temps où plusieurs estiment que la vie chrétienne implique surtout l’exercice d’une intense activité extérieure. Ananias a été choisi, nous venons de le voir, pour d’autres motifs. Croyant obéissant, il remplit fidèlement sa mission et, s’adressant à Saul, présente en premier lieu la personne du Seigneur : c’est Lui qui est apparu à Saul et qui maintenant lui envoie Ananias dans un double but, comme celui-ci le lui dira : « pour que tu recouvres la vue, et que tu sois rempli de l’Esprit Saint » (ib.9:17). De nos jours où il y a un large déploiement d’activités extérieures, combien il est à désirer qu’elles soient toujours exercées dans l’obéissance à la Parole et que la personne du Seigneur, présentée comme elle doit l’être, ait la prééminence en tout temps et en toute chose. Il faut pour cela une connaissance profonde de cette Personne et de la Parole, une grande dépendance, ce qui nous permet de comprendre pourquoi l’activité extérieure doit toujours être précédée d’une vie intérieure richement nourrie de Christ et de la Parole, et aller de pair avec elle.
Ananias est envoyé après que Saul « fut trois jours sans voir » et sans manger ni boire (ib. 9) : il fallait qu’avant sa venue un travail intérieur fut accompli en Saul. Un serviteur doit être dépendant aussi bien pour le message à délivrer que pour le moment où il faut agir, car il y a un moment déterminé pour remplir un service : le service pourra être utilement rempli lorsque le Seigneur envoie le serviteur et il l’envoie au moment opportun. Ananias a été envoyé non pas au bout de deux ou quatre, mais au bout de trois jours. Le Seigneur seul connaît le moment convenable pour l’accomplissement d’un service, il est donc indispensable de se laisser diriger par Lui. La dépendance caractérisait Ananias, comme elle caractérise un serviteur fidèle : il ne va pas au gré de sa fantaisie, il va quand son Maître l’envoie, ni avant ni après. Le Modèle parfait a attendu au moins quatre jours (Jean 11:17, 39) avant d’aller à Béthanie, où son cœur l’aurait conduit aussitôt. On peut trouver parfois qu’un serviteur dont on souhaite la visite tarde à venir, et même le lui reprocher (ne l’a-t-on pas fait pour le Seigneur ? Jean 11:21, 32, 37), mais si c’est un serviteur dépendant soyons persuadés qu’il vient au moment où son Maître l’envoie.
En vision, le Seigneur s’adresse à Ananias qui répond aussitôt : « Me voici, Seigneur » (Actes 9:10). Cette expression fait penser aux paroles prophétiques : « Voici, je viens ; il est écrit de moi dans le rouleau du livre. C’est mes délices, ô mon Dieu, de faire ce qui est ton bon plaisir, et ta loi est au-dedans de mes entrailles » (Ps. 40:7, 8). Nous trouvons aussi cette même expression dans la bouche de Joseph, lorsque son père lui dit : « Tes frères ne paissent-ils pas le troupeau à Sichem ? Viens, et je t’enverrai vers eux » ; il répond aussitôt : « Me voici » (Gen. 37:12, 13). Il était prêt à s’engager dans le chemin de l’obéissance à la volonté de son père, dans un chemin difficile, mais où il devait être un type de Christ, faisant briller quelques traits de Celui qui devait venir et être ici-bas le vrai Serviteur. En 1 Samuel 3, lorsque l’Éternel l’appelle, Samuel (bien que se présentant à Éli) répond aussitôt : « Me voici » (v. 4, 6, 8), et ensuite :« Parle, car ton serviteur écoute » (ib. 10). De même encore, à « la voix du Seigneur qui disait : Qui enverrai-je, et qui ira pour nous ? », Ésaïe répond : « Me voici, envoie-moi » (És. 6:8, 9). De tels caractères doivent marquer un serviteur : il doit toujours être moralement et spirituellement prêt à refléter, dans son service en particulier, les gloires du divin Modèle, il doit toujours être prêt à écouter et se tenir toujours à la disposition de son Maître.
Ananias vivait en communion avec le Seigneur, aussi Sa voix lui était-elle bien connue. Il ne dit pas, comme Saul : « Qui es-tu, Seigneur ? » (Actes 9:5), lorsque le Seigneur lui parle. Si nous vivions plus habituellement dans la communion du Seigneur et de ses pensées, si nous étions davantage habitués à l’écouter, à lui parler, nous aurions toujours les directions nécessaires pour tout service à accomplir et, de manière plus générale, pour notre vie ici-bas. Les indications données au serviteur sont parfois très précises : elles le furent pour Philippe, envoyé vers l’eunuque de la reine Candace, comme aussi pour Corneille et Pierre (ib. 8:26, 29 ; 1:5, 6 et 19 à 21), elles le furent peut-être plus encore pour Ananias : indication de la rue, de la maison, nom de celui qu’il doit rencontrer et ce qu’il fait, la vision qu’il a eue (ib. 9:11, 12). Combien il est encourageant de voir de quelle manière le Seigneur veut conduire ses serviteurs et prendre soin d’eux ! — Le fait que Saul était en prières était de nature à rassurer Ananias : ce n’était plus le persécuteur de l’Assemblée qu’il devait rencontrer, mais un homme dépendant, recherchant les directions du Seigneur. On voit avec quelle sagesse le Seigneur dispose toutes choses en vue du service qu’il veut confier à l’un des siens : non seulement Saul est dans un état qui lui permettra de recevoir ce qu’Ananias a à lui dire, mais encore il a eu une vision par le moyen de laquelle le Seigneur lui a annoncé sa visite et lui a dit ce que son serviteur allait faire (ib. 12). Saul ne sera donc pas surpris par l’arrivée d’Ananias. Telle est une visite selon la pensée du Seigneur. — On entend dire fréquemment qu’il faudrait faire davantage de visites et nous comprenons bien dans quel esprit est présentée cette remarque. Mais ne perdons pas de vue que si une visite peut faire beaucoup de bien, elle peut aussi, hélas ! dans certains cas, faire du mal. Une visite doit toujours être faite dans la dépendance du Seigneur et préparée par lui dans le cœur du visiteur aussi bien que dans celui de la personne visitée. Si nous laissons le Seigneur agir, si nous nous laissons diriger par lui seul pour toute visite à faire, si nous lui demandons de nous donner la parole à propos, nous ferons des expériences semblables à celle qu’a pu faire Ananias dans cette circonstance.
Malgré les assurances que le Seigneur lui avait données, Ananias avait quelques craintes, et combien nous le comprenons si nous considérons notre propre faiblesse. Aussi répond-il : « Seigneur, j’ai ouï parler à plusieurs de cet homme, combien de maux il a faits à tes saints dans Jérusalem ; et ici il a pouvoir, de la part des principaux sacrificateurs, de lier tous ceux qui invoquent ton nom » (ib. 13, 14). Comme elle est remarquable cette heureuse communion d’Ananias avec le Seigneur ! Il s’adresse à Lui avec crainte, en toute révérence, mais il connaît son cœur, il sait qu’il peut lui parler comme à un fidèle ami. Il connaît Dieu comme Celui qui est Lumière — ce qui produit la crainte — et comme Celui qui est Amour — ce qui attire le cœur. Les deux choses donnent son vrai caractère à la vie du croyant. Ananias, avec crainte mais ouvrant son cœur au Seigneur, semble lui dire : « Vers qui m’envoies-tu, Seigneur ? ». Peut-être y a-t-il chez lui, jusqu’à un certain point, un manque de confiance ; mais le Seigneur sait bien ce qu’il en est de nous ; il sait quels vases de faiblesse nous sommes et il a compassion de nous. De sorte qu’il comprend ce qui agite le cœur de son serviteur et ne lui fait aucun reproche ; tout au contraire, il l’encourage en lui révélant ses pensées à l’égard de Saul : Ananias fut le premier à savoir ce que Saul de Tarse était appelé à devenir (ib. 15, 16). — Remarquons à propos du verset 15 qu’il y a une élection pour le service (cf. Gal. 1:15, 16). comme il y a une élection pour le salut ; c’est, dans l’un et l’autre cas, le libre choix de la grâce divine. Paul était appelé à porter le nom de Christ « devant les nations et les rois, et les fils d’Israël » : les fils d’Israël sont nommés en dernier, l’objet essentiel du ministère de Paul devant être les nations.
Ananias va donc s’acquitter de sa mission. Il appelle Saul par son nom, ajoutant tout aussitôt : « frère ». Il l’introduit, en quelque sorte, dans le cercle des frères, dans la famille de Dieu. Saul a eu ainsi, dès le début, connaissance des relations établies dans le corps, relations des membres avec la tête (Actes 9:5) et des relations de famille (ib. 17). Ensuite, Ananias lui parle d’une Personne : le Seigneur (son autorité), Jésus (son amour, manifesté dans le don de Lui-même). « Et aussitôt il tomba de ses yeux comme des écailles ; et il recouvra la vue… » (ib. 18). Ses yeux sont ouverts sur un nouveau domaine et il est « rempli de l’Esprit Saint ». Telle était la double mission confiée à Ananias : « Le Seigneur, Jésus… m’a envoyé pour que tu recouvres la vue, et que tu sois rempli de l’Esprit Saint ». Saul est baptisé, il mange et reprend des forces, non plus pour persécuter les saints mais pour servir le Seigneur et il manifestera plus de zèle encore, plus d’ardeur dans ce service qu’il n’en avait déployé précédemment pour persécuter l’Assemblée.
« Et il fut quelques jours avec les disciples qui étaient à Damas » — il ne se doutait pas, lorsqu’il quittait Jérusalem, que c’est dans des conditions semblables qu’il arriverait à Damas — « et aussitôt il prêcha Jésus dans les synagogues, disant que lui est le Fils de Dieu » (ib. 19, 20). Or, c’était précisément le motif pour lequel les Juifs avaient demandé à Pilate que Jésus soit mis à mort : « Nous avons une loi, et selon notre loi il doit mourir, car il s’est fait Fils de Dieu » (Jean 19:7) ; ils ont osé dire : « Il s’est fait », alors qu’ils avaient eu de si nombreux témoignages qu’il était bien le Fils de Dieu. — « Aussitôt », c’est le mot qui, tout au long de l’évangile selon Marc, nous dit l’activité inlassable du parfait Serviteur ; dès le commencement de sa vie nouvelle, Paul a été son « imitateur ». Il prêche Jésus et déclare que Celui qui a été ainsi appelé — avant même sa naissance du sein de la vierge Marie (Matt. 1:21) — est le Fils Dieu, Dieu et Homme tout à la fois. C’est le grand mystère de l’incarnation. « Et tous ceux qui l’entendaient étaient dans l’étonnement et disaient : N’est-ce pas celui-là qui a détruit à Jérusalem ceux qui invoquent ce nom, et qui est venu ici dans le but de les amener liés aux principaux sacrificateurs ? Mais Saul se fortifiait de plus en plus, et confondait les Juifs qui demeuraient à Damas, démontrant que celui-ci était le Christ » (Actes 9:21, 22). Il leur démontrait, sans doute par les écrits de l’Ancien Testament, que Celui qu’il prêchait était le Christ, l’Oint de l’Éternel, le Messie promis à Israël, Celui qu’ils avaient rejeté et crucifié, mais qui était ressuscité et qu’il avait vu glorifié. « Le Christ » : cela a été en fait l’essentiel du ministère de Paul que la présentation de Christ ; s’il a révélé le « mystère » de l’Assemblée, c’est l’Assemblée unie à Christ de telle manière que l’ensemble est appelé « le Christ » (1 Cor. 12:12).
Dans cette portion de l’Écriture, l’accent paraît être mis tout
spécialement sur le nom de Jésus, encore désigné par le terme « nom » :
v. 5, 14, 15, 16, 17, 20, 21. Le nom caractérise la personne ; c’est ce
nom de Jésus que Paul a prêché, le nom de Celui qui « étant en forme de
Dieu, n’a pas regardé comme un objet à ravir d’être égal à Dieu, mais s’est
anéanti lui-même, prenant la forme d’esclave, étant fait à la ressemblance des
hommes ; et, étant trouvé en figure comme un homme, il s’est abaissé
lui-même, étant devenu obéissant jusqu’à la mort, et à la mort de la croix. C’est
pourquoi aussi Dieu l’a haut élevé et lui a donné un nom au-dessus de tout nom,
afin qu’au nom de Jésus
se ploie tout genou des êtres célestes, et terrestres,
et infernaux, et que toute langue confesse que Jésus Christ est Seigneur
, à la gloire de Dieu le Père »
(Phil. 2:6 à 11).
Les croyants sont désignés par deux fois dans ce passage (v. 14
et 21) par l’expression « ceux qui invoquent ton nom », ou « ce
nom ». Ici, il n’est pas ajouté comme en 2 Tim. 2:22 : « d’un cœur
pur » — pas plus d’ailleurs qu’en 1 Cor. 1:2. Aujourd’hui, dans les
« temps fâcheux » des « derniers jours », nous ne pouvons
« poursuivre la justice, la foi, l’amour, la paix » qu’avec « ceux
qui invoquent le Seigneur d’un cœur pur
»
et non plus, comme au début de l’histoire de l’Église sur la terre, avec tous
ceux qui invoquent le Seigneur. En nous groupant, autour du Seigneur, avec
ceux-là seuls qui invoquent le Seigneur « d’un cœur pur », nous nous
trouvons sur le terrain sain (et saint, également) du commencement. — Comment
le cœur peut-il être purifié et maintenu pur ? Par l’action de la Parole
et de l’Esprit Saint en nous, par l’obéissance à la vérité : « Ayant
purifié vos âmes par l’obéissance à la vérité, pour que vous ayez une affection
fraternelle sans hypocrisie, aimez-vous l’un l’autre ardemment, d’un cœur pur »
(1 Pierre 1:22). « Le cœur pur », c’est l’un des caractères de ceux
qui constituent un résidu fidèle au sein d’un ensemble qui a failli, que ce
soit dans l’histoire d’Israël (Ps. 73:1) ou dans celle de l’Église (2 Tim.
2:22).Le Seigneur lui-même a dit : « Bienheureux ceux qui sont purs
de cœur, car c’est eux qui verront Dieu » (Matt. 5:8).
Dieu veuille nous accorder la grâce de retirer un riche profit de la lecture et de la méditation de cette portion de sa Parole !
ME 1974 p.85
Nous avons des responsabilités individuelles auxquelles nul ne saurait échapper ; il faut d’abord que nous en ayons conscience si nous voulons être à même d’y faire face. Faire face à ses responsabilités propres conditionne non seulement la vie personnelle du croyant, mais encore l’état de sa maison et celui des assemblées ; il y aurait sans doute davantage de prospérité spirituelle dans ces différents domaines, si chacun pensait à sa responsabilité propre alors que nous sommes plus facilement portés à estimer, lorsque les choses ne vont pas comme elles devraient aller, que c’est surtout en raison des défaillances des uns ou des autres. Nous sommes enclins à voir « le fétu » qui est dans l’œil de notre frère, ne nous apercevant pas de « la poutre » qui est dans le nôtre (cf. Matt. 7:3) et oubliant d’ailleurs qu’avec une « poutre » dans notre œil il nous est impossible d’avoir une claire vision de ce qu’il peut y avoir dans l’œil d’un autre.
Bien des passages de la Parole attirent notre attention sur nos responsabilités personnelles ; il est sans doute bon de nous les rappeler. Nous avons déjà eu l’occasion de nous arrêter sur l’expression « Si quelqu’un », souvent employée dans l’Évangile selon Jean (M. É. 1963, p. 147) ; nous désirerions ajouter quelques considérations sur diverses portions des Écritures dans lesquelles se trouve le terme « chacun », indicatif d’une responsabilité personnelle. Nous nous occuperons principalement de ce qui concerne les croyants, mais auparavant nous dirons quelques mots de la responsabilité personnelle de tout homme.
« Ils donneront chacun
une rançon de son âme à l’Éternel… un demi-sicle,
selon le sicle du sanctuaire… Le riche n’augmentera pas, et le pauvre ne
diminuera pas le demi-sicle, lorsque vous donnerez
l’offrande de l’Éternel pour faire propitiation pour vos âmes. Et tu prendras
des fils d’Israël l’argent de la propitiation… et il sera pour les fils
d’Israël un mémorial devant l’Éternel, afin de faire propitiation pour vos
âmes » (Ex. 30:11 à 16).
Pour ce qui avait trait à la propitiation tous, riches et pauvres,
étaient sur le même plan : chacun
devait donner un demi-sicle d’argent. L’Ancien Testament
nous présente des figures de ce que le Nouveau Testament exprime clairement, et
au sujet de la propitiation, nous lisons dans la première épître de Jean :
« Jésus Christ, le juste… est la propitiation pour nos péchés, et non
pas seulement pour les nôtres, mais aussi pour le monde entier » — « En
ceci est l’amour, non en ce que nous, nous ayons aimé Dieu, mais en ce que lui
nous aima, et qu’il envoya son Fils pour être la propitiation pour nos
péchés » (2:1, 2 ; 4:10). La propitiation pour nos péchés est faite,
elle est en faveur de tous les hommes : « pour le monde entier »,
ce qui ne veut pas dire que tous les hommes sont, ou seront sauvés — la
doctrine du salut universel est une fausse doctrine — mais que tous peuvent
l’être ; le salut doit être accepté par la foi en Christ et en son œuvre.
Quiconque croit est au bénéfice de cette œuvre parfaitement accomplie et par
laquelle Dieu a été pleinement satisfait, pleinement glorifié. — Tout homme, qu’il
soit riche ou pauvre, doit se reconnaître pécheur devant Dieu — « car il n’y
a pas de différence, car tous ont péché et n’atteignent pas à la gloire de
Dieu » (Rom. 3:22) — et ensuite, croire en Jésus « lequel a été livré
pour nos fautes, et a été ressuscité pour notre justification » (ib. 4:25). C’est ainsi que chacun
est responsable d’accepter le salut qui lui est gratuitement
offert ; ceux qui le refusent « seront mis à mort chacun
pour son péché » (Deut. 24:16 ; 2 Rois 14:6).
Ainsi donc, chacun est personnellement responsable de son sort
éternel ; chacun est personnellement responsable d’obéir à l’ordre que
Dieu lui donne : « Dieu donc, ayant passé par-dessus les temps de l’ignorance,
ordonne
maintenant aux hommes que
tous, en tous lieux, ils se repentent ; parce qu’il a établi un jour
auquel il doit juger en justice la terre habitée, par l’homme qu’il a destiné à
cela, de quoi il a donné une preuve certaine à tous, l’ayant ressuscité d’entre
les morts » (Actes 17:30, 31). Refuser de croire, c’est désobéir :
« Qui croit
au Fils a la vie
éternelle ; mais qui désobéit
au
Fils ne verra pas la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui » (Jean
3:36). Dieu ne donne pas à l’homme le choix entre croire et ne pas croire, pas
plus que dans le jardin d’Éden il ne donnait le choix à Adam : « de l’arbre
de la connaissance du bien et du mal, tu
n’en mangeras pas
» (Gen. 2:17). C’était un
ordre formel et il en est de même aujourd’hui : « Dieu
ordonne… » ; cela parce qu’il aime sa
créature. Sa volonté est une volonté d’amour : il « veut que tous les
hommes soient sauvés et viennent à la connaissance de la vérité » (1 Tim.
2:4). C’est pourquoi il ne laisse pas à l’homme le libre choix ; s’il lui
laissait un libre choix, l’homme ne serait pas coupable de refuser de croire,
car il choisirait l’une des deux possibilités de l’alternative et, par
conséquent, ne désobéirait pas. C’est l’incrédule qui choisit de désobéir en
refusant de croire ; s’il persiste dans ce refus, il n’a devant lui que le
jugement éternel : « celui qui ne croit pas est déjà jugé, parce qu’il n’a pas cru
au nom du Fils
unique de Dieu » (Jean 3:18).
Ceux qui ont cru au nom du Fils unique de Dieu possèdent la vie
éternelle, leur part éternelle sera la félicité de la maison du Père, la
jouissance avec Christ d’un bonheur que rien ne viendra troubler (Jean 14:1 à 3 ;
1 Thess. 4:17). Mais, en attendant, ils sont laissés
dans le monde pour y être des témoins et pour servir le Seigneur. Celui qui les
a aimés jusqu’à donner sa vie pour eux n’est-il pas digne d’être aimé et
servi ? Il donne « à chacun
son ouvrage », il est comme un homme « qui s’en allant hors du pays,
appela ses propres esclaves et leur remit ses biens. Et à l’un, il donna cinq
talents ; à un autre, deux ; à un autre, un ; à chacun
selon sa propre capacité »
(Matt. 25:14 à 30). Ainsi, chaque croyant a « son ouvrage » (Marc 13:34),
reçu du Seigneur afin qu’il l’accomplisse, et le Seigneur lui a donné tout ce
qui était nécessaire pour cela : un, deux ou cinq talents, « à chacun
selon sa propre capacité ». Chacun a des capacités physiques,
intellectuelles, données de Dieu ; ce sont les « membres » dont
parle l’apôtre dans le chapitre 6 de l’épître aux Romains (v. 13). Suivant ses
capacités, chacun a un ou plusieurs talents à faire valoir. Sera-t-il un
imitateur de celui qui, dans la parabole, en avait reçu cinq, ou même
deux ? S’il l’est vraiment, remplissant le service qui lui est assigné,
non dans l’espoir d’une récompense mais pour la satisfaction de son Maître, il
sera associé à la joie de Celui qu’il aura servi ici-bas, dans le jour où les
résultats du service seront manifestés. Puissions-nous, dans ce jour-là,
connaître une telle joie ! — Il y a là, répétons-le, une responsabilité
personnelle : le Seigneur donne « à chacun
son ouvrage », « à chacun
selon sa propre capacité ».
Ce que nous venons de considérer s’applique au service que chacun est appelé à remplir, d’une manière générale, dans les divers milieux où il a à servir. Nous avons également dans la Parole des enseignements relatifs au service que le croyant est responsable d’accomplir dans l’assemblée, dont il fait partie comme étant membre du corps de Christ.
Le chapitre 12 de la première épître aux Corinthiens met en relief, tout particulièrement, la responsabilité de chaque membre du corps. Chacun doit avoir le discernement du service qui lui incombe, service qu’il doit ensuite remplir fidèlement. Vouloir, consciemment ou non, remplir le service d’un autre conduit la plupart du temps à délaisser plus ou moins celui dont on est responsable et à entraver le croyant sur le service duquel on vient empiéter. Tous les membres sont nécessaires au développement harmonieux du corps, mais chacun doit fonctionner à sa place. Nul ne peut dire qu’il n’a aucun service à remplir ; s’il en a le sentiment, c’est qu’il n’a pas su discerner ce qui lui est demandé. Il doit alors, dans la communion avec le Seigneur, rechercher par la prière ce qui est requis de lui afin qu’il l’accomplisse.
Citons plusieurs passages de ce chapitre qui soulignent la responsabilité de chacun des membres du corps :
a) « Or à chacun
est donnée la manifestation de l’Esprit en vue de l’utilité » (v. 7) — Nul
ne peut dire par conséquent que l’Esprit ne lui a rien donné : il a reçu
une « manifestation de l’Esprit » et cela en vue d’être, à sa place
et selon ce qui lui a été donné, utile dans le corps.
b) « Mais le seul et même Esprit opère toutes ces choses,
distribuant à chacun
en particulier
comme il lui plaît » (v. 11). Les diverses activités qui sont exercées au
sein de l’assemblée sont bien l’opération du Saint Esprit mais par le moyen des
instruments qu’il se plaît à employer : « chacun en particulier »
a, de sa part, quelque chose à faire valoir pour le bien de tous.
c) « Mais maintenant, Dieu a placé les membres — chacun
d’eux — dans le corps, comme il
l’a voulu » (v. 18). — Dieu, dans sa souveraineté, donne à chacun sa place
dans le corps, le qualifiant pour y remplir telle ou telle fonction dans la
dépendance et sous la direction de l’Esprit Saint.
d) « Or vous êtes le corps de Christ, et ses membres chacun
en particulier » (v. 27). —
Chacun est un membre du corps, ayant sa responsabilité propre dans ce qui
touche à son fonctionnement. Qu’en est-il dans un corps humain si un membre ne
fonctionne pas et se trouve plus ou moins paralysé, atrophié peut-être ?
Tout le corps en souffre. Il en est de même dans l’Assemblée, comme aussi dans
une assemblée locale qui est l’expression du corps de Christ dans la localité.
Ces versets font ressortir la responsabilité de chacun dans la vie et particulièrement dans les réunions de l’assemblée. Dans les réunions, soyons en garde contre la tendance qui nous conduirait à nous reposer sur quelques frères, considérés comme ayant « l’habitude d’agir », et à demeurer des éléments purement passifs, ayant pris « l’habitude de ne pas agir ». Chacun a sa fonction propre dans le corps, ne le perdons pas de vue. Laquelle est la nôtre ? Puissions-nous la discerner clairement et ensuite, l’exercer avec une sainte crainte, comme aussi avec zèle !
Relativement au service en général et au service dans l’assemblée,
l’apôtre Pierre écrit : « Suivant que chacun
de vous a reçu quelque don de grâce, employez-le les uns pour
les autres, comme bons dispensateurs de la grâce variée de Dieu. Si quelqu’un
parle, qu’il le fasse comme oracle de Dieu ; si quelqu’un sert, qu’il
serve comme par la force que Dieu fournit, afin qu’en toutes choses Dieu soit
glorifié par Jésus Christ, à qui est la gloire et la puissance, aux siècles des
siècles ! Amen » (1 Pierre 4:10, 11). Suivant le don qu’il a reçu par
pure grâce et quel que soit ce don, chacun est responsable de l’employer
« pour les autres », étant un « bon dispensateur de la grâce
variée de Dieu ». — Comprendre ce que Dieu attend de nous nécessite une
vraie dépendance et de sérieux exercices. Mais ne nous arrive-t-il pas parfois
de reculer devant les exercices et de demeurer inactifs, peut-être pour les
éviter ? Essayer de tranquilliser sa conscience en se disant :
« Mais je ne suis pas capable ! Dieu me demanderait-il quelque chose
que je ne puis pas faire ? », c’est
manifester une crainte qui est tout autre chose que la crainte de Dieu, une crainte
qui nous conduit à méconnaître les enseignements de 1 Pierre 4:10, 11 et 1
Corinthiens 12. L’apôtre Paul écrivait à Timothée : « Dieu ne nous a
pas donné un esprit de crainte, mais de puissance, et d’amour, et de
conseil » (2 Tim. 1:7).
Nous sommes responsables de travailler à l’édification de la
maison de Dieu, nous sommes, en vue de cela, « collaborateurs de
Dieu » (1 Cor. 3:9). Qu’est-ce qui nous caractérise dans cette œuvre :
la paresse ou une heureuse activité ? Afin d’exercer les Corinthiens — et
nous avec eux — au sujet de ce travail, l’apôtre ajoute : « Selon la
grâce de Dieu qui m’a été donnée, comme un sage architecte, j’ai posé le fondement,
et un autre édifie dessus ; mais que chacun
considère comment il édifie dessus. Car personne ne peut poser d’autre
fondement que celui qui est posé, lequel est Jésus Christ. Or si quelqu’un édifie
sur ce fondement de l’or, de l’argent, des pierres précieuses, du bois, du
foin, du chaume, l’ouvrage de chacun
sera
rendu manifeste, car le jour le fera connaître, parce qu’il est révélé en
feu ; et quel est l’ouvrage de chacun
,
le feu l’éprouvera. Si l’ouvrage de quelqu’un qu’il aura édifié dessus demeure,
il recevra une récompense ; si l’ouvrage de quelqu’un vient à être consumé,
il en éprouvera une perte, mais lui-même il sera sauvé, toutefois comme à
travers le feu » (ib. 10 à 15). — Nous avons
donc dans ces versets deux classes d’ouvriers : 1) ceux qui présentent le
sain enseignement et sont ainsi des instruments dont Dieu se sert pour amener à
faire partie de l’édifice de nouvelles « pierres », c’est-à-dire des
personnes qui ont accepté le salut par grâce et sont établies dans la
vérité ; 2) ceux qui développent des doctrines plaisant à la chair mais n’apportant
rien à l’âme, ni la vie divine, ni, à plus forte raison, ce qui en est l’aliment.
Les personnes qui reçoivent de tels enseignements ont peut-être une belle
apparence religieuse, mais ne sont pas sauvées. Ainsi que cela a déjà été
écrit, les premiers sont de « bons ouvriers qui font de bon
ouvrage », les autres « de vrais ouvriers — et l’on en rencontre
partout un grand nombre —qui font de mauvais ouvrage, pensant obtenir de bons
résultats avec de mauvais matériaux » (M. É.
1914, p. 232). — N’avons-nous pas, là aussi, à penser à notre responsabilité
individuelle : « Que chacun considère comment il édifie
dessus » ?
Le peuple d’Israël était appelé à célébrer diverses fêtes à l’Éternel
(Lév. 23), notamment la fête des pains sans levain,
la fête des semaines et la fête des tabernacles qui étaient les trois
principales (Deut. 16). Comment l’Israélite devait-il
se rendre « au lieu que l’Éternel avait choisi pour y faire habiter son
nom » ? Moïse le dit au peuple : « On ne paraîtra pas
devant l’Éternel à vide, mais chacun
selon ce que sa main peut donner, selon la bénédiction de l’Éternel, ton Dieu,
laquelle il te donnera » (Deut. 16:16, 17).
Chacun devait donc apporter une offrande à l’Éternel et ce qu’il apportait
était selon la bénédiction qui lui avait été dispensée. En fait, aujourd’hui
encore, c’est Dieu qui nous donne ce que nous pouvons apporter. Tout vient de
Lui, comme l’exprime David : « Car tout vient de toi ; et ce qui
vient de ta main, nous te le donnons » (1 Chron. 29:14). — Venons-nous dans
le lieu du rassemblement, le premier jour de la semaine, « à vide »,
ou au contraire apportons-nous, chacun selon ce que sa main peut donner ?
Si nous paraissons devant Dieu « à vide », nous avons perdu de vue
notre responsabilité personnelle dans le service de la louange en assemblée, le
culte en souffrira et Dieu sera frustré, pour une part au moins, de la louange
qu’il désire recevoir de l’assemblée qu’il a « acquise par le sang de son
propre Fils ». Cela ne touche-t-il pas notre cœur ? Puissions-nous,
tout au contraire, venir, chacun, avec un cœur rempli de Christ ! Alors,
la louange de l’assemblée s’élèvera dans le sanctuaire, dans la puissance du
Saint Esprit, à la gloire de Dieu, à la gloire du Seigneur ! — Ne perdons
pas de vue que nous venons à la réunion de culte non pour assister à un service
rempli par quelques frères, mais pour y prendre part : l’adoration de l’assemblée
est un acte collectif, chacun est responsable d’apporter « selon ce que sa
main peut donner », les sœurs aussi bien que les frères, si même elles
doivent garder le silence (sinon pour chanter) dans la réunion.
Au moment où il allait quitter le pays d’Égypte, le peuple d’Israël
était appelé à célébrer « la pâque de l’Éternel » ; toutes les
instructions nécessaires lui étaient données pour cela (Ex. 12). Dans chaque
maison devait être pris un agneau et, dans le cas particulier prévu au verset
4, il fallait compter pour l’agneau « d’après ce que chacun
peut manger ». Les Israélites, placés à l’abri du sang
de l’agneau, devaient en manger la chair cette nuit-là, ils devaient la manger
« rôtie au feu avec des pains sans levain, et des herbes amères » (v.
7 à 11) — figure de ce à quoi nous sommes appelés maintenant : lavés dans
le sang de l’Agneau, réunis autour du Seigneur, à sa table, en participant à la
cène, nous « annonçons la mort du Seigneur jusqu’à ce qu’il vienne »
(1 Cor. 11:26) et nous nous nourrissons de Christ, Sainte Victime. C’est ce à
quoi nous sommes invités, et que nous exprimons parfois dans le chant de l’un
de nos cantiques :
À nous nourrir de toi, Rédempteur adorable,
Tu nous as invités de nouveau dans ce jour.
Au milieu du désert, tu dresses cette table
Qui nous rappelle ton amour.
Les capacités spirituelles, comme aussi les « appétits »
spirituels diffèrent : reprenant l’expression d’Exode 12:4, ne
pourrions-nous pas dire que nous nous nourrissons de l’Agneau « d’après ce
que chacun peut manger » ? Si, jour après jour, nous avons vécu dans
la communion avec le Seigneur, et que nous venions dans le lieu du rassemblement
avec des cœurs profondément touchés par le souvenir de ses souffrances et de sa
mort, entrant quelque peu dans ce qu’il a connu durant les heures douloureuses
de Gethsémané et de Golgotha, nous aurons sans doute
un désir ardent de nous nourrir de l’Agneau. « D’après ce que chacun
peut manger » ! C’est
encore une responsabilité personnelle : elle s’adresse à notre cœur !
Dans quel état moral venons-nous rendre culte, « annoncer
la mort du Seigneur jusqu’à ce qu’il vienne » ? Manger le pain ou
boire la coupe du Seigneur « indignement » constitue une culpabilité
« à l’égard du corps et du sang du Seigneur » ; chacun doit y
penser avec beaucoup de sérieux, ne perdant pas de vue l’exhortation qui suit :
« Mais que chacun
s’éprouve
soi-même, et qu’ainsi il mange du pain et boive de la coupe » (1 Cor.
11:26 à 28 — et suivants). Réaliser le jugement de soi-même est une
responsabilité personnelle : elle s’adresse à notre conscience !
« Offrons donc, par lui, sans cesse à Dieu un sacrifice de louanges, c’est-à-dire le fruit des lèvres qui confessent son nom. Mais n’oubliez pas la bienfaisance, et de faire part de vos biens, car Dieu prend plaisir à de tels sacrifices » (Héb. 13:15, 16). — Le service de la bienfaisance est lié à celui de la louange, ces deux versets nous le montrent. Sans aucun doute, le « sacrifice de louanges » est d’un caractère beaucoup plus élevé que celui de « nos biens », mais Dieu prend plaisir à ce dernier comme au premier. Cela ne nous permet-il pas de penser qu’il est convenable — la Parole ne nous donnant, il est vrai, aucune injonction précise à cet égard — que la collecte liée au culte, sacrifice de nos biens lié au « sacrifice de louanges », soit faite au cours de la réunion de culte c’est-à-dire (n’est-ce pas important ?) sous le regard de Dieu et dans la présence du Seigneur ? Cela ne nous paraît-il pas selon l’esprit de l’Écriture ?
1 Corinthiens 16:1 à 4 ne s’applique pas, directement, à la collecte liée au culte, mais à celles que les Corinthiens étaient exhortés à faire en faveur des croyants de Jérusalem qui étaient alors dans le besoin. Présentement, ces versets ont donc leur application directe aux collectes que nous pouvons être amenés à faire en vue de répondre à des besoins particuliers et ils soulignent la responsabilité personnelle de « chacun » à cet égard, comme aussi le fait qu’il est convenable que de telles collectes aient lieu le premier jour de la semaine.
Mais ce « chaque premier jour de la semaine » (1 Cor.
16:2) ne nous permet-il pas d’étendre la portée de l’enseignement à la collecte
liée au culte ? « Ce jour-là, les frères se réunissaient pour rompre
le pain (Actes 20:7), et la collecte ordinaire, liée au culte, avait sans doute
lieu. Mais en vue de cette collecte spéciale, le jour du Seigneur était
favorable pour y penser » (M. É. 1901, p. 221 —
Notes sur la première épître aux Corinthiens). L’expression « chacun de
vous » (1 Cor. 16:2) fait ressortir la responsabilité personnelle de
chaque frère et de chaque sœur. Ne pourrait-il arriver, par exemple, qu’une sœur
mariée, ou un enfant en communion ne gagnant pas encore sa vie, se reposent sur le chef de famille pour le soin de donner ?
Mais dans ce cas l’exercice risque de manquer pour celui qui ne donne pas
lui-même. Or à défaut de revenu propre il dispose en général de ce que l’on
appelle « l’argent de poche » ; il peut donc participer
directement à la collecte, même si son don est très modeste. Le principe est
toujours vrai : « chacun selon ses ressources » (Actes 11:29) et
nous savons combien le Seigneur a apprécié les « deux pites » de la
veuve : « Cette pauvre veuve a jeté plus que tous les autres
» (Luc 21:1 à 4). Remarquons
également l’expression employée par l’apôtre : « Que chaque premier jour de la semaine
chacun
de vous mette à part chez lui, accumulant selon qu’il aura prospéré » (1
Cor. 16: 2). L’exercice est donc individuel et doit avoir lieu « chaque
premier jour de la semaine » ; nul ne pourrait dire, sans
exercice : « Je reçois un salaire mensuel, ou encore assez irrégulier,
par conséquent je ne puis prendre part à la collecte que lorsque j’ai perçu ce
qui constitue mes moyens d’existence ». Relevons aussi une autre
expression de ce verset : « mette à part chez lui
» ; c’est à la maison que le don doit être
préparé et non pas au moment où a lieu la collecte, ce qui pourrait dans
certains cas troubler plus ou moins le recueillement de l’assemblée. Pensons
donc à l’exercice de « chacun », « chaque premier jour de la
semaine », à la mise à part chez soi du don que l’on a à cœur de faire et
qui constitue la participation de chacun à la collecte liée au culte !
Qu’il s’agisse de la collecte faite le premier jour de la
semaine ou d’autres manifestations de la bienfaisance, il est nécessaire que
chacun ait le sentiment de sa responsabilité propre à ce sujet. Lorsque Agabus, venu à Antioche avec d’autres prophètes de
Jérusalem, « déclara par l’Esprit qu’une grande famine aurait lieu dans
toute la terre habitée », les disciples, au lieu de penser avec égoïsme à
constituer des provisions en vue de ces jours de disette qui devaient les
atteindre eux aussi, « chacun
selon ses ressources, déterminèrent d’envoyer quelque chose pour le service des
frères qui demeuraient en Judée » (Actes 11:27 à 30). Chacun selon ses
ressources ! Dieu ne demande à personne plus qu’il ne peut faire, mais chacun
est responsable de déterminer ce que ses ressources lui permettent de
faire ! Quel beau témoignage le Seigneur a rendu au sujet de Marie de
Béthanie : « Ce qui était en son pouvoir, elle l’a fait » (Marc
14:8).
Le Seigneur lui-même l’a déclaré : « Car le fils de l’homme
viendra dans la gloire de son Père, avec ses anges, et alors il rendra à chacun
selon sa conduite » (Matt.
16:27). Il y a là un principe général qui doit exercer tout croyant. Et il en
est de même pour tous les hommes. Rappelons ce qu’écrit l’apôtre Paul :
« Mais, selon ta dureté et selon ton cœur sans repentance, tu amasses pour
toi-même la colère dans le jour de la colère et de la révélation du juste jugement
de Dieu, qui rendra à chacun
selon
ses œuvres : à ceux qui en persévérant dans les bonnes œuvres, cherchent
la gloire et l’honneur et l’incorruptibilité — la vie éternelle ; mais à
ceux qui sont contentieux et qui désobéissent à la vérité, et obéissent à l’iniquité
— la colère et l’indignation » (Rom. 2:5 à 8). Pour tous ceux qui auront
refusé de croire — et c’est bien là le motif du jugement : « Celui
qui croit en lui n’est pas jugé, mais celui qui ne croit pas est déjà jugé, parce qu’il n’a pas cru au nom du Fils
unique de Dieu »
(Jean 3: 18) — ce sera la comparution devant le grand
trône blanc : « Et les morts furent jugés d’après les choses qui
étaient écrites dans les livres, selon leurs œuvres. Et la mer rendit les morts
qui étaient en elle ; et la mort et le hadès
rendirent les morts qui étaient en eux, et ils furent jugés chacun
selon leurs œuvres » — des
œuvres qui seront la démonstration de leur état de perdition et d’incrédulité.
En ce qui concerne les croyants, ce sera la comparution devant « le tribunal
du Christ », où ne sera exercé aucun jugement — car « celui qui croit
en lui n’est pas jugé » (Jean 3:18) — mais où il y aura manifestation de
ce qui aura été fait sur la terre et rétribution : « car il faut que
nous soyons tous manifestés devant le tribunal du Christ, afin que chacun
reçoive les choses accomplies
dans le corps, selon ce qu’il aura fait, soit bien, soit mal » (2 Cor. 5:10).
Que chacun
pense à sa
responsabilité personnelle en rapport : avec le grand trône blanc, s’il
est encore dans ses péchés — avec le tribunal du Christ, s’il s’agit d’un
croyant. Nous croyants, par grâce, serons-nous manifestés devant le tribunal du
Christ afin d’y recevoir quelque louange, à la gloire du Seigneur, ou bien y
éprouverons-nous une perte ? Pensons à la prochaine venue du Seigneur qui
nous dit : « Voici, je viens bientôt, et ma récompense est avec moi,
pour rendre à chacun
selon que sera
son œuvre » (Apoc. 22:12). Dans ce jour-là,
« chacun
recevra sa propre récompense
selon son propre travail », le Seigneur « manifestera les conseils
des cœurs ; et alors chacun
recevra sa louange de la part de Dieu » (1 Cor. 3:8 ; 4:5).
Dans les temps des Juges, « chacun
faisait ce qui était bon à ses yeux » (Juges
17:6 ; 21:25). Le mépris de l’autorité divine, la manifestation de la propre
volonté ne peuvent conduire que dans des chemins d’éloignement. Dieu invite
ceux qui se sont ainsi égarés — que ce soit dans les jours des Juges ou, bien
après, dans ceux de Jérémie, ou encore aujourd’hui — à revenir : « Revenez
donc chacun
de sa mauvaise voie, et
amendez vos voies et vos actions ». Le retour est individuel : c’est chacun
qui est personnellement invité à
revenir, c’est en chacun que doit être accompli un travail de cœur et de conscience
préparant le retour. Mais, aux jours de Jérémie, l’appel demeure sans
réponse : « C’est en vain ; car nous marcherons suivant nos
pensées, et nous ferons chacun selon l’obstination de son mauvais cœur » (Jér. 18:11, 12). Combien le cœur naturel est mauvais,
quelle obstination il manifeste — cette obstination dont il est dit qu’elle est
« comme une idolâtrie » (1 Sam.
15:23) ! Elle est en fait comme une sorte de culte du « moi » ou
bien d’un homme, suivant que l’on s’engage, de son propre gré, dans un mauvais
chemin, n’acceptant aucun conseil et refusant de reconnaître que l’on s’égare —
ou que l’on va, les yeux fermés, à la suite d’un homme.
Mais dans sa grâce Dieu opère, agissant dans les cœurs,
produisant un réel désir de « revenir ». C’est en chacun
que ce travail doit être
opéré : chacun doit réaliser, pour lui-même, une vraie et profonde humiliation.
C’est ce que nous trouvons dans les paroles prononcées par le roi Salomon lors
de la dédicace du temple : « Quelle que soit la prière, quelle que
soit la supplication que fera un homme quelconque, ou tout ton peuple Israël,
quand ils reconnaîtront chacun sa
plaie et sa
souffrance et qu’ils
étendront leurs mains vers cette maison : alors, toi, écoute des cieux, du
lieu de ton habitation, et pardonne, et donne à chacun
selon toutes ses voies, suivant que tu connais son cœur, (car
tu connais, toi seul, le cœur des fils des hommes), afin qu’ils te craignent
pour marcher dans tes voies, tous les jours qu’ils vivront sur la face de la
terre que tu as donnée à nos pères » (2 Chron. 6:29 à 31). De même,
lorsque la maison de David et les habitants de Jérusalem regarderont vers « celui
qu’ils auront percé » et « se lamenteront sur lui, comme on se
lamente sur un fils unique », « le pays se lamentera, chaque famille
à part : la famille de la maison de David à part, et leurs femmes à
part ; la famille de la maison de Nathan à part, et leurs femmes à
part ; la famille de la maison de Lévi à part, et leurs femmes à
part ; la famille des Shimhites à part, et leurs
femmes à part : toutes les familles qui seront de reste, chaque famille à
part, et leurs femmes à part » (Zach. 12:10 à
14).
Que la considération et la méditation de ces différents passages
nous amène à réaliser, chacun, les responsabilités qui sont les nôtres et que
le secours nous soit accordé pour y faire face ! Quelles bénédictions
seraient alors répandues sur nous, sur nos maisons, sur les assemblées !
Demandons ces bénédictions et conduisons-nous de telle manière qu’elles
puissent nous être richement dispensées ! « Demandez à l’Éternel de
la pluie, au temps de la pluie de la dernière saison. L’Éternel fera des
éclairs, et il leur donnera des ondées de pluie : à chacun
de l’herbe dans son champ » (Zach.
10:1).
ME 1971 p. 309
Si nous lisons avec quelque attention l’évangile selon Luc et si nous comparons certains des récits qu’il nous donne avec les passages parallèles des autres évangiles, Matthieu et Marc notamment, nous remarquerons que, dans cette portion des Écritures, l’Esprit de Dieu se plaît à mettre en relief la Parole, à en souligner l’importance, à nous montrer la valeur de cette ressource essentielle à laquelle le Seigneur a puisé pour vivre ici-bas une vie toute à la gloire de Dieu, portant du fruit, un fruit exquis pour le cœur du Père. C’est cette même ressource qui demeure à notre disposition jusqu’à la fin et grâce à laquelle nous pourrons, à notre tour, porter du fruit pour Dieu.
La Parole — parole de Dieu, paroles de Jésus — tient une grande
place dans cet évangile, surtout dans les onze premiers chapitres. Citons
quelques passages à l’appui de cette remarque : 2:46, 47 ; 4:4, 8,
12, 17, 32 ; 5:1, 5 ; 6:46 à 49 ; 7:7 ; 8:4 à 21 ; 10:39
à 42 ; 11: 28. — Seul, l’évangile selon Luc nous montre Jésus, encore jeune
enfant, nourri, rempli de la Parole de son Dieu, au point d’étonner les
docteurs de la loi par « son intelligence » et « ses réponses ».
Par ailleurs, en comparant les récits de la parabole du semeur tels qu’ils nous
sont donnés dans les trois premiers évangiles, nous notons que Matthieu et Marc
commencent ainsi : « Voici, un semeur sortit pour semer » (Matt.
13:3 ; Marc 4:3), tandis que Luc écrit : « Le semeur sortit pour
semer sa semence
» (8:5). Il est
bien évident qu’un semeur ne peut semer autre chose que sa semence et il
pourrait paraître superflu de le préciser ; ni Matthieu ni Marc sans doute
ne le font. Mais Marc dit que « le semeur sème la parole »,…
(4:15). Si l’Esprit de Dieu ajoute ces deux mots dans l’évangile selon Luc, n’est-ce
pas pour arrêter notre attention, d’une façon très particulière, sur « la
semence », sur sa valeur et ses effets ?
Considérons également ce que chacun des trois évangiles nous dit du fruit. Matthieu 13:8 : « Et d’autres tombèrent sur une bonne terre, et produisirent du fruit, l’un cent, l’autre soixante, l’autre trente » ; Marc 4:8 : « Et d’autres tombèrent dans la bonne terre, et donnèrent du fruit, montant et croissant, et rapportèrent, l’un trente, et l’un soixante, et l’un cent » ; Luc 8:8 : « Et d’autres tombèrent dans la bonne terre, et ils levèrent, et produisirent du fruit au centuple ». Le fruit ne peut être produit que par la semence (et « la semence est la Parole de Dieu », Luc 8:11, Marc 8:11) et seulement quand elle est reçue dans une « bonne terre » ; mais tandis que dans Matthieu le fruit va décroissant, dans Marc il va « montant et croissant » et, dans Luc, il ne varie pas et est toujours au maximum : « au centuple ». Ne serait-ce pas parce que dans Matthieu ce qui est en vue est plutôt le côté de la « terre » — image du cœur dans lequel est répandue la semence — par conséquent, le côté de notre responsabilité ; tandis que, dans Marc, nous avons l’activité du parfait Serviteur, du divin Semeur, alors que dans Luc il s’agirait surtout de l’action puissante de la Parole elle-même ? Il y a trois choses dans la parabole : la terre, le semeur et la semence ; chacun des trois évangiles, semble-t-il, met en relief l’une des trois, ce qui explique les différences dans le fruit qui est porté. Dans Matthieu, il s’agit de notre état personnel, de notre responsabilité : une âme est née de nouveau par l’action de la Parole et de l’Esprit de Dieu ; dans toute la fraîcheur du premier amour, elle veut manifester sa reconnaissance et la vie nouvelle qu’elle a reçue se voit dans des fruits produits en abondance : « l’un cent » — puis l’ennemi agit, présentant mille objets pour détourner le cœur de la personne de Christ ; aussi, les affections pour Lui tiédissent et le fruit diminue : « l’autre soixante » — et s’il n’y a pas de réveil dans le cœur et la conscience, il ira diminuant encore : « l’autre trente ». L’évangile selon Marc présente le parfait Serviteur dans son inlassable activité ; si nous le laissons opérer en nous sans y mettre aucune entrave, le résultat de son service d’amour à notre égard sera la production d’un fruit qui va « montant et croissant ». L’évangile selon Luc, comme nous l’avons déjà remarqué, met en relief les gloires de Jésus, Fils de l’homme, nourri de la Parole ; il fait ressortir également la puissance de cette Parole divine pour produire du fruit, et dans le second homme et en tous ceux qui tirent leur vie de lui. Aussi quand il est question du fruit produit par la semence, il n’y a pas de variations : c’est toujours le fruit « au centuple ». Car, en effet, la Parole ne change pas et ne peut pas changer : c’est une Parole « vivante et opérante », « vivante et permanente » (Héb. 4:12 ; 1 Pierre 1:23).
Encore un détail qui, dans ce chapitre 8 de l’évangile selon Luc, met en relief l’action de la Parole. Le récit rapporté dans les versets 19 à 21 se trouve également dans les évangiles de Matthieu et de Marc. Matthieu 12:50 : « Quiconque fera la volonté de mon Père qui est dans les cieux, celui-là est mon frère, et ma sœur, et ma mère » ; Marc 3:35 : « Quiconque fera la volonté de Dieu… » ; Luc 8:21 : « Ma mère et mes frères sont ceux qui écoutent la parole de Dieu et qui la mettent en pratique ». Sans doute, ceux qui écoutent la parole de Dieu et la mettent en pratique font la volonté du Père, la volonté de Dieu, mais les expressions employées par Luc soulignent la nécessité, pour accomplir cette volonté, d’écouter la Parole et d’y obéir.
Mettre la Parole en pratique, ce point est essentiel et la
parabole du semeur nous le montre bien. En effet, ce qui différencie du dernier
les trois premiers terrains c’est que, dans ces trois premiers cas, la Parole a
bien été entendue mais sans qu’aucun fruit ait été produit parce qu’elle n’a
pas été « retenue », par conséquent pas mise en pratique. Tandis que
dans le quatrième, la Parole entendue a été « retenue dans un cœur honnête
et bon » ; il y a donc « du fruit porté avec patience ». Si
la Parole entendue ne porte aucun fruit, c’est parce que, n’ayant pas été « retenue »,
elle n’a pas été mise en pratique. Chaque fois qu’il en est ainsi, cela
provient de l’état du cœur, la parabole du semeur nous l’enseigne. Le cœur d’un
croyant, comme celui d’un incrédule, peut fort bien être comparé au chemin, au
roc ou au terrain parsemé d’épines, bien qu’au départ il ait présenté le caractère
d’une « bonne terre » ; mais n’a-t-on jamais vu, hélas ! le cœur d’un croyant s’endurcir ? Un « chemin »
est un terrain où tout le monde passe : notre cœur est semblable à un
chemin si quiconque peut y avoir accès, s’il est ouvert à toutes les influences
du monde et occupé de tous les objets que l’ennemi vient nous présenter pour
nous empêcher de vivre un vrai christianisme. Dans un pareil cas, la Parole lue
ou entendue demeure sans fruit : l’ennemi a ôté la semence avant qu’elle
ait pu opérer un travail quelconque. Le roc peut aussi caractériser le cœur
d’un croyant : il a éprouvé beaucoup de joie au contact de la Parole,
cependant il n’y a eu en lui aucun travail profond, tout est resté superficiel ;
aussi, lorsque ce croyant est mis à l’épreuve, il est manifeste qu’il n’y a
rien, aucun fruit… C’est d’ailleurs un principe général : quand nous
avons été placés en présence d’un enseignement de l’Écriture, tôt ou tard nous
sommes mis à l’épreuve à ce sujet ; Dieu désire nous donner conscience à
nous-même des résultats produits — ou de l’absence de résultats — comme aussi
il veut que cela soit manifesté à notre entourage. Si, eu égard à l’état de
notre cœur, la Parole est restée sans fruit, la preuve en est alors faite. Enfin,
notre cœur peut également être comparé au terrain parsemé d’épines. Trois
choses étouffent la semence répandue sur un tel terrain : les soucis, les
richesses et les voluptés de la vie. Combien les soucis nuisent à la vie
spirituelle ! La plupart, sinon tous, proviennent de notre incrédulité :
si nous avions davantage de foi, si nous savions nous confier entièrement en
Dieu, nous saurions « rejeter sur lui tout
notre souci » et nous ferions l’expérience enrichissante de la fidélité
de ses soins (cf. 1 Pierre 5:7). Les richesses sont aussi un moyen dont l’ennemi
se sert pour empêcher la production du fruit : le désir de prospérer dans
le monde, d’accumuler des biens, avec tout le temps perdu, toutes les préoccupations
que cela entraîne, mais aussi avec la recherche des satisfactions matérielles
que peuvent procurer les richesses, tout cela concourt à étouffer la semence.
Enfin, les voluptés de la vie : ce que l’ennemi dispose sous les pas de l’homme
pour s’efforcer de rendre le monde agréable, attrayant, captivant même, de
sorte que le croyant (en qui est toujours la vieille nature) risque de tomber
dans le piège qui lui est ainsi tendu ; il ne trouve alors pas grand
intérêt dans la Parole, si même il continue par habitude à la lire ou à l’écouter
il l’a vite oubliée, elle reste sans effet sur son cœur et sa conscience, il n’y
a aucun fruit.
Ayons affaire avec Dieu, demandons-lui de sonder notre cœur, d’ouvrir nos yeux, pour que, dans sa lumière, nous discernions notre véritable état ! Qu’ainsi sa Parole soit « retenue dans un cœur honnête et bon » afin que nous puissions « porter du fruit avec patience ».
Porter du fruit ! C’est pour cela que nous sommes laissés dans ce monde, c’est ce que Dieu attend de nous. Ce qui distingue essentiellement un croyant d’une personne faisant profession de christianisme sans avoir la vie de Dieu, c’est qu’il porte du fruit tandis que le professant sans vie n’en porte pas (cf. Jean 15:2). La vie divine en nous se manifeste non par la simple apparence extérieure qui peut tromper mais par le fruit, et la discipline du Père s’exerce à l’égard de ses enfants « afin qu’ils portent plus de fruit ». Il « nettoie » le « sarment qui porte du fruit », il le fait par l’action de sa Parole en nous pour ôter tout ce qui serait de nature à empêcher la production du fruit. La Parole nous a apporté la vie nouvelle — « Vous, vous êtes déjà nets », dit le Seigneur à ses disciples, « à cause de la parole que je vous ai dite » (ib. 3) — mais ensuite elle opère en nous un travail de purification, de sanctification et elle apporte à la vie nouvelle l’aliment dont elle a besoin pour se développer et se manifester. Pour cela — Jean 15 nous le dit tout comme Luc 8 — la Parole doit être « retenue » dans le cœur.
« Demeurez en moi » — nous dit le Seigneur, comme autrefois aux disciples, attirant notre attention sur la responsabilité qui est la nôtre et nous indiquant le moyen d’y faire face. Il y a, d’une part, les soins, la discipline du Père, mais aussi l’énergie morale que le croyant, ainsi formé et éduqué, doit déployer pour réaliser un profond attachement au Seigneur. Vivant près de Lui, jouissant de sa communion, le connaissant toujours mieux comme Celui qui est la source de la vie que nous possédons, nous pourrons porter du fruit. Le sarment, a-t-on souvent remarqué, est un bois sans valeur en lui-même, il n’est bon que pour le feu (cf. Ézéch. 15), mais il est très perméable et peut laisser passer une grande quantité de sève — image de la vie qui est en Christ (le vrai cep) et de laquelle nous avons à vivre. La sève provenant du cep alimente les sarments, qui peuvent ainsi produire le fruit que désire le cultivateur. Si nous faisons face à la responsabilité qui nous incombe — « demeurer en lui » — Lui demeurera en nous et nous pourrons alors porter « beaucoup de fruit » (ib. 4 et 5). Le Seigneur ajoute une autre exhortation : « Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous… » (ib. 7). C’est bien la Parole « retenue dans un cœur honnête et bon ». Cette exhortation nous est nécessaire car il nous arrive d’avoir lu ou entendu la Parole, d’en avoir peut-être même sur le moment beaucoup joui, et puis, entraînés par toutes nos activités dans ce monde, de l’avoir oubliée lorsque nous nous trouvons placés dans une circonstance en vue de laquelle précisément elle nous avait été donnée. C’est ainsi que nous perdons une occasion de porter du fruit.
Christ, ses paroles, demeurant en nous, nous sommes assurés de l’exaucement à nos prières : « vous demanderez ce que vous voudrez, et il vous sera fait ». Ce que vous voudrez, dit le Seigneur. Nous comprenons bien ce qu’il entend par là : lorsqu’est remplie la double condition indiquée au début du verset, nous sommes dans un état où nous ne pouvons désirer, « vouloir », que ce qu’il veut ; l’exaucement est donc certain. Les besoins ainsi créés dans nos âmes sont de ceux auxquels il veut répondre car la réponse est pour notre plus grand bien spirituel. Le Seigneur ajoute : « En ceci mon Père est glorifié, que vous portiez beaucoup de fruit… » (ib. 8). Sur quel plan élevé il place la manifestation du fruit ! Dans tous ces chapitres de l’évangile selon Jean, principalement depuis le chapitre 10, le Seigneur a toujours en vue la gloire de son Père, tout en lui est pour glorifier le Père ; et quand il s’agit pour les siens, sarments liés au vrai cep, de porter du fruit, c’est encore pour que le Père soit glorifié !
Ce qu’il dit au verset 16 de ce chapitre s’applique littéralement aux apôtres qu’il avait « choisis » et « établis », mais cela est vrai également pour tous les croyants. Dans sa grâce infinie, il nous a choisis afin que nous remplissions un service dans ce monde — afin que nous allions — que nous portions du fruit et que ce fruit demeure. Les résultats du service seront manifestés un jour et ils seront à la gloire de Celui qui, par l’opération de la Parole en nous, nous aura amenés à porter du fruit. — Est-ce à dire que pour porter du fruit nous ayons à nous préoccuper de déterminer à l’avance les œuvres que nous voudrions faire ? Est-ce à dire que plus les œuvres auront de relief, plus elles seront visibles de tous et louées par tous, plus il y aura de fruit pour Dieu ? Sans doute pas. Demeurons en Christ, que ses paroles demeurent en nous et nous n’aurons pas à nous préoccuper de savoir quelles œuvres il faut accomplir pour porter du fruit à la gloire de Dieu. Les « bonnes œuvres » sont « préparées à l’avance », réalisons les exhortations de Jean 15: 4, 5 et 7 et nous pourrons « marcher en elles » (Éph. 2:10). Porter du fruit, c’est avant tout montrer obéissance et dépendance, fidélité dans les petites choses tout comme dans les grandes, dans les petits détails de la vie de chaque jour, dans l’accomplissement d’une tâche peut-être obscure, inconnue de beaucoup mais connue du Seigneur, patience dans l’exercice d’une activité dont on ne parle pas mais qui a l’approbation de Celui qui nous l’a confiée et qui est remplie dans sa communion et avec la communion de nos frères. N’oublions pas que le fruit est porté « avec patience » et retenons l’enseignement de Matthieu 6 (v. 4, 6, 17 et 18).
Bienheureux l’homme qui, séparé du mal, trouve son plaisir dans la Parole et la médite constamment ; il est « comme un arbre planté près des ruisseaux d’eaux, qui rend son fruit en sa saison… » (Ps. 1:1 à 3). Dans la vie chrétienne, il y a une saison pour chaque fruit : un jeune croyant portera un fruit qui, à certains égards tout au moins, diffère de celui que peut porter un croyant d’âge mûr ou « dans la blanche vieillesse ». Qu’il est beau de voir un croyant ne cherchant pas à faire ce que fait un autre plus âgé et expérimenté, mais portant le fruit qui correspond à son degré de connaissance et de spiritualité — qu’il est beau de voir un croyant plus avancé en âge porter un autre fruit que celui produit dans ses jeunes années — qu’il est beau de voir des vieillards « plantés dans la maison de l’Éternel », solidement établis dans la réalisation pratique des vérités de l’Assemblée, et « fleurissant dans les parvis de notre Dieu » ; « ils porteront des fruits encore dans la blanche vieillesse » : c’est l’hiver de la vie mais la saison du fruit n’est pas passée pour autant. « Ils seront pleins de sève, et verdoyants, afin d’annoncer que l’Éternel est droit » (Ps. 92:13 à 15). L’homme extérieur dépérit, mais quelle puissance de vie dans l’homme intérieur ! Sarments étroitement liés au cep, ils demeurent « pleins de sève ». En vérité, « leur feuille ne se flétrit point », ils sont « verdoyants », « tout ce qu’ils font prospère » !
Dieu veuille ranimer nos énergies souvent défaillantes et nous garder de gémir sur notre faiblesse au lieu de puiser à la source la force dont nous avons besoin, l’aliment de la vie nouvelle ! Combien il est attristant de voir un croyant semblable aux hommes de ce monde, dormant parmi les morts ; il faut alors s’approcher bien près pour entendre un cœur battre, pour se rendre compte qu’il y a bien la vie de Dieu, tellement est grande la ressemblance avec les « sarments qui ne portent pas de fruit » parce qu’il n’y a pas la vie en eux. La faiblesse est telle que la vie, qui est là pourtant, n’est pas manifestée, il n’y a pas de fruit ! Ézéchias faisait transmettre autrefois ce message au prophète Ésaie : « Ce jour est un jour de détresse, et de châtiment, et d’opprobre ; car les enfants sont venus jusqu’à la naissance, et il n’y a point de force pour enfanter » (És. 37:3). Les enfants sont venus jusqu’à la naissance : la vie est donc là ; mais il n’y a point de force pour enfanter : il n’y a pas de force pour la manifester !
Si nous nous contentons de lire ou d’entendre la Parole sans porter de fruit, nous ne faisons qu’ajouter de nouvelles responsabilités à celles que nous avons déjà. Retenons la Parole dans un cœur honnête et bon, demeurons en Christ et que ses paroles demeurent en nous, recevant ainsi du cep la sève indispensable, nous pourrons porter du fruit. Désirons-le pour notre joie, mais avant tout pour la satisfaction du cœur de Christ et pour la gloire de notre Dieu et Père ! — « En ceci mon Père est glorifié, que vous portiez beaucoup de fruit ».
ME 1970 p.309
Parmi bien d’autres, deux traits ont marqué d’une façon particulière les croyants des premiers jours de l’Église : l’amour pour le Seigneur et l’amour des frères. Ils étaient en cela les imitateurs de Celui qui a montré son amour pour son Père et pour les siens, qui n’a pas seulement parlé de cet amour mais l’a manifesté par son entière obéissance et dans le don de sa vie. S’il a donné à son Père et aux siens la preuve de son amour, il en a donné aussi le témoignage au monde : « afin que le monde connaisse que j’aime le Père ; et selon que le Père m’a commandé, ainsi je fais » (Jean 14:31). Les premiers croyants de l’Église, mettant en pratique les exhortations du Seigneur, celles de Jean 13:34, 35 ; 14:21, 23 ; 15:10, 12, 17, étaient caractérisés par la fraîcheur de leur premier amour, hélas ! si vite abandonné (Apoc. 2:4) ; les chapitres 2 (v. 42 à 47) et 4 (v. 32 à 37) du livre des Actes nous disent comment ils vivaient et quel amour ils avaient les uns pour les autres : le mien, le tien n’existaient pas pour eux ; ils pensaient aux autres, à leurs circonstances et à leurs besoins, et non égoïstement à eux-mêmes.
Qu’en est-il aujourd’hui au milieu de la chrétienté, dans ce qui est représenté symboliquement par les quatre dernières Églises des chapitres 2 et 3 de l’Apocalypse ? Sans doute y a-t-il au sein de ce qui est figuré par Thyatire et Sardes un résidu fidèle : les « autres qui sont à Thyatire » et les « quelques noms » de Sardes (Apoc. 2:24 ; 3:4), résidu qui, nous pouvons bien le penser, manifeste cette fidélité par attachement au Seigneur et amour pour Lui. Puis, il y a Philadelphie et Laodicée.
Bien des différences marquent les deux états, philadelphien et laodicéen ; la principale est celle-ci : Philadelphie est caractérisée par un réel attachement au Seigneur, tandis qu’à Laodicée le Seigneur est « à la porte » ; c’est là qu’il se « tient », mais le fait que Laodicée n’a pas de place pour Lui ne tarit pas pour autant son amour à Lui (Apoc. 3:20).
Philadelphie signifie : amour des frères. Par ailleurs, le Seigneur rend ce témoignage à « l’assemblée qui est à Philadelphie » : « tu as gardé ma parole, et tu n’as pas renié mon nom » (Apoc. 3:8). Garder sa parole, c’est manifester un amour vrai pour Lui (cf. Jean 14:21, 23) : ne pas renier son nom, c’est Lui demeurer fidèle en son absence, maintenir les caractères du « saint », du « véritable » (Apoc. 3:7). « Tu as peu de force », dit encore le Seigneur à Philadelphie ; il n’y a là aucune prétention à la force, mais une faiblesse sentie, reconnue et confessée, l’attachement au Seigneur est inébranlable, l’amour pour Lui est profond. Aussi, Philadelphie jouit d’une manière particulière de l’amour du Seigneur ; elle goûte un amour de communion, celui dont parle le Seigneur en Jean 14:21, 23 : « … celui qui m’aime, sera aimé de mon Père ; et moi je l’aimerai… et mon Père l’aimera ; et nous viendrons à lui, et nous ferons notre demeure chez lui ». Un jour, « ceux de la synagogue de Satan » connaîtront que le Seigneur a aimé Philadelphie (Apoc. 3:9), mais, déjà présentement, Philadelphie jouit de cet amour, elle savoure le privilège précieux d’être aimée et de se sentir aimée du Seigneur !
Quel contraste saisissant avec Laodicée ! Là, Christ est « à la porte » (Apoc. 3:20). Aussi, c’est la tiédeur, la méconnaissance de son véritable état, l’orgueil spirituel (ib. 16, 17).
Ces passages de l’Écriture nous seraient-ils tellement familiers qu’ils demeureraient sans grand effet sur nos consciences et sur nos cœurs ? N’aurions-nous pas l’ardent désir d’être caractérisés par un attachement profond à la personne de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ ? En méditant un tel sujet, ne discernerions-nous pas la véritable cause du déclin, son point de départ : le cœur n’est pas assez occupé de Christ et de l’amour de Christ ?
L’on est peut-être très actif en bien des choses ayant trait au christianisme — n’était-ce pas le cas à Éphèse et à Laodicée ? — sans que Christ ait dans le cœur la place qu’il devrait y avoir pour que les caractères philadelphiens soient mis en évidence. Ce sont parfois des questions secondaires, pas toujours mauvaises en elles-mêmes, qui occupent les esprits et qui, en définitive, empêchent les cœurs de jouir de Christ et de son amour. N’est-ce pas, au fond, l’adversaire qui, toujours rusé et subtil, s’emploie à produire un tel résultat ? — Mais encore, on peut manifester beaucoup de zèle dans la vie chrétienne ; on est si heureux de faire quelque chose que l’on estime bon et utile, de se dépenser sans compter en de multiples activités, jugeant de la qualité de l’œuvre d’après l’intensité des efforts déployés. Certes, à Éphèse il y avait de très bonnes choses : des « œuvres », du « travail », de la « patience », des « afflictions » supportées pour le nom du Seigneur, et cependant le premier amour était abandonné ! (Apoc. 2:2 à 4). Prenons garde ! L’on peut être particulièrement zélé dans l’œuvre de l’évangélisation au-dehors, ou bien dans un service dans l’assemblée — et l’un et l’autre sont bien à désirer ! — si, au travers de tout cela, le premier amour est abandonné, si la personne de Christ est perdue de vue, il ne reste alors comme à Éphèse, qu’apparence sans réalité — comme à Laodicée, que satisfaction de soi et méconnaissance de son véritable état.
Pour toutes choses, en toutes choses, qu’il s’agisse de l’étude de la Parole ou du service à accomplir, il est nécessaire de voir dans quelle mesure ce que nous faisons affecte notre communion avec le Seigneur. Que Lui seul remplisse notre cœur et ainsi forme nos pensées et dirige nos pas ; chaque chose prendra alors sa vraie place, suivant son importance, et sera faite avec Lui, par Lui et pour Lui. Dans toute notre vie chrétienne, notre règle de conduite devrait être celle qui nous est tracée dans des passages comme 1 Cor. 10:31 ou Col. 3:17 : faire toutes choses, agir en toutes circonstances de telle manière qu’en définitive toute la gloire soit pour Christ, comme aussi pour le Père lui-même.
Le développement des études, dans les jours actuels, est à un certain point de vue une aide dans la lecture et l’étude de la Parole, mais il n’est pas sans présenter de sérieux dangers. Il serait grave, et contraire à l’Écriture elle-même, de croire que nous pouvons comprendre la Parole par notre intelligence naturelle, en dehors du secours de l’Esprit de Dieu (cf. 1 Cor. 2:10 à 16). Se complaire dans la recherche purement intellectuelle conduira sans doute à une certaine connaissance des Écritures, mais en fait éloignera l’âme de la vraie connaissance de Christ. Une telle étude est sans puissance, sans effet pratique sur le cœur et la conscience. Combien différente dans les résultats produits, dans les joies qu’elle procure, la lecture, l’étude de la Parole faite dans le sentiment de notre petitesse en présence d’un Livre dans lequel c’est Dieu Lui-même qui nous parle — faite avec prières, dans la dépendance de l’Esprit, pour y chercher Christ ! Le chercher Lui « de tout son cœur » en « sondant les Écritures » qui « rendent témoignage de lui », l’écouter parler Lui, tandis qu’il nous « ouvre les Écritures » et sentir ainsi « notre cœur brûler au-dedans de nous », n’est-ce pas de cette manière que nous avons à lire la Parole ? (cf. Ps. 119:2 ; Jean 5:39 ; Luc 24:27, 32). Quel enrichissement spirituel nous en retirerons alors !
En lisant, en étudiant la Parole nous pouvons, par exemple,
considérer les vérités prophétiques, celles concernant la venue du Seigneur. Si
la méditation de tels sujets est seulement affaire d’intelligence, si elle n’atteint
pas notre conscience et ne touche pas notre cœur, le faisant battre pour Celui
qui vient, ces vérités n’auront aucune action sur notre vie, aucune influence
sanctifiante sur notre marche ; sans doute serons-nous des hommes qui savent
que le Seigneur va venir, mais
nous ne serons pas « semblables à des hommes qui attendent
leur maître » (Luc 12:35 à 37).
Bien que nous connaissions peut-être d’une façon remarquable les vérités relatives à l’adoration en esprit et en vérité, notre culte ne sera guère qu’un culte de formes si Christ ne remplit pas notre cœur. Tandis qu’ayant été nourris de Lui, ayant joui de sa communion, nous pourrons faire « fumer l’encens » à l’autel d’or.
Nous pouvons faire des remarques semblables pour ce qui concerne le service. Être occupé de l’Assemblée, des assemblées locales, est sans aucun doute une heureuse activité. Mais si nous pensons à l’Église et exerçons dans son sein notre service indépendamment de Celui qui est « le chef du corps, de l’assemblée », perdant de vue qu’en servant les saints, l’assemblée, c’est Christ que nous devons servir et glorifier, nous pouvons nous demander dans quelle mesure nous sommes conduits par l’Esprit Saint, qui se plaît toujours à exalter Christ (Col. 1:18 ; Jean 16:14, 15). Tout au contraire, si nous comprenons ce qu’est l’Assemblée pour Christ, ce qu’il a fait, ce qu’il fait et fera dans son amour pour elle, en servant l’Assemblée nous serons occupés du Seigneur, nous jouirons de Lui et de son amour, nous croîtrons dans l’heureuse connaissance de sa Personne et l’Assemblée sera chère à notre cœur parce que c’est « son assemblée » !
Un service, même s’il a Christ pour objet, peut fort bien en définitive nous empêcher de jouir de Lui, si surprenant que cela paraisse. N’était-ce pourtant pas le cas de Marthe ? Comme elle était heureuse de recevoir le Seigneur « dans sa maison » et comme elle s’affairait pour le bien recevoir ! « Mais Marthe était distraite par beaucoup de service » (Luc. 10:38 à 42). « Beaucoup de service » peut nous « distraire » et nous éloigner moralement de Celui que pourtant nous voulons servir ! Cela ne doit-il pas nous exercer sérieusement dans le secret de nos cœurs ? Occupé de son travail, de son service, on est en fait surtout, sinon uniquement, occupé de soi. Au lieu de n’être occupé, dans le service comme en toutes choses, que du Seigneur ! Comme il s’oubliait lui-même, le précurseur, celui qui pourtant avait reçu le service précieux entre tous de « préparer le chemin » du Seigneur ! Que pense-t-il de lui-même ? Il n’est qu’une « voix » ! A-t-il le désir d’attirer des disciples après lui ? Il présente Christ et attache les âmes à sa Personne (Jean 1:23, 29, 34 à 37). Bienheureux serviteur celui qui n’est qu’une voix, qui présente Christ et lie les âmes à sa Personne glorieuse !
Puissions-nous réaliser que le vrai christianisme c’est Christ ! Nous serons ainsi les imitateurs de celui qui l’était lui-même du seul parfait Modèle et qui pouvait dire en vérité : « Pour moi, vivre c’est Christ » (Phil. 1:21).